Conseil général des Côtes d'Armor DRAC-SRA Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne . _ 15 F&- 2008

COURRIER ARRIVEE SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX (Côtes d'Armor) Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André

Mathias Dupuis

Z2£ S

Rapport intermédiaire d'activité 2007 janvier 2008 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique ê l'andenne église Saint-Andr

à Mathilde,

Illustrations de couverture : détails des relevés aquarellés de Charles Chauvet, 1916. (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Ministère de la Culture et de la Communication j SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

TABLE DES MATIERES

Fiche signalétique 4

Génétique de l'opération 5

Avant-propos et remerciements 6

I. ELEMENTS PRÉALABLES 7

A. Présentation du site 7

1. Le cadre naturel 7 a) Contexte géographique 7 h) Contexte géologique 8 2. Le cadre historique 9 a) La période antique 9 b) La période médiévale 9 c) Le paysage bâti 11 3. L'ancienne église : éléments historiques et historiographiques 11 a) Eléments historiques 11 b) Eléments historiographiques 13 4. Les sources documentaires 15 a) Sources textuelles 15 b) Sources iconographiques 15 B. Problématique, méthodes et moyens 17

1. Les problématiques de recherche 17 a) Les décors peints : un témoignage unique 17 b) Architecture et techniques de construction : problèmes de chronologie 18 c) L'origine et révolution d'un sanctuaire paroissial 18 2. La méthodologie 19 3. Les moyens mis en œuvre 20

II. ETUDE ARCHÉOLOGIQUE 21

A. Description et analyse archéologique des élévations 21

1. Description architecturale de l'édifice 21 a) Le plan 21 b) Les accès 22 c) L'éclairage 23 d) Les aménagements intérieurs 24 e) L'appareillage et la mise en oeuvre 24

2 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

2. Analyse archéologique du Mur 103 25 a) Appareillage et revêtements 26 h) Echafaudages 27 c) Aménagements 27

B. Description et analyse archéologique des peintures murales 30

1. L'enduit 1004 et le décor 1005 30 a) Analyse technique et sttatigraphique 31 b) Programme décoratif 33 2. La Crucifixion 36 3. Le décor 1009 37 4. Le décor 1010 et le décor 1014 37

III. SYNTHÈSE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE 39

A. La chronologie et l'origine du site, premiers éléments de réflexion 39

1. Principales étapes de construction et de décoration 39 2. Datation 40 3. Origine du site 41

B. L'architecture et les décors peints, premiers éléments de comparaison 41

C. Perspectives de recherche 43

1. Affiner la compréhension du bâti et des décors peints 43 2. Déterminer l'origine du site 44

Sources et bibliographie 45

Annexe 1 : Etude des mortiers et des enduits (Stéphane Büttner, CEM, Auxerre) 48

Annexe 2 : Pièces justificatives 54

Table des planches 57

3 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique del'ancienn e église Saint-André-, 2007

Fiche signalétique

Identité du site

Département : Côtes d'Armor (22) Commune : Saint-André-des-Eaux Code INSEE : 22630 Lieu-dit : Prairie de Bétineuc, ancienne église Cadastre : section 1, parcelle 1250

Propriétaire du terrain : Mairie de Saint-André-des-Eaux Protection juridique : - Inscription à l'inventaire supplémentaire le 18 mars 1987

- Classement au titre des Monuments historiques le 13 septembre 1990

Opération archéologique

Autorisation n° : 2007/208 Titulaire : Mathias Dupuis Organisme de rattachement : bénévole Raison de l'intervention : Prospection thématique Durée de l'intervention : du 1/08/2007 au 2/09/2007 Rapport intermédiaire

Nombre de volumes : 1 Nombre de pages : 57 Nombre de planches : 15

Chronologie

Haut Moyen Age Moyen Âge Classique Bas Moyen Age Epoque moderne

Sujets et thèmes

Peintures murales Enduits peints Edifices cultuels Architecture romane Matériaux de construction

4 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

Générique de l'opération

Intervenants administratifs

Service régional de l'archéologie, D.R.A.C de Bretagne : Laurent Beuchet Conseil Général des Côtes d'Armor : Emile Veneau

Intervenants scientifiques

Responsable : Mathias Dupuis Relevés archéologiques : Juli Conan, Jérôme Defaix, Elisa Deleurme, Eisa Duperret, Tibo Géry, Emilie Veneau Topographie : Tibo Géry et Mathias Dupuis Informatisation de la documentation : Mathias Dupuis Couverture photographique : Mathias Dupuis Analyse des mortiers : Stéphane Büttner (Centre d'études médiévales Saint-Germain, Auxerre)

5 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

Avant-propos et remerciements

Les mines de l'ancienne église de Saint-André-des-Eaux se dressent dans les abords boisés de l'étang de Bétineuc, à quelques centaines de mètres à l'écart du bourg ; elles bénéficient d'un cadre naturel tout à fait romantique qui rend le lieu propice aux promenades. Les murs éventrês de l'édifice voient passer chaque jour de nombreux prot?jeneurs, des cyclistes et des pêcheurs fréquentant les berges de l'étang artificiel, dont l'eau poissonneuse a remplacé les anciens marécages qui entouraient autrefois le site. Cette église réunie tout à la fois la valeur scientifique d'un édifice rare et celle, affective, d'un lieu insolite, animé, témoignant du passé d'un village, d'une région, d'une multitudes de souvenirs. Si la présente étude ne ressortit qu'à la prettiière, elle n'en est pas moins redevable à la seconde. Nous osons espérer qu 'elle profitera autant que possible à la préservation de ce site et lui permettra de rester un lieu de -vie et de passage, tout en offrant ci chacun la possibilité d'un regard différent et critique sur ces quelques pierres.

La sensibilité manifestée pour ce travail, aussi bien par les simples passants que par ceux qui l'ont, permit, ont rendu sa réalisation extrêmement agréable. Nous aimerions remercier tout particulièrement :

- Alain Porhel, qui nous a offert le gîte et parfois le couvert, ainsi qu'Eisa et Etienne pour leur acceuil. - Robert Nogues, maire de Saint-André-des-Eaux. - Laurent Beuchet. - Emilie Veneau. - Marc Déceneux, François Heber-Suffrin et Christian Sapin. - Sébastien Bully et Pascale Chevalier ainsi que les associations AMBRES etAPAHJ. - Laurent Fiocchi, pour ses précieuses remarques. - Et bien sûr, tous ceux qui ont accepté de consacrer une partie de leur temps libre à venir dessiner des cailloux sous la pluie ou simplement à mus rendre msite : Tibo, Juli, Eisa, Jérôme, Elisa et les autres...

6 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

A. Présentation du site I. ELEMENTS PREALABLES

1. Le cadre naturel Ce projet de recherche s'inscrit dans le cadre d'une demande de prospection thématique présentée en 2006 auprès du u) Contexte géographique sendee régional de l'Archéologie de Bretagne et financée conjointement par l'Etat et le La commune de Saint-André-des- Conseil Général des Côtes d'Armor. La Eaux est située dans le département des er campagne d'étude s'est déroulée du 1 août Côtes d'Armor et dans les limites du canton au 2 septembre 2007, elle a réunit jusqu'à d'Evran, à 10 km au sud-est de (Pl. I ; cinq archéologues ou intervenants Pl. II, fig.l). Elle comptait 260 habitants en bénévoles. 2005. Son territoire est caractérisé par un Les résultats de cette étude seront habitat dispersé regroupant plusieurs largement exploités pour la réalisation d'un hameaux2 sur une superficie de 5,24 km mémoire de Master 2 en archéologie carré. La densité est de 49 hab./km. carré. médiévale, présenté à l'université de L'agglomération fait partie de la Nan terre au cours de l'année universitaire communauté de commune du pays d'Evran. 2007-2008, sous la co-direction de J.-P. Saint-André-des-Eaux est jouxtée à 1 Caillet et Ch. Sapin . l'est par la commune d'Evran, au nord-ouest Le présent rapport constitue une par , au sud et à l'ouest par celles étape intermédiaire avant la réalisation du du Quiou et de Saint-Juvat. Le paysage est document filial de synthèse. Son objectif est celui de plaine agricole, très faiblement d'informer les partenaires institutionnels vallonné, familier à cette partie de la vallée (Sendees archéologiques de l'Etat et de la Rance. Les altitudes moyennes département) de l'avancement du projet, ce s'échelonnent entre 11 et 36 m. au dessus du dernier faisant l'objet d'une demande de niveau de la mer. Les premiers reliefs reconduction en 2008. Il s'agit donc de avoisinants sont constitués par les dresser un bilan de la campagne 2007, d'en formations granitiques de Bécherel (177 m. présenter les avancées et de définir les maxi), à environ 10 km au sud et celles de perspectives de recherche pour l'année 2008. et du Hinglé (112 m. maxi), à En conséquence, les résultats scientifiques environ 8 km. au nord-ouest. Le bourg est ici développés restent partiels et provisoires, traversé par un axe routier principal orienté l'ensemble des données n'ayant pas encore sud-est / nord-ouest, la départementale 26, pu être traitées à ce jour. qui dessert la commune du Quiou au sud et se dirige, au nord, vers Calorguen, Léhon puis Dinan. Le site de l'ancienne église est situé à l'écart du bourg, dans une zone autrefois dénommée « Praire de Bétineuc », à environ 250 m. au nord-est du centre du village, localisé au hameau des Basses Mares.

1 « Archéologie monumentale et. peintures murales : l'apport de l'étude de l'ancienne église de Saint- André-des-Eaux à la connaissance des décors 2 Le Besso, la Béchardais, la Desvrie, le Hambout, le ornementaux à la période romane. » Lindáis, les Mares, les Millières, Penhouët.

7 SAINT-ANDRE - DE S -EAUX , Etudearchéologique - de' 'ancienne égliseSaint-Andri ,200 7

Pouf l'atteindre, il faut emprunter un petit grande diversité de formations rocheuses, chemin de terre, sinueux et surélevé. représentant plusieurs faciès dans une zone relativement restreinte'. Le site lui-même, Le réseau hydrographique est implanté dans la vallée plate de la Rance, caractérisé par la présence de la Rance qui ainsi que ses environs immédiats le long du flue à l'est du bourg. Elle est alimentée, au fleuve, reposent sur un socle sédimentaire du sud, par le Ruisseau de la Vallée et, au nord, quaternaire, formé d'alluvions anciens par le Guinefort. En aval, le fleuve rejoint le (Pléistocène) et des sédiments accumulés canal d'Ille et Rance au niveau de l'écluse de depuis. Il s'agit d'une zone de cailloutis, de la Roche, puis suit son cours vers le port de sables et d'argiles qui s'étend sur plus de dix Dinan et l'estuaire pour se déverser ensuite kilomètres entre le massif granitique de dans la Manche. La commune de Saint- Bécherel au sud et le bourg de Calorguen au André-des-Eaux se situe donc dans un nord. Cette formation se compose de dépôts maillage resserré de rivières et de ruisseaux, de blocs, du quartz essentiellement, et de dont on perçoit l'impact dans la toponymie graviers arrondis englobant des lentilles de du heu. Les nombreux cours d'eau, la sable et d'argile. proximité de la Rance, au débit important, Au sud de Saint-André-des-Eaux, ainsi que le contexte de plaine font de ce heu l'ensemble du bassin du Quiou, qui regroupe une zone fréquemment inondée et le territoire des communes du Quiou, de constamment marécageuse, que la création Saint-Juvat et de Tréfumel, se singularise par de l'étang de Bétineuc, dans les années 1970, son appartenance à l'ensemble de la mer des a permis d'assainir. Il s'agit d'un vaste plan faluns. Cette vaste étendue maritime de l'âge d'eau, de près d'un kilomètre de long, tertiaire rehait autrefois la Manche à orienté sud-ouest / nord-est, entre Saint- l'Atlantique à travers la Bretagne et s'étirait André-des-Eaux et Evran. L'ancienne église vers l'Anjou et la Touraine. La formation prend place à l'extrémité sud-ouest de cet géologique actuelle résulte des dépôts étang, sur un petit promontoire matérialisé sédimentaires de cette mer, très chargés en par le mur de clôture du cimetière paroissial fossiles marins. Elle se présente sous forme qui entoure l'édifice. Avant l'aménagement rocheuse, dite pierre de jauge, ou de l'étang, cette zone était souvent inondée sablonneuse. L'exploitation des faluns a été durant les périodes de crue, l'eau pouvant très importante dans ce secteur. Ils furent parfois cerner entièrement l'enclos paroissial, utilisés dès la période romaine pour donnant ainsi au site l'aspect d'une île. l'amendement des sols, pour l'obtention de L'accès à l'église était alors toujours assuré la chaux et, sous forme de moellons ou de par le chemin exhaussé la reliant au bourg et pierre de taille, pour la construction. De faisant office de digue. Mais dans le cas de nombreuses carrières abandonnées, qui crues plus intenses, l'église et le cimetière ponctuent les abords de la route reliant le étaient en eau, rendant impraticable le culte Quiou à Tréfumel, ainsi que les belles et les enterrements. maisons de maîtres de ce dernier village, témoignent de l'intérêt économique de ces gisements. b) Contexte géologique (Pl. III)

3 L'ensemble des informations géologiques ici Un aperçu rapide de la carte présentées reprend très largement les données de la géologique de la région laisse apparaître une Carte géologique de la au 1/50000 (Section , n°XI-17, Orléans, 1977).

8 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etude archéologique- de ''ancienne église Saint-Andri, 2007

Les marges du bassin du Quiou et de autre grande villa gallo-romaine a été fouillée la vallée de la Rance sont entourées par des il y a une quarantaine d'année à . formations sédimentaires d'âge Plus au nord, à , une importante villa a indéterminée, s'étendant faiblement (environ fait l'objet d'une fouille archéologique I km) au nord, à l'est et à l'ouest et s'étirant préventive en 2005-20063. Sur la commune jusqu'au bourg de Plouasne au sud. Il s'agit même de Saint-André-des-Eaux, la de dépôts d'argiles sableuses rouges et de découverte fortuite d'une cavité remplie de cailloutis. tuiles romaines est mentionnée en 1905 par Au-delà de cette zone, de vastes A. Le Moyne de La Borderie6. formations du Briovérien moyen, représentées par le groupe dit de Saint-Lô, essentiellement composé de schistes, gneiss h) La période médiévale et grès, se développent vers l'est et vers l'ouest. • Le cadre religieux Enfin, deux formations granitiques encadrent le secteur au sud et au nord-ouest. L'apparition et le développement de II s'agit des massifs de Bécherel et de la paroisse de Saint-André-des-Eaux restent Bobital. Ce dernier présente deux faciès obscurs. Bien qu'aucune source historique principaux : le granité dit du Hinglé, à teinte ne l'atteste, il est possible que Saint-André- bleutée et gros cristaux et le granité de type des-Eaux constitue à son origine l'une des Languédias, à grain plus fin et de teinte beige « trêves » de la grande paroisse primitive de en surface. Plouasne7, dont dépendent alors Bécherel, , Tréfumel, Saint-Thual ou encore Saint-Pern. Ces « trêves » auraient 2. Le cadre historique constituées, dans l'Armorique du Haut Moyen Age, des paroisses intermédiaires formant un échelon inférieur à celui des a) La période antique paroisses mères, au territoire plus étendu. Elles ne disposaient que d'une partie du Depuis la période gauloise, la basse droit paroissial, comme celui d'inhumer b vallée de la Rance jouie d'une grande densité certaines catégories de défunts . Dans ce cas d'occupation humaine. Le secteur qui nous de figure, il est envisageable que Saint- intéresse est situé à la frontière entre la cité des Riedones, dont la capitale est Condate 5 Sous la responsabilité de R. Ferrette (INRAP Grand (Rennes) et la cité des Cotiosolites, dont la Ouest). 6 LE MOYNE DE LA BORDERIE (A.), Histoire de capitale est Vamim Martis (). Saint- la Bretagne, t.l, Mayenne, 1972, p. 155 (édition André-des-Eaux se trouve à proximité de la originale : Rennes, 1905). 7 voie romaine qui reliait les deux villes et qui C'est l'hypothèse qu'émet Marc Déceneux (DECENEUX 1998, p. 47; DECENEUX 2001, p. traversait le territoire de la commune 26). d'Evran, Plusieurs témoignages 8 Le terme de « trêve » est dérivé du celte « treba ». Cette thèse, qui se base sur la toponymie, a été archéologiques confirment l'importance de développée par R. Largillière (LARGIIXIERE, R., cette zone, telle la villa gallo-romaine du Les saints et l'organisation chrétienne primitive dans Quiou, qui fait l'objet d'une fouille l'Armorique bretonne, Rennes, 1925). La notion de 4 paroisse intermédiaire se retrouve dans la distinction programmée depuis plusieurs années . Une bien connue dans les textes médiévaux entre l'église paroissiale et la chapelle, cette dernière n'exerçant 4 Sous la responsabilité de J.-Ch. Arramond (INRAP qu'une partie des droits paroissiaux (voir IOGNA- Grand Sud-Ouest.) PRAT, ZADORA-RIO 2006, p. 113).

9 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

André-des-Eaux accède au plein statut de Xe s.14. Selon H. Guillotel cette situation paroisse au milieu ou à la fin du XIIe s. Nous s'explique plutôt par l'implantation du savons par exemple que Saint Pern est érigée diocèse sur le territoire de l'abbaye en paroisse autonome sur un territoire antérieure, dont les enclaves constitueraient distrait de Plouasne, par l'évêque de Saint- une partie du temporel primitif15. Malo, Saint Jean de la Grille, en 11499. Aucun document historique ne Bécherel suit un mouvement identique en permet de rattacher l'église de Saint-André- 1164, après la fondation de son prieuré des-Eaux à un cadre monastique. Les Saint-Jacques10. La paroisse primitive de possessions du clergé régulier sont pourtant Tinténiac, à l'est de Plouasne, est également nombreuses dans le secteur, à l'image de démembrée à la fin du XIIe s. Selon A. celles dont disposait la puissante abbaye de Chédeville et N.-Y. Tonnerre, dans le cas Marmoutier. En 1130, Donoald, évêque de présent, ce phénomène pourrait s'expliquer Saint-Malo confirme aux moines de l'abbaye par l'augmentation de la population et par ligérienne la possession de l'abbaye de l'influence de la zone romane toute proche Plouasne et de ses dépendances16. I /abbaye dans laquelle les paroisses étaient de plus Saint-Magloire de Léhon lui est rattachée en petites dimensions que dans la zone 118217. En 1187 l'évêque de Saint-Malo lui bretonne11. confirme la possession de Tréfumel18. Par Quelle que soit son origine, Saint- ailleurs de nombreux prieurés sont fondés : André-des-Eaux subsiste comme paroisse Saint-Pern, en 1050, qui est cédé à l'abbaye 19 jusqu'en 1792, date à laquelle elle est de Saint-Nicolas d'Angers ; Saint-Jacques annexée à Evran. Elle est ensuite rétablie de Bécherel en 1164"". dans son droit paroissial par le Notons enfin une possession gouvernement consulaire le 16 janvier templière au sud du bourg d'Evran (village 180412. de l'Hôpital), confirmée par une charte Comme de nombreuses autres apocryphe de 1182 énumérant les biens des paroisses situées dans l'actuel département templiers'1. des Côtes d'Armor, Saint-André-des-Eaux formait une des enclaves du diocèse de Dol- • Lj cadre seigneurial2" de-Bretagne dans le diocèse de Saint-Malo. Le territoire du diocèse de Dol se caractérise Bien que nous ne disposions pas en effet par son éclatement, plus de trois d'informations sur le statut précis de Saint- quarts de sa superficie étant enclavée sur les André-des-Eaux, il est intéressant de territoires d'autres diocèses'1. F. Merlet y remarquer que le paysage politique de la voit l'empreinte de la domination qu'exerça région est dominé aux alentours de l'an mil l'évêque de Dol Wicohen sur les évêchés de par l'affermissement du pouvoir du comté Bretagne du nord dans la seconde moitié du 14 ïbid., p. 114-115. 15 Voir GUILLOTEL (H.), « Les origines du ressort 9 GUILLOTIN DE CORSON 1880-1886, II, p. 580. de révêché de Dol » dans Mémoires de la société LEMASSON 1925, p. 280. d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 54, 1977, p. 11 CHEDEVILLE, TONNERRE 1987, p. 290. 31-68. 12 LEMASSON 1925, p. 300. 16 LEMASSON 1925, p. 280 ; AEB, IV, p. 403. 13 Voir MERLET (F.), « Les limites des diocèses à la 17 TANGUY 1992, p. 328-329. veille de la révolution dans le département actuel des 18 AEB, IV, p. 362. Côtes-du-Nord et considérations sur l'origine des 19 GRAND 1958, p. 195. enclaves du diocèse de Dol et liste des anciennes 20 LEMASSON 1925, p. 280. paroisses et trêves », extrait du Bulletin de la section de 21 TANGUY 1992, p. 63. géographie du Comité des travaux historiques et 22 Voir CITEDEVILLE, TONNERRE 1987, p. 30- scientifiques, 1951, Paris, 1952, p. 102. 35 et p. 149-156.

10 SAINT-ANDRE - DE S -EAUX , Etudearchéologique - de ''ancienne église Saint-Andri, 2007 de Rennes au dépend de l'hégémonie c) Le paysage bâti qu'exerçait auparavant la seigneurie épiscopale de Dol. Ce phénomène est hé à Les témoins matériels de cette l'ascension de Conan le Tort (f 992) au histoire sont encore bien présents dans la gouvernement comtal. région. A Tréfumel, l'église Saint-Agnès A cette période, le pouvoir politique présente des proportions et une architecture de Dol tient essentiellement à la personnalité très proches de celles de l'église Saint- de l'archevêque Wicohen (f 988) qui reprend André24. L'église paroissiale du Quiou, à son compte les prétentions métropolitaines détruite en 1864, offrait, semble t'il, les 2 de l'évêché, au dépend de Tours '. La mêmes caractéristiques2^. Le village de Saint- seigneurie épiscopale de Dol, dont la Maden est doté d'une belle église paroissiale constitution s'assoit probablement sur les qui daterait du XIIe s.26. Le prieuré Saint- anciennes possessions foncières de l'évêché, Magloire de Léhon, qui dépendait de s'étend alors sur vingt-six paroisses. Vers l'abbaye de Marmoutier, a été entièrement 970, Conan le Tort entreprend de prendre reconstruit au XIXe s. mais sa fondation en main le comté de Rennes et de libérer son remonte a priori au IXe s. 2'. Il subsiste de père, Juhel Bérenger, de la tutelle qu'exerce l'ensemble le portail occidental replacé sur la Wicohen. Il place alors dans la région une construction moderne, qui pourrait dater du famille vicomtale qui concurrence XIIIe s. A Dinan, le prieuré Saint-Sauveur, directement le pouvoir de Dol. fondé vers 1115 a été largement restauré au Junguenée, l'un des membres de XIXe s. et au début du XXe s. Il n'a conservé cette lignée, exerce la charge épiscopale de du bâtiment roman que son porche et son 1010 à 1040. Un de ses frères, Josselin, est mur méridional8. Cet édifice est souvent probablement le même homme qui fonde la mentionné pour la qualité des sculptures de seigneurie de Dinan en 1040. Cette dernière son porche, qui remonteraient au XIIe s.29. résiste à l'assaut de Guillaume le Conquérant Le château du Besso, à Saint-André- e en 1064. Au XI s. la seigneurie de Dinan des-Eaux, situé sur un terrain privé, a été s'étend sur une soixantaine de paroisses. Elle partiellement détruit au cours du XXe s. Il en est partagée à la mort du baron Geoffroy, en subsiste une tour d'escalier octogonale. 1123. Alain, deuxième fils de Geoffroy, en reçoit alors le tiers méridional et fait construire à Bécherel un château qui devient 3. L'ancienne église : éléments une nouvelle seigneurie. Parallèlement, vers historiques et historiographiques 1040-1050, Rivallon, neveu de Junguenée et de josselin, érige la châtellenie de Combourg tout en étendant son pouvoir sur la a) Eléments historiques seigneurie de Dol. D'autres petites seigneuries sont Il n'existe, à notre connaissance, mentionnées à cette période, comme celle de aucune mention de la paroisse de Saint- Tinténiac et celle de Hédé, qui apparaît dans les textes en 1085.

24 GRAND 1958, p. 459 ; DECENEUX 1998, p. 46. 25 DECENEUX 1998, p. 45-46. 23 Après des aléas complexes, l'affaire fut 26 GRAND 1958, p. 440 ; DECENEUX 1998, p. 48. définitivement tranchée par le pape Innocent III en 27 GRAND 1958, p. 328-329. 1199, qui confirma Tours comme archevêché (voit 28 GRAND 1958 p. 259-264 ; DECENEUX 1998, p. CHEDEVILLE, TONNERRE 1987, p. 259-260). 90-92. 29 AUTISSIER 2005, p. 266-268.

11 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etudearchéologique - de ''ancienne église Saint-Andri, 2007

André-des-Eaux ou de son église antérieures de Plouasne, dans la même charte qui à la fin du XIVe s30. mentionne l'église de Tréfumel en 118738. En 1516, la paroisse est taxée de 60 sols au moment de la grande imposition du Les registres paroissiaux conservés clergé de France"1. On trouve la mention aux archives départementales des Côtes ecclesia de Sancto Andréa dans les registres d'Armor couvrent la période s'étendant de paroissiaux à partir de 158132. 1582 à 1792. Ces documents, qui n'ont pas La plus ancienne preuve écrite de pu être examinés dans le cadre de cette l'existence de l'édifice consiste en réalité en campagne d'étude, contiennent une inscription gravée sur des pierres de probablement des informations précieuses l'église et qui se trouvait autrefois à sur l'histoire du monument pendant l'intérieur du porche. J. Ogée est le premier à l'époque moderne. C'est probablement en livrer une transcription31 : d'après cette source que R. Couffon donne la date de 1696 pour la construction de la Mil iiii cccc ix ix, ce chap a este fet neuf sacristie^9.

Cette date (1418) indiquerait donc la Les archives départementales des construction du porche et probablement une Côtes d'Armor conservent également deux restauration de l'ensemble du bâtiment. Ces pièces manuscrites qui nous renseignent sur pierres sont désormais remployées dans le l'état matériel de l'église au début et à la fin parement du mur de clôture du cimetière du XIXe s. La première4", datée du premier actuel du village (Pl. X, fig.10), avec d'autres thermidor de l'an douze de la République, éléments architecturaux provenant de consiste en un devis estimatif effectué sur l'ancienne église 4. demande du conseil municipal de la commune afin d'évaluer les réparations à Les églises des paroisses avoisinantes effectuer dans l'église. Le bâtiment semble sont mieux connues par les textes. Ainsi, être alors en bon état et ne nécessiter aucune 41 l'église de Tréfumel est mentionnée en 1187 réparation. Le second document est un dans une charte dans laquelle l'évêque de procès verbal daté du 18 février 1892, Saint-Malo confirme les possessions de effectué par un certain Jules Schultz, commis l'abbaye de Marmoutier35. L'église du Quiou à titre d'expert par le conseil de fabrique de est mentionnée comme possession de l'église la commune. Il dresse un bilan plus alarmant Saint-Brieuc de Plouasne en 113036. Elle est et bien plus négatif que celui de son placée sous le patronage de la Très Sainte prédécesseur. Selon ce document, l'église, Vierge en 114037. On retrouve ensuite sa non seulement trop petite, difficile d'accès et trace comme desserte de la grande paroisse régulièrement inondée, menace de tomber en ruine. L'abandon du bâtiment est

30 Selon B. Tanguy, sans plus de précision sur la consécutif à ce constat. Les travaux de provenance de cette première mention (TANGUY construction du nouveau heu de culte sont 1992, p. 266). adjugés le 28 mai 189342. Celui-ci est 31 LEMASSON 1925, p. 298. 32 De SAINT-JOUAN 1990, p. 621. implanté à l'intérieur du bourg, à proximité 33 OGEE 1853, p. 697. 34 Cette inscription a été relevée au cours de la 38 AEB, IV, p. 362. campagne 2007, mais n'a pas encore été transcrite. 39 COUFFON 1939, p. 227. 35 AEB, IV, p. 362. 40 Voir infra, Annexe 2, pièce justificative n°l. 36 LEMASSON 1925, p. 280. 41 Voir infra, Annexe 2, pièce justificative n°2. 37 AEB, IV, p. 403. 42 De SAINT-JOUAN 1990, p. 621.

12 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 de la mairie, sur le hameau des Mares où photographiques du milieu du XXe s. avait été transféré le siège de la commune en montrent le bâtiment envahi par la 1864. La première pierre est posée le 10 végétation. Dans les années 1960, une septembre 1893, puis sa bénédiction association internent sur le site44 : les pierres solennelle à lieu le 27 octobre 189543. tombales et les stèles funéraires encore en Il semble ensuite que les murs de la place dans le cimetière, ainsi que d'autres vieille église soient cédés ou revendus à un éléments lapidaires, sont déplacés. Au cours particulier, afin de procéder avec ces de l'aménagement de l'étang de Bétineuc, matériaux à la construction du mur de dans les années 1970, des éléments clôture du cimetière actuel, sur la route de architecturaux sont dérobés. Calorguen. Ces travaux de destruction sont Une procédure de classement de interrompus sur demande d'un certain l'église au titre des Monuments historique nombre d'habitants de la commune. L'église est engagée dans les années 1980. L'édifice est ensuite laissée en l'état, c'est-à-dire est entièrement inscrit à l'inventaire dépourvue de toiture et à moitié ruinée. La supplémentaire le 18 mars 1987, puis classé totalité des murs de la sacristie ont été mis à au titre des Monuments historiques le 13 bas, ainsi que le porche, une partie du mur septembre 1990. Bien qu'une consolidation nord du chœur et du gouttereau sud de la des murs, voire l'installation d'une nef, le mur pignon ouest et le gouttereau couverture sur le chœur, ait été envisagées nord de la nef. lors de la procédure de classement, aucune L'état de l'église après sa destruction mesure n'a été prise pour assurer la nous est assez bien connu par les documents sauvegarde du monument à ce jour. iconographiques (photographies et relevés peints) réalisés vers 1916 pour le compte du Musée des monuments français (Pl. V à b) Eléments VII). L'état général du site est resté historiographiques sensiblement le même depuis cette date, si ce n'est le couvert végétal important qui s'y est L'ancienne église de Saint-André- développé ce dernier siècle. En revanche, on des-Eaux a retenu l'attention des érudits constate aisément la dégradation rapide des locaux depuis le milieu du XIXe s. Deux peintures murales durant cette période. points forts ressortent de ces travaux : le Alors qu'au début du XXe s. les mutrs de caractère relativement ancien de l'édifice et l'église sont encore entièrement couverts par l'intérêt qu'offrent ses décors peints. des enduits peints témoignant de plusieurs Le site est mentionné dans le phases décoratives, ils ne présentent dictionnaire de J. Ogée en 185343. Cet auteur aujourd'hui plus que des traces lacunaires de date les baies hautes de l'église du XIIIe s. et ces peintures. Il n'est guère étonnant, étant donne la transcription de l'inscription donné la fragilité de ce type de vestiges, épigraphique du porche. Il apparaît ensuite qu'un siècle d'exposition aux intempéries et dans l'ouvrage que B. Jollivet consacre à la au vandalisme ait suffit à les faire presque description historique et géographique du entièrement disparaître. département46. Celui-ci reprend les Le site de l'ancienne église est ensuite laissé complètement à l'abandon. Son 44 éloignement des habitations facilite les vols Communication de M. R. Nogues. 45 OGÉE 1853, II, p. 696-697, article « Saint-André- et le vandalisme. Des clichés des-Eaux ». 46 JOLLIVET (B.), Les Côtes-du-Nord, histoire et « Ibid. géographie de toutes les villes et communes du département,

13 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 informations de J. Ogée et date également propose une datation de la fin du XIe s. pour l'église du XIIIe s. L'église est ensuite citée l'église de Saint-André-des-Eaux5". par J. Gaultier du Mottay, dans un article Cette datation haute est encore consacré au répertoire archéologique du reculée en 1958 par R. Grand, qui consacre département des Côtes-du-Nord. Pour ce une notice au site dans son ouvrage de dernier, l'ensemble de l'édifice accuse une synthèse sur l'art roman de la péninsule31. En « haute antiquité », sans que l'auteur apporte effet, selon lui : « L'aspect général du plus de précisions4 . monument, son appareil, le détail de ses Le Vicomte H. Frotier de la baies, l'absence de contreforts, le soin Messelière réalisa un travail plus important apporté à sa confection, le caractère de sa sur l'édifice, publié en 1924 dans la revue lui première décoration intérieure, tout porte à Bretagne Touristique'*'. Son article attribuer sa construction à une date qui ne s'accompagne d'une série de dessin à l'encre, peut être postérieure au Xe siècle. >>32. Cet de sa main, représentant différentes vues de auteur revient également sur la description l'église avant et après son abandon, ainsi que des décorations peintes. Il distingue à cet des détails de ses peintures murales (Pl. IV). effet quatre enduits successifs, dont le Le Vicomte s'attarde sur la description des premier, sur lequel figure un décor décorations peintes et souligne l'importance géométrique, serait, selon lui, carolingien et d'une Crucifixion qui figurait alors encore au le troisième, où apparaît la Crucifixion, sud de l'arc triomphal. Il attribue cette datable des Xe - XIe s. œuvre à un primitif qui aurait fait école en Au-delà des études strictement e 49 Bretagne, « au moins jusqu'au XV siècle » . régionales, l'église à le mérite d'être signalée Parallèlement aux recherches du en 1951 dans l'ouvrage de P. Deschamps et Vicomte Frotier de la Messelière, le musée M. Thibout sur la peinture romane en des Monuments Français fait exécuter, en France53. Le monument est mentionné pour 1916, des copies aquarellées de cette la Crucifixion. Il s'agit pour eux d'une œuvre Crucifixion et d'autres éléments des décors singulière, n'offrant aucune comparaison. Ils peints, ainsi qu'une série de photographies et estiment devoir l'attribuer au XIIe s., sans un plan (Pl. V à VII). Ces précieux certitude. documents, sur lesquels nous reviendrons Le site est ensuite mentionné par Ph. plus bas, sont aujourd'hui conservés par le Guigon, en 1993, dans son ouvrage sur service des archives photographiques de la l'architecture préromane en Bretagne34. Il Médiathèque de l'Architecture et du consacre une notice assez brève à l'église, Patrimoine, au fort de Saint-Cyr. qu'il date du milieu du XIe s. au plus haut. En 1939, R. Couffon, qui réalisa un Une étude plus exhaustive est due à important travail d'inventaire et de synthèse M. Déceneux, dont les recherches sur Saint- sur l'architecture romane en Bretagne André-des-Eaux sont exposées dans son livre sur l'art roman en Bretagne33 et ont fait l'objet d'un article paru dans la revue Ar Men56. L'auteur dresse un plan plus précis de , 1854-1859, 4 vol. (réédité en 1990), volume II, arrondissement de Dinan, p. 163. 47 GAULTIER DU MOTTAY (J.), «Répertoire 50 COUFFON, 1939, p. 226-227. archéologique du département des Côtes-du-Nord », 51 GRAND 1958, p. 423. dans Mémoires de la société archéologique et historique des 52 Ibid. Côtes-du-Nord, deuxième série, tome premier, Saint- 53 DESCHAMPS, THIBOUT 1951, p. 132. Brieuc, 1883-1884, p. 415. 54 GUIGON 1993, p. 13-14. 48 FROTIER DE LA MESSELIERE 1924. 55 DECENEUX 1998. 49 Ibid. 56 DECENEUX 2001.

14 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etudearchéologique - de ''ancienne église Saint-Andri, 2007 l'édifice et revient longuement sur ses a) Sources textuelles caractéristiques architecturales et ses décorations peintes. Il propose également un Les deux principaux ouvrages essai de reconstitution de certaines parties d'inventaire publié des sources anciennes du premier décor. Selon lui, la construction utiles à l'histoire de la Bretagne, les Anciens de l'église et ses premiers revêtements évêchés de Bretagne de J. Geslin de Bourgogne3 muraux dateraient de la fin de la première et les Mémoires pour sentir de preuve à l'histoire e moitié du XI s. M. Déceneux est le premier ecclésiastique et civile de la Bretagne de Dom à véritablement argumenter sa proposition Morice38 ne contiennent aucune mention de de datation. En effet, il pose la comparaison la paroisse de Saint-André-des-Eaux ou de avec les églises de Tréfumel et du Quiou et son église. Néanmoins, la consultation de propose d'inscrire leur édification dans un ces sommes donne de précieuses indications vaste mouvement d'équipement religieux du sur quelques édifices avoisinants59. nord de la paroisse primitive de Plouasne, En ce qui concerne les sources dont font alors partie ces trois communes et manuscrites, hormis les registres paroissiaux dont l'initiative pourrait revenir à conservés aux archives départementales des Guimharoc, le seigneur du lieu, dont on sait Côtes d'Armor6", qui n'ont pas pu être qu'il établi un prieuré à Saint-Pern vers 1050. consultés dans le cadre de cette campagne, le Cette datation est confortée, selon l'auteur, département conserve deux procès-verbaux par l'analyse du premier décor mural, dressant l'état de l'église au début et à la fin appliqué directement sur les maçonneries et du XIXe s. Le premier est conservé dans la dont les procédés décoratifs renverraient aux série V, sous la côte 2891, le second, dans la appareillages archaïques du premier art même série, est conservé sous la côte 28 9261. roman. De plus, il estime que la précision du plan et la rigueur dans l'exécution des b) Sources iconographiques maçonneries seraient redevables à l'intervention d'opérateurs confirmés, Les sources iconographiques laissant entrevoir une action monastique. M. concernant l'ancienne église de Saint-André- Déceneux revoie également la datation de la des-Eaux sont composées d'une part, de Crucifixion, qu'il propose de placer à la fin du documents conservés aux archives XIIe s. ou au début du XIIIe s., par analogie départementales des Côtes d'Armor ; d'autre avec d'autres œuvres du même type part, de documents conservés par le service (crucifixions de Saint-Jacques-des-Guérets, des archives photographiques de la Loir-et-Cher, et de Notre-Dame de Médiathèque de l'Architecture et du Montmorillon, Vienne). Patrimoine, au Fort de Saint-Cyr (Yvelines).

• Plans cadastraux (Pl. II, fig.2 et 3) 4. Les sources documentaires Les archives départementales des La documentation historique Côtes d'Armor conservent des exemplaires concernant l'ancienne église de Saint-André- des cadastres anciens où apparaît l'ancienne des-Eaux est assez pauvre, comme cela est souvent le cas pour les petits édifices 57 AEB. paroissiaux. La documentation 58 MORICE 1742-1746. iconographique, en revanche, est d'une 59 Voir supra Ch.I.2.b. qualité rare. 60 Sous série 6E. 61 Voir infra, Annexe 2.

15 SAINT-ANDRE - DE S -EAUX , Etudearchéologique - de ''ancienne église Saint-Andri, 2007

église. Il s'agit du tableau d'assemblage de la qui se trouvait autrefois au nord de l'arc commune de Saint-André-des-Eaux (sans triomphal. Enfin, un dernier croquis (Pl. IV, date) et, de la même commune la section A, fig.3), aquarelle celui-ci et qui à notre feuille 4 (1841). connaissance n'a jamais été publié, représente la Crucifixion. • Documents photographiques (Pl. V, fig.l Des relevés à l'échelle, beaucoup et 2 ; Pl.VI, fig.l et 2 ) plus précis, ont été réalisés en 1916 pour le compte du musée des Monuments français, L'essentiel de la documentation en accompagnement des photographies photographique se résume à quatre clichés citées plus haut, par le peintre Charles conservés par le service des archives Chauvet. Ces documents se composent de photographiques de la Médiathèque de cinq planches aquarellés (Pl. VI et VII), l'Architecture et du Patrimoine. Ces conservés par le service des archives photographies, non datées, ont été réalisées photographiques de la Médiathèque de au début du XXe s. La comparaison avec les l'Architecture et du Patrimoine. Bien que ces relevés aquarellés mentionnés plus bas et œuvres soient accessibles via le portail datés de 1916 laisse présumer une date à peu documentaire du Ministère de la Culture et près similaire, mais légèrement antérieure, de la Communication61, des reproductions pour les photographies. Celles-ci présentent numériques de qualité supérieure ont été une vue générale de l'église depuis le nord- réalisées à notre demande. ouest, une vue du mur triomphal depuis Une première peinture (Pl. VI, fig.3) l'ouest, un détail du panneau peint au sud de de 38 par 56 cm reproduit le panneau peint l'arc triomphal avec la Crucifixion et un détail au nord de l'arc triomphal. Le peintre y a du panneau peint au nord de l'arc triomphal. rajouté des détails des motifs ornementaux décorant l'intrados de l'arc triomphal et la • Relevés anciens partie haute de sa paroi ouest. Un second relevé (Pl. VI, fig.4), de 38 par 56 cm., offre Le fonds Frotier de la Messelière, une reproduction de la Crucifixion. Un conservé aux Archives départementales des troisième relevé (Pl. VII, fig.2) qui mesure 43 Côtes d'Armor62, regroupe des notes et des par 56 cm. présente un détail de la croquis du Vicomte H. Frotter de la Crucifixion : les visages de Saint Jean et du Messelière, un érudit local du début du XXe Porte éponge. Le quatrième relevé (Pl. VII, s. Parmi ces documents, on trouve une série fig.l), de 56 par 37 cm., représente une vue de croquis de l'église de Saint-André-des- générale de l'édifice depuis le nord. Enfin, Eaux (Pl. IV). Un premier dessin à la plume sur un cinquième relevé (Pl. VII, fig-3) de 38 (Pl. IV, fig.l), le plus ancien, daté du 2 par 56 cm. l'artiste a placé un plan de l'église novembre 1895, présente une vue extérieure en surimpression sur un motif de faux de l'édifice, alors encore en fonction, depuis appareil et de pot fleuri qui faisaient partie le sud. Les autres dessins à la plume des décors anciens de l'édifice. représentent l'église après son abandon et sa destruction. On trouve une vue du mur de séparation entre la nef et le chœur depuis l'ouest (Pl. IV, fig.2), une reproduction de la Crucifixion et une autre d'une petite scène figurative où combattent deux chevaliers et

62 Sous série 60J 63www. culture.gouv.fr / culture / inventai/pa trimoine

16 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

B. Problématique, méthodes et iconographique. Les vestiges de peintures murales romanes sont rares dans la région et moyens très peu étudiés64. La péninsule n'a pas fait l'objet de travaux d'inventaire, à l'image des recherches menées par Ch. Davy65 pour les 66 1. Les problématiques de Pays de la Loire ou par V. juhel pour la Normandie. recherche Hormis les peintures de Saint-André- des-Eaux, on peut mentionner celles de S'il faut fixer l'origine de ce projet de l'église Saint-Gai de Langast (Côtes recherche, c'est l'intérêt manifesté envers la d'Armor), mis au jour lors de restaurations richesse et l'originalité du décor peint de menées de 1982 à 199567, dont la datation l'église de Saint-André-des-Eaux qui en a reste sujet à controverse68 et celles du prieuré constitué le point de départ. Aussi, la Saint-Laurent du Loroux-Bottereau (Loire- problématique scientifique de la présente Adantique), qui dateraient de la fin du XIIe étude est-elle principalement axée autour de s.69. L'ensemble peint de l'église Saint- cette question. La compréhension de ces Gobrien de Morieux70 (Côtes d'Armor), peintures impliquait, d'une part — comme probablement construite au XIIe s., préalable - de réaliser l'étude comprend plusieurs décors successifs, dont monographique de l'ensemble architectural les plus anciens pourraient être d'époque dans lequel elles s'inscrivent et, d'autre part romane. Des traces plus modestes de décors — comme objectif — de replacer ces peints romans s'observent également dans informations dans une réflexion plus l'abbatiale de St-Méen-le-Grand (Ule-et~ globale ; l'approche archéologique s'est Vilaine), à Saint-Sauveur de Redon (Ille-et- imposée comme la plus à même de révéler Vilaine) ou encore dans l'église paroissiale du l'histoire de ce monument et le cadre d'une Mont-Dol (Ille-et-Vilaine). recherche universitaire comme le plus propice pour intégrer ces données à un En outre, l'intérêt de l'église de travail de synthèse. Saint-André-des-Eaux réside également dans L'intervention archéologique se la nature de ces peintures murales. En effet, justifiait également à nos yeux par l'urgence celles-ci se composent, dans la première de sauvegarder ces maigres — mais phase de décoration du moins, d'un décor néanmoins précieux — vestiges, avant leur disparition prévisible. 64 On trouve des éléments de synthèse dans DECENEUX 1998, p. 116-121 et AUTISSIER 2005, p. 67-70. 65 DAVY 1999. a) Les décors peints : un 66 Voir JUHEL (V), « La peinture murale en témoignage unique Normandie aux derniers siècles du Moyen Age », dans Peintures murales... 2005, p. 193-199. 67 DECENEUX 1998, p. 120-121; HERVE- Le site de l'ancienne église de Saint- COMMEREUC (C.), Peintures murales de l'église de André-des-Eaux forme un ensemble Langast, Côtes d'Armor, Association pour l'Inventaire, Rennes, 1996. architectural unique en Bretagne : l'édifice 68 e e Pour certains elles remonteraient au IX ou au X offre l'intérêt d'un monument de la période s., pour d'autres ces peintures ne peuvent être romane, très peu remanié, ayant conservé antérieures au XIIe s. 69 DAVY 1999, p. 150-153. des traces de son décor peint et pour lequel 70 Voir de PONTHAUD (S.), « L'église de Morieux » existe une importante documentation dans Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 91, 2003.

17 SAINT-ANDRE - DE S -EAUX , Etudearchéologique - de ''ancienne église Saint-Andri, 2007 entièrement ornemental, organisé en par les chercheurs qui ont travaillé sur le fonction de l'architecture de l'édifice et dont sujet, on peut, très largement, estimer une les motifs imitent des appareillages date d'édification comprise entre le Xe et le décoratifs répandus à la période préromane XIIe s. Or, ces deux siècles de marge ont leur et romane dans l'architecture ou la mosaïque importance dans l'histoire de l'art roman (dents de scie, chevrons, appareil réticulé, breton. En effet, le débat est loin d'être clos arceaux entrelacés, cercles sécants, etc.). Les sur la question de l'émergence des formes et décors ornementaux de ce type sont encore des techniques architecturales romanes dans mal connus pour cette période'1 et la péninsule. Si dans son ouvrage, qui reste difficilement datables. S'il s'avère possible encore une référence, R. Grand a eu de caler avec précision la chronologie de tendance à dater très haut de nombreux l'église de Saint-André-des-Eaux, l'enjeu de monuments'", la chronologie proposée par la monographie dépassera alors le seul cadre Ph. Guigon dans son travail sur régional. l'architecture préromane prend le parti 3 Par ailleurs, la présence de ce type de opposé' . Dans un article récent, M. registres iconographiques amène à Déceneux propose encore de réévaluer ces s'interroger sur les modèles et les influences dates suite à des observations effectuées sur 4 des peintres qui ont exercé à Saint-André- un certain nombre d'édifices' . La récente des-Eaux ; sur les interactions entre les thèse d'A. Autissier a permis d'affiner différentes domaines de la décoration certaines dates par l'examen des décors 5 architecturale et sur la nature des techniques sculptés' . Quelle que soit la pertinence des mise en œuvre pour la réalisation de ces remarques de chacun de ces auteurs, il reste décors. très délicat de trancher en faveur de l'un ou de l'autre, en l'absence d'échelons de Enfin, bien que les enduits peints les datation fiables. Peu d'édifices ont fait l'objet plus récents soient aussi les plus de fouilles archéologiques récentes et de endommagés, la chronologie des décorations datations absolues. Seule la multiplication de peintes qui ont succédé à ce premier décor ces opérations et la publication de synthèses mérite d'être affinée, à la fois par l'étude de permettront de proposer une chronologie terrain et par l'analyse des sources plus stricte, basée sur des sites de référence, iconographiques. pour l'évolution de l'architecture préromane et romane en Bretagne.

b) Architecture et techniques de construction : problèmes c) L'origine et l'évolution de chronologie d'un sanctuaire paroissial

Malgré les quelques travaux publiés Un troisième axe de recherche, plus sur l'église, la datation de sa construction redevable à l'histoire qu'à l'histoire de l'art, reste encore hypothétique. Les inconnues concerne les modalités d'apparition et documentaires sont nombreuses, puisque d'évolution du heu de culte. En effet, la aucune source historique ne fait mention de situation isolée de l'église par rapport à la paroisse avant le XVIe s. Si l'on fait la synthèse des différentes propositions émises 72 GRAND 1958. 73 GUIGON 1993. 71 Sur ce sujet, voir DAVY 1999, p. 29-45 et Le rôle de 74 DECENEUX 2004. l'ornement... 1997. 75 AUTISSIER 2005.

18 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 l'habitat, ainsi que sa fonction funéraire, des enduits peints s'est basée sur les conduisent à s'interroger sur l'éventualité méthodes élaborées au Centre d'étude d'une occupation précoce du site. Cette médiévales d'Auxerre, lors de l'étude de la problématique rejoint les interrogations sur crypte de l'église abbatiale Saint-Germain'8. le statut de l'église : sa construction de est- Le chantier s'est déroulé en trois phases de elle bée à l'émergence de la paroisse ? A un travail : levé du plan et des élévation de acte politique ? monastique ? L'étude l'église ; enregistrement archéologique du archéologique de l'ancienne église ne bâti ; relevé exhaustif des peintures permettra sans doute pas de répondre à cette murales et relevé ponctuel des maçonneries. question. Cependant, là encore, se fait sentir- la nécessité d'un apport de documentation L'enregistrement archéologique des archéologique, qui, confrontée aux données élévations est hiérarchisé comme suit : historiques, devrait permettre d'appréhender avec plus de clarté la genèse et l'évolution US à quatre chiffres, de 1001 à n. des territoires paroissiaux de l'Armorique FAIT à trois chiffres, de 101 à n., médiévale' . précédés d'un identifiant de trois ou quatre lettres majuscules. Espace à un chiffre, de 1 à 4. 2. La méthodologie Les unités stratigraphiques L'objectif de la campagne 2007 visait regroupent des unités archéologiques de à établir un phasage précis de la construction base appartenant à une même phase de l'église (bien que les remaniements chronologique. Les faits correspondent à des architecturaux restent ici peu importants), de entités archéologiques plus complexes (baies, ses différents revêtements muraux et de portes, murs, etc.). Les espaces déterminent mettre en évidence les traces des différents les volumes principaux du bâtiment. Dans aménagements intérieurs qu'ont conservé un souci de simplification de ses murs. La perspective étant de proposer- l'enregistrement, nous n'avons pas voulu une restitution des différents états du établir de numérotation spécifique pour les monument. Cet objectif impliquait de peintures murales. Les enduits sous-jacents réaliser un enregistrement archéologique et les décors qu'ils supportent ont donc reçu rigoureux du bâti et de constituer une des numéros d'US. Selon le degré d'analyse documentation graphique fiable, auparavant souhaité, certains enduits ont été distingués inexistante, à partir de laquelle raisonner. de leur décor peint, d'autres ont été réunis C'est pourquoi une part importante de la sous un même numéro. Eventuellement, ces campagne a consisté à lever le plan de derniers ont été subdivisés en 1000.1 à l'église et de ses élévations. Le relevé 1000.?/ afin de préciser l'ordre d'application systématique des traces de peintures murales des badigeons et des couches picturales. a procédé de la même logique. Les relevés de peintures murales ont L'étude archéologique des élévations été réalisés à l'échelle 1 sur film transparent, a été conduite selon des méthodes établies pour être mis au net par informatique. dans l'archéologie dite « du bâti L'étude Chaque relevé prend en compte la stratigraphie des revêtements muraux, décors peints comme simples badigeons. La 76 En prenant exemple, entre autres, sur les travaux totalité des peintures murales encore en menés par E. Zadora-Rio sur la genèse du territoire paroissial (IOGNA-PRAT, ZADORA-RIO 2006). 77Archéologie du bâti 2005. 78 Peindre à Auxerre... 1999.

19 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etude archéologique- de ''ancienne église Saint-Andri, 2007 place sur le site a été relevée selon cette 3. Les moyens mis en œuvre méthode. La documentation réunie se compose de 19 films qui ont été numérisés. Le budget 2007, d'un montant total Néanmoins, seulement 14 de ces relevés ont de 2500 €, a été alloué en partie par l'Etat, à été mis au net pour l'instant. hauteur de 1100 € et en partie par le Conseil Les relevés au pierre à pierre, réalisés général des Côtes d'Armor, à hauteur de e à l'échelle du l/20 , ont été beaucoup plus 1400 €. Ce financement conjoint a permis ponctuels, faute de temps et d'échafaudages d'acquérir le matériel de dessin, de louer un permettant d'accéder aux parties hautes des tachéomètre laser pour la levé du plan et des murs. Aussi, a été privilégié le relevé des élévations, d'assurer les frais de éléments architecturaux structurants et des fonctionnement du chantier, d'analyse des maçonneries supportant des éléments peints. mortiers, d'infographie et de réalisation du Afin d'affiner le phasage, des rapport. Les datations au radiocarbone, par échantillons de mortier et d'enduit ont été la méthode de l'accélérateur de particule, ont prélevés et confiés pour analyse à Stéphane été prises en charge directement par le Biittner (Centre d'études médiévales Service Régional de l'Archéologie de 79 d'Auxerre) . Nous avons également prélevés Bretagne, dans le cadre du programme des échantillons de charbons de bois Artémis. contenus dans les mortiers de construction La mairie de Saint-André-des-Eaux et dans l'enduit supportant le décor peint le nous a permis d'utiliser un local communal plus ancien. Deux de ces échantillons sont pour stocker notre matériel et nous a prêté en cours d'analyse, afin d'être datés par leur une grande échelle et un escabeau. La teneur en radiocarbone. Pour s'assurer d'une location d'un échafaudage, qui avait été date fiable, nous avons fait le choix de initialement prévue, s'est avérée impossible. soumettre cette année deux échantillons L'ensemble des relevés a donc été réalisé à provenant des mortiers de construction. Les l'aide de l'échelle, dans des conditions résultats sont attendus courant 2008. parfois acrobatiques.

Le choix a été fait, pour le présent rapport, de ne donner qu'une description détaillée de l'église et de ses peintures murales. Une analyse archéologique plus poussée porte sur le mur de séparation entre la nef et le chœur et sur la première phase des décorations peintes. Les relevés de peintures murales sont présentés à l'échelle du 1/15e ou du l/10e. Les élévations sont présentées à l'échelle du 1 /50e. L'analyse archéologique complète du bâti et le phasage définitif ne seront développés que dans le document final de synthèse.

79 Voir infra, Annexe 1.

20 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

II. ETUDE A. Description et analyse ARCHÉOLOGIQUE archéologique des élévations

1. Description architecturale de L'ancienne église Saint-André prend place au centre d'un enclos grossièrement l'édifice ovale (Pl. II, fig.3), matérialisé par un petit muret de pierre sèche qui délimitait le L'orientation générale de l'église, qui cimetière paroissial attenant au sanctuaire8". reste à définir de manière plus précise82, L'espace circonscrit par cet enclos est indique un important décalage de l'édifice légèrement surélevé par rapport au terrain par rapport aux points cardinaux. En effet, avoisinant8!. Il est entouré par un chemin, la position de son axe longitudinal n'est pas aménagé au moment de la création de strictement est-ouest, mais plutôt sud-est / l'étang. L'espace au nord du cimetière ouvre nord-ouest ; le chevet étant disposé vers sur une vaste prairie qui est une propriété l'orient, conformément à l'usage. municipale. Les abords est et sud sont occupés, quelques dizaines de mètres plus loin, par les rives boisées de l'étang de Bétineuc. On accède au site depuis le côté ouest, par un petit chemin de terre qui Le bâtiment s'organise selon un plan conduit au bourg. Les plans cadastraux du simple (Pl. VIII), formé d'une nef unique XIXe s. (Pl. II, fig.2 et 3), réalisés avant la (Espace 1) rectangulaire à laquelle se greffe création de l'étang, décrivent un accès un chœur quadrangulaire (Espace 2) à identique. On remarque sur les mêmes plans, chevet plat. Le passage entre les deux au sud-est, un ruisseau qui borde le mur du espaces est assuré par un arc triomphal percé cimetière. dans le mur pignon oriental de la nef. Un porche hors-œuvre (Espace 3), dont ne subsiste que l'escalier et l'arase des murs latéraux, est accolé à l'entrée principale de l'église, sur le mur gouttereau méridional de la nef. Un second accès est percé dans le mur nord du chœur, mur contre lequel est adossée une structure quadrangulaire, la sacristie, entièrement arasée (Espace 4). L'éclairage est fourni par une série de fenêtres hautes, percées dans chacun des murs de l'édifice. Deux baies plus larges sont pratiquées à mi-hauteur dans les murs sud du chœur et de la nef. Le mur est et le mur sud du chevet (MUR 105 et MUR 104 - Pl. IX, fig.2, 3 et 80 Le temps imparti à la topographie et le couvert 6) sont intégralement conservés dans leur végétal important du site n'ont pas permis de procéder au relevé de ce muret. 81 II est à noter que l'altitude absolue du site n'a pas 82 L'orientation ici présentée a été calée selon les pu être mesurée lors de cette campagne. plans cadastraux actuels.

21 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

élévation. Le mur nord du chevet (MUR 104 perpendiculairement au mur pignon 103. Ce - Pl. IX, fig-2) est conservé partiellement au décalage est répercuté dans le tracé du mur niveau de son chaînage avec le mur pignon. oriental 105 qui suit l'orientation des deux Le mur de séparation entre la nef et le chœur murs latéraux du chœur. (MUR 103 - Pl. IX, fig.4 ; Pl. X ; fig.ll et 12) est en partie arraché dans son extrémité Les murs latéraux du porche (MUR nord et au niveau du faîtage. Le mur 133 à l'ouest et MUR 134 à l'est) présentent gouttereau méridional de la nef (MUR 107 — eux aussi un léger désaxement, vers le sud- Pl. IX, fig.l et 5) est également partiellement est, par rapport au tracé du mur gouttereau endommagé à l'ouest. Le mur occidental de 107. La largeur intérieure du porche est de la nef (MUR 101) n'est conservé que sur 2,45 m. pour 4 m. hors-œuvre. Sa quelques assises et le mur gouttereau nord profondeur est de ± 2,9 m. ; soit une surface de la nef (MUR 102) est presque intérieure d'environ 7,10 m. carré. entièrement arasé. La sacristie, formée de deux murs Les dimensions intérieures de la nef gouttereaux et d'un mur pignon, est adossée sont de 10,90 m. de long pour 5,90 m. de au mur 104, ce dernier faisant office de large, soit une superficie moyenne de 64,3 pignon sud. Ses murs suivent à peu près m. carré. Ses dimensions hors-œuvre sont de l'orientation du chœur. 12,75 m. de long pour 7,7 m. de large. L'élévation maximale du gouttereau est d'environ 7,75 m. Le mur pignon est b) Les accès conservé sur une hauteur d'environ 8,3 m.8> Les dimensions intérieures du chœur, L'accès principal à l'église (POR 121 plus étroit et plus bas que la nef, sont de 5,1 - Pl. X, fig.2), situé sur le mur méridional de m. de long pour 4,25 m. de large, soit la nef, est assuré par une porte en plein- environ 21,70 m. carré de superficie. Ses cintre encadrée par un portail légèrement dimensions hors-œuvre sont de 5,95 m. de saillant sur le nu du mur [environ 20 cm.]. long pour 6 m. de large. Son gouttereau sud Ce dernier est composé d'un arc en plein- s'élève à environ 6,95 m. La différence cintre qui repose sur des piédroits sans d'élévation entre la nef et le chœur est donc imposte, surmonté d'un gable. Le front de de ± 80 cm. et la différence de largeur de l'arc est encadré par un rouleau d'archivolte 1,70 m., ce qui correspond à l'épaisseur des qui formait une moulure continue avec la murs 107 et 102. corniche du gable. Les piédroits sont L'épaisseur moyenne des murs, de régulièrement chaînés avec le parement du 0,9 m., est uniforme pour la nef et pour le mur, par un moyen appareil de pierre de chœur. Cependant, l'articulation entre les taille en granit avec des briques en boutisse. deux espaces laisse apparaître une légère Contrairement à ce que supposait R. désorientation du chœur vers le nord-est. En Grand , la nature de l'appareillage ainsi que effet, les murs gouttereaux du chevet (106 et l'absence de rupture de maçonnerie tendent 104) ne sont pas disposés tout à fait à prouver que ce portail appartient bien au premier état de la construction. On 83 Les hauteurs mentionnées se réfèrent au niveau du remarque en revanche que l'arc et les sol extérieur, le long du mur 107, et non à la hauteur maçonneries qui couvrent la porte intérieure actuel des sédiments accumulés dans l'église, qui est très inégale. Elles ne tiennent donc pas compte de la possible différence de niveau de sol entre la nef et le choeur 84 GRAND 1958, p. 423.

22 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 ont été repris dans une phase postérieure. A l'extérieur, ces ouvertures sont très Du côté nord, l'ouverture est simplement étroites [ 1. ± 20 cm.] et assez élancées [ H. + formée d'un arc en plein-cintre sans imposte 1,2 m.]. Elles son haut placées, à environ 40 pratiqué dans l'épaisseur du mur. cm. sous l'arase des gouttereaux. A l'intérieur, elles sont fortement ébrasées [ 1. Ce portail a été couvert par un ±65 cm.], couvertes d'un arc en plein-cintre porche dont subsiste l'escalier et l'arase des et dotées d'un appui en glacis. Les murs latéraux. Ceux-ci sont simplement encadrements et les jambages sont réalisés plaqués contre le mur gouttereau, sans dans un moyen appareil de pierre de taille en liaison. Le solin de la toiture du porche se granité et parfois en calcaire. A l'extérieur, devine encore au-dessus du gable, sous la chacune de ces baies est couverte par un forme d'une fine bande de mortier. C'est linteau monolithe échancré incisé de motifs probablement pour l'installation de cette de faux claveaux et de voussures, pour la couverture qu'une partie du rouleau baie 113. Au moins trois de ces linteaux ont d'archivolte et de la corniche du gable ont été réutilisés dans la construction du mur du été bûchés. D'après l'inscription qui y nouveau cimetière (Pl. X, fig.l0). figurait autrefois, la construction du porche pourrait remonter au début du XVe s. Deux ouvertures plus grandes ont été percées postérieurement sur les Un second accès était possible au gouttereaux sud. nord, par une porte ouvrant sur le chœur La baie 118 (Pl. X, fig. 8) est disposée (POR 112 - Pl. X, fig.12), qui est presque sur le mur 107, à 2,35 m. à l'est de la porte entièrement détruite. On observe encore sur 121 et à 2,58 m. au dessus du sol. Il s'agit le mur 103 le départ de l'arc qui la couvrait à d'une baie en plein-cintre [ouverture : 1. 90 l'intérieur, le piédroit qui recevait le cm. ; H. 1,55 m.] formée de chaque côté par couvrement extérieur ainsi que les butoirs et un arc concave encadrant une feuillure. Les les gonds encastrés dans les maçonneries du jambages reposent sur un appui taluté. mur 103. L'encadrement est appareillé en pierre de taille d'un granité très fin, peut-être de la kersantite, avec quelques plaquettes de c) L'éclairage schiste en calage. L'ensemble de la baie est lié à la maçonnerie 1013, dont le blocage de L'éclairage était assuré à l'origine par- moellons se distingue très nettement du une série de baies hautes, régulièrement parement du mur 107. A l'intérieur, la baie disposés sur les murs de la nef et du chœur. 118 et la maçonnerie 1013 sont couvertes par Deux de ces ouvertures sont percées dans le un badigeon blanc, puis par le décor peint mur 107. La plus à l'ouest est presque 1010. entièrement détruite, à l'exception d'une La baie 116, sur le mur 106, est partie de l'ébrasement est. La seconde également disposée à mi-hauteur du mur(Pl. (BAIE 119 - Pl. X, fig.4 et 5) est bien X, fig.l et 9). Elle est liée à la maçonnerie conservée. Une troisième, sur le gouttereau 1016, qui a partiellement recoupée la baie sud du chœur (BAIE 117 - Pl. X, fig.l et 9), haute 117. Il s'agit d'une ouverture a été partiellement recoupée par une rectangulaire [1. 68 cm. ; H. 1,25 m.], très ouverture postérieure. La dernière, au chevet fortement ébrasée vers l'intérieur de l'édifice (BAIE 113 - PL X, fig. 6 et 7), est intacte. et dont l'encadrement est réalisé en moyen appareil de pierre de taille, dans un même

23 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 matériau que celui utilisé pour la baie 118. du plateau. Le dispositif est identique et L'appui taluté repose sur des blocs de s'observe encore dans l'église de Tréfumel. calcaire. L'ouverture est couverte par un Du reste, nous savons que l'église linteau monolithe percé d'un oculus et dont était pourvue d'un clocher. Celui-ci apparaît l'extrados est taillé en arc brisé. Il est doublé sur un des croquis du Vicomte de la à l'extérieur par un arc brisé surbaissé. Messelière (Pl. IV, fig.l). Il est également mentionné dans le procès-verbal de 1893 où il est précisé que : « (...) l'embase du clocher d) Les aménagements construit, comme nous venons de le dire, JUJÎji, Jf^iS^iOüO^ tout en bois, repose directement sur des madriers posés à plat sur les murs sans Les parois des murs ont conservé les aucune garniture ni liaison avec le corps du traces de quelques aménagements liturgiques bâtiment, et sans charpente de qui meublaient l'intérieur de l'église. renforcement »86. Ce type d'ouvrage, Deux baignoires liturgiques étaient entièrement de bois, est assez fréquent en disposées sur les murs sud de la nef et du Bretagne, bien que nous ne sachions pas à chœur, l'une rectangulaire, l'autre couverte quelle époque remonte les premiers 8 d'un arc ajouré en accolade. Elles exemplaires '. Ils consistent en un apparaissent sur une des photographies soubassement de plan rectangulaire plaqué anciennes de l'église (Pl. V, fig.l et 2), mais contre le mur de séparation entre la nef et le ont été arrachées des murs, probablement au chœur. Celui-ci est composé de quatre moment de la création de l'étang. Il ne poteaux fichés dans des socles de pierres, subsiste donc que deux négatifs. Le premier pour les isoler de l'humidité, supportant un (1055 - Pl. X, fig.l) p. ± 55 cm. ; H. ± 75 plancher sur lequel prend place la structure cm.], sur le mur 107, est situé sous la baie du clocher. 118. Le second (1056) p. ± 1,10 m. ; H. ± 90 cm.], sur le mur 106, est placé sous la baie 116, légèrement décalé vers l'est. e) L''appareillage et la mise en Une armoire rectangulaire (ARM 114 œuvre - Pl. IX, fig.6) [1. 60 cm. ; H. 74 cm. ; Prof. 35 cm.] prend place au sud du mur du L'ensemble de l'édifice témoigne chevet. Elle est entourée d'une reprise de d'une construction relativement homogène. maçonnerie (1057), qui indique qu'elle a été Les rares reprises ne concernent que l'ajout insérée dans le mur après sa construction. des baies au sud, du porche, de la sacristie, Les photographies anciennes montrent ainsi que l'insertion dans les parois qu'elle était rebouchée au début du XXe s. intérieures de plusieurs éléments de mobilier Le procès-verbal d'expertise réalisé à liturgique. Seuls quelques variations dans la fin du XIXe s.83 indique que l'église était l'appareillage, repérées selon des limites dotée d'une chaire à prêcher. Celle-ci prenait horizontales, évoquent des étapes de sans doute place contre le mur gouttereau chantier ou des changements dans sud de la nef. On remarque en effet sur sa l'approvisionnement. paroi, et sur les photographies anciennes, le Le parement des murs, souvent négatif d'un petit escalier (1059) et les deux caché par les enduits à l'intérieur, est ancrages (1058) qui ont senti à l'installation parfaitement lisible à l'extérieur. Il s'agit d'un

86 Ibidem. 85 Voire infra, Annexe 2, pièce justificative n°2. 87 GRAND 1958, p. 104.

24 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 appareil irrégulier de moellons de l'uniformité de la construction, pour laquelle dimensions variables et de matériaux divers. les maçons ont utilisé un liant à base de Les roches privilégiées sont le calcaire88 et le chaux89, de couleur jaune pâle, caractérisé granité, mais on trouve également des galets, par des inclusions de nodules de chaux et un des morceaux de quartz, du schiste, des grès granulat régulier contenant essentiellement et de nombreux fragments de briques. Les du quartz et des éléments de roche moellons sont disposés en assises plus ou granitique. moins régulières, selon les murs et les L'examen des trous de boulin hauteurs d'élévation. En général, les renforce encore ce sentiment constructeurs ont cherché à disposer des d'homogénéité. En effet, ceux-ci sont du éléments massifs pour les parties basses et même type sur l'ensemble de l'église : ont appareillé les parties hautes à l'aide traversants, de section carré et dotés d'une d'assises régulières de petits moellons entrée d'environ 20 cm. de large. Leur allongés. Le blocage est de même nature, disposition est assez régulière, surtout sur le disposé en lits inclinés noyés dans le mortier. mur de chevet 105, où se superposent six La nature de l'approvisionnement évoque séries de deux trous espacés d'environ 2,8 m. donc un ramassage de matériaux, qui illustre La première série débute à environ 1, 40 m. la diversité géologique des sols de la région, du sol, puis l'espacement horizontal varie de plutôt que l'exploitation régulière d'une 80 cm. à 1,15 m. (Pl. IX, fig.3) carrière. En revanche, les encadrements des baies, des portes et de l'arc triomphal, les 2. Analyse archéologique du Mur claveaux des arcs, ainsi que les chaînages 103 d'angle, ont été réalisés dans un moyen (Pl. XII, XIII et XIV) appareil de granité gris, beige ou rosé et plus rarement de calcaire, dont les modules sont Le mur 103, qui forme la séparation variables [H. de 20 à 40 cm. ; 1. de 10 à 90 entre la nef et le chœur, suit l'orientation cm.]. La taille est parfois assez irrégulière, les générale de la nef, dont il constitue le pignon angles souvent émoussés, et certains blocs oriental. Sa longueur intérieure du côté de la sont plus proches du moellon équarri que de nef est de 5,86 m. et de 7,70 m. hors-œuvre. la pierre de taille. Le calcaire provient sans Son épaisseur est de 90 cm. L'élévation aucun doute des carrières du bassin du maximale conservée est de 7,76 m. au-dessus Quiou. Le granit a pu être acheminé depuis du niveau du sol extérieur. les gisements du Hinglé ou de Bobital. Des briques fragmentaires sont souvent ajoutées La partie nord du mur est en calage vertical. partiellement arrachée. Le chaînage avec le En conséquence, Les joints sont mur 102 n'est conservé que sur deux assises, épais [4 à 8 cm.]. A l'intérieur ils sont parfois à l'extérieur. L'arrachement, qui ne concerne beurrés (mur 103) et ce sont des joints que les blocs de chaînage entre les deux rubannés qui séparent les claveaux de l'arc murs dans les parties basses, gagne l'intérieur triomphal et des baies hautes (Pl. X, fig.7). des maçonneries dans les parties hautes. En Les analyses de mortier confirment revanche, la moitié sud du mur est en bon état, le chaînage avec le mur 107 étant 88 Le terme « calcaire » désignera ici le calcaire entièrement conservé. Les murs gouttereaux coquillier issu de l'exploitation des faluns, normalement dénommé « pierre de jauge » (voir supra, Ch.I.A.l.b.). 89 Type M2 de la typologie (voir infra, Annexe 1).

25 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 du chœur 104 et 106 sont régulièrement Du sol jusqu'au niveau des impostes chaînés avec le mur 103 et forment chacun de l'arc 111, le parement est formé d'un un renfoncement d'environ 85 cm. de part et moyen appareil de pierre de taille de granité, d'autre de ce dernier, ce qui correspond de dimensions variables [L. de 35 à 55 cm. ; grosso modo à l'épaisseur des murs 107 et 102. H. de 24 à 38 cm. ; Ep. de 10 à 16 cm.], disposé en assises régulières. De petit Le mur 103 est percé par l'arc moellons de calcaire, des plaquettes de triomphal 111. Il s'agit d'un arc en plein- schistes et des fragments de brique [module cintre, présentant du côté ouest deux des briques : L. 22 cm. ; Ep. 5 cm.] sont rouleaux à ressauts. Sa portée est de 2,93 m. utilisés en calage vertical ou horizontal. Les et la hauteur de sa flèche est de 1,5 m. La joints, épais, sont beurrés avec un mortier de hauteur sous clef estimée par rapport au parement (1003) de même composition que niveau de sol de la nef est de ± 4,5 m. Le le liant utilisé dans les blocages90. Ce mortier rouleau supérieur forme un ressaut large de 1003 se poursuit uniformément sur l'intrados 30 cm. et profond de 22 cm. de l'arc qui surmontait la porte 112. La retombée de l'arc 111 est reçue de Les parties hautes, à partir de la chaque côté par une paire d'impostes. Il naissance de l'arc 111, montrent un s'agit de blocs de granité gris à gros grain [H. appareillage assisé de moellons bruts ou 17 cm.]. Ils présentent un chanfrein droit grossièrement équarris, de dimensions formant une moulure continue qui anime le variables [de 10 par 10 cm. à 20 par 50 cm.] tableau des piédroits. On observe que les et composé de granité, de calcaire, de schiste blocs formant l'imposte du rouleau inférieur et de quelques fragments de brique. On ont été bûchés sur une largeur d'environ 20 observe, surtout sur la paroi ouest, un cm., de leur côté ouest. La moulure de changement d'appareil à environ 1,45 m. l'imposte sud a ensuite été entièrement sous l'arase du mur. Au-dessus de cette bûchée jusqu'au nu du mur. ligne, l'appareillage est constitué Les deux rouleaux de l'arc 111 sont préférentiellement de moellons de granité fourrés. L'appareil de revêtement est formé équarris de plus grande dimensions, de claveaux de granité beige, rosé ou gris et régulièrement disposés, sur au moins quatre parfois de calcaire, régulièrement taillés, de assises. Toutefois, comme le confirment les largeur variable [10 à 15 cm.] mais de analyses de mortier, ce changement évoque hauteur uniforme [35 cm.], appareillés à clef, une étape ou une interruption de chantier dont les joints sont rubannés. Le blocage est plutôt qu'une reprise des maçonneries91. constitué de petits moellons allongés de Le blocage du mur est formé de lits calcaire, noyés dans un mortier gris (1002). réguliers de moellons de calcaire, de fragments de briques et de galets, noyés dans un mortier de blocage (1001) de même a) Appareillage et composition que le mortier de joint 1003 . revêtements On observe, sur les deux parois du Le parement du mur 103, bien que mur 103, ainsi que sur les piédroits et partiellement masqué par les plaques l'intrados de l'arc 111, un enduit jaune pâle d'enduit 1004 et 1010, laisse apparaître une (1004), d'une épaisseur moyenne de 1 cm., construction homogène mais traité différemment selon la hauteur des 90 Voir infra, Annexe 1. maçonneries. 91 Ibidem.. 92 Ibid.

26 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 appliqué directement sur le parement. Ce c) Aménagements revêtement est conservé par plaques, surtout sur les parties hautes des maçonneries. Il On relève la présence, sur le côté devait couvrir, à l'origine, la totalité des ouest du mur 103, de plusieurs traces de parois et de l'arc. Il supporte le décor peint réaménagements qui ont affecté cette paroi. 1005. Au sud de la paroi ouest, ce décor a Il est possible de les regrouper en trois reçu un piquetage numéroté 1043. L'enduit ensembles cohérents, déterminés d'après 1004 est ensuite recouvert par le décor 1009, l'analyse des documents anciens et les 1007, le badigeon gris puis par les badigeons observations de terrain. blancs 1008, 1041, 1042 et par le décor 101093. • Ensemble 1

b) Echafaudages Un premier ensemble s'organise autour d'une saignée étroite (1028), large Une seule série de trois trous de d'environ 1 cm. et profonde, tout au plus, de boulin, maçonnés et traversants, a été 0,5 cm. Elle marque irrégulièrement les repérée sur le mur 103. Elle est disposée à pierres de parement et les joints du mur et environ 5,4 m. au-dessus du niveau de sol de recoupe nettement l'enduit 1004. Cette la nef, soit environ 2,3 m. sous l'arase du incision peu profonde forme deux pans en mur. Le trou de boulin le plus au sud est bâtière, de part et d'autre du front de l'arc éloigné de 1,08 m. de l'angle avec le mur 107. 111. Son faîte est à peu près situé à 45 cm. Du sud au nord, l'alignement vertical est de au-dessus de la clé de cet arc. Au sud, elle 1,65 m. puis de 1,20 m. L'alignement prend naissance à 10 cm. de l'angle des murs horizontal n'est pas tout à fait régulier. 107 et 103, à environ 2,5 m. au-dessus du Les dimensions des trous de boulin niveau de sol de la nef. Elle se poursuit sur sont d'environ 20 par 20 cm. Ils ont tous les le front de l'arc, puis marque une légère trois conservé leur bouchage, soit rupture de pente à mi-hauteur. Au nord, elle entièrement, soit sur l'une ou l'autre des a été endommagée par l'arrachement du parois. Ce bouchage est constitué de petits mur. moellons de granité, de calcaire ou de On peut rapprocher ce négatif de schiste, noyés dans un mortier de chaux deux aménagements pratiqués à l'angle du blanc. mur 107 : Les parties basses du mur ont donc - Le premier est situé juste en été probablement montées à partir des dessous de la naissance de la saignée 1028. Il échafaudages latéraux situés sur les murs s'agit d'un bouchage de mortier de chaux gouttereaux. Le cintre de l'arc a pu reposer blanc (1046) [1. ± 10 cm. ; H. ± 20 cm.], à sur le ressaut des impostes. La pose d'un granulat très fin et contenant de très échafaudage encastré dans le mur n'a nombreuses soies animales94, qui recouvre concerné que les parties hautes, une fois l'arc l'enduit 1004 et le piquetage 1043, et dans monté. lequel a été laissé en réserve un trou (1029) de 8 cm de haut, de 6 cm de large et de 5 cm. de profondeur. Cette cavité peut

93 L'analyse archéologique des revêtements muraux sera développée plus bas (voir infm Ch.II.B.). 94 Type M5, voir infra Annexe 1.

27 SAINT-ANDRE" DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 correspondre à la butée d'un élément et lambrissés disposés de part et d'autre du incrusté dans le massif du mur. mur. Ils surmontent chacun un autel - Le second est situé à 60 cm. au secondaire, formé d'une dalle monolithe dessus du précédent. C'est également un reposant sur un socle maçonné, appuyé bouchage [1. ± 20 cm. ; H. ± 30 cm.], placé à contre le mur et les piédroits de l'arc. Les l'angle des deux murs et fait d'un mortier retables sont surmontés d'un décor peint de 1030 d'aspect similaire au mortier 1046. Là fausse tenture, sur lequel prennent place des encore, le mortier 1030 recouvre l'enduit statues représentant le Christ en croix, au- 1004. dessus de la clé de l'arc triomphal, avec à sa Hormis leur disposition, qui peut droite la Vierge et Saint Jean à sa gauche : laisser présumer un aménagement cohérent, c'est la disposition que l'on retrouve l'examen des relevés et des photographies usuellement sur les poutres de gloire des anciennes permet également de rapprocher églises de la région, ici transposé au-dessus les US 1028,1029,1030 et 1046. En effet, on de l'arc triomphal. Il ne serait guère étonnant s'aperçoit, sur les relevés et les cliché que notre première série d'aménagement correspondant (Pl. VI), que la saignée 1028, conserve les traces d'une structure de ce bouchée par un mortier blanc, tout comme type. les bouchages de mortier 1030 et 1046 recoupent ou recouvrent la scène de la • Ensemble 2 Crucifixion (fig-2). Par ailleurs, ces mêmes documents montrent que la saignée 1028, Une seconde série d'aménagements, après avoir été rebouchée, a été recouverte, vraisemblablement postérieure, dont les au plus tard, par un enduit portant un décor traces ont entièrement disparu de la paroi du de faux appareil jaune, qui ne peut être que mur, peut-être restituée à partir de l'examen l'enduit 1010. Aussi, si l'on postule de la des documents iconographiques et par- contemporanéité de ces quatre éléments, la comparaison avec l'église de Tréfumel. série 1028, 1029, 1030 et 1046 peut être placée, en chronologie relative, après la D'une part, on remarque, sur le front réalisation de la Crucifixion et avant la pose du rouleau inférieur de l'arc 111 (Pl. VI, fig.l du revêtement mural 1010. et 2), deux tracés rectilignes, verticaux, qui prolongent, de chaque côté, le jambage des Cette première série d'aménagements piédroits et qui se poursuivent sur l'intrados semble donc correspondre à la trace laissée du rouleau supérieur. Entre ces deux tracés, par un lambris en bâtière ou par une autre le front du rouleau inférieur semble plus structure disposée au-dessus de l'arc chargé en badigeons blancs, comme s'ils triomphal. Bien que l'interprétation reste avaient fossilisé l'empreinte d'une structure délicate, la comparaison avec les rapportée sur le mur, auparavant plaquée aménagements intérieurs de l'église Sainte- contre les piédroits, de part et d'autre de Agnès de Tréfumel (Pl. X, fig. 13) est l'arc, et contre laquelle seraient venus bu tel- instructive. En effet, celle-ci conserve les épidermes successifs recouvrant le front encore, sur le même mur, des aménagements de l'arc. On observe également que ces liturgiques modernes qui ont disparu à Saint- négatifs continuent sur la paroi du mur 103, André-des-Eaux. On remarque, dans cette sous la forme d'une ligne horizontale sous église, que le côté occidental de l'arc laquelle s'interrompent, au sud comme au triomphal a été « rhabillé » d'une maçonnerie nord, une série de badigeons blancs et qui qui sert d'accroché à deux retables maçonnés

28 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 pourrait donc marquer le prolongement de dessus du niveau du sol. Leur espacement cette structure sur la paroi du mur. est d'environ 3,85 m. Il s'agit de cavités Ces traces peuvent avoir été laissées quadrangulaires — d'environ 30 cm. par 30 par des retables plaqués contre la paroi, à de côté et 35 cm. de profondeur — obtenues l'identique de ceux disposés dans l'église de en bûchant le parement et en creusant dans Tréfumel. le blocage du mur. Les deux recoupent l'enduit 1004. On devine, sur les D'autre part, les photographies photographies et les relevés anciens, que comme les relevés présentent, à la base du 1051 recoupe également la Crucifixion et, a mur, au sud de l'arc triomphal, un négatif priori, le décor 1010. horizontal qui se poursuit sur le mur 107 sur Les US 1049 [1. 40 cm. ; H. 40 cm. ; une profondeur d'environ 1 m. Ce négatif Prof. 24 cm.] et 1050 [1. 30 cm. ; H. 24 cm. ; est marqué par l'interruption du décor de Prof. 38 cm.] sont disposées au-dessus de faux appareil 1010 et sa hauteur peut être l'arc 111, à peu près dans l'axe des deux estimée à environ 1,35 m. au-dessus du structures précédentes, environ 2 m. plus niveau de sol de la nef. Il est difficile de haut. Elles coupent également l'enduit 1004. déceler une trace similaire au nord, la base Sur les photographies anciennes, on observe du mur étant masquée par un important qu'elles recoupent les badigeons blancs niveau de remblai. Là encore, cette trace tardifs qui recouvrent les parties hautes du indique la présence d'une structure accolée mur 103. On constate sur les mêmes au mur, contre laquelle est venu buter, ou documents qu'un élément de bois de section bien qui a recoupé, le niveau d'enduit 1010 et carré est encore en place dans 1050. que l'on peut interpréter sans mal comme Enfin, l'US 1047 est située au nord l'emplacement d'un des autels secondaires de l'arc 111, à environ 1,35 m. du niveau du dont disposait l'église95. Là encore dans une sol. Il s'agit d'une cavité quadrangulaire [1. + disposition semblable à celle en vigueur à 30 cm. ; H. 18 cm. ; Prof. 28 cm.], obtenue Tréfumel. C'est peut-être l'une de ces tables en bûchant les blocs de parement et en d'autel qui se trouve actuellement à creusant dans le blocage. l'abandon aux abords de l'édifice. Faut-il voir dans cette dernière série • Ensemble 3 les traces tardives d'un réaménagement de la paroi du mur ? Il ne faut pas non plus Un dernier ensemble, plus exclure que le soubassement du clocher a difficilement interprétable, regroupe une également pu laisser des empreintes sur ce série de creusement pratiqués dans le massif mur ( des encastrements de tenons par du mur, sur la même paroi, de part et d'autre exemple), puisqu'il était plaqué contre la de l'arc triomphal. Il s'agit des US 1047, paroi. 1048,1049,1050 et 1051. Deux de ces structures, les LIS 1048 et 1051, sont respectivement situées au nord et au sud de l'arc 111, sous le niveau des impostes, à environ 2,5 m. et 2,2 m. au-

95 « (...) la surface intérieure de l'emplacement réservé aux assistants, c'est-à-dire la nef, et de laquelle il faut mieux retrancher l'espace occupé par deux petits autels et la chaire, ne présente que 73 mètres carrés (...) ». Voir infra, Annexe 2, pièce justificative n°2.

29 SAINT-ANDRE" DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

B. Description et analyse archéologique des peintures Les photographies et les relevés de 1916 (Pl. IV à VII) témoignent pourtant murales d'un bon état de conservation des décors ; notamment des plus anciens, qui avaient été masqués et protégés par les badigeons Exception faite de la démolition successifs appliqués sur les murs. De fait, ce d'une partie de l'édifice, les principales sont surtout des éléments de ce premier dégradations qui ont affecté les peintures ensemble peint qui ont résisté jusqu'à nos sont dues à leur exposition permanente aux jours et qui se dévoilent désormais, après intempéries : le vent, la pluie, la neige et le que les couches supérieures de l'épiderme gel ont eu raison, en moins d'un siècle, de la mural ait été progressivement « épluchées » quasi-totalité des revêtements. L'humidité au fil des saisons. qui émane des murs, accentuée par un important couvert végétal, provoque des boursouflures sous les couches d'enduit, qui 1. L'enduit 1004 et le décor 1005 se désolidarisent petit à petit du parement et tombent finalement au sol. Celles qui Le décor 1005 est partiellement résistent sont rapidement gagnées par une conservé sur quelques-unes des plaques mousse noirâtre ou par le lichen. Le lierre, d'enduit 1004 qui constitue son support : qui se développe entre les joints, accélère encore le processus. - Sur le mur 107, on l'observe à proximité de l'angle avec le mur 103 (Pl. XI, Les parties basses des maçonneries, fig.5 et 6) ainsi qu'au front de l'arc qui les plus exposées aux remontées d'humidité, couvre la porte 121, où il est encore protégé ont presque entièrement perdu leurs par des enduits postérieurs. revêtements muraux et totalement leurs - Sur le mur 106, il subsiste, très décors peints, du moins si ceux-ci se lacunaire, à mi-hauteur des élévations, de développaient à la base des murs. Les part et d'autre de la baie 116. revêtements qui ont le mieux résisté se - Sur le mur de chevet 105, il orne trouvent sur les parties de l'édifice les moins encore la moitié nord de l'encadrement de la exposées : ainsi, l'enduit 1004, qui a baie haute 113. pratiquement disparu sur la paroi occidentale - C'est sur le mur 103 et l'arc du mur 103, exposée nord-ouest, est bien triomphal 111 que l'on en retrouve le plus de mieux conservé du côté opposé, exposé sud- traces. A cet emplacement, le décor 1005 est. Les zones couvertes, comme l'intrados apparaît à l'intrados et sur les faces des et le haut des piédroits de l'arc triomphal ou piédroits de l'arc 111. Sur la paroi est du mur, l'intrados de l'arc qui couvre la porte il est encore visible de part et d'autre du méridionale, ont conservé de beaux restes front de l'arc. Enfin, sur la paroi ouest, il est d'enduits où se voient encore les couches conserve du côté sud, à l'angle avec le mur picturales. Mais, dans la plupart des cas, 107 et au front du rouleau inférieur de l'arc celles-ci ont été les premières 111. endommagées ; la plupart des plaques d'enduit ne présentent plus que les incisions des tracés préparatoires et quelques traces de pigments.

30 SAIN T-AN DRE -DE S - EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

a) Analyse technique et La seconde phase de travail a ensuite stratigraphique consisté à réaliser les dessins préparatoires (1005.1). Il s'agit de tracés, probablement • Ltf mise en œuvre exécutés au stylet sur un support encore frais, qui marquent l'enduit 1004 sur une L'enduit 1004 est un enduit de chaux profondeur et une largeur de plus ou moins de couleur beige, contenant quelques 1 mm. Ces incisions délimitent à la fois les nodules de chaux et des inclusions de registres décoratifs, sous la forme de tracés continus horizontaux ou courbes et les charbons de bois96. Partout dans l'édifice, il contours de chaque motif. Leur utilisation recouvre directement les maçonneries. est quasi-systématique : seul les décor de Aucune trace d'un enduit ou d'un badigeon stries obliques, sur les chanfreins des plus ancien n'a été repérée sur les murs de impostes de l'arc 111 (Pl. XIV, fig.3) et au l'église. front de l'arc de la porte 121 (Pl. XI, fig.3) ont été réalisés à main levé. Tous les autres L'enduit est appliqué sur le parement décors - chevrons, cercles, arceaux, dents de par couches d'une épaisseur d'environ 1 cm. scie, résilles - ont été marqué dans l'enduit Sur les zones appareillées en pierre de taille, avant d'être peints. Hormis le stylet, on note il recouvre indifféremment les joints beurrés l'utilisation du compas, par exemple pour la et les joints rubannés. Sur les maçonneries réalisation de cercles concentriques sécants plus grossières il nivelle la surface du mur en [diam. 26 et 22,5 cm.] à l'intrados de l'arc 111 rattrapant les irrégularités de l'appareillage. (Pl. XIV), où l'empreinte de la pointe de La surface de l'enduit est lissée, bien que l'outil apparaît encore à la jonction des n'apparaissent pas les traces des outils cercles (Pl. XIV, fig.5). On voit apparaître la utilisés à cette fin. même trace sur les photographies et les relevés anciens, au centre des croix de Des zones de chevauchement, au- consécration disposées de part et d'autre de dessous des impostes de l'arc 111 (Pl. XIV, l'arc triomphal et des arceaux qui décorent le fig.2, 3 et 4) et au sud de la paroi ouest du front de l'arc et la paroi du mur (Pl. VI). mur 103 (Pl. XII, fig.3), indiquent les phases de travail des peintres qui ont appliqué l'enduit en plusieurs étapes. Ces L'enduit a ensuite été couvert par un chevauchements se retrouvent en plusieurs badigeon blanc cassé (1005.2), qui recouvre endroits de l'église et à des hauteurs nettement les tracés du dessin préparatoire. différentes. La couche d'enduit la plus haute Cependant, le badigeon blanc ne couvre pas vient alors mourir sous la couche d'enduit la uniformément toute la surface de l'enduit plus basse, selon une limite horizontale assez 1004. Par exemple, sur le décor de chevrons régulière, sur quelques centimètres de et de dents de scie disposé sur le tableau de hauteur9'. chaque piédroit de l'arc 111, il semble qu'un motif sur deux ait été laissé en réserve. Ailleurs, des zones d'enduit ont été laissées en réserve pour qu'y soient directement appliquées les couches picturales (Pl. XI, 96 Type E4, voir infra, Annexe 1. fig.2 ; Pl. XIII, fig.2). 97 Le repérage et le relevé de la totalité de ces L'originalité de la technique chevauchements, prévue lors de la campagne 2008, devraient permettre de déterminer si les zones employée pour la réalisation des panneaux d'application correspondent aux systèmes peints des piédroits de l'arc 111 mérite que d'échafaudages.

31 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 l'on s'y arrête un instant. Un motif sur deux intensité selon les pigments utilisés, les bleus a donc reçu le badigeon blanc 1005.2, sont ainsi réputés pour moins bien se appliqué sur l'enduit sous-jacent lissé, tandis conserver que les ocres, par exemple. Dans que les autres ont été laissé en réserve, son ouvrage sur la peinture murale romane faisant apparaître l'enduit, dont la surface est dans les Pays de la Loire, Ch. Davy cite restée brute (Pl. XIV, fig.3). De plus, l'exemple de la monture de la Vierge de la l'examen des relevés de Ch. Chauvet révèle, Fuite en Egypte de Vauchrétien et d'Asnières- sur le jambage du piédroit sud, qu'au début sur-Vègre, bleue à l'origine et devenue du siècle les motifs apparaissaient en ocre aujourd'hui gris clair ou quasi-blanche9b. Il jaune (Pl. VI, fig. 3), c'est-à-dire la couleur ne serait guère surprenant que le phénomène de l'enduit 1004. Soit la couche picturale ait été identique à Saint-André-des-Eaux, ocre jaune qui les couvrait a entièrement accéléré par les mauvaises conditions de disparu, mais il serait alors surprenant de conservation des peintures. On pourrait n'en avoir retrouvé aucune trace ; soit les alors émettre l'hypothèse que certains motifs peintres ont volontairement laissé apparent que nous avons identifié comme blancs ait l'enduit sous-jacent, sa surface rugueuse pu être à l'origine des bleus appliqués permettant des jeux de lumière. On peut directement sur l'enduit 1004 et ayant perdu aussi envisager que des éléments rapportés leur teinte, se confondant ainsi avec le ait été incrustés sur la surface de l'enduit, ce badigeon blanc 1005.2 : cela est peut être le qui pourrait expliquer l'aspect brut de cas à l'intrados de l'arc 111, où Ch. Chauvet l'enduit 1004 à ces emplacements. indique que les espaces délimités par les cercles sécants sont alternativement rouges L'étape suivante concerne et bleus, tandis que le pourtour des cercles l'application de la couche picturale ocre est blanc (Pl. VI, fig.3), ce qui n'apparaît pas rouge ; soit sur le badigeon blanc (1005.3), sur nos relevés. D'autres motifs étaient soit directement sur l'enduit sous-jacent rehaussés d'un bleu appliqué sur le badigeon (1005.4). On observe ainsi, au front de l'arc blanc, comme les dents de scie et les arceaux qui couvre la porte 121, que pour les que Ch. Chauvet représente au nord de l'arc claveaux rehaussés de rouge, les pigments triomphal. ont été apposés à même l'enduit sous-jacent lissé (Pl. XI, fig.2), tandis que les stries • La tech nique picturale obliques du registre supérieur couvrent le badigeon blanc 1005.2 (Pl. XI, fig.3). De En l'absence d'analyses physico- même, le rouge des stries obliques peintes chimiques nous renseignant sur la sur les chanfreins des impostes de l'arc 111 et composition des couches picturales, il reste du contour des arceaux qui subsistent sur le très difficile de déterminer la technique mur 107 recouvre le badigeon blanc, tandis employée pour la réalisation du décor 1005. que la couche picturale ocre rouge qui Cependant, certains indices pourraient apparaît à l'intrados de l'arc semble ne laisser envisager le recours à une technique couvrir que l'enduit 1004. mixte, usuelle au Moyen Age, mêlant D'après les aquarelles de Ch. peinture à fresque et détrempe99. On Chauvet certains motifs étaient aussi rehaussés d'un bleu gris plus ou moins 98 DAVY 1999, p. 88. intense, dont nous n'avons retrouvé aucune 99 Cette technique s'éloigne de la fresque pure car on y retrouve jamais les deux supports qui la caractérise : trace sur le terrain. Il faut savoir que Yarricdo et Yintonario. Les couches picturales sont l'altération des couches picturales varie en appliquées sur un enduit et/ou un badigeon frais, puis certains éléments, comme les rehauts, sont peints line

32 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude arcbéohgique à ¡'ancienne église Saint-André, 2007 remarque en effet, au niveau des zones de 1- Application et lissage de l'enduit 1004. chevauchement de l'enduit 1004 évoquées 2- Réalisation des tracés préparatoires 1005.1 plus haut, que les couches d'enduit sur l'enduit 1004 frais. inférieures ont été posées alors que les 3- Application du badigeon blanc 1005.2 sur couches supérieures avaient déjà été l'enduit 1004 frais. couvertes du badigeon blanc 1005.2. Cela se 4- Application des rehauts ocre rouges et voit très nettement sous les impostes de l'arc bleus 1005.3 sur le badigeon blanc 1005.2 111 (Pl. XIV) ou sur la paroi ouest du mur frais. 103, au sud de l'arc triomphal (Pl. XII). 5- Application des rehauts ocre rouges et Aussi, il est possible que la pose du badigeon bleus 1005.4 sur l'enduit sous-jacent 1004 et blanc, comme pour la réalisation des tracés sur le badigeon blanc 1005.2 secs. préparatoires, soit intervenue sur l'enduit 1004 encore frais. Pareillement, les rehauts • hapalette rouges 1005.3, appliqués directement sur le badigeon blanc, sans tracés préparatoires Comme nous l'avons vu, la palette (stries obliques au chanfrein des impostes de respecte une gamme chromatique restreinte, l'arc 111 et au front de l'arc de la porte 121) qui alterne le jaune pâle de l'enduit 1004, le pourraient appartenir à la même étape de blanc cassé, l'ocre rouge et le bleu gris. Là travail, sur le badigeon blanc frais. Dans encore, l'absence d'analyse ne permet pas de cette hypothèse, les aplats ocre rouge 1005.4 déterminer la nature des matériaux employés seraient appliqués à sec, dans une seconde pour obtenir ces teintes. phase d'élaboration, directement sur l'enduit sous-jacent laissé en réserve (claveaux autour des arcs : Pl. XI, fig.2 et Pl. XIII, fig.2 et 3) b) Programme décoratif ou sur le badigeon blanc (intersection des cercles à l'intrados de l'arc 111 : Pl. XIV, Le décor 1005 combine plusieurs fig.2). Cela pourrait aussi expliquer la types de motifs géométriques, dont la nature meilleure conservation des stries obliques varie en fonction de l'élément architectural par rapport à ccilc des aplats ocre rouge ou qui les reçoit. Les ornements s'organisent des décors de résille du mur 105. Une telle par bandes. Celles-ci sont disposées en technique serait vérifiable par l'analyse registres horizontaux sur les parois et physico-chimique, car elle impliquerait une soulignent les articulations architecturales : composition différente de ces deux couches porte, baies, arc triomphal. picturales100. Au terme de ces observations, la Autour des arcs, les motifs peints réalisation du décor 1005 peut être retracée imitent un appareillage simple de claveaux, comme suit (Pl. XV) : surmonté d'une ou plusieurs frises. Ainsi, au front de l'arc de la porte 121 (Pl. XI, fig.l, 2 et 3) le décor est composé d'une série de fois le support sec. Voir DAVY 1999, p. 82-85 et faux claveaux [1. ± 10 cm. ; H. ± 25 cm.] PALAZZO-BERTHOLON (B.), «L'étude des alternant trois claveaux blancs et un rouge, enduits et des mortiers pour la connaissance des peintures murales » dans Peintures murales... 2005, p. surmontée d'une frise étroite [ ± 2 cm.], elle- 33-43. même soulignée d'une ligne rouge et de ioo En règle générale, les couches picturales stries verticales de la même teinte sur un appliquées a fresco sont composées d'un simple mélange de pigment et d'eau, tandis que celles fond blanc. Cette frise est couronnée de appliquées à sec contiennent en plus un fixatif petites arcatures blanches [1. ± 15 cm. ; H. ± organique (œuf, colle de peau, résine...).

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10 cm.], au profil légèrement brisé et dont plus nombreux, qui devraient permettre de les écoinçons sont rehaussés de rouges. Le restituer l'ensemble de la décoration de cette décor est ensuite masqué par les badigeons zone. Les décors débutent assez haut sur le postérieurs, qui laissent tout juste apparaître tableau des piédroits, à environ 2,2 m. au- une autre série de stries qui surmontent les dessus du sol de la nef, soit environ 50 cm. arcatures. sous la base des impostes. Ils présentent, de Le décor qui encadre la baie axiale du bas en haut, deux registres successifs de choeur, que l'on devine encore sur le mur dents de scie puis trois registres de motifs 105, est composé d'un registre de faux imitant un appareillage en « arrête de claveaux encadrés d'une frise de dents de poisson ». Ces motifs, comme nous l'avons scie. mentionné plus haut, alternent un blanc et La paroi du mur 106 conserve les un laissé en réserve. Chaque registre, dont la traces éparses d'un décor d'appareil réticulé, hauteur est d'environ 8 cm, est inscrit dans tracé en rouge sur un fond blanc. une étroite frise blanche [ H. ± 2 cm. ] et devait se poursuivre, d'après les relevés de • Le mur 103 Ch. Chauvet, sur les jambages des piédroits. Les impostes avaient également reçu C'est le mur 103 et l'arc triomphal des peintures. L'imposte sud en conserve qui ont conservé le plus de vestiges de ce encore quelques éléments : la base du bloc premier décor peint. C'est aussi cette zone est soulignée par un trait rouge horizontal qui est la mieux documentée par les relevés depuis lequel sont agencées des stries et les photographies du musée des obliques de même teintes, qui couvrent la Monuments français et par les croquis du surface du chanfrein. Vicomte de la Messelière. Toutefois, cette L'intrados du rouleau inférieur de documentation ne concerne que la paroi l'arc est orné d'une frise de cercles sécants. occidentale de ce mur, où figurait autrefois la A l'ouest de cette frise, c'est-à-dire à Crucifixion. l'aplomb du ressaut formant le deuxième rouleau de l'arc, on observe un registre de Du décor de la paroi orientale (Pl. faux claveaux. La partie est de la frise est XIII), qui donne sur le chœur, il ne reste que occupée par un aplat de blanc. D'après les deux panneaux, de chaque côté du front de relevés de Ch. Chauvet, le contour des l'arc 111. On y remarque un décor identique cercles, délimité par les tracés préparatoires, à celui de la baie axiale du chœur, c'est-à-dire était blanc, et le remplissage des une série de faux claveaux, qui alternent ici intersections alternativement bleu et rouge, trois claveaux blancs et un rouge, encadré selon un rythme régulier. Pareillement, les par une étroite frise blanche, large d'environ faux claveaux auraient alterné un blanc, un 2 cm., puis par un registre de dents de scie rouge et un bleu cantonné de deux tracés rouges et blanches. Au-delà de ce registre, le rouges. panneau sud conserve encore un grand aplat blanc cassé, d'environ 50 cm. de long et 30 Malgré le très mauvais état de cm. de large, qui devait s'étendre sur conservation des revêtements de ce côté du l'ensemble de la paroi et former le fond mur (Pl. XII), la paroi occidentale est celle uniforme des décors. que nous connaissons le mieux, grâce à l'étude des sources iconographiques. Le Les piédroits et l'intrados de l'arc relevé et les photographies concernant la triomphal (PL XIV) présentent des vestiges moitié nord du mur sont les plus instructifs

34 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 pour le décor 1005, puisque celui-ci était la nef. Les premiers éléments du décor 1005 alors masqué par la Crucifixion et des étaient donc situés assez haut sur les murs. badigeons blancs au sud. Sous le dernier registre, de chaque Le fond du mur est traité en aplat côté du mur, les relevés indiquent la blanc, sur lequel apparaissent les motifs présence de deux croix de consécration colorés, dont les contours sont soulignés par rouges, inscrites dans deux cercles les tracés préparatoires. Les fronts des deux concentriques aux contours rehaussés d'ocre rouleaux de l'arc sont décorés de faux et de rouge. claveaux présentant la même alternance de Le décor se prolonge également sur teintes qu'à l'intrados. Sur le front du les parties hautes de la paroi, depuis rouleau supérieur, les claveaux sont cernés l'extrados de l'arc triomphal jusqu'à l'arase par une frise de cercles sécants, elle-même du mur. On relève, de bas en haut, deux surmontée d'une frise d'arceaux. Cependant, frises d'arceaux, placées au faîte de l'arc 111. cette dernière n'est indiquée par Cb. Chauvet Puis une surface importante de la paroi est que sur le haut de l'arc et semble disparaître mouchetée d'une trame de petits motifs à sa naissance. Le Vicomte de la Messelière, circulaires, qui, selon l'aquarelle de Ch. quant à lui, ne la signale pas sur son croquis Chauvet, apparaissaient en jaune ou ocre (Pl. IV, fig.2). La frise de cercles complets se jaune sur le fond blanc. Apparaissent ensuite poursuit ensuite sans interruption sur la à nouveau deux registres d'arceaux, puis paroi, sous la forme d'un registre horizontale dernière frise de résille. d'arceaux, dont la base correspond au haut des impostes de l'arc. Là encore, les teintes Faut-il associer à ce programme alternent le rouge, le blanc et le bleu, mais décoratif une petite scène figurative qui selon un rythme différent de celui observé à apparaissait au nord de l'arc triomphal, au- l'intrados. L'effet d'animation donné par la dessus du dernier registre d'arceaux ? Celle- moulure des impostes est prolongée sur le ci représente deux petits personnages en nu du mur par des feuilles de fougères, côte de maille et casque à nasal, combattants traitées de la même manière que les stries chacun avec une masse et un écu (Pl. VI, obliques qui décorent le chanfrein des fig.l et 3). D'après le relevé de Chauvet, ils impostes, c'est-à-dire en tracés rouges sur étaient peints dans un rouge identique à celui fond blanc. Suivent ensuite, de haut en bas, du décor 1005. L'ensemble est assez frustre, deux registres de dents de scie, les traits du visage des protagonistes sont alternativement bleues et blanches, dont on simplifiés à l'extrême. La peinture s'était déjà retrouve une trace au sud de l'arc triomphal écaillée, ce qui pourrait indiquer une (Pl. XII, fig-3). Sous les dents de scie, les technique à sec. Bien que cela soit difficile à peintres ont disposé une dernière frise assurer d'après le seul examen des sources d'arceaux, entrelacés, aux contours iconographiques, on a le sentiment que la alternativement rouge et bleu sur fond blanc. couche picturale a été appliquée directement Un élément de cette frise (Pl. XI, fig.5 et 6) sur le badigeon blanc 1005.2. Cela dit, la s'observe encore sur la mur 107, à proximité scène a pu être ajoutée dans un second de l'angle formé avec le mur 103, ce qui tend temps sur le badigeon, dans un espace qui à démontrer que les registres décoratifs se était resté vierge. poursuivaient, au moins en partie, sur les murs de la nef. Ce dernier registre est situé à environ 2,2 m. au-dessus du niveau du sol de

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2. La Cnicifbrion avec le mur gouttereau. L'ensemble est délimité par un épais tracé rouge. La scène de la Crucifixion nous est L'iconographie respecte les codes en uniquement connue par les documents vigueur. Le Christ en croix, au centre, iconographiques et par la description qu'en penche légèrement la tête vers sa droite. Il donne le Vicomte Frotier de la Messelière1"1. est entouré, à sa droite, par Longin puis par Elle était donc encore visible aux alentours la Vierge et, à sa gauche, par le porte- des années 1920. Peut-être avait-elle déjà éponge, Stephaton, puis par Saint Jean. Tous disparu dans les années 1950, car dans leur- tournent leur regard vers le supplicié. Au- ouvrage sur la peinture murale romane, M. dessus de la croix prennent place, dans des Deschamps et P. Thiboud ne publient que le médaillons festonnés, la personnification du relevé de Chauvet et non une soleil à sa droite et celle de la lune à sa photographie1"2. Le tableau peint, tel qu'il a gauche. été relevé est déjà bien endommagé : le Les protagonistes sont personnalisés visage du Christ a disparu et les différents par des vêtements, des attributs, des aménagements mentionnés plus haut ont été postures et des traits de visage différents. percés dans la peinture. Marie, qui tient ses mains croisées, est vêtue d'une longue robe rouge, couverte d'un voile blanc descendant jusqu'aux pieds. Stephaton Stratigraphiquement, cette scène porte une tunique ocre et tient le récipient recouvre le décor 1005 préalablement de l'éponge de sa main gauche. Saint Jean, piqueté. Le piquetage (1043), qui se perçoit vêtue d'une tonique ocre et d'une longue très bien sur les photographies et les relevés cape blanche, porte une main à son visage, anciens, se devine encore sur les plaques dans une attitude particulièrement expressive d'enduit 1004 conservées de part et d'autre (Pl. VII, fig.2). Le Christ, à la longue de l'arc triomphal (Pl. XII, fig.3). Les chevelure et au corps allongé, presque revêtements ont été régulièrement et efféminé, prend place sur une croix au profondément attaqués au pic, contour rehaussé d'un bandeau ocre jaune et probablement pour faciliter l'accrochage aux extrémités biseautées. d'une seconde couche d'enduit destiné à supporter le décor à venir. Il est donc Les visages comme les corps sont probable que la Crucifixion ait été peinte sur bordés d'un cerne rouge, qui donne un enduit et non sur un simple badigeon, également leurs traits aux visages et leurs plis sans qu'il soit possible de préciser davantage aux vêtements. Le modelé des visages est la technique mise en œuvre. La disparition complété par un léger rehaut rosé sur lequel des pupilles de la Vierge pourrait trahir des les yeux ressortent en blanc et les pupilles en finitions à sec. D'après les aquarelles de Ch. rouge. Des rides accentuent les pliures du Chauvet, la palette emploie le blanc, un cou des trois personnages masculins. Les rouge assez sombre, proche du bordeaux, un pliures des habits sont recherchées et ocre jaune, et un violet, sûrement obtenu par complexes, comme celles de la tunique de un mélange du rouge et de blanc. Longin, ou le nœud du perisonium du Christ. L'effet décoratif des tissus est accentué par des rehauts blancs formant de petits motifs Le tableau peint occupe la partie sud sur la tunique de la vierge ou sur le pagne du du mur, depuis l'arête de l'arc jusqu'à l'angle Christ. 101 FROTIER DE LA MESSELIERE 1924. 102 DESCHAMPS et THIBOUD 1951, pl. LXV, fig.2.

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Il est probable qu'un autre tableau 1005 était déjà endommagé lorsque celui-ci faisait pendant à la Crucifixion, au nord de fut réalisé. La trace d'un double bandeau l'arc triomphal. Il est ainsi d'usage, dans les horizontal, qui apparaît au-dessus de la églises romanes des pays de la Loire, Crucifixion sur les photographies anciennes d'associer les scènes de la Passion, (Pl. VI, fig-2), peut laisser supposer que les généralement représentées au sud de l'église, deux décors sont contemporains. Toutefois à celles de l'Incarnation, au nord103. De plus, cela impliquerait une différence technique, au nord, le décor 1005 a été piqueté comme puisque le décor 1009 repose sur un simple pour recevoir lui aussi un autre tableau. Sur badigeon et non sur un enduit sous-jacent les documents iconographiques, on observe comme nous supposons que cela est le cas des plaques d'enduit qui portent les pour la Crucifixion. fragments d'un décor impossible identifier, à la base du mur. D'après le relevé de Ch. Chauvet, le rouge utilisé pour celui-ci 4. Le décor 1010 et le décor 1014 correspond à celui employé pour la Crucifixion. Peut-être faut-il y voir les vestiges Le décor 1010 est relativement bien de la scène qui lui faisait pendant ? conservé sur les murs de l'église. On l'observe encore autour de la baie 118 et de la porte 121 (Pl. XI, fig.l). Sur les relevés 3. Le décor 1009 anciens il encadre toutes les ouvertures (Pl. VII, fig.l). Chronologiquement, il intervient Sur un de ses relevés (Pl. VII, fig.3), après l'insertion des baies dans les Ch. Chauvet a indiqué la présence d'un gouttereau sud, puisqu'il couvre la reprise décor de faux appareillage de pierre de taille maçonnée de la baie 118. Il s'agit d'un faux rouge à double traits verticaux et appareil jaune, cerné de noir, qui encadre les horizontaux, dont les angles sont décorés de baies et les portes, sans se développer sur les petites volutes et le centre de chaque pierre murs. Autour de la porte 121 il forme des rehaussé d'une fleur à six lobes, triangles rayonnants. conformément à un usage répandu à la Le décor est apposé sur un enduit de période gothique. chaux de couleur blanche'"4, de texture Les restes de ce décor limoneuse, peu épais [ ± 2 mm.], dans lequel apparaissent encore par endroit, sous la ont été incisé les tracés préparatoires forme de doubles tracés rouges, très donnant leur contour aux formes. Celles-ci lacunaires et mal conservés. Ils sont réunis sont ensuite peintes en jaunes puis leurs sous le numéro 1009. On les remarque contours surlignés en noir. surtout dans le choeur, à l'angle entre le mur 103 et le mur 106, régulièrement espacés en Le décor 1014 constitue la dernière hauteur, à 23 cm. les uns des autres (Pl. XI, phase décorative observée sur le site. Il s'agit fig.4). La couche picturale rouge est également d'un décor de faux appareil, assez appliquée sur un badigeon blanc, lui-même grossier, de couleur noir. On ne l'observe directement apposé sur le décor 1005. Par plus qu'à l'intrados de l'arc couvrant la porte endroit, comme à l'intrados de l'arc 121, mais il apparaît sur les aquarelles de Ch. triomphal, il recouvre immédiatement le Chauvet (Pl. VII, fig.l). Ce décor est parement, ce qui peut indiquer que le décor appliqué sur un enduit épais de chaux1"5, de

104 Type El, voir infra, Annexe 1. 103 DAVY 1999, p.59-60. 105 Type E2, voir infra, Annexe 1.

37 SAIN f ~ AN D RE - DE S - EA1J X, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 couleur blanche, à texture limoneuse et contenant de très nombreuses soies animales.

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III. SYNTHÈSE ET On peut sans risque émettre avec M. PERSPECTIVES DE RECHERCHE Déceneux109 l'hypothèse que le décor 1005 constitue le revêtement d'origine de l'édifice. En effet, la stratigraphie murale, qui ne présente pas d'enduits ou de badigeons antérieurs, ainsi que la parfaite articulation A. La chronologie et l'origine du entre l'architecture et le décor ornemental ne laissent guère de doutes sur ce point et site, premiers élémentsjie invitent à y voir un ensemble cohérent. réflexion Aussi, la différence typologique entre l'enduit sous-jacent 1004 et les mortiers utilisés pour la construction110 doit-elle être interprétée comme résultant de 1. Principales étapes de l'intervention de deux équipes d'ouvriers construction et de décoration distinctes, de la nécessité technique de recourir à un type de mortier différent pour Le sentiment d'une première phase supporter les décors peints ou encore de de construction par tranches horizontales, l'écoulement d'un intervalle de temps entre très homogène, après laquelle l'église ne la construction et la décoration ; subira que peu de modifications, se dégage effectivement, il reste envisageable que la des observations réalisées au cours de la décoration peinte soit intervenue quelques campagne 2007. Contrairement à ce années après la construction, quand bien qu'estimait R. Grand1"6, le portail méridional même le programme décoratif eut été défini semble bien appartenir à ce premier dès l'origine. ensemble. Tout au plus, l'examen des Pour l'instant, il est impossible de maçonneries suggère des interruptions ou définir la « durée de vie » de ce premier des étapes de chantier, voire des décor, qui est recouvert, au moins modifications de l'approvisionnement en partiellement, par la Crucifixion et par un matériaux de construction ou les contraintes autre panneau peint au nord de l'arc des systèmes d'échafaudage ; comme sur le triomphal, à la fin du Xlle s. ou au début du mur oriental du chevet, où le changement XIIIe s., si l'on suit les datations proposées d'appareil coïncide avec la première série de par P. Deschamps et M. Thibout111 et par M. trous de boulin (Pl. IX, fig.3). Déceneux112. C'est peut-être au même Les principales phases de moment, ou bien un peu plus tard, qu'est réaménagement ne concernent que l'ajout du apposé le décor de faux appareil 1009. La porche, vraisemblablement au début du XVe réalisation du décor jaune 1010 n'intervient s., du moins si l'on se fie à l'inscription telle qu'après le percement du gouttereau sud de qu'elle est transcrite par J. Ogée10', le la nef pour insérer la baie 118. Des séries de percement des baies au sud, peut-être à la badigeons blancs sont intercalées entres ces même période, la reprise de l'arc intérieur du trois phases principales, mais leur présence portail et enfin l'ajout de la sacristie, en 1696 lacunaire ne permet pas de les placer d'après R. Couffon1"8. précisément dans la chronologie relative.

«» DECENEUX 1998, p. 117. 106 GRAND 1958, p. 423. 110 Voit infret, Annexe 1. 107 OGEE 1853, p. 697. 1!1 DESCHAMPS, THIBOUT 1951, p. 132. 108 COUFFON 1939, p. 227. 112 DECENEUX 1998, p. 119.

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Enfin, le décor de faux appareil noir fondation de l'église pourrait aussi bien être 1014 est appliqué dans la dernière période assimilée à l'émancipation de la paroisse, d'occupation de l'édifice. probablement au milieu du XIIe s., à l'émergence de nouvelles châtellenies au cours des XIe et XIIe s. ou encore, si l'on 2. Datation envisage que l'enclave de Saint-André-des- Eaux puisse appartenir à l'abbaye de Dol A ce jour, la date de construction de depuis le Haut Moyen Age, à l'action des l'église reste très difficile à évaluer. Seule la moines ou de l'évêché dolois, lors de son datation des charbons de bois contenus dans apogée au Xe s. les mortiers de construction et la fouille de Si l'on postule de leur l'église pourrons nous renseigner sur ce contemporanéité, la datation du premier point. programme décoratif serait également Certains critères architecturaux, susceptible de donner des indications sur la souvent considérés comme « archaïques », date de construction de l'église. Mais, là pourraient laisser présumer une construction aussi, les indices chronologiques sont peu précoce, aux alentours du Xe s., comme le fiables, tant du point de vue des techniques proposait R. Grand. Telles les baies étroites employées que des motifs représentés. Selon et hautes, placées proche de l'arase des murs Ch. Davy, dans les Pays de la Loire, gouttereaux, l'appareillage irrégulier de l'utilisation du stylet pour les tracés moellons ou les linteaux monolithes préparatoires se perpétue depuis l'époque échancrés incisés de faux claveaux. Mais le mérovingienne jusqu'au XIIIe s.113. Les choix des matériaux de construction tient techniques picturales - à fresque, à sec ou sûrement plus au potentiel géologique des mixtes - ne constituent pas non plus un environs et aux aléas de l'approvisionnement critère de datation pertinent et restent ici, de qu'à un prétendu archaïsme. Quand aux toute manière, à définir par des analyses linteaux incisés de faux claveaux, ils se physico-chimiques. Seul le type de motifs retrouvent aussi bien à l'église de Saint- représentés, qui évoquent fortement les Lunaire qu'à celle de Saint-Maden, appareillages décoratifs préromans pourrait respectivement datées de la première moitié laisser présumer une datation assez haute. du XIe s. et du XIIe s. par M. Déceneux113. La Cependant, ici aussi, les éléments de méconnaissance des habitudes de comparaisons manquent cruellement : les construction de l'architecture romane décors peints ornementaux sont peu étudiés bretonne et surtout l'absence de sites de et rarement datés, tout comme la diffusion référence datés avec certitude invitent donc des appareillages décoratifs en Bretagne. Du à la plus grande prudence. reste, rien ne prouve que la représentation peinte de ce type d'appareillage n'ait pas Le contexte historique n'apporte pas perduré bien après sont utilisation dans véritablement d'informations plus précises. l'architecture ou la mosaïque. Comme nous l'avons vu, M. Déceneux propose de voir dans la construction des A défaut de pouvoir donner une date églises de Saint-André-des-Eaux, du Quiou pour la construction de l'église, il est et de Tréfumel la trace de l'action politique possible de lui donner un terminus ante quem du seigneur Guimharoc, qui fonde un assez lâche, dans la seconde moitié du XIIe s. prieuré à Saint-Pern en 1050114. Mais, la Un premier indice nous est donné par la charte de 1187 par laquelle l'évêque de Saint- 113 DECENEUX 1998, p.55-56 et p. 48. 1,4 Voir supra Ch.I.A.3.b. 115 DAVY 1999, p. 89.

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Malo confirme les possessions de déterminer, car plusieurs sites antiques se Marmoutiers dans son diocèse. Nous avons trouvent aux environs de l'église. vu que l'église de Tréfumel était citée dans En définitif, seule la situation isolée cette charte. Or, son architecture est de l'édifice par rapport à l'habitat, ainsi que tellement proche de celle de Saint-André - sa fonction funéraire - dont l'ancienneté des-Eaux que l'on peut aisément postuler reste à prouver -, penchent en faveur de la d'une construction quasi-contemporaine des persistance d'un heu de culte du Haut deux édifices. Un second élément repose sur Moyen Age. Hypothèse que seule la fouille la datation de la Crucifixion : si celle-ci est sera à même de confirmer. juste, le premier décor et donc la construction de l'église remontent au plus tard à la seconde moitié du XIIe s. Un terminuspost quem, assez arbitraire, B. L'architecture et les décors peut être placé dans la seconde moitié du Xe peints, premiers éléments de s., après les vagues d'invasions normandes comparaison qui ont profondément marqué la Bretagne.

3. Origine du site A première vue, les comparaisons architecturales ne font pas de l'église de Saint-André-des-Eaux un monument à part Une autre inconnue concerne dans l'architecture romane bretonne. Au l'origine de l'église. En effet, faut-il y voir contraire, l'édifice répond à des une création ex nibilo, ou bien une caractéristiques typologiques répandues dans implantation sur un sanctuaire antérieur ? la région. Le plan est quasiment identique à A la décharge de cette dernière celui de l'église Saint-Agnès de Tréfumel (Pl. hypothèse, l'étude du bâti ne livre aucun X, fig.3 et 13), tant dans son volume que indice permettant d'affirmer que le bâtiment dans l'agencement et la typologie des soit fondé sur des vestiges préexistants. En ouvertures. Les réaménagements des deux effet, l'ensemble de la construction est églises semblent procéder de la même homogène, tant du point de vue de son plan logique : ajout d'un porche au sud et d'une que de sa mise en œuvre. On ne remarque sacristie au nord du chœur, percement de pas de remplois d'éléments architecturaux baies sur le gouttereau sud de la nef, clocher distinctifs ou de fragments de sarcophages ; charpenté, autels secondaires et retables de ce dernier phénomène étant pourtant attesté part et d'autre de l'arc triomphal, etc. Ces dans plusieurs églises romanes bretonnes'16. analogies évidentes ne concernent que les Seules les briques, utilisées dans les deux édifices et distinguent bien un groupe parements et les blocages, pourraient être architectural local dont ils constituent les des remplois. En effet, il serait surprenant derniers témoins. que celles-ci soient de fabrication médiévale : elles sont peu nombreuses par rapport à la Le plan simple, à nef unique, comme pierre et toujours utilisées fragmentaires. les chevets plats sont assez répandus en Pour autant, leur provenance reste difficile à Bretagne (Le-Lou-du-Lac, Bréal-sou-Vitré, église paroissiale de Saint-Sulpice la Forêt en Ille-et-Vilaine ; Guer dans le Morbihan). 116 Voir GUIGON (Ph.) et MEURET (J.-C.), D'autres comparaisons ne concernent que « Réutilisation des sarcophages dans les églises de l'est certains éléments architecturaux. Telles les de la Bretagne » dans Mémoires de la société d'histoire et d'archéologe de Bretagne, t. LXXXIV, 2006.

41 SAINT-ANDRE - DE S -EAUX , Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007 baies hautes et étroites couvertes de linteaux moellons de roches diverses mais bien échancrés, qui se retrouvent dans de représentées dans les alentours du site. nombreux édifices paroissiaux du secteur : L'utilisation de la brique doit ressortir de la entre autres à Tréfumel et à Saint-Maden même démarche : les constructeurs ont dans les Côtes-d'Armor, à Saint-Lunaire, d'abord eu recours à ce qu'ils avaient « sous Bazouges-sous-Hédé ou à Saint-Marc-le- la main ». Blanc en Ille-et-Vilaine. La prédilection pour La réalisation des peintures murales un portail méridional est courante en doit également aller dans ce sens, mais il Bretagne11'. Le type de portail utilisé à Saint- faudrait préciser les types de pigments André, formé d'un arc en plein-cintre employés ainsi que les gisements disponible couronné d'un arc en bâtière évoque celui de à proximité du site pour s'en assurer. Assez la chapelle Saint-Maudez en logiquement, il semble que deux équipes (Côtes d'Armor) ou le portail occidental de distinctes soient intervenues, les peintres l'église de Hédé (Ille-et-Vilaine). L'arc procédant à la pose de l'enduit sous-jacent, triomphal retombant sur de simples en plusieurs fois, ce qui se justifie d'autant impostes à chanfrein rappel l'arc d'entrée du plus par la nécessité de réaliser les tracés croisillon nord de Vieux-Vy-sur-Couesnon préparatoires sur un enduit frais. Le recours (Ille-et-Vilaine) ou les arc fourrés de l'église à une technique mixte dans laquelle les de Tremblay (Ille-et-Vilaine). décors sont apposés sur un badigeon blanc recouvrant directement Yarriccio, s'il est Les techniques de construction confirmé, rapprocherait alors les peintures traduisent l'influence exercée par le contexte de Saint-André-des-Eaux d'un groupe géographique - elles sont d'ailleurs similaires d'églises établi par Ch. Davy pour les Pays à Tréfumel - , ne serait-ce que par l'usage du de la Loire119. Ces usages s'inscriraient alors calcaire, fort rare dans les autres édifices dans des pratiques répandues dans la bretons, à moins d'avoir été importé118. En décoration murale romane. En revanche, les ce sens, le bassin du Quiou jouie d'un techniques décoratives observées sur les contexte favorable, puisque a priori c'est piédroits de l'arc triomphal (motifs laissés en également la présence de ce calcaire qui a réserve dans le badigeon blanc ou bien permis l'obtention d'une chaux abondante incrustations) ne trouvent pas, pour le utilisée dans les mortiers de l'église. En moment, de comparaison. revanche, le sable de falun ne semble pas avoir été utilisé comme charge dans ces Au demeurant, ces types d'ensembles liants. Le recours au granité pour les peints, entièrement décoratifs, restent chaînages, les claveaux des arcs, les méconnus pour la période romane. Les encadrements et les supports s'explique par décorations ornementales sont peu étudiées la bonne résistance mécanique qu'offre cette comparativement à la peinture figurative120, pierre - et qui n'aurait pas été permise par les ou bien le sont dans les rapports qu'elles petits moellons de tout-venant - et par la entretiennent avec cette dernière. Les faux proximité géographique de plusieurs appareillages simples, imitant la pierre de gisements dont provient sans doute ce taille, ont déjà fait l'objet de quelques matériau. Cependant, l'utilisation du granité s'est limitée à l'essentiel, puisque la majeure partie de la construction recourt à des 119 Eglises de Saint-Martin d'Angers, Breil, Auvers-le- Hamon, Les Magnils-Regnier, Pouzauges, Olivet... 117 GRAND 1958, p. 110411. Voir DAVY 1999, p. 84. 118 AUTISSIER 2005, p. 74-76. 120 Voir Le rôle de l'ornement... 1997.

42 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007 publications121 et certains motifs repérés à C. Perspectives de recherche Saint-André-des-Eaux, comme les dents de scie ou les cercles entrelacés sont m mentionnés sur d'autres sites , mais jamais, La reconduction de l'étude de à notre connaissance, associés dans le cadre l'ancienne église Saint-André pour l'année d'un programme complet, dont la visée est 2008 fait l'objet de deux demandes manifestement la reproduction en peinture d'autorisation et de financement : l'une de des effets décoratifs habituellement prospection thématique et l'autre de obtenues par l'agencement du parement, les sondages, présentées au Service Régional de incrustations, les polychromies de matériaux l'Archéologie et au département des Côtes ou les mosaïques de sol. d'Armor. Le budget total sollicité est de En outre, il est évident que la nature 4000 €. ornementale et la disposition de ce premier La campagne se déroulera en deux décor trahissent une relation étroite entre phases, la première concernera l'étude l'architecture et son revêtement peint. En archéologique du bâti et la seconde la effet, ce dernier rehausse et embellit les réalisation de trois sondages localisés, dans le contours des éléments structurant — portes, chœur et la nef ainsi qu'aux abords de baies, arc triomphal — par l'imitation l'église. L'objectif est d'affiner la d'appareillages soignés. Il se développe compréhension du bâti et des décors peints également sur les parois, non pas librement, et de déterminer l'origine du site. Les mais sous forme de registres et de bandes perspectives de restauration, voire de mise horizontales qui rythment la construction et en valeur de l'ancienne église commençant à lui apporte une régularité et une complexité se préciser12', la réalisation de sondages qu'elle ne possède pas. La peinture propose permettra également d'évaluer le potentiel alors la représentation d'une technique archéologique du site. architecturale qui ne correspond en rien au grossier parement de moellons que cache Au terme de cette campagne et après l'enduit sous-jacent. En somme, le rôle de remise du document final de synthèse, il l'ornement peint est ici double : il magnifie la conviendra de publier les résultats de l'étude, structure tout en masquant la pauvreté de la sur un support qui reste encore à définir. mise en œuvre. 1. Affiner la compréhension du bâti et des décors peints

Bien que la totalité des décors peints ait été relevés en 2007, l'analvse des ' j maçonneries n'a pas pu être aussi fine, par manque de temps et en l'absence 121 Voir AUBERT (M.), «Les enduits dans les constructions du Moyen Age », dans Bulletin d'échafaudages permettant d'atteindre les Monumental, n°115, " 1957, p.111-117 et AUTENRIETH (H.-P.), « Structures ornementales et 123 Le service départemental de l'Architecture et du ornements à motifs structuraux : les appareils peints à Patrimoine a décidé, au mois de décembre 2007, l'époque romane » dans Le rôle de l'ornement... op. cit., d'attribuer un budget de 25 000 € pour la p. 57-72. consolidation des murs et des enduits. Dans cette 122 Treillis de losanges à Vaiges, Poncé-sur-le-Loir ou perspective, la commune doit procéder cet hiver au Breil ; dents de scie à Saint-Martin de Tours, etc. dessouchage des arbres qui fragilisent les (Voir DAVY 1999, p. 34-35). maçonneries.

43 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienneéglis e Saint-André, 2007 parties hautes de l'édifice. L'installation en évidence les différents niveaux d'échafaudages pour la consolidation des d'occupation du site et peut-être l'ancienneté enduits et des maçonneries, normalement de la nécropole. prévue au premier semestre 2008, La forte probabilité de mettre au jour constituerait alors une opportunité pour des inhumations au cours de ces sondages procéder aux dernières observations sur le imposera la présence d'un archéologue bâti. Celles-ci devraient permettre d'établir spécialisé en anthropologie durant la avec plus de précision les étapes de chantier, campagne, afin de procéder au démontage tant dans la construction que dans la pose des sépultures et de réaliser une étude des enduits, et de mieux saisir la nature et anthropologique de base sur les squelettes l'évolution des aménagements intérieurs. (taphonomie, typologie des contenants, S'il s'avère possible de réaliser des détermination de l'âge, du sexe et de la sondages, ceux-ci permettront d'examiner stature). les fondations des murs et d'apporter de nouvelles informations sur les techniques de construction. En outre, il est tout à fait envisageable que ces sondages livrent des fragments d'enduits peints, provenant de la destruction partielle de l'église au début du XXe' s., ou bien piégés dans les niveaux médiévaux. Il est impossible de savoir si ceux-ci seront très endommagés ou suffisamment bien conservés pour être exploités dans le cadre de l'étude des décors peints. Néanmoins, dans cette dernière éventualité, des remontages et des analyses fourniraient une aide précieuse dans la reconstitution des décors peints successifs de l'église et dans la compréhension des techniques picturales mises en œuvre.

2. Déterminer l'origine du site

Le second objectif des sondages archéologiques est de nous renseigner sur les origines et l'évolution du lieu de culte. Il faudra alors de s'assurer de la présence ou de l'absence de structures antérieures au bâtiment actuel. Il peut s'agir de maçonneries plus anciennes, enfouies sous les niveau de fondation du bâtiment actuel ou bien des traces d'aménagements plus légers (église en bois). En outre, l'analyse s tra ¿graphique, à l'intérieur comme à l'extérieur du bâtiment, permettra de mettre

44 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Sources et bibliographie

Sources manuscrites

Archives départementale des Côtes d'Armor

- 1 E dépôt, paroisse de Saint-André-des-Eaux : Registres paroissiaux 1582-1792 - V 2891 : Devis estimatif des réparations à faire dans l'église et le presbytère, 1er thermidor de l'an 12 de la République. - V 2892 : Rapport de l'expert commis par le conseil de fabrique de la commune de Saint-André- des-Eaux sur l'état dans lequel se trouve l'église paroissiale, 18 février 1892. - J 60 : fonds Frotier de la Messelière

Service des Archives photographiques de la Médiathèque de lArchitecture et du patrimoine

Photographies - MH 16555 : Vue de l'église depuis le nord-ouest - MH 16556 : Vue de l'arc triomphal depuis l'ouest - MH 16557 : Vue de la Crucifixion - MH 16558 : Vue des décors peints au nord de l'arc triomphal

Relevés aquarellés - PM 015061 : Plan de l'église - PM 015062 : Vue de l'église depuis le nord - PM 015063 : Relevé à l'échelle du 1/4 de la Crucifixion - PM 015064 : Détail de la Crucifixion

- PM 015065 : Relevé à l'échelle du Vi des décors peints au nord de l'arc triomphal

Sources imprimées

AEB GESLIN DE BOURGOGNE g.), De BARTHELEMY (A.), Anciens évechés de Bretagne, 7 vol., Paris, 1855-1879. GUILLOTIN DE CORSON1880-1886 GUILLOTIN DE CORSON (A.), Vouillé historique de l'archevêché de Rennes, 6 vol., Rennes, 1880- 1886.

MORICE 1742-1746 MORICE (P. H.), Mémoires pour servir de preuve à l'histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, 3 vol., Paris, 1742-1746.

Bibliographie

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AUTISSIER 2005 AUTISSIER (A.), ¡m sculpture romane en Bretagne, Rennes, 2005.

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COUFFON 1939 COUFFON (R.), « Répertoire des Eglises et Chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier » dans bulletin de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, LXXI, Saint-Brieuc, 1939.

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DECENEUX 1998

DECENEUX (M.), La Bretagne romane, Rennes, 1998.

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Peindre à Auxerre... 1999 SAPIN (Ch.) (dir.), Peindre à Auxerre au Moyen Age, IXe - XIV s : 10 ans de recherche à l'abbaye Saint- Germain d'Auxerre, Paris, 1999.

46 S AI NT-AN DRE - D E S'EAUX. Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

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TANGUY 1992 TANGUY (B.), Dictionnaire des noms de communes, trêves et paroisses des Cotes d'Armor: origine et signification, Douarnenez, 1992. De SAINT-JOUAN 1990 De SAINT-JOUAN (R.), Dictionnaire des communes, département des Côtes d'Armor, Eléments d'histoire et d'archéologie, Saint-Brieuc, 1990.

Le vocabulaire architectural se base sur :

PEROUSE DE MONTCLOS (J.M.), Architecture méthode et vocabulaire, Paris, 2004 (lète édition : Paris, 1972).

DE VOGUE (M.), NEUFVILLE (J.), Glossaire des termes techniques à l'usage des lecteurs de « la nuit des temps », La-Pierre-Qui-Vire, 1965.

47 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Annexe 1 : Etude des mortiers et des enduits Stéphane Büttner, Centre d'études médiévales, Auxerre

La méthode d'analyse des mortiers par l'étude pétrographique Les critères descriptifs

L'analyse se fait par l'observation et la description en évoluant de l'échelle macroscopique (œil nu et loupe binoculaire) vers l'échelle microscopique (microscope photonique polarisant sur lame mince polie). Ces informations sont ordonnées dans un catalogue raisonné sous forme de fichier informatisé (base de données). Ce fichier comprend des rubriques qui suffisent à la description de différents types. Les informations principales qui y sont saisies sont :

- La couleur : On note la couleur de base du mortier et son homogénéité. Il peut être d'un blanc vif ou au contraire gris, ocre, pouvant présenter nombres de nuances intermédiaires. Cette notion étant extrêmement subjective, afin de rendre plus rigoureux cette description des couleurs, nous utilisons une charte, employée fréquemment par les spécialistes de l'étude des sols, qui codifie chaque nuance (Munsell Soil Color Charts).

- La résistance apparente et texture : On détermine le degré de cohésion du mortier (résistance), en observant l'arrangement relatif et les relations spatiales entre les différents composants (texture au sens des liaisons entre les différentes particules et entre les particules et le liant). L'appréciation de la résistance et de la texture est extrêmement subjective en l'absence de mesures physiques, elle est donc commandée par une liste de termes préalablement réfléchis, empruntés au vocabulaire de la géologie pour la texture (sableuse, limoneuse, granuleuse, sablo- limoneuse...), et empruntés à la mécanique des roches pour la résistance (très faible, faible, modéré, élevée, très élevée). Ces deux notions sont, par ailleurs, intimement liées à la porosité.

- La porosité apparente : On déterminera sa taille, ainsi que sa proportion en comparaison avec des chartes de représentativité. On note également sa forme qui est un indice important quant aux conditions de mise en œuvre. On différencie, en effet, les " bulles d'air " sphériques des " vides de mise en place " de forme plus oblongue. Les bulles d'air nous informent sur la quantité d'eau ajoutée lors du gâchage : plus la quantité d'eau ajoutée est importante, plus l'air est chassée du mélange, moins ces bulles de formes sphériques sont nombreuses. Les " vides de mise en place " témoignent, quant à eux, de l'intensité du brassage au moment du gâchage : plus ces vides sont nombreux moins le mortier a été travaillé.

- La description du liant : L'observation du liant en macroscopie n'apporte que peu d'informations. Celui-ci est généralement très homogène. L'observation microscopique permet, par contre, de confirmer la nature du liant par ses propriétés optiques particulières (carbonate de calcium qui est le constituant de la chaux, pour le cas présent des liants de maçonnerie de l'église Saint-André de Saint-André-des-Eaux).

- La description du granulat : La nature géologique des différents constituants du granulat est, dans un premier temps, identifiée dans les limites imposées par l'observation en macroscopie. Cette information est ensuite complétée par l'observation microscopique. Une fourchette de dimensions, ainsi qu'une estimation du pourcentage du volume, sont précisées pour chaque constituant du granulat identifié.

- La description des inclusions : Les inclusions peuvent être subdivisées en deux sous-ensembles. Le premier concerne essentiellement, les inclusions de nature organique comme les charbons de bois, les cendres, les fragments de bois, la paille, les poils animaux, les ossements ou encore les coquilles. Le deuxième sous-ensemble regroupe les inclusions artificielles (tuileau, tessons de céramique, fer...). Plus encore que les inclusions organiques parfois accidentelles, elles témoignent d'une volonté de la part de l'ouvrier d'associer délibérément ces matériaux au mortier. Il est important de noter la dimension et la fréquence de ces différents ajouts éventuels, tout particulièrement dans le cas des charbons de bois, qui sont, la plupart du temps, une pollution produite au moment de la calcination de la pierre à chaux, et dont les dimensions peuvent être l'évocation d'un éventuel tamisage. Certains ajouts ont pour effet particulier de modifier les caractères physico-chimiques comme le tuileau ou les cendres qui peuvent produire un effet pouzzolanique au moment de la prise, ou encore les éléments fibreux (poils, pailles) qui peuvent constituer une véritable " trame mécanique " limitant les phénomènes de retrait et donc de fissuration lors de la prise.

48 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Typologie

1 - Mortiers

Type Ml Pr. 01 (mur 103, paroi ouest, mortier de blocage assises sup.)

Description succincte : mortier de chaux de couleur jaune pâle, à nodules de chaux et à granulat régulier

Description détaillée Couleur globale : jaune pâle Couleur code Munsell : white 5Y8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 2 mm, < 2 %, répartition homogène Texture : sablo-granuleuse Résistance apparente : moyenne Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, 20 à 30 %, répartition homogène), éléments de roche granitique (arrondis, < 5 mm, 10 à 20 %, répartition homogène), quelques éléments de roches granitiques (anguleux, <10 mm, rares) Inclusions organiques : 0 Inclusions artificielles : 0

Type M2 Pr. 02 (mur 103, paroi ouest, mortier de blocage assises inf.) Pr. 06 (mur 107, arase ouest, mortier de blocage) Pr. 17 (mur 106, paroi nord, mortier de blocage) Pr. 20 (mur 105, mortier de blocage) Pr. 21 (mur 104, arase ouest, mortier de blocage) Pr. 23 (mur 104, paroi nord, mortier de joint, US 1039) Pr. 24 (mur 101, arase, mortier de blocage) Pr. 29 (mur 103, paroi est, mortier de blocage) Pr. 30 (arc 11, intrados, mortier de blocage)

Description succincte : mortier de chaux de couleur jaune pâle, à nodules de chaux et à granulat régulier abondant (plus abondant que dans type 1)

Description détaillée Couleur globale : jaune pâle Couleur code Munsell : white 5Y8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 2 mm, < 2 %, répartition homogène Texture : granuleuse Résistance apparente : bonne Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, 40 à 50 %, répartition homogène), éléments de roche granitique (arrondis, < 5 mm, 20 à 30 %, répartition homogène)

49 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

Inclusions organiques : 0 Inclusions artificielles : 0

N.b. : les types Ml et M2 apparaissent comme très proches du point de vue des composants ; seul la formulation semble varier. De fait, il est possible que l'on soit en présence de deux étapes de chantier au sein d'une seule et même campagne de construction.

Type M3

Pr. 04 (por. 121, montaxitint. Est, US 1031)

Description sucdncte : mortier de chaux de couleur blanche

Description détaillée Couleur globale : blanc à beige Couleur code MunseII : white 10YR8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : 0 Texture : sablo-granuleuse Résistance apparente : dur Porosité apparente : sphérique (bulles d'air), < 2 mm, < 3 % Granulat : quartz (subangulaires, < 2 mm, < 40 %, répartition homogène) Inclusions organiques : 0 Inclusions artificielles : quelques fragments de tuileau (< 1 mm, anecdotiques)

Type M4 Pr. 09 (mur 107, paroi nord, mortier de bouchage, US 1020) Pr. 14 (mur 107, baie 118, mortier de blocage, US 1012)

Description sucdncte : mortier de chaux de couleur blanc-crème

Description détaillée Couleur globale : blanc crème Couleur code Munse II : white 10YR8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 1 mm, rares Texture : limono-sableuse Résistance apparente : dur Porosité apparente : 0 Granulat: éléments de calcaire (anguleux, < 20 mm, rares), quartz (arrondis, < 1 mm, <10 %, répartition homogène) Inclusions organiques : 0 Inclusions artifiàelles : quelques « poussières » de tuileau (< 1 mm, rares)

Type M5 Pr. 10 (angle mur 103/107, mortier de bouchage, US 1046)

50 SAIN T-AN DRE -DE S - EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Description succincte : mortier de chaux de couleur blanche, à granulat très fin et contenant de très nombreuses soies animales.

Description détaillée Couleur globale : blanc Couleur code Munsell : white 10YR8/1 Nature du liant : chaux Nodules de liant : 0 Texture : sableuse Résistance apparente : faible Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 1 mm, 20 à 30 %, répartition homogène) Inclusions organiques : soies animales (abondantes) Inclusions artificielles : 0

Type M6 Pr. 15 (mur 106, baie 116, mortier de blocage, US 1017)

Description sucdncte : mortier de chaux de couleur blanc crème, à granulat relativement grossier, nodules de chaux, fragments de tuileau et charbons de bois en faible quantité.

Description détaillée Couleur globale : blanc crème Couleur code Munsell : white 5Y8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 10 mm, < 2 % Texture : granuleuse Résistance apparente : dur Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, 30 à 40 %, répartition homogène), éléments de roche granitique (arrondis, < 20 mm, 10 à 20 %, répartition homogène) Inclusions organiques : charbons de bois (rares) Inclusions artificielles : fragments de tuileau (arrondis, < 3 mm, < 1 %)

Type M7 Pr. 22 (mur 104, paroi sud, mortier de joint int.)

Description succincte : mortier de chaux de couleur blanc beige à granulat fin régulier et abondant.

Description détaillée Couleur globale : blanc beige Couleur code Munsell : white 5Y8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : 0 Texture : sableuse Résistance apparente : dur Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, 50 à 60 %, répartition homogène) Inclusions organiques : charbons de bois (très rare - 1 seul identifié < 1 mm)

51 SAINT-ANDRE - DE S - EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André-, 2007

Inclusions artificielles : 0

2 - Enduits

Type El (enduit) Pr. 08 (enduit mur 107, encadrement int. porte 121, US 1010)

Description succincte : enduit de chaux de couleur blanche (très similaire au mortier type M3)

Description détaillée Couleur globale : blanc à beige Couleur code MunseII : white 10YR8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : 0 Texture : limoneuse Résistance apparente : dur Porosité apparente : sphérique (bulles d'air), < 1 mm, rare Granulat : quartz (subangulaires, < 2 mm, < 30 %, répartition homogène) Inclusions organiques : 0 Inclusions artificielles : 0

Type E2 (enduit) Pr. 11 (por. 121 - intrados de l'arc int., US 1014)

Description succincte : enduit de chaux de couleur blanche, à granulat très fin et contenant de très nombreuses soies animales. A rapprocher du type M5 ?

Description détaillée Couleur globale : blanc Couleur code Munsell : white 10YR8/1 Nature du liant : chaux Nodules de liant : 0 Texture : limoneuse Résistance apparente : faible Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 1 mm, 20 à 30 %, répartition homogène) Inclusions organiques : soies animales (abondantes) Inclusions artificielles : 0

Type E3 (enduit) Pr. 12 (mur 107, paroi sud, US 1033) Description succincte : mortier de chaux de couleur jaune pâle, à nodules de chaux et à granulat régulier A rapprocher des types Ml et M2 ?

Description détaillée Couleur globale : jaune pâle

52 SAIN T-AN DRE -DE S - EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Couleur code Munsell : white 5Y8/2 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 2 mm, < 2 %, répartition homogène Texture : sablo-granuleuse Résistance apparente : moyenne Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, 20 à 30 %, répartition homogène) Inclusions organiques : 0 Inclusions artificielles : 0

Type E4 (enduit) Pr. 25 (mur 103, paroi ouest, US 1004)

Description succincte : enduit de chaux de couleur beige, à nodules de chaux peu abondant mais de taille relativement importante (20 mm), quelques rares et petits charbons de bois.

Description détaillée Couleur globale : beige Couleur code Munsell : pale yellow 5YR8/3 Nature du liant : chaux Nodules de liant : < 20 mm, rares Texture : sablo-granuleuse Résistance apparente : dur à moyenne Porosité apparente : 0 Granulat : quartz (arrondis, < 2 mm, < 40 %, répartition homogène), petits galets siliceux bruns (arrondis, < 4 mm, <10 %, répartition homogène) Inclusions organiques : charbons de bois (< 1 mm, rares) Inclusions artificielles : 0

N.b. : Le prélèvement 18 (mur 106, paroi nord) n'a pas été intégré à la typologie. Identifié comme étant possiblement un mortier de tuileau par le responsable d'opération, l'analyse plus fine montre qu'il s'agit d'un mortier ayant subit une forte chaleur. Ceci a eut pour effet d'en modifier la structure et, plus particulièrement, de libérer des oxydes qui confère à l'échantillon sa couleur rouge caractéristique (rubéfaction)

53 SAINT-ANDRE-DES-EAUX, Etude arcbéohgique à ¡'ancienne église Saint-André, 2007

Annexe 2 : Pièces justificatives

Pièce justificative n°l : Devis estimatif des réparations à faire dans l'église et le presbytère, 1er thermidor de l'an 12 de la République. Archives départementales des Côtes dArmor, V 2891

« L'an douze de la République française, le premier thermidor. Moi soussigné jean amelot demeurant aux Basses mares commune de St andré des eaux, sur le réquisitoire de gilles pierre françois hamon maire de la dite commune de St andré des eaux, arrondissement communal de dinan, département des Côtes du nord, je me suis transporté de ma susditte demeure jusqu'au (sic) de l'Eglise de St andré des eaux, ou y étant arrivé environ les neuf heures du matin de ce jour j'ai trouvé le dit maire ; lequel après m'avoir donné communication primo d'une circulaire de Mr. Le préfet du département des Côtes du nord, en datte du dix messidor dernier 2° un extrait d'une délibération du conseil municipal de cette susdite commune, en datte du 26 du même mois de messidor, par lequel extrait je vu que le conseil municipal m'a nomé expert pour conjointement avec le même maire raporter le présent état portant devis estimatif des réparations à faire à l'église et presbitère de la commune de St andré des eaux, à quoi nous avons en présence et en compagnie l'un de l'autre procédé comme suit : 1° visite faite à l'extérieur des murs et couvertures de la ditte église, l'expert nous a fait voir et avons vu que les murs de l'église sont en très bon état, très bien et sollidement bâtis de pierre de grain à chaux et à sable et fort bien mastiqués et qu'ils n'ont besoin pour aprésent d'aucunes réparations, non plus que la couverture qui vient d'être bien réparée il y a tout au plus un mois, entré en laditte église, nous avons trouvé les portes, fenestres, vitres et vitrages d'y celle en très bon état comme ayant été très bien réparés et partie refaites de neuf il n'y a qu'environ six mois ; nous avons pareillement visité les murs en dedant de l'église ainsi que ceux de la sacristy nous les avons trouvé en bon état et bâtis dans la plus grande solidité, nous avons monté en haut sur le (?) qui est en bon état ; de cet endroit nous avons visité examiné les charpentes, fillière, chevronts, latte et couverture tant de l'église que de la sacristy, qui sont actuellement en bon état, monté dans le cloché ou nous avons vu qu'il vieil d'être très bien réparé ainsi que le corps de l'église ; laquelle n'est pour le présant nécessiteuse d'aucunes réparations. (...) »

Pièce justificative n°2 : Rapport de l'expert commis par le conseil de fabrique de la commune de Saint-André-des-Eaux sur l'état dans lequel se trouve l'église paroissiale, 18 février 1892. Archives départementales des Côtes dArmor, V 2892

« Rapport de l'expert, commis par le conseil de fabrique de la commune de St André-des-Eaux, sur l'état dans lequel se trouve l'église paroissiale. L'an mil huit cent quatre vingt douze le dix huit février, nous, soussigné, Schultz, Jules, agent- (?) commis à titre d'expert à la visite de l'église paroissiale de St andré-des-eaux, avons reconnu ce qui suit : 1° Emplacement L'église paroissiale, qui date du XIIe siècle, a été construite au milieu des marais qui caractérisent la commune de St andré-des-eaux, à l'extrémité est de son territoire et considérablement éloignée du centre habité. Le territoire de la commune est traversé du nord au sud par un chemin vicinal qui passe à l'ouest de cet édifice religieux qui s'y relie par une petite levée de terre, haute de lm50 environ et large de lm80 au plus en ( ?), longue de plus de 200 mètres, dominant à droite et à gauche d'énormes excavations toujours remplies d'eau dans la saison hivernale.

54 SAENT-ANDKE-DES-EAUX, Etude archéologique é l'ancienne église Saint-André, 2007

Cette situation rend très difficile la fréquentation de l'église, surtout lorsqu'il y a lieu d'y conduire un corps à inhumer ; les difficultés de passage sont telles que des chutes sont fort à craindre, ce n'est qu'au prix d'efforts inouïs qu'on peut franchir cette levée de terre à laquelle nous n'osons donner le titre de chemin. Une passerelle en bois garnie de gardes corps rend cette difficulté plus grande encore. Le cimetière qui se trouve presque au niveau des cours d'eau est souvent, ainsi que les terrains avoisinants, inondé ; les fosses creusées pour les inhumations sont, la plupart du temps, remplies d'eau au moment de la descente des cercueils et il arrive même quelque fois qu'il y ait impossibilité complète d'accéder aussi bien à l'église qu'au cimetière. 2° Construction, son état L'église affecte la forme d'un parallélogramme de 19 mètres de longueur flanqué au nord d'un édicule de 4m70 sur 3m50 formant la sacristie et au sud d'un porche de 4m sur 3m70. Ce parallélogramme est surmonté d'un clocher construit tout en bois, recouvert d'ardoises fixées sur un lattage, le tout fort disgracieux. La maçonnerie, en plusieurs endroits, présente des lézardes assez sérieuses qui témoignent d'un commencement de dislocation, et, comme il est expliqué en dessous, il faut s'attendre à des désordres beaucoup plus graves dans un temps plus ou moins éloigné, ce qui est suffisant à notre humble avis, pour entraîner la condamnation de l'édifice entier. Bon nombre de pierres de taille, toutes rongées par le temps, sont disjointes, les bahuts qui recouvrent les rampants des pignons ne reposent sur la maçonnerie que par l'effet de la pesanteur et ne sont pas éloignés de perdre leur sens de gravité ; ils sont entièrement dégarnis de tout mortier. Pour bien se pénétrer de la réalité de cet exposé, il suffira de savoir que l'embase du clocher construit, comme nous venons de le dire, tout en bois, repose directement sur des madriers posés à plat sur les murs sans aucune garniture ni liaison avec le corps du bâtiment, et sans charpente de renforcement. Il en résulte qu'à la longue ces bois ont été animés d'un mouvement oscillatoire qui est allé toujours grandissant au fur et à mesure que la pesanteur les envahissait, que les assemblages et les croisillons prenaient du libre, (les tenons et mortaises sont en grande partie pourris) et aujourd'hui que les différentes pièces qui en composent l'ensemble ne peuvent plus remplir leur fonction, le mouvement oscillatoire est tellement grand que lorsque les cloches sont mises en branle, ou qu'un vent un peu fort vient exercer sa pression sur le clocher, la flèche est animée d'un mouvement de va-et-vient dont l'amplitude dépasse 20 centimètre. La charpente est elle même dans un état de vétusté assez patent ; le lambris formant plafond de la nef et du chœur est tellement mauvais et disjoint, pourri, qu'il y a crainte à chaque instant de le voir tomber tout aussi bien sur l'officiant que sur les fidèles assemblés. La toiture est tellement défectueuse qu'il n'est plus possible de la réparer, elle ne pourrait soutenir les ouvriers et produit l'effet d'une vaste passoire où se jouent, tous les vents et où l'eau et la neige trouvent un passage on ne peut plus facile. En un mot tous les bois de charpente sont tellement vermoulus, leur âge, du reste, le leur permet, qu'ils peuvent très bien chuter dans un temps que nous ne pouvons préciser mais qui, pensons nous, est proche. 3°Superficie A tous les défauts auxquels il est impossible de remédier par des travaux confortatifs, il faut ajouter que la surface est loin de suffire à la population de la commune. En effet, défalcation faite du terrain occupé par le maître-autel qui est de 3m70 sur 4m40, la surface intérieure de l'emplacement réservé aux assistants, c'est-à-dire la nef, et de laquelle il faut mieux retrancher l'espace occupé par deux petits autels et la chaire, ne présente que 73 mètres carrés alors qu'elle devrait être, pour 500 habitants que compte la commune de St André-des- Eaux, d'au moins 150 mètres carrés ; d'où obligation, dans bien des circonstances, à laisser à la porte bon nombre de personnes.

55 SAINÏ-ANDRE-DES-EAUX, EtudeareMokgique é l'ancienne église Saint-André-, 2007

Il résulte de toutes ces mauvaises conditions réunies que la reconstruction de l'église s'impose et nous émettons l'opinion que cette reconstruction peut être faite dans d'excellentes conditions de simplicité et d'économie compatibles avec l'importance de la paroisse. En foi de quoi nous avons rédigé le présent rapport que nous affirmons être l'exposé succinct et réel de la situation actuelle de l'église de St André-des-Eaux. A Evran, les jours, mois et an qui dessus L'expert, P. Schultz »

56 SAINT-AND RE- DES-EAUX, Etude archéologique de l'ancienne église Saint-André, 2007

Table des planches

Planche I : Cartographie du site (1)

Planche II : Cartographie du site (2)

Planche III : Carte géologique

Planche IV : Sources iconographiques (1)

Planche V : Sources iconographiques (2)

Planche VI : Sources iconographiques (3)

Planche VII : Sources iconographiques (4)

Planche VIII : Plan de l'église

Planche IX : Photographies (1)

Planche X : Photographies (2)

Planche XI : Photographie (3)

Planche XII : Mur 103, paroi est, élévations et relevés des peintures murales

Planche XIII : Mur 103, paroi ouest, élévations et relevés des peintures murales

Planche XIV : Arc 111, développé et relevés des peintures murales

Planche XV : Diagramme stratigraphique des revêtements muraux

57 SAINT-ANDRt-DES-BAUX (F-22)

Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche I iiä ¡§ Extrait de la carte IGN au 1/25 000e (série TOP 25, n°1117 ouest)

la Mare la Roche

¡i le Bois, de la%che^ a w JeS-Champ^i \ >

-le' Lévay, la D'esvrie.

la//Fontaine ' là Haute .g le Clos Neuf Rivière 7*- 'C^SÍfÁ n d re des':E

Jes'Mares- la Basse Rivière' les Perrièies,

'M* les. Militerei la Roseraie" CJ tM iA¿fCarbel Wie Petit Breiî

'les Mottes. Monmusson' 'le Bas Bfeii' Croix Bigot _ Si0." Pomp. !a Sigc linière j ^^ Fl 1 la Butte Rouget] _St-Juvaf // le Fougerav-

Ip les Mares'' IÍ Garde Savary' "lia Croîxi Chemin 1" la Lande Ori

la Maladrie de Orice' le Fournet la Sélonde du jneraie

les Marblpts, \ \11 la Cour Meuve

-la Perchais Ws

,Château 'du Hac •la. Croix Boiss

le riaui s; Tréveléùc (/¡fé Chapeife\ jr^iaiBuffr 0 i= SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

MorJaix fGuingamp

StBrieuc de-Bretagne^ ^ Dinan

Fougères

RENNES Quimper

'Redon

0 50 100 km fîg.l : Carte de Bretagne : localisation du site Del M. Dupuis d'après http:11bistgeaac-ais-marseille.fr

fig.3 : Extrait du cadastre ancien (1841), section A, 4ème feuille Archives départementales des Côtes d'Àrmor

fig.2 : Cadastre ancien (sd), tableau d'assemblage de la commune Archives départementales des Côtes d'Armor les Champs Carné Bobital Géraux

Calorguen

Brusvily Trévron EVRAN

ÏSt-André- des-Eaux

Plumaudan it-Juvai

¡t-Madenl

Plouasne BECHEREL,

limons Micaschistes et gneiss du Hinglé

1 -Alluvions actuelles et subactuelles : sables et argiles 2 -Alluvions anciennes et récentes : argiles, sables et Orthogneiss de St-Carné cailloutis de St-André-des-Eaux

"Schistes de Saint-Lô", schistes et micaschistes Alluvions anciennes de la Rance : cailloutis et sables

Granite de Bobital Argiles sableuses rouges et cailloutis

Granodiorite quartzique de Bécherel Faluns du Quiou : sables coquilliers m

Grès et siltsones

Faille géologique

Plouasne Agglomération

CAULNES Chef-lieu de canton TS1> I ! g

a ¡73 tri i a tri Tsxi tri fig.l : Vue de l'église depuis le sud par H. Frotier de la Messelière Ê Archives départementales des Côtes d'Armor, sous-série 60 J k a S.

r fig.2 : Reproduction de la Crucifixion par H. Fro tier de la Messelière Archives départementales des Côtes d'Armor3 sous-série 60 J S«u

N) C5 Q \1

Si 3 fig.2 : Vue de l'arc triomphal depuis l'ouest par o 3* H. Frotier de la Messelière fi Archives départementales des Côtes d'Armor, sous-série 60 J SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

fig.l : Photographie de l'église depuis le nord-ouest, vers 1916 (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine)

fig.2 : Photograpie de l'arc triomphal depuis l'ouest, vers 1916 (Ministère de ia Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine) fïg.l : Photographie du panneau peint au nord de l'arc triomphal fig.2 : Photographie du panneau peint au sud de l'arc triomphal (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine) (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine)

P : Relevé du panneau peint au nord de l'arc triomphal par o fïg.3 fig.4 : Relevé du panneau peint au sud de l'arc triomphal par ¡3* Charles Chauvet, 1916, aquarelle sur papier Charles Chauvet, 1916, aquarelle sur papier fi (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine) (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine) SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

fig.l : Vue de l'église depuis le nord-ouest par Charles Chauvet, 1916, aquarelle sur papier (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine)

fig.2 : Détail de la Crucifixion par Charles Chauvet, fïg.3 : Plan de l'église par Charles Chauvet, 1916, aquarelle sur papier 1916, aquarelle sur papier (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de (Ministère de la Culture et de la Communication - Médiathèque de l'Architecture l'Architecture et du Patrimoine) et du Patrimoine) SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX (F-2Û) Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VIII

Plan masse (l/100e) Dei. M. Dupuis

ESP. 1 ESP. 4 L /pHW 122 Arc 11 y/ "V C ' p-ot 121 "Baie 119 ESP.3

Maçonneries conservées en élévation Maçonneries arasées SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

fïg.l : Vue de l'église depuis le sud fig.2 : Vue de l'église depuis le nord fig.3 : Mur pignon du choeur (105) depuis l'est

fïg.5 : Mur gouttereau 107, paroi nord fïg.4 : Mur 103 et arc triomphal 111 depuis l'ouest fig.6 : Mur 105, paroi ouest SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

SB®

fig.2 : Portail méridional fig.3 : Tréfumel (22), église Sainte-Agnès, portail méridional fig.l : Les baies 116 et 117 depuis le nord

fïg.ll : Vue de l'arc triomphal depuis l'est fîg.12 : La porte 112 depuis le sud-est

fïg.7 : Baie 113, détail de l'arc

fïg.4 et 5 Baie 119, vue extérieure et vue intérieure fïg.6 : Baie 113

fïg.13 : Tréfumel (22), église Sainte-Agnès, vue de l'arc triomphal depuis l'ouest

fïg.10 : Cimetière communal de Saint-André-des-Eaux, fïg.8 : Baie 118 fig.9 : Baie 116 et 117 remplois dans le mur de clôture SAI NT-AN D RE -DE S-E AUX, Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche VII

fig.l : Décors 1005 et 1010 au front de l'arc de la porte 121

fig.2 : Porte 121, détail du décor 1005

fig.3 : Porte 121, détail du décor 1005

fig.4 : Vestige du décor de faux-appareil 1009 à l'angle des murs 103 et 106

fîg.6 : Mur 107, détail du décor 1005 fig.5 : Mur 107, décor 1005 fîg.3 : détail du panneau sud

50 cm.

flg. 2 : Relevé et photographie du panneau sud

50 cm.

fig.4 : Relevé et photographie du panneau nord

SAINT-ANDRÉ -DE S - EAUX (F-22) Antienne église Saint-André / 2007 - Planche XIII fig.l : Elévation du mur (l/50e) MUR 103, paroi est Del. J. Conan, M. Dupuis 7,00 m. 50 cm. i

fig. 2 : Relevé et photographie des motifs développés au front du rouleau inférieur de l'arc

6,00 m.

MUR 102 MUR 107

Emplacement de l'autel

0 S Oc, 1,00 m. 1 1 1 i i I

fig.3 : Relevé et photographie des motifs développés au sud de l'arc Niveau de sol de la nef SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX (F-22) Ancienne église Saint-André / 2007 - Planche XII fig.l : Elévation du mur (l/50e) MUR 103, paroi ouest Del. J. Conan, M. Dupuis SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX (F-22) 5 m. église Saint-André / 2007 - Planche XIV I ARC 111 Del. E. Deleutme, T. Géry, M. Dupuis

fig.2 : Photographies et relevés du tableau fïg.4 : Relévés et photographies du tableau et de l'intrados au nord et de 1 intrados au sud SAINT-ANDRÉ-DES-EAUX (E-22) Ancienne église Saint André / 2007 - Planche XV Diagramme stratigraphique des revêtements muraux

1042

1015

1C)4 1

1009.2 [couche picturale rougi)

1014 1009.1

Mise en oeuvre et légende graphique du décor 1009

Mise en oeuvre et légende graphique Les numéros en gras indiquent les décors peints du décor 1005