Histoire De La Forêt Communale De Frasne (3/4)
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2011 Année internationale des forêts Histoire de la forêt communale de Frasne (3/4) par Lucien BOLE www.frasne.fr Après l’histoire de la forêt du Forbonnet, nous vous invitons dans ce troisième fascicule à mieux connaître l’histoire des autres forêts de la commune, à savoir : le bois des Auges, le bois de Billin, le canton de la Joux, le bois de Cessay, le bois du Laveron. Le bois des Auges Le canton du Bois des Auges appartenant à la commune de Frasne est composé de trois parcelles pour un total de 27ha 35 a. L’autre partie du bois appartient à la commune de Dompierre pour environ la même surface. Pour retrouver l’origine de cette propriété, il faut remonter à la charte de 1375 par laquelle HUGUES II de Chalon d’Arlay octroya la concession de la forêt du Forbonnet ainsi que la côte de Bonnevaux et la Haute Joux et même de la forêt de Boujailles. Le bois des Auges ne faisait pas partie de cette charte. Par contre dans sa lettre aux habitants de Frasne, Victor Loiseau en 1815 nous précise : « …. avant de commencer une instance pour faire reconnaître les droits que la commune avait dans la forestrie de Boujailles, elle transigea avec le Seigneur et obtint le bois des Auges actuel pour ses droits dans cette foresterie. … » Si les habitants ont bien défendu leurs intérêts pour la propriété du bois du Forbonnet, il semble qu’ils n’ont rien gagné dans cette transaction car le bois des Auges était peuplé que de buissons, coudriers et bois rabougris (voir le texte ci-après sur le four à chaux). La gestion de cette forêt dès 1865 va complètement la transformer pour donner une forêt de résineux avec une production assez importante à la place du taillis. Le premier plan d’aménagement de la forêt communale a été approuvé par décret de Napoléon, Empereur des Français le 30 août 1865. Le bois des Auges constitue à lui seul la 3ème série. Voici comment était décrite cette forêt : « Contenance : 27 ha 09 a Le sol généralement peu profond et rocheux et cependant divisé. La végétation est assez bonne. Les essences sont les suivantes : Hêtre 4/10, bois blancs 4/10, résineux 2/10. Etat du peuplement : le peuplement consiste en un taillis sous futaie, en général assez complet, âgé de 1 à 30 ans et mélangé de jeunes résineux épars de 10 à 30 ans. ….. La série du Bois des Auges sera divisée en 15 parties égales constituant 15 coupes biennales du taillis. Les résineux existants seront ménagés. » Ces éléments de l’aménagement nous prouvent qu’il y avait à l’époque que très peu de résineux (20%), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pendant de longues années ce canton a été exploité pour son taillis de bois blanc tout en favorisant le développement des résineux. Un four à chaux au bois des Auges en 1804 Voici une délibération du conseil municipal qui précise que le bois des Auges a permis l’installation d’un four à chaux : « A la séance du vingt deux pluviose douzième année Républicaine le conseil municipal de la commune de Frasne assemblé aux lieux ordinaires de ses séances a fait rapport que l’année 2 dernière, la commune avait un besoin pressant de chaux pour reconstruire le presbytère et réparer l’église incendiés en l’An dix, que pour s’en procurer ont fit marché avec des chaufournier1 pour construire un four à chaux dans le canton du Bois des Auges appartenant à la dite commune. Que la commune n’ayant pas d’autres emplacements plus avantageux le moins préjudiciable que le canton du Bois des Auges pour construire un four à chaux, le bois n’étant emplanté que d’épines, coudriers, saules et autres bois rabougris de peu de valeur. Les ouvriers travaillant le garde général en fut informé et se transportant sur les lieux, après visite faite il en interdit provisoirement la coupe. La commune par cette interdite fut obligée de suspendre la confection du four à chaux et par faute de chaux les réparations du presbytère et de l’église furent arrêté, ce qui préjudicie beaucoup à la commune par la raison qu’elle est obliger de louer une maison pour le ministre du culte, qu’il est instant de demander et d’obtenir la main levée afin de continuer la construction du four à chaux, et qu’il est d’autant plus urgent de l’obtenir que les broussailles coupées se dilapident et ne seront bientôt plus d’aucune valeur pour la cuisson du dit four à chaux ; Pourquoi le conseil municipal prenant ces motifs en considération invite et autorise le maire de la commune de Frasne à faire toutes les démarches nécessaires afin d’obtenir la main levée de l’interdiction et la permission de continuer la construction dudit four à chaux pour la chaux employée à réparer les édifices sus mentionnés et ce dans le plus bref délai. » Une délibération du 10 février 1806 donne la description suivante du bois des Auges : « les coupes de chaque année suffisent à peine pour payer les charges ; la forêt des Auges est un bois taillis dont la coupe en a été faite depuis peu d’années et on ne pourrait en rien tirer avant au moins vingt ans ». Elle confirme que ce canton est encore peu riche en bois. En 1865, le projet d’aménagement de la forêt décrit chaque canton et pour le bois des Auges, il est noté : « le bois des Auges est peuplé de feuillus mêlés de quelques résineux ». Aujourd’hui le bois des Auges a une contenance de 27ha 35 répartis en 3 parcelles. Le peuplement est constitué essentiellement de gros bois de résineux. Le bois de Billin A l’origine le bois de Billin était du pré comme le rappelle Loiseau dans sa lettre citée plus haut : « Mais le Seigneur, ou plutôt ses agents voyant que l’ancien communal de Billin appartenant à la commune se changeait en forêt, prétendirent qu’elle n’était pas comprise dans la Charte de 1375 et voulaient la revendiquer. Ils en demandèrent et obtinrent l’interdiction. Elle fut levée mais le procès continua jusqu’à la Révolution de 1789 qui y mis fin. » La nature du terrain est confirmé dans une transaction du 7 avril 1524 entre les habitants de Frasne et ceux de Courvières : « en un lieu appelé le pré de Billins ». Mais là aussi les limites furent souvent contestées aussi bien par Frasne que par Courvières. C’est en 1397 que les habitants de Courvières, qui n’avaient pas encore de concession de bois, reçurent du Seigneur un canton de bois entre le bois de Billin et le bois de la Godine mais avec beaucoup de restrictions. Du même coup ils vont continuer à couper des bois 1 Chaufournier : ouvrier qui dirige un four à chaux pour fabriquer et vendre de la chaux 3 dans les bois banaux et dans leur forêt sans respecter les clauses fixées par le Seigneur, ce qui fit l’objet d’un nouveau procès entre la Princesse Philiberte et Courvières en 1524. A la même époque Frasne et Courvières étaient en procès pour la délimitation des pâturages et des bois d’usage. Les officiers de Nozeroy se rendirent sur les lieux où Frasne était représenté par Pierre Courdier, Jean Courvoisier et Jacques Poncet et de nouvelles bornes furent posées avec l’accord de tous. Malgré tout Frasne va chercher à anticiper sur les terrains et en 1614 l’affaire est jugée à la Cour de Dole et à nouveau des bornes sont posées pour confirmer ce qui avait été fait en 1524. Il faudra attendre la transaction du 17 juin 1631 entre les habitants de Frasne et de Courvières pour mettre fin aux difficultés et fixer définitivement les limites. Ce sont encore aujourd’hui les limites entre Frasne et Courvières. Les titres ont disparu dans les incendies pendant les guerres de 1636 à 1642 qui mirent toute la Franche-Comté à feu et à sang. En 1825, Victor Loiseau, notaire royal à Pontarlier a collationné les titres de 1524 et de 1631 qui étaient encore en possession de Courvières pour en dresser une copie pour Frasne et il précise en fin du document : « Les dits maires des communes de Frasne et Courvières ont aussi observé que la transaction du dix sept juin mil six cent trente et un a reçu son exécution par la plantation d’une borne encore existante dans la localité dite « aux accrues », qu’elle retrace les limites suivies entre les forêts contigües, appartenant aux deux communes, qu’elle a mis fin aux procès résultants de l’interprétation de leurs titres de concession respectifs. Enfin que les limites indiquées par la transaction sont les limites territoriales actuelles entre les deux communes qui ont été suivies dans les opérations cadastrales exécutées dans les deux communes. » Dans « le projet d’aménagement de la forêt communale de Frasne » de 1865, le bois de Billin est présenté en deux divisions. La division F, d’environ 50 ha dont la nature des peuplements est indiquée comme suit : « perchis complet et régulier de 60 à 90 ans dominé par places et vers la ligne séparative par quelques vieux arbres épars ; vide au nord ». Une seconde division K d’environ 22 ha est décrite de la façon suivante : « jeunes bois assez complets de 20 à 60 ans dans lesquels restent quelques vieux arbres épars de 150 ans ». La forêt a une contenance de 71ha 48 exactement en 1865 alors qu’aujourd’hui elle contient 72ha 47 répartis en 7 parcelles.