Une Nouvelle Géographie Administrative
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XVII- LA RÉFORME DE L'ÉTAT BELGE Une nouvelle géographie administrative Pour l'essentiel, les subdivisions administrati pondent aux actuels arrondissements judi ves de la Wallonie, comme celles de l'ensr.:mble Ciaires. de la Belgique, trouvent leur origine à la fin du Dès l'année 1800, certains textes mettent en XVIIIe siècle, après la fin de la domination cause une partie du tracé des limites départe autrichienne, qui dura jusqu'en juin 1794 et mentales. Par exemple, on préconise le passa qui fut suivie par l'annexion à la France de la ge de Condé du département du Nord à celui Belgique (les ex-Pays-Bas autrichiens), du de Jemappes, tandis qu'on estime que la ré Pays de Liège et du Duché de Bouillon, an gion de Chimay serait mieux placée dans le nexwn reconnue en 1797 par le Traité de département des Ardennes. Toutefois, aucune Campo-Formio. modification n'est apportée durant la période française ni dans le tracé des limites départe mentales ni, du moins dans le département de Jemappes, dans celui des arrondissements. RÉGIME FRANÇAIS Le décret du 14 décembre 1789, qui institua toutes les communes de France sur une base Dès octobre 1795, les territoires belges sont uniforme et régulière, fut appliqué dans nos annexés à la France à la suite d'un vote de la provinces dès l'installation du régime fran Convention Nationale. Celui-ci fut précédé de çais. Selon le principe de l'immutabilité, 'le la loi du 14 fructidor an III (1er septembre territoire des communes actuelles, à quelques 1795) qui avait créé les neuf départements exceptions près, se confond avec celui des précurseurs des neuf provinces actuelles. Les anciennes paroisses' (E. De Moreau S.JJ, ou limites départementales ne sont pas fixées en encore 'les limites les plus ordinaires des fonction du tracé de la frontière linguistique et communes rurales actuelles sont les mêmes plusieurs départements ont alors une partie qui, sous l'Ancien Régime, étaient détermi de leur population wallonne et une partie nées pour l'étendue de la paroisse, c'est-à-dire flamande, voire allemande. JI subsiste même pour se servir des expressions d'alors, pour une enclave du département du Nord (Bar l'étendue de la juridiction spirituelle' (Lettre bençon) dans celui de Jemappes. Le dépar du sous-préfet de Tournai au préfet du dépar tement a été conçu en fonction des diligences: tement de Jemappes du 9 thermidor an VIII). la puissance publique devait pouvoir attein Le principe de l'immutabilité est en outre dre, entre le lever et le coucher du soleil, tous confirmé par la carte de Ferraris (1777): les les points de la circonscription. limites, tracées comme courbes enveloppes Les départements furent subdivisés sur le des lieux habités portant un même numéro sur modèle français en cantons (1795), puis en la carte, coïncident, à quelques détails près, arrondissements (1800). Ces derniers carres- avec les limites communales antérieures aux 367 modifications intervenues durant le XIXe siè sols médiocres. C'est notamment le cas dans cle. En outre, divers plans et cartes manuscrits l'Entre-Sambre-et-Meuse où les communes conservés dans différentes archives belges et ont un tiers de leur territoire sur les bonnes françaises, indiquent les limites d'un certain terres de la bande calcaire et deux tiers sur les nombre de paroisses, lesquelles coïncident terres moins bonnes, soit de 1' Ardenne, soit de souvent avec les limites actuelles des commu la Fagne et qui sont généralement forestières. nes concernées. Le tracé de certaines limites communales est On peut donc affirmer l'ancienneté de la déli parfois déterminé par un élément naturel. Le mitation de la plupart des communes actuel talweg des cours d'eau constitue fréquem les. L'origine de cette délimitation se confond ment une limite communale : c'est surtout le avec celle des paroisses dont sont issues les cas de l'Escaut, de la Meuse et de la Sambre communes et a fait l'objet de diverses études mais avec plusieurs exceptions: certaines com historiques. munes s'étendent sur les deux rives, comme Les limites linéaires, figurées sur la carte de c'est aussi le cas le plus fréquent sur l'Ourthe Ferraris, de la Principauté de Liège, du Duché ou la Semois. Les limites communales n'ont de Brabant, du Comté de Namur, des Châtel• pas toujours été adaptées aux modifications lenies d'A th et de Braine-le-Comte, des Pré du tracé des cours d'eau, plus particulièrement vôtés de Mons et de Binche, du Bailliage de après les travaux de rectification des méandres Tournai et des Terres de Flobecq et de Lessi effectués depuis la seconde moitié du XIXe nes, coïncident, sauf en quelques courts tron siècle (Escaut par exemple). çons, avec les limites communales actuelles; Les limites des communes, coïncidant avec la par contre, elles ne coïncident pas exactement, présence d'un bois, antérieure aux défriche ni avec les limites provinciales (départementa ments effectués à la fin du XVIIIe siècle, sont les), ni avec les limites des arrondissements. encore plus nombreuses que celles qui suivent Rappelons que sous l'Ancien Régime, les un cours d'eau. Parfois, la limite suit la lisière paroisses avaient dans leurs attributions une d'un bois, parfois l'étendue d'une parcelle fonction d'enregistrement démographique dé boisée, actuelle ou ancienne, correspond à des volue de nos jours aux administrations com excroissances du territoire de certaines munales. Les mayeurs et échevins, qui déte communes. Presque toutes les forêts qui exis naient certaines fonctions comparables à taient en 1777 et qui figurent sur la carte de celles de nos collèges échevinaux actuels Ferraris ont constitué des zones frontières officiaient sur le territoire d'une seigneurie entre les villages situés de part et d'autre de dont les limites étaient indépendantes de celles leur masse; il est exceptionnel qu'une même des paroisses; souvent, le morcellement sei commune étende son territoire des deux côtés gneurial était plus marqué que le morcelle d'une même bande forestière, qui sépare fré ment paroissial. quemment deux aires défrichées, notamment Avec 1'Ancien Régime, va disparaître cette en Ardenne et en Lorraine belge. complexité territoriale: la zone d'attraction de chaque centre cultuel paroissial servira de base, dans la majorité des cas, à la délimita tion de nouvelles entités administratives, DE 1795 À 1961 créées par le pouvoir français en Belgique, c'est-à-dire les communes. Durant la période française, ni les limites La fotme du territoire communal présente une départementales, ni celles des arrondisse grande variété. Lorsque le territoire se répartit ments ne subirent de modifications, malgré sur des terrains de natures différentes, il est diverses demandes de transfert, soit de sous fréquemment allongé afin de se trouver en préfectures d'une ville à une autre, soit du partie sur de bons sols et en partie sur des siège d'une Justice de Paix d'une localité à une 368 autre. En effet, le Grand Juge, ministre de la a entre elles, et les motifs de nécessité et de Justice souligne le 15 ventôse an XII que le convenance qui doivent déterminer la réu Gouvernement ne changerait la délimitation nion'. Dans le département de Jemappes, les des arrondissements ou la fixation de leur avis des sous-préfets furent recueillis durant chef-lieu que s'il était démontré que des er l'an IX et le préfet adressa le 13 vendémiaire reurs matérielles ont été commises dans leurs an X au conseiller d'État Regnaud de Saint démarcations. 'La fixation des nouveaux can Angely une lettre qui soulignait qu'aucun tons a été faite après un long travail et un mûr motif de réunion de communes n'a été retenu examen et surtout après avoir pris les plus et que les inconvénients et les difficultés exactes informations près les préfets, les sous qu'entraînerait la réunion de communes se préfets, les juges de paix, etc.; qu'il est de la plus raient plus grands que ceux qu'on veut suppri grande importance d'éviter en administration mer, en raison de l'esprit de rivalité qui existe jusqu'à l'apparence de l'instabilité'; la plupart souvent entre communes vmsmes, de des demandes de modifications 'sont dictées l'attachement 'quasi religieux' à la division par l'intérêt de quelques communes et feraient paroissiale, des différences dans les charges et naître incessamment des réclamations de la les dettes, dans les revenus et les biens. Il part d'autres communes si on adoptait les convient donc d' 'ajourner une mesure très changements proposés'. Cette volonté de sta salutaire en elle-même. Car on ne peut nier bilité administrative peut se comprendre du que le bien de l'administration ne réclame la rant une période où l'évolution économique diminution du nombre des communes et la s'effectue encore très timidement. disparition des choquantes inégalités et dis Les limites communales préoccupent les pou proportions qui existent entre plusieurs voirs publics. Dès l'an V, en effet, des enclaves d'elles'. Ceci explique le nombre modeste de nombreuses de communes dans d'autres sont modifications ou précisions de limites sépara supprimées, l'appartenance de hameaux à tives: une quinzaine de suppressions de certaines communes est précisée. Le problè communes et leur réunion à d'autres, la plu me de la fusion des petites communes a été part dans le Brabant wallon (département de posé dès le 22 prairial an VIII par une circu la Dyle), deux créations de communes entre laire imprimée que le ministre de l'Intérieur, l'an III et 1813. Il faut y ajouter plusieurs L. Bonaparte, a envoyée aux préfets des dépar demandes de modifications des limites tements.