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Le château (Cabrerets)

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Dominant le Célé, le château de Cabrerets a été construit au cours de la seconde moitié du 15e siècle par les Gontaud, seigneurs du lieu. Il se distingue parmi les falaises abruptes de la vallée par deux imposantes tours cantonnant un logis couronné de mâchicoulis.

Le château s’élève sur un escarpement rocheux, placé en position dominante 30 mètres au-dessus de la vallée du Célé dont il commandait le Le château : la tour sud vue passage. de la vallée du Célé L’édifice fut bâti par les Gontaud, seigneurs de Cabrerets qui succédèrent dès la seconde moitié du 15e siècle aux , eux-mêmes successeurs des Barasc, sur l’emplacement d’un château primitif sans doute érigé au cours du 13e siècle.

Le château, dont les bâtiments s’articulent autour d’une grande cour intérieure ouverte au Nord, ne fut jamais terminé sans que l’on en connaisse les raisons véritables (peut-être à cause des guerres de Religion ?). Comme l'indiquent quelques vestiges, il était en effet prévu de fermer entièrement la cour en bâtissant deux ailes à l’Est et au Nord.

La demeure seigneuriale se compose donc de deux ailes d’inégales longueurs disposées en V. A la jonction entre ces deux corps de bâtiment, une tourelle d’escalier est ouverte d'un portail d’entrée orné de hautes bases prismatiques et de pinacles finement ouvragés. L’aile occidentale, formant un grand parallélépipède, est cantonnée au Sud et au Nord par deux grosses tours circulaires, toutes deux couvertes à l’origine comme l’ensemble des constructions d’une couronne de mâchicoulis. Ce bâtiment fut remanié au 17e siècle, ses murs surélevés et percés de grandes fenêtres.

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Notes d’histoire

La première mention de la famille Barasc, détentrice du fief de Cabrerets, concerne en 1259 l’hommage rendu par Dorde de Barasc au comte Alphonse de Poitiers pour le lieu de Cabrerets.

Les Cardaillac-Bioule succédèrent aux Barasc, par le mariage d’Hélène de Barasc et de Raymond de Cardaillac. Les Cardaillac vendirent en 1439 leur fief au baron de , Antoine de Gontaud qui créa la branche des Gontaud-Cabrerets qui entreprit la construction du château actuel. Raymond de Gontaud, chevalier du roi, acheva le chantier vers 1515. Il eut d’un premier mariage une fille Jeanne qui fut dame d’honneur de Catherine de Médicis et gouvernante de ses filles. De ses secondes noces avec Anne d’Auriole, naquit Jean, l’un des plus fameux chefs protestants du Quercy, qui accompagna Henri de Navarre lors de la prise de en 1580.

Durant tout le 18e siècle, les Gontaud ne résidèrent pas en Quercy mais dans leur château de Biron en Dordogne. Antoine de Gontaud, comte de Cabrerets et baron de Roussillon étant mort sans postérité en 1731, le fief revint à son cousin éloigné Charles-Armand de Gontaud-Biron, fils de François de Gontaud, marquis de Biron, et de Madeleine de Cossé-Brissac.

En 1723, Charles-Armand, duc de Biron, comte de Cabrerets et baron de Roussillon, fut nommé Pair de à l’âge de 23 ans ; l’année suivante, il était Maréchal de France et participa aux campagnes de Louis XV jusqu’à sa mort en 1756.

Contrairement à son père qui n’occupa jamais Cabrerets, Judith-Charlotte de Gontaud-Biron (1694- 1741) à qui l’on prêtait une grande beauté vint s’y retirer. Son époux, le comte Claude-Alexandre de Bonneval la quitta rapidement après leurs noces lui préférant une vie aventureuse dans de lointaines contrées. Seule et délaissée, elle vécut au château de Cabrerets d’où elle écrivit chaque jour et jusqu’à sa mort en 1741 une lettre à son mari ; il arriva à ce dernier, Généralissime des Armées ottomanes et Grand Maître de l’Artillerie, de lui répondre parfois. Il disparut en 1747 et fut enterré sous le nom d’Achmet Pacha dans la tour Galatz à Istanbul.

Le petit-neveu de Charles-Armand, Armand-Louis, seigneur de Cabrerets et duc de Lauzun fut pendant la Révolution député du Quercy aux états généraux. Accusé de conspiration contre la République il fut décapité le 31 décembre 1793. Son épouse, Amélie, fut guillotinée un an plus tard.

Le château de Cabrerets fut alors livré aux mains de la population qui mit le feu aux communs et aux archives du château. Le régisseur du nom de Vialolles acheta, lors de la vente des Biens nationaux, l’ancienne demeure seigneuriale ainsi que les terres qu’il partagea ensuite avec ses neveux.

Joachim Murat, Roi de Naples, voulut un temps acheter le château de Cabrerets pour en faire don à son frère André. Le projet resta sa suite mais les membres de sa famille acquirent peu à peu vers 1850 les différents parts du château et de son domaine. L’un des descendants de l’illustre famille possède aujourd’hui encore le château.

Le château

Un premier château précéda vraisemblablement la demeure des 15e et 16e siècles. Des restes de maçonneries médiévales, englobées dans l’aile occidentale, pourraient en effet signaler un état des 13e ou 14e siècles.

L’ample demeure, construite au cours de la seconde moitié du 15e siècle et des premières années du 16e siècle, possède deux ailes d’habitation.

L'aile est

Epousant la courbe naturelle de l’éperon rocheux, le corps de logis est expose vers la vallée une série de fenêtres à meneau en pierre. On y a plaqué, au cours du 17e siècle, une terrasse placée sur un massif à arcades au garde-corps composé de balustres de pierre. Le chemin de ronde doté de créneaux, qui ourle la partie sommitale, relève sans doute d’une restitution un peu hâtive (19e siècle ?) qui s’est subsisté à un rang de mâchicoulis.

L'aile ouest On trouvait à l’origine ces mêmes dispositions défensives sur l’aile occidentale, où les parties supérieures des murs ont été fortement remaniées au 17e siècle ; les consoles de pierres à triples ressauts subsistent néanmoins sur la façade arrière. Les fenêtres à meneau s’ouvrant sur la façade sur cour ayant disparues lors d’un incendie, furent remplacées par de grandes baies aux encadrements lisses.

Les dispositions intérieures

Les pièces d’habitation qui se succèdent dans les deux ailes conservent leurs aménagements d'origine. On trouve ainsi des plafonds à la française et plusieurs cheminées en pierre dont une, placée dans la "salle de la belle Judith", est ornée de bâtons écotés, motifs très prisés dans le dernier quart du 15e siècle et les premières années du 16e siècle.

La salle d’armes installée dans le rez-de-chaussée de l’aile occidentale est pourvue de deux cheminées monumentales, dont les manteaux démolis à la Révolution furent remontés il y a quelques années.

La tour d'escalier

L’élément central de la distribution est constitué par l’escalier en vis en pierre, logé dans la tour plaquant l’angle formé par les deux ailes du château.

Le portail en arc surbaissé, de style gothique flamboyant, est orné de fines moulures sculptées, de bases prismatiques et deux pinacles ponctués de petits crochets. Dans son axe, se superposent deux fenêtres à traverse, cantonnées de pinacles et couvertes de larmiers décorés de bâtons écotés et reçus en partie basse par des culots sculptés de lions et de griffons.

L’escalier en vis est bâti en calcaire blanc, pierre tendre facile à tailler, très en vogue aux 15e, 16e et 17e siècles en Quercy. Les marches soigneusement ajustées sont fichées dans le noyau dont la base est sculptée de moulures hélicoïdales.

Les deux tours et le parc La tour Marcenac, au Nord, fut restaurée de 1994 à 1997. Elle était depuis la fin du 19e siècle couverte d’une toiture à deux pans, placée dans le prolongement de celle de l’aile occidentale. Comme la tour sud qui forme son pendant, elle a un diamètre de 13 m. Son niveau de soubassement, accessible par un escalier étroit en pierre, aménagé dans l’épaisseur du mur, est voûté en pierre et armé de canonnières permettant d’assurer des tirs de flanquement en direction du Sud et de l’Est. La partie supérieure, arasée, se terminait auparavant par un niveau de mâchicoulis communiquant avec ceux de l’aile ouest.

La tour sud était initialement similaire à la tour nord. Elle s’élève, au-dessus d’une assise en glacis, sur quatre niveaux complétés par le niveau de mâchicoulis qui la couronne. Une glaciaire aménagée dans le soubassement permettait la conservation de denrées cuisinées et consommées dans le château. Comme dans la tour nord, un escalier, étroit et construit en pierre dans l’épaisseur même du mur permettait d’accéder aux différents niveaux.

Enfin, le parc s’étend à l’Ouest sur une vaste plate-forme à l’extrémité occidentale de laquelle on trouve la carrière d’où fut extraite la pierre de construction du château, ainsi qu’un pigeonnier cylindrique à couverture de lauzes calcaires.

Valérie Rousset, novembre 2004.

Données issues de l'inventaire Datation : 2ème moitié 15e siècle ; 1er quart 16e siècle ; 17e siècle Style artistique : Gothique Protection juridique : classé au titre immeuble Propriétaire : propriété d'une société privée Classification patrimoniale : Architecture des châteaux et sites fortifiés Mots clés : château ; tour ; porte ; escalier ; cheminée ; fenêtre

Album d'images

Le château : plan du Le château : plan du Le château premier étage deuxième étage

Le château : élévation sud-est

Le château : la tour sud vue Le château et l’église de depuis la route de la vallée Cabrerets, dominant la vallée du Célé Le château : vue Le château : la tour depuis le Sud-Est d’escalier au fond de la cour d’honneur Le château : la façade arrière de l’aile ouest

Le château : l’aile Le château : Le château : la ouest et la tour l’extrémité nord de jonction entre l’aile d’escalier l’aile ouest ouest et la tour sud

Le château : la façade Le château : les arrière de l’aile ouest et la canonnières de la tour nord tour nord Le château : la tour Le château : la tour sud nord

Le château : la salle basse de la tour nord

Le château : la base du noyau de l’escalier en vis

Accès au site Comment s'y rendre ? : Depuis Saint-Cirq-Lapopie, prendre la route de la vallée du Lot en direction de Cahors (D662), puis celle de la vallée du Célé jusqu’à Cabrerets (D41). Dans , tourner à gauche en direction des grottes de Pech-Merle (D13), puis grimper à gauche au-dessus de l'église. Utiliser la carte IGN au 1 : 25 000 : 2138E Série Bleue

Cartographie Zone : Lambert 2 étendu X : 545674 Y : 1945059

Adresse administrative Commune : Cabrerets Canton : Lauzès Pays : Parc Naturel Régional des Causses du Quercy Adresse : Le bourg, 46330 CABRERETS Entité géographique : Vallée du Célé

Visites Ce monument est un édifice privé, non visitable, par conséquent visible uniquement depuis la voie publique. Il est néanmoins ouvert à la visite lors des Journées du Patrimoine.

Bibliographie (ouvrages généraux et publications spécialisées) Albe Edmond, Monographies des paroisses de la région Vers-Lot-Célé, Archives diocésaines de Cahors, transcription Paulette Aupoix et François Petitjean, 1998, pages 37 à 50.

Calmon Jean, "Le château de Cabrerets", in Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 1957.

Chantraine Colette, Séraphin Gilles, Vallées du Lot et du Célé : , Martel, Editions du Laquet, Collection "Guides Tourisme et Patrimoine", 1993, 96 pages : notice sur la commune de Cabrerets, page 25.

Didon Catherine, Châteaux, manoirs et logis. Le Lot, Editions Association Promotion Patrimoine, 1996, pages 184 et 185.

Gluck J.-B., "Le château de Cabrerets", courte notice accompagnée de 2 vues lithographiques par Eugène Gluck, in Album historique du département du Lot, pages 51 et 52. © Valérie Rousset pour Conseil Général du Lot - 09/06/2006 une réalisation www.geosignal.fr