PARCOURS LANDIVISIAU

AU CŒUR DU PAYS DES ENCLOS Et si le vrai voyage ce n’était pas de chercher de nouveaux paysages, mais de simplement regar- der ceux qui nous entourent d’un œil nouveau ? Marcel Proust l’a suggéré, nous en sommes HISTOIRE ET persuadés ! C’est ce que nous vous invitons à faire en vous promenant dans la ville, ce livret en mains, pour (re)découvrir ce qui a fait de Landivisiau un endroit où il fait si bon vivre aujourd’hui. ÉVOLUTION DE LA VILLE Bonne promenade ! LE CENTRE-VILLE OFFRE UN PAYSAGE Laurence Claisse URBAIN MARQUÉ PAR LES Maire BOULEVERSEMENTS DU XIXE SIÈCLE.

UNE FONDATION MONASTIQUE ÉDITO Placée sur la voie romaine reliant à égards, par la période de la Révolution. , Landivisiau est une fondation Le Landivisien Guy Le Guen de Kerangal, monastique du Moyen Âge. Ce n’est qu’à député aux États généraux, intervient au On a beaucoup écrit sur les richesses patrimo- Au XIXe et au XXe siècle, l’expansion de la ville, cette époque que le développement de la cours de la nuit du 4 août 1789 en faveur niales qui entourent Landivisiau. et par là-même sa réputation, se fait à travers ville prend de l’importance, avec la construc- de l’abolition des privilèges et droits Encore aujourd’hui, le Pays de Landivisiau son industrie et notamment ses nombreuses tion du château de la seigneurie de Daoudour féodaux. En 1790, la ville devient "Mont sur doit en grande partie sa renommée et son tanneries, mais surtout à travers le com- (terme désignant les rivières de l’Aber-Wrac’h Hélorn". Un temps, les rues sont débaptisées, attractivité touristique aux enclos paroissiaux, merce du cheval de trait qui fera sa richesse et du Queffleuth, qui délimitaient cette partie mais elles retrouvent bien vite leur appellation ensembles architecturaux remarquables, et fera d’elle aussi "la capitale du cheval". du Léon, daoudour signifiant en breton "les d’origine. Le quartier de la montagne (à l’ouest témoins de l’âge d’or du territoire. De nos jours, le dynamisme culturel de la deux eaux"). Il ne reste aucun vestige de ce de la ville) est le seul à avoir conservé le sou- Mais la ville-centre de presque 10 000 habi- ville contribue grandement à son attracti- château qui fut détruit lors des guerres de la venir de la période révolutionnaire, en réfé- tants recèle elle aussi de très nombreux atouts vité : expositions, salons de peinture et de Ligue à la fin du XVIe siècle. rence au groupe politique des Montagnards. patrimoniaux et culturels, pour qui a la curio- sculpture, spectacle vivant avec notamment Cette seigneurie a successivement appar- sité de regarder autour de lui ! l’original Festival de poésie "Moi les Mots", tenu aux principales familles bretonnes Revenons un peu en arrière : à la Révolution consacré à la parole poétique, qui touche Le blason de Landivisiau dont les Rohan, Kergroadez, Tournemine, française, Landivisiau, qui n’est alors qu’une plus de 10 000 personnes à chaque édition ! Rieux, Danycan et Rohan-Chabot, jusqu’à la Les armes de la ville reprennent la descrip- simple trève* de la paroisse de , Les pages qui suivent vous invitent à décou- Révolution. tion d’un sceau de 1482 : "D’or au lion morné* est en passe de voir son patrimoine religieux vrir, ou redécouvrir, la très riche – et trop Landivisiau fut, dès son origine, une trève* de sable*, l’écu entouré de huit macles* d’or." saccagé. Heureusement, quelques braves méconnue – histoire de l’ermitage (Lann en de la paroisse de Plougourvest et siège de Le lion évoque les armes des comtes et vicomtes Landivisiens tentent de sauver ce qui peut breton) de saint Thivisiau, moine qui vécut la sénéchaussée* de , avant de du Léon. Les macles d’or symbolisent les vicomtes l’être en déplaçant pierre par pierre l’ossuaire au Ve siècle… voir son importance reconnue et devenir de Rohan. Ce blason était l’emblème officiel de qui jouxte l’église. Cet ossuaire remarquable, chef-lieu de canton après la Révolution. Landivisiau depuis 1981. avec une des rares représentations de l’Ankou, Idéalement placée au carrefour de plusieurs En 2020, il évolue et se trouve aujourd’hui dans le cimetière de la Daniel Pervès voies de communication, Landivisiau s’affirme devient plus stylisé : ville. Remarquables aussi, par exemple, les Adjoint à la culture et au patrimoine rapidement comme l’une des principales les couleurs sont rem- scènes de l’Ancien Testament minutieusement villes du Léon. L’industrie linière (XVIe-XVIIe placées par des signes taillées dans la pierre de Kersanton*, sur le siècles), puis l’industrie de la tannerie (XVIIIe- monochromes, repre- porche de l'église, ou encore la fontaine Saint- XIXe siècles) lui apportent la prospérité. Ses nant la symbolique Thivisiau qui remonte à l’Âge du fer. Couverture Maquette foires et marchés se développent. Mais la héraldique. Ainsi, l’or est Paotr mad, sculpture de COM en Bretagne - Morlaix Roger Joncourt, d’après DES SIGNES ville est surtout connue par le commerce du figuré par un ensemble parvis de l'Hôtel de Ville studio Muchir Desclouds 2018 cheval et ses foires qui attiraient, au siècle der- de points, tandis que la cou- L'ossuaire dit Impression "Chapelle Sainte-Anne" Imprimerie de Bretagne - Morlaix nier, des acheteurs venus de l’Europe entière. leur rouge, ou "gueules", Landivisiau sera concernée, à bien des est rendue par des striures Novembre 2020 1 2 verticales. Les mots suivis du signe* renvoient au glossaire page 22. 3 Le château de Daoudour-Coatmeur L’installation d’une base d’aéronautique Le plus ancien château construit à Landivisiau navale (BAN) en 1965 est un fait majeur dans l’évolution de la ville. L’arrivée de nou- À l’origine, il était édifié sur une motte, c’est-à-dire une butte artificielle tronconique velles familles provoque un développement de dix mètres de haut et de trente mètres de diamètre à sa base. sans précédent, notamment sur le plan Cette butte servait d’assise à un bâtiment ou à une tour construite d’abord en bois, puis économique. en pierre. La motte, de par sa situation, montrait à tout le voisinage la puissance d’un Parallèlement, le remembrement et la seigneur et symbolisait la société seigneuriale féodale. création de la voie express ouvrent de nou- Concernant le château de Daoudour- Coatmeur, on sait qu’il fut la propriété de la famille velles perspectives par le biais des zones de Coatmeur, puis de Plusquellec, au tout début du XIIIe siècle. En 1392, il passe par industrielles et artisanales. Le dévelop- 2 alliance dans la famille de La Marche puis Kerimel. Au XVIe siècle, il devient propriété des pement urbain se concentre autour des Tournemine, avant d’être détruit en 1593 par les troupes du duc de Mercœur durant les voies structurantes que sont la rue Général- 2. Les halles en 1905 guerres de la Ligue. On ne conserve aucune description ancienne de ce château. Seul, Mangin, l’avenue Maréchal-Foch et le le cadastre de 1830 se fait encore l’écho de son existence. boulevard de la République. De nos jours, il ne reste pratiquement rien de ce château si ce n’est le tertre où s’élevait La ville connaît actuellement une belle LA FONTAINE SAINT-THIVISIAU la motte. On peut encore en faire le tour en suivant la courbe des anciennes douves. La prospérité économique et un accroissement L’origine de cette fontaine remonte à motte, comme les anciennes douves, n’ont jamais été fouillées. Ces vestiges sont situés constant de sa population. l’Âge du fer (entre 750 et 50 ans avant J.-C. à l’orée du bois de Coat-Meur face à l’ancienne maison du garde. 1. L'église et l'ossuaire, environ). Des fouilles archéologiques lithographie d'Alfred Guesdon, réalisées en 1985 ont mis au jour sur le XIXe siècle site l’existence d’un lec’h, stèle tronconique qui, dans les temps anciens, signalait la pré- LES MUTATIONS sence d’un lieu sacré. Des mutations urbaines profondes modifient Édifié ossuaire, il est alors le complément Cette fontaine était donc probablement le visage de la ville au cours des XIXe et XXe indissociable du cimetière qui jouxtait l’église. votive lors de la Préhistoire. Le territoire siècles. Le développement de Landivisiau au Devenu simple remise à outils à partir de la de Landivisiau était alors le théâtre d’une XIXe siècle engendre la mise en place d’un plan Révolution, il est menacé de destruction occupation humaine et celle-ci avait pris d’urbanisme au cœur de ville. en 1813. Le transfert du cimetière pose de place autour du point d’eau que nouveau la question de son devenir. Des constituait déjà cette source. Le lec’h Le cadastre de 1830 atteste l’état antérieur du Landivisiens éclairés soulignent l’intérêt trouvé lors des fouilles est composé de centre-ville. Celui-ci s’est développé autour artistique de l’édifice. Celui-ci sera finalement deux parties mesurant chacune 70 cm de de l’enclos paroissial, ensemble architec- déplacé pierre par pierre à la jonction des tra- haut, ce qui lui donne dans sa forme tural composé de l’église, du cimetière et vées du nouveau cimetière. complète une hauteur d’environ 3 de l’ossuaire, le tout étant ceint par un mur En lieu et place des îlots et de l’enclos mètres. Sur les tronçons, on peut encore séparant symboliquement l’espace sacré paroissial détruits, une place de marché remarquer les rainures et les emplacements de l’espace profane. et des halles doivent apporter un des coins qui ont servi au débitage. Le lec’h dynamisme à la commune. Les halles est toujours visible sur le site de la fontaine. Le nouvel aménagement urbain ouvre l’espace sont reconstruites en 1820 puis en 1960. Avec l’apparition du christianisme, cette par la démolition de l’enclos paroissial et l’ara- Elles sont destinées à abriter au rez-de- fontaine est devenue celle de saint sement de maisons. Le cimetière est déplacé chaussée un marché couvert, tandis que Thivisiau, moine qui, au Ve siècle, est hors de la ville en 1842. L’ossuaire, malgré l’étage accueille des spectacles, dans venu s’installer sur ces terres et y a fondé quelques vicissitudes, prend également le une salle qui porte aujourd’hui le nom un monastère, Lann en breton, d’où même chemin. L’histoire de cet édifice, connu du seigneur François de Tournemine. l’origine du nom de la ville, Lann aujourd’hui sous le nom de "chapelle Sainte- Thivisiau, le monastère de Thivisiau. C'est ici Anne", se révèle effectivement étonnante. 1 que la ville est née et s’est développée. 4 5 LE PATRIMOINE RELIGIEUX 1. La fontaine Saint-Thivisiau

2. Panneaux en pierre de Kersanton, LE PORCHE SUD DE L’ÉGLISE ET fontaine Saint-Thivisiau L’OSSUAIRE : L’ÂGE D’OR DU PAYS DE LANDIVISIAU À TRAVERS DEUX DESTINS ET DEUX STYLES.

L’ÉGLISE L’édifice que l’on peut voir actuellement, dédié à saint Thuriau, date des années 1864-1865. Son histoire est intimement liée au réaménagement du centre-ville. Le transfert du cimetière hors de la ville en 1842 entraîne un nivellement du sol 1 2 entourant l’église antérieure, ce qui ébranle les fondations du bâtiment. De plus, le sciage des entraits* de la char- 1 pente accélère la ruine progressive de l’édi- La fontaine a ensuite été transformée en Cette sculpture funéraire, aujourd’hui fice. Le conseil municipal décide alors de lavoir. Elle se présente aujourd’hui sous démantelée, se trouvait dans le chœur de construire une nouvelle église de style néo- forme d’une dizaine de panneaux en l’ancienne église paroissiale détruite et gothique. De l’édifice antérieur ne subsistent pierre de Kersanton* de style flamboyant reconstruite au XIXe siècle. Les restes du que le clocher et le porche. ornant sa partie supérieure. On peut gisant (voir en page 13), après de nom- notamment y distinguer plusieurs breuses péripéties, sont actuellement expo- Le clocher date de 1590. Par sa hauteur et religieux en prière, un ange tenant la sés dans la cour de la Maison prébendale de son style, il est l’un des plus remarquables du couronne d’épines, la Trinité et un Saint- Pol-de-Léon. Léon. Probablement issu des mêmes ateliers ange portant un écusson pour moitié La ville de Landivisiau possède tout de que les clochers de Lambader (), Tournemine. Ces panneaux ornaient à même un moulage de la sculpture, qui ou , il est directement inspiré l’origine les parties latérales du gisant du est installé dans la salle de spectacles de la flèche du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon. seigneur de Tournemine, Sieur de portant le nom du seigneur de Quatre clochetons d’angles octogonaux Coatmeur, commanditaire, en 1554, de la Tournemine. encadrent la flèche élancée et ajourée première église de Landivisiau. sur ses huit faces.

1. L'église au début du XXᵉ siècle

2. Le clocher et la statue de saint Thivisiau 6

2 Le porche sud, principale entrée des églises L’arcade extérieure révèle une profusion de bretonnes, s’impose comme l’élément archi- décors sculptés, destinés à l’instruction reli- tectural majeur de l’église. Plus ancien que le gieuse des paroissiens : on y reconnaît notam- clocher et bien sûr que le reste de l’église, il se ment des scènes de l’Ancien Testament : détache d’abord visuellement par l’utilisation Adam et Eve, Caïn et Abel, l'arche de Noé... de la pierre de Kersanton*, qui lui donne une Au-dessus d’eux se tiennent de multiples couleur sombre tout à fait caractéristique. Il anges musiciens. est le fruit de plusieurs phases de construc- Les contreforts extérieurs du porche sont per- tion : cés de niches abritant les statues des quatre . 1554 : portail en plein air ; Évangélistes : saint Jean et l’aigle, saint Marc . 1554-1559 : piliers latéraux de la et le lion, saint Luc et le bœuf, saint Matthieu grande arcade ; et l’ange (ou l’homme), ainsi que celles de la . 1559-1565 : voûte et murs latéraux ; Vierge et de sainte Anne. . une phase d’achèvement non datée Les parois latérales accueillent le décor le (évaluée jusqu’en 1570 environ) voit la plus monumental du porche : la galerie des construction des pignons et du lanternon*. apôtres. Leur identification est parfois rendue difficile, leurs attributs ayant été martelés, 1 2 3 Au niveau de son style, ce porche, l’un des sans doute à la Révolution. On y découvre 1. Le porche, croquis Fons de Kort 2. Le porche 3. Adam et Eve, l'arche de Noé plus beaux de la vallée de l’Elorn, présente saint Pierre (à droite, tout au fond), saint Saint Thuriau ou saint Thivisiau ? une influence encore gothique. Cependant, Jacques le Majeur et son chapeau orné d’une quelques éléments d’ornementation coquille, saint Jean au visage imberbe, tenant Saint Thuriau était un moine originaire du Centre-Bretagne, devenu évêque de Dol-de-Bretagne Renaissance apparaissent dans les sculptures le calice de poison, ou saint André avec la croix au VIIIe siècle. Il a donné son nom à une commune du Morbihan, près de Pontivy. Selon les intérieures (voir les culs-de-lampe* des de son martyre (en partie brisée). sources, saint Thuriau est parfois dénommé saint Thivisiau, moine à l’origine du nom de la grandes niches, le bénitier surmonté d’un Au-dessus des deux portes d’entrée dans ville de Landivisiau. Ce rapprochement expliquerait la dénomination de l’église paroissiale. dais* ainsi que la plupart des décorations l’église, une grande statue du Christ accueille Regardez la niche principale du lanternon*, au-dessus du porche : elle renferme la statue de saint Thivisiau ! qui tapissent le tympan* intérieur), ce qui les fidèles, entourée de décors présentant en fait une œuvre charnière marquant la fin des animaux étranges, parfois cachés dans d’une époque et le début d’un style nouveau. des guirlandes de pampres de vigne* ou de feuilles de chardon.

8 1 4 5 1. La galerie des apôtres 4. Saint Jean et saint Marc 5. Saint Luc et saint Matthieu 9 À l’intérieur, les orgues, classées en 2000 au titre des Monuments historiques, ont rem- placé une œuvre antérieure probablement réalisée par Dallam avec l’aide du sculpteur landivisien Lerrel. L’instrument actuel, exécuté dans le style orchestral romantique du XIXe siècle, est sorti des ateliers de la maison Claus de Rennes en 2 1885. La tribune flamboyante est l’œuvre des maîtres sculpteurs Pondaven et Derrien de Saint-Pol-de-Léon. Plusieurs fois restaurées e au cours du XX siècle, les orgues, avec leurs 1 1. La chapelle Sainte-Anne 21 jeux, permettent à un organiste d’interpré- ter la presque totalité du répertoire ancien et 2. La chapelle Sainte-Anne, Sur la façade, parmi les six cariatides et moderne. De 2006 à 2010, un nouveau pro- croquis Fons de Kort atlantes (statues de femmes et d’hommes gramme de restauration a été mené avec la soutenant un entablement*), l’une s’avère 3. L' Ankou Direction Régionale des Affaires Culturelles particulièrement intéressante. En effet, (DRAC) et les Monuments historiques. 3 l’Ankou, personnification de la mort chez les Derrière l’autel, l’abside abrite une impres- Bretons, intègre cette galerie de personnages : Elle est accompagnée d’une frise, elle-même sionnante série de mosaïques, œuvres de représenté avec un visage de squelette et tenant coiffée d’un fronton triangulaire qui accueille l’atelier Mauméjean : au centre figure la dans ses bras croisés ses attributs (flèche et un cartouche* martelé, désormais illisible, Résurrection du Christ ; à gauche, la scène de tibia), il témoigne des croyances populaires encadré de motifs de cuirs découpés. Dans son 1 la tempête apaisée ; à droite, la Sainte Famille. bretonnes. Une inscription très révélatrice, traitement architectural, la porte s’apparente 1. Les orgues Les vitraux sont l’œuvre des ateliers Lobin (de aujourd’hui quasiment illisible, est gravée à celle de l’ossuaire de (1588). 2. La maîtresse-vitre Tours) et Deschamps (de Saint- Servan). Ils ont sur son socle : été réalisés entre la toute fin du XIXe siècle et le OU : CA : JE : SUIS : LE : PARRAIN : DE : CELUI : LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE LOURDES début du XXe siècle. QUI : FERA : FIN Situé sur la place du même nom, entre l’église Motifs floraux des gaines* et costumes et le presbytère, l’édifice de style néogothique L’OSSUAIRE DIT d’époque (voir les collerettes) ornent les date de 1875. À l’origine, la chapelle était "CHAPELLE SAINTE-ANNE" cariatides. Lors du déplacement de l’ancien destinée à l’enseignement du catéchisme. Malgré l’absence de date portée, le style et ossuaire vers le nouveau cimetière, il semble Relativement sobre, elle se compose d’une l’iconographie supposent une construction au qu’il y ait eu un inversement entre les gaines seule nef avec chevet intégré, complétée par début du XVIIe siècle. La façade principale pré- de deux cariatides. En effet, la gaine de la deu- une petite chapelle dédiée à l’Immaculée sente en effet toute la gamme des décors de la xième représentation en partant de la gauche Conception. Celle-ci prend place au-dessus seconde Renaissance. L’influence des grands est une queue de poisson. Or, le buste nu de de l’espace de la sacristie, à l’est. traités d’architecture (Sebastiano Serlio, la quatrième cariatide assemblé à la queue de À l’intérieur, la voûte lambrissée, peinte en Philibert De l’Orme ou Jacques Androuet du poisson formerait une image de sirène, élément bleu, symbolise la voûte céleste. La chapelle Cerceau) se ressent. La diffusion des styles profane très présent dans le folklore breton. de l’Immaculée Conception, qui a donné son en cette période d’expansion commerciale se La Renaissance trouve également son nom à la chapelle, est en fait un amas rocheux, double d’une adaptation locale (notamment expression dans les clés de voûte* pendantes reconstitution symbolique de la grotte de au travers du matériau), aboutissant ainsi à en feuilles d’acanthe* des baies. La porte Massabielle, à Lourdes, où la Vierge est appa- un style régional. d’entrée, en plein cintre*, est encadrée de rue en 1858 à la jeune Bernadette Soubirous. colonnes à fûts cannelés* et surmontées de L’édifice, propriété communale, a été entière- chapiteaux ioniques*. ment restauré en 2012-2013. 10 11

2 3. La fontaine Sainte-Anastasie au début du XXe siècle

4. Le blason des Tournemine, "écartelé d'or et d'azur"

5. Le gisant de François de Tournemine

Mais c’est le pouvoir de saint Bidouzin contre la stérilité qui lui valut ses plus fréquentes 3 visites de badauds sur l’îlot Sainte-Anne. L’histoire ne nous dit pas comment mais la statue qui avait disparu de l’îlot fut retrouvée À l'endroit où roula sa tête, jaillit une source. en 1987, toujours sur la commune de Saint- 1 2 Celle-ci, où l’on érigea une fontaine, prit le Pol-de-Léon. De nouveau couché, le Sieur de 1. La chapelle Notre-Dame de Lourdes 2. La chapelle Notre-Dame de Lourdes, nom de la sainte jeune fille et devint vite un Tournemine reposait au pied d’un château... intérieur lieu de pèlerinage. Ainsi, ce lieu a vu des ras- d’eau cette fois-ci. Ce n’est qu’en 1990 qu’il semblements pouvant atteindre jusqu’à 500 retrouve un emplacement approprié à son sta- LES FONTAINES ET LAVOIRS personnes en 1800. tut de vestige du patrimoine léonard puisqu’il De nombreux lavoirs et fontaines jalonnent le Autrefois, le premier pardon de l’année, le orne désormais la cour de la Maison prében- territoire de Landivisiau, riche en rivières et pardon des Coqs, se tenait autour de cette dale de Saint-Pol-de-Léon. en sources. fontaine et dans l’allée de Coat Mez. Le site L’ÉTONNANTE HISTOIRE DU GISANT DE Vous en croiserez certains au détour des comporte également un mur en demi-cercle FRANÇOIS DE TOURNEMINE sentiers de randonnée, à l’instar de celui des dont on ignore l’origine. Aujourd’hui située Selon plusieurs sources d’archives, la statue tanneurs et des tisserands, long de 21 km et sur une voie et un terrain privés, cette fontaine du Sieur de Tournemine prenait place, à l’ori- qui traverse en grande partie la ville. Le détail n’est plus accessible au public. gine, dans le chœur de l’église de Landivisiau. du circuit est à retrouver dans le topoguide Mais suite aux événements révolutionnaires, "Le Pays du Léon… à pied", en vente dans les La fontaine Sainte-Anastasie elle est déplacée et en 1835, le chevalier de offices de tourisme. Bien que située à Lampaul-, son his- Fréminville, de passage à Landivisiau, en fait Parmi les fontaines et lavoirs remarquables, toire prend racine à Landivisiau… La légende une description précise et indique l’empla- 4 ne manquez pas ceux de Kerzuguel, en contre- raconte qu’un des seigneurs de Coatmeur cement de sa nouvelle demeure près de la bas de la Maison de la musique, tout près du avait une fille, Anastasie. Devenue une jeune fontaine. parc de Kréac’h Kélenn, ou ceux situés près du fille belle comme le jour et vénérée comme En 1906, un autre voyageur nommé Toscer quartier dit "de la Cité marine", en surplomb une sainte, celle-ci venait souvent méditer passe par Landivisiau et mentionne lui aussi le de la vallée du Lapic. près d’une source située dans le bois entre gisant. Mais, cette fois-ci, il a quitté le centre- Près de la piscine intercommunale et du ter- Landivisiau et Lampaul. Son père avait en ville pour une destination plus lointaine : rain de tir à l’arc, c’est la source de la fontaine secret nourri des projets de mariage pour sa Saint-Pol-de-Léon. C’est ainsi qu’une carte du Temps Petit que l’on découvre, blottie au fille. Il entreprit de lui faire épouser le sieur postale du début du XXe siècle nous montre le creux d’un rocher... de Penhoët, un jeune seigneur des environs. Sieur de Tournemine rebaptisé saint Bidouzin, Mais Anastasie se refusait avec obstination à installé à la verticale sur l’îlot Sainte-Anne. La fontaine Saint-Guillitouarn ce mariage. Un jour où la jeune fille était en C’est à cette période que le folklore de la sta- Dite aussi Saint-Édouard, cette fontaine est prière près de la source, son père survint et tue se met en place, puisqu’au fil du temps lui située dans le bois bordant l’allée de Coat Mez, tenta une dernière fois de la soumettre à ses sont prêtées de multiples vertus thérapeu- près du lieu-dit Ty Guen, à l’est de Landivisiau. projets. Fou de colère devant un ultime refus, tiques. Ainsi saint Bidouzin aurait le pouvoir Elle abrite une statuette de granit. il saisit une hache qu’il tenait toujours à sa de guérir les malades atteints de troubles 5 12 ceinture et trancha la tête de sa fille. gastro-intestinaux. 13 LE PATRIMOINE LES TANNERIES ÉCONOMIQUE ET INDUSTRIEL En 1812, trente-deux tanneries étaient recen- sées à Landivisiau. Chacune d’elles employait au moins trois ouvriers et les plus prospères, 1. Un Julod en cos- L’EXPANSION ÉCONOMIQUE DE LA VILLE jusqu’à quinze personnes. tume traditionnel S’EST FONDÉE SUR UN SOCLE DE DEUX L’activité de tannerie consiste à transformer tenant une balance ÉCONOMIES : CELLE DU LIN AUX XVIE ET les peaux d’animaux en cuir, en les rendant sur laquelle il 1 pèse un écheveau. XVIIE SIÈCLES, PUIS L’INDUSTRIE DES imputrescibles, souples et résistantes. TANNERIES AU COURS DES DEUX SIÈCLES Les ouvriers tanneurs exerçaient un métier SUIVANTS. très pénible en raison des mauvaises odeurs une "aristocratie paysanne", très présente et du bruit permanent occasionnés par cette dans les fabriques des paroisses. Les Juloded activité. Rejetées à la périphérie des villes, de la région de Landivisiau apparaissent LE LIN les tanneries étaient toujours implantées aux surtout au XVIIIe siècle et se maintiennent Si la production et le commerce de toiles de En plus de cette activité, il y développe aussi environs immédiats de sources d’eau, afin jusqu’au XXe siècle. lin trouvent leur origine au XIVe siècle, c’est au la fabrication de colle et gélatine, fabriquées que les bassins de trempage soient toujours XVIe et au XVIIe siècle que l’économie toilière à partir des sous-produits de la tannerie. Cette pleins. atteint son apogée. Cet âge d’or apporte aux usine, située en contrebas de l’Espace cultu- Après traitement – les opérations de tannage paroisses du Léon une prospérité exception- rel Lucien-Prigent, ferme rapidement après pouvant durer jusqu’à deux ans – les peaux nelle qui trouvera une traduction artistique son implantation. Aujourd’hui détruite, elle étaient séchées dans le grenier à claire-voie dans la construction des ensembles monu- a laissé place en 2007 à la piscine intercom- ouvert aux vents, caractéristique de l’architec- mentaux que sont les enclos paroissiaux. À munale. Seul un mur de cette ancienne usine ture des tanneries. Pour les propriétaires, les Landivisiau, l’enclos paroissial disparu, rares subsiste, près du parking de la piscine. bénéfices de cette activité n’étaient pas négli- sont les témoignages de cette période glo- geables. Tout comme leurs homologues toiliers, rieuse si l’on excepte le porche sud de l’église les tanneurs exportaient dans toute l’Europe. "miraculeusement" parvenu jusqu’à nous. Comme l’activité linière, celle des tanneries a Malheureusement, face aux nouveaux édits peu à peu cessé d’exister, à tel point que toute de Colbert qui taxent lourdement les importa- une architecture industrielle, qui pourtant tions de toiles anglaises, les producteurs léo- balisait le paysage urbain, a disparu. nards éprouvent de plus en plus de difficultés Ces deux commerces florissants – lin et tan- à écouler leurs marchandises sur les places nerie – ont donné naissance à une catégorie étrangères. Les guerres successives que livre la sociale typique de la région léonarde : les 2 amenuisent les chances des mar- 1 Juloded. Ces paysans marchands formaient chands toiliers de pouvoir exporter vers des 2. Mestual, croquis Fons de Kort pays devenus ennemis. La production des La tannerie de Mestual toiles chute au XVIIIe siècle et l’incapacité à prendre le virage de la révolution industrielle À Landivisiau, seule une propriété privée, l’ensemble de Mestual situé derrière le entraîne la disparition de cette activité. En cimetière, se fait encore l’écho de cette activité. Bien qu’une première mention d'une 1835, seuls subsistent deux fabricants de construction à Mestual apparaisse en 1542, l'essentiel des bâtiments et des installations e toiles de lin à Landivisiau. En 1935, un der- date de la deuxième moitié du XIX siècle. La partie la plus récente est l'usine à colle et nier sursaut d’activité a lieu sous l’impulsion à gélatine qui fut ajoutée en 1872, mais l’activité était déjà attestée sur place en 1730. de M. Tréanton, industriel local, qui décide La capacité des séchoirs est estimée à environ 350 peaux. Aujourd’hui, le moulin à tan de transférer une usine de teillage de lin* à 2 a été converti en maison d’habitation. La propriété est inscrite aux Monuments histo- Landivisiau. 1. L'usine à colle et à gélatine 2. Seul mur subsistant riques depuis 1995 au titre de ses bâtiments, à savoir le logis avec ses cours, l’écurie, 14 au début du XXe siècle aujourd'hui les séchoirs, le moulin à tan, les vestiges de la tannerie et de l'usine à colle, mais aussi 15 le potager et le verger. Le cadran solaire LE CHEVAL Fréquenté toute l’année, récemment équipé Face au déclin du commerce toilier du XVIIIe d’un vaste manège couvert, il anime le nord Face à la place Jeanne-d’Arc, sur l’avenue Maréchal- siècle, Landivisiau se reconvertit dans le de la ville avec l’hippodrome de Croas-al- Foch, on découvre, apposé sur le mur de la rési- commerce du cheval de trait qui connaît une Leuriou créé en 1911, en même temps que la dence près de la pharmacie, un cadran solaire. grande ampleur. Les nouveaux débouchés Société des Courses Hippiques. Daté de 1695, il ornait à l’origine le mur de l’an- font la fortune de la ville et lui confèrent La Maison Familiale Rurale, quant à elle, est cienne auberge dite du "Grand Turc", qui prenait rapidement une image : celle de "capitale du spécialisée dans les formations liées aux place à cet endroit. La tradition veut que le nom cheval breton". Au début du XXe siècle, la ville métiers du cheval. Pour compléter cette de cette auberge lui ait été donné au XVIIe siècle, compte ainsi plus de 32 marchands de chevaux offre, de nombreux centres équestres, poneys suite au passage d’un ambassadeur ottoman et de et de la gare partent plus de 18 000 chevaux en clubs ou associations de sport et de tourisme sa suite, débarqués à Brest et qui accompagnaient 1939 (et autant par la route) ! équestres se sont développés au fil des ans. le sultan de Constantinople à Versailles. Un champ de foire est créé en 1870 pour per- 1 Chaque année, d’avril à juillet, le Pays de Ce cadran solaire est en schiste ardoisier, maté- mettre la présentation de cette foule d’équi- 1. Concours de saut d'obstacles à l'Équipôle Landivisiau vibre au pas des chevaux à travers riau courant et très utilisé en Bretagne pour dés présents lors des marchés. Avec son aire les Equi’Folies, un festival d’événements et de passé et reste fidèle à cette image. En effet, des créations de ce type, il se grave facilement. sablée, il est une empreinte forte dans le pay- rencontres autour de l’animal emblématique de nombreuses manifestations ont lieu L’inscription sage urbain et rappelle cette intense activité, si cher au cœur de ses habitants. toute l’année sur la place du champ de foire, "FAIT L’AN 1695 PAR ◊ G ◊ LA" à l’instar des nombreuses écuries derrière les pour le plus grand plaisir des acheteurs et nous renseigne sur les initiales de son créateur. maisons qui entourent la place. En septembre, des touristes. La plus connue est celle de la Le tracé horaire est réalisé pour un cadran vertical la traditionnelle foire Saint-Mathieu était l’oc- Pentecôte, avec le traditionnel "concours du méridional, c’est-à-dire plein sud géographique. casion de très importants rassemblements cheval breton" qui chaque année est l’occa- La réimplantation du cadran a été faite sur un autour du cheval. Elle était alors l’une des plus sion d’un rassemblement exceptionnel qui mur qui est déclinant de 25° à l’est. Nous n’au- grandes du Nord-Finistère, avec celles de attire des milliers de spectateurs. Fort de rons donc pas la lecture de l’heure solaire. Pour Morlaix et de Saint-Pol-de-Léon. ces traditions et de cet ancrage territorial, le l’obtenir, il faut orienter le cadran de cette valeur La fin de la Seconde Guerre mondiale et la Pays de Landivisiau a inauguré en 2012 un de 25°. Qu’importe, l’essentiel est de montrer mécanisation de l’agriculture ont considéra- Équipôle, centre d’entraînement et de com- une œuvre créée en 1695 qui reste une excellente blement réduit l’élevage chevalin du Pays de pétition dédié aux sports équestres, au loisir 3 trace du passé tant dans l’étude, dans la réalisa- Landivisiau, qui n’oublie pas pour autant son et au tourisme. tion que dans la conservation. Les heures sont 2. Démonstration d'attelage 3. Présentation de chevaux chiffrées de 5h du matin à 7h du soir en chiffres lors du concours du cheval sur le champ de foire au breton début du XXe siècle arabes. En décor nous observons un calvaire qui est aussi une marque courante du XVIIe siècle sur Paotr mad les cadrans solaires bretons. Cette omniprésence du cheval se traduit sym- Ce cadran, rénové en 1983 par François Mesmeur, boliquement par Paotr mad et ses 450 kg de alors professeur au collège de Kerzourat, a été feuilles de laiton soudées au cuivre. L’imposante donné à la ville de Landivisiau par son dernier sculpture de 2,50 m que l’on doit à l’artiste Roger propriétaire en 2004. Joncourt, sculpteur à , trône face à l’Hô- tel de Ville. Elle a été commandée dans le cadre du 1% artistique lors de la reconstruction de la mairie en 1982. Cette œuvre a eu pour modèles deux étalons : Paotr mad (littéralement, "le bon garçon"), trait breton primé en 1962 à Landivisiau et Océan, un postier breton. Sa création a nécessité six mois 16 de travail, d’études et de croquis préparatoires. Voir le visuel en page de couverture. 17 2 E E LE MANOIR DE KRÉAC’H KÉLENN ET Lucien Prigent LES XX ET XXI L’ESPACE CULTUREL LUCIEN-PRIGENT Un premier manoir était probablement SIÈCLES implanté plus au nord, à proximité de l’ancien Né en 1937 à Trémel 3 château de Daoudour. La première mention (Côtes d’Armor), Lucien LA PÉRIODE CONTEMPORAINE VOIT des Prigent, seigneurs de Créac’h-Quélen, Prigent développe très LANDIVISIAU S’AFFIRMER COMME UN date du début du XVe siècle. Au milieu du XVIIIe tôt des aptitudes pour la LIEU DE PROMOTION DE LA CULTURE. siècle, un marchand de toiles, Yves Kermarrec, sculpture. Le bois est son rachète le domaine. Sa fille épouse Guy Le matériau de prédilection. Guen de Kerangal, maire de Landivisiau en 1791 et député aux États généraux. Arrivé à Paris dans les années 1960, il suit XAVIER GRALL Le manoir actuel a été bâti par la famille pendant un temps des cours du soir à l’École Journaliste, poète et écrivain, Xavier Grall Tréanton dans les années 1920, au-dessus de Boulle et côtoie de nombreux artistes : Zorko, est né le 22 juin 1930 à Landivisiau, berceau1 l’usine à colle et de teillage de lin* qu’elle avait Indenbaum, Terzieff… de sa famille depuis le XVIIe siècle. Il doit sa construite dans le vallon. Il participe à de nombreuses expositions et rem- notoriété à la publication du Cheval couché Devenu propriété communale, le manoir porte des prix, dont la médaille d’argent de la (1977), réponse au Cheval d’orgueil (1975) de abrite aujourd’hui l’Espace culturel Lucien- Ville de Paris en 1981. Pierre-Jakez Hélias et son "folklorisme fossi- Prigent, créé en 2002 suite à la donation de lisant" selon ses termes. Xavier Grall entre à l’œuvre sculptée de Lucien Prigent (1937- Lucien Prigent revient sur ses terres, à Plouégat- la rédaction de La Vie Catholique en 1952 et 1992) à la Ville de Landivisiau. Moysan, en 1984. En 1989, il participe au pre- collabore avec Le Monde à partir de 1973. Réparti sur trois niveaux, il accueille régulière- mier Salon de sculpture contemporaine de Il prend très tôt conscience de son identité ment des expositions d’art contemporain. Un Landivisiau, dont il restera l’une des figures bretonne et magnifie la Bretagne dans son 1 2 étage est entièrement consacré à la présenta- marquantes. œuvre. tion des œuvres de Lucien Prigent, avec une Au début des années 1970, il fonde le journal reconstitution de son atelier. Partie à l’origine d’une figuration populaire bre- nationaliste breton La Nation bretonne avec L’HÔTEL DE VILLE tonne, son œuvre s’oriente peu à peu vers une Alain Guel et Glenmor, ainsi que la maison Avant la Révolution, la ville ne possédait pas expression plus personnelle où les différentes d’édition Kelenn. de bâtiment propre à la mairie. À partir de l’an 3. Le manoir de Kréac'h Kélenn essences de bois sont privilégiées. Les courbes Il quitte Paris en 1973 pour Nizon, près de V (1797) et jusqu’en 1846, le conseil municipal souples et douces de ses sculptures émergent Pont-Aven, dans la ferme de Botzulan. Xavier loue un local où se règlent les affaires com- des troncs d’arbres pour évoquer ses thèmes pré- Grall poursuit aussi à distance sa collabora- munales. Après étude de différents projets, en férés : l’homme, le corps de la femme, l’oiseau. tion avec La Vie et Le Monde. Il publie des bil- 1846, on inaugure la mairie, bâtiment situé rue lets, des chroniques - Les Billets d’Olivier – des du Général-de-Gaulle et qui, jusqu’en 2007, a En 1992, alors qu’il est considéré comme "l’un essais sur François Mauriac ou James Dean. accueilli la perception. des chefs de file de la sculpture contemporaine Il s’éteint le 11 décembre 1981 à Quimperlé et En 1979, on décide de construire une nou- bretonne", il meurt à 55 ans, terrassé par une est inhumé au cimetière de Landivisiau. velle mairie à l’emplacement du "château crise cardiaque. Située près de la bibliothèque municipale qui Combot" maison de maître élevée à la fin du porte le nom de Xavier Grall, une sculpture en XIXe siècle où se trouvait la perception. La mai- Très vite, se forme l’Association des Amis de métal de Roger Joncourt rend hommage au poète, rie est transférée provisoirement au manoir de Lucien Prigent, tandis qu’une grande part de ses tout comme le Festival de poésie "Moi les Mots", Kréac’h Kélenn. En juin 1982, le conseil muni- œuvres est léguée à la Ville de Landivisiau par organisé tous les deux ans depuis 2011. cipal inaugure la nouvelle mairie conçue par son épouse Suzanne, dans l’Espace culturel qui les architectes Claude Fouillard et Thierry porte désormais le nom du sculpteur. 1. Xavier Grall, sculpture Mostini. Situé au cœur de la ville, le bâtiment de Roger Joncourt se distingue par sa grande verrière, ses châssis 18 2. L'Hôtel de Ville rouges et ses portiques métalliques. 3 19 LES SALONS EN MAIRIE Chaque printemps depuis 1989, le Salon de Durant plus d’un mois, une centaine d’artistes sculpture contemporaine, organisé en parte- investit le hall de l’Hôtel de Ville. Mettant à nariat avec l’association Sculpteurs Bretagne, l’honneur la pluralité des techniques, le salon prend place dans le hall de l’Hôtel de Ville. s’est ouvert depuis quelques années à la pho- Créé à l’initiative de Roger Joncourt, sculp- tographie : à ce titre, le Prix Yves Hernot de la teur à Mespaul, le salon expose des artistes photographie a été créé en 2017. membres de l’association. Il présente des œuvres variées, reflets de la création sculptée LANDIVISIAU, VILLE EN POÉSIE contemporaine. En parallèle se tiennent En hommage au poète Xavier Grall, chaque année une double exposition Landivisiau a inscrit la poésie comme élé- à l’Espace culturel Lucien-Prigent et des ins- ment majeur de sa politique culturelle. Depuis

tallations artistiques en extérieur. 1 2013, la ville porte fièrement le label "Ville en À l’automne, place au Salon de peinture du Poésie"attribué par le Printemps des Poètes – Léon. Créé en 1968 à l’initiative de la Ville de Centre National pour la Poésie – au regard de Landivisiau, du Comité des Fêtes, du syndicat la vitalité du Festival "Moi les Mots". Initié par d’initiative et de l’union des commerçants et Georges Tigréat, maire de Landivisiau de 2001 des artisans de l’époque, c’est LE rendez-vous à 2014, ce rendez-vous désormais attendu sur incontournable des peintres amateurs et pro- le territoire donne à entendre celles et ceux fessionnels du territoire. Il décerne chaque qui portent avec exigence, engagement mais

année le Grand Prix de peinture du Léon. aussi humour la parole poétique sous toutes 3 ses formes. Ainsi, tous les deux ans en novembre, ce sont plus de 10 000 personnes qui se donnent LE VALLON rendez-vous à Landivisiau autour de la poé- 1. Salon de sculpture contemporaine Inauguré en 2011, cet équipement public sie, pour des rencontres, des spectacles, des municipal, situé sur le site de Kerivoal, 2. Festival "Moi les Mots", 2015 lectures, des expositions et des ateliers de accueille une programmation de spectacle pratique artistique. 3. Exposition de Valérie Linder, 2017 vivant et de manifestations culturelles, des réunions et conférences, des assemblées générales, des rassemblements associatifs... Avec un vaste plateau de 260 m² et une régie son et lumière, il est un lieu de diffusion artis- tique pluridisciplinaire, tout comme un lieu de travail et de recherche pour les artistes. Le Vallon accompagne des créations et des équipes artistiques dans leurs parcours, afin de donner naissance à de nombreux spec- tacles et événements. De rayonnement inter- communal, le projet du Vallon se construit autour d’une forte démarche partenariale et d’une grande implication territoriale.

Retrouvez toute l'actualité du service culturel 1 2 sur le site : www.le-vallon.bzh 20 21 GLOSSAIRE Vers Plouescat Vers Saint-Pol-de-Léon et

ACANTHE : motif ornemental inspiré d’une LANTERNON : petite lanterne, placée ici au N12 Vers Morlaix et Rennes plante méditerranéenne aux feuilles très sommet du porche de l’église. N12 Vers Brest grandes et très décoratives. MACLE : losange percé à jour en son milieu CARTOUCHE : n.m. Ornement sculpté qui par un losange plus petit. décore la façade d’un bâtiment. Il peut conte- PLAN DE nir des armoiries, des noms, des emblèmes… MORNÉ : sans dent, sans griffe et sans langue. SITUATION 100 m CHAPITEAU IONIQUE : l’ordre ionique cor- PAMPRE DE VIGNE : ornement fait d’un respond à l’un des trois ordres de l’architec- rameau de vigne sinueux, avec feuilles et ture grecque (avec le dorique et le corinthien). grappes. Il est caractérisé par des chapiteaux (sommets de colonnes) ornés de volutes, formes en spi- PIERRE DE KERSANTON : roche magma- rales qui retombent de chaque côté de la tique riche en mica noir, permettant une Sentier des tanneurs colonne. sculpture très fine. Elle était extraite dans des et des tisserands carrières qui se trouvaient sur les berges de CLÉ DE VOÛTE : pierre placée dans l’axe de la rivière du Camfrout, en baie de . symétrie d’un arc ou d’une voûte, qui main- Facile à travailler lors de son extraction, elle tient l’ensemble des pierres autour d’elle. a la particularité de durcir au fur et à mesure

du temps. d’Arvor Rue COLONNE À FÛT CANNELÉ : colonne dont la Vers Le Vallon

partie principale présente des rainures, des PLEIN CINTRE : cintre décrivant un demi- stries taillées dans la pierre. cercle, sans brisure. Mangin Gal du Rue Av. Maréchal-Foch CUL-DE-LAMPE : élément s’évasant à la SABLE : en héraldique, de couleur noire. manière d’un chapiteau, établi en saillie sur Vers Brest Rue du Gal-de-Gaulle un mur pour porter une charge. SÉNÉCHAUSSÉE : étendue de la juridiction Rue Pasteur d’un sénéchal, principal officier de justice d’un Sentier des tanneurs DAIS : petite voûte en surplomb ornementée, seigneur. et des tisserands couvrant l’emplacement réservé à une statue. TEILLAGE DE LIN : opération consistant à ENTABLEMENT : partie qui surmonte une file séparer les différents composants des tiges Circuit Mon Tro Breizh

de colonne appelée colonnade. de lin. Vers Sizun et et Sizun Vers

ENTRAIT : base du triangle que dessine une TRÈVE : en Bretagne, une trève est une suc- Vallée du Lapic Clémenceau G. Rue ferme de charpente. cursale de paroisse, rendue nécessaire par l’éloignement du lieu de culte paroissial. PATRIMOINE GAINE : sorte de piédestal qui se rétrécit vers 1 Église Saint-Thuriau 7 Statue de Xavier Grall le bas et qui supporte un buste. TYMPAN : ici, espace semi-circulaire au-des- 2 Fontaine Saint-Thivisiau 8 Bibliothèque Xavier-Grall sus du portail d’entrée. 3 Ossuaire ou chapelle Sainte-Anne 9 Mairie 22 4 Chapelle Notre-Dame de Lourdes 10 Parc de Kréac’h Kélenn 5 Tannerie de Mestual et Espace culturel Lucien-Prigent 6 Statue de Paotr mad 11 Point I (uniquement en juillet-août) « ON NE NAÎT PAS BRETON, ON LE DEVIENT, À L’ÉCOUTE DU VENT, DU CHANT DES BRANCHES, DU CHANT DES HOMMES ET DE LA MER ». Xavier Grall

Landivisiau appartient au Pays d'art À découvrir à proximité et d'histoire - Pays de Morlaix. Centre d’Interprétation de Le label "Ville ou Pays d’art et l’Architecture et du Patrimoine d’histoire" est attribué par le ministère "Les Enclos" de la Culture. Il qualifie des territoires, 53 rue du Calvaire - 29400 GUIMILIAU communes ou regroupements de 02 98 68 33 33 - www.ciap-enclos.fr communes qui, conscients des enjeux Remerciements que représente l’appropriation de leur Commentaires sur le cadran solaire : architecture et de leur patrimoine par Pierre Labat Ségalen, coauteur du livre les habitants, s’engagent dans une "Cadrans Solaires de Bretagne" (Éd. démarche active de connaissance, Skol Vreizh, Morlaix, 2010) et membre de conservation, de médiation et de de la Commission des Cadrans Solaires soutien à la création et à la qualité de la Société Astronomique de France. architecturale et du cadre de vie.

Renseignements Crédits photos Office de tourisme du Pays de © Ville de Landivisiau, Équipôle du Pays Landivisiau de Landivisiau, Mairie de Saint-Pol-de- 53 rue du Calvaire - 29400 GUIMILIAU Léon, Michaela Čápová, Hubert Linder, 02 98 68 33 33 Albert Pennec, Claude Prigent, Fons de info-paysdelandivisiau@roscoff- Kort, Pierre Labat Ségalen. tourisme.com Page 15, visuel 1 : Adolphe Leleux, Homme de Landivisiau, in Album "La Bretagne Mairie de Landivisiau ancienne et moderne" / Pitre-Chevalier, Service culturel illustré par Leleux, Johannot, C. Fortin, 16 rue du Général-de-Gaulle Prosper Saint Germain, Penguilly, Paris, 29400 LANDIVISIAU - 02 98 68 67 63 W. Coquebert, 1844. Collection Musée [email protected] départemental breton, Quimper.© Musée Culture Landivisiau départemental breton / Serge Goarin Service culturel Landivisiau