Cet ouvrage a été réalisé par la Conservation régionale de l'Inventaire Général sous la direction de Marie-Claude Mary Conservateur régional de l'Inventaire Général en Franche-Comté

Enquêtes et dossiers Éric Coutureau, Bernard Pontefract, Bernard Ducouret Conservateurs de l'Inventaire Général

Rédaction Bernard Pontefract

Photographies Yves Sancey avec la collaboration de Jérôme Mongreville, photographes à l'Inventaire Les photographies aériennes proviennent du fonds Henrard

Mise en page Bernard Pontefract, Yves Sancey

Cartographie Pascale Simonin, graphiste Saisie Elisabeth Weber, agent I.T.A. à l'Inventaire Comité de lecture Bernard Toulier Conservateur de l'Inventaire Général, Sous-Direction de l'Inventaire Général Nous remercions de leur concours Henri Auger, maire de Lons-le-Saunier ainsi que le personnel des services municipaux, les prêtres desservant les paroisses et les habitants qui ont largement facilité notre tâche

Ces Images du Patrimoine ont été réalisées à partir des résultats du pré-inventaire normalisé de la ville de Lons-le-Saunier. L'ensemble de la documentation en cours d'établissement (128 dossiers d'architecture, 126 dossiers d'objets mobiliers) sera consultable : à Besançon Direction régionale des Affaires Culturelles Conservation régionale de l'Inventaire Général 9 bis, rue Charles-Nodier Tél. 81.82.04.89 à Paris Sous-Direction de l'Inventaire Général Hôtel de Vigny 10, rue du Parc-Royal, III' Tél. 16 (1) 42.71.29.02

La réalisation de ce fascicule relève des actions soutenues par l'Association pour la Promotion et le Développement de l'Inventaire Comtois. Elle a bénéficié d'une aide financière de la Sous-Direction de l'Inventaire Général.

(Ç) Inventaire Général, SPADEM

Couverture : le beffroi et l'entrée de la rue du Commerce FRANCHE-COMTÉ

LONS-LE-SAUNIER

Jura

Lons-le-Saunier est située au débouché de la plus (appelé « plateau lédonien ») au nord-est et la méridionale des reculées — celle de la rivière la Petite Montagne au sud-est. Dominée par le rebord Vallière — au contact de pays bien différenciés : le du plateau, la ville est entourée par un ensemble de Vignoble au nord, le Revermont au sud, les plaines collines, buttes-témoins de l'ancienne ligne de re- de la Bresse à l'ouest, le premier plateau du lief : , Montciel, Chille et Pymont. Rien

Gravure de Née d'après un dessin de Lallemand, extrait de Description particulière de la . Département du Rhin. Franche-Comté. — Paris : Lamy, 1781-1796, 31" livraison, n" 20.

VUE D'UNE PARTIE DE EA VILLE DE LONS-LE -SAULNIER,

FrancAc Comte 2..1 frise sur la hatitatr'*- � -' i/vr Sa/ines - ne distingue cette reculée de celle de la Seille, dix vestiges ont été mis en évidence pendant les travaux kilomètres plus au nord, sinon les ressources de son de construction du palais de Justice et de la gen- sous-sol : le sel. L'origine du site primitif de darmerie. A Richebourg et au Puits-Salé sont signa- Lons-le-Saunier réside, outre une situation topo- lées des trouvailles gallo-romaines. graphique favorable aux échanges, dans la présence Au haut Moyen-Age, un bourg s'établit autour du des nombreuses sources salées de la vallée de la Puits-Salé : le quartier Richebourg. Lons est, pour Vallière, principalement celle du Puits-Salé. la première fois, dite le Saunier, dans la Vita Sancti Au paléolithique, le site ne présente aucune trace Odonis, abbé de Cluny, écrite vers 980 : « villa qui d'occupation humaine, alors que l'époque néolithi- dicitur Ledo ubi conficitur sal ». Un deuxième pôle que a livré une quinzaine de haches, dont cinq à d'attraction se forme aux ve et vie siècles autour de Richebourg et une au Puits-Salé même, ainsi l'église Saint-Désiré et du tombeau de ce saint. Le qu'une pendeloque et un poinçon en os. Si à l'âge nombre des villas avait attiré une population suffi- du bronze le matériel archéologique ne consiste samment dense pour y permettre une évangélisa- plus qu'en quelques bracelets, les deux tumulus de tion précoce. Saint Désiré, évêque de Besançon, Montciel indiquent qu'une population sédentaire mourut à Lons-le-Saunier vers 414. Sa visite en ce est établie aux alentours. A l'âge du fer, les objets lieu, où aurait déjà existé une chapelle dédiée à sont plus abondants. Le nom de Ledo est proba- saint Nicolas, est la première preuve de l'existence blement d'origine celtique mais sa signification est d'une communauté chrétienne dans l'actuel dépar- obscure. Au xixe siècle, les étymologistes l'ont in- tement du Jura. Des historiens ont même cru re- terprété comme lié à la source salée. D'autres topo- connaître un baptistère dans un bassin appelé Fon- nymes seraient également celtiques : le Solvan, taine de Rome, proche de l'église Saint-Désiré, et Chaudon. Lons demeure alors un lieu de passage ont fait de Lons-le-Saunier à cette époque le siège plus qu'un grand centre d'habitat. d'un évêché. A l'époque romaine, l'exploitation du sel doit être L'organisation civile et religieuse de la cité se encore purement locale. Aussi n'y a-t-il pas non réalise sous la double tutelle des comtes de Bourgo- plus de véritable urbanisation du site, bien que les gne et de l'abbaye de Baume-les-Messieurs. L'église historiens du xixe siècle aient imaginé une ville Saint-Désiré est achetée par cette abbaye en 1083 ; importante entourée de murailles et ornée de tem- la première mention d'un castrum se situe en 1097 ples. Les restes de constructions retrouvés, en 1734, dans une charte de l'abbaye de Cluny. Le sel est au lieu-dit La Ferté et interprétés comme les vesti- exploité pendant le haut Moyen-Age mais l'absence ges d'une enceinte fortifiée, ne sont en fait que les de document concernant cette période ne permet murs d'une villa romaine. D'autres villas sont pas d'en connaître le mode d'exploitation. De connues : au carrefour de la Libération et à l'em- nombreux particuliers ont obtenu le droit d'extraire placement du stade Dumas. Les plus importants eux-mêmes le sel lédonien mais, au début du

Vue générale de Lons-le-Saunier depuis la colline de Montciel. La ville est dominée au loin par les hauteurs de Chille et de Pymont. La ligne de chemin de fer, l'enserrant au sud, n'a été franchie par l'urbanisation qu'entre les deux Guerres Mondiales. XIIe siècle les comtes Renaud II et Renaud III fixent les dates auxquelles les bénéficiaires de droits doivent venir prendre leur sel. Ils rachètent certai- nes « bernes » à des particuliers qui les avaient usurpées et Renaud III met à la tête des salines un comptable spécial, le major. Les abbayes, les plus concernées par ces mesures, ont installé dans le bourg ou dans ses environs des établissements pour utiliser leurs droits sur les salines : bénédictins de Cluny dès le XIe siècle, cisterciens de Citeaux, du Miroir, de Quincy, de Rosières, d'Acey et de Ba- lerne, chartreux de Vaucluse et de aux XIIe et xiii' siècles.

Au xiie siècle, l'exploitation des salines est très florissante. Le comte de Bourgogne, Renaud, et son frère Guillaume, comte de Vienne, exercent une co-seigneurie sur la cité de Lons-le-Saunier, co- seigneurie qui devient par la suite source de rivalité et se traduit par la construction de forteresses. La famille de Vienne possède les châteaux forts de Tracé simplifié des fortifications de Lons-le-Sautiier : 1. Château. Montmorot et de Pymont. Étienne II de Bourgogne 2. Porte Saint-Michel ou des Dames. 3. Porte de Perrigny. 4. Tour hérite du vieux castrum de Lons-le-Saunier et des Cordeliers. 5. Porte de la rue des Cordeliers. 6. Tour des Mussillons. 7. Porte de l'Horloge. 8. Tour du Canon. construit un château fort à Montaigu. En 1237, Jean de Chalon obtient l'accord de l'abbaye de Baume- pas, puis reprend son activité avec Renaud III vers les-Messieurs pour construire un nouveau château 1140 et perdure jusqu'au milieu du XIVe siècle. à Garde-Chemin — le donjon du Pin — édifié en A l'extrême fin du XIIIe siècle (1293 et 1295), les 1259. Dans le même temps, le système défensif est co-seigneurs Hugues de Vienne et Renaud de complété par l'édification du château fort de Chalon, comte de Montbéliard accordent des fran- l'Étoile, suppléant aux déficiences des fortifica- chises à la ville. Ces mesures concourent au déve- tions de la ville, signalées en mauvais état en 1250, loppement d'une bourgeoisie qui continue son et dont le château semble abandonné depuis le expansion pendant la première moitié du xive siècle. XIIe siècle. Aussi la co-seigneurie tourne-t-elle à Les fortifications sont construites après 1364, mais l'avantage de Jean de Chalon l'antique qui domine le quartier du Puits-Salé est exclu de l'enceinte, de toute la région lédonienne depuis son château fort même que le faubourg Saint-Désiré qui doit se d'. En 1253, un accord passé entre les co- contenter de défenses secondaires. Seul le quartier seigneurs stipule que tous les châteaux existants commerçant, autour de la rue des Épiciers (rue du resteront en place, qu'aucun nouveau château ne Commerce), est entouré par les nouvelles murailles. sera construit entre le Pin et d'une part, Le château, déjà mentionné en 1237, est réédifié. Le l'Étoile et Chilly-le-Vignoble d'autre part, et que la périmètre ainsi délimité est relativement restreint hauteur de Coldres, au-dessus de Conliège, ne sera (cf. figure page 3). Il correspond approximative- pas fortifiée ; en outre, le comte de Vienne recon- ment au quadrilatère formé par la rue Tamisier, la naît tenir en fief de Jean de Chalon le château fort rue de Ronde et la rue Pasteur, l'ancien chantier au de Pymont. Les années qui suivent voient l'appau- bois (palais de Justice, prison et gendarmerie), la vrissement de la famille de Vienne qui fonde ce- rue de Balerne et la rue de la Comédie dont il pendant le couvent des cordeliers, vers 1250. La englobe les maisons. A l'angle nord-ouest, l'hôtel rivalité entre les deux familles se traduit par l'aban- de ville occupe l'emplacement du château. Le don progressif des salines de Lons-le-Saunier. Dès 17 juillet 1536, un incendie se déclare dans le 1237, Jean de Chalon effectue des donations aux faubourg Saint-Désiré, franchit les fortifications et abbés sur les salines de Salins, qu'il possède seul, au se propage dans toute la ville qui se relève à peine détriment des salines de Lons-le-Saunier dont il d'un autre sinistre, survenu en 1510 au cours duquel partage la propriété avec les Vienne. Malgré des fut détruit le château. A la suite de cette catastro- travaux entrepris en 1293 pour enrayer les infiltra- phe, le comte de Nassau ordonne de reconstruire la tions d'eau douce dans le Puits-Salé, l'extraction du ville en pierre et en brique au lieu de bois, de sel est abandonnée en 1317. La fin de l'activité des couvrir les maisons de lave ou de tuile, avec des salines entraîne la disparition de la presque totalité rues élargies. des établissements monastiques à l'exception de celui de Balerne qui s'occupe essentiellement de ses Au xvie siècle, Lons-le-Saunier est une petite ville vignes et se maintient dans le quartier qui a pris son d'environ 2 000 habitants (479 ménages en 1595). nom. Elle se cantonne dans le périmètre de ses fortifica- tions et ne comporte que deux rues principales : Dès la seconde moitié du xin" siècle, Lons-le-Sau- dans le sens. nord-sud, la grande rue qui possède nier est une ville de vignerons et un marché impor- déjà des arcades, complétée par les impasses que tant. Deux foires s'y tiennent annuellement, l'une sont la rue des Cordeliers et la rue Neuve (rue durant la semaine précédant la Pentecôte, l'autre à Perrin), et, dans le sens est-ouest, la rue des Halles la Saint-Martin. La volonté des comtes de manifes- (rue Sébile) accompagnée par la rue de la Croix (rue ter leur indépendance à l'égard des archevêques de de l'Agriculture) et la rue de Balerne (rue de la Besançon explique en partie la création d'un atelier Comédie). Des halles sont construites en 1540. Aux monétaire : fondé par Renaud Ier, il ne lui survit faubourgs Saint-Désiré et des Dames (Richebourg) s'ajoutent ceux, constitués de quelques maisons, de le dernier vestige de la tour des Mussillons ne la Fusterie (rue Jean-Jaurès) sur la rive droite de la disparaît qu'au milieu du xixe siècle. La ville dé- Vallière, et du Louvatan au nord-ouest. La ville borde du vieux quadrilatère dessiné par ses murail- dispose d'une mairie en 1587. Mais, assiégée par les les et conquiert de nouveaux espaces. Des rues sont troupes d'Henri IV en 1595, elle est à nouveau ouvertes : la rue neuve, ou rue du Palais (rue détruite par un incendie. Tamisier), bâtie à partir de 1725, et la rue du Louvatan (rue Lafayette). Dans le sens est-ouest, la Il ne reste que 30 habitants à Lons-le-Saunier en rue de la Fusterie est prolongée, d'abord jusqu'au 1642. Que s'est-il passé ? la peste, la guerre, le feu. niveau du couvent des cordeliers puis jusqu'à la En septembre 1634, une épidémie de peste se route de Conliège ; la rue neuve (rue Lecourbe) déclare dans la ville et, lorsque les troupes françai- prolonge la ruelle du Moulin jusqu'au pont royal ses dirigées par le maréchal de Longueville l'assiè- (1735-1743) et rejoint le nouveau tracé de la route gent en juin 1637, elle a déjà perdu entre un tiers et de Lyon (1700-1724) par Montmorot. Dans l'axe de la moitié de sa population. Le 25 juin, le siège se la rue des Cordeliers, le pont de Montaigu donne termine par l'incendie du faubourg Saint-Désiré, passage à la route de Montaigu (rue Rouget-de- propagé à toute la ville, et par le pillage. Après la Lisle) ouverte en 1735. L'ancienne place du Fau- conquête française et le traité de Nimègue (1678), le bourg, croisement de nouvelles rues est-ouest et pouvoir royal impose le comblement des fossés, nord-sud, est agrandie par la démolition des murail- lequel dure de 1681 à 1688, sauf à l'angle sud-est où les et devient le centre de la ville. Des édifices ils ne le sont qu'entre 1737 et 1751, et la destruction publics sont alors construits : hôtel de ville à l'em- des fortifications. La suppression des portes et des placement du château (1735-1743), hôtel-Dieu murailles, commencée en 1716 par la porte des (1725-1744) en remplacement de l'ancien hôpital du Dames, se fait pour l'essentiel jusqu'en 1730, mais faubourg Saint-Désiré (1671-1689), carserne (ache-

Deux dessins pour l'élévation de la façade de l'église neuve de Lons-le-Saunier de 1753, par l'architecte bisontin Nicolas Nicole, sont conservés aux Archives municipales de Besançon. La décision de construction d 'une église paroissiale pour suppléer à l'église Saint-Désiré que les paroissiens partageaient avec les moines apparaît dès 1716. Une première tentative n'aboutit pas. Le projet fut repris et la première pierre de l église fut posée en 1755. Les plans adoptés étaient ceux de l'ingénieur Jean Querret du Bois. Cette église ne fut jamais terminée ; les travaux furent interrompus en 1781 en raison de difficultés financières après la modification des plans qui aurait été faite, selon la tradition, avec les conseils de Soufflot. Les matériaux furent vendus en 1810 à l'architecte Attiret pour la construction de bâtiments de graduation aux salines de Montmorot. Les ruines furent utilisées en 1823 pour l'établissement d'un calvaire par les jésuites missionnaires et disparurent en 1845 lors de l'édification du théâtre. Cette maison, située 9, rue de la Chevalerie, en face de la prison, s'élève au milieu d'un jardin. Édifiée dans la seconde moitié du XIX" siècle, elle a été décrite comme une « délicieuse habitation à l'italienne ».

Celle maison de la seconde moitié du xixe siècle, 27, avenue Aristide-Briand, très simple, ne comporte qu 'un seul étage, surmonté d'un étage de comble dans le brisis du toit.

Au 17, avenue Camille-Prost, celle maison de la fin du xixe siècle ou du début du XXe siècle est un des rares exemples de style néogothique à Lons-le-Saunier. Cette maison, située 14 bis, avenue Aristide-Briand offre un exemple de l'influence, quoique estompée, du style 1900 où le décorfeuillagé se limite aux consoles soutenant la logette de la façade.

Au 295, route de Montaigu, sur les hauteurs dominant la ville, au milieu d'un jardin, cette villa allie l'utilisation de la brique comme élément décoratif et la multiplication des volumes des toits aux formes aiguës.