IN MY ROOM Feuille D’Information Consacrée À Brian Wilson Et Aux Beach Boys N° 4 – Printemps 2006
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IN MY ROOM Feuille d’information consacrée à Brian Wilson et aux Beach Boys N° 4 – Printemps 2006 DENNIS WILSON Edito Dennis Wilson, l’homme était un écorché vif, le musicien, talentueux. et les BEACH BOY S Il y a tant à dire, à raconter, qu’il nous a semblé nécessaire de consacrer, non pas 1ère partie, 1961 - 1968 un, mais deux numéros au cadet des Wilson. La pièce rapportée (1961 √ 1964) Voici donc la première partie. Elle fait la part belle à sa musique mais aborde aussi Rien ne destinait Dennis Wilson, le cadet de la fratrie, à devenir à la fois le batteur, l’un des compositeurs et l’emblème du groupe. Quand celui-ci se le cinéma, le surf et parle de passion. forme en 1961, il n’en fait tout simplement pas partie ! Personne n’a éprouvé le besoin de faire appel à cet adolescent instable, dont les Quant à nous, nous continuons d’affronter frasques alimentent les conversations du voisinage et qui ne brille, surtout, les vagues sur cette petite planche de surf par aucun talent musical particulier. Sans les prières de sa mère, soucieuse de cadrer son rejeton et de lui éviter la honte de la mise à l’écart (au appelée In My Room et nous aimerions rebut ?), Dennis n’aurait sans doute jamais appartenu aux Beach Boys. que quelques uns d’entre-vous nous Brian, bon fils aîné, accédera aux suppliques maternelles et intégrera son rejoignent car, parfois, les jambes se font frère...sans emploi défini. La place de Dennis au sein du quintette constitue, donc, dès le départ, un élément d’hétérogénéité qui va perdurer lourdes. pendant 20 ans. Il n’est, en effet, pas interdit de supposer que les rapports particulièrement conflictuels que Dennis entretiendra constamment avec les Enjoy ! autres -et avec Mike en particulier- ont leurs sources notamment ici. Charlie Dontsurf Quoi qu’il en soit, Dennis va devoir légitimer sa participation au groupe, se trouver une place et ne pas décevoir, en particulier, celui qu’il tient déjà pour un génie : son frère aîné. Dans ce but, il va l’inciter à écrire sur le surf, sport qu’il est le seul à pratiquer dans la famille Wilson ; par la suite, la thématique « hot rods » lui devra également beaucoup. Cependant, contre toute attente, il va rapidement s’imposer comme un élément indispensable parce qu’il est tout simplement la seule star potentielle du groupe. Dennis, en effet, est un personnage : contrairement aux quatre autres dont la présence reste et restera anecdotique sur scène (on ne peut dire que les prestations scéniques des Beach Boys ont un grand intérêt visuel !), Dennis capte l’attention, même s’il ne fait rien. Et Mike Love, qui aurait aimé avoir une parcelle de ce pouvoir d’attraction, de ce charisme, en restera longtemps (toujours ?) jaloux. Alan Jardine raconte : « Au début, il [Dennis] était sans problème le gars le plus populaire du groupe. Sur scène, tout ce qu’il avait à faire était de se lever et la foule devenait folle. Mike essayait de chanter et il devait se tourner pour comprendre ce qui se passait. Oh ! ça le foutait en rogne. Il était un peu dépassé car c’étaient des explosions soudaines qui n’avaient rien à voir avec la musique. C’était pour Dennis. C’était une star. » Ce pouvoir, Dennis le conservera toute sa vie : c’est un sex symbol, une star avec tout ce que cela rassemble d’irrationnel. Si l’on examine les choses posément, dans les premières années qui nous occupent ici, Dennis n’est ni un bon batteur – le sera-t-il jamais ? -, ni un bon chanteur, ni un compositeur – les premières tentatives datent de 1967. Les seuls talents qu’on lui connaît alors sont : surfer, conduire des bolides et faire des conneries ! Pourtant, il n’est pas nécessaire de passer en revue toutes les images conservées des Beach Boys à l’époque pour se rendre à l’évidence : IL est LES BEACH BOYS ; c’est vers lui que tous les regards convergent, que les mains se tendent. Les autres, on ne les voit pas ! Mais qu’ont-ils à offrir, eux ? Mike, sa calvitie naissante et sa gestuelle pour le moins étrange ; les autres Wilson, leurs éternels problèmes de poids ! Autant dire que l’attrait esthétique reste fortement minoritaire ! Aussi Dennis devient-il rapidement un élément essentiel du groupe, qu’il faut conserver, même si, backstage, on se demande souvent pourquoi s’imposer sa présence. Inutile de dire que les absences de Dennis sur scène –de plus en plus fréquentes à partir des années 70- pèseront d’un poids plus lourd (au sens figuré) que celles de Brian : les Boys seront un temps obligés d’excuser son absence sur scène (notamment, pendant le tournage du film, Two-Lane Blacktop). 1 Naissance de l»Artiste (1965 √ 1968) « Be Still » explore une toute autre thématique : instrumentation minimale, un orgue, et la voix brisée de Dennis pour un morceau On peut raisonnablement considérer que jusqu’en 1965, Dennis n’a enregistré, semble-t-il, en une prise le 13 avril 1968. Dénuement, d’un pas tenu un rôle bien défini à l’intérieur des BB. Batteur, parfois, mais côté, luxuriance orchestrale de l’autre : Dennis a réussi son pari dans souvent remplacé par Hal Blaine pour les sessions, vocaliste de les deux cas : sa voie (voix ?) est désormais tracée. temps en temps sans que ses interventions convainquent réellement : C’est alors que surgit un incident, en apparence mineur, et que va « Little Girl » (Surfin’ Safari), « This car of mine » (Shut Down vol 2) ; rapidement prendre des proportions désastreuses : Charles Manson. hors de la scène, Les grandes lignes sont connues, il est inutile d’en remettre sur les Dennis occupent circonstances de leur rencontre, dues à l’attirance de Dennis pour les une place filles qui entourent le Sorcier. Rapidement, Dennis tombe sous la secondaire voire coupe de Manson –l’influence sectaire est une des composantes de facultative. l’époque : songeons au Maharishi !- allant jusqu’à lui abandonner sa Il faut attendre maison, après l’avoir largement entretenu, lui et sa famille. Le drame 1965 et deux de Cielo Drive interviendra un an plus tard… On peut toujours avec le interventions recul juger que Dennis aurait pu mieux choisir ses amis, certes, mais magistrales (« In c’est oublier un peu vite que Manson a fasciné beaucoup de monde à the back of my l’époque. Neil Young raconte : mind » dans « La première fois que j’ai rencontré Charlie, c’était chez Dennis Today ! et la Wilson. Tout un tas de musiciens de L.A. le connaissaient bien reprise des à l’époque, même s’ils diraient sans doute le contraire aujourd’hui. Beatles, “You’ve Mais merde, à quoi bon le renier ? Il avait l’étoffe d’un poète, ce mec got to hide your (…) Tu sais quoi, il était quand même génial. Un type incroyable. Il 3 love away” dans avait vraiment quelque chose » . Rajoutons, puisque Neil n’y fait pas Party !1) pour que allusion et pour compléter le portrait, que Manson professait des la situation de opinions politiques particulières, néo-nazies, dont il ne se cachait pas Dennis évolue (l’homme s’était fait tatouer une croix gammée sur le crâne !) et qui favorablement. ne semblent pas avoir particulièrement émues ses amis de l’époque, Les deux Dennis en particulier. Il faut dire que la Californie d’alors est propice, morceaux non seulement à l’émergence de ce genre de talent perturbé, mais explorent un style également à un total brouillage des cartes. vocal déjà utilisé Barney Hoskins dans son livre sur la vie musicale de Los Angeles le sur « Little Girl » et dont Dennis ne s’éloignera plus guère par la suite résume ainsi : : voix très proche du micro, presqu’ étouffée, émotion et lyrisme « Ce qui faisait l’essence de la communauté musicale de LA, c’était le francs, proches de la plainte et de la lamentation : ce fameux style fait que les frontières entre raison et folie, plaisir et autodestruction, élégiaque qui parcourra, parfois jusqu’à la parodie, ses interventions bien et mal s’étaient irrémédiablement brouillées. Comment, sinon, un des années 70. Pendant l’épisode Smile, c’est naturellement le même groupe comme les Beach Boys, qui incarnait à peine cinq ans type de vocal qui lui confie Brian sur « You’re my sunshine ». auparavant tout ce qu’il y avait de sain et de propret dans la jeunesse californienne, pouvait-il être si dangereusement mêlé à la bande de Néanmoins, si, pour l’instant, Dennis semble avoir gagné ses galons criminels hippies psychopathes qui mettait la Californie à sac sous le de vocaliste, le compositeur est encore inexistant. Il surgira du néant nom de « The Family » ? »4. en 68 et c’est l’une des nombreuses curiosités dans la vie de cette famille hors normes. Pour ce qui nous concerne ici, l’influence de Manson sur Dennis va surtout prendre la forme d’un morceau, « Cease to exist », composé C’est au cours des sessions interminables pour Smile que Dennis va par Manson pour son album Lie et que Dennis va s’approprier, en en avoir l’opportunité d’enregistrer une de ses compositions : le 12 changeant le titre, janvier 1967, pendant une absence de Brian, les musiciens présents, « Never learn not to parmi lesquels Carol Kaye, enregistre un thème intitulé « I don’t love », et proposer know ». Le résultat ne semble pas avoir été déterminant puisqu’il sur l’album 20/20. Le faudra attendre une bonne année, et ce malgré quelques nouveaux morceau n’a rien de essais fin 67, pour que les choses sérieuses commencent, avec bien exceptionnel, à l’enregistrement de 2 titres pour le futur album Friends : « Little Bird » vrai dire, et l’on et « Be Still », entre février et avril 1968.