Histoire Du Canton De Chevagnes
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M. LITAUDON q(istoire (Ill eCtntoll cie Qfieucignes PREMIÈRE PARTIE DES ORIGINES A 1531 MOULINS — LES IMPRIMERIES RÉUNIES 1950 L'Association CHEVAGNES EN SOLOGNE BOURBONNAISE a pour objectif la promotion de Chevagnes et du Pays de Chevagnes : la Sologne Bourbonnaise. Elle a pensé tout naturellement à l'histoire de ce Pays, si patiemment et si passionnément rassemblée dans l'Histoire du Canton de Che- vagnes par Marie Litaudon. Elle remercie la famille de l'auteur d'avoir permis la réédition de ce trésor documentaire inestimable devenu trop rare. Que soit ici rendu hommage à notre histo- rienne locale. Le Secrétaire, Le Président R. Thaveau R. Maridet tyCistoire du Canton de Chevagnes IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 50 EXEMPLAIRES SUR PUR FIL LAFUMA NUMÉROTÉS DE 1 A 50 M. LITAUDON }( istoii'c dll Qanton de ehevaglles PREMIÈRE PARTIE DES ORIGINES A 1531 MOULINS — LES IMPRIMERIES RÉUNIES 1950 AVANT-PROPOS Ce livre est dédié à tous ceux que l'histoire locale intéresse. Aux agriculteurs, oublieux parfois de leurs peines, vaguement songeant aux générations qui les ont précé- dés dans leur œuvre; Aux propriétaires terriens, à qui leurs titres disent l'origine immédiate de leurs biens, mais restent muets sur les plus anciens possesseurs ; Aux promeneurs dont la pensée vagabonde plane au- dessus des réalités du jour pour évoquer les temps dis- parus. Il s'adresse aux lettrés, instruits de l'histoire générale de la France et du Bourbonnais, ignorants peut-être de ses rapports avec tel ou tel point du pays ; aux érudits, pen- chés sur des problèmes obscurs, des questions toujours pendantes, auxquelles nous avons dû toucher dans la mesure où elles concernent l'histoire de notre canton. Nous en avons puisé la matière aux sources imprimées aussi bien que manuscrites, aux inventaires de titres, aux revues locales qui ont noté les découvertes du xixe siècle ou publié des textes anciens. Nous avons surtout compulsé les documents originaux, les pièces d'archives publiques ou privées; nous les avons méditées sur place ou devant les plans du cadastre, afin de leur donner tout leur sens. Pour le lecteur curieux de détail ou l'érudit capable de pousser plus loin les recherches, nous indiquerons en gros nos sources, en fin de volume. Il nous a semblé vain d'alourdir le texte de notes accrochées à des numéros d'ordre, de préciser point par point les références, avec page ou cote. Sans redouter la critique, notre travail étant solidement basé, nous avons jugé fastidieux de rendre constamment compte de tous nos pas. Le juge averti et sérieux saura retrouver lui-même la cote, d'après le sujet. Quant au critique improvisé ou malveillant, la peine qu'il ne manquera pas d'éprouver, à vérifier nos dires, lui permettra de mesurer celle qu'a pu coûter une documentation portant sur plusieurs siècles et des objets fort variés. La surabondance des faits nous a conduite à diviser l'histoire du canton de Chevagnes en deux parties : l'une partant des origines pour finir avec l'indépendance du duché de Bourbon ; l'autre allant de la confiscation de 1527 à l'établissement de l'Empire. Nous y joindrons un aperçu. aussi bref et précis que possible, de l'évolution agricole au xixe siècle. Puisse le lecteur faire à la première partie — que nous présentons en ce volume — un accueil tel qu'il nous encourage à faire suivre aussitôt la seconde. M. LITAUDON. CHAPITRE I LE PAYS Le canton de Chevagnes occupe l'une des trois pointes que le Bourbonnais projette vers l'est, la plus septentrio- nale et la plus aiguë, aux confins du Nivernais et de la Bourgogne. Limité de ce côté par la Loire, il se raccorde, au sud et à l'ouest, dans un cadre où dominent surtout les bois, aux cantons bourbonnais de Dompierre, Neuilly-le-Réal et Moulins, accroche enfin, au nord, les paroisses niver- naises de Lucenay, Lamenay, par des saillies de la plus haute fantaisie. Sa forme générale est celle d'un losange, déchiqueté sur ses bords, irrégulier, mais orienté ; car ses diagonales se coupent loin de leur milieu, à 20 kilomètres de l'angle nord, 10 de l'angle sud ; cependant sa grande diagonale, de Lichy à la Creuse, est dirigée sensiblement du nord au sud ; sa petite diagonale s'étend de l'ouest à l'est, sur plus de 26 kilomètres, des bois de Pomay à la Loire. La surface correspond d'ailleurs à la formule du lo- sange, avec un déficit résultant des accidents du contour. Elle est de 375 kilomètres carrés, répartis en 10 commu- nes de très inégale étendue. Et d'abord, alignées dans le val de Loire, Beaulon, la plus grande, Garnat et Saint- Martin-des-Lais, les plus petites, Gannay, qui n'atteint pas la moyenne ; à l'angle sud, Thiel, qui la dépasse de beaucoup ; à l'angle ouest, Lusigny-Chézy, deux commu- nes réunies en une seule paroisse de 7.800 hectares, y compris l'ancienne circonscription de Saint-Pourçain- Malechère ; au centre enfin, Chevagnes, le chef-lieu, près duquel se pressent La Chapelle-aux-Chasses et Paray-le- Frésil, pour couvrir un peu plus de 11.000 hectares, réali- sant la moyenne. Bien que son chef soit situé à égale distance de la Loire et de l'Allier, le canton appartient au système de la Loire. Petits ou grands, directement ou par intermédiaire, tous ses ruisseaux y vont confluer. La roui^ de Moulins à Bourbon-Lancy franchit les principaux sur des ponts qui peuvent sembler une prodigalité somptuaire, tant est maigre parfois le filet d'eau qu'ils surplombent. Viennent des pluies un peu prolongées, une fonte brus- que des neiges, et les ponts s'avèrent insuffisants pour le flot tumultueux qui les presse. Les eaux grossies enva- hissent les champs, coupent les routes. De Beaulon à Gannay, le Val prend un aspect de mer ; le Ruisseau de Mont, l'Engièvre, mêlant leurs eaux, s'unissent au fleuve pour submerger les fonds, cerner les buttes. Malheur, alors, au riverain qui s'est laissé surprendre sans provi- sions et sans barque ! Malheur aussi, et plus encore, à celui contre lequel la Loire « prend son courant », rongeant ses terres, sapant ses murs. Chaque assaut enlève à son bien quelques arpents. Ainsi ont disparu les Camus ; ainsi diminue peu à peu Jomesson. L'importance des crues de la Loire, leur durée, leur ampleur, résultent des caractères du Val, large au sud — à l'amont — resserré au nord, incliné d'à peine un pour mille dans le sens du cours du fleuve. Plus soudaines et plus brèves sont les crues de l'Acolin, la rivière du plateau. De pente faible encore — moins de 2 mètres par kilomètre — l'Acolin reçoit à Chevagnes l'Huzarde, plus rapide, qui lui jette ses eaux à angle droit au pont des Ternes, contrariant son cours, l'obli- geant à refluer vers le bourg. L'invasion est brusque, mais limitée au voisinage immédiat, grâce à la déclivité du sol. Tel, qui s'était endormi sans défiance, trouve au réveil un pied d'eau en sa maison. Il ne s'émeut pas, sachant par expérience le point où s'arrêtera le flux et que le reflux sera prompt. La rivière « chave » ; elle cause rarement de gros dégâts. Entre l'Acolin et la Loire, le « canal » limite deux par- ties dissemblables du canton. D'un côté, une plaine mo- notone dont l'altitude passe insensiblement de 216 mètres à 202 ; un alignement de « gours » qui sont des restes du fleuve, reliés par d'étroits chenaux ; des rivières pares- seuses, hésitant à suivre leur cours. A Saint-Martin, la Loire se divise en bras qui enserrent des « îles », ; l'En- gièvre s'égare dans le « Biez », large comme un bras du fleuve et comme lui ramifié. C'est bien le pays « des Lais». Pas de bois, mais dans les îles, au bord des gours. d'épais massifs de « verziaux », l'osier des rives de Loire. A l'ouest du canal, le sol brusquement relevé forme un plateau boisé, coupé de larges clairières, de molles vallées, de dépressions multiformes, entre lesquelles res- tent des « tureaux » qui font figure de monts, parfois en portent le titre : le Mont, Montbuisson, Montapeine. Montigny, Montchemin, Montambour, Montgoux, les Mon- tillards, et d'autres. Cependant, les points culminants sont : à Thiel, la Grande-Creuse, 2,85 mètres, à proximité de la Gaize ; à Chézy, le Bois-Brûlé, 277 mètres, voisin naguère du « Chêne des louis » ; à Lusigny, près des Chalots, Mont- blin, 267 mètres, qui domine l'Ozon, et le signal de Pé- teloup, 267 mètres aussi, d'où l'œil embrasse, dans un rayon de 2 à 3 kilomètres, la vallée de l'Acolin, celle de l'Huzarde et les hauteurs qui la séparent de l'Ozon. Chacune a son caractère. Car l'Acolin, la rivière des bourgs, descend selon l'inclinaison du plateau par Thiel, Chevagnes et La Chapelle-au-Chasses, entre deux ran- gées d'habitations, fermes et châteaux, qui peuplent et animent ses rives. Ça et là, ses berges sont coupées de ruisseaux, larges fossés qui lui apportent les eaux froides des sources ou le trop plein des étangs. C'est la rivière amène, sociable, hantée des pêcheurs qui vont chercher dans ses fonds un poisson moins délicat peut-être que celui de l'Huzarde, mais beaucoup plus estimé que le poisson de la Loire ou de l'Allier. Moins accueillante, moins fréquentée, l'Huzarde, née dans les bois, glisse d'abord à leur ombre. Dirigée, semble-t-il, vers Lusigny, elle oblique au nord-est, dès son entrée sur notre canton, puis, après Breuilles, fonce à l'est, dans un lit encombré parfois de végétation, pour confluer en cascatelle à l'Acolin.