Gaël Nofri S'offre Les Réformes De Jacques Chirac
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Gaël Nofri s'offre les réformes de Jacques Chirac Extrait du Nice Premium http://www.nice-premium.com Gaël Nofri s'offre les réformes de Jacques Chirac - Politique - Date de mise en ligne : lundi 2 juillet 2007 Nice Premium Copyright © Nice Premium Page 1/6 Gaël Nofri s'offre les réformes de Jacques Chirac Installé à Nice depuis quelques années, Gaël Nofri est tombé dans le bain de la politique depuis tout petit. Il est aujourd'hui proche de Jacques Peyrat et de Charles Pasqua, ses deux mentors, et, comme tous les niçois, se prépare à la joute municipale qui aura lieu courant 2008. Entretien donc avec un Max Gallo junior qui rêverait de marcher sur les traces de son aîné. Nice Premium : Gaël Nofri, vous sortez un livre "Trois réformes pour un adieu". Quelles sont donc ces réformes et quel est cet adieu ? Gaël Nofri : Oui ! le titre reste énigmatique ... En réalité, les trois réformes en question sont des modifications constitutionnelles adaptées par le Congrès de Versailles le 19 février dernier. Elles sont relatives à l'abolition définitive de la peine de mort, au nouveau statut pénal du chef de l'Etat, et au devenir du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Il s'agit de trois bouleversements majeurs pour nos institutions qui ont été décidés par le Président Jacques Chirac conformément à la politique qu'il a entendu mettre en oeuvre pendant ces douze ans. Sans consultation aucune du peuple, il s'agissait alors de parachever, sous son mandat la profonde modification de la norme suprême modifiée quinze fois. L'adieu est donc, non seulement, celui d'un homme, Jacques Chirac mais aussi, on peut l'espérer, celui d'une ère, celle de modification et de dénaturation de la Constitution Gaullienne. Les réformes ne sont pas des ruptures. NP : Pourquoi un livre sur le mandat de Jacques Chirac et quels sentiments vous inspirait-il ? GN : Ce n'est pas tant un livre sur Jacques Chirac que j'ai écrit, mais plutôt une mise en garde contre les dérives de certains choix politiques et institutionnels. Au final, si le mandat de Jacques Chirac s'achève, les parlementaires qui ont voté ces modifications sont toujours en grande partie présents. Ce n'est dès lors pas exclusivement un regard en arrière, il s'agit aussi d'une appréciation portée sur des textes toujours en vigueur, un message à tous ceux, qui, dans les temps à venir, seraient tentés par de « nouvelles révolutions institutionnelles ». NP : Un livre en appelle souvent un autre. Vous connaissez déjà le sujet du prochain ? GN : Il n'y a pas à l'heure actuelle de prochain livre prévu. Maintenant, il est certain que si celui-ci était bien accueilli, je réfléchirai à une prochaine publication. Ecrire n'est pas le problème : j'écris tout le temps, même quand je ne communique pas. Quant au sujet, je pourrai peut-être aborder un aspect moins technique, tel que le sens que je donne à mon engagement politique, les raisons de mon amour pour la France, ma découverte de Nice et de la Côte d'Azur, l'enjeu Méditerranéen. Copyright © Nice Premium Page 2/6 Gaël Nofri s'offre les réformes de Jacques Chirac NP : Selon-vous, Jacques Chirac serait-il une des clefs du dernier raz de marée UMP à la présidentielle et aux législatives ? GN : Je ne suis pas persuadé que Jacques Chirac ait beaucoup pesé dans la détermination de l'actuelle majorité. C'est parce que Nicolas Sarkozy a réussi à bâtir sa campagne sur des thèmes chers au Français, sur son charisme personnel et sa capacité à entraîner le Peuple de Droite, ainsi aussi qu'à rassembler au delà des clivages autour de l'idée de la Nation, qu'il a emporté les élections présidentielles. Reste maintenant à ne pas décevoir les nombreuses attentes parfois contradictoires... Quant aux législatives, la victoire de la majorité présidentielle, les résultats excellents de l'UMP au premier tour, s'expliquent évidemment par l'instauration du quinquennat. Donner une majorité au chef de l'Etat pour toute la durée de son mandat, ne pas se déjuger moins d'un mois après l'élection, le Président de la République, sont autant d'arguments qui ont tué le temps parlementaire. La différence entre le premier et le second tour s'explique elle, sans doute, par le fossé qui existe entre le programme électoral tel que nous l'entendions et son application tel que le gouvernement le mettra en oeuvre. NP : Comment analysez-vous les premières semaines du Chef de l'Etat et de son gouvernement ? GN : Je remarque que le chef de l'Etat ainsi que son équipe se sont très vite mis au travail afin de trouver les moyens de mettre en oeuvre les engagements sur lesquels ils ont été élus. Je pense que cela était nécessaire si on veut ne pas décevoir l'immense marée humaine de toutes celles et de tous ceux qui leur ont accordé leur confiance, et au delà de ceux qui se sont massivement prononcés aux élections présidentielles. Le dernier scrutin, celui du 17 juin nous alerte d'ailleurs sur ce risque. Cependant, je ne peux m'empêcher de constater, pour être honnête, que déjà des points de divergences sérieux existent, tant sur le plan intérieur qu'international. Les problèmes sont posés... La principale interrogation reste celle relative au Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Quel que soit le nom utilisé, ou le contenu exact, il est inenvisageable qu'une telle disposition - qui viendrait à renoncer, de nouveau, à des pans de notre souveraineté - ne fasse l'objet d'aucune consultation référendaire. NP : Vous êtes l'un des nombreux corses installés à Nice et sur la Côte d'Azur. Quel regards portez-vous sur les relations entre l'Etat Français et l'Île de Beauté ? Quelles seraient, selon-vous, les conditions pour éradiquer violence, corruption et terrorisme en Corse ? GN : On aborde là, en réalité, plusieurs questions en une. L'histoire de la Corse est celle d'une île souvent conquise, pillée ou exploitée par les différentes puissances du Bassin Méditerranéen ; ses rapports avec « les continents » suivent dès lors la géopolitique méridionale. Pour autant, jamais la Corse n'a échangé, n'a trouvé à se construire avec aucune des puissances qui l'avaient envahie. En cela, les rapports initiaux entre la Corse et le Royaume de France ne commencèrent pas de façon bien différente. Cependant, comme un hasard de l' histoire , lorsqu'en 1769 l'Armée Française l'emporte définitivement sur les troupes séparatistes et conquiert ainsi la Corse, la même année naissait Napoléon Bonaparte. Dès ce moment, l'histoire de la Corse et de la France, l'histoire de la Corse dans la France et l'histoire des Corses au service de la France sera un échange et une marche en avant commune perpétuelle. Cela sera le cas sous les Empires, bien sûr, Copyright © Nice Premium Page 3/6 Gaël Nofri s'offre les réformes de Jacques Chirac mais aussi dans la haute administration et les colonies, puis, dans la Résistance et au sein des mouvements gaullistes. Il existe donc un anachronisme qui s'exprime à travers toutes ces velléités séparatistes. Pour ce qui est d'éradiquer le terrorisme, la violence et l'irrédentisme en Corse, il faut d'abord veiller à faire respecter la Loi, à rétablir l'état de droit et ne plus distribuer des amnisties aux ennemis de la République. Il faut ensuite et peut être surtout donner à l'île les moyens économiques de son développement : infrastructures de transports et de tourisme , aménagement des sites naturels et culturels remarquables, modification de la loi littoral devenue une véritable entrave pour l île, contrôle de l'utilisation des fonds publics de bout en bout. Ensuite, et seulement ensuite, doit venir le temps des réformes institutionnelles afin de limiter le nombre de structures (suppression de la double départementalisation) et modification du mode d'élection pour les conseillers territoriaux (afin de limiter l'emprise qu'ont certains caciques locaux sur la vie publique corse). NP : Vous êtes un proche de Charles Pasqua depuis de nombreuses années. Comment est née cette collaboration ? GN : Mon engagement politique est, en effet, lié à la personne de Charles Pasqua. C'est en 1999 que j'ai compris, avec la victoire des listes souverainistes du RPF sur celles du RPR que c'était ainsi que l'on pouvait traduire l'amour que l'on a pour son pays, la volonté de le défendre ainsi que de le voir gérer conformément aux ambitions que l'on a pour lui. Avec le recul, je ne regrette rien de mon engagement au RPF -j'en suis d'ailleurs toujours membre- . Au sein du groupe Union pour l'Europe des Nations, je sais que Charles Pasqua, dernier Président Français d'un groupe parlementaire européen, a oeuvré en faveur d'une Europe des nations, des coopérations, respectueuses des peuples et des identités. La victoire de Nicolas Sarkozy montre sur de nombreux points que Charles Pasqua a eu raison : la posture adoptée par le Président de la République à l'occasion de ces élections a repris à de multiples reprises (à l'exception notable de la construction européenne) le discours gaullien de la droite populaire et républicaine qu'a tenu Charles Pasqua. Le si bon score réalisé par Nicolas Sarkozy s'explique aussi, sans doute, par le fait que celui-ci a mis en oeuvre l'appel de Charles Pasqua en 1988 : les préoccupations de l'électorat du Front National et les celles manifestées par nos électeurs ne sont pas si éloignées. De la posture et du discours aux actes, il reste maintenant à mettre tout cela en oeuvre..