Notre Cher Pont-À-Mousson. Histoire D'une Ville-Frontière D'hier, Centre
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Notre couverture : La charge de la Brigade des Chasseurs d'Afrique du Général Margueritte le 12 août 1870, dans les rues de Pont-à-Mousson. (D'après une image de l'Imagerie de Pont-à-Mousson, 1875, HAGENTHAL ET C Dessin reproduit et modifié par L. BONNEVILLE. NOTRE CHER PONT-A-MOUSSON IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 400 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE 1 A 400. Exemplaire N° 399 Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation, même partielle, réservés pour tous pays. © Copyright by Marius Mutelet, éditeur, 1956 Julien FLORANGE et Pierre LŒVENBRUCK NOTRE CHER PONT-A-MOUSSON Histoire d'une ville-frontière d'hier, Centre universitaire d'autrefois, Cité industrielle d'aujourd'hui. MARIU5 MUTELET, EDITEUR 10, RUE DES JARDINS - METZ - 1956 — Ouvrages de Pierre LŒVENBRUCK déjà parus : CEUX DE LA RÉSERVE. Tallandier, Paris. Epuisé. BOUCHES INUTILES. Taillandier, Paris. LES CAHIERS DU SERGENT WALTER. Taillandier, Paris. Ces trois ouvrages, saisis par la censure allemande, ont eu L'HONNEUR de figurer sur la fameuse liste Otto en 1940. ANIMAUX CAPTIFS. Toison d'Or, Paris, 1954. ANIMAUX DE CIRQUE. Toison d'Or, Paris, 1954. LES GARENNES. Crépin-Leblond et C Paris, 1955. CHIENS DE BERGER. Crépin-Leblond et C Paris, 1955. LE BLAIREAU. Crépin-Leblond et C Paris, 1955. ANIMAUX SAUVAGES DANS L'HISTOIRE. Payot, Paris, 1955. LE JOURNAL DE NICOLAS BRISSET, bourgeois de Nancy, pour les années 1743 à 1745. M. Mutelet, Metz, 1955. NOTRE CHER PONT-A-MOUSSON EN SOUVENIR DE NOS PARENTS J. F. et P. L. « ...Liverdun, Frouard, Custines, Marbache, Dieulouard, Pont-à-Mousson, où l'on pourrait lire Virgile ! Nul poète, malheureusement, ne relève d'un vers immortel ces lieux... « On est simple, simple en Lorraine. On craint si fort de surfaire, de s'en faire accroire, qu'on apprécie mal ce qu'on possède. Qui voudra interpréter en beauté ces jolis endroits d'une douceur un peu atone ?... » Maurice BARRÈS (L'Appel au Soldat). Pont-à-Mousson 1956. INTRODUCTION LA REGION MUSSIPONTAINE par M. J. OBERDORFER Professeur de Géographie au Collège Mixte de Pont-à-Mousson Avant de retracer l'histoire d'une ville ou d'une région, il est souvent intéressant, et parfois nécessaire, de définir sommairement son cadre géographique. Nous allons donc rechercher quels sont les éléments du milieu naturel dans lequel Pont-à-Mousson a pris naissance et s'est déve- loppé. La Région Mussipontaine appartient à la Lorraine des Côtes, ensemble de relief typique, avec sa succession harmonieuse de côtes et de buttes calcaires couronnées de bois, protégeant des vergers et des vignobles, domi- nant des plaines grasses et des vallées humides. C'est à l'explication de ce paysage que sont consacrées les pages qui suivent. Le passé Géologique de la Lorraine des Côtes. A l'ère primaire, le plissement hercynien avait affecté notre région, comme tout le reste du territoire français. Puis ce socle cristallin subit des pénéplanations : l'une prépermienne, l'autre prétriasique, c'est-à-dire précédent et suivant la dernière période de l'ère primaire ; la direc- tion des anciens plis se révèle encore par plusieurs acci- dents du relief actuel, de direction sud-ouest-nord-est, failles et fractures ayant influé sur la direction des fronts des côtes et de leurs entailles, ainsi que sur le réseau hydrographique : sillon de Gorze, bombements dans la région de l'Orne et près de Rambucourt à l'ouest de Pont-à-Mousson, festonnement des côtes de Meuse et de Moselle, cours de l'Esch et du Rupt de Mad. Au fond des mers secondaires s'accumulèrent ensuite les sédiments du trias, du lias et du jurassique, avec l'alternance caractéristique de grès ou calcaires durs et de marnes tendres. Dans ces formations se trouvent deux ressources qui déterminèrent l'avenir économique de la Lorraine : le sel, dans les marnes triasiques du Keuper, le minerai de fer à la base du calcaire jurassique bajo- cien, ce dernier seul intéressant la Lorraine des Côtes. Après le retrait des mers secondaires intervint une péné- planation vers le milieu de l'ère tertiaire, au miocène ; puis au pliocène, une nouvelle transgression marine recouvrit cette pénéplaine et y laissa des cailloutis encore épars en plaques sur les plateaux. La formation du plissement alpin provoqua le relè- vement de la région lorraine et une reprise d'érosions qui donna déjà au relief les grandes lignes que nous lui connaissons : les côtes calcaires puissamment dégagées, dominèrent les dépressions marneuses. Mais les eaux courantes se livrèrent à un travail extrêmement actif : elles entamèrent les fronts des côtes, les firent reculer, les fragmentèrent, en détachèrent des buttes-témoins à la silhouette hardie, telles que Mousson et le Montsec. Les cours d'eau engagèrent entre eux une course à l'éro- sion qui amena de profondes modifications dans le réseau hydrographique: la Meuse se vit privée par la Basse- Moselle de son grand affluent vosgien, la Haute-Moselle ; c'est l'origine du coude de Toul et de la pittoresque traversée de la côte, avec le site de Liverdun, par la Moselle désormais constituée telle que nous la connais- sons, tandis que le val de l'Asne, vallée morte, est uti- lisée par l'homme pour ses communications : canal de la Marne au Rhin et voie ferrée Paris-Nancy. Le cours actuel des rivières ne semble pas partout en conformité avec la structure. La Meuse, notamment, coule en arrière de son front de côte ; peut-être est-ce dû à un remblaiement de la région à l'ère tertiaire, qui aurait eu pour effet un glissement du fleuve vers l'ouest, et un nouveau creusement par surimposition ; quant aux percées qui existent dans la Côte de Meuse, elles furent sans doute pratiquées par des affluents de la Meuse venus de la Woëvre et dont la direction s'est ensuite inversée vers l'est sous l'effet de captures rééditant à petite échelle celle de Toul. La Moselle elle-même coule au pied d'un nouveau front de côte, en arrière du front primitif, aujourd'hui fragmenté en buttes-témoins, qu'avait dégagées un cours d'eau occupant l'emplacement de la Seille. Enfin, la grandiose poussée glaciaire de l'ère quater- naire a marqué son empreinte sur notre région ; si elle ne fut pas directement affectée par les glaciers, elle appartint aux pays péri-glaciaires ; son sol gelé subit, de ce fait, des glissements qui, par phénomène de soli- fluction, émoussèrent les reliefs. Ainsi, pour aboutir au relief que nous avons sous les yeux, chaque époque de la nature, pour reprendre l'expression de Buffon, « a apporté sa contribution et a imprimé sa marque ». Le site de Pont-à-Mousson. Sans doute les facteurs historiques ont-ils joué dans la création et le développement de la ville un rôle pré- pondérant ; cependant, si ce fait urbain s'est produit à ce point précis de la vallée de la Moselle, ce n'est point par l'effet du hasard ; le site offrait d'intéressantes pos- sibilités. Il y a d'abord Mousson, la butte-témoin, qui domine hardiment de ses 382 mètres d'altitude, les 180 mètres de la vallée. C'est cela qui frappe et attire l'attention du voyageur ; sa silhouette se découpe avec netteté sur l'horizon des plaines et des plateaux, et se distingue de loin. Site de fortification par excellence, Mousson, même considéré au seul point de vue du relief, semble pro- téger la vallée qui s'étend à son pied ; avec ses pentes en glacis surmontées de son abrupte corniche bajocienne, la colline a, déjà naturellement, un air de forteresse gar- dant le passage de la rivière. Car voici le second élément : le passage, matérialisé par le pont ; sans doute rarement ville mérite mieux son nom que la nôtre, dont l'appellation traduit exacte- ment les origines et le rôle. On peut objecter que la vallée offre d'autres points de franchissement, que les Romains avaient choisi Scarpone. Mais il faut jeter un coup d'œil sur la côte de Moselle en face de Mousson ; un net recul, produit par la trouée de l'Esch, entraîne un élargissement de la plaine alluviale entre Jézainville, Blénod et Maidières, tandis qu'un humble ruisseau un peu plus au nord, a pratiqué dans la côte, entre les hauteurs de la forêt de Puvenelle et du Bois le Prêtre, l'échancrure de Montauville qui facilite l'escalade du pla- teau calcaire et ouvre la route vers l'ouest. Si nous regardons ensuite sur la rive droite, nous constatons que Mousson se contourne aisément, surtout au sud : par Atton et la forêt de Facq, on atteint sans obstacle la vallée de la Seille. La Moselle, déroulant ses vastes méandres dans une vallée qui semble trop large pour cela, apparaît au voyageur qui la contemple comme une rivière calme por- tant avec sérénité les nombreuses péniches naviguant sur ses eaux. L'homme a amélioré son cours par des bar- rages, dont l'un se trouve à la sortie aval de Pont-à- Mousson, et a recoupé par des sections de canal les méandres trop importuns. L'alimentation de la rivière provient des pluies qu'apportent les vents d'ouest et du sud-ouest et de la fonte des neiges vosgiennes ; aussi son régime présente-t-il un étiage assez prononcé et des crues d'automne et de fin d'hiver qui restent généralement dans des limites peu inquiétantes. Mais ce calme peut parfois faire place à des colères redoutables : en décem- bre 1919, en décembre 1947, et, dans des proportions moindres, en janvier 1955. Le 30 décembre 1947, la Moselle monta à 8 m 90 à Metz, tandis que son débit au barrage de Millery atteignait 2.250 m ; or, les crues habituelles ne donnent guère plus que 500 m seconde, et celle de 1919 n'avait pas dépassé 1.300.