Marie-Yvane DAÏRE

U.P.R. 403 du C.N.R.S.

Prospection-inventaire

ILES ET LITTORAL DE BRETAGNE et ARRIERE-PAYS LEONARD

1993

Autorisation n°93-20 du 15/04/1993 SOMMAIRE

Page

Préambule 1

PROBLEMATIQUE et PRELIMINAIRES AUX RECHERCHES DE 1993 2

Les îles et le littoral bretons 2 L'arrière-pays léonard 3

MOYENS MIS EN OEUVRE et ORGANISATION DE LA CAMPAGNE DE PROSPECTION 1993 6

PRINCD7AUX RESULTATS DE LA CAMPAGNE 1993 8

LES PROLONGEMENTS DE LA PROSPECTION 10

PROGRAMME DE TRAVAIL A COURT TERME 11

Bibliographie 12

RESULTATS DES OPERATIONS DE TERRAIN et LISTE DES SITES 14

L'arrière-pays léonard 15

Annexe 17

L'île de Batz 31

Inventaire des sites 42

Annexe 74 PREAMBULE

Ce cinquième rapport des prospections réalisées sous la responsabilité de Marie-Yvane DAIRE (Chargée de Recherche au C.N.R.S., U.P.R. 403, Laboratoire d'Anthropologie de l'Université de Rennes I) a pour but de présenter les résultats de la campagne de prospection- inventaire de 1993 qui, comme les années précédentes, fut un travail d'équipe. Ont participé à la campagne de prospection-inventaire 1993 : Florence MORET (Coordonnatrice de l'opération île de Batz), Thierry AUGER, Paule COHIC, Daniel ROUE, Jean-Claude LE GOFF. Nous tenons à remercier ici M. LE GOFFIC, J.L. MONNIER, J. BRIARD, C.T. LE ROUX, N. ROUALEC, J. PLASSARD, S. JOUFFROY, C. SEITE, R. REYMANN et O. MAILLET, qui ont fourni de précieuses informations et collaborations dans le cadre de l'opération touchant l'île de Batz (29).

Le présent rapport s'articule selon deux thèmes de prospection-inventaire développés : - d'une part, la poursuite des recherches littorales et insulaires en Bretagne (engagées depuis plusieurs années) ; - d'autre part, la prospection systématique de l'arrière pays léonard (nord du département du Finistère), qui constitue un thème de recherche engagé depuis 1991 (Daire, 1991). -2-

PROBLEMATIQUE et PRELIMINAIRES AUX RECHERCHES DE 1993

Les îles et le littoral bretons

Un programme de prospection-inventaire diachronique centré sur l'étude du peuplement humain sur le littoral breton au sens large (îles et côtes) a été mis sur pied dès la fin de Tannées 1988 (cf. Rapports de prospection de 1989, 1990, 1991 et 1992). En effet, l'intérêt archéologique présenté par les multiples îles et îlots des côtes françaises de la Manche et de l'Atlantique a pu être démontré par le passé, de manière ponctuelle (ex. Gavrinis ou Er Lannic, 56). Plus récemment, quelques études synthétiques ont montré que, de tous temps, les populations de la péninsule armoricaine se sont établies dans des zones propices du bord de mer qui leur offraient des ressources alimentaires variées, un climat relativement clément et la possibilité de pratiquer des activités en liaison avec la mer, ce qui explique le grand nombre de sites archéologiques du littoral (au sens large) de la péninsule armoricaine. Ainsi, à travers des prospections aussi systématique que possibles, il s'agit d'analyser ce fort potentiel archéologique en vue d'exploitations et d'études synthétiques sur des problèmes spécifiquement côtiers (exploitation des matières premières lithiques littorales pendant la Préhistoire ; la production protohistorique du sel d'origine marine ; évolution des systèmes de pêcheries... etc.). En outre, le littoral que nous connaissons aujourd'hui ne ressemble pas forcément à celui des périodes passées, car des régressions et transgressions marines se sont succédées pendant la Préhistoire, avec des variations du niveau marin et un déplacement progressif des rivages ; ce point est parfaitement illustré par les structures mégalithiques et les habitats préhistoriques submergés à l'heure actuelle. Ces phénomènes expliquent également pourquoi, dans une réflexion archéologique visant à l'étude du peuplement humain à diverses périodes, il est impossible de déconnecter les îles des côtes voisines, le littoral étant à aborder dans sa globalité. Avec ses 1000 km de côtes et ses chapelets d'îles et d'archipels, la Bretagne offre donc un terrain d'investigation particulièrement riche en matière d'archéologie littorale et rares sont les îles bretonnes qui n'ont à ce jour livré aucune trace d'occupation humaine, plus ou moins ancienne. De plus, l'intérêt de ces îles n'est pas uniquement quantitatif ; en effet, si la densité des sites côtiers est remarquable, la qualité de conservation des sites insulaires est souvent très bonne, voire excellente. En effet, le caractère insulaire actuel a permis à bon nombre de sites d'échapper aux destructions des temps modernes : mises en cultures intensives, grands travaux, constructions... Des mesures particulières de protection affectent aujourd'hui de nombreuses zones littorales et insulaires (réserves naturelles, classement,...), préservant directement ou indirectement leur patrimoine archéologique. Il existe cependant une nécessité de recenser les sites archéologiques insulaires et d'en assurer le suivi ; en effet, bon nombre d'entre eux se trouvent en falaise et sur estran, l'érosion des côtes étant un facteur de découverte de ces vestiges mais aussi une menace de destruction qui peut être rapide. La prospection-inventaire des îles et du littoral de Bretagne vise donc à permettre le recensement et l'étude de ce patrimoine archéologique, à partir duquel des travaux de synthèses thématiques pourront être menés à bien.

En préambule aux recherches de terrain, un premier fichier des sites archéologiques insulaires avait été réalisé en 1988, avec l'aide de l'Institut Culturel de Bretagne, à partir de dépouillements bibliographiques et d'archives (évaluation du potentiel d'étude et des connaissances). Au début de l'année 1989, nous disposions d'un fichier concernant 440 sites, dont seuls 10 à 20% (selon les départements) d'entre eux figuraient à la Carte Archéologique (Service Régional de l'Archéologie de Bretagne, D.R.A.C., Ministère de la Culture) ; dans les autres cas, les données étaient trop lacunaires pour l'enregistrement des sites. A partir de cette base que constituait ce fichier, les opérations de terrain ont donc débuté en 1989. Les trois années de campagnes de prospection qui suivirent se révélèrent très positives puisque 110 sites furent traités* en 1989, 119 en 1990 et plus d'une cinquantaine en 1991, l'apparente baisse de l'année 1991 s'expliquant par le développement d'un nouveau thème de recherche (cf. Arrière-pays léonard ) et, au total pour 1992, 78 sites sites littoraux et insulaires furent traités. Pour ces quatre années 1989 à 1992, ces programmes avaient bénéficié, outre les financements issus de subventions des Conseils Généraux du Finistère et d'Ille-et-Vilaine, de subventions du Ministère de la Culture.

L'arrière pays léonard

Un nouveau thème de prospection fut engagé en 1991 et poursuivi en 1992 : Prospection-inventaire systématique de l'arrière pays léonard (nord du Finistère). La problématique scientifique définie au départ d'une manière très large vise à une étude diachronique de l'évolution du peuplement au sein du Léon, qui constitue une entité géographique et naturelle bien marquée, puis une entité historique et religieuse. Ces prospection menées dans le Léon visent, à court ou moyen terme, à la connaissance et à la protection du patrimoine archéologique dans cette zone, à l'instar des entreprises menées dans d'autres régions de ou d'autres secteurs de Bretagne (Haute-Bretagne notamment). Sur le plan de la recherche, l'objectif est, au bout de plusieurs années de travaux de terrain aussi approfondis que possible (prospection aérienne à basse altitude, clichés de l'I.G.N., prospection au sol, sondages et fouilles), celui d'une synthèse sur l'évolution diachronique de l'occupation humaine dans ce territoire de basse-Bretagne. En fonction des données obtenues sur le terrain, il est clair que certains aspects pourront, à assez court terme, faire l'objet d'une approche synthétique ; par exemple, l'organisation de l'habitat protohistorique à partir des systèmes d'enclos ou les voies romaines, ou encore les mottes castrales... La réflexion "finale" et synthétique, s'appuyant sur les données de plusieurs années de recherches de terrain, fera intervenir divers spécialistes menant des réflexions thématiques, synchroniques ou diachroniques. En préambule aux travaux de terrain, un dépouillement de fichiers de sites et de la bibliographie avait été réalisé. Sur le plan méthodologique, la participation active au Projet Collectif de Recherche "Le milieu rural de la Haute-Bretagne aux époques pré-romaine et gallo-romaine" fut une excellente initiation ; elle nous permit d'envisager des recherches d'un type nouveau pour le nord du département du Finistère (à fort potentiel archéologique, sous exploité) selon une démarche dont la valeur a été mise en évidence dans d'autres zones de Bretagne. En combinant les inventaires archivistiques et bibliographiques avec les prospections aérienne et terrestre, il s'agit de viser à moyen terme une synthèse sur l'occupation humaine de cette zone de basse Bretagne, le Léon, qui constitue une entité géographique, mais peut-être aussi humaine voire économique. Dans un premier temps, l'accent fut mis sur les prospections aériennes à basse altitude ; c'est ainsi que, en 1991, 68 sites ou structures inédits ont été découverts dans l'arrière-pays léonard, puis 66 en 1992, principalement des structures d'enclos de type paracurviligne. Le suivi de la prospection de ces sites, à travers les vérifications au sol, est assuré grâce à une collaboration établie avec des chercheurs et étudiants de l'Université de Bretagne Occidentale, regroupés au sein de l'Association TUMULUS.

* Nous utilisons le terme de sites "traités pour recouvrir à la fois les gisements totalement inédits et les sites mentionnés mais non enregistrés à la Carte Archéologique et qui ont fait l'objet d'une nouvelle prospection et/ou d'une relocalisation, etc. S-g-g-g-g-I-I-I-f-i I ■ § ■ iiili M I

Carte générale des zones de prospection de 1993 -6-

MOYENS MIS EN OEUVRE et ORGANISATION DE LA CAMPAGNE DE PROSPECTION 1993

Cette entreprise d'équipe a, de nouveau, bénéficié d'une aide importante de l'U.P.R. 403, de l'A.M.A.R.A.I. (Association Manche Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les îles) et du Laboratoire d'Anthropologie-Préhistoire de l'Université de Rennes I, notamment en ce qui concerne la logistique de terrain et de laboratoire, la réalisation des fichiers et des rapports.

En 1993, le Ministère de la Culture et de la Francophonie a renouvelé l'octroi d'une subvention de 5 000 F, égale à celle de l'année précédente mais très faible par rapport aux années antérieures (20 000 F en 1991), pour l'ensemble de ces opérations (arrière-pays léonard et îles et littoral de Bretagne). Notre inquiétude quant au devenir de tels programmes de prospection-inventaire s'est accentuée cette année ; en effet cette opération a bénéficié, depuis l'origine, du soutien financier indispensable de la part du Conseil Général du Finistère (40 000 F. en 1991 et 1992) ; or, en 1993, le montant de cette subvention émanant du Conseil Général du Finistère fut réduite à 10 000 F. alors que ni le potentiel d'étude, ni les objectifs, ni les résultats déjà obtenus ne justifiaient une telle sanction brutale.

Cette diminution drastique des moyens financiers se doublant d'un accroissement des exigences purement administratives (obligation de gérer conjointement le fichier scientifique de l'opération et le fichier de la Carte Archéologique, par exemple), on ne sera pas étonné que 1993 soit une année de régression en ce qui concerne ces recherches, la baisse se situant au niveau quantitatif et non qualitatif.

Dans le cadre de la prospection des îles et du littoral de Bretagne, l'accent fut mis, en 1993, sur une nouvelle opération de prospection systématique ; après l'île de Groix (56) (Goupil, 1989), l'île d'Ouessant (29) (Robic, 1992), les îles du Golfe du Morbihan dont l'île aux Moines (De Beaulieu, 1991)... les recherches de cette année portèrent sur l'île de Batz (29). Cette opération fut étalée de début mai à fin juin pour le travail de terrain réalisé en plusieurs phases et de juin à septembre pour le travail consécutif en Laboratoire. La plus grande part des 15 000 F. de crédits alloués pour la prospection-inventaire fut injectée dans cette opération, couvrant à la fois un contrat de vacation pour les relevés de terrain, des frais de déplacement et de séjour des prospecteurs, frais photographiques, de transport bateau, etc.. Sur le plan méthodologique, cette opération de prospection a combiné différentes approches, comme les années passées ; le dépouillement archivistique et bibliographique ayant été préalablement réalisé, pour les îles et le littoral, les recherches au sol ont porté à la fois sur les estrans, les falaises et , pour une moindre part, les terres cultivées. Pour le détail des méthodes de travail mises en oeuvre, voir infra (Ile de Batz). -7-

Dans le cadre du programme d'étude de l'arrière-pays léonard, les recherches de 1993 ont pris une orientation différente de celle des années précédentes (Daire, 1991 et 1992). L'hiver 1992-1993 et le premier semestre 1993 ont été consacrés au dépouillement systématique d'une mission de l'I.G.N. couvrant en grande partie le territoire léonard, la mission 8505 250 du 17 mai 1992, réalisée en couleur (Daire, 1993 ; cf. annexe).

N.B. : La série des clichés au 1/25000 (format 24X24) de cette mission fut acquise à la fin de l'année 1992 sur des moyens propres (U.P.R. 403 du C.N.R.S.) ; selon la réglementation en vigueur, n'autorisant pas la reproduction des documents photographiques de l'I.G.N.par nos soins, qu'elle soit partielle ou totale, nous ne sommes pas en mesure de communiquer les documents photographiques concernés dans le présent rapport ni dans les fiches de déclarations de sites.

L'ensemble des anomalies et sites repérés sur ces clichés fait et fera l'objet d'une déclaration de découverte pour la Carte Archéologique ; à l'heure actuelle, une trentaine de dossiers a déjà pu être traitée (fiches de déclarations jointes). Le reste des crédits de prospection pour 1993 a donc été utilisé pour l'acquisition des relevés de cadastre nécessaires à la Carte Archéologique (frais de déplacement dans les mairies et photocopies des cadastres). Durant cette campagne, toujours pour les mêmes raisons financières invoquées, il nous fut impossible de renouveler les recherches aériennes à basse altitude sur le Léon. Dans le cadre de l'étude des îles et du littoral de Bretagne, seul un survol fut réalisé sur le territoire de Belle-Ile-en-Mer durant l'été 1993 et, bien que la période ait paru favorable, ce survol n'a donné aucun résultat. -8-

LES RESULTATS DE LA CAMPAGNE 1993

Contrairement aux années précédentes où les résultats des campagnes de prospection- inventaire touchaient au moins trois départements bretons (Finistère, Côtes d'Armor et Morbihan), seul le département du Finistère est concerné cette année. Les résultats d'ensemble des opérations de prospection-inventaire de 1993 sont présentés dans le Tableau I.

Pré et protohistoire Histoire Indéterminé TOTAL

ILE DE BATZ Sites et indices traités (41) (25) (18) (84)

Sites déclarés 24 3 6 33

LEON Sites et indices traités (40) (40)

Sites déclarés 31 31

Divers Finistère 1 1

TOTAL FINISTERE Sites déclarés 25 3 37 65

Tableau I : Récapitulatif des sites traités en prospection lors de la campagne 1993

Le résultat global de cette campagne de prospection est donc de 65 sites déclarés, toutes périodes confondues sur l'ensemble du département du Finistère (soit une régression par rapport aux résultats des années antérieures (110 en 1989, 119 en 1990, 123 en 1991 et 144 en 1992)), régression qui, nous l'avons déjà souligné, s'explique par une baisse de 65% des crédits alloués à cette opération.

Ces résultats appellent quelques commentaires généraux, préalablement à l'analyse plus détaillée des opérations de prospection. Nous avons introduit une distinction entre "sites traités" et "sites déclarés" ; en ce qui concerne la prospection de l'île de Batz, la recherche a, en effet, pris en compte dans un premier temps tous les points de découvertes archéologiques ; mais dans la mesure où il s'agit soit de découverte d'un objet isolé, soit de découvertes anciennes dont la localisation précise n'a pu être établie, soit d'une structure d'époque moderne n'intéressant pas directement la carte archéologique (ex. fours de goémoniers), le traitement du dossier n'a pas systématiquement débouché sur une déclaration de découvertes de site archéologique. Néanmoins, la liste complète des dossiers traités est fournie dans le présent rapport (cf. infra, "L'île de Batz").

Dans le cas de l'arrière pays léonard et du traitement des clichés verticaux de l'I.G.N., sur la quarantaine de sites traités à ce jour, une dizaine d'entre eux ne débouche pas sur une déclaration de site ; en effet, dans ces quelques cas, l'examen des relevés de cadastre (nouveau et/ou ancien) a révélé que ces anomalies correspondent à des structures parcellaires ou à d'anciens chemins et ne méritent pas pour l'instant (en l'absence de données significatives) de figurer à la Carte Archéologique. Les 31 sites ou indices de sites (enclos à fossés complets ou partiels, pour l'essentiel) sont classés dans la rubrique des "indéterminés" sur le plan chronologique ; la vérification au sol, forcément décalée dans le temps, qui sera assurée par la suite, fournira éventuellement des indications chronologiques partielles. LES PROLONGEMENTS DE LA PROSPECTION

La protection du patrimoine archéologique insulaire et littoral et les sauvetages.

Les travaux réalisés depuis 1988 sur le littoral ont très vite permis de mettre l'accent sur une menace constante, d'intensité variable, qui pèse sur le patrimoine archéologique littoral au sens large ; il s'agit des érosions naturelles, marines et éoliennes qui, dans les cas "heureux" permettent la découverte de nouveaux gisements mais qui peuvent également constituer des menaces de destruction imminente pour certains sites, notamment en période de tempêtes hivernales. La nature même de ces menaces ne laisse pratiquement aucun répit ni délai d'intervention. Ainsi, les violentes tempêtes de 1990 l'avaient brutalement montré en divers points du littoral breton où des sites, sitôt découverts, ont dû faire l'objet de fouille de sauvetage, leur disparition totale étant imminente : îlot des Haches en Saint-Jacut-de-la-Mer (22) (Bizien, 1990), presqu'île de Landrellec en Pleumeur-Bodou (22) (Daire, 1990 b), plage du Lédano en Paimpol (22) (Daire, 1991 c), île d'Ilur (56) (Daire, 1992 c et 1993). Pour l'île de Batz, il faut souligner précisément cette situation extrêmement précaire des tombelles qui se trouvent dans la falaise, à Penn ar C'hleguer, deux des trois tombelles qui étaient visibles il y a encore quelques temps étant d'ores et déjà détruites par l'érosion. Ces opérations de prospection-inventaire en milieu littoral permettent donc de recenser, parfois in extremis, des gisements en situation précaire. Grâce à ces recherches et aux contacts qu'elles suscitent, le nombre de personnes sensibilisées à la connaissance de ce patrimoine archéologique est croissant, ce qui permet d'intervenir plus efficacement et en temps utile.

La connaissance et la protection du patrimoine archéologique léonard.

Les deux premières campagnes de prospection (1991 et 1992) menées dans le Léon (Finistère) avaient montré la valeur du potentiel archéologique de cette région bretonne, sous exploité pour une part, avec un bilan de 130 sites archéologiques inédits ; l'exploitation des clichés verticaux, amorcée en 1992-1993, tels ceux de l'I.G.N. vient confirmer ce point et se présente comme un intéressant potentiel d'étude, très complémentaire des autres méthodes d'approche.

Les publications

Les opérations de prospection en cours font d'ores et déjà l'objet de publications sous forme d'analyses, méthodologiques notamment, et de synthèses provisoires. Certaines de ces publications paraissent dans le Bulletin de l'A.M.A.R.A.I. , dans la Revue Archéologique de l'Ouest, revues annuelles, mais d'autres organes sont bien entendu concernés par ces publications (cf. Bibliographie). -11-

L'achèvement d'opérations thématiques donne lieu à des publication monographiques de synthèse ; ainsi, l'opération menée sur l'île d'Ouessant (1990 et 1991) a donné lieu à une publication finale ; il s'agit d'un volume, "L'île d'Ouessant depuis la préhistoire... (l'apport des prospections archéologiques)" qui parut au mois de décembre 1992 dans la collection "Patrimoine archéologique de Bretagne" (5 volumes parus), lancée par L'Institut Culturel de Bretagne ; ce volume consacré à l'île d'Ouessant est publié en co-édition entre l'I.C.B. et l'A.M.A.R.A.I. et regroupe des contributions d'une dizaine de chercheurs appartenant à divers organismes (Centre de Recherche archéologique du Finistère, Service départemental d'Archéologie du Finistère, Parc d'Armorique, C.N.R.S., Service Régional de l'Archéologie de Bretagne...)

PROGRAMME DE TRAVAIL A COURT TERME

En ce qui concerne le programme d'étude de l'arrière-pays léonard, il est nécessaire de poursuivre le travail de terrain selon les bases posées (poursuite des prospections au sol et aériennes, exploitation des clichés verticaux...) encore pendant deux ou trois ans, en intégrant quelques campagnes de sondages archéologiques sur des sites pertinents et cela afin d'étoffer la base documentaire nécessaire à la réalisation d'une synthèse efficace, selon la problématique définie (cf. supra). En 1994, le programme de travail fixé est de traiter les sites et anomalies repérés sur les clichés de la mission 8505 250 et qui n'ont pas encore fait l'objet de déclaration pour des questions de temps et de moyens (ce genre de traitement étant relativement plus long), de poursuivre et, si possible, d'intensifier les vérifications au sol tout en poursuivant les propections à basse altitude (la complémentarité des photographies à basse et haute altitude ayant été démontrée ; Daire, 1993 a).

Le programme d'étude des îles et du littoral de Bretagne est structuré différemment ; nous avons déjà réalisé et publié des synthèses monographiques et diachroniques sur des territoires insulaires précis (île aux Moines, 56 ; île d'Ouessant, 29), à l'isue de campagnes de prospection systématique. D'autres campagnes de prospection sur les îles de Bretagne sont à envisager pour les années à venir (complément pour l'île de Batz en 1994 ; suite des prospections dans les îles du Golfe du Morbihan, etc..) tout en gardant une mobilisation et une sensibilisation aux problèmes spécifiquement côtiers, avec surveillance des sites détectés et intervention en cas de menace de destruction. En ce qui concerne les synthèses thématiques et synchroniques, certaines voient déjà un proche aboutissement (le sel protohistorique d'origine marine, synthèse provisoire prévue courant 1994 sous forme d'une exposition et d'une publication monographique), d'autres dans un assez court terme (les pêcheries), mais d'autres sujets nécessiteront davantage de temps. -12-

BIBLIOGRAPHIE

BIZEEN C, 1990 - Le site des Haches, premières réflexions. Bulletin de l'A.M.A.R.A.1., n° 3, p. 35-40.

DAIRE M.Y., 1989 - Archéologie insulaire en Bretagne : un point de vue sur les sites de l'Age du Fer. Revue Archéologique de l'Ouest, supplément n° 2, p. 269-278.

DAIRE M.Y., 1990 a - Prospections dans le Golfe du Morbihan. Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n° 3, p. 17-20.

DAIRE M.Y. et LE BROZEC M., 1990 b - Un nouvel atelier de bouilleur de sel à Landrellec en Pleumeur-Bodou (22). Revue Archéologique de l'Ouest, n° 7, p. 57-71.

DAIRE M.Y., 1990 c - Quelques aspects de l'archéologie des îles françaises de la Manche et de l'Atlantique. In : Approches comparatives et méthodologie d'étude et d'expression des résultats des recherches relatives aux systèmes micro-insulaires en Méditerranée et en Europe du Nord. Rapport final de l'atelier MAB UNESCO de l'île d'Ouessant, 12-15 avril 1988, p. 26-29.

DAIRE M.Y., 1991 a - Recherche archéologique insulaire en Bretagne. In : Territoires et sociétés insulaires : permanences, changements, devenir. Actes du Colloque de Brest, nov. 1989, (U.B.O. et C.N.R.S. eds)., p. 85-90.

DAIRE M.Y., 1991 b - Un atelier de briquetage inédit dans l'estuaire du Trieux. Dossiers du Ce.R.A.A., n° 19.

DAIRE M.Y., 1991 c - Prospection archéologique aérienne dans le Léon. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, T. CXX, p. 105-132.

DAIRE M.Y. et LE BROZEC M., 1991 d - L'atelier de bouilleur de sel de Landrellec en Pleumeur-Bodou (Côtes d'Armor). Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n°4, p. 47-52.

DAIRE M.Y., 1992 a - Un aspect méthodologique original de la prospection aérienne à travers l'exemple du nord du Finistère. Rev. Archéol. Ouest, n°9, p. 187-190.

DAIRE M.Y., 1992 b - Sondages archéologiques à Ilur, île d'Arz (Morbihan). Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n°5, p. 31-40.

DAHtE M.Y., 1992 c - Une nouvelle campagne de prospection aérienne en Léon. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T. CXXI, sous presse.

DAH*E M.Y., 1993 a - Photographie aérienne à basse et/ou hgaute altitudes : exemples d'apports méthodologiques en Bretagne. Revue d'Archéométrie, n°17 (sous presse). -13-

DAIRE M.Y., 1993 b - Recherche archéologique sur les îles et le littoral de Bretagne. Bulletin annuel de la Société d'Archéologie et d'Histoire du pays de Lorient, p. 5-10.

DE BEAULIEU F., 1991 - Bref inventaire du patrimoine archéologique de l'île aux Moines (56). Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n° 4, p. 33-46.

LANGOUET L., DAIRE M.Y., 1990 - Les enclos protohistoriques et gallo-romains du nord de la Haute-Bretagne. In : Le passé vu d'avion dans le nord de la Haute Bretagne. Dossiers du Ce.R.A.A., n° M, p. 79-118.

LE GOFF J.C., ROUE D., 1990 - Découvertes de l'île Callot (Finistère). Bulletin de l'A.M.A.R.A.1., n° 3, p. 21-26.

LE GOFF J.C., ROUE D., 1991 - Plouescat, le Frouden : un site lié à l'industrie du sel. Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n°4, p. 53-54.

MOLINES N., 1992 - Le chopper de l'île Molène et le chopper de l'île Ilur. Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n°5, p. 19-24.

MORET F., 1993 - Prospection-inventaire archéologique et historique de l'île de Batz (Finistère). Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n°6, sous presse.

ROBIC J.Y., 1991 - Prospection-inventaire sur l'île d'Ouessant (29), bilan des campagnes 1990 et 1991. Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n° 4, p. 15-24.

ROBIC J.Y. (Dir.), 1992 - L'île d'Ouessant depuis la Préhistoire... Apports des prospections et de l'archéologie. Coll. Patrimoine archéologique de Bretagne, co-éd. A.M.A.R.A.I. et I.C.B., 112 p. -1k-

RESULTATS DES OPERATIONS DE TERRAIN

ET LISTE DES SITES -15-

L'ARRIERE PAYS LEONARD

Lors du dépouillement systématique des clichés de la mission n°8505 250 de l'I.G.N. (17 mai 1992), ce sont plus de 120 anomalies ou sites qui ont été repérés sur les photographies verticales. Une partie de ces dossiers a déjà été traitée (une quarantaine) et a fait l'objet d'une fiche de déclaration (une trentaine), sachant que les autre fiches seront réalisées au fur et à mesure de l'acquisition des relevés de cadastre.

RECAPITULATIF DES SITES TRAITES EN 1993

BOURG-BLANC, Mez ar Créac'h - Vaste enclos curviligne.

BOURG-BLANC, Lann ar C'halvez - Probable enclos de forme cruviligne.

CARANTEC, Roc'h Gored - Vaste pêcherie en "V", immergée.

CARANTEC, sud de l'île Callot - Pêcherie en "V", immergée.

COAT-MEAL, Kerbrat/Trémobian -Probable petit enclos carré.

COAT-MEAL, nord de Le Goadec - Possible enclos trapézoïdal au tracé assez peu net.

GUIPRONVEL, Kerguelen - Net enclos rectangulaire.

GUIPRONVEL, Lannog Brug/Kerlohou - Enclos quadrilatéral et possible enclos plus grand accolé.

GUIPRONVEL, Kerlohou 2 - Possible enclos de type paracurviligne.

KERSAINT-, Kervourch 2 - Enclos rectangulaire ( à 300 m d'un autre enclos détecté à basse altitude en 1992).

LAMPAUL-PLOUDALMEZEAU, est de l'île du Bec - Pêcherie en forme de "U", immergée.

LAMPAUL-PLOUDALMEZEAU - Restes de construction et foyer, gisement de céramiques datables du second Age du fer, argile cuite (prospection au sol).

LANDUNVEZ, Beg ar Garo - Pêcherie en forme de "V" (immergée). -16-

LANDUNVEZ, Croas ar Laerez - Vaste enceinte conservée dans le paysage actuel, de forme circulaire, entourée de talus et taillis.

LANDUNVEZ, île d'Yoc'h - Double pêcherie immergée.

LANDUNVEZ, Kervizinnic - Petit enclos ovale très net.

LE FOLGOET, Guiquelleau - Portion d'enclos de type paracurviligne.

MILIZAC, Croas ar Roué - Ensemble de traces (tâches), portions de fossés et possible enclos paracurviligne.

MILIZAC, Kerscavic - Probable enclos quadrilatéral.

PLABENNEC, Goansel - Enclos carré très nettement défini.

PLABENNEC, Keramerrien - Portion d'enclos très net, de forme quadrilatérale.

PLABENNEC, Kergoat/N. Moulin de Pont Guennoc - Enclos probable, de forme quadrangulaire.

PLABENNEC, Kergrac'h Braz/ est de Streat Glaz - Traces dans les cultures pouvant correspondre à un bâtiment arasé (indice de site).

PLABENNEC, Pen ar Choat/La Motte - Réseau de fossés linéaires, à proximité d'une voie antique et à 200 m d'une motte féodale.

PLABENNEC, Ty Braz - Portions d'enclos sous forme de fossés linéaires et curvilignes.

PLOUDANIEL, Keramezee - Motte ou enceinte circulaire boisée.

PLOUDANIEL, Moulin du Folgoët/Castel Penledan - Re-localisation d'un important éperon barré connu depuis le siècle dernier.

PLOUGUERNEAU, Ile Vrac'h - Double pêcherie immergée.

PLOUGUERNEAU, Porz Malo - Double pêcherie immergée.

PLOUGUIN, Croas Hir/Ty Nevez - Enclos quadrilatéral presque complet.

PLOURIN, Kergonvelin / Kerounaval - Série d'anomalies se présentant sous forme de tâches (indice de site).

PLOUVIEN, Quillifréoc Vraz - Deux anomalies sous forme de tâches et une portion d'enclos quadrilatéral. -17-

ANNEXE

Arrière-pays léonard Baiie de lizen Von ' /'Ile Vierge 4- (a Herès /es leou

Bdise de Parti £Woi\ -..Sivl V,'erge

Gr"" Baiie de pQtttêU Queynian Treis \ "A l7Guèr\7oc,;f -V' t ça -x^r—TV —— ..'Basse ar Canol \ x ^ *Dy B«ie Briyidic v.\--;-\ - '/ u& c O ~ ( 8aise M"1 , .' ■'■if Corn Gvhdi\ />ouMaouec Pi.

Men,Gias 1. ./ .j7

.((Tribmpai L Basse Nfefc;,) - - Q^. «gjj^,»^ ( Bas,, «on V«* (f Vî^^^f > Bats* du Gwny/- S', Egarée • f>. iï

ar Giierti

' VGudrrt ,; Q' Beg ar Goularh "••*. t -;

\ fizen Pu fa, o n

'fOC

Keryao^

"s^réac'tiburju^ V'?0' 0«K\ Il fins (5; Basse Srien

■■■■■■■•■•«sL^'a ?«^c/eeioscon

Basse -Portera y 1?'

:1 ?6 Qiben v = 'vG

•J»W. 6^^Te.!SVV 7Mss> 3 S' ++ - -oAiïr.'AvWWft- l^l!» 5 P.erre Noire fr^^V^^; .

e -s^'.'-r .W^^^^âï/ ■r^ii^s.cdiornbier o * / •Iu?'-\V -:3^ "V ^-si- ^ Rc\>ite d'Archêoméirie, 17, 1993, p.

PHOTOGRAPHIE AERIENNE A BASSE ET/OU HAUTE ALTITUDES : EXEMPLE D'APPORTS METHODOLOGIQUES EN BRETAGNE

Marie-Yvane DAIRE*

Résumé: L'analyse systématique des cliche's d'une récente mission de l'I.G.N. ainsi que plusieurs campagnes de prospection aérienne à basse altitude, sur le nord du département du Finistère, permettent de mettre en relief divers aspects méthodologiques; ces apports concernent notamment les signes pedologiques révélant des structures archéologiques sur terre nue, lors d'observations d'hiver ou de printemps.

Abstract: Systematicanalysisof a récent photographie surveyof the I.G.N. addedtoseveral lowaltitudeaerialsurveys over the north of Finistère, allow now to throw into relief some methodological points; thèse data concern soil marks revealing archaeological sites on ploughed lands, during winter or spring observations.

Mots-clés: Prospection aérienne, méthodologie, photographie verticale, photographie oblique, signes pédologiques, terre labourée, enclos. Key-words: Aerial survey, methodology, vertical picture, oblique picture, soil-marks, ploughed land, enclosure.

la partie ouest de cette mission couvrait la zone d'étude INTRODUCTION définie dans le cadre du programme global d'étude archéologique du Léon (fig. 1 et 2B). En 1990 a débuté un programme d'étude visant à une Occupant la majeure partie du nord du département approche globale des occupations humaines dans un du Finistère (fig. 1), le Léon est une grande unité territoire de l'extrême Ouest armoricain, le Léon (fig. naturelle d'environ 2500 Km2, limitée par les articula- 1); ces recherches mettent et mettront en oeuvre divers tions principales du relief et de l'hydrographie de cette modes d'investigations (prospections au sol et aérien- zone: au sud, la rade de Brest puis le cours de l'Elorn et nes, sondages, fouilles, recherches archivistiques, etc.). à l'est, la rivière de . Baignée par la Manche sur Les premières années ont été largement consacrées à la ses façades ouest et nord, la côte est déchiquetée et prospection par voie aérienne à basse altitude, les sites présente une alternance de zones de falaises profondé- détectés faisant ensuite l'objet des indispensables con- ment entaillées par des abers, rias envahies par les trôles au sol; aujourd'hui, l'étude de photographies marées, et de secteurs bas précédés de semis d'îles, aériennes verticales de l'I.G.N., à travers l'analyse systé- d'îlots et de rochers. Cette région est constituée de matique d'une récente mission couleur, permet, outre plateaux étagés d'altitude comprise entre 60 et 140 un grand apport en données archéologiques, d'engager mètres, s'inclinant par paliers vers la Manche. une réflexion sur le plan méthodologique. Cependant, le Léon n'a pas été couvert dans sa totalité par cette mission de l'I.G.N. puisque le survol n'a pas 1 - PHOTOGRAPHIES A HAUTE concerné la pointe sud-ouest. Il faut signaler en outre ET/OU A BASSE ALTITUDES qu'une petite «enclave» militaire non étudiée dans la partie nord (fig. 2A) correspond à quelques clichés non L'EXPLOITATION D'UNE MISSION DE L'I.G.N. consultables sans autorisation. L'exploitation systématique de la récente mission de Parmi les diverses couvertures à haute altitude dispo- l'I.G.N. n° 8505 250 a été entreprise à des fins archéolo- nibles, dont le dépouillement exhaustif pourra se révéler giques; réalisée le 17 mai 1992, entre 10 heures et 13 fort utile à l'archéologie (Chouquer et Favory, 1991), le heures, à une altitude de 4000 mètres, elle comporte au choix d'étudier cette mission à haute altitude plutôt total 246 photographies couleur au 1/25000, format 24 qu'une autre a été motivé par divers facteurs. Au-delà x24, correspondant à la couverture partielle du nord des de son caractère récent, un avantage mis à profit est la départements du Finistère et des Côtes d'Armor. Seule

• Chargée de Recherche, U.P.R. 403 du C.N.R.S., Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I, 35042 RENNES Cedex. Fig. 1: A: Localisation du Léon. B: Hydrologie et relief simplifiés du Léon. date de ce survol printanier (17 mai 1992), date à Les anomalies qualifiées de «tâches» recouvrent plu- laquelle de nombreuses parcelles étaient fraîchement sieurs types de sites différents, souvent plus difficiles à labourées, ce qui permet, sur le plan méthodologique, définir et toujours décelés sur terre nue. Lorsque ces de mieux cerner le problème de la visualisation des sites tâches sont parfaitement circulaires et présentent un sur terre nue (Cf. infra). Ensuite, nous avions effectué contour net, il peut s'agir soit de tumulus de l'Age du des survols à basse altitude à cette même période de Bronze, soit de mottes féodales arasées. Lorsque ces l'année, le 2 mai et le 25 mai 1992; certains sites visibles tâches sont de forme irrégulière, elles ne sont alors que sur les clichés verticaux avaient également été photogra- des indices maculiformes pouvant correspondre notam- phiés à basse altitude et signalés ce qui permet ici ment à des remontées de matériaux archéologiques en d'aborder une comparaison méthodologique. surface des champs. Enfin, il s'agit de l'une des rares missions en couleur Les pêcheries sont des installations littorales desti- sur le nord du Finistère, l'avantage de la couleur se nées au piégeage puis à la «cueillette» du poisson, donc manifestant surtout dans la détection de sites sur cultu- régulièrement recouvertes par les marées et n'émer- res. De ce point de vue, l'exploitation systématique geant pas tous les jours. S'il est possible de visualiser d'une autre mission couleur de l'I.G.N. de l'été 1990 se plusieurs de ces structures, pourtant installées relative- révélera certainement, elle aussi, d'un apport très inté- ment bas sur les estrans, c'est que la mission de l'I.G.N. ressant. et les clichés ont été réalisés dans une phase de marée descendante et pendant la basse mer: le 17 mai 1992, la L'exploitation systématique de la mission n° 8505 250 mer était basse vers 12 heures à Brest et 12h30 à de l'I.G.N. a livré un total de 135 traces ou structures , et le coefficient de marée relativement fort archéologiques (fig. 2B). L'objectif de la présente publi- (86). cation n'étant pas d'exposer l'inventaire exhaustif des Les enceintes et éperons barrés correspondent à des traces archéologiques repérées sur les clichés de cette «sites relief», dont les talus de protection sont conservés mission, une analyse globale des anomalies permet dans le paysage actuel, généralement au sein de milieux cependant de les sérier, en fonction du type de structure boisés, de taillis ou de landes. et des conditions de détection (tab. 1). En plus des structures comptabilisées dans cette analyse, Sur le plan de l'analyse typologique, les enclos consti- un autre type de trace archéologique apparaît sur les tuent, de loin, la part la plus importante des anomalies clichés aériens de l'I.G.N.; il s'agit de portions de voies détectées sur les clichés verticaux, ce qui est également ou de chemins anciens que l'on décèle sur quelques le cas lorsque l'on considère les données de la prospec- centaines de mètres de longueur, voire 1,5 km au maxi- tion aérienne à basse altitude dans le Léon (Daire, 1991 mum, mais dont la datation est tributaire de recherches et 1992b). Sont comptabilisées ici toutes les structures de terrain beaucoup plus approfondies. définies par un ou plusieurs fossés périphériques, qu'el- L'absence de détection de bâtiments arasés, de villae les soient partielles ou complètes. Les divers types gallo-romaines notamment, tant sur les photographies à d'enclos de cette région (paracurvilignes, rectilignes et basse altitude que sur les clichés verticaux de l'I.G.N. orthogonaux), reconnus préalablement (Langouët et étudiés poserait, s'il en était besoin, le problème des Daire, 1990), sont représentés selon des proportions et limites de la technique de la prospection aérienne; par une typologie de détail qui restent à définir précisément, exemple, des survols répétés, à diverses périodes de à partir d'un échantillonnage plus significatif. Les condi- l'année, de la ville antique de Kérilien dans le nord du tions de détection des 87 enclos sont inégalement répar- Finistère n'ont jamais livré à ce jour le moindre indice, ties puisque 13 % d'entre eux sont visualisés sur cultures le site étant en revanche fort bien connu par des pros- ou herbe contre 87 % d'enclos sur terres nues. C'est là pections au sol et des fouilles (Pape, 1978). La visualisa- un des aspects méthodologiques particuliers qui sera tion des sites évolue dans le temps, en fonction du climat approfondi en intégrant les données des prospections à et des pratiques culturales, les prospecteurs aériens basse altitude (Cf. infra). faisant état «d'années à enclos» comme en 1989 par

Conditions Terre nue Culture Immergé Boisé TOTAL de détection et herbe et divers

Nature des sites

Enclos 72 (53%) 15 (11%) - - 87 (64%)

Tâches 31 (23%) - - - 31 (23%)

Pêcheries - - 9 (7%) - 9 (7%)

Enceintes et éperons - - - 8 (6%) 8 (6%)

TOTAL 103 (76%) 15 (11%) 9(7%) 8 (6%) 135 (100%)

Tab. 1 Fig. 2: A: La couverture verticale de l'I.G.N. exploitée. B: Cartographie des sites et indices repérés. C: Carte d'isodensité des sites et indices repérés. exemple; mais dans le cas du Léon, cette absence quasi rogène. systématique de bâtiments arasés et détectés pose d'au- tres problèmes méthodologiques qui restent pour l'heure Les premières campagnes de prospection aérienne à en suspens. basse altitude, et surtout celles de 1991 et 1992, ont révélé au total 129 sites dans le Léon (fig. 3) (Daire, 1991 APPORTS COMPLEMENTAIRES DES PHOTO- et 1992b), auxquels viennent s'ajouter 135 traces ou GRAPHIES A HAUTE ET BASSE ALTITUDE structures décelées sur les clichés de la mission n° 8505 250 de l'I.G.N. D'emblée, les deux techniques apparais- Nous ne ferons qu'évoquer les vertus techniques sent très complémentaires dans ce secteur géographi- comparées des clichés obliques et des photographies que, puisque seulement 10 sites archéologiques ont été verticales, le sujet ayant déjà été abondamment traité observés à la fois sur ces clichés de l'I.G.N. et lors des par des spécialistes de la télédétection et de la photo- survols à basse altitude, ce qui représente un très faible interprétation (Bariou, 1978; Chouquer et Tabbagh, dénominateur commun entre les deux échantillonna- 1990); la haute altitude a l'avantage d'offrir des visions ges. d'ensemble de zone plus larges, avantage exploité non La comparaison des deux cartographies (fig. 2B et 3) seulement par la photographie mais aussi par d'autres montre une répartition des sites beaucoup plus homo- techniques, la thermographie aéroportée notamment gène par l'étude des photographies verticales de l'I.G.N. (Tabbagh, 1977). Cependant, les clichés pris à haute que par les survols à basse altitude. L'explication de altitude posent un problème d'échelle empêchant la cette disparité est d'ordre méthodologique: dans le détection d'anomalies de dimensions trop réduites. Sur premier cas, on dispose d'une vision synchrone de l'en- le plan de la photo-interprétation, les traces repérées semble de la zone, l'ensemble des clichés ayant été pris sur les clichés verticaux de haute altitude ne nécessitent dans des conditions semblables d'altitude, de météoro- pas de redressement lorsqu'ils se trouvent au centre de logie, d'éclairage, etc.; dans le second cas, il s'agit de l'image, ce qui représente un avantage incontestable, données cumulées lors de séries de survols, individuel- mais il faut souligner que le traitement informatisé des lement plus limités dans l'espace mais globalement plus clichés obliques pris à basse altitude est tout à fait étalés dans le temps, et effectués dans des conditions opérationnel (Gandon et Langouët, 1992). climatiques et culturales variées. Par conséquent, au- Sur le plan pratique, l'hétérogénéité des pratiques cune interprétation de la répartition des sites détectés à culturales oblige à analyser les clichés couleur de l'I.G.N. basse altitude ne paraît envisageable en l'état actuel des en plusieurs phases, par balayages successifs; en effet, recherches. plusieurs «lectures» des photographies sont nécessaires En revanche, la carte de répartition des sites repérés à cause de la présence de «fonds» disparates par leurs sur les photographies verticales (fig. 2B) et, plus encore, teintes, l'oeil s'adaptant tantôt à la détection d'anoma- la carte d'isodensité des sites détectés (réalisée par la lies sur fond vert de cultures, tantôt au repérage sur fond technique de la fenêtre mobile, avec un maillage de 2,5 beige à brun de terres labourées. Ce problème d'adap- km) (fig. 2C), permettent une première analyse; la tation chromatique de la vision est également sensible répartition des sites, bien que plus homogène, est rela- lors des survols aériens à basse altitude, lorsque l'on se tivement inégale au sein du territoire couvert avec des trouve confronté à un paysage au couvert végétal hété- zones de concentration de sites (densités 6 à. 8) et des

Fig. 3: Carte cumulative des sites détectés à basse altitude sur le Léon. zones de «vide» (densité 0); abstraction faite d'argu- années favorables de 1976 et 1989 a pu nous priver de mentations archéologiques, par exemple l'inégale ré- données importantes. partition des établissements humains anciens, il est Lors des deux premières campagnes de reconnais- possible de tenter une explication méthodologique de sance aérienne à basse altitude, l'option prise pour ces disparités. l'étude du Léon fut donc d'étaler la période de prospec- Le grand vide de la zone nord-est correspond à un tion de mai à octobre, en 1991, et de mars à fin octobre, secteur tout aussi agricole que le reste du Léon; la en 1992 (Daire, 1991 et 1992b). Cet étalement dans le S.A.U. (Surface Agricole Utilisée) de ces communes temps permet de compenser l'absence de sécheresse représente près de 71 % de la surface totale, la moyenne estivale significative, en détectant et en observant des pour le Léon étant de 70 %. L'un des éléments d'expli- anomalies d'origine archéologique dans des conditions cation est davantage à rechercher dans les pratiques moins habituelles que les différences de croissance des culturales puisqu'il s'agit ici d'une zone à dominante plantes cultivées, notamment lors de survols hivernaux légumière, ce qui a deux conséquences: d'une part, les et printaniers. Les résultats de l'étude de la mission n° égumes (choux-fleurs, artichauts, pommes de terre) se 8505 250 de l'I.G.N., réalisée au printemps, abonde prêtent mal à la visualisation des sites; d'autre part, ce également dans ce sens. ype de culture a entraîné un morcellement extrême des Outre le climat, la structure du paysage agricole du arcelles qui ne mesurent bien souvent que quelques Léon conditionne les résultats des recherches et peut dizaines de mètres carrés. Sur le plan géologique (fig. 4), même, présenter des pièges archéologiques. Il s'agit cette zone correspond en grande partie au gneiss de d'un paysage, à l'origine, très morcelé tant par le décou- "_esneven, ainsi qu'au nord-est du massif de micaschis- page parcellaire que par la juxtaposition de pratiques es de l'Aber Wrac'h; plus à l'ouest, on remarque que les culturales souvent diversifiées; dans une bonne partie massifs de gneiss de Tréglonou sont également relative- du Léon, le paysage agraire a une structure de type ment pauvres en sites visualisés. De telles roches méta- «bocager», même si cette notion de «bocage» demeure morphiques, feuilletées, peuvent peut-être présenter difficile à définir avec exactitude (Meynier, 1965 et 1976; des altérations particulières, influant sur les conditions Lucas, 1957). Quelques exemples (fig. 6) montrent la pédologiques voire sur la croissance des végétaux. variété de ce paysage, depuis un véritable bocage avec , Plus pertinente, sans doute, est la comparaison de la haies à mailles serrées (fig. 6, D), un bocage plus élargi carte d'isodensité des sites détectés avec la cartographie (fig. 6, C), des champs très morcelés sans haies périphé- des formations quaternaires loessiques (fig. 5), ces riques (fig. 6, B), jusqu'à un paysage dont le bocage s'est dernières coïncidant avec les zones de «vide» de la ouvert à la suite des travaux connexes du remembre- artographie des sites détectés et notamment le plateau ment (fig. 6, A). Le bocage breton, caractérisé, outre les de , au nord-est, dont la couverture limoneuse est haies, par la présence de talus, est donc relativement ssez importante (Basse de Ménorval et Théobald, défavorable à la détection de structures archéologiques 1974). D'autres expériences, armoricaines notamment, complètes, surtout lorsque celles-ci sont de grandes nt montré que les sols limoneux et profonds ne laissent dimensions; cette hétérogénéité des paysages bocagers pparaître que peu de traces de structures enfouies, ce rejaillit sur la visualisation de sites dont le plan n'est constat ayant été établi, par exemple, pour l'ouest du complété, champ après champ, qu'au bout de plusieurs bassin de Rennes (Langouët et Gautier, 1991, p. 11). survols. En cela, les secteurs de bocage à mailles plus larges (fig. 6, A) pourraient, a priori, paraître plus ONTRAINTES ET CONDITIONS NATURELLES favorables à la prospection aérienne; en fait, cet élargis- sement récent du bocage a consisté, notamment, à Qu'il s'agisse de l'étude des photographies prises à araser les talus de champs et à gommer les fossés qui les aute ou à basse altitude, la recherche dans ce secteur bordaient; ce sont là des structures parcellaires qui éographique est conditionnée par les contraintes du réapparaissent aujourd'hui lors des vols, créant une paysage, naturel ou anthropisé, qui influence à la fois les pollution visuelle pour le prospecteur, mais pouvant en résultats des prospections et les méthodes utilisées. Le plus constituer des pièges. L'analyse des cadastres an- éon correspond à un territoire où la vie agricole est ciens et récents permet alors, assez souvent, de trancher ominante; cependant il ne semblait pas a priori une entre anomalies d'origine archéologique et structures zone favorable à la détection archéologique par voie parcellaires. aérienne, comme d'ailleurs une bonne partie de la Le problème se complique encore lorsque l'on consi- ~ retagne occidentale, et c'est sans doute pourquoi ces dère plusieurs sites, correspondant à des enclos de type echerches systématiques n'y ont débuté que très tard, protohistorique (au sens large), dont nous avons vérifié par rapport à d'autres régions de France et aux territoi- que les talus d'enceinte furent ensuite intégrés et con- res plus proches de la Haute-Bretagne (Langouët dir., servés dans le parcellaire, les limites de champs les 991). En effet, si les terres exploitées sont nombreuses, prenant, en tout ou en partie, pour support (Daire, 1991 a S A.U. représentant plus de 60 % de la surface totale et 1992b). Ceci interdit donc la simplification qui consis- du Finistère, le département dans son ensemble et le terait à considérer comme non-archéologique toute Léon, en particulier, sont soumis à un climat océanique trace s'intégrant dans la structure parcellaire actuelle ou ype: temps variables, vents fréquents, étalement des sub-actuelle et conduit au contraire à une réflexion luies toute l'année, étés frais, hivers doux; cette zone nuancée. Toutes les études en cours sur la morphoge- est également très exposée aux dépressions et tempêtes nèse du parcellaire conduisent, précisément, à envisa- 'ouest. Il paraît donc relativement illusoire d'attendre, ger que la forme parcellaire possède - le plus souvent - ans cette région, de spectaculaires effets archéologi- une forte charge archéologique (Zadora-Rio, 1987; ;ues consécutifs à des périodes de sécheresse, encore Chouquer, 1991). que l'absence de prospection aérienne au cours des

1. 1: Extraits de photographies aériennes couleur, c I.G.N., Paris, 1992. Mission n°8505 250 du 17 mai 1992, autorisation n° 41.0333. Echelle pproximative 1/4500.1: Enclos quadrilatéral sur cultures. 2: Deux mottes féodales juxtaposées, l'une encore boisée, la seconde arasée visible sur terre nue. 3: Enclos trapézoïdal sur terre nue. 4: Enclos quadrilatéral sur terre nue. 5: Enclos quadrilatéral avec fosse (?) centrale, sur terre nue, résentant des traînées de labours marquées. 6: Enclos de type curviligne sur terre nue. biotite

Granité porphyroîde rose de l'Aber lldut

Granité de Saint-Renan

Gneiss de

Gneiss de Treglonou

Schistes briovériens

Orthogneiss de Brest

Granité gneissique de Portsall

(A A A | Micaschiste de l'Aber Wrac'h

Fig. 4: Carte géologique simplifiée du Léon (d'après Chauds, 1966 et Collectif, 1970).

Fig. 5: Carte géologique simplifiée des formations quaternaires du Léon (d'après Basse de Ménorval et Théobald, 1974 et cartes géologiques au 1/80000). Limite de végétation lkm Haie

I

Fig. 6: Exemples de paysages agricoles léonards. A: sud de Ploudalmézeau. B: sud de Cléder. C: sud de Bourg-Blanc. D: est de Plouguerneau.

2 - LES «SIGNES PEDOLOGIQUES» Les anomalies détectées sur terre labourée étant nettement prédominantes, le problème se pose de sa- PRINCIPES ET FACTEURS INFLUENTS DE LA voir si cette visualisation sur terre nue est statistique- DETECTION SUR TERRE NUE ment plus importante que la visualisation sur cultures, lors de la mission de PI.G.N. du 17 mai 1992, compte Parmi les constats issus des campagnes de prospec- tenu de la représentativité des états des champs au tion du Léon à basse altitude, un aspect méthodologique moment du vol. A partir d'un échantillonnage de trois original avait été préssenti (Daire, 1992a) à savoir les photographies verticales de cette mission, sélectionnées grandes possibilités de la détection sur terres labourées; dans divers secteurs et traitées manuellement dans un l'analyse des conditions de détection des 135 sites ou premier temps (fig. 7), un traitement informatisé a indices, visualisés sur les photographies de PI.G.N., permis d'établir que la surface en champs labourés, par révèle une proportion de 76% de sites visibles sur terre rapport à la surface totale est respectivement de 30 %, nue (tab. 1), enclos ou «tâches». Par ailleurs, les pros- 35,5 % et 32 %, soit une moyenne de 32,5 %. Pour ces pections thermographiques aéroportées ont permis de mêmes secteurs, la S.A.U. correspond, en moyenne, à souligner l'avantage des détections sur sol nu après les 75 % de la surface totale (respectivement 74 %, 75 % et travaux agricoles, qui présentent une moindre conduc- 76 %). La surface labourée à cette période correspon- tivité thermique des couches superficielles (Tabbagh, dait donc à un peu moins de la moitié de la S.A.U.. Or, 1977). si l'on exclue les sites immergés et ceux des zones boisées (qui se trouvent en dehors de la S.A.U.), les sites o 200M

Fig. 7: La surface en terre nue (en noir) le 17 mai 1992 (d'après clichés de l'I.G.N.). A: Secteur de . B: Secteur de Plouedern. C: Secteur de . Localisation de ces trois zones test. visualisés sur terre nue représentent 87 % de l'ensemble res détectées sur terre nue sont des enclos pour 70 % et des 118 sites repérés dans les terres cultivées. des «tâches» pour 30 %; cette seconde catégorie d'ano- La conclusion de cette analyse est donc que, dans les malies apparaît exclusivement sur terre nue et jamais conditions de la couverture aérienne à haute altitude du sur cultures ou prairies; dans l'interprétation de ces 17 mai, les terres labourées ont été des révélateurs traces, ceci peut conforter l'hypothèse d'accumulation d'anomalies incomparablement plus favorables que les de matériaux à la surface du sol actuel («semelle» de prairies ou les zones de cultures. tumulus arasés ou autres tertres), phénomène influant sur les couches très superficielles mais n'ayant pas Sur les clichés de l'I.G.N. étudiés (tab. 1), les structu- forcément d'incidence sur la croissance des végétaux. plus clair est à puiser dans divers registres: tions ou des murs; dans le bas-Poitou (Marsac, 1991, p. - la géo-pédologie, en tenant compte à la fois de 25-26) l'apport des survols hivernaux sur terre nue est l'épaisseur et de la composition de la terre arable, la cité essentiellement sur un plan théorique. nature du remplissage du fossé, la nature du substrat ; - les conditions micro-climatiques et hygrométriques; LIMITES ET AVANTAGES - peut-être aussi les pratiques culturales, pour ce qui concerne la profondeur des labours. Dans des régions où les conditions de prospection aérienne sont difficiles, à la fois à cause du type de Nous avons souligné que les découvertes de fossés paysage (morcellement bocager) et climatologique (rareté plus clairs interviennent dans des conditions météorolo- des périodes de sécheresse), les survols printaniers giques particulières à savoir une période de beau temps permettent de détecter et de localiser des sites qui ne avec vents assez violents, suivant une période de pluie; seront pas forcément visibles ensuite dans les cultures. d'une part, l'humidité accentue les contrastes et donne Il s'agit donc de saisir l'information «au bond» à la une bonne définition des tracés et, d'autre part, le vent période où les labours donnent une vision relativement accentue les anomalies hygrométriques des terrains, plus homogène du paysage, sans attendre un déficit du surtout par temps ensoleillé; dans de telles conditions; bilan hydrique toujours hypothétique dans des secteurs les remblais des fossés observés sèchent plus rapide- de forte influence maritime. ment que les terres environnantes, ce qui produit cet Les photographies aériennes, verticales ou obliques, effet de «contrastes inversés». En corollaire, nous avons des sites repérés sur terre nue, apparaissent générale- pu constater, lors des survols à basse altitude, le carac- ment d'une précision, d'une définition et d'une qualité tère éphémère de ce type de visualisation dont la durée esthétique moindre que les clichés de sites sur cultures n'excède pas quelques heures. (fig. 8); cela est dû en particulier au problème des Mais ces facteurs climatiques et hygrométriques ne traînées de labours. Les photographies semblent appa- peuvent seuls expliquer le phénomène; ils se conjuguent remment manquer de netteté alors qu'en réalité, ce sont manifestement avec des conditions géo-pédologiques les traces archéologiques elles-mêmes qui sont plus ou particulières: les fossés ont certainement un comble- moins brouillées par un effet de zigzag provoqué par la ment moins tassé que le reste des terres et, dans ce cas, charrue (fig. 8B). Outre les impératifs liés à l'éclairage ils sèchent plus rapidement en surface et apparaissent (les meilleurs angles se situant dans le quart sud pour les en plus clair. La composition des comblements est vols en milieu de journée), les prises de vue obliques également à prendre en compte, sachant que des sédi- doivent donc tenir compte du meilleur angle de prise de ments plus perméables, comme des sables éoliens par vue, en principe perpendiculaire au sens des labours. exemple, sécheront aussi plus rapidement sous l'action Ce relatif manque de précision des tracés peut être superficielle du vent. illustré par l'exemple du site de Kervadeza en Ploumo- guer (Daire, 1991); la détection sur terre nue avait Des constatations sur les conditions de détection sur révélé un enclos rectangulaire délimité par une large terre nue ont pu être faites en Grande-Bretagne (Riley, bande claire correspondant à l'emprise de fossé(s); un 1987; Wilson, 1982) et dans quelques autres régions de survol estival sur culture a, plus d'un an plus tard, France (Chevallier, 1964, p. 31). Les survols hivernaux montré l'existence de deux fossés concentriques étroits réalisés en Picardie (Agache, 1964; 1970, p. 18-19; 1978, (Daire, 1992b); mais le contraste de couleur dans les p. 34-35) ont notamment mis en évidence ce phénomène cultures était alors si ténu que le site aurait certainement de visualisation des structures archéologiques sur terre échappé à la vigilance du prospecteur sans indices labourée; cependant, les indices hygrographiques («dam- préalables. pinarks» ou tâches d'humidité différentielle des sols Les déformations dues à la détection sur terre labou- nus) se présentent le plus souvent sous la forme d'ano- rée peuvent même aller jusqu'à la distorsion de plans, malies non linéaires, maculiformes, plus sombres au les labours pouvant entraîner un rejet latéral de sédi- niveau des terres correspondant à des habitats disparus, ments qui ne se trouveront donc plus immédiatement à ou encore de couleurs variées en fonction des matériaux l'aplomb des structures (fossés) sous-jacentes (fig. 8A); (de construction notamment) remontés par les labours. ce phénomène a pu être vérifié au sol lors de sondages Le Nord de la France est l'une des rares régions où sur le site britannique de Battledown Farm, au niveau s'illustre ce phénomène de «contrastes inversés» où les du croisement de deux fossés (Wilson, 1989, p. 70). fossés remblayés peuvent dessiner des lignes claires sur La visualisation de sites sur terre nue est un phéno- les sols riches tels les plateaux limoneux, tandis qu'ils mène éphémère, disparaissant en quelques heures, dès forment des lignes sombres sur les versants crayeux que l'ensemble de la surface du terrain est sec, ce qui notamment (Agache, 1964). peut constituer une limite et conditionne les survols à L'intérêt des autres prospecteurs aériens français basse altitude, qu'il est cependant difficile de «program- pour cette question est très inégal. En Bourgogne, R. mer» à l'avance (Whimster, 1982). Gogucy (1968, p. 42-44) considère ce phénomène comme Au titre des éléments positifs de ce type de détection, exceptionnel, la condition déterminante étant, selon lui, sur terre labourée, il faut tout d'abord signaler la possi- l'existence d'un substrat crayeux. En Ille-de-France, D. bilité d'effectuer le contrôle des sites au sol juste après Jalmain (1970, p. 12-18) explique l'apparition de ces leur détection aérienne. Mais surtout, l'avantage majeur «sites-nuances» sur terre nue, toujours en région cal- réside dans le fait que, quel que soit le type de cultures caire, par des conditions physiques et météorologiques (hormis les prairies permanentes), tous les champs sont (en particulier par les mouvements de l'eau dans les labourés à un moment ou à un autre de l'année, donc sols) tout en signalant que le phénomène reste rare. potentiellement prospectables; la détection reste condi- Dans les Charentes, J. Dassié (1978, p. 262 et tabl. I) tionnée, entre autres, à la profondeur des labours, mais évoque les «anomalies de densité dans la teinte» sur terre au bout de quelques années, on peut donc espérer nue, mais n'envisage que le cas de tâches d'humidité disposer d'une couverture aérienne livrant un échan- comme révélatrices de fossés comblés, les anomalies tillonnage satisfaisant des sites décelables dans les con- négatives ne correspondant qu'à des cendres, des fonda- ditions exposées, c'est-à-dire d'enclos à fossés pour Déjà grâce aux survols à basse altitude, en 1991 et CONTRASTES INVERSES 1992, il avait été possible d'établir que la visualisation de sites archéologiques sur terres labourées n'était pas un Les sites détectés sur terre nue à la fois sur les clichés «épiphénomène», ainsi qu'en témoignaient les rende- obliques et sur les photographies verticales sont, pour ments des survols printaniers de 1992, correspondant à l'essentiel, des enclos, souvent complets, dont le tracé une moyenne de 4 sites, détectés par heure de vol, sur apparaît en plus clair sur fond marron de terre arable; terre nue. Dans le détail, les conditions des découvertes l'existence d'une couverture de sols bruns, dont la cou- de ce type sont les suivantes: les survols fructueux des leur change avec l'humidité est, bien évidemment, fon- terres labourées ont lieu juste après une période de damentale dans la visualisation de ces «contrastes inver- pluie, voire de tempête, au cours des premières embel- sés». Le phénomène décrit ici ne doit pas être confondu lies qui coïncident généralement avec des vents relative- avec celui des villae gallo-romaines, dont le plan est ment violents; les anomalies hygrométriques superfi- obtenu après de profonds labours ayant écrêté ou arasé cielles des terrains se trouvent alors accentuées. Ces des murs en pierre calcaire (Agache, 1978). facteurs météorologiques sont importants pour la com- L'explication du phénomène des contrastes inversés préhension du phénomène (Cf. infra), mais ne man- rencontré dans le Léon, de manière quasi exclusive lors quent pas de poser quelques problèmes techniques des prospections aériennes sur terres labourées, mérite pendant le vol (secousses) et les prises de vue (tâches quelques développements. Plus généralement, en effet, sombres dues à des passages nuageux, notamment) les structures fossoyées (fosses, fossés) constituent des (Daire, 1992a). réserves d'humidité et, lorsqu'elles sont détectées sur Les conditions climatiques de la couverture photogra- cultures, la végétation y est plus verte et d'une crois- phique aérienne de l'I.G.N. du 17 mai 1992 ont pu être sance supérieure. De même, dans les rares régions de précisées grâce à l'exploitation des renseignements fournis France où ces structures sont visualisées sur sol labouré, par Météo France (Service météorologique interrégio- c'est généralement sous la forme de tâches d'humidité nal Ouest, Centre départemental du Finistère) concer- ou de tracés plus sombres (Chevallier, 1985, p. 22; nant les bilans météorologiques des trois jours qui ont Jalmain, 1970, p. 12-18; Delacampagne et al., 1992; précédé le vol (14,15 16 mai) et le jour même (17 mai); Agache, 1964; 1970, p. 18-19; 1978, p. 34-35): après une les observations ont été réalisées aux stations de Brest- période de pluie, les structures excavées, dont le com- (B) et de -Base aéronavale (L) blement est moins perméable, retiennent davantage (tab. 2) l'humidité que les terres environnantes où l'eau s'infiltre Les phénomènes ou éléments météorologiques re- plus rapidement et, dans ce cas, elles apparaissent en marquables au cours de cette tranche de quatre jours plus sombre. sont donc un temps nuageux, avec averses le 14 et le 15, Dans un premier temps, la question s'est posée de puis une amélioration générale avec un temps clair à savoir si les tracés plus clairs, visualisés sur terre nue ensoleillé le 16 et surtout le 17, accompagnée de vents dans le Léon, n'étaient pas ceux de talus arasés apparte- modérés à assez forts ces deux derniers jours. On nant à des enclos, d'autant que dans les zones remem- retrouve donc ici des conditions climatiques compara- brées, les anciens parcellaires présentent des caractéris- bles à celles des survols printaniers à basse altitude qui tiques assez similaires vues d'avion. Un tel élément avaient révélé des sites archéologiques sur terre nue, d'explication peut fort bien subsister dans quelques cas. c'est-à-dire une période d'amélioration avec vent assez Mais dans la plupart des exemples de contrastes inver- fort, consécutive à une période de précipitations. sés observés dans le nord du Finistère, il s'agit bien de fossés comblés fournissant en tracé plus clair le plan des enclos (Daire, 1992). L'explication au fait que ces tracés apparaissent en

Date 14 mai 15 mai 16 mai 17 mai

Précipitations B 0.06 0.06 _ _ en heure et minute L 0.06 1.16 - -

Humidité relative B 74 80 74 75 en % L 76 86 78 78

Vitesse du vent B 3,1 6,1 6,3 5,0 en mètre/seconde L 4,1 5,5 5,9 5,8

Durée d'insolation B 6.42 9.54 13.54 13.48 en heure et minute L 4.18 6.18 1236 13.12

Temp. moy. de l'air B 16,3 12,8 19,0 18,9 sous abri en ° Celsius L 16,9 12,2 17,7 17,4

Temp. moy. dans le sol B 13,3 13,1 13,2 14,2 à 20 cm en ° Celsius L 12,9 12,7 12,6 13,5

Tab. 2 non seulement pour optimiser les reconnaissances aé- riennes, mais surtout pour tenir compte des tous les paramètres dans la phase de photo-interprétation.

REMERCIEMENTS

Cette étude a bénéficié de l'aimable collaboration de Mr. Etienne Seguin, responsable de l'agence I.G.N. de Rennes; de Mr. Yves Quêté de l'unité du C.N.R.S. Géosciences, Université de Rennes I; du Service Clima- tologie du Centre Départemental du Finistère de Mé- téo-France; de la Direction Départementale de l'Agri- culture et de la Forêt du Finistère. Qu'ils en soient tous remerciés.

Crédit photographique: Planche 1: extraits de photographies aérien- nes couleur, c I.G.N. - Paris, 1992, autorisation de reproduction n° 41.0333.

BIBLIOGRAPHIE

AGACHE, R., 1964 - La prospection aérienne sur sols nus et l'inven- taire archéologique de la Somme. In: Archéologie aérienne, actes du Colloque international, sept. 1963. E.P.H.E. éd., 49-58.

ACACIIE, R-, 1970 - Détection des vestiges préhistoriques, gallo- romains et médiévaux dans le bassin de la Somme et ses abords. Util. Soc. Préh. Nord, n° 7 sp., 230 p. AGACHE, R., 1978 - La Somme pré-romaine et gallo-romaine. Société des Antiquaires de Picardie éd., 516 p. BARIOU, R-, 1978 - Manuel de télédétection. Sodipe éd., 349 p. MASSE de MENORYAL, M. et THEOBALD, N., 1974 - Carte géolo- gique du quaternaire et des formations superficielles de la France au 1/1000000. Ed. Annales scientifiques de l'Université de Besançon et C.N.R.S., 4 feuilles. BAUDREU, D., 1990 - Photographie aérienne verticale à haute altitude et village déserté. Escueillens et Saint-Just-de-Bélençard (Aude). Archéologie et vie quotidienne aux XJIIème-XVème siècles en Midi-Pyrénées. Catalogue d'exposition, Toulouse, 86-88. BIENFAIT, J., PIBOUDES, R. et TRAONVOUEZ, Y., 1991 - Le B Finistère, de 1945 à nos jours. In: Le Gallo, Y. (Dir.): Le Finistère, de la Préhistoire à nos jours. Bourdessoules éd., 505-572. CHAURIS, L., 1966 - Le granité de l'Aber Ildut (Finistère). But. Carte Fig. 8: Schémas de visualisation d'un fossé sur terre nue. A: Décalage dû au rejet latéral des labours. B: Effet de zigzags des traînées de Céol. France, 278, T LXI, 9-13 + carte. labours. CHEVALLIER, R., 1964 - L'avion à la découverte du passé. Ed. Fayard, 221 p. l'essentiel. CHEVALLIER, R., 1965 - Photographie aérienne et archéologie. In: Chevallier, R- (dir.): Photographie aérienne:panorama intertechni- CONCLUSION que. Gauthier-Villars éd., 97-105. CHEVALLIER, R-, 1985 - Archéologie aérienne et spatiale. In: Fort de cette expérience bretonne, on peut se deman- L'archéologie et ses méthodes. Horvath éd., 19-40. der si, d'une manière beaucoup plus générale, la pros- CHOUQUER, G. et TABBAGH, A., 1990 - Prospection. In: Les pection archéologique ne gagnerait pas en efficacité mystères de l'archéologie. Les sciences à la recherche du passé. avec une exploitation systématique des clichés verticaux Presses Universitaires de Lyon, 29-31. de haute altitude, entre autres ceux de l'I.G.N.. CHOUQUER, G., 1991 - Que reste-t'il de 3000 ans de création Outre une démonstration de la complémentarité des paysagère? Etudes rurales, janv-déc. 1991, 45-58,121-124. techniques de photographie aérienne à haute et à basse altitudes qui n'ont révélé qu'une dizaine de sites en CHOUQUER, G. et FAVORY, F., 1991 - Les paysages de l'Antiquité. Ed. Errance, 17-23. commun sur un total de plus de 250, cet exemple d'étude met en relief des apports méthodologiques patents: les Collectif, 1970 -Carte géologique de la France, Feuilles 11-16 de Brest- conditions naturelles déterminent la détection, les pos- Lorient au 1/320000. BRGM éd. sibilités de découvertes, les types de sites visualisés; en DAIRE, M.Y., 1991 - Première campagne de prospection aérienne conséquence de quoi il faut adapter les méthodes au intensive en Léon. Bu!. Soc. Archeol. Finistère, t. CXX, 105-132. terrain d'étude. Ainsi, la détection sur terres labourées, DAIRE, M.Y., 1992a - Un aspect méthodologique original de la basée sur l'exploitation de survols hivernaux et printa- prospection aérienne à travers l'exemple du nord du Finistère. niers, peut-être à même d'ouvrir des perspectives en- Rev. Archéol. Ouest, 9, 187-190. courageantes pour la recherche dans des territoires qui DAIRE, M.Y., 1992b - Une nouvelle campagne de prospection ne paraissent pas a priori, favorables à la recherche aérienne en Léon. Bul. Soc. Archéol. Finistère, t. CXXI (sous presse). archéologique par voie aérienne. Les conditions de détection, mais aussi les phénomènes liés à la visualisa- DASSIE, J., 1978 - Manuel d'archéologie aérienne. Ed. Technip, 350 tion tel celui des contrastes inversés doivent être saisis, P- DELACAMPAGNE, F., DESLOGES, J., GIGOT et SAN JUAN, G., MEYNIER, A., 1965 - Les talus des champs bretons. Penn ar Bed, 41, 1992 - Vol à travers les âges; la prospection aérienne dans le 37^10. Calvados. Conseil Général du Calvados éd., 107 p. MEYNIER, A., 1976 - Typologie et chronologie du bocage. In: Les GANDON, J.F. et LANGOUET, L., 1992 - Un système de redresse- bocages, histoire, écologie, économie. Table-ronde du C.N.R.S., ment informatisé des photographies aériennes obliques. Revue Rennes, 5-7 juillet 1976,1.N.R.A. éd., 65-67. d'Archéométrie, 16, 21-26. PAPE, L,, 1978 - La civitas des Osismcs à l'époque gallo-romaine. JALMAIN, D., 1970 - Archéologie aérienne en Ille-de-France.'Ed. Klincksieck éd., 245 p. Technip, 172 p. PIHOUDES, R., 1991 - Présentation géographique du Finistère. In: LANGOUET, L. (dir.), 1991 - Terroirs, territoires et campagnes Le Gallo, Y. (dir.): Le Finistère, de la Préhistoire à nos jours. antiques. La prospection archéologique en Haute-Bretagne : trai- Bourdessoules éd., 20-26. tement et synthèse des données. Rev. Archéol. 0(/e«,supp. n°4,292 RILEY, D., 1987 - Airphotography and archaeology. Duckworth éd., P- 151p. IANGOUET, L. et DAIRE, M.Y., 1990 - Les enclos protohistoriques TAHBAGII, A., 1977 - Difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre et gallo-romains du nord de la Haute-Bretagne. Dossiers de la prospection thermique aéroportée. Re\'ue d'Archéométrie, 1, Ce.Ryl^., n° M, 79-115. 91-104. IANGOUET, L. et GAUTIER, M., 1991 - La prospection aérienne en WILSON, D., 1982 -Air photography interprétation for archaeologists. Bretagne. Collection Documents d'Archéologie armoricaine. C.R.D.P. Rennes éd., 91 + planches et diapositives. Batsford éd., 212 p. WILSON, D., 1989-The formation and appearance ofarchaeological LUCAS, D., 1957 - A propos du bocage bas-breton. Penn ar Bed, 10, soil marks. In: D. Kennedy (éd.), Into the sun, Sheffield, 61-71. 2-6. MARSAC, M., 1991 - Inventaire archéologique par photographie ZADORA-RIO, E., 1987 - Archéologie du peuplement: la genèse d'un terroir communal. Archéologie médiévale, XVH, 9-19 et 57-58. aérienne des abords du Golfe des Pictons. ADANE éd., 120 p. L'ILE DE BATZ.

1 / Présentation du cadre naturel.

A / Géologie.

La géologie (fig. 1) de l'île de Batz montre un substrat essentiellement granitique, qui présente deux faciès principaux :

- la plus grande partie de l'île correspond au granité dit "de Roscoff", d'un type assez peu présisèment défini, présentant un affleurement de kersantite dans le secteur du "Trou du serpent". - la pointe est de l'île présente un granité dit "à deux micas", qui correspond à un granité à orthose, muscovite et grenat. Dans le détail, ce faciès possède une infinité de filons de composition minéralogiquc variable.

D'autres inclusions existent à l'ouest de l'île, et constituent des bandes d'orientation est-ouest. Le quaternaire est également représenté, principalement par des formations dunaires, des plages héritées et des levées de galets. Pour plus de détail sur la géologie de l'île de Batz, nous renvoyons le lecteur à la carte géologique de la France au 1/80 000 (feuille de Lannion, n°41, 1966)

L'essentiel des pierres de construction (en granité gris) employées sur l'île de Batz provieafc du sous-sol de l'île, et ont été principalement extraites des affleurements côtiers, de l'cstran ou de certains petits "massifs", comme le Roc'h. En dehors des maisons d'habitations et des fermes, la quasi-totalité des édifices d'époque moderne et contemporaine témoignent de cette utilisation; qu'il s'agisse d'édifices religieux (église, chapelle, calvaires), de constructions militaires défensives (Fort, corps de garde) ou des constructions maritimes (phare, sémaphore, môle). "Non contente de répondre à la demande insulaire en pierres de construction", l'île de Batz "a été aussi pendant des siècles exportatrice de granité vers la région morlaisienne" (Chauris, 1993). Aujourd'hui certains îliens et propriétaires de maisons secondaires ne sacrifient malheureusement plus à cet emploi.

B / Pédologie.

"la végétation naturelle (friches comprises) concerne 33% du territoire à Batz. [..]. Les sols sur limons profonds couvrent 50% de l'île et sont tous cultivés (fig.2), au même titre que certains sols dunaires ou bruns sur substrat rocheux ; la végétation naturelle est cantonnée aux marges incultes de l'île" (Brigand, 1988, p.259). Nous savons que la pointe sud-ouest de l'île était autrefois coupée du reste de Batz. Un texte du 27 septembre 1829 émanant du conseil municipal traite des sables mouvants encore présents. "...Depuis quelques années les sables mouvants font des progrès rapides sur plusieurs points de la commune de L'Ile de Batz, notamment dans les parties de l'Est et du Sud-Ouest des amoncellements énormes de sables se forment en talus contre les fossées des champs et messious, et dès le moindre vent qui souffle dans ces parties, le sable s'enlève par-dessus les fossées et couvre en un instant toutes la surface des terrains voisins." A l'inverse de ce gain de terre, et dans l'hypothèse d'un réhaussement du niveau moyen des mers, "des îles possédant des massifs dunaires importants, comme Batz et Houat pourraient être sérieusement amputées" (Hallcgouct, 1990).

■ -33-

Figure2 - Aspects géographiques et humains de nie de Batz (d'après Brigand, 1988)

Organisation fonctionnelle de l'espace à Batz en 1952

1km

Organisation fonctionnelle de l'espace à Batz en 1985

Espace urbanisé (bâti et jardins d'agrément)

Espace de culture

Espaces en herbe (prairie, friches pâturées)

Absence de mise en valeur : broussailles, landes et pelouses littorales

Principaux boisements Figure 3 - Carte générale de localisation de l'île de Batz 2 / Situation géographique.

A /Présentation

L'ile de Batz est située dans le Nord Finistère (fig.3) à une latitude moyenne de 48°44' Nord (longitude : 7,05 grades ouest du méridien de paris). Cette île, baignée par les eaux de la manche fait partie du pays du Léon. Dans sa partie sud-est (Penn ar C'hleguer), elle n'est distante en ligne directe que d'un peu plus d'un kilomètre du continent, plus précisément de Roscoff. Néanmoins ces deux terres léonardes sont séparées par un étroit chenal, lieu de courants violents. L'accès se fait par bateau (3,5 Km environ entre les deux ports). Le trajet dure une vingtaine de minutes au plus, la liaison est assurée par deux compagnies, qui au temps fort du tourisme estival mettent en service jusqu'à huit bateaux.

La plus grande longueur de l'île est de 3,7 Km, sa plus grande largeur de 1,6 Km. Sa surface totale est de 305 hectares dont 168 hectares en S AU (Direction Départementale de l'agriculture et de la foret du Finistère, 1993). Ces dimensions, en apparence modestes, cachent une distance côtière importante (fig.3). La commune de l'Ile de Batz se compose de l'ile principale qui lui donne son nom, de l'îlot de Ti-Saozon (situé à 1,3 Km à l'est de la pointe sud-est), de l'ile des près (au nord), et d'une cohorte de plus petits îlots, localisés principalement au sud, à proximité immédiate de l'ile de Batz (Kefenn, Skoarboz..).

La topographie de l'île de Batz est relativement peu accidentée. L'organisation des formes de relief apparaît assez nettement à la lecture de la carte IGN au l/25000e (fig.4). Une "ligne de hauteurs" se démarque dans la moitié sud de l'île. Elle se décompose en fait en trois petites proéminences, une au centre-ouest de l'île et deux autres vers l'est, qui culminent respectivement, d'ouest en est, à 29, 32 et 33 mètres. C'est sur le second de ces points hauts qu'est installé l'actuel sémaphore. Autrefois, cette ligne de hauteur était le lieu privilégié d'instalation des moulins à vent. Une seule vallée, orientée nord-sud interrompt cette ligne de "sommets", aux lieux dits KeneKaou et Rupodou.. Les versants regardant au sud ont une pente un peu plus prononcée que ceux du nord de l'île qui redescendent doucement vers la mer. L'extrémité ouest n'est relié à l'île de batz que depuis peu, grâce à deux cordons littoraux. L'espace intersticiel qu'ils ont créé est devenu un plan d'eau marécageux. L'îlot de Ti Saozon aux dimensions modestes culmine cependant à 27 mètres au dessus du niveau de la mer.

B/Les marées.

Les variations et les transgressions du niveau de la mer ont été nombreuses au cours de la préhistorique.II y a 20 000 ans, les îles du Ponant, s'étendant de Cherbourg à la Gironde, n'étaient encore que des collines surplombant de vastes plaines. "Les îles bretonnes, entre la baie du mont-St-Michcl et l'estuaire de la Vilaine, se sont formées pendant la période post-glaciaire, avec la remontée du niveau de l'océan consécutif à la fonte des glaces. Il y a 10 000 ans, la plupart des îles actuelles n'existaient pas. Seule Ouessant était déjà insularisée. Les autres [...] se sont détachées du continent plus ou moins par la suite, selon la dépression qui les sépare de la terre. Du fait des oscillations de la transgression post-glaciaire ou flandrienne, certaines îles proches de la côte comme Batz, ont connu des alternances île - presque-île" (Hallegouet, 1990). L'insularisation de Batz ne correspondrait donc qu'à un phénomène très récent et ne se serait opérée que depuis moins de 3000 ans.

Monsieur Giot écrit au sujet du niveau fluctuant de la mer:" Dans nos régions, les plages du dernier interglaciairc (stade isotopique 5, Eemien pour les géologues du Nord de l'Europe) se trouvent culminer sous forme de reliques de cordons de galets vers 5 à 6 mètres au-dessus des plus hautes mers actuelles" (Giot, .1990, p.6). Au cours de la prospection sur l'estran autour de l'île, il fut possible d'observer des niveaux de galets dans la falaise, qui correspondaient autrefois à des plages, aujourd'hui surélevées, notamment de part et d'autre de presque toutes les pointes rocheuses. A Batz, le marnage (différence entre la pleine mer et la basse mer) moyen est à l'heure actuelle de 7,60 mètres en vives eaux et 3,60 mètres en mortes eaux. Lors des marées de très forts coefficients, l'accès à pied de l'île au continent est encore possible. De la pointe sud-est de L'île de Batz, L'îlot de Ti Sauzon est accessible, dans les mêmes conditions. Un lien est ainsi renforcé entre les sites archéologiques de la pointe sud-est de l'île et les gisements de l'îlot.

Dans les conditions géologiques et topographiques que nous avons précisé (côtes basses en certains endroits, formations et dépôts quaternaires) et dans la perspective d'une érosion longue, si le niveau moyen des océans venait à monter (ou continuait à monter ?), la superficie de l'île de Batz pourrait décroître de façon non négligeable. Les îliens se sont déjà inquiétés des attaques répétées, mais normales, de la mer. Ils ont notamment souhaité protéger les côtes du nord de l'île, en déplaçant des blocs des pointes rocheuses du sud de l'île, désir qui n'a pu être satisfait.

C / Hydrologie.

D'après les recherches de N. Roualec (, il semblerait que L'île de Batz abriterait 54 puits et 13 sources. Ces points d'eau n'ont pas tous été exploités en même temps et actuellement, les Iliens ne les utilisent pas tous. La fréquence marquée de l'eau dans le sud de l'île révèle en partie pourquoi les hommes ont choisi de préférence cette partie de l'île pour y habiter.

D /Démographie.

Les archives de N. Roualec(Roualec, s.d.) nous apprennent qu'au début du XIXe siècle, L'Ile de Batz abritait environ un millier d'îliens, grâce aux nouvelles constructions - le phare (1835), le môle (1846-1854) et le port - ainsi qu'à l'extension des terres cultivables apportant du travail. Entre 1870 et 1896, l'île de Batz connut des épidémies de rougeole et de variole frappant en particulier les femmes et les enfants. Malgré ces événements, Batz comptait encore 1363 habitants en 1911 (Charpy, 1972). A partir de l'cntre-dcux guerres jusqu'à nos jours, on constate une baisse de près de la moitié de la population. Ce déclin fût scmblc-t'il dû aux changements de structures économiques et à l'apparition de nouveaux métiers, nécessitant de nouvelles habitudes de vie et surtout, une migration des populations iliennes à la recherche de travail vers le continent (Brigand, 1988, p.68)... A présent, la population est variable selon les mois de l'année. On estime le nombre d'habitants permanents à environ 700 personnes, comptant particulièrement plus d'adultes que déjeunes, mais on a malgré tout constaté un renouvellement récent de la population (Brigand, 1984). La présence d'une bibliothèque et de deux écoles, souligne l'importance que les îliens témoignent à une vie communautaire active.

Actuellement, on découvre sur l'île de Batz un bourg et un port, construits sur la côte sud. La répartition des habitants de l'île semble, au cours des siècles, avoir évolué du sud-est au centre de l'île à la suite de l'avancée des dunes mais aussi en fonction des épidémies successives et de la présence de différents points d'eau. Des fermes et des maisons plus ou moins isolées sont également présentes sur la majeure partie de l'île, excepté à l'ouest et au nord, où le vent demeure très fort (Annexe 2b).

3 / Toponymie.

Le nom de L'île de Batz semble provenir du breton "Enez Vaz" qui signifie l'île basse. (Roualec.s.d) En 1154 a été réalisée la première carte connue de la péninsule Bretonne par Ash-Sharîf al-Idrisi (de son nom véritable Abû Abd Allah Muhammad ibn Ahmad), géographe officiel de Sicile. On peut ainsi découvrir L'île de Batz, déjà mentionnée (Il existe une réduction de la mappemonde gravée sur plaque d'argent du Xllème siècle à Oxford, Tanguy, 19 ) Le nom de l'île de Batz devient, en 1185, "l'Isle de Bath-Paul". Les cartes de la Bretagne dites d'Argentré et de Bouguercau mentionnent et écrivent le toponyme de L'île de Batz: "Isle de baz", en 1588 et en 1594. Le prototype de la maquette manuscrite devait être, en 1588, "l'Isle de Baz" (Pinot, 1992). Ces cartes devaient être insérées dans l'Histoire de Bretagne de Bertrand d'Argentré (il existe un exemplaire de cet ouvrage, datant de 1588, à la bibliothèque municipale de Brest). En 1657, Batz se nomme "l'Isle de Batz-Paul", mais l'orthographe varie aussi entre "Baz-Paul", "Baz" ou "Bas"... Ce n'est que vers 1830 que l'île prend l'orthographe de "Batz", exception faite pour les cartes marines où l'on retrouve "Bas", comme dans Pilote des côtes de la Manche (Thomassin, 1871) où l'on indique les lieux de mouillages et les phare et sémaphore de l'île.

La toponymie de L'île de Batz est riche de sens. Les études effectuées au cours de la prospection-inventaire révèlent que les micro-toponymes sont souvent liés à un site archéologique spécifique (annexe ld).

4 / LE FONDS DOCUMENTAIRE

4.1 / Les sources.

Le point de départ de mes recherches consista en un dépouillement très large de toute la documentation qui avait trait à L'île de Batz. Les premiers documents recueillis au commencement du stage en laboratoire furent les fiches d'inventaire de l'A.M.A.R.A.I. et de l'Institut Culturel de Bretagne, présentes au Laboratoire d'Anthropologie. Elles m'offrerent un premier aperçu des sites archéologiques. Les fiches présentes au S.R.A. de Bretagne complétèrent le premier état des sites archéologiques de L'île de Batz. Hormis ces quelques fiches d'inventaire, les trois bibliothèques du Laboratoire d'Anthropologie permirent de confirmer que seuls quelques ouvrages et revues comportaient des articles sur l'île, comme le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, le Bulletin de l'A.M.A.R.A.I. (Théréné, 1988) ou La Carte Archéologique de la Gaule: Finistère 29. (Galliou, 1989)...offrant au départ une bibliographie assez mince. Afin de compléter cette première approche de L'île de Batz, on pouvait découvrir des ouvrages liés au tourisme traitant succintement de l'île (Arthus-Bertrand, Le Brun, 1991) (Queffélcc, 1991) (Priser, 1983,1991), des articles de revues ( Guidet, 1992) (Rabu, 1992), des journaux ou des récits généraux, contant l'histoire du Finistère et du Léon (Frochen, 1981) (Guery, 1990) (Bienfait et al., 1991).

Malgré ce manque relatif d'informations écrites, il était possible de parvenir à une vision générale des indices de sites ou sites archéologiques présents sur l'île en observant les cartes marines, I.G.N. et géologique. Nous savions que certains habitants de l'île pourraient certainement nous aider dans nos recherches grâce à leurs connaissances des sites archéologiques. Malheureusement, la personne connaissant le mieux sans doute le passé de l'île et à laquelle nous songions, monsieur P. Théréné, décéda en décembre 1992. Sur place, nous devions notamment contacter monsieur 0. Maillet, horticulteur et responsable du Jardin G. Delaselle, situé au sud-est de l'île, afin de pouvoir effectuer des relevés de la nécropole découverte au début du siècle. Grâce au fonds documentaire du CE. aérospatiale, "hérité" indirectement du premier propriétaire du site, monsieur G. Delaselle, nous avons obtenu des informations concernant les travaux effectués dans le Jardin, des photographies ainsi que des renseignements sur une batterie présente sur la pointe sud-est de l'île, rassemblés par monsieur 0. Maillet. Ce dernier nous indiqua un ami de monsieur P. Théréné, monsieur N. Roualec, qui avait écrit un ouvrage de plus de 300 pages (Roualec, s.d.), non publié, retraçant l'Histoire de L'île de Batz. Après avoir fait sa connaissance, il eu la gentillesse de nous prêter ses archives. De nombreux Iliens se joignirent à nous pour nous offrir leur connaissance de L'île de Batz. Mademoiselle Plassart, qui avait effectué des recherches sur les sites archéologiques de Batz, madame Jouffroy et beaucoup d'autres qui, avec confiance et gentillesse, nous emmenèrent sur les sites et nous fournirent autant de détails précieux pour saisir en profondeur les changements survenus en particulier sur les sites archéologiques. L'îlot de Ti Sauzon devait faire partie de cette prospection, mais la présence de trop nombreux oiseaux, en cette période de nidification, m'empêcha d'aller sur place. Je pris alors contact avec messieurs Le Goff et Roué, prospecteurs de Santec, qui me confièrent pour quelques semaines l'outillage lithique et les tessons trouvés récemment sur l'îlot afin que je puisse recenser les sites et les gisements présents et effectuer une première chronologie des occupations humaines.

4.2 / Les données historiques

L'Ile de Batz (29), morceau de terre de la pointe bretonne fut signalé dès l'Antiquité avec l'Itinéraire maritime d'Antonin. Ravagée par les Vikings en 875 puis vers 878 avec le danois Hasting qui s'installa jusqu'en 882, elle fut à nouveau envahie et pillée par les pirates et les Anglais en 1388, 1539 et 1587. Cette île appartenait à l'évêché de Léon, dont le centre est St-Pol-de-Léon. L'île de Batz vit près de ces côtes de nombreux combats navals entre les Anglais et les Français, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Au cours de la période révolutionnaire, l'armée française endommagea et détruisit plusieurs chapelles et les croix de l'île. La fin du XIXème siècle vit enfin avec plus de sérénité la vie des Iliens, paysans et marins. Même si certains d'entre eux partaient outre Manche pour vendre les récoltes d'ail ou d'autres, dans la marine marchande, tous rentraient un jour pour s'occuper de la récolte des céréales, du lin et du chanvre en moindre quantité, des légumes, - les pommes de terre produite encore actuellement en grande quantité -. Le bétail et les chevaux complétaient les biens des petites exploitations. Enfin, on ramassait le goémon, dont les Iliens tiraient l'engrais nécessaire aux cultures ou encore la "soude" produite dans les fours de goémoniers et revendue à des usines de produits chimiques (Arzel, 1987, p.206). En 1940, l'île est occupée par l'année allemande. A la fin de la guerre, ces derniers firent sauter les munitions et les armes qu'ils avaient cachées sur Hic, avant de partir, le 7 août 1944. Des années cinquante jusqu'à nos jours, L'île de Batz est parvenue à conserver une partie de sa population, grâce au dynamisme de l'agriculture maraîchère, surtout depuis le début du siècle (Brigand, 1984), et par l'utilisation d'un parcellaire fragmenté mais peu fluctuant, l'île n'ayant pas subi de remembrement comme l'île de Groix. Mais il ne faut pas oublier qu'à cette époque beaucoup d'hommes partirent récolter la betterave sucrière sur le continent afin de compléter les revenus provenant de l'agriculture ou de la pêche. Le climat favorable - le gulf Stream - dont bénéficie l'île ainsi que la présence du Jardin G. Delaselle attirent aujourd'hui de nombreux amoureux de la nature et permettraient peut-être aux habitants, s'ils le désirent, la création dans les prochaines années d'un nouveau secteur économique saisonnier (lié au tourisme estival), très contrôlé.

5 / LE TRAVAIL DE TERRAIN.

* Prospection systématique de l'île.

5.1 / Le littoral : Apports et difficultés rencontrés.

L'exploration de l'cstran et des micro-falaises autour de l'île sur une longueur de plus de 17km fut la première préoccupation de ce stage. En effet, l'exemple des prospections effectuées sur le littoral et les îles de Bretagne depuis plusieurs années a déjà démontré que l'évolution très rapide des côtes (érosions naturelles, recul des micro-falaises, démaigrissement des plages, etc..) est un facteur important dans la découverte et la destruction des sites archéologiques. Principale difficulté, le temps peu clément, orages et pluies violentes, fit alterner constamment prospection et relevés de monuments dans des conditions souvent difficiles. Malgré ces contre-temps, cette prospection systématique des falaises, des plages et des îlots, lorsque ces derniers n'étaient pas occupés par des goélands, permit de découvrir de nombreux gisements d'outillage lithique et quelques tessons de céramique.

5.2 / L'intérieur des terres : Accessibilité du terrain.

Le territoire cultivable de L'île de Batz est très important. Sur une superficie totale de l'île de 305 hectares, les terres agricoles utilisées couvrent 168 hectares, soit un pourcentage de 65% de surface agricole utile par rapport à la surface totale de la commune. Le nombre important de plantations n'a donc pas permis une prospection exhaustive de l'intérieur de l'île. De plus les terres cultivées n'étant pratiquement pas accessibles à cette période de l'année, elles restent potentiellement à prospecter. Il faut cependant signaler que deux campagnes de prospection aérienne, réalisées en 1990 et 1991 par L.Langouët puis par M.Y. Daire n'avaient révélé aucun indice de structure, visible d'avion, en dehors d'une structure fossoyée à Penn ar C'hlegucr. Cette absence d'indices de sites est probablement à mettre sur le compte des pratiques culturales (cultures légumières peu propice à ce type de détection et morcellement extrême du paysage agricole en petites parcelles), ainsi que sur l'épaisseur trop importante de la couverture limoneuse et dunaire dans certains secteurs.

5.3 / Relevés des monuments : Méthodologie.

A/Le Jardin G. Delaselle.

Grâce à l'aimable autorisation de monsieur Reymann (CE. aérospatiale) ainsi qu'à la grande coopération de monsieur Maillet, j'eu toute facilité pour effectuer les relevés des onze tombes en coffre, du dolmen et du menhir du Jardin G. Delaselle. Jusqu'à présent, aucun relevé récent n'avait été effectué. Seul un plan de masse de la propriété (au l/500e) avait été demandé par le CE. aérospatiale en 1979 (Javré, 1979). Il s'est avéré peu utile du fait des transformations intervenues dans la remise en valeur ultérieure du Jardin. La méthode de travail employée fut de relever en plan chaque tombe en coffre et les deux fosses rectangulaires (fig. 10), (probables sépultures de la même période) sur papier millimétré, à l'échelle l/10cme. Seuls le dolmen (fig. 11) et le menhir, trop grands, furent dessinés au l/20eme (fig.5). Les tombes en coffre (6-9) ont été dessinées telles qu'elles apparaissent actuellement, tout en restant conscient que certaines dalles furent certainement déplacées au cours des fouilles de monsieur Delaselle, au début du XXe siècle. Les dessins ne prétendent pas être un relevé parfaitement exhaustif, puisque certaines pierres ne sont pas apparentes et d'autres très partiellement. Des cotes d'altitude furent prises à l'aide d'un niveau de chantier optique pour chaque monument. Les relevés sont tous accompagnés de nombreuses photographies, les unes comportant une mire et le nord, les autres sans ces repères. Un carnet relatif à ces photographies contient diverses indications (le jour, le site et la direction dans laquelle ont été pris les clichés).

B/Les tombes en coffre et les menhirs des propriétés privées.

Certains jardins de l'île comportent aussi des structures funéraires ou des mégalithes. Rapidement contactés, les propriétaires furent très compréhensifs et me permirent d'étudier les sites et surtout d'effectuer des relevés et des photographies selon une méthodologie comparable à celle du Jardin G. Delaselle. La propriété de monsieur et de madame Houille comprend un menhir et un dolmen ainsi que le mur extérieur de monsieur et de madame Soularue où est inséré un menhir (Sellier, 1991). Seule la tombe en coffre de la propriété de la famille Masson me fut inaccessible, les propriétaires étant injoignables à cette période.

6 / ETUDE DU MOBILIER EN LABORATOIRE

La troisième partie du stage consista essentiellement en une mise au net de tous les dessins de monuments présents sur l'île - mégalithes, structures funéraires - mais aussi d'un apprentissage et d'un perfectionnement du dessin de mobilier: outillage lithique et céramiques. Les objets mobiliers, découverts ou prêtés au cours de la prospection-inventaire de L'Ile de Batz sont des outillages lithiques et des tessons de céramiques. -JfO-

Les silex découverts au cours de la prospection et les collections de messieurs Le Goff et Roué furent analysés par monsieur Monnier, qui eu la gentillesse de m'indiquer avec plus de certitude une chronologie des gisements découverts et établir l'outillage lithique le plus intéressant à reproduire. C'est ainsi que huit éclats et outillages lithiques furent choisis. Il a été découvert au nord de l'île de Batz (au lieu dit Gwagé), dans la grève, un nucleus comportant différents plans de frappe. Aucune grande caractéristique ne permet de préciser si ce nucleus date du Paléolithique ou du Néolithique. De nombreux éclats de débitage ainsi qu'un petit grattoir caréné ou nucléiforme ont été ramassé sur le promontoire du C'heb, sur le chemin réalisé par l'armée au cours de la marée noire provoquée en 1976. Ce silex confirme la présence d'un gisement relativement important datant du Mésolithique ou plus probablement du Néolithique. Il pourrait indiquer l'emplacement d'un atelier de taille, tant les éclats de débitage et l'outillage lithique sont nombreux. On a retrouvé la partie distale d'un éclat de silex cortical d'époque indéterminée. Il porte une encoche retouchée directe, partant de la phase d'éclatement sur le bord latéral gauche, retrouvé sur la plage de Roc'Higou. Seuls des débris roulés par la mer, anciennement taillés, se trouvaient près de cet éclat.

Messieurs Le Goff et Roué ont découvert dans la partie ouest de L'îlot de Ti Sauzon (sur l'estran) de nombreux éclats concassés mais aussi des outillages lithiques permettant une datation précise du gisement. La première pièce est une pointe pseudo levalloise très abimée. Il n'est pas possible de préciser sa chronologie dans la période du Paléolithique. La seconde pièce est une grande lame du Paléolithique. Elle présente un grand talon. Un éclat de quartz sur retouche directe pourrait dater de la période du Paléolithique Moyen. Il comporte une large encoche retouchée. Enfin, derniers exemples des gisements de l'îlot de Ti Sauzon, on découvre un nucleus datant du Paléolithique supérieur ainsi qu'une grande lame présentant un talon ponctiforme.

Le site de Pcnn ar C'hleguer renferme quelques tessons de poteries provenant de la tombe double 4-5. Cette découverte s'inscrit dans les nombreux exemples de céramiques retrouvées dans les dolmens, les terres de tumulus (excellents marqueurs chronologiques) ou encore pour les urnes à incinération. Le fragment de poterie le plus explicite est un haut de panse épais (1 cm aux extrémités et 2 cm au niveau du téton). Son décor est dit "plastique", avec l'application d'un téton. Le dégraissant employé dans la préparation de l'argile est grossier et la pâte, beige clair, est très cuite. Ce tesson pourrait appartenir à une poterie carénée à fond plat comme il en a été retrouvé dans le tumulus de Kersandy, à Plouhinec ou bien encore à ressembler aux urnes à cordons (Saint-Jude à Bourdriac) - selon toute vraisemblance - "souvent grossières et de grandes dimensions" (Briard, 1984, p. 170-174). On retrouve ce type de décor à partir du Bronze Ancien jusqu'au Bronze Moyen. L'analyse de ce tesson ne permet donc pas une datation plus précise du site de Penn ar C'hleguer.

Une préforme de hache polie de type A provenant des "fouilles" du Jardin G. Delaselle entre 1904 et 1908 a été restituée en 1993 au CE. aérospatiale. Elle provient de l'ancienne collection privée Guilloux. Ce type A correspond à une roche définie par monsieur Giot en 1952, à partir des premières analyses pétrographiques réalisées en Bretagne. Il s'agit d'une épidiorite, roche eniptive basique de la famille des dolérites, recuite par le métamorphisme après coup. Les propriétés mécaniques de la doléritc y gagnèrent en dureté, mais aussi en élasticité et en fragilité. Cette épidiorite peut se tailler tout en donnant des outils qui ne se cassent pas trop facilement. Le type A correspond à un atelier fixé sur la veine d'épidiorite, à Plussulien, dans les Côtes d'Armor (Le Roux, 1984). Cet atelier semble être, jusqu'à présent, le plus important de Bretagne. On peut enfin établir que l'outil lithique de la collection du CE. aérospatiale est une préforme de hache polie car elle a été débitée et a subi un début de bouchardage (des piquetages sont visibles sur la pierre). Ce premier travail permet de différencier cette pièce d'une simple ébauche. Cette préforme de hache est relativement longue (26 cm). Elle comporte un talon étroit et un taillant arrondi large de 10,5 cm. A 7 cm du talon, la largeur de l'outil est de 8,5 cm tandis qu'en son centre, la largeur maximale obtenue est de 10 cm. L'épaisseur de cette préforme de hache est d'environ de 3 cm aux extrémités et de 4,5 cm en son centre. Si nous avions connu le lieu exact de découverte de cette préforme , peut-être aurait-il été possible de lier chronologiquement cette dernière avec les tessons de poteries de la tombe double (4-5). Il est néanmoins encore délicat d'affirmer une chronologie précise, l'atelier de Plussulien ayant diffusé ce type d'outillage lithique de 4300 B.C. cal. à 2000 B.C. cal. (Le Roux, à paraître).

La plus grande série de tessons de céramique dessinée est un ensemble datant de la fin de l'Age du Fer (voir anncxc3), qui provient de l'îlot de Kcfenn, au sud de L'île de Batz (collection Plassart). Parmi les tessons les plus caractéristiques, nous découvrons un haut de pot marqué par un décor de cordons et de cannelures en creux (n°3) réalisé à l'aide d'un stylet et lissé à la spatule. Ce décor sur céramique tournée, fine, se développe beaucoup au cours de la Tcne Finale (1er siècle av J.C), grâce à l'utilisation du tour rapide de potier permettant à l'artisan de créer des séries de décors plus réguliers. L'exemple du tesson dessiné (n°6) appartient à un type de jatte. Il comporte aussi un décor de cannelures en creux. Il demeure un excellent exemple de chronologie relative. Le troisième exemple traité (n°4) est un fragment d'anse à oeillet (countersunk handle). Une seconde anse de type similaire ainsi que des fragments de jattes à pâte brune ont été retrouvés (Dairc, 1990a). Il s'agissait d'une anse renfoncée et chevillée,.caractéristique de la Tène Finale en Armorique et dans le sud de la Grande- Bretagne (Daire, 1992,p.251). On retrouve ce type d'anse sur de nombreux sites armoricains, côtiers notamment (Daire, 1992). L'anse découverte sur l'îlot de Kefenn est assez large et plate en ses sommet et base, et est du type chevillée. Il semblerait que ce type d'anse ait servi pour la suspension d'un pot, grâce à un lien ou une ficelle. Ces vases à anses avaient un usage domestique mais pouvaient servir aussi au transport des denrées. Les tessons provenant de cette collection révèlent un dégraissant à angle vif provenant du broyage de roche, dégraissant ajouté volontairement à la pâte par le potier. Une analyse pétrographique, à l'aide de lames minces, pourrait nous renseigner sur les types de production représentés par ces tessons, selon les matériaux utilisés et leur origine géologique et géographique. Une cuisson oxydante dans un four probablement rudimentaire et un enfumage à la phase finale ou post- cuisson réductrice ont été employés. Les ateliers ne sont actuellement pas détectables, en particulier les fours. L'explication pourrait provenir du mode de construction des fours, en superstructures, à priori plus rapidement détruits que d'autres structures plus protégées. Au Second Age du Fer, on note une intensification de la production de céramiques, liée à l'emploi du tour rapide de potier, en particulier à travers les nombreuses découvertes archéologiques de fermes indigènes en Bretagne.

Quelques tessons ont aussi été découverts au cours de la prospection de llle. Les tessons présents dans les micro-falaises sembleraient dater, pour la plupart des fragments identifiables, de l'Age du Fer.(Daire, 1990a).

7 / BILAN DE LA PROSPECTION-INVENTAIRE : Les données archéologiques.

Une prospection-inventaire n'est jamais exhaustive et il ne s'agit donc ici que de faire le bilan des connaissances à un moment donné de la recherche. Cependant, grâce aux nombreuses recherches effectuées en laboratoire et sur place, un large panorama des indices de sites et sites archéologiques a été dressé. Elle s'appuie sur un échantillonage de points de découvertes et sites. Ce chapitre nous permet de localiser et d'étudier chaque gisement archéologique et d'en effectuer un résumé des résultats acquis, ce qui était connu, les données nouvelles provenant de la prospection-inventaire des mois de mai et de juin 1993 et enfin, en conclusion, une discussion des résultats.

Les coordonnées Lambert (zone I) ont été relevées sur la carte I.G.N au 1/25000. Pour une plus grande clarté, les sites de l'inventaire apparaissent dans l'ordre alphabétique des toponymes. Les toponymes utilisés pour la localisation des sites sont, pour la plupart, ceux qui figurent sur la carte I.G.N. Cependant, pour une plus grande précision dans la localisation, nous avons noté les toponymes utilisés localement (Roualec, carte de l'île de Batz au l/10000e, 1964).

Les références cadastrales rapportées sont la section et le ou les numéros de parcelle(s). L'abréviation H.C. signifie "hors cadastre" et est utilisée dans le cas de site d'estran. Toutes les références cadastrales n'ont pu être relevées par manque de temps, la mairie étant en cours de réfection, cependant celles des principaux sites sont précisées. ILE DE BATZ

INVENTAIRE DES SITES, GISEMENTS

ET POINTS DE DECOUVERTES

Nota : Les sites et gisements dont le nom est précédé d'un carré noir ont fait l'objet d'une déclaration auprès du S.R.A. de Bretagne (fiche de déclaration de découverte de site, Carte Archéologique), l'ensemble des fiches ayant été transmis au S.R.A. dans le courant du mois d'octobre 1993. Les autres points de découvertes, mentionnés dans cette liste, n'ont pas fait l'objet de déclaration, parcequ'il s'agit soit de mentions orales non vérifiées, soit de gisements non encore localisés, soit de découvertes d'objets isolés (1 éclat de silex, par ex.), soit de vestiges d'époque moderne n'intéressant pas directement la carte archéologique (calvaire ou four de goëmoniers, par ex.). Néanmoins, nous avons tenu à présenter de manière exhaustive l'ensemble des données traitées au cours de cette campagne. P.L.: première localisation S.L.: seconde localisation.

PREHISTOÏRE

Paléolithique.

■ Bigole * Coordonnées Lambert Zone I X:132,750 Y:136,250 (S.L.) X': 132,800 Y": 136,450 Références cadastrales: VA -C , Bigole (nom provenant de Pikolou mein qui signifie énormes pierres) est un site où l'on a pu découvrir une industrie lithique datant probablement du Paléolithique. Monsieur Le Goff a ramassé des silex dans les coupes nord-ouest de ce secteur. Au cours de la prospection-inventaire de 1993, il n'a pas été possible de découvrir d'autres mobiliers de ce type.

■ Kernevez * Coordonnées Lambert Zone I X:134,750 Y:135,175 (P.L.) H.C. La collection de mademoiselle Plassart comprend un nucleus, trois fragments concassés, un galet roulé par la mer. Au cours de la prospection de 1993, ont été découvert sur la grève, 2 éclats concassés, un éclat dont le talon est parti, datant probablement du Paléolithique (?) et un second éclat, dont la partie proximale est à éclat cortical épais. Ce mobilier confirme la première découverte de mademoiselle Plassart.

■ Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X: 136,575 Y: 134,550 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. Découverte de messieurs Le Goff et Roué, le 23 mai 1993, à l'ouest de L'Ilot de Ti Sauzon, une pointe pseudo-lcvalloisc et une grande lame comportant un grand talon (Monnicr, 1973).

Paléolithique Moyen

■ Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X:136,575 Y:134,550 (S.L.) Références cadastrales:Section AI (1982). Parcelle n°52. Messieurs Le Goff et Roué ont ramassé au cours de la prospection en mai 1993, à l'Ouest de l'îlot, 27 éclats laminaires et lames. On décèle un débitage latéral sans allongement. Un éclat de quartz sur retouche directe, comportant une large encoche retouchée complète cette découverte.

Paléolithique Moyen on Supérieur

■ Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X:136,575 Y:134,550 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. Six éclats de taille, parmi eux, des éclats lamellaires, déchet de taille datant du Paléolithique Moyen ou Supérieur ont été retrouvés par messieurs Le Goff et Roué, en mai 1993, à l'ouest de Ti Sauzon. Monsieur Monnicr n'a pu établir avec plus de précision la période de débitage de ces éclats, ces derniers ne présentant aucune caractéristique proche d'une période précise. Paléolitliiciiie Supérieur

■ Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X: 136,575 Y: 134,550 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. Messieurs Le Goff et Roué, ont découvert le 23 mai 1993, à l'ouest de Ti Sauzon 2 nucleus ainsi qu'une grande lame portant un talon ponctiforme typique du Paléolithique Supérieur. ■

Paléolithique, Néolithique

Gwagé * Coordonnées Lambert Zone I X:133,750 Y:136,550 (P.L.) H.C. Un nucleus comportant différents plans de frappe, présentant un débitage laminaire a été ramassé au cours de la prospection de L'île de Batz en 1993. Paléolithique ou Néolithique (?), ce nucleus ne comporte aucun élément permettant de trancher entre ces deux périodes.

Ilot de Skoarborz * Coordonnées Lambert Zone I X:132,250 Y:135,375 (P.L.) H.C. L'état de l'éclat de silex découvert à Skoarborz, patiné par l'eau de mer nécessite une classification identique au nucleus de Gwagé; aucun élément ne permettant de trancher entre le paléolithique et le néolithique.

Mésolithique, Néolithique

■ Le C'heb * Coordonnées Lambert Zone I X:132,850 Y:135,250 (S.L.) Références cadastrales: Section AB (1982). Parcelle n°98. Des éclats de silex, lamelles et pointes microlithiques ont été découverts par messieurs Le Goff et Roué au cours d'une précédente prospection de L'île de Batz. Cette dernière a permis de définir une datation approximative du site échelonnée entre le Mésolithique et le Néolithique. Site connu par les habitants de l'île, le site du C'heb est déjà remarquable par la présence de structures que l'on peut supposer de type mégalithique. 3 nucleus, 6 éclats de taille, 10 débris taillés puis cassés, rubéfiés, 18 éclats de silex, 1 petit grattoir caréné ou nucleiforme ont été ramassés au cours de la prospection de 1993, sur le chemin crée par l'armée à la suite de la marée noire de l'Amoco Cadiz, en 1976. Un atelier de débitage de silex était certainement installée sur le site du Cheb. Le mobilier était visible grâce et à cause de l'érosion créée par les pluies violentes des mois de mai et de juin. Ce site, très riche, est ainsi perpétuellement menacé par les éléments naturels.

Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X:136,575 Y:134,550 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. Découverte par messieurs Le Goff et Roué, en mai 1993, à l'ouest de Ti Sauzon, une petite lamelle en silex porte quelques retouches directes sur le bord latéral droit. La datation demeure imprécise comme pour les sites précédents, tant que d'autres découvertes ne préciseront l'une des deux périodes de la Préhistoire citée. Néolithique

Aod ar Goz Vilin * Coordonnées Lambert Zone I X: 131,900 • Y:134,500 (P.L.) Références cadastrales: Section AB (1982) Parcelle n°127. Un éclat de silex comportant un bulbe a été ramassé à Aod ar Goz Vilin. Ce gisement appartient probablement à la période Néolithique.

■ Benvil * Coordonnées Lambert Zone I X:132,250 Y:136,300 (P.L.) H.C. L'outillage lithique découvert sur le site de Benvil est constitué de trois éclats de silex dont un comportant une petite encoche et le deuxième un double bulbe.

Braouennig * Coordonnées Lambert Zone I X:132,150 Y:136,150 (S.L.) X':132,650 Y':136,420 H.C. Un gisement d'outillage lithique, probablement Néolithique a été découvert au cours de la prospection de messieurs Le Goff et Roué. La découverte de nouveaux éclats permettra ultérieurement de confirmer cette période archéologique. La.prospection archéologique de 1993 n'a rien révélé à cet endroit.

■ Le C'heb * Coordonnées Lambert Zone I X: 132,900 Y: 135,250 (S.L.) Références cadastrales: Section AB (1982). Parcelle n°98.

L'outillage découvert sur le C'heb (collection Plassart) comprend un petit nucleus à un seul enlèvement et un plan de frappe datant du Néolithique. 15 éclats de silex: Janus à talon cortical, laminaires, cortical, à talon ponctiforme ou pseudo-pointe ainsi que trois nucleus et deux débris de silex ont été identifiés.

■ Kefenn * Coordonnées Lambert Zone I X:133,200 Y:135,090 (S.L.) Références cadastrales: Section AN (1982) Le site de Kefenn (N-NW) fut prospecté antérieurement (Le Roux, Thérénée, Roualec, Plassart). Les nombreux éclats de silex ramassés à la suite de la constante érosion de la falaise de l'îlot permet d'affirmer la présence d'un gisement d'outillage lithique datable du Néolithique.

■ Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,100 Y:135,150 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982) Parcelle n°51. Un menhir exhumé en 1960 (Anonyme, 1967) au cours de la construction des maisons du centre de vacances du CE. aérospatiale se dresse depuis à proximité immédiate des tombes du jardin G.Delassclle. Il mesure approximativement 3,10 m de haut et 1,30 de large.

■ Porz ar Roc'h * Coordonnées Lambert Zone I X:132,475 Y:136,150 (S.L.) Références cadastrales: Section AC (1982) Parcelle n°40. Un menhir fut découvert en 1967, dans une propriété privée (Anonyme, 1967), Installé tout d'abord à l'intersection de deux chemins, il fut ensuite déplacé à l'intérieur du jardin afin d'éviter que de grands tracteurs ne l'endommagent. Il n'est situé qu'à quelques mètres d'une tombe en coffre présente dans la plus grande partie du même jardin. Ces dimensions sont proches de 2 m de hauteur et sa largeur est de 1,20 m. ■ Streat ar Mean Hir * Coordonnées Lambert Zone I X:134,700 . Y:135,300 (S.L.) Références cadastrales: Section AK (1982) Parcelle n°240. Un menhir d'environ deux mètres de hauteur et d'un mètre vingt de large fut déposé contre le parement d'un mur entourant une maison, sur le chemin menant au Jardin G. Delaselle. Il fut trouvé lors de l'édification des fondations de la demeure et déplacé de quelques mètres de son emplacement initial.

TouII ar Sarpant * Coordonnées Lambert Zone I X: 131,700 Y:136,050 (P.L.) H.C. Un gisement d'outillage lithique a été découvert à Toull ar Sarpant au cours de la prospection de 1993, comprenant six éclats de silex révélant des cupules thermiques et des traces de concassage ainsi qu'un éclat datant du Néolithique.

Néolithique - Age du Bronze

■ Le C'heb * Coordonnées Lambert Zone I X:132,900 Y:135,225 (P.L.) Références cadastrales: Section AB (1982). Parcelle n°98. Des structures semblant appartenir à des monuments mégalithiques sont visibles lorsque l'on s'engouffre au milieu des ronces et des ajoncs, sur le promontoire du C'heb. Une grande dalle de couverture, trois dalles de champ ainsi qu'une dalle posée à même le sol pourraient constituer un dolmen effondré. Des alignements de pierres (orientés approximativement est-ouest), pouvant-être un reste d'allée couverte,sont visibles sur le C'heb, près du "pseudo-dolmen", face à la mer. Un gisement d'outillage lithique, datant de la période Néolithique a été identifié sur le C'heb. Ce site pourrait peut-être avoir un lien avec les structures funéraires indiquées précédemment.

■ Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,050 Y:134,850 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982) Parcelle n°46. Monsieur Delaselle et ses amis découvrirent une tombe mégalithique de type indéterminé sur le site de Penn ar C'hleguer, au début du siècle.(appelé communément le dolmen du jardin et sur lequel repose une croix du XVIIe siècle). Ce dernier fut fouillé de la même manière que les tombes et reconstitué comme le montre une photographie des archives de monsieur Delaselle. (Toudouze, 1906). Compte tenu de ces "fouilles", donner les dimensions intérieures de la sépulture n'offrirait pas de renseignements probants.

■ Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,050 Y:135,200 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982) Parcelle n°46. Le site de Penn ar C'hleguer comprend onze tombes en coffre encore visibles et certainement de nombreuses autres sépultures enfouies dans les dunes; G.Delassellc en ayant recensé une quarantaine au début du siècle (cf annexe le). Jusqu'à présent, une datation dans l'âge du Bronze était admise, mais celle-ci mériterait peut-être une révision.

On remarque sur ce même site la présence de deux fosses rectangulaires parementées d'un petit appareil, l'une d'entre elles étant entourée d'une ébauche de cercle de pierres, datant peut-être de la même période que les tombes en coffre, et correspondant à des structures funéraires d'un type différent. Monsieur Delaselle fouilla certainement ces deux fosses car on découvre la présence de ciment entre certaines pierres qui étaye les quatre côtés de la structure. -47-

■ Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,050 Y:134,750 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982) Parcelle n°44 Une seule tombe en coffre est encore visible dans la falaise de Penn ar C'hleguer, face au chenal. On peut voir les parements appareillés qui étayaicnt trois des quatre côtés de la sépulture. Une grande dalle de couverture tient encore les pierres placées de champ (fig.l 1). Messieurs Théréné et Le Goff avaient repéré trois tombes dans la falaise. La première se trouve à présent sur l'estran et la seconde a été recouverte par l'écroulement de la falaise. L'érosion marine et les tempêtes ne laissent qu'un sursis limité à cette dernière tombe. Ce problème d'érosion peut se présenter à nouveau si la mer et les éléments attaquent encore la falaise où sont certainement présentes d'autres sépultures, anciennement prises dans les dunes de sable, et appartenant très probablement à la même grande nécropole que les tombes du jardin.

Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,050 Y:134,800 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle 44. Une portion de fossé curviligne fut découverte au cours d'une prospection aérienne réalisée par M.Y. Daire, en 1990. Les dimensions sont approximatives, 42 mètres au plus large et 30 mètres dans la partie la plus étroite. Peut-on le rapprocher des tombes en coffre du Jardin G. Delaselle (fossé protohistorique?). Seuls des

sondages pourraient le révéler. ^ V)£ciafQ;\Lc'A ^ax^e ei\ »9«*o)

■ Porz ar Roc'h * Coordonnées Lambert Zone I X:132,475 Y:136,150 (S.L.) Références cadastrales: Section AC (1982) Parcelle n°440. Une tombe en coffre a été relocalisée au cours de la prospection-inventaire (fig.12). Cette structure funéraire fut découverte dans un jardin de Porz ar Roc'h, le même qui abrite un menhir (Giot, 1967). Les quatre dalles posées chant, insérées dans le sol, sont monolithiques, le fond de la tombe est lui constitué de deux dalles. La tombe mesure intérieurement 1,50 m de long et 1,00 m de large. Ouverte, la sépulture possède encore auprès d'elle les trois fragments d'un bloc de pierre unique qui devait servir de dalle de couverture.

■ Porz Kernok * Coordonnées Lambert Zone I X:133,670 Y:135,640 (S.L.) Références cadastrales: Section AL (1982) Parcelle n°490. Une tombe en coffre datant de l'Age du Bronze se trouvant actuellement à Porz Kernok avait été découverte dans une falaise au nord de l'île puis déplacée au sud dans un jardin privé, suite à une autorisation de l'administration de l'époque. La sépulture demeure encore aujourd'hui dans cette propriété. Seule sa provenance est encore indéterminée.

Porz Verc'h * Coordonnées Lambert Zone I X:135,200 Y:134,800 (S.L.) H.C. Des tombes en coffre présentes dans la falaise ont été signalées dans l'article du B.S.A.F. (Anonyme, 1967). Il n'en existe malheureusement plus aucune trace, l'érosion marine ayant détruit la falaise, au nord-est de l'île...

■ Streat ar Mean Hir * Coordonnées Lambert Zone I X: 134,580 Y: 135,340 (S.L.) Références cadastrales: Section AK (1982) Parcelle n°257. Deux dalles d'aspect monumental ont été déposées sur le bord droit du chemin menant au Jardin G. Delaselle. Il pourrait s'agir d'un ancien dolmen démonté au cours de la construction d'une maison... Mais les témoignages étant insuffisants, il demeure impossible d'avancer avec certitude l'cxistance d'une structure mégalithique. Tombes en coffre de Penn ar C'hleguer: description succinte. (Dimensions intérieures approximatives des sépultures).

Tombe 1. 1,90 m de long, 50 cm de large. 2 dalles de couverture. 4 dalles posées sur chant. Tombe 2. 1,40 m de long, 60 cm de large. 1 dalle de couverture. 3 dalles posées sur chant. Tombe 3. 2,00 m de long., 1,50 m de large (dimensions extérieures du bloc de granité, fosse éventuelle invisible). Une pierre massive de couverture. Aucune dalle ou pierres visibles sous le bloc de pierre. Tombe 4. 90 cm de long (divisée en deux (30 et 55 cm) par une dalle transversale, sous la dalle de couverture), 50 cm de large. 1 dalle de couverture. 6 blocs de pierre dont une dalle posée sur chant, entre la tombe 4 et la tombe 5. Tombe 5. 1,40 m de long, 65 cm de large. 1 dalle de couverture. 4 dalles posées sur chant. Quelques pierres posées à quelques centimètres de la tombe 5, au sud-ouest. Tombe 6. 1,20 m de long, 50 cm de large. Aucune dalle de couverture. 4 dalles posées sur chant. Tombe 7. 90 cm de long, 35 cm de large. Aucune dalle de couverture. 4 dalles posées sur chant et des pierres les renforçant. Tombe 8. 1,50 m de long, 45 cm de large. 1 dalle de couverture. 4 dalles posées sur chant. Quelques pierres les renforcent. Tombe 9. 2, 95 de long, 1,30 m de large environ. 1 dalle de couverture. Nombreuses perrailles posées sur chant. Tombe 10. 1,00 m de long, 70 cm de large. 1 dalle de couverture. 4 dalles posées sur chant. 3 pierres les complètent. Tombe 11. 1,00 m de long, 70 cm de large. 1 dalle de couverture. Différentes pierres posées sur chant. Fosse rectangulaire A: 1,00 m de long, 70 cm de large. Couronne de pierres et parement intérieur. 1 dalle au fond de la structure, à environ 70 cm de profondeur. Substructure probable (début de cercle de pierres entourant la partie ? de la fosse, certainement plus ou moins déplacé). Fosse rectangulaire B. 1,00 m de long, 80 cm de large. Couronne de pierres et parement intérieur. 1 dalle au fond de la structure, à environ 70 cm de profondeur. Tombe de la falaise de Penn ar C'hleguer. 1,30 m de long et 1,40 m de large, pour l'ensemble ( mesures extérieures de la structure). Au niveau supérieur se trouve de la terre végétale qui se déverse sur la falaise et recouvre partiellement la tombe en coffre. La terre est sombre, à cause des débris végétaux, s'étendant sur environ 70 cm de long. L'horizon II, comporte une terre de couleur beige sur environ 60 cm de long. Il s'agit de l'horizon renfermant l'intérieur de la tombe. Cette dernière mesure approximativement 40 cm de long et 55 cm de large. Dès l'horizon II, nous constatons la présence du début de l'arène granitique. De l'argile, des blocs de pierres et de quartz sont mêlés au granité en cours de décomposition. L'horizon III est sombre, allant du brun foncé au noir. Allant jusqu'à la roche mère, elle s'étend sur environ 50 cm de long.

LA PROTOHTSTOTRE

Protohistoire: indéterminés

Aod Vraz * Coordonnées Lambert Zone I X:135,250 Y:136,300 (P.L.) H.C. Un tesson noir a été découvert dans le haut de la falaise, face à l'cstran (même datation supposée que pour le tesson précédent). Cet indice de site est peut-être à rapprocher du "souterrain gaulois".

ar Goumanant * Coordonnées Lambert Zone I X:135,150 Y:135,450 (P.L.) H.C. Un tesson de céramique à pâte rouge, découvert au bas de la falaise d'Ar Goumanant semblerait dater de l'Age du Fer. Cette découverte demeure isolée. Age du Bronze

Le C'heb * Coordonnées Lambert Zone I X:132,800 Y:135,250 (P.L.) Références cadastrales: Section AB (1982)Parcell n°98. Des structures en pierre ont été identifiées sur le promontoire du C'heb. Selon leurs dispositions, de grandes dalles déposées horizontalement sur des pierres de champ, il pourrait s'agir de tombes en coffre datant, sous réserve, de l'Age du Bronze. Actuellement recouvertes de terre et de végétation dans le tertre du C'heb, l'actuel propriétaire (la commune) n'envisage pas dans un avenir proche un dégagement du promontoire qui servait autrefois de pâture aux animaux.

Creac'h ar Vigin * Coordonnées Lambert Zone I: X: ? Y: ? (P.L.) Un pseudo menhir aurait été érigé sur la pelouse d'une propriété privée en 1986. Cette pierre gisait sur un terrain communal après avoir été ôtée d'un talus. D'après sa dimension, elle pourrait correspondre à la couverture d'un caveau de l'Age du Bronze. La pierre fait 2m. de haut, elle est quadrangulaire avec 4 faces parallèles, sa largeur est de 45cm. et elle a une épaisseur de 35cm." (communication privée de M.Le Goffic, fin août 1993. la localisation exacte reste à effectuer).

Streat ar Mean Hir * Coordonnées Lambert Zone I X:134,580 Y:135,340 (P.L.) Références cadastrales:Section AK (1982) Parcelle indéterminée. Une nécropole de l'Age du Bronze aurait été découverte puis détruite sur le chemin menant au Jardin G. Delaselle. Cette dernière serait à rapprocher de la découverte de deux dalles provenant d'un ancien dolmen situé sur le chemin de Streat ar Mean Hir. Le même problème se pose, celui de la crédibilité des renseignements apportés. L'hypothèse de la présence d'un dolmen ou d'une nécropole, appuyée notamment par la présence dans le souvenirs des Ilicns, des deux grandes dalles et le toponyme Mean-Hir, apparait probable.

Age du Fer

Bilvidic * Coordonnées Lambert Zone I X: 135,250 Y:135,550 (P.L.) Références cadastrales: Section AI (1982) Parcelle n°14. La présence d'une stèle de l'Age du Fer à Bilvidic nous a été signalée (information Plassart). Une pierre effectivement placée sur le promontoire du Bilvidic pourrait correspondre à cette stèle.

■ Kefenn * Coordonnées Lambert Zone I X:133,200 Y:135,090 (S.L.) Références cadastrales: Section AN (1982). Parcelle n°518. Des tessons de céramiques du second Age du Fer, plus précisément de la Tènc Finale ont été découverts (collection Plassart et Thércnc). Ce gisement pourrait correspondre à un habitat protohistorique (sanquer, 1981 et Daire, 1992, p86). Sur l'îlot de Kefenn, un torque et une urne "funéraire" auraient été découverts (vers 1940, puis donnés au musée de Roanne) sur le versant nord-ouest de l'îlot.

Kenekaou * Coordonnées Lambert Zone I X:? Y:? (P.L.) Références cadastrales: ? Une stèle aurait été déposée sur une petite place, au coin d'un jardin au début du siècle, selon les souvenirs de monsieur N. Roualec. Elle avait, selon lui, pour dimension une hauteur d'environ un mètre et était enfouie en partie dans le sol. Elle est aujourd'hui introuvable. -50-

Kerskao * Coordonnées Lambert Zone I X:133,300 Y: 136,000 (P.L.) Références cadastrales: en cours de complément Une probable stèle (demi-cylindrique) apparait au bord d'un étang avec d'autres pierres rejetées des champs.

Penn Batz * Coordonnées Lambert Zone I X:? Y:? (S.L.) Références cadastrales: section AI (1982) Parcelle indéterminée. Un souterrain aurait été découvert par monsieur G. Delaselle, près de la chapelle Sainte-Anne. On découvre dans le seul carnet encore conservé par les Amis du Jardin G. Delaselle les mesures et la localisation du site; "De la maison Saout au rocher 15 mètres. Grande salle ( ou chambre) Sainte-Anne 3 m80 x 4 m62". Malgré ces quelques phrases, les indications d'un rocher et de la maison sont insuffisantes et ne correspondent pas au site actuel. De plus, les dunes empêchent toute recherche précise pour le moment... Cependant, l'éventualité de la présence d'un souterrain gaulois n'est pas à exclure, ce type de structure étant très fréquent en Bretagne. (Giot et al., 1979 et Giot, 1990).

■ Porz ar Roc'h * Coordonnées Lambert Zone I X:132,450 Y:136,300 (P.L.) Références cadastrales: Section AC (1982) Parcelle n°7. Sous le Roc'h, grande masse granitique surplombant la falaise, a été découvert un élément probable de briquetage, qui pourrait correspondre à un atelier de bouilleur de sel.

■ Roc'Higou * Coordonnées Lambert Zone I X:133,235 Y:135,270 (P.L.) Références cadastrales: Section AN (1982). Parcelle 293. Une meule rotative à céréales complète, réalisée dans le granité, a été découverte en 1964 par monsieur C. Séïté, lors de la construction d'une maison.

■ Ilot de Ti Sauzon * Coordonnées Lambert Zone I X:136,570 Y:134,530 (S.L.) X': 136,620 Y': 134,710 Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. Les sites archéologiques de l'Ilot de Ti Sauzon comprennent de nombreux gisements et substructions datant de la période protohistorique. Le sud-ouest de L'Ilot de Ti Sauzon est marqué par un talus probablement gaulois associé à des tessons de céramiques typiques de la fin de l'Age du Fer, ainsi qu'un fragment d'amphore Dressel I (prospections Le Goff et roué). Des fragments d'argile cuite provenant de foyers ou de clayonnage ont également été collectés (collection Plassart). -51-

PERTODE MEDIEVALE

■ Penn Batz * Coordonnées Lambert Zone I X:135,000 Y:135,250 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°28. Cet ensemble architectural (chapelle...) datant du Vie siècle au Xlle siècle est à présent invisible tant les dunes recouvrent profondément l'ancien monastère, le cimetière et les habitats. Seule la chapelle Sainte-Anne a été désensablée partiellement (annexe le).

Rupodou * Coordonnées Lambert Zone I X:133,350 Y:135,850 (P.L.) Références cadastrales: Section AN (1982)'. Parcelle n°183. Une sculpture représentant Saint-Yves a été découverte dans le nord de l'île, sur l'estran, au cours du ramassage du goémon et ramenée dans le village. Aucun élément ne permet de dire d'où provient cette très belle sculpture en granité et pourquoi elle a été laissée à cet endroit...

PERIODE MODERNE

■ Bcg Seac'h * Coordonnées Lambert Zone I X:131,650 Y:135,950 (S.L.) Références cadastrales: Section AB (1982). Parcelles n°3 et 137. En prospectant avec attention le site de Beg Seac'h, situé à la pointe nord-ouest de l'île, on peut voir deux tertres recouverts par la végétation. Il s'agit d'une batterie qui couvrait, dès 1735, "le secteur de Basse Plate à la direction Sud". Cette batterie était constituée "de 3 canons de 22 sur plateforme en pierres ainsi que 2 canons de 6 couverte parc des mcrlons en gazon" (Roualec, s;d; p. 196). Une seconde batterie, plus petite, fut installée près de la première batterie de Beg Seac'h. Il fut crée un magasin contenant 5 quintaux de poudre en 1742, mais il n'est actuellement plus visible,

Bilvidic * Coordonnées Lambert Zone I X:135,200 Y:135,575 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°53, 55. La batterie du Bilvidic, au nord-est de l'île était complétée d'un magasin à poudre. Utilisée par l'armée allemande au cours de la seconde guerre mondiale, on n'en découvre plus que le tertre et les tranchées. Les transformations effectuées par l'armée allemande consistaient à masquer leur casemate et leurs armes (un canon de 88 et plusieurs postes de mitrailleuses) sous la forme d'une batterie ancienne, connue des aviateurs alliés.

Eglise * Coordonnées Lambert Zone I X:133,850 Y:135,500 (S.L.) Références cadastrales: en cours de complément. Notre-Damc-de-Bon-Secours ou Gwir-Zikour était une petite chapelle située . Edifiée au XVIIe siècle par le doyen des chanoines de Saint-Pol-de-Léon, Mr. Jacobin de Keramprat. De 1794 à 1798, ce lieu de culte servit de caserne avant d'être à nouveau rendu aux offices, en 1804, alors que les troupes militaires avaient détruit la plus grande partie de l'église Saint-Paul et de la chapelle-de-Penity (Roualec.s.d., p.51). En 1809, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dédiée à Saint-Paul fut agrandie pour être consacrée en 1810. Au commencement du XIXe siècle est établi un cimetière autour de la chapelle avant de créer un cimetière plus grand à une centaine de mètres de l'édifice, vers 1863. C'est en 1873 que disparait la chapelle, trop exiguë pour la population et que l'église paroissiale actuelle est édifiée. Le Fort * Coordonnées Lambert Zone I X:132,000 Y:135,500 (S.L.) Références cadastrales: Section AB (1982) Parcelle indéterminée. Une batterie, complétée par un poste de guet, un corps de garde situé en hauteur, à une centaine de mètres (annexe lf), un magasin à poudre et une guérite était autrefois visibles au sud-ouest de L'Ile de Batz (Lettre de Garengcau à Philippe d'Orléans, 1705). Elle pourrait dater de 1693 (Roualec, s.d.).

Kerantraon * Coordonnées Lambert Zone I X:133,250 Y:135,650 (S.L.) Références cadastrales: Section AM(1982). Parcelle n° -ltaa. Section B (1846). Parcelle 1653. La chapelle fut construite à la suite du passage de Michel le Nobletz en 1610 (Roualec, 1993). On découvre la chapelle Saint-Nicolas au XVIIe siècle, suite à la fondation de la chapellcnic fondée en 1622 par le prieur de L'île de Batz (invocation pour le retour des hommes prisonniers des anglais). Un aveu de 1788 décrit le site:"Une église de Saint-Nicolas, sans cimetière, sur le chemin de Kerandraon, avec portique neuf sur le Midi qui a 8 pieds carrés. Elle a 50 pieds de long et 14 pieds de large" (Peyron, 1918). En janvier 1793, les révolutionnaires transforment la chapelle en temple de la Raison puis le 2 germinal de l'an VII, "l'ingénieur en chef chargé du mouvement des côtes demande le Temple de la Raison pour loger les munitions de guerre". Mais "La municipalité juge nécessaire de conserver ce temple pour les assemblées décadaires, la lecture des lois et autres ordres du gouvernement. Le 6 février 1811, la chapelle est réquisitionnée par la Direction du Génie à Brest pour y établir un casernement de 25 lits et un magasin pour les pièces de campagne" (Archives militaires de Vincennes). Ce n'est qu'en 1873 que la chapelle fut rendue au services religieux avant que ne se construise l'actuelle église paroissiale (Roualec, s;d; p.48-49). Monsieur Roualec a retrouvé le plan de la chapelle en 1811 annexe 3a), déposé aux archives du fort de Vincennes. Le cadastre de 1846 permet de resituer l'édifice "in situ". On peut retrouver quelques vestiges de cette chapelle, quelques pierres découvertes dans un mur appartenant à monsieur F. Séïté.

Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I. X:135,050 Y:134,950 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°46. Une croix datant du XVIIe siècle, Kroaz Paol (Castel, 1980), fut placée sur le dolmen situé dans le Jardin G. Delaselle en 1860, l'année où furent désensablées l'église Saint-Paul (la chapelle Sainte-Anne). De ce fait, elle proviendrait du cimetière de Penn Batz, proche de la chapelle ensablée (communication personnelle de monsieur Roualec, juin 1993). Cette croix a pendant un temps servi d'amer (repères pour les marins), elle était alors différemment orientée.

■ * Coordonnées Lambert Zone I X:135,500 Y:134,750 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°44 et 45. Une seconde batterie protégeait le secteur sud-est de l'île avec 3 canons de 6. Une partie des blocs de pierres qui consolidaient le tertre de terre a disparu (annexe 3b). A l'instar de la batterie placée au sud-ouest de l'île, cette défense fut créée vraisemblablement par Vauban, en 1693. En 1742, une pièce de 6 de la batterie du sud-est fut disposée sur affût de campagne pour la côte Nord. La batterie et le magasin à poudre qui contenait 2 quintaux en 1742 ont été dégagés par les Amis du Jardin G. Delaselle, au mois de mai 1993 (Cheval, 1986). Pendant la deuxième guerre mondiale, la pointe de l'île fut armée par les allemands d'une casemate de 47, pour tirer sur la passe, face au port de Roscoff.

Porz an Eog * Coordonnées Lambert Zone I X: ? Y: ? (S.L.) La chapelle Saint-Eneoc, dont il ne reste plus aucune pierre, fut vraisemblablement édifiée au XVIe siècle à Porz an Eog. Un acte de 1536 (Archives départementales du Finistère) traite de cette chapelle. Il s'agirait d'une ancienne maison de la Dîme (Ti an Deog) transformée ensuite en église vicariale. Au XVIIe siècle, les offices furent transférés de la chapelle Saint-Eneoc en très mauvais état pour être célébrés dans l'église Saint-Paul (Archives départementales du Finistère) (Peyron, 1918). SÏTES D'EPOQUE INDETERMINEE

■ Ar Gored * Coordonnées Lambert Zone I X:135,500 Y:135,500 (S.L.) H.C. Une pêcherie est citée par monsieur N. Roualec dans ses archives. Malheureusement, aucun élément ne peut nous révéler si cette structure date du Néolithique (Cleyet-Merle, 1990), du Moyen-Age (Bernicr, 1982) ou du XXe siècle.

Bigole * Coordonnées Lambert Zone I X:133,100 Y:136,550 (P.L.) X':133,200 Y':136,650 Références cadastrales: en cours de complément. Un cercle de pierres a été découvert dans une pâture. Cet indice de site, analysé par monsieur C.T. Le Roux présente quelques ressemblances avec des monuments mégalithiques, mais l'on ne peut encore rien affirmer avant une étude plus approfondie du site.

Chenal de L'Ile de Batz * Coordonnées Lambert Zone I X: ? Y: ? (S.L.) H.C. "gisement de tourbe situé à 10m. de profondeur contenant des branches de noisetiers" (communication privée de monsieur Le Goffic datant du 21 juillet). Une plongée a été effectuée en compagnie de monsieur L'Hour de laD.R.A.S.M..

■ Corps de garde * Coordonnées Lambert Zone I X: 131,950 Y: 135,600 (P.L.) Références cadastrales: Section AB (1982). Parcelle n°128. Des alignements de pierres sont visibles au niveau du corps de garde, au sud-ouest de l'île. Ils rie coincident pas avec une quelconque limite de champ mais aucun élément ne permet d'attribuer une fonction à ces pierres. Une datation est impossible. Les archéologues savent qu'il existaient des structures agraires et pastorales en Cornouailles au cours de la période de l'Age du Bronze, qui pourraient se rapprocher de ce type de structure mais il pourrait s'agir d'un agencement du XIXe siècle...

Milin Nevez * Coordonnées Lambert Zone I X:132,750 Y:135,300 (P.L.) Références cadastrales: section AB (1982) Parcelle n°98. Un éclat de silex, taillé puis roulé par la mer a été découvert sur l'estran. Aucune datation n'est possible.

Penn Batz * Coordonnées Lambert Zone I X:135,350 Y:135,250 (P.L.) H.C. Deux grandes bandes de sable rectilignes apparaissent lorsque la mer découvre, au nord-est de Penn ar Chlcguer.il pourrait s'agir d'une ancienne pêcherie, des pierres étant présentes sur l'une des deux bandes de sable.

Penn Batz * Coordonnées Lambert Zone I X:135,150 Y:135,250 (P.L.) H.C. Un éclat de silex cortical présent dans la falaise, dans l'axe de la chapelle Sainte-Anne a été retrouvé. Aucune datation n'est possible. Penn ar C'hleguer * Coordonnées Lambert Zone I X:135,100 Y:135,100 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°47. Une tour et un arc brisé demeurent dans le Jardin G. Delaselle. Une autre tour était présente au-dessus du puits. Les photographies des archives de monsieur Delaselle, réalisées au cours de la réalisation du jardin Colonial sont contradictoires et ne révèlent ni une datation exacte, ni l'emplacement réel de ces tours si l'on admet qu'elles sont antérieures aux travaux du Jardin G. Delaselle.

* Coordonnées Lambert Zone I X:135,050 Y:135,200 . (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°46. Un puits profond de 12 mètres est présent dans le Jardin G. Delaselle. Aucune datation n'est à présent possible, mais l'on distingue plusieurs phases de construction, à travers plusieurs appareils.

* Coordonnées Lambert Zone I X:135,100 Y:134,800 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°44. Un talus se trouve au Sud-Est de la batterie de Penn ar C'hleguer. Il pourrait être lié à cette dernière selon le commandant Cheval mais tout aussi bien, comme la portion de fossé citée ci-dessus appartenir à la nécropole du Jardin Colonial datant de l'Age du Bronze.

Porz Doun * Coordonnées Lambert Zone I X:134,100 Y:136,500 (P.L.) Références cadastrales: en cours de complément. Les cercles de pierres et les pierres levées sont fréquents en Bretagne. L'Ile de Batz ne déroge pas à cette règle et l'on peut découvrir dans une pâture de Porz Doun ce type de structure. Il pourrait s'agir d'un indice de site mégalithique mais seuls des sondages le confirmeraient.

■ Porz an Iliz * Coordonnées Lambert Zone I X:134,600 Y:135,150 (P.L.) H.C. Un gisement de silex comprenant huit éclats de silex roulés par la mer et deux éclats corticaux très abimés, ont été ramassés sur la plage. Comme les indices de sites précédants, on ne peut rattacher à aucune période ce gisement, le mobilier ayant été très endommagé.

Porz ar Roc'h * Coordonnées Lambert Zone I X: 132,200 Y: 136,300 (P.L.) Références cadastrales: en cours de complément. Un gisement d'outillage lithique a été découvert grâce à un éclat de silex rouge ayant subi une percussion bi- polaire. La seule présence de cet éclat ne permettant pas une datation exacte, il faut attendre de nouvelles prospections qui définiraient mieux le site et sa période...

■ Roc'Higou * Coordonnées Lambert Zone I X:133,300 Y:135,350 (P.L.) H.C. Un éclat de silex dont le support de la partie distale de l'éclat cortical porte une encoche retouchée, directe, partant de la phase d'éclatement, sur le bord latéral gauche a été ramassé sur la plage du Roc'Higou. 16 éclats de silex, débris roulés par la mer, anciennement taillés par l'homme ont été relevés près de ce premier outillage. Il n'existe cependant aucun indice permettant d'identifier la période d'utilisation de ce mobilier.

Toul-ar-Saozon ou TouI-ar-Butun: * Coordonnées Lambert Zone I X:? Y:? (S.L.) Références cadastrales: section AI (1982) Parcelle n°52. Un abri (Le Bras, 1876) relocalisé par messieurs Le Goff et Roué sur Ti-Saozon. Mr Le Bras pensait que cette "grotte" servait "d'abri et de refuge à des Anglais, et de cachette à des contrebandiers qui déposaient du tabac, en attendant le moment favorable pour le débarquer". Aucune datation ni périodes d'occupations possibles n'ont pu être avancées jusqu'à présent. -55-

■ Toull ar Sarpant * Coordonnées Lambert Zone I X:131,850 Y:136,200 (P.L.) H.C. Au cours de la prospection de l'île, il est apparut que le lieu dit Toull ar Sarpant renfermait dans la falaise un gisement d'outillage lithique comprenant 7 éclats de silex de nature anthropique et 4 éclats de silex concassés. Malheureusement, comme la plupart de ces sites, il est impossible de définir la période de création de ces mobiliers.

■ Ilot de Ti Sauzon: * Coordonnées Lambert Zone I X:136,575 Y:134,450 (S.L.) Références cadastrales: Section AI (1982). Parcelle n°52. L'Ilot de Ti Sauzon est une véritable corne d'abondance pour les prospecteurs archéologiques. Les nombreuses découvertes de messieurs Le Goff et Roué le confirment. A l'Ouest de l'îlot, ils découvrirent de nombreux outillages lithiques dont 9 silex concassés.

* Sur l'estran (S.L.) Références cadastrales: La collection de messieurs Le Goff et Roué présente aussi des ossements et des dents d'animaux. Ramassés sur l'estran, il est impossible de dater ce mobilier mais l'on sait qu'un navire, contenant de la viande de boeuf s'est échoué au siècle dernier près des côtes de L'île de Batz. Peut-être cet épisode est-il à rapprocher de cette découverte ?

L'ouvrage non publié de messieurs Le Goff et Roué (Le Goff, Roué, 1990) inventorie des lamelles de silex et une pierre à feu récoltes par L. Gclcbart, professeur ainsi qu'une pointe de flèche provenant de la collection de monsieur Chassé.

Photo. 6 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe 2 (Cliché F. Moret)

Photo. 8 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe 4 (Cliché F. Moret) Photo. 10 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe 6 (Cliché F. Moret) Photo. 12 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe 8 (Cliché F. Moret) Photo. 14 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe 10 (Cliché F. Moret) Photo. 16 - Ile de Batz,Penn ar C'hleguer. Tombe en falaise (Cliché F. Moret)

-56-

Tableau 1

Préhistoire Préhistoire Protohistoire Histoire Indéterminés Total Protohistoire

Nombre de 19 9 13 25 18 84 sites

Tableau 2

Paléolithique Néolithique Préhistoire Indéterminés

Sites

Aod ar Goz Vil in: * Bcnvil: * Bieolc: * Braouennic: * * Le C'hcb: Le Clieb: * Gwagé: » Kefenn: * Kcmcvez: * Penn ar C'hleaucr: * Porz ar RocTi: * * Skoarborz: Streat ar Mean Tlir: • Ilot de Ti Sauzon. * Ilot de Ti Sauzon. • Ilot de Ti Sauzon. * Ilot de Ti Sauzon. » * Ilot de Ti Sauzon. * Toull ar Saroant:

Total 6 9 4 -57-

Tablcau 3

Néolithique Age du Bronze Age du Fer Indéterminés Age du Bronze

Sites

Le Cheb * Pcnn ar Clileeuer * Pcnn ar Chlepuer * Penn ar Chleeuer * Penn ar Chleguer * Porz ar Rocli * Porz Kemok * Porz Verch' * Streat ar Mean Hir * Le Cheb: * CreacTi ar Viein: • Streat ar Mean Hir: * Bilvidic: * Kefenn: * Kenekaou: • Kerskao: » Penn Batz: * Porz ar RocTi: * RocTIteou: * Ilot de Ti Sauzon: * Aod Vraz: * Ar Goumanant: »

Total 9 3 8 2 -58-

Tablcau 4

Moyen-Age Période moderne Période contemporaine

Sites

Penn Batz: • * Rupodou: Bec SeacTi: * Bilvidic: * Eelise: * Le Fort: * Kerantraon: » Penn ar Chleeucr: • Pcnn ar Chleeuer: * Porz an Eoe: * ar Ru: * Bilvidik: * Braouennie: * Ilot de Carrée Per: * Cimetière: * Eelise: * Kerantraon: * Kroaz Sant Alar: * Kreacli Vraz: * Le Fort: * Ile des Près: * Porz an Eoe: * Roc'Hieou: * Rupodou . ar Vil: * Ilot de Ti Sauzon:

Total 2 8 15

Tableau 5

Abris Structures Cercle de Outillage Autres en pierres pierres / dalles lithique

Sites * Ar Gored: Bieolc: • * Chenal: » Corps de earde: * Milin Nevez: * Penn Batz: * Penn Batz: * Pcnn ar Chleeucr: Penn ar Chleeucr: • * Pcnn ar Ch'eeuer: * Porz an lliz: * Porz ar RocTi: * Porz Doun: * Roc'Hieou: Toul-ar-Saozon: * Toull ar Sarpant: • * Ilot de Ti Saozon: * Ilot de Ti Saozon:

Total: 1 5 2 7 3 -59-

CONCLUSION

A la suite de la prospection-inventaire réalisée aux cours des mois de mai et de juin 1993 sur Hic de Batz, nous pouvons dénombrer 84 sites et indice de sites archéologiques, préhistoriques et historiques. Nous pouvons effectuer un premier bilan récapitulatif par période, des sites et points de découverte inventoriés sur L'île de Batz.

Les découvertes inventoriées dans le chapitre lié à la Préhistoire sont au nombre de 19. Le problème fondamental de l'étude d'un site préhistorique insulaire reste lié aux nombreuses transgressions et régressions du niveau marin (Giot, 1990). Problème d'autant plus complexe que ces variations demeurent très difficiles à cerner. Ainsi, de nombreux sites pour la période Paléolithique, dans ce secteur géographique, doivent se trouver sous le niveau actuel des eaux. De plus, nous pouvons considérer qu'un certain nombre de gisements localisés sur le rivage de l'île de Batz peuvent correspondre à des installations humaines implantées sur des collines surplombant de vastes planines à ces époques. Ces périodes reculées de la Préhistoire sont donc celles pour lesquelles la répartition de l'implantation humaine est la plus difficile à aborder, surtout sur une portion réduite du littoral. Les gisements paléolithiques de l'île de Batz ainsi que ceux de l'îlot de Ti Sauzon doivent être étudiés conjointement aux sites reconnus sur le littoral du Continent.

Le Néolithique présente également des monuments mégalithiques d'estran, se trouvant aujourd'hui sous le niveau des plus hautes mers. Us attestent d'une remontée globale du niveau marin depuis le Néolithique. Cependant, diverses études ont montré que ce mouvement n'a pas été continu mais a oscillé d'une manière plus ou moins importante.

En découvrant les sites archéologiques de l'île de Batz de ces époques plus récentes (Néolithique et Age du Bronze), le site majeur demeure la nécropole de Penn ar C'hleguer (Jardin Delaselle). Il s'agit d'un site difficile à étudier, les fouilles de monsieur Delaselle ayant semble-t'il boulversé une grande partie du site. De même, la dispersion du mobilier et des archives Delaselle ne permettent pas à l'heure actuelle une approche cohérente et complète de la nécropole. Son analyse chronologique en est également compliquée. Oscillant entre le Néolithique et l'Age du Bronze, le site de Penn ar C'hleguer comporte de nombreuses structures (plus de quarante sépultures repérées par le premier propriétaire) et un mobilier archéologique offrant peu de caractéristiques marquant plus spécialement une époque. C'est pourquoi il nous a paru préférable de créer un chapitre particulier liant l'époque néolithique et l'Age du Bronze, car les mégalithes et les sépultures, en particulier les dolmens et les tombes en coffre ne permettent pas une datation plus précise en l'abscencc de mobilier significatif.

La fin de la Protohistoire est représentée essentiellement à travers quelques probables habitats de l'Age du Fer (céramiques domestiques de Kefenn). Ces derniers sont datables de la fin de la période (Tène III). La présence éventuelle d'un souterrain de l'Age du Fer est à déterminer, mais il n'est pas improbable qu'il existe une structure de ce type dans le secteur de Penn Batz, les souterrains étant très répandu dans ce contexte armoricain (Giot, 1979).

Pour la période gallo-romaine, la prospection montre une apparente lacune sur le territoire de l'île de Batz. Aucune trace d'habitat ou d'atelier n'a été retrouvée (structures ou vestiges matériel identifiable). Il faut noter que le même phénomène a été mis en évidence lors de la prospection systématique de l'île de Groix (56) (Goupil, 1989). Des sondages pourraient peut-être apporter la preuve d'une occupation humaine à cette époque et révéler une pratique architecturale différente de populations plus marquées par un type d'habitat "romanisé". Les habitants de l'île de Batz sont peut-être restés fidèles à une architecture traditionnelle de type pré-romain et plus généralement à un mode de vie indigène, d'où une absence de tegulae et de céramiques importées... Une autre explication peut résider dans les conditions même de la prospection . Si une villa gallo-romaine a -co-

existé sur llle de Batz, elle peut se trouver aujourd'hui enfouie sous les dunes, en particulier dans le secteur de Penn Batz et de Penn ar C'hleguer, ou bien encore au niveau du bourg actuel (le toponyme Ar Ru signifiant "rouge", toponyme peut-être lié à la présence de tegulae et indiquant, sous réserve, des structures gallo- romaines). Enfin, des structures peuvent se trouver sous la surface cultivée, zone qui n'était que peu accessible à la prospection lors de cette campagne. Une information de dernière heure (communication personnelle de monsieur J.C. Le Goff) nous a signalé la découverte sous-marine toute récente de mobiliers gallo-romains, dont des amphores et des céramiques sigillées, dans un banc de sable du chenal qui sépare l'île de Batz du continent. Cette découverte révèle qu'au début de notre ère, ce secteur géographique était fréquenté, au moins par des navigateurs (l'Itinéraire maritime d'Antonin cite l'île de Batz) qui pouvaient profiter d'un mouillage relativement bien protégé au sud de l'île. Ainsi, l'apparente lacune mise en évidence par l'absence de découvertes archéologiques ne signifie pas que l'île de Batz n'était pas fréquentée à l'époque gallo-romaine.

L'Histoire de L'Ile de Batz, pendant le Moyen-Age, est révélée par la présence de vestiges majoritairement religieux. La période médiévale comporte un site majeur, ayant connu plusieurs phases de reconstruction : le site de Penn Batz, qui nous renseigne sur l'histoire religieuse de l'île, intimement liée aux origines du christianisme. Au Vie siècle, Saint Paul Aurélicn (Tanguy et al., 1991), abbé sous le règne du roi Marc, parvint en Armoriquc, entre 520 et 525. Il s'établit dans la partie Est de L'Ile de Batz grâce au comte Withur, vers 525 où il fit édifier la chapelle Sainte-Anne ainsi qu'un monastère (Guigon, 1993, Peyron, 1918). Auprès de la chapelle paléochrétienne de Penn Batz se trouvait certainement un scriptorium et des reliques qui formaient la composante intellectuelle du site mais aussi l'église et ses sculptures qui constituaient la composante architecturale du monastère de saint Paul Aurélicn. Le village du Haut Moyen-Age - époque mérovingienne se trouvait alors presque au niveau de l'eau, cette partie de l'île étant la plus basse. Un cimetière fut établi près de la chapelle, qui abrita les dépouilles des habitants de L'Ile de Batz et surtout les naufragés de navires échoués par les tempêtes jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. La première église du monastère de Saint Paul Aurélicn fut rasée par les Vikings autour de 878. A cet emplacement, la chapelle Sainte-Anne, fut construite aux Xle-XIIè siècles (Waquet, 1920) ; appelée successivement église Saint-Paul puis Notre-Dame de Penity, elle mesurait 80 pieds de long et 65 de large" (Roualcc, s.d.). A propos de la chapelle Notre-Dame de-Pcnity, ("Pened-Ti", la maison de la prière), on apprend que :"En 1185, cette église formait le Prieuré de Bath-Paul dépendant de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes. Au nord de l'édifice, "ar Goumanant" nous rappelle la ferme et les dépendances du prieuré, y compris le champ "ar Brioly, la maison du Prieur". Les dimensions de la chapelle étaient de "60 pieds de long sur 50 pieds de large" (Roualcc, s.d.). Les cartulaircs des abbayes furent consultés avec attention par monsieur Ph. Guigon, lors de recherches pour sa thèse, mais les archives n'ont donné aucune information supplémentaire au sujet des sites religieux de L'Ile de Batz. II nous indique cependant avec plus de précision la date de création de la chapelle Notre-Dame-de- Penity (Peyron, 1918), à la fin du Xle ou du début du Xlle siècle, "exemple roman,...dont le plan est de type "bénédictin"." (Guigon, 1993).

L'invasion des sables au cours des siècles, surtout au XVIe siècle, vit un exil progressif des Uiens à Porz an Eog, mieux protégé des vents et des éléments, et les constructions réalisées par Saint Paul Aurélicn et les siens furent ensevelies progressivement jusqu'à nos jours... Vers 1860, la chapelle Sainte-Anne fut en partie dégagée des dunes. Les habitations furent décrites par le général Marescot en 1807 qui écrivit (annexe lf), en découvrant le site de Penn Batz: "On y voit les ruines d'une petite ville et d'un grand couvent". La région de Santec vit une invasion des dunes comparable avec renscvcllisscmcnt complet de la chapelle de Plougucrneau au XVIIIe siècle, "Uis-Coz" (la vieille église), appartenant à l'ancienne paroisse de Tréménac'h (Quéméner, 1993). Quelques objets semblent avoir été découverts au siècle dernier, comme un plat en argent gravé de deux poissons, vers l'emplacement de l'ancien monastère de saint Paul. Cependant, il est actuellement impossible de confirmer cette découverte. A présent, la chapelle Sainte-Anne est, depuis le mois de juillet 1980, classé monument historique, mais aucun grands travaux n'ont été effectués depuis longtemps (annexe 3f)... Saint Paul Aurélien fit édifier un monastère et une église au Vlème siècle. Un village entourait ce premier ensemble religieux.

Dès l'époque médiévale, les textes d'archives nous permettent de pallier aux difficultés d'engager des fouilles sur de tels sites, en restituant d'une manière lacunaire un pan de l'histoire de Batz. Les textes traitent essentiellement des édifices religieux et ignorent le plus souvent les village, hameau ou petites fermes isolées sur le reste de Batz qui auraient pu exister en dehors du secteur sud-est de l'île. Seules des fouilles ou plus ponctuellement des sondages pourraient apporter des informations plus générales sur les sites médiévaux extérieurs à la zone comprise à l'intérieur de Penn Batz.

Il est primordial de songer que le patrimoine archéologique ne se résume pas uniquement autour de la Préhistoire et des périodes comprises entre la protohistoire et la période moderne. C'est pourquoi j'ai recensé non seulement des chapelles détruites au XVIIIème siècle dont il ne restait que quelques pierres, des croix monolithiques du XIXemc siècle, des pêcheries - qui pourraient aussi bien dater du Néolithique que du XXeme siècle - mais aussi des fours de goémoniers du XXème siècle dont il reste encore à présent les tranchées et les dalles, souvent perdues sous les ajoncs. Il m'a semblé important de relever ces sites qui appartiennent déjà au passé, susceptibles d'être détruits et rapidement oubliés.

La période Moderne est essentiellement marquée par la création de sites défensifs. Us étaient destinés à protéger l'île de Batz contre d'éventuels agresseurs (pirates, Anglais) et surtout les empêcher d'établir sur Batz une base d'attaque contre le continent, et en particulier contre Roscoff et la baie de Morlaix. Ainsi, le système défensif de l'île de Batz présente des batteries et des magasins à poudre en nombre, au niveau de chaque pointe de l'île. La surveillance en était ainsi facilitée. Ces sites, hormis la batterie de Penn ar C'hleguer (en cours de restauration de puis le mois d'avril 1993) sont recouverts par la végétation et passent la plupart du temps inaperçus, lorsque l'on ne fait pas le lien entre un tertre face à la mer et une éventuelle batterie. De plus, sans l'appui des textes d'archives, il serait difficile de découvrir certains ensembles défensifs (Bilvidic, par exemple).

La période Contemporaine comporte un nombre élevé de sites (15). Les archives départementales du Finistère et les archives privées de monsieur Roualec traitent surtout des édifices religieux, des croix et des forts. Grâce à ces sites, nous avons une vision de l'évolution des mentalités dans une société insulaire, de la période post-révolutionnaire au XXème siècle.

Les croix de L'Ile de Batz sont actuellement au nombre de 7. Les archives indiquent le 16 août 1794, que "le maire, ayant reçu du district une circulaire ordonnant la destruction de toutes les croix de la commune, écrivait: "Depuis longtemps nous avons fait disparaître tous les signes de la royauté et de la féodalité qui pouvaient insulter aux yeux républicains, nous avions seulement réservé 2 ou 3 croix situées sur des hauteurs et servant de marque pour les bateaux. Nous venons de les faire abattre".(archives municipales, p. 175) Ces quelques lignes expliquent les datations récentes des croix de L'Ile de Batz, anciennement sacrifiées au nom de la politique et de l'idéologie révolutionnaire, au même titre que les chapelles de l'île.

Le second type de site nous instruit sur l'utilisation des algues entourant l'île de Batz. Les algues servaient de combustible, d'aliment pour animaux, d'engrais pour l'amendement des sols ou bien encore d'élément indispensable à la fabrication du verre et également utilisée dans l'industrie chimique. Les deux sites marqueurs, reflets de cette époque sont le four traditionnel à soude et l'usine de traitement de goémon. "Le four à soude" permettait, après séchage et brûlage du goémon, de tirer des pains de soude destinés à une usine de traitement des pains pour en extraire le verre. On retrouve quelques fours creusés dans le sol, sur des hauteurs (Braouennig) et exposés aux vents dominants. Us. étaient parementés de pierres (Arzel, 1987, p. 189- 221). A présent, les derniers Batziens n'utilisent plus ces fours, d'une part à cause de l'évolution des techniques mais aussi à cause de la somme de travail à réaliser très peu payée par rapport aux heures passées à la récolte du goémon et à son traitement. Une usine de traitement avait été construite à Roc'Higou (annexe 1). Les nombreux désagréments de cette dernière la firent fermer au bout d'un mois. Il m'a semblé intéressant de recenser ce type de site, dont beaucoup de personnes ne connaissent que quelques indications.

Les sites d'époque indéterminée sont au nombre de 18. Souvent par insuffisance de mobilier, ces gisements archéologiques ne permettent malheureusement qu'un premier inventaire approximatif. Aucune datation ne peut encore être donnée avec certitude pour les abris, les structures et cercles de pierres et l'outillage lithiquc.qui ne peuvent être réellement définis. Il sera donc utile d'organiser de nouvelles prospections et d'effectuer des recherches plus approfondies comme des sondages, afin d'établir si ces indices sont de nature anthropique ou naturelle ainsi qu'une chronologie précise et la finalité de ces sites.

L'archéologie maritime ne fut pas omise mais appartient au paragraphe des sites d'époque indéterminée. Certains lieux dits tel ar Gored, nom breton d'une pêcherie, nous avaient déjà, permis de découvrir une structure en pierres formée de deux bandes de pierres se touchant presque à l'une de leur extrémité afin d'y placer un filet de pêche, à l'est de Batz. Une datation de ces "barrages" pour capturer les poissons est aujourd'hui très difficile dans la mesure ou ces structures ne possèdent pas de mobilier archéologique ( tesson de céramique, outillage lithique...). Cependant, une étude typologique complétée, un dépouillement systématique des archives ainsi qu'une analyse de l'emplacement des pêcheries par rapport aux niveaux des plus basses mers, pourraient apporter de nouveaux éléments de réflexion.

En conclusion, cette étude de prospection-inventaire d'une île de Bretagne permet de révéler qu'à toutes les périodes, la côte sud de l'île semble le lieu d'implantation privilégié des hommes (cartes, tableaux, p.). Nous pouvons dire que ce choix est dû à la présence de nombreux points d'eau, mais aussi grâce au fait que la côte sud est nettement plus protégée des vents dominants, qui, sur la côte nord bretonne, se situent dans le quart nord-ouest notamment en période de tempête...De même, il faut préciser que sur la côte nord de la Bretagne, rares sont les portions littorales exposées au sud et on ne les rencontre que sur des îles.

Enfin, l'un des problèmes majeur liés à la prospection et à l'étude de l'implantation humaine est. certainement l'importance des formations dunaires, en particulier dans le secteur nord-ouest de l'île, liées à l'accumulation des sables éoliens. Ces dunes, qui se sont formées depuis l'Age du Fer et peuvent masquer des gisements préhistoriques et historiques, ont aussi obligé les hommes à migrer vers le centre de l'île.

"Chaque démaigrissement des plages et des cordons est susceptible de fournir des données nouvelles, parfois davantage que les chercheurs qualifiés n'ont pas le temps matériel d'étudier avant le cas suivant" (Giot, 1990, p.l 1). Cette phrase résume bien le travail incessant que doit effectuer un prospecteur sur le littoral côticr ou insulaire. Ce qui était invisible la veille se révèle nettement le lendemain ou le phénomène inverse, à la suite d'une tempête, d'un affaissement de terrain ( tombe en coffre dans la falaise de Penn ar C'hleguer) ou en observant l'estran de longues heures lors du mouvement des marées (la pêcherie d'Ar Gored)... Ainsi, la prospection des falaises, de l'estran et des plages de l'île de Batz demeure, à priori, une neccesité constante. L'intérieur des terres de Batz est beaucoup plus difficile d'accès en raison d'une activité maraîchère importante (trois récoltes par an). Largement labourées, ces parcelles n'ont peut-être pas toutes conservé en état, ou même partiellement, les sites archéologiques qu'elles renfermaient. Mais un indice de site, tel un élément de structure, une stèle otée d'un champ ou bien encore un tesson ou un silex pourraient peut-être nous apporter des compléments d'informations pour une étude obligatoirement fragmentée de l'intérieur de l'île de Batz. L'essentiel d'une prospection-inventaire résidait tant dans une certaine approche du terrain (prospections aussi systématiques que possible, rencontres avec des personnes connaissant bien les sites archéologiques, équipes de prospecteurs efficaces...) que dans la manière d'effectuer les recherches de laboratoire (études en bibliothèques, analyse du mobilier...). L'essentiel était de savoir créer un équilibre entre ces deux facettes de la recherche archéologique, afin d'apporter une cohérence et une synthèse ponctuelle (ce rapport ne reflétant qu'un état de la recherche) à la prospection-inventaire de l'île de Batz. Figure 5 - Relevés des menhirs de l'île de Batz. 1 = Créac'h ar Bolloch ; 2 = Porz ar Roc'h ; 3 - Penn ar Chleguer (Jardin Delaselle). Figure 6 - Tombes de Penn ar Chleguer (Jardin Delaselle), n° 1 à 3.

Figure 8 - Tombes de Penn ar Chleguer (Jardin Delaselle), n° 8 à 9.

Figure 11 - N°l = Dolmen de Penn ar Chleguer (Jardin Delaselle) ; n°2 = Tombe en falaise de Penn ar Chleguer.

-71-

Figure 12 - Tombe de Porz ar Roc'h.

-74-

ANNEXE

île de Batz (29) annexe l.c : Présentation du Jardin G. Dclasclle. Historique de sa constitution

Le site de Pcnn ar C'hlcguer fut acheté en 1897 par monsieur Delaselle, parisien venu s'établir en Bretagne pour raison de santé, grâce à l'un de ses amis, monsieur Masson. Passionné par les Jardins exotiques, monsieur Delaselle décida de réaliser sur cette terre sans arbres son propre Jardin Colonial (1899). Pour parvenir à protéger ces plantations, il dut faire face au problème des éléments naturels (vents et tempêtes violentes) et retrouver sous les épaisses dunes littorales, constituées dès la Protohistoire un sol plus stable. Buffon écrivit à ce propos: "Nous avons un exemple de ces inondations de sable en France sur les côtes de Bretagne, aux environs de Saint-Paul de Léon en Basse Bretagne il y a sur mer un canton qui, bien avant 1666, était habité et maintenant ne l'est plus à cause d'un sable qui le couvre de plus de vingt pieds et qui, d'année en année, s'avance et gagne du terrain". Monsieur N. Roualec écrit dans ses archives que Buffon traitait de la région de Santcc.

Plus ou moins stabilisées de nos jours, les dunes de sable recouvrirent nombre de sites archéologiques en Bretagne. En faisant creuser une cuvette pour abriter ces plantations, le propriétaire de Penn ar C'hlcguer découvrit entre 1904 et 1910 les vestiges de tombes datant du Néolithique ou de l'Age du Bronze. "Possesseur de terrains situés à la pointe orientale de l'île, M. Delaselle voulant profiter de la présence du Golf-Stream dont les dernières ramifications assurent à Roscoff sa fertilité célèbre, imagine de créer un jardin colonial, et pour mettre ses premières plantations à l'abri des vents d'hiver, constitue artificiellement une sorte de bas-fond en déplaçant une dune et en exécutant des travaux de terrassement. A deux mètres de profondeur environ sous le sable et au niveau d'une couche argileuse subjacente, apparurent quelques dalles massives à peine dégrossies qui, posées de champ sur quatre plaques de granit, formaient des tombeaux assez régulièrement alignés autour du tumulus au calvaire". Ainsi commence le premier article traitant avec précision des fouilles initiales du site archéologique de Pcnn ar C'hlcguer, au sud-est de l'île, monsieur G. Toudouze, ami de monsieur Delaselle et rédacteur en chef de 1904 à 1908 de la revue d'art et d'archéologie, Le Musée traita en 1906, à travers son article, Le cimetière préhistorique, du plus grand site préhistorique datant de la période Néolithique ou de l'Age du Bronze connu jusqu'à présent sur L'île de Batz. L'intérêt majeur de l'article de Toudouze concernant les fouilles du Jardin Delaselle est de nous conter le détail des découvertes. Au cours de la fouille des tombes, les deux hommes firent état de détails liés aux sépultures des hommes du Néolithique et de l'Age du Bronze: "...Sauf quelques exceptions présentant des ossements, les tombeaux ouverts par nous n'ont jamais contenu qu'une poussière blanchâtre mêlée à des fragments de charbon et à des poteries brisées et parfois calcinées". Cette indication tendrait à indiquer que les tombes en coffre renfermaient des incinérations mais il faut ajouter, après un relevé détaillé de l'ensemble des sépultures que la longueur des coffres aurait permis d'abriter des dépouilles humaines... Enfin, aucune analyse n'est à présent possible, les recherches de messieurs Delaselle et Toudouze ayant détruit l'intérieur des tombes. Les fouilles du début de ce siècle permirent de mettre au jour une quarantaine de tombes et d'évaluer la présence de nombreuses autres sépultures sur ce site... Aujourd'hui, les onze tombes en coffre (fig.) restant visibles dans le Jardin G. Delaselle n'ont pas toutes de dalle de couverture (tombes 6-7) et l'on découvre même, si l'on admet qu'il s'agit d'une sépulture, une tombe (3) constituée d'un bloc de pierre et ne reposant sur aucune dalle. Certaines parois sont composées d'une dalle de granité ou de plusieurs pierres, placées habituellement sur chant, d'autres tombes en coffre n'ont pas ces caractéristiques. Aucune dalle n'est présente au fond des tombes de Pcnn ar C'hleguer, contrairement à la tombe en coffre de Porz ar Roc'h (). On remarque que l'une des deux fosses de type rectangulaire proche des tombes en coffre présente l'ébauche d'une couronne de pierres entourant la sépulture. Il pourrait s'agir, sous tout réserve, comme l'exemple de la tombe 11 de Roc'h Croum, des restes d'une construction subcirculaire, qui aurait entouré et recouvert la sépulture. -76-

Les tombes en coffre de Penn ar C'hlcguer ont été creusées dans le sol, avant d'être recouvertes et ainsi protégées par le sable éolicn. Par comparaison, nous pouvons citer les exemples des tombes en coffre de Roc'h Croum à Santec (29). Monsieur Lecerf fouilla en 1978 et en 1979 (Lecerf, ) sur ce site (au sud de l'îlot) de nombreuses sépultures. Parmi ces dernières, 4 étaient de grandes dimensions (), 8 avaient une taille de type courant ( )et 10 étaient très petites ()• Les dimensions, les dalles de couverture et de chant et les fragments de couronnes de pierres encore conservées sont tout aussi diverses pour les tombes en coffre du Jardin G. Delaselle que pour les sépultures de Roc'h Croum. Grâce aux similitudes constatées entre les deux sites, il nous est permis de proposer une restitution plus complète des sépultures de Penn ar C'hlcguer. Certaines tombes de Roc'h Croum sont recouvertes d'un dôme d'argile compacte ou d'un assemblage de pierres. Une ou plusieurs dalles de couverture apparaissent ensuite, calées par une couronne de blocs de granité. Aucune dalle de pierre n'apparaissent au fond des caveaux. Contrairement au site de Penn ar C'hleguer, des ossements humains furent retrouvés à l'intérieur des caveaux. L'absence d'informations concernant l'ouverture des sépultures du Jardin, lors des fouilles de messieurs Delaselle et Toudouze (les carnets décrivant le site archéologique ayant disparu), il est actuellement impossible d'établir une corrélation entre les dimensions des tombes en coffre et le mode sépulcral choisi par les hommes de la Préhistoire. Les tombes en coffre de Roc'h Croum présentent l'intérêt d'être géographiquement proches du site de Penn ar C'hleguer et ainsi de révéler leurs ressemblances et leurs dissemblances pour la réalisation des sépultures, leurs dispositions dans l'espace et l'éventuel mobilier présent. Enfin, le site de Pcnn ar C'hleguer a été tellement bouleversé lors de la réalisation du Jardin exotique, qu'il n'est pas certain que la reprise de fouille permettraient une véritable étude du site.

Pour l'étude du mobilier découvert au début du XXème siècle sur le site de Pcnn ar C'hlcguer, l'article du Musée traite en particulier "d'une petite idole en os grossièrement taillée, et d'une pointe de flèche en silex d'un galbe très pur"(Toudouzc, 1906). En l'absence de toute représentation de ces découvertes aujourd'hui introuvables, nous ne pouvons avancer aucune datation. Ce mobilier aurait été, semble-t'il légué au fils de l'ami de monsieur Delaselle, monsieur Philippe Masson. Une enquête auprès du musée de Ncvers pourra peut-être nous apporter de plus amples précisions, les héritiers ayant peut-être fait don de ces quelques pièces.

En 1937, ruiné par les trop grands travaux nécessités par son Jardin, monsieur Delaselle dut se résigner à vendre la propriété à monsieur Nast, qui prit soin des plantes et du site archéologique et acheta les terrains situés sur la pointe de Penn ar C'hleguer. En 1957, le Jardin est racheté par le CE. aérospatiale de Châtillon. Devenu colonie de vacances, ce site de 7 hectares, subit d'importantes dégradations. De plus, l'hiver 1963 détruisit définitivement les espèces végétales les plus fragiles. Abandonné, le jardin suscite à nouveau l'intérêt du CE. aérospatiale, qui, dès 1986, entame des travaux de restauration du Jardin. 1989 voit la création de l'Association des Amis du Jardin G. Delaselle, bénévoles qui reçurent pour la restauration du Jardin (abritant plus de deux cents espèces de plantes) le 5e prix de chefs d'oeuvre en péril. L'Association pour la promotion et la protection des Iles du Ponant, le Conseil Général du Finistère, la Caisse Nationale d'Epargne, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne et la municipalité de L'île de Batz sont aujourd'hui les partenaires de l'Association.

I

PALEOLITHIQUE SUPERIEUR 0

PALEOLITHIQUE - NEOLITHIQUE