vous souhaite ses meilleurs vœux pour l’année 2005 Le journal d’information du Parc national Hiver 2004-2005 n° 23 FAITS ET GESTES DOSSIER PUITS DE SCIENCES Un arbre qui parle... Chamois : comptage et aux enfants ! L’accueil surveillance sanitaire Un nouveau diaporama est diffusé Au vu du comptage du printemps, dans les Maisons du Parc à l’intention et la découverte... les effectifs semblent stables en des enfants... et des plus grands ! Champsaur-Valgaudemar. Au nord des Hautes-Alpes, des cas Randonnée culturelle de kérato-conjonctivite ont été repé- sur le GR 54 Dans rés. Une maladie à suivre... P. Masclaux P. les Écrins B. Nicollet

Un événement pour les 40 ans du Loups, sangliers, marmottes... tour de l’ et des Écrins Le retour ou l’évolution des popula- tions de certaines espèces sauvages Houwt Chantier de formation ’ se conjugue parfois difficilement sur les sentiers S.d avec les activités humaines... En direct du terrain... Quelques observations glanées par les agents du Parc pendant l’été

Le Chazelet Illustration Véronique K.Simon - CAUE de l’Isère pages 4 & 5 L’ÉCHO DES VALLÉES

Pédagogie : des actions Pluviomètres obsolètes édito Par-delà connaissance et conservation, le Parc national des concrètes avec les enfants Cinq d’entre eux ont été démontés Écrins affirme un projet de territoire par l’assise d’une identi-

cet été par EDF. té de massif synonyme de qualité autant que de singularité. M.Corail C’est autour de ce pari d’un partage raisonné des fruits de la

H.Quellier conservation que le Parc national des Écrins et ses partenai- res se sont engagés dans un programme d’accueil et de découverte, fondé sur la qualité des hébergements comme des modes de décou- verte. Ce principe structure et favorise l’émergence d’un développement durable et Deux expériences originales dans le harmonieux de ce massif. Champsaur (notre photo) et le Les partenariats déjà mis en place, les coopérations actives en matière de tou- Valbonnais... à découvrir. En bord de route... risme de découverte, le travail en réseau concernant la politique d’aménage- ment et de valorisation des patrimoines, l’engagement dans les programmes de Le programme Grand nettoyage Houwt ’ sensibilisation à la montagne et ses richesses ont ouvert la voie d’un développe- C.Coursier de pré-signalé- S.d aux Étançons tique routière ment faisant du territoire sauvegardé un atout. du Parc natio- Structuration de l’accueil, développement des approches artistiques, culturel- nal des Écrins les, éducatives et sportives, respectueuses des patrimoines sont les promesses se poursuit. d’un territoire de partage entre populations urbaines et rurales. Très tôt engagé dans cette logique, le Parc national des Écrins apporte son appui à un territoire et ses acteurs autour de valeurs conformes à son identité EMBRUNAIS : et à l’exigence de qualité de l’accueil “Dans les Écrins”. Al’appel des Clubs alpins français À Châteauroux-les-Alpes, Christian Pichoud Jean-Paul Durand Président du Conseil d’administration Maire de la Grave, administrateur du de l’Isère, une centaine de bénévoles la nouvelle Maison du Parc du Parc national des Écrins Parc national des Écrins ont retroussé leurs manches. Président du Comité départemental Président du Comité départemental

Prix de vente au numéro : 2,5 euros page 2 et 3 du tourisme de l’Isère du tourisme des Hautes-Alpes pages 6 à 8 FAITS ET GESTES Inauguration avant l’été Un arbre qui parle... DIAPORAMA “ENFANTS” Non ce n’est pas la dernière découverte Houwt de quelque naturaliste trop longtemps Le mieux, c’est de le voir ’ S.d demeuré dans quelque arpent de forêt

de montagne, mais le titre d’un diapo- Saulay P. rama en fondu enchaîné entièrement dédié au jeune public. À la suite d’une leçon sur les Parcs naturels en et encore tout en pensée dans ces territoires protégés, une Tous les partenaires réunis pour inaugurer jeune écolière retrouve la réalité en se la nouvelle Maison du Parc de l’Embrunais. cognant à un arbre. À CHÂTEAUROUX-LES-ALPES, satisfaction générale à l’occasion Mais quelle surprise ! L’arbre parle et La présentation officielle du diaporama, en octo- bre dernier à Entraigues, devant quatre classes en de l’inauguration de la nouvelle Maison du Parc national des Écrins s’avère avoir beaucoup d’amis dans le regroupement scolaire (voir aussi en p.7). de l’Embrunais, le 6 juillet dernier. Un beau soleil estival a mis par- parc national des Écrins : le vieux sage, ticulièrement en valeur les qualités esthétiques de cette réalisa- à la barbe de glace, l’eau jeune, libre et tion, saluée par l’ensemble des partenaires institutionnels, tech- cascadante, les fleurs, les animaux et en lien avec l’Éducation nationale... entre fiction et réalité symbolise les niques et financiers. tous les montagnards, chacun présente L’académie d’Aix-Marseille a détaché une diverses attitudes à adopter dans toute Les bureaux du secteur sont installés dans l’ancienne école de sa vie dans les Écrins. demi-journée par semaine deux profes- découverte d’un espace naturel. Châteauroux depuis 1996 et le bâtiment a été acquis par le Parc seurs de "sciences et vie de la terre" auprès Au travers d’un voyage initiatique Levier de nombreux travaux pédago- quatre ans plus tard. Sa restructuration, réalisée au cours des deux du Parc national des Ecrins. Ils devront, en autant qu’imaginaire, enfants des clas- giques, ce diaporama a été salué par les dernières années a fait l’objet d’un programme de plus de lien avec le service communication du Parc, ses de découverte et des écoles locales instituteurs de l’Oisans et du 550 000 € financés à 48% par le Parc, avec l’aide de fonds euro- valoriser les ressources et les activités pourront découvrir une immense diver- Valbonnais, ainsi que par les conseillers péens, de la région PACA, de l’État, du Département et de la com- pédagogiques offertes par le Parc et susci- sité d’espèces et de paysages, mais aussi pédagogiques présents lors de sa pré- mune. Les deux derniers maires ont d’ailleurs été très présents au ter une dynamique en matière de projets de situations propres à la montagne. sentation officielle devant quatre clas- sein du Conseil d’administration du Parc pour défendre ce lieu d’in- éducatifs sur l’environnement. Il s’agit de À la fois spectacle et fable, ce diapora- ses en regroupement scolaire à formation à Châteauroux-les-Alpes. Jean Luc Vallereau (lycée Aristide Briand de ma a tenté de mettre en scène, à partir Entraigues, en octobre dernier. Le choix d’ouvrir la façade donnant sur la rue de l’église permet une Gap) et de Olivier Jalenques (collège des diapositives faites par les gardes Certains enseignants du Beaumont meilleure lisibilité de la fonction d’accueil du public. À l’intérieur, la Vauban à Briançon). moniteurs, de courtes séquences autour n’ont pas caché leur regret de n’être pas conception de l’aménagement regroupe trois fonctions sur un seul Michel Bouche, technicien de l’environne- de thèmes aussi divers que l’adaptation, dans la zone du Parc et apprécié d’avoir niveau : les bureaux du secteur, l’accueil du public (salle d’exposi- ment chargé de coordonner les actions les saisons, le sauvage et le cultivé, la été associés à cette journée de sensibili- tion et coin boutique) et une salle de projection-réunion. Le secré- pédagogiques (voir aussi en p.6), apporte sa réglementation, la prédation, la sauve- sation, ce domaine dépassant largement tariat assure le lien entre ces différents espaces. La salle de projec- contribution à cette démarche en lien avec garde des patrimoines, l’éducation à le cadre géographique du Parc. tion et les sanitaires peuvent être isolés de l’accueil et des bureaux. les différents secteurs. l’environnement, l’observation natura- Chacun a souhaité que de nouvelles Grâce à un accès dans la cour, ils peuvent être mis à disposition Cette initiative vient compléter le disposi- liste et combien d’autres. réalisations soient mises en œuvre et d’autres partenaires. Une façon pour le Parc de concrétiser sa tif déjà mis en place dans les Parcs naturels Véritable introduction aux enjeux de la insisté sur le rôle prépondérant des volonté de faire de ses Maisons, dans la mesure du possible, des régionaux du Queyras et du Lubéron. Dans protection de la nature, ce diaporama Maisons du Parc dans cet accompagne- lieux ouverts sur la vie locale. un premier temps, à partir des program- se veut une première information à par- ment éducatif. Le montage est en effet La nouveauté a de l’attrait : au cours de l’été 2004, la Maison du mes pédagogiques, enseignants et person- tir de laquelle une classe peut choisir proposé dans sept lieux permanents Parc de Châteauroux a accueilli 1500 personnes, soit le double de (1) nels du Parc national des Ecrins propose- d’approfondir une thématique . d’accueil du Parc et fait partie de l’été précédent. ront pour chaque niveau et chaque terri- Esthétique et drôle, par sa conception l’offre originale qu’il propose. même et l’utilisation de la “photogra- toire, des thèmes, des outils et des person- (1) Claude Dautrey et Daniel Fougeray (service nes ressources permettant la réalisation de Programme d’aménagement : phie animée”, ce spectacle éduque le communication) ont piloté ce travail dont la spectateur sans imposer l’univers fic- réalisation a été confiée à Roberto Tibaldi et projets pédagogiques dans les écoles, les Pascal Saulay (Studio Immaginare), auteurs du collèges et les lycées. l’étape du bilan tionnel du film. Ce constant aller-retour magnifique multivision des 30 ans du Parc. À l’occasion de l’élaboration du futur pro- gramme d’aménagement, un bilan des Pluviomètres obsolètes...oir ! actions du passé a été réalisé. Livre ouvert H. Quellier sur le territoire et l’action du Parc natio- Le saviez-vous ? Plus d’une tonne de ferraille a été retirée du pay- nal des Écrins de 1999 à 2004, la mise en sage des Écrins au début juillet. En effet, EDF a démonté cinq de forme du bilan s’est voulue attractive et ses très grands pluviomètres installés en montagne dans les années lisible, originale et agréable. Organisés 50... et aujourd’hui inutilisés. Ces cinq géants de cinq mètres de selon la structure du futur programme haut étaient situés au départ de l’ancienne route du Galibier, au d’aménagement, (en cours de finalisa- Glacier Blanc, au Vallon de la Route, au Goléon et sur le Plateau tion), les chapitres sont ponctués de d’Emparis. Leur retrait a été réalisé, selon le site, par hélicoptère zooms détaillés et démonstratifs de l’action du Parc. ou par la route. Le document, diffusé aux partenaires, est consultable dans les De tels appareils de mesures sont devenus inutiles compte tenu Maisons du Parc national des Écrins, et bientôt sur le site du des connaissances déjà acquises sur les précipitations dans ces sec- Parc : www.les-ecrins-parc-national.fr teurs et en raison de l’existence d’autres stations de mesures. Ils sont d’autant moins justifiés que la politique d’EDF en matière de Ce pluviomètre de 5 mètres de haut, situé au départ de l’ancienne route du Galibier, a été démonté en juillet. projet de barrage a beaucoup évolué... Nouveau refuge de l’Aigle... Les initiatives coordonnées depuis quelques années avec l’associa- Cette volonté a trouvé un écho favorable auprès d’EDF qui souhai- AU PIED DE LA FACE NORD DE LA , le refuge de l’Aigle tion “Mountain Wilderness” en faveur d’un retrait des intallations te apporter sa contribution au développement durable. En la accueillera encore les alpinistes dans sa version d’origine pendant obsolètes ont contribué à faire des émules. En rencontrant les par- matière, l’entreprise a consacré un budget de 10 000 € pour ce l’été 2005. De longues discussions ont jalonné l’étude d’un projet tenaires concernés, le Parc national des Écrins encourage les initia- premier “nettoyage”. D’autres pourraient suivre car il reste encore de reconstruction de ce refuge “mythique” (voir l’Écho n°22) aux- tives permettant au territoire de retrouver son état “naturel”. des pluviomètres devenus inutiles, dans les Écrins et ailleurs. quelles le Parc national a apporté sa contribution. Le projet, lauréat du concours et retenu par le Club alpin français s’inscrit dans la Courrier des lecteurs filiation de l’ancien : il ne s’impose pas au site grâce une volumétrie L’ÉCHO DES ÉCRINS N°23 - Décembre 2004 restreinte, même si l’on augmente sensiblement la capacité. Journal d’information du Parc national des Écrins ENVAHISSEURS ! “Samedi 10 juillet a eu lieu sur la commune de la Grave Pour autant, le débat n’est pas clos. L’association “Les Amis de l’ai- une course de VTT organisée par des envahisseurs des 2 Alpes. Ils ont accédé Directeur de la publication : Michel Sommier Prépresse : Flashmen, Gap gle” milite notamment pour conserver l’actuel refuge en l’état. Directeur de la rédaction : Claude Dautrey 17000 exemplaires. ISSN 1285-1434. au parcours grâce au téléphérique de La Grave et sont redescendus en direc- L’association Mountain Wilderness a souhaité également être Rédaction : Claire Gondre avec les secteurs et Imprimerie Louis Jean sur papier recyclé tion du village en perturbant sur leur chemin les randonneurs pédestres ; ce consultée plus étroitement sur le projet. Ainsi, citée en exemple, la les services du Parc national des Écrins Édité par le Parc national des Écrins même sentier étant la limite du Parc. Il serait sans doute judicieux que ces Domaine de Charance 05000 GAP, avec le soutien concertation qui a prévalu autour de ce projet a été encore élargie. Ont particulièrement collaboré à ce numéro : financier du ministère de l’Écologie et du organisateurs continuent d’abîmer leur “propre” station plutôt que de se Cet automne, les arguments qui ont conduit aux différents choix Christophe Albert, Yves Baret, Michel Bouche, Développement durable et de la Région Provence- mettre à saccager la nôtre.” (Jean-Michel Germanaz, par mail) techniques (et éthiques) leur ont été présentés. Parallèlement, la Claire Calvet, Marc Corail, Hervé Cortot, Alpes Côte d’Azur. Christian Couloumy, Cyril Coursier, Questions de comportement... et de partage de l’espace. D’une manière commune de La Grave doit mettre à jour ses documents d’urba- Gil Deluermoz, Gilbert Durand, Gilles Farny, générale, les remontées mécaniques encouragent forcément ces pratiques nisme qui ne permettent pas actuellement une telle réalisation. Samy Jendoubi, Bernard Nicollet, Claude Roger, Pascal Saulay en économisant l’effort dissuasif de la montée. On peut rappeler qu’en Une procédure qui nécessite un délai d’au moins six mois. zone centrale du Parc la circulation en VTT est interdite... justement pour Ainsi, contrairement aux prévisions initiales, la concrétisation d’un Mise en page : Claire Gondre et Louis Manzon, Courriel : préserver des espaces de quiétude pour les randonneurs et de limiter les chantier à l’Aigle ne sera pas envisageable avant l’année 2006. Ce [email protected] service communication - tél. 04 92 40 20 10. phénomènes d’érosion. La limite du parc est aussi celle de la réglementa- qui laisse encore le temps de débattre sur l’avenir de ce refuge Relectures : Sylvine Aubert, Claire Calvet Site Web : www.les-ecrins-parc-national.fr tion. En dehors du Parc, cela devient de la bonne éducation. bientôt centenaire. L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 2 FAITS ET GESTES En coulisses... Mouvements de personnels Sentiers : stage-chantier à Villar d’Arène Roland Martin Michel Bouche a rejoint Houwt Après l’Oisans en 2002, le Valgaudemar ’ nous a quitté S.d le service communication en 2003, c’est le Briançonnais qui a au mois de septembre. Il Roland Martin est accueilli, en septembre 2004, le stage de arrive de Vanoise où il était décédé le 2 décemb- formation interne à l’entretien et à la res- chargé du suivi de trois re 2004. Tous ceux tauration des sentiers. réserves naturelles gérées qui l’ont cotoyé dans Le site du Pas d’Anna Falque sur la com- par le Parc national. le cadre de ses man- mune de Villard d’Arène offrait, outre sa Un changement de territoi- 2 dats électifs à Venosc magnificence, un cas d’école pertinent re : “de 3000 ha à 9 m ” commente-t-il dans un sou- et Bourg d’Oisans, sur la problématique que l’équipe du Parc rire en évoquant son nouveau bureau aux Écrins. De là, il coordonne désormais les actions de péda- aussi bien que sous sa présidence du avait choisie cette année. En effet, les gogie pour l’ensemble du Parc... soit Conseil d’administration du Parc, de 1985 à sentiers très fréquentés sur les pelouses quelque 270 000 ha ! 1992, gardent la mémoire d’un homme de alpines fragiles se dégradent fortement dialogue, très à l’écoute de chacun et qui a Michel Bouche connaît bien le massif. Il a habité les entraînant un creusement de la plate Hautes-Alpes près de 20 ans et y a travaillé comme su défendre le Parc, au plan européen déjà, forme qui poussent les randonneurs à vétérinaire avant d’embrasser la carrière de garde- puisque c’est en 1990 que les Écrins on reçu quitter “la trace”. C’est ainsi que se créent des raccourcis, diverticules moniteur puis de technicien de l’Environnement. le diplôme européen, comme au plan ou autres chevelus. local. Les partenariats engagés au cours de “Les objectifs de ce stage se sont focalisés sur les causes des désord- Brindille Soubrane a quitté le Parc national son mandat le démontrent et le Musée de res observés sur ces sentiers et sur les solutions que l’on peut mettre des Écrins à la fin du mois d’octobre. La gestion la faune et des cristaux du Bourg d’Oisans en œuvre” explique Yves Baret, l’architecte du Parc. Ses apports administrative du programme européen Leader a scellé cette coopération entre le Parc et méthodologiques associés à l’expérience des agents de terrain favorise les échanges de savoir-faire. II, la rédaction des contrats de partenariat avec un projet local ambitieux. Roland Martin Douze participants, dont un collègue venu du parc de la Vanoise, ont entrepris avec force, barre à mine, bran- les communes et, plus récemment le suivi des pratiquait par ailleurs un humour servi par cards, massette, pelles et pioches de corriger, restaurer, construire une nouvelle plate forme sur l’itinéraire, réflexions concernant le programme d’aména- une grande culture, et une passion des parfois légèrement modifiée. Mais aussi de faire disparaître les nombreux raccourcis. “C’est en offrant un gement : autant de dossiers qui l’ont conduite à hommes et du terroir, en particulier de tracé confortable, construit avec des techniques développées depuis des siècles par les anciens dans nos val- travailler régulièrement au Parc national des l’Oisans, que personne n’oubliera. lées qu’il est possible de garantir la pérennité de ce patrimoine paysager et permettre ainsi aux milliers de Écrins depuis 1997. Intégrée à la fonction publique depuis deux ans, elle rejoint le service randonneurs d’accéder au cœur de l’espace protégé”. Environnement du conseil général du Var où elle est désormais chargée de la gestion des espaces RANDONNÉE CULTURELLE ET FESTIVE naturels sensibles. Un rapprochement familial et l’occasion d’un virage professionnel. Bonne Oisans-Écrins, un itinéraire de légende... continuation...

L’occasion d’un anniversaire pour expérimenter une Pascal Saulay travaille randonnée culturelle de quatre jours sur le GR54. actuellement à l’organisa- tion de la photothèque du l y a quarante ans, quelques pionniers, autour de aussi du voyage. Parc pour faciliter son utili- Un carnet de route I Roger Canac, guide de haute-montagne, instituteur sation, sous format numé- et écrivain, rêvèrent d’un itinéraire qui ferait le tour du sera prochaine- rique notamment, par les massif de l’Oisans, à l’image d’autres tours de massifs ment édité par le personnels du Parc. Une mis- célèbres… Parc, relatant ces sion de sept mois pour ce Créer un itinéraire, c’est d’abord le repérer sur la carte, quatre jours, spécialiste de l’image dont on a déjà pu apprécier prévoir les abris et hébergements possibles à chaque riches en décou- les compétences dans la réalisation des diaporamas étape, le tester, le baliser… ce que firent des jeunes ran- vertes, en échan- “Comme un Écrin” et “Un arbre qui parle”. Il accom- pagne également la réflexion pour l’aménagement donneurs, avec passion, venus du Bourg d’Oisans, de ges et en émo- de la future maison du parc du Bourg d’Oisans. Lyon et de La Mure durant l’été 63. Bien sûr, les sen- tions. “Un vérita- tiers existaient déjà depuis bien longtemps, permettant ble émerveille- de passer d’une vallée à l’autre par les cols. C’est l’an- ment” témoigne Stéphane d’Houwt a pris la suite d’Alain Marie (voir l’écho n°22) pour la gestion des sen- née suivante que l’itinéraire un participant. tiers, au service aménagement. Un changement devient officiellement le GR 54, “40 ans… et des de service opéré à la faveur de sa réussite au sous l’égide du comité national montées parfois raides… et la pas- concours de technicien de l’Environnement. des sentiers de randonnée. Le Depuis 1995, de par son expérience de photo- sion de chacun rêve est entré dans la réalité. graphe, il était chargé, au sein du service com- pour sa monta- Des rencontres et des échanges pour décou- Au début du mois de septem- munication, de la gestion de la photothèque, du gne, sa profession, vrir les richesses naturelles et culturelles Deux accompagnateurs en montagne, bre dernier, quelque 20 ran- des Écrins, pour lire les traces du passé et traitement des images numériques et de la Jean Grégoire et Jérome Gillet enca- son désir de par- donneurs ont parcouru une appréhender le patrimoine, vivant, des pra- maintenance du matériel audiovisuel. draient chacun un groupe de randon- tage… et les tiques d’aujourd’hui. neurs qui, selon leur souhait, témoi- partie de cet itinéraire de Concernant le multimédia, il a été chargé de échanges sur le mettre en place le site Internet du Parc et les gnaient de leurs découvertes par l’a- légende, pour fêter son quarelle ou l’écriture. chemin… et la beauté des matins au Rif-Tort ou à bornes intèractives dans les Maisons du Parc. anniversaire. Organisé par l’Alpe… Je me souviendrai !” écrit encore une randon- Technicien forestier d’origine, il retrouve ainsi le Parc, avec le soutien de la Fédération neuse. un poste plus orienté vers le terrain avec la française de la randonnée pédestre (FFRP), du Cette expérience se poursuivra sur les deux autres tron- coordination de l’aménagement des sentiers de Syndicat national des Accompagnateurs en Montagne çons du sentier, avec l’espoir d’aboutir à la création de randonnées et de découverte du Parc et leur et des conseils généraux des Hautes-Alpes et de l’Isère, véritables produits touristiques, élaborés par les accom- signalétique. cet événement leur a permis, avec bonheur, de parcou- pagnateurs en montagne et les hébergeurs, avec le souci rir la montagne “autrement”, au cours d’une randon- de proposer une randonnée différente, sensible, autour Dans le Valgaudemar, Simon Payan, garde- née ponctuée de rencontres (bergers, conteur, géolo- des valeurs de solidarité et de partage. moniteur a pris sa retraite. gue, guide, forestiers, architecte, gardiens de refu- Jean-Philippe Telmon lui succède. Roger Canac, entouré par Jean-Alix ges…), associant marche, écriture ou aquarelle. Lire en page 7. Martinez et Claude Couttaz, Les photographies illustrant cet article ont trois pionniers qui ont “rêvé” L’écrivain René Siestrunck, le peintre britanique été réalisées par Pierre Masclaux, le photographe qui a participé à le GR54. Greg Poole et le photographe Pierre Masclaux étaient la randonnée. Depuis trois ans, Florence Vallet était notamment chargée du suivi du budget de Signalisation routière : suite... fonctionnement et du plan de formation du Parc. Des fonctions qu’elle avait déjà assurées Après la Vallouise, l’Oisans et pour des centres d’études techniques de l’Équi- le Valbonnais (voir écho n°21), pement à Lyon. Aux Écrins, elle s’est également Houwt les grands panneaux-images de ’ attaché à l’application des règles d’hygiène et pré-signalisation touristique du S.d Parc ont été installés dans le de sécurité. Briançonnais, l’Embrunais, le Cette fois, c’est à Rouen qu’elle poursuit sa car- Champsaur et le Valgaudemar. rière, à nouveau dans un centre d’étude tech- La collaboration entre les ser- nique mais pour apporter une assistance en vices du Parc et ceux de l’Équi- informatique aux utilisateurs des applications pement est indispensable pour mener à bien ce programme qui de gestion. Un nouveau métier qui la conduira L’approche du territoire est organisée notamment à rédiger les manuels d’accompa- se poursuivra par une signalisa- de façon progressive. tion directionnelle dans les val- Une “accroche” visuelle en bord de route : c’est la présignalisation. gnement et à dispenser des formations sur l’en- lées, associée au logo du Parc. semble du territoire national.

L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 3 L’ACCUEIL ET LA DÉCOUVERTE DOSSIER Une promesse à tenir !

Au-delà de ses missions de gestion et de conservation, le Parc national organise depuis trente ans des dispositifs d’accueil et d’information des visiteurs. Les centres d’information et les Maisons du Parc, la présence des agents de terrain, l’entretien des sentiers et la signalétique, le pro- gramme d’animations, la documentation gratuite diffusée dans les offi- ces de tourisme du territoire... Autant d’actions concrètes qui ont pour but d’inviter et de préparer les visiteurs à la découverte du massif. La présence d’un parc national garantit la qualité d’un patrimoine natu- rel exceptionnel. Un atout remarquable qui n’est pas toujours identifié comme tel pour promouvoir l’accueil et la découverte dans les Écrins. P-E Illustration Dequest La collaboration avec et entre les différents acteurs du tourisme ne se fait pas naturellement. Même s’il est per- Des paysages exceptionnels : c’est la garantie offerte par un espace protégé. L’un des éléments de la “promesse” touristique des Écrins. fectible, le partenariat entretenu avec les accompagnateurs en montagne représente une avancée significative : il permet de proposer un programme de sorties de découverte du parc national des Écrins élaboré ensemble. Mais ce n’est pas suffisant pour afficher une offre touristique (hébergements, prestations, services...) structurée qui réponde aux attentes des visiteurs. Les collectivités, associations et professionnels impliqués dans la mise en œuvre du programme visant à améliorer l’accueil “dans les Écrins” (leader+) souhaitent aller plus loin. Quelle est la meilleure façon d’organiser une offre touristique singulière et ancrée dans le territoire des Écrins ? Plusieurs études apportent leur contribution à la réflexion. Nous souhaitons en partager les résultats avec le plus grand nombre, pour construire ensemble des manières d’accueillir qui nous ressemblent et qui valorisent les richesses des patrimoines naturels et culturels des vallées des Écrins, tout en les préservant. C.Dautrey

Associer le génie des hommes au génie des paysages Véronique K.SimonIllustration - CAUE de l’Isère

’une vallée à l’autre des Écrins, la quantité et la qualité de l’offre touristique La “maison”, dans son environnement D est très différente. L’état des lieux réalisé par Florence Olivreau (Queyr’ivoire consultant) souligne aussi des manques, en termes de coordination, de connais- La qualité de l’hébergement fait partie intégrante de l’accueil. sance mutuelle et de travail en réseau des prestataires et des différents acteurs de Dormir et manger, c’est un minimum... qui ne suffit plus. l’accueil touristique... dont le Parc. À l’analyse des modes d’organisation locaux, Le “plus” qu’attendent aujourd’hui les visiteurs tient à l’am- elle insiste sur le rôle primordial que pourraient jouer nombre d’offices de touris- biance de l’accueil, lisible dans l’aménagement et l’architectu- me s’ils en avaient la responsabilité réelle et donc les moyens humains et financiers. re du bâtiment mais aussi dans le soin apporté aux abords de leur logement de vacances. “La valeur patrimoniale du bâti- La reconnaissance du Parc national des Écrins dans ces démarches partenariales est Questions d’images... ment est déjà, en soi, un produit touristique” : un constat encore marginale... bien qu’espérée. Même le territoire protégé n’est que rarement important de l’étude conduite par le relais des Gîtes de France utilisé comme un atout. “La référence aux Écrins n’a pas de consistance pour les L’image d’une nature pure et sauvage por- des Hautes-Alpes. Une valeur “patrimoniale” qui ne se résume acteurs. L’offre, dans son ensemble, est très banale, sans valeur ajoutée particuliè- tée par le Parc national des Écrins donne pas au bâti ancien restauré mais qui peut aussi être dévelop- re. Elle n’est pas pensée dans une logique de “produit de nature”. Les enquêtes aussi le sentiment d’une montagne difficile pée dans le cadre d’une rénovation ou d’une construction montrent que des professionnels sont intéressés pour réfléchir à la façon dont ils d’accès, si ce n’est pour quelques alpinistes neuve. pourraient la mettre en œuvre. “Bien souvent, c’est l’appui technique, méthodolo- chevronnés. “L’inaccessible fait rêver...” Le CAUE(1) de l’Isère a réalisé un document, pour l’instant des- gique qui leur fait défaut et qu’ils attendent notamment d’un partenaire comme le commente un prestataire touristique. Mais tiné surtout aux professionnels de la conception architectura- Parc” affirme Florence Olivreau. les Écrins ne se résument pas à de hauts le, qui propose de “construire l’accueil dans un environnement Le diagnostic réalisé par l’antenne gapençaise de la Grande Traversée des Alpes sommets et à d’austères vallées. On peut de haute qualité”. Les choix dépendent de la nature du projet, relève également ces carences et met en avant, lui-aussi, les potentialités du terri- approcher l’inaccessible... et donc le rêve ! mais aussi du vent, de la lumière, de la pente, du site d’im- toire. En tentant d’identifier des produits de découverte des patrimoines spécifiques “Il faudra combattre l’image de la monta- plantation et des paysages qui entourent la future construc- aux Écrins, il souligne la relative pauvreté de l’offre de valorisation des patrimoi- gne abrupte et hyperactive pour s’orienter tion. Cinq exemples pour cinq sites des Écrins : une façon nes. Selon Gilles Chappaz (GTA), le Parc pourrait jouer un rôle pour donner du concrète d’aborder la démarche HQE (haute qualité environ- “contenu” à ce type de produits dont la stratégie de commercialisation reste déter- vers un tourisme de nature qui correspond nementale) dans un projet d’accueil tenant compte des atouts minante (et qui est une affaire de “professionnels”!). “Il ne s’agit pas d’un touris- à cette clientèle diversifiée et élargie (qui du lieu. me de masse mais d’une offre, inscrite dans une politique de qualité, qui favorise constitue un marché émergent certain) Complémentaire, l’état des lieux réalisé par l’association “Le un apport économique sur le territoire, notamment hors station”. basé sur son désir de découverte et de Gabion” souligne toutes les potentialités locales pour “cons- Il existe des clientèles spécifiques qui pourraient être mieux ciblées : les randon- curiosité” souligne Florence Olivreau. truire dans le respect de l’environnement”. Les matériaux natu- neurs en général, les amateurs de produits “nature” (clientèle étrangère en parti- Qu’est-ce que le patrimoine ? Au-delà des rels utilisables (terre, pierre, bois, paille...) existent sur place. culier) et d’activités de découverte (clientèle régionale en courts séjours). Une richesses naturelles, la notion est assez Les techniques dites d’éco-construction sont développées par découverte qui doit être synonyme de “plaisir”. On peut être “pédagogique”... floue et souvent associée aux musées, au des professionnels du bâtiment. Avec la spécialisation d’un sans être rébarbatif ! passé et au folkore. “Ce n’est pas facile d’en nombre croissant de maîtres d’œuvre dans cette approche La légitimité du Parc national s’arrête souvent à sa fonction de protection. C’est à faire une notion vivante” ajoute Gilles particulière, c’est un réseau de partenaires qui est en train de lui de montrer qu’il est capable de participer concrètement à la valorisation de ce Chappaz à l’issue des différentes réunions se mettre en place pour répondre à la demande d’un héber- territoire exceptionnel, tout en continuant à le préserver. Une façon de s’inscrire qu’il a eues avec des représentants des gement d’accueil intégré dans son milieu naturel. dans les sphères économiques de ses vallées. Une autre façon aussi de sensibiliser acteurs du tourisme des Écrins. (1) Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement. les visiteurs à la découverte respectueuse de la nature. Illustrations Régis Illustrations Ferré

L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 4 Quel supplément dans les Écrins ? Travailler ensemble, être attentif à l’accueil, proposer des prestations favorisant la découverte de ce territoire d’exception... Les souhaits des acteurs et professionnels du tourisme correspondent aux attentes des visiteurs du massif et des espaces protégés en général. Comment la présence d’un parc national doit-elle s’intégrer à cette offre touristique ? Quel “plus” faut-il apporter pour que l’accueil dans les Écrins soit singulier, original, en lien avec ses richesses et l’identité de ses vallées ? l’avis des acteurs du tourisme La promesse des ÉCRINS les attentes des visiteurs “Il faudrait une meilleure articulation entre la politique du Parc et Les comportements celle des acteurs locaux. Il faut développer une “destination mon- changent. tagne” en conservant “l’esprit montagne”. Cela se concrétise par des Depuis une dizaine activités de découverte, en été et en hiver, un hébergement de peti- d’années, les évolu- te capacité et ce, dans un environnement de qualité. Mais la princi- tions sont nettes : on pale qualité reste le contact humain.” part plus souvent et M. Beaucourt, hôtelier, Bourg d’Oisans moins longtemps. Les besoins de rupture PNE Découvrir... “L’attrait du Parc est un atout incontestable mais aujourd’hui ce L’EXCEPTIONNEL. Un espace protégé, c’est l’assu- avec le quotidien et de que cela apporte reste largement insuffisant. Il n’est absolument rance de découvrir des paysages remarquables, des ressourcement s’accor- pas valorisé et reconnu localement. C’est au Parc aussi d’avoir une sites prestigieux et réputés, des espaces naturels dent bien avec un plus forte implication et un rôle actif en faveur du tourisme”. gérés, protégés, accessibles, organisés... L’air pur, le clame, la beauté. besoin de “nature”. M. Marin, Gîte de séjours, Le Périer On favorise aussi les

“retrouvailles”, en cou- -Écho des Écrins n°5, été 1997 Lionel Condemine Illustrations “Il faudrait faire en sorte que la pratique de la montagne apporte à ple, en famille, entre C.Calvet l’économie locale, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car il manque amis... C’est l’occasion de volontés. L’objectif de faire vivre des régions dans un certain d’échanges, de bons esprit, lié à la nature et à la montagne, n’est pas atteint. Dans notre moments passés région, finalement, ce sont les stations qui exploitent et tirent par- ensemble.. et avec les se détendre... tie du Parc en l’utilisant dans leur promotion ! ”. habitants qui nous M. Durdan, guide de haute-montagne et chambres d’hôtes, accueillent. On souhai- Bourg d’Oisans te les rencontrer véri- tablement et ne pas “Le Parc national des Écrins, c’est une vraie valeur ajoutée pour le L’INDIVIDUEL. L’assurance d’un accueil personnalisé, être considéré comme territoire... mais il a besoin d’une reconnaissance. Il faut le valori- le ressourcement garanti et l’accompagnement de la découverte des Écrins dans “l’esprit des lieux” : le un touriste ordinaire. ser comme un vrai label de qualité. La protection de l’environne- visiteur est accueilli comme “un hôte de marque” à Pour cela, il est impor- ment est une tendance lourde. Le développement de l’éco- qui l’on va dire les secrets de ce pays habité. tant de préserver des citoyenneté répond à une demande. Il faut cibler les jeunes géné- “espaces non mar- rations (...) Le Parc doit se positionner comme un vrai partenaire, chands”, d’échanges

en ouvrant le débat sur les projets de territoire” En termes d’ac- C.Calvet “gratuits”. cueil, il doit davantage expliquer son rôle et faire découvrir les Cette nouvelle façon richesses patrimoniales. Il a des compétence avec des gens pas- Balader d’aborder les vacances sionnés et passionnants. La pédagogie est fondamentale.” tranquillement... favorise aussi un com- M. Badjily, directeur du comité de promotion de l’Embrunais portement plus

C.Calvet respecteux de la part “L’agriculture et le tourisme sont complémentaires, c’est vital des visiteurs... pour pour les deux secteurs. (...) On est obligé de croire à l’intersai- peu que leurs hôtes son. La période estivale est de plus en plus courte (...) Les res- L’ÉMOTIONNEL. La découverte touristique est l’oc- aient envie de partager trictions liées au Parc font parfois peur. Mais il est connu, donc casion d’un réel échange. C’est la promesse d’une leurs valeurs et leurs il attire des gens (...) Il pourrait mener des action afin de mieux découverte “culturelle” et sensible, faite de rencon- façons de vivre . faire connaître et comprendre le territoire.” tres et de témoignages (avec un désir de transmett- M. Gondre, ferme équestre, Bénévent-et-Charbillac (Champsaur) re !), de contacts simples et d’émotions partagées. Au-delà des paysages exceptionnels et de

“Tout le monde vit du tourisme, il pousse le commerce à aller de C.Calvet toutes les découvertes l’avant. Les communes font de gros efforts mais elles devraient qui peuvent être pro- pouvoir faire mieux et plus, notamment pour valoriser le patrimoi- posées, c’est la qualité ne, avec l’aide du Parc entre autres intervenants (...) Le développe- du contact humain qui ment de l’été passe par plus d’animations, des balades accompa- embellit les souvenirs gnées, le développement d’activités en lien avec la nature, exposi- de vacances ! tions à la maison du Parc avec plus d’ouverture en intersaison.” ou faire du sport... Mme Eynaud, vente et location de matériel de sports, Pelvoux ... mais pas trop !

(*) 55 entretiens ont été conduits par le bureau d’étude “Géo-système” : Le Cabinet “Syn.Pro-Développement” accompagne les partenaires du programme Les différentes enquêtes de fréquentation (Cofremca, 1996 - Cedaet, 2001) réali- une consultation initiée par l’Agence française d’ingénierie touristique (AFIT) européen leader+ “dans les Écrins” pour les aider à construire une promesse tou- sées dans les Écrins et d’autres espaces protégés apportent également des infor- ristique via le Parc national et les professionnels du tourisme. mations sur les motivations des visiteurs.

L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 5 PUITS DE SCIENCES Les incursions du loup se confirment L’image de la stabilité Quelque 3600 CHAMOIS en Champsaur-Valgaudemar. Le massif des Écrins, du fait de ses caractéristiques alpines, n’est pas le À six ans d’intervalle, l’effectif minimal des popu- premier a avoir été concerné par le loup. Pourtant, depuis trois ans, l’augmentation du nombre de constats réalisés par les agents du Parc lations est quasiment identique. lors d’attaques sur la faune domestique est significative : une quaran- Une cohérence de résultats remarquable. taine en 2004 contre une dizaine en 2002. Si la responsabilité du loup n’est pas certaine dans de nombreux cas (1), la corrélation avec les le, les comptages font appel aussi aux membres des sociétés déplacements du prédateur est très vraissemblable. Le relevé de tra- locales de chasse, aux agents de l’ONCFS, de l’ONF ou enco- ces de deux animaux l’hiver dernier, les attaques de cet été et l’abat- re aux accompagnateurs en montagne volontaires. Ils permet- tage d’un individu confirment la présence permanente de l’espèce tent d’apprécier l’évolution des effectifs et de déterminer les dans le massif du Taillefer (Ornon et Villard-Reymond). Dans le attributions du plan de chasse. C’est l’occasion aussi pour tous Valgaudemar, les traces et l’analyse d’un excrément, également l’hiver ces partenaires de se retrouver sur le terrain, ensemble et au dernier, ont confirmé son incursion. plus près de leurs préoccupations communes... qui ne vont pas Le Parc participe au réseau de suivi “grands prédateurs” animé par sans quelques divergences. C’est ainsi que les points de vue, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Outre parfois, se rapprochent. Le rendez-vous est donné bien avant l’aube pour organiser les le protocole de suivi hivernal, un important effort de formation a été Outre les conditions météorologiques, très favorables cette conduit pour que tous les agents assermentés puissent réaliser les équipes. Le début de la montée se fait dans le petit jour nais- année, la rigueur et l’efficacité des observateurs désormais bien sant. Carte et jumelles sont à portée de main ainsi que l’in- constats. “entraînés” à ces opérations sont une garantie de leur réussite. Les objectifs nationaux sont d’assurer au loup un état de conservation dispensable radio, à l’écoute des “voisins”. Aux premières En 2004, 3592 chamois ont été dénombrés sur les douze com- lueurs, il faut être à pied d’œuvre. L’organisation est rodée, la favorable tout en veillant à ce que sa présence soit supportable par le munes concernées, entre Champoléon et La Chapelle-en- pastoralisme. Dans cet esprit, en complément des dispositifs natio- méthode également. Valgaudemar. Un individu de plus qu’il y a 6 ans sur les mêmes Les 26 et 27 juin derniers, plus de 150 observateurs ont été naux, le Parc souhaite mettre en œuvre des mesures spécifiques pour territoires ! Des résultats aussi cohérents confirment l’efficaci- les alpages de la zone centrale. Une enquête a été réalisée cet été mobilisés pour scruter tous les vallons, les crêtes et les recoins té de la méthode. Si un comptage sous évalue forcément la du Champsaur-Valgaudemar. dans les Écrins pour déterminer les zones d’ombres dans les alpages réalité des populations, il reflète l’effectif minimum présent... de la zone centrale pour l’utilisation des téléphones portables. Des Le dénombrement des chamois a lieu tous les six ans dans cha- apparemment stable. Si les densités les plus élevées sont tou- cune des unités de gestion (UG) des Écrins. Le temps de faire aides particulières pour des filets permettant le regroupement des jours observées en zone centrale du Parc, de nombreux sec- bêtes la nuit, ou encore l’installation de cabanes d’alpages “héliporta- le tour du massif... teurs en zone périphérique lui sont plus favorables et devraient Mis en œuvre en partenariat avec la Fédération départementa- bles” comptent parmi les actions étudiées, en lien avec la DDAF et normalement voir le nombre de chamois augmenter. avec les souhaits du monde agricole. En novembre, seuls 8% des animaux étaient encore atteints. (1) L’indemnité est versée à l’éleveur dès lors que la responsabilité du Kérato-conjonctivite... à suivre loup n’est pas exclue. Dans les Écrins, quelques cas isolés ont été identifiés du côté du C’est dans le courant du mois de juillet que des chamois atteints Monêtier, en Vallouise ou encore à Villar d’Arène où une femel- de kérato-conjonctivite ont été repérés du côté de Cervières, le aveugle était guidée par son chevreau. En lien avec le labora- Sangliers : état des lieux Le développement des populations de sangliers peut poser locale- dans les Hautes-Alpes. Cette maladie qui concerne les ongulés toire départemental vétérinaire, la surveillance par les gardes- ment des difficultés avec les activités humaines (prés de fauche, (chamois, bouquetins, mouflons...) est très contagieuse même si moniteurs s’est accrue au-delà du protocole de suivi sanitaire de jardins...). En collectant des données très éparses, une étudiante a l’on connaît mal les modes de transmission. La maladie touche l’espèce. En cours d’expérimentation, ce dispositif permet déjà, réalisé un état des lieux de l’évolution des populations. Si la pro- les yeux et peut entraîner la mort de l’animal, sans compter les sur la base d’un échantillon, d’observer de façon précise quelque gression est réelle, la situation est constrastée selon les zones. accidents dont il peut être victime pendant qu’il devient aveu- 3000 chamois par an. Dans le Valbonnais, un groupe de travail associe le Parc, la DDAF de gle. La guérison naturelle est fréquente et cela, jusqu’au dernier Difficile d’estimer quelles vont être les évolutions de la maladie l’Isère, la chambre d’agriculture, l’ONCFS, la fédération des chas- stade de la maladie. Une fois guéri, l’animal transmet alors son dans les mois qui viennent. Avec l’arrivée de l’hiver, la survie des seurs, les sociétés locales de chasse et les lieutenants de louveterie. immunité... L’épizootie a été très forte du côté de Cervières, animaux malades est plus difficile. Les dégâts perdurant, une battue a été réalisée le 13 novembre der- avec environ 30% d’individus touchés en septembre (sur 190 L’expérience de la Vanoise qui a vécu une forte épizootie dans nier avec la participation de tous. Deux animaux ont été éliminés en chamois observés). Les chasseurs ont d’ailleurs décidé d’écour- les années 80 confirme que cette maladie engendre une morta- bordure de la zone centrale. ter leur saison de tir pour préserver le cheptel. Début octobre, lité assez faible pour des populations qui recouvrent leurs effec- À Champoléon et à La Chapelle-en-Valgaudemar, un effort de chas- les premières guérisons étaient constatées. tifs en quelques années. À suivre. se adapté en zone périphérique a permis le maintien des popula- tions à un niveau acceptable. LAGOPÈDES ALPINS : comptage à grande échelle Marmottes de Prapic : baisse de natalité L’expérience réalisée au printemps pour limiter l’accroissement de Grandes manœuvres pendant trois jours en la population semble porter ses fruits. L’injection d’un contraceptif Vallouise. Pour la première fois en France, il s’a- aux femelles et d’un produit limitant la libido des mâles a concer- né une trentaine d’invididus... et la baisse de natalité a permis de gissait d’expérimenter une méthode de dénom- contenir la population à un niveau tolérable pour les prairies de brement des lagopèdes alpins sur une vaste zone. fauche . L’évaluation fine de l’opération doit se poursuivre en 2005. Mobilisation générale d’une centaine d’observateurs pendant aux Écrins en 2004 : trois jours (et trois nuits !) en Vallouise au mois de mai der- Bonne année pour l’aigle royal 20 aiglons à l'envol sur l'ensemble du Parc (40 couples) ! Les sec- nier. L’objectif : expérimenter une méthode de dénombre- teurs du Champsaur et de l'Oisans ont été les plus productifs. ment à grande échelle pour le lagopède alpin. Il s’agissait en effet de quadriller les 8000 hectares d’une de pattes dans la neige, plumes et unité naturelle afin d’établir un compte le plus précis possi- crottes abandonnées sont égale- Quelques trouvailles botaniques dans ble du nombre de lagopèdes. Cette unité naturelle est l’une ment de bons indices que les agents ont recherché sur le ter- l’été... Inventaire... non exhaustif : potentille du Dauphiné des 297 zones découpées par le réseau de l’Observatoire des rain. Le Lagopède alpin se cantonne en été au voisinage des (Potentilla delphinensis) dans le vallon du Chardon, trèfle des rochers galliformes de montagne (O.G.M) qui compte 45 partenaires sommets, dans les éboulis et les lambeaux de végétation rase (Trifolium saxatile) dans le vallon de la Selle, orlaya à grandes fleurs en France. entre 2000 et 3000 m. Dans les Écrins, le suivi des popula- (Orlaya grandiflora) dans le Valgaudemar, petite massette (Typha L’opération avait des allures de grande manœuvre, rigoureu- tions instauré depuis 1991 semble indiquer une stabilisation minima) dans la ripisylve du Drac, cucubale à baies (Cucubalus bacci- sement orchestrée. La qualification des observateurs et les des effectifs qui restent cependant faibles et vulnérables. Les fer) à St-Laurent-du-Cros… Mais aussi, l’agripaume cardiaque capacités logistiques du site (pour l’hébergement en monta- galliformes de montagne (tétras lyre, lagopède, perdrix bar- (Leonurus cardiaca) une rescapée des jardins de plantes médicinales gne notamment) sont des paramètres importants pour tavelle...), espèces chassables, sont également très sensibles : deux stations découvertes par E. Chas ont été retrouvées sur mettre en œuvre une opération de cette envergure, en toute au dérangement, à la prédation, aux modifications des pra- et St-Martin-de-Queyrières (lire aussi en page 8). sécurité et avec une rigueur maximale. Outre les agents du tiques agricoles et aux aménagements, comme les câbles de Parc, des personnels de l’ONCFS (office national de chasse et remontées mécaniques... Leur préservation nécessite donc de Bouquetins : Un comptage a eu lieu le 13 juillet en de la faune sauvage), des chasseurs des sociétés de chasse conjuguer les attentions dans ces différents domaines. Champsaur-Valgaudemar sur Isola, Crupillouse, Valestrèche, Mal locales concernées et des accompagnateurs en montagne ont Passés quelques bivouacs inconfortables et autres marches Cros : observation totale de 54 bouquetins. également apporté leur contribution, à pieds, à skis ou à nocturnes hasardeuses, le comptage en Vallouise a permis En fin d’été, on dénombre 30 cabris grâce aux données du comp- raquettes. “Au-delà de la connaissance de l’espèce, les obser- l’observation de quelque 80 oiseaux dont 67 mâles. Ce qui tage et aux observations antérieures sur d'autres sites. vateurs doivent maîtriser la progression de nuit en terrain correspond aux résultats des dénombrements partiels qui ont Vos observations sont précieuses. Transmettez-les aux équipes de varié, avec les dangers objectifs que cela suppose alors que le été réalisés dans cette zone auparavant. terrain ou par courriel : [email protected] terrain est encore partiellement enneigé” souligne Claude "L'exploitation de ces données doit se poursuivre afin de Des nouvelles régulières et plus détaillées de la colonie sont mises en ligne Roger, technicien au Parc national... et grand ordonnateur de mettre en œuvre un protocole d'échantillonnage sur diverses sur le site internet : www.les-ecrins--parc-national.fr ce comptage expérimental. unités naturelles du réseau OGM. Cela permettra notam- Du côté des Cerces, le comptage automnal confirme le maintien de Au mois de mai, les lagopèdes mâles défendent leurs territoi- ment de compléter les données des sites de référence actuels" la population : plus de 250 individus dénombrés et une présence res et font les beaux : leurs cris et leur vol singuliers facilitent précise Claude Roger. Et la connaissance des effectifs de cette significative de cabris (à voir après l’hiver...). le repérage de cet oiseau par ailleurs très discret. Les traces espèce fort difficile à observer.

L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 6 L’ÉCHO DES VALLÉES Infos-nature... en direct VALBONNAIS Quelques observations originales réalisées pendant l’été 2004. Des informations échangées notamment entre les agents du Parc... et maintenant avec vous ! Quand les enfants content le Parc national... N’hésitez-pas, vous aussi, à transmettre vos observations au secteur concerné ou Depuis des années les gardes-moniteurs aigle. par courriel : [email protected] du Parc soulignent leur besoin d’outils Les enfants se pédagogiques à destination des enfants, répartissent en Bruant mélanocéphale : 11 juillet, présence d'un mâle chanteur et notamment un diaporama de présen- quatre groupes au village du Lauzet (Briançonnais). Il s'agirait, de la troisième année tation du Parc car cet outil reste le plus de travail sur consécutive où l'espèce est contactée sur le même secteur. En déclin en souvent utilisé. l’histoire et com- Grèce (premier pays d'accueil des populations), on lui connaît deux sites En 2004, deux projets concomitants mencent à sélec- de reproductions dans les Alpes maritimes. La typologie de l'habitat à seront menés par des professionnels (lire tionner des ima- proximité du Lauzet semble être caractéristique des exigences écolo- en page 2) et des écoles du Valbonnais ! ges. giques de ce bruant. (Damien Combrisson) L’histoire en bref Avec, sans le savoir, des similitudes dans Ils se retrouvent Croque Monsieur et Croque Le site du Centre de recherche alpin sur les vertébrés (CRAVE) http://crave.free.fr la façon d’aborder le sujet. vite confrontés à la difficulté de réaliser montre des photos de bruant mélanocéphale prises en juillet 2003 et 2004 par Madame sont deux écureuils Olivier Tourillon dans la vallée de la Guisane. L’idée proposée par Samy Jendouby, ou trouver des clichés de qualité qui qui ont deux enfants. Ils garde-moniteur du secteur a intéressé illustrent un moment de l’histoire. Depuis trois étés nous observons des guêpiers aux environs de habitent un parc urbain. Un deux enseignants des écoles de Saint- Par exemple, il manque des images ainsi Siévoz (Valbonnais) sur une information de l’agent forestier. Cette année, Laurent-en-Beaumont et Le Périer. Et que des illustrations de la réglementa- jour qu’ils n’ont plus de noi- depuis le 21 juin, date observée de leur arrivée, nous c’est parti pour la réalisation d’un dia- tion : ils vont donc réaliser des dessins settes, ils vont en chercher avons pu voir 8 puis 10 guêpiers et, enfin, nous avons porama de présentation du Parc POUR qui seront pris en photo. dans un arbre réserve, mais trouvé la colonie toute entière avec au moins 15 des enfants, conçu AVEC des enfants. Après avoir peaufiné la coordination ils se trompent d’arbre. Celui oiseaux présents mais très mobiles et donc difficiles Des contraintes techniques sont impo- entre la projection des images et la lectu- dans lequel ils grimpent est à compter. sées (80 images maximum, pas de bande re de l’histoire par les enfants, le mon- magique et quand ils sautent

Au moins 10 trous sont occupés. (Samy Jendoubi) B. Pearson son) et des orientations définies au tage est projeté pour la première fois à dans l’une de ces cavités ils L'azuré de la Sanguisorbe (Maculinea telejus) : départ. Il s’agit de faire passer quelques un vrai public d’enfants novices en se retrouvent dans le Parc premières observations de ce papillon lors messages importants comme : la natu- matière de protection de la nature. national des Écrins. de la sortie "coup de filet" du 20 juillet à re est fragile il faut la respecter, un parc L’histoire accroche d’emblée les enfants Un aigle qui les survole leur Chaume-Froide (, Champsaur). Avec national n’est pas un parc animalier qui la suivent avec attention et retien- demande ce qu’ils font là et Lionel Quelin du Conservatoire Etude et (quelles sont ses missions ?) il faut nent les principaux messages. Première les emmène sur son dos Ecosystème de Provence (CEEP), deux sta- respecter la nature ailleurs que dans le satisfaction. découvrir le Parc. Il leur giaires l'ont également observé pour la pre- parc... et donner envie de le découvrir. En plus de la projection-test, ce diapora- G.Deluermoz mière fois dans la zone humide de Bayard Pour mener à bien le projet, quatre ma a été projeté plusieurs fois et notam- explique la réglementation le 22 juillet. Émergence tardive cette année pour ce papillon rare qui sort regroupements pédagogiques entre les ment lors de l’inauguration officielle du mais aussi les différentes habituellement aux environs du 10 juillet. Ces deux stagiaires (Laurent deux classes, en alternant les lieux, montage sonorisé “un arbre qui parle”. manières de découvrir le Serrano et Cyril Peudpièce) ont également observé au col Bayard le magni- seront nécessaires. “Les étonnantes similitudes entre notre parc national et ses richesses. fique pacha à deux queues (Charaxes Jasus), un papillon typiquement Dans un premier temps les élèves vision- montage et celui réalisé par des profes- Puis l’aigle leur présente son méditérannéen et lié à l'arbousier. Cette observation exceptionnelle est nent le montage type que le Parc utilise, sionnels sont encourageantes” souligne petit ainsi que d’autres ani- probablement l'une des premières dans la région. (Didier Brugot) le commentent, le critiquent et propo- Samy. Personnages parlants (écureuils, maux qui sont aussi parfois Des cerfs dans le Champsaur : un mâle et une femelle sent des améliorations : “il serait mieux aigle dans un cas ; arbre, l’eau, la mon- des proies pour lui. On ne observés le 31 juillet à 20h45 sur la commune du Noyer près de la s’il y avait une histoire ! “ Mais que tagne dans l’autre) ; passage magique de peut pas cueillir les fleurs Guinguette au lieu-dit "Dournailles" (Hervé Cortot). Un mâle de 10 cors à raconter dans cette histoire ? la ville à la montagne. “On s’aperçoit mais elles sont si belles sur Les premières idées de mise en scène que raconter des histoires est assez diffé- Prapic le 3 octobre (Rodolphe Papet). ...et en : un mâle pied ! " Et les noisettes au commencent à émerger : un ou plusieurs rent de conter une histoire : après le et une femelle repérés au-dessus de Mizoên et plus particulièrement du fait, tu sais où il y en a ? ". animaux de la ville, qui ne connaissent garde-moniteur-compteur (d’aigles, cha- hameau des Aymes. L'information a été communiquée par le garde-chas- Plus tard, les deux écureuils se communal. Le cerf continue donc sa progression dans sa lente mais pas le Parc, vont dans le PNE et le visi- mois, lagopèdes …), voici venu le garde- tent avec un guide, les enfants font des moniteur-conteur qui pourra s’appro- vont retrouver leurs enfants sûre remontée de la Romanche... (Cyril Coursier). Du côté de Villar qui les attendent avec impa- d’Arène, un jeune mâle a été observé en fin d’été (Éric Vannard). propositions de personnages. Samy prier ce montage pour le faire vivre !” essaie de les dissuader de choisir le cha- tience : " vous étiez dans le C'est la pleine floraison pour plusieurs dizaines de mois, la marmotte ou l’aigle qui sont parc national des Écrins, pieds de la gentiane pneumonanthe, à

R.Brugot déjà très " utilisés " pour symboliser la qu’est-ce que c’est ?". Croque 1080 m d'altitude, dans le marais près du nouveau montagne. Ils échangent leurs idées par Monsieur et Croque village de Puy-Saint-Eusèbe, le 5 août (Embrunais). Les mails. Madame leur présentent les chevaux qui ont pâturé partiellement la prairie maré- Après discussion, ils optent pour un écu- grandes missions du Parc et cageuse, n'ont pas brouté les tiges fleuries. On comp- reuil, puis deux : Croque-Monsieur et les beaux paysages qu’ils y te jusqu'à 7 fleurs d'un bel azur foncé sur une tige Croque-Madame qui ont deux enfants et ont vus. d'environ 30 cm de hauteur. Mais aucun œuf de qui découvriront le Parc sur le dos d’un l'Azuré des mouillères (Maculinea alcon), “son” papillon, n'est repéré sur les fleurs. (Damien Combrisson et Didier Brugot) Nouvelle station de reproduction du sonneur à ventre jaune dans le site de la drague de (Champsaur), VALGAUDEMAR repérée le 1er août. Il s'agit de petites ornières de M. Corail Simon Payan a pris sa retraite... pelleteuses avec un bassin de décantation à proxi- ... et Jean-PhilippeTelmon lui succède mité qui permet sans doute le repli des animaux. Depuis les débuts du Parc voilà 30 ans, il Montagnard et haut-alpin de naissance, Un adulte avait déjà été observé dans le bassin de compte parmi " les pionniers " des gardes- Jean-Philippe Telmon est passionné de décantation en 2002 mais sans preuve de repro- moniteurs des Écrins, mais surtout du nature “depuis toujours”. Après une for- duction. (Marc Corail) Valgaudemar devrait-on presque préciser. mation agricole et forestière, il est Enfant de la vallée il y est resté. “Tu sais entré dans le monde du travail en qua- Le 5 août à Puy-Sanières (Embrunais). Entre deux averses, stimulé par un tout de la montagne : quand on est berger, lité d’ouvrier forestier. Un concours rayon de soleil, un mâle de cigale grise cymbalise dans les blaches chasseur, habitant de ces hautes vallées, la dans la fonction publique lui permet de de chêne pubescent qui dominent la retenue de Serre-Ponçon. montagne révèle petit à petit ses secrets” affirmera Gilbert devenir agent d’exploitation à la Direction départementa- La comparaison avec les enregistrements du CD audio de Michel Boulard, Durand, chef du secteur, à l’occasion des “aurevoir”. “Ton tra- le de l’Équipement. L’an dernier encore, il était responsa- “Vies et mémoires de Cigales” (Éditions de l'Équinoxe, 1995) permet de vail au Parc t’a donné la possibilité de les partager avec les ble d’un centre technique du conseil général, à Gap. Les reconnaître l'espèce. Ouvrage et CD disponibles au Centre de documen- visiteurs que tu as toujours aimé accueillir, tant tu as ancré en passerelles administratives lui ont permis d’envisager une tation à Charance. (Damien Combrisson et Didier Brugot) toi ce sens inné de l’hospitalité montagnarde. Avec les enfants “nouvelle carrière”. aussi que tu te plaisais à faire rêver en leur racontant ta vallée, Garde-moniteur dans le Valgaudemar depuis cet autom- Pour en savoir plus... en leur parlant de ton métier, de situations périlleuses tou- ne, Jean-Philippe Telmon a donc opéré un important vira- jours surmontées”. Marcheur hors pair et infatigable : on n’est ge professionnel pour “vivre sa passion au quotidien”. • “À la découverte des fleurs des Alpes, 350 espèces dans leur milieu,” Guide pas loin de la légende... Accrochez-vous donc pour rester dans de terrain des parcs nationaux de France (réalisé par le Parc national des le rythme des pas de ce jeune retraité. "Simon, au nom de tes € ABONNEMENTS Écrins avec les Éditions Libris, 23 ) collègues, je te souhaite une bonne retraite auprès de ta € • Les deux “Atlas de la faune sauvage des Alpes du Haut-Dauphiné “ : famille, encore beaucoup de départs tôt le matin pour aller 3 numéros de l’Écho des Écrins : 8 - les vertébrés, poissons, amphibiens, reptiles, mammifères (16 €) voir là-haut le soleil se lever alors que les lumières que tu Adresser votre chèque à l’Agent comptable du Parc aimes tant en bas dans la vallée ne sont pas encore éteintes. - tome 2 : les oiseaux (18 €) national des Écrins - Domaine de Charance - 05000 GAP Les bouquetins que tu as si bien gardés t’attendent toujours. Prix au numéro : 2,5 €. Renseignements au Parc, tél. 04 92 40 20 10 ou sur le site internet Ils veulent, comme nous, te remercier." L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 7 L’ÉCHO DES VALLÉES

CHAMPSAUR OISANS C.Coursier De la découverte à l’action Nettoyage aux Étançons... M.Corail L’Association sociale culturelle et rurale Les 4 et 5 septembre dernier, plus de 100 bénévoles des sept (ASCR) de Saint-Jean-Saint-Nicolas organise CAF de l'Isère se sont donnés rendez-vous dans le vallon des les activités extrascolaires des enfants de Étançons, au pied de la face sud de la Meije. L'objectif : col- Pont du Fossé et notamment les activités du lecter tous les détritus et autres résidus de chantier accumu- mercredi après-midi, avec Stéphane Bernard lés depuis des dizaines d'années dans cette partie du massif responsable de l’animation au centre de loisir des Écrins. et à la commune. Plein-air, patinoire, cinéma, Après deux journées de travail acharné, ce sont plus de piscine… se déroulent au gré des saisons et 2 tonnes d'immondices qui ont été redescendues en hélicop- des opportunités. Depuis quelques années, tère à la Bérarde. La commune de Saint-Christophe-en- Oisans a assuré le convoyage des ordures à la déchetterie et les agents du secteur rencontrent les enfants à Les enfants ont participé au relâcher de rapaces "répa- l’occasion d’une sortie de découverte. rés" au centre de soins. Moments inoubliables. a également offert une solide collation aux participants à la fin de l'opération. Le Crédit agri- cole et le conseil général ont largement contribué au financement de cette action (coût total : Du Mille Club aux 1000 Défis Découvrir c’est bien, agir c’est encore mieux. 6500 euros) ainsi que Jeunesses et Sports. La forte implication du comité départemental des Avec le temps, il y a eu l’envie de faire plus… CAF de l'Isère et la participation active du Parc ont fait de cette manifestation une réussite. En Les enfants ont ensuite préparé des enquêtes Avec seulement vingt mètres à parcourir effet, différents acteurs locaux se sont entendus et fédérés autour d'une action commune en et interview, notamment grâce à l’aide tech- entre les bureaux du Parc et le Mille Club qui faveur de l'environnement et les échanges ont été bénéfiques pour tous, y compris la montagne. nique de Pierre-Marie Lopez avec son maté- abrite notamment cette association, cela faci- riel radio mobile de l’association “Le ... et à la Pilatte. Plus confidentielle cette fois-ci, l'opération qui a consisté à rassembler lite les choses. C’est l’opération “1000 Défis Colporteur”. Cet important travail radio- cet automne plus de 2 tonnes de vieux bois (plusieurs années de passerelles emportées par les pour ma Planète”, relayée par la DIREN qui phonique sera bientôt diffusé sur les ondes torrents en furie et les avalanches) dans le vallon de la Pilatte. Les gardes-moniteurs du secteur va cristalliser le projet. "Et si on montait un ainsi que les gardes-forestiers de l'ONF (tout le fond de la Pilatte est en forêt domaniale) locales afin de sensibiliser le public aux ges- projet d’éducation à l’environnement qui accompagnés du gardien du refuge se sont entendus pour rassembler les nombreux bas- tes élémentaires à faire (et à ne pas faire) implique les enfants dans la durée, plutôt que taings éparpillés le long du Vénéon, les mettre en "bag" et les faire héliporter jusqu'au refuge pour protéger les oiseaux. Ainsi les petites des activités au coup par coup ? Ce ne sont de la Pilatte. Une opération d’environ 5000 euros financée à parts égales par l'ONF et le Parc. voix d’Élodie, Samuel, Caroline, Léa, pas les thèmes qui manquent. Tiens, les Tout ce bois brûlera dans le poêle du refuge au printemps prochain ! Corentin et de leurs copains vous expliquent déchets par exemple !". Avec l’inflation de que faire lorsqu’on trouve un animal blessé. nos déchets et le développement du tri sélec- Qui prévenir ? Mais aussi pourquoi parfois, tif ça serait vraiment bien de travailler auprès il ne faut pas ramasser les oisillons qui sem- C.Couloumy EMBRUNAIS des enfants, d’autant plus que le secteur blent tombés du nid...(1) dispose d’une trame d’animation toute prête Un gypaète dans le Couleau sur le sujet. Finalement, pour un premier Retour à la liberté. Mi-juillet, un gypaète barbu adulte s’installe dans la vallée essai, c’est un thème plus "nature" qui est du Couleau et ses environs (Embrunais). Gardes-moniteurs Aboutissement de cette belle implication, les choisi, profitant de l’existence dans le dépar- et bergers ont profité de cette présence et réalisé de belles enfant ont particité au relâcher de rapaces tement du tout jeune centre de soin de la observations. “réparés” au centre de soin. Moments inou- faune sauvage du Aujourd'hui, une centaine de gypaètes vole sur l'ensemble des Alpes, parmi eux, une quin- PARTENAIRES POUR bliables que de rendre à la liberté à deux peti- CRAVE. zaine de couples se sont formés et se reproduisent. LA PROTECTION : tes chouettes hulottes aux grands yeux Au rythme d’un Vous aussi, participez au programme de réintroduction en adressant vos observations à : Entre le Parc national et noirs... ou encore de tenir dans ses mains mercredi par mois, Christian Couloumy, Maison du Parc, 05380 Châteauroux les Alpes le Centre de Recherche gantées une buse variable prête à l’envol. Alpin sur les Vertébrés les enfants vont Tél 04 92 43 23 31 / Fax 04 92 43 09 35, [email protected] Une présentation de ce travail a également eu lieu le (CRAVE), il existe des donc découvrir un 21 juillet à la Maison de la Vallée de Pont du Fossé, liens de longue date, peu de la vie des destinée au public des vacanciers ainsi qu’aux parents. avec notamment la oiseaux, de leur éco- (1) Sur ces sujets, voir aussi l’Écho des Écrins n°21 (décem- VALLOUISE réalisation en commun logie et aussi de bre 2003) dans sa rubrique “un geste pour l’environne- des deux Atlas de la leurs déboires qui les ment” qui indique “Quoi faire quand on trouve un animal Quand le faucon et l’escalade font bon ménage D.R. Faune sauvage du Haut conduisent parfois à sauvage en détresse“ Dernière semaine de juillet. Jean-Noël Gras, guide de Dauphiné. Contact : Centre de soins départemental de la faune sau- de longs séjours de haute montagne au bureau d'Ailefroide et Frédéric En 2001, à la création vage (Hautes-Alpes) : tél. 04 92 54 74 31 rééducation dans les Avrillon arpentent la voie de "l'araignée" (falaise du du Centre de Soins, le volières du centre de Ponteil, à Champcella). Les deux grimpeurs s'aper- Parc national apporte Record chez les aiglons ! rapidement son sou- soins. Jeux, projec- coivent qu'ils traversent l'espace vital du faucon cré- tien matériel. Michel tions, interview, étu- Succès de la reproduction des aigles royaux cerelle qui a édifié son nid dans cette voie. Deux Phisel, le président du des des pelotes de du secteur du Champsaur. Six aiglons se oisillons sont au nid, approvisionnés par les adultes. CRAVE, propose des rejection des rapa- sont envolés entre le 23 et le 30 juillet. Un Les grimpeurs sont convaincus de la nécessité d'informer rapidement les pratiquants de la formations aux agents ces… du très ludique record pour les cinq couples suivis par le falaise afin qu'ils évitent cette voie le temps de l'élevage et de l'envol des jeunes. Dans ce but, du parc. au très studieux. secteur. ils contactent les agents du secteur. Ainsi fut fait. Grâce à la réactivité des grimpeurs et à une information sur place, la nidification a pu se dérouler sans problème. Grand merci aussi à tous ceux qui ont bien voulu adhérer à cette démarche volontaire. BRIANÇONNAIS Divers travaux à Dormillouse Houwt ’

L'itinéraire pédestre hivernal. Divers aménage- S.d Redécouverte de l’Agripaume ments ont été engagés par la Il pousse dans les décombres, les haies et les friches aux commune de Freissinières abords des villages... Et c’est précisément dans ce type de sur ce cheminement situé en milieu, vers les jardins du Villaret de Saint-Martin-de- rive gauche de la vallée et Queyrières que les gardes du Briançonnais l’ont retrouvé, emprunté essentiellement en juin dernier, sur la fois de documents anciens. Près de en période enneigée à partir cinquante pieds d’Agripaume se dressent sur les limites du parking des cascades. Cette année, le Parc national a réalisé la réno- des parcelles et en bordure des canaux. Il en est même un vation de la passerelle d’accès, ainsi que l'amélioration d'un passage à qui a élu domicile dans l’entrelacs métallique d’un vieil forte déclivité. Des emmarchements en bois de mélèze ont été installés outil agricole. sur un affleurement rocheux d'environ 20 m de longueur, après décaissage de la roche en Cette plante, une lamiacée de 50 cm à 1,20 m, se recon- place, ajustage, pose par chevilles ou fers et calage. Cet aménagement, réalisé dans des condi- naît aisément à sa tige robuste et carrée. Ses feuilles sont tions techniques et méteorologiques difficiles par l'equipe de terrain et le service aménage- profondément découpées en cinq à sept lobes. Les fleurs, ment, devrait permettre un parcours plus aisé. rose plus ou moins taché de blanc, sont velues. Le temple. Commencés dès 2002, les travaux engagés autour du Totalement méconnu de nos jours, l’Agripaume serait

temple de Dormillouse se sont achevés cette année. Il s'agissait de Houwt ’ une relique des jardins de simple du Moyen-Âge. Il doit son nom scientifique, Leonurus car- mettre en place un système de drainage adapté permettant d'éviter S.d diaca, aux vertus calmantes qu’il a sur le cœur. Les feuilles et les fleurs sont utilisées en infu- des remontées d'eau en particulier autour de l'abside arrière du tem- sion, à raison de 15 g pour un litre d’eau. ple et susceptibles, à terme, de mettre en péril cet édifice. Pour ce L’histoire ne s’arrête pas là, la belle lamiacée (livre rouge des espèces menacées) était en très faire, il a fallu décaisser les matériaux les plus divers accumulés, bonne compagnie, jugez en plutôt : La Pulsatille des montagnes (peu commune), l’Adonis réaliser des fouilles, empierrer soigneusement les drains, stabiliser par des banquettes goutte de sang (en régression), l’Adonis d’été (livre rouge des espèces menacées) et rocheuses les talus, remonter divers murets... Un travail délicat et ingrat car entièrement "fait l’Androsace septentrionale (protégée liste régionale). main" par l'equipe de terrain du secteur (selon un cahier des charges élaboré par l'architec- Ces zones familières réservent décidément bien des surprises... te du Parc) avec la commune de Freissinières, les résidents du hameau... L’Écho des Écrins - Décembre 2004 - N° 23 8