ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1050 GÉOLOGIE RÉGIONALE DE LA Exposés publiés sous la direction de Albert F. DE LAPPARENT Professeur à l'Institut Catholique de Paris Collaborateur principal deau la Service France de la Carte Géologique

v L'AQUITAINE OCCIDENTALE PAR Fernand DAGUIN Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Collaborateur principal au Service de la Carte Géologique de la France

PARIS HERMANN & Cie, ÉDITEURS 6, Rue de la Sorbonne, 6 1948 Pyinted in France

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Copyright 1948 by Librairie scientifique Hermann et Cil, Paris. AVANT-PROPOS

N ne saurait trop louer l'initiative, hardie et heureuse à la fois, prise par M. l'abbé DE LAPPAREN'F ; son but, présenter au public s'intéressant à la géologie une série de publications sur les différentes régions du sol français ; ses moyens, confier à une équipe de jeunes, la réalisa- tion de cette géologie régionale. M. l'abbé DE LAPPARENT nous a montré la marche à suivre en inaugurant la série des publications par un fascicule particulièrement réussi sur le Bassin de Paris. Il nous a fait l'honneur de nous demander notre collaboration pour l'Aquitaine occidentale, nous l'en remercions d'autant plus vivement que nous nous trouvons ainsi rajeuni dans sa pléiade de jeunes collaborateurs. Nous nous sommes inspiré pour répondre au désir de notre con- frère de nos études antérieures. En 1933, ayant à conduire dans l'Aquitaine occidentale l'excursion géologique interuniversitaire, nous avions rédigé un guide qui s'est trouvé rapidement épuisé. En 1937, sous le titre Itinéraires géologiques dans l'Aquitaine occi- dentale, nous avions mis au point une brochure contenant la des- cription de treize excursions. L'ouvrage que nous présentons au- jourd'hui avec ses dix-huit excursions, est un développement des précédents. Mais certains itinéraires se déroulant dans des parties de l'Aquitaine occidentale particulièrement intéressantes, nous les avons fait précéder de la description des régions traversées. Chaque excursion est suivie d'une échelle stratigraphique des ter- rains. Notre travail est le résultat d'études poursuivies depuis notre enfance, il est de notre devoir de rappeler le souvenir de ceux qui nous ont aidé de leurs conseils ou de leur savoir. Guidé dès le début vers les Sciences naturelles par un père passionné des choses de la nature, nous ne sau- commencer la rédaction de ce travail sans évoquer les courses au pays basque, en Chalosse, en Béarn effectuées sous sa direction. Pen- dant nos études, nos goûts pour la géologie se sont développés au contact de nos Maîtres, à Toulouse M. Ch. JACOB, à Montpellier J. BLAYAC. Revenu à nos études d'Aquitaine, après nous être adonné à la géologie marocaine, nous avons trouvé des concours dévoués que nous tenons à signaler : à Bordeaux, M. le doyen CHAÎNE, conservateur du Muséum, M. l'ingénieur, aujourd'hui inspecteur général, FERRON du Génie rural, nos collègues de la Société Linnéenne MM. CASTEX, FABRE, GLANGEAUD, Mme et M. LACORRE, MM. MAGNE, MALVESIN-FABRE, SCHŒLLER, les re- grettés NEUVILLE, PEYROT, dont la belle collection est venue généreu- sement enrichir notre laboratoire, des élèves MME MALVESIN-FABRE, MM. BALLAND, MARRE, PRESSOUYRE nous ont aidé à mieux connaître notre vaste domaine aquitain. Dans les Landes, P. LUMMAU, conserva- teur du Musée Dubalen, nous a beaucoup aidé, le Dr COUZEFEYTE de Villeneuve-de-Marsan nous a souvent servi de guide ; dans les Basses- Pyrénées, le regretté comte O'GORMAN fut un de nos maîtres en géologie béarnaise, l'hommage de sa splendide collection à notre laboratoire y per- pétue son souvenir. Enfin, nous n'oublions pas l'aide des Services des Mines, des Ponts et Chaussées et du Génie rural des Landes et des Basses- Pyrénées dont les ingénieurs MM. GILLIARD, MER, RENARD et DE LA SOURCE furent bien souvent nos compagnons de courses dans les mon- tagnes béarnaises ou basques, dans les vallées des gaves ou dans la forêt landaise lorsque nous procédions aux enquêtes hydrogéologiques dans nos campagnes. Nous voulons rappeler aussi les services que nous. rend depuis près de vingt ans M. CHABAUD, notre dévoué garçon de labora- toire. Il nous est agréable aussi d'évoquer les nombreuses courses que nous fîmes avec les ingénieurs des Mines ESTIVAL et ROBERT, ingénieurs en chef à Bordeaux, SCHNEIDER et le regretté ingénieur BERNADET que nous eûmes le chagrin de voir mourir brutalement dans l'accident de Saint-Elix-le-Château, au soir d'une tournée aux chantiers de recher- ches pétrolifères de la Haute-Garonne. Il a été tenu compte également dans la mesure du possible des travaux récents poursuivis par la So- ciété Nationale des Pétroles d'Aquitaine. Avec M. DAMESIN, nous avons fait de nombreuses courses lors de l'installation de la Société à Dax, avec tous les géologues et paléontologues nous avons entretenu les meil- leures relations et avons tiré parti des données nouvelles acquises par l'étude de détail des Foraminifères. Mme GUBLER, MM. CUVILLIER, BURGER, DUPOUY-CAMET, LÉVY, MAUGIS, POMEYROL, SCHŒFFLER, VAU- TRIN, VIGNEAUX, Mlle TEXIER nous ont donné des renseignements pré- cieux. Tous ces concours dévoués méritent d'être rappelés et il était juste de les évoquer au début de cet ouvrage. INTRODUCTION

Vue d'ensemble sur le Bassin d'Aquitaine du Poitou est traversée par la route et la voie ferrée de Bordeaux à Paris, celle du Languedoc par la route et la ligne de chemin de fer de Bordeaux à Marseille et par le Canal du Midi. Ce sont de grandes voies d'échanges. Du point de vue hydrographique, le Bassin aquitain constitue une unité plus parfaite que le Bassin de Paris. «Rien n'y rappelle», remarque M. DE MARTONNE dans son ouvrage sur les Régions géo- graphiques de la France (p. 164) « la fantaisie de la Meuse et de la Moselle. » On peut dire que le Bassin d'Aquitaine, c'est le Bassin de la Garonne. Cependant, de petits bassins secondaires y trou- vent aussi ieur place avec leur véritable indépendance, l'un au N celui de la Charente, l'autre au S celui de l'Adour. Il faut ajouter, tout à fait au N, le petit bassin de la Sèvre niortaise et, vers le Centre, entre la Garonne et l'Adour, le petit Bassin de la Leyre ou de l'Eyre [365, p. 15] aboutissant au Bassin d'. Caractères géologiques généraux Le Bassin d'Aquitaine est comblé par des sédiments secon- daires et tertiaires. Les terrains primaires n'apparaissent que sur les bordures du cadre, notamment contre le Massif Central dans la région de Brive et dans la Montagne-Noire ; ils contribuent à la formation de la zone axiale des Pyrénées et de ses dépendances. Dans l'intérieur même du Bassin, un seul point permet de voir le substratum paléozoïque, c'est le Cap-de-Montpeyroux en Cha- losse où affleurent des quartzites et schistes primaires au milieu des marnes bariolées du Trias. En ce qui concerne les terrains jurassiques et crétacés, il faut insister sur la bordure nord et nord-est du Bassin formée d'auréoles rappelant celles bien connues du Bassin de Paris, mais beaucoup moins complètes. Le remplissage tertiaire comprend de l'Eocène débutant par de l'Yprésien transgressif dans la région de Royan, et même, d'ap. H. DOUVILLÉ [167 ] le Thanétien et le Sparnacien seraient représentés dans les sablés inférieurs du sous-sol du Pays bordelais connus en particulier par les forages de Bordeaux. Au-dessus de l'Eocène est une épaisse série oligocène dont le terme le plus important est le Calcaire stampien dit à Astéries, puis la série miocène, célèbre par ses mollasses et ses faluns, sur FIG. 1. — Eléments du cadre du Bassin d'Aquitaine. Au SI: Les Pyrénées, avec la zone axiale et ses massifs satellites : au N Mouthoumet, Saint- Barthélémy, Arize, Trois-Seigneurs, Castillon-Milhas, Barousse ; au S Sègre-Mananet. Prolon- gementavant : Mouthoumetde la zone axiale et Alaric. vers l'W dans les massifs d'Igounce, Mendibelza, Labour d. En Au*N : L'apophyse armoricaine de Vendée : Bocage et Gâtine. Au NE et à l'E : La bordure du Massif Central et de la Montagne-Noire. Accidents de l'intérieur du Bassin (anticlinaux, failles, accidents à noyau triasique). 1 Bourrelet d'Isturits; 2 Anticlinal de Saint-Palais ; Anticlinal de Biarrotte ; 4 Accident triasique de Salies-de-Béarn ; 5 Bombement de Saint-Lon ; 6 Anticlinal d'Angoumé, Tercis, Bénesse-lès-Dax, accident de Saint-Boës,ride de Sainte-Suzanne-Orthez, accident de Lasseube, Ossun-Lo uey ; 7 Accident triasique de Dax ; 8 Dôme de Bastennes-Gauj acq et dômes de Louer et Thétieu ; 9 Ride de la Chalosse ; 10 Petites-Pyrénées ; 11 Ondulation anticlinale hypothé- tique de Mont-de-Marsan; 12 Ride de Roquefort-Créon-Cézan-Lavardens-Montagne-Noire ; 13 Ride de Villagrains- se dirigeant vers le dôme de la Grésigne; 14 Système d'ondulations anticlinales de la région girondine, les unes de direction armoricaine, les autres orthogonales (a de Bruges, b de Listrac-, c de Couquèques) ; 15 Accident anticlinal d'Oléron-Jonzac-Ribérac-Sauveterre-la-Lémance ; 16 Accident anticlinal de Cognac-Chapdeuil- Périgueux-Saint-Cyprien-sur-Dordogne; 17 Accident de Mareuil-Meyssac ; 18 Accident d'Yeu- Pointe du Payré, s'alignant sur le précédent d'ap. Waterlot ; 19 Accidents anticlinaux de la bordure W du Marais poitevin; 20. Faille de Benet; 21 Anticlinal Les Essarts-Mervent-Monta- lembert ; 22 Accident anticlinal de Champagné-Saint-Hilaire; 23 Anticlinal de Ligugé. Rem. — Le détail des accidents n'a pas été représenté, seule leur direction générale est indiquée. laquelle s'étale la formation complexe connue sous le nom de Sable des Landes que les anciens auteurs rapportaient en bloc au Pliocène, mais dans laquelle on a confondu des terrasses quater- naires de la Garonne ou de l'Adour et des sables pléistocènes très récents constituant le vrai Sable des Landes, provenant de sédi- ments antérieurs remaniés. Au S du Bassin d'Aquitaine, les Pyrénées constituent, comme l'ont montré des recherches récentes, une chaîne de fond armée de saillies anticlinales de matériel hercynien. Ces éléments du socle sont revêtus d'une série de terrains secondaires passant, de façon continue, au Tertiaire qui se poursuit, avec la série de Gan décrite par H. DOUVILLÉ, jusqu'au Lutétien. Mais dans les Pyrénées occidentales, une nouvelle série discordante, dite série de Biarritz débute avec le Lutétien sup. et dure jusqu'à l'Oligo- cène. Cette nouvelle série est plissée et supporte le Miocène. Mais de plus, sous les terrains tertiaires et quaternaires du centre du Bassin, parait une série d'affleurements de terrains secondaires, en particulier crétacés, répartis suivant des lignes à peu près parallèles les unes aux autres, de direction WNW-ESE, celle de la chaîne pyrénéenne. Cette disposition a frappé tous les auteurs qui ont envisagé l'Aquitaine dans son ensemble et ils ont tenté de définir les lignes directrices de ces affleurements. RAULIN, SEUNES, M. Emm. DE MARGERIE et SCHRADER, Emm. FALLOT, Ph. GLANGEAUD, ROUSSEL et'plus récemment, M. GORCEIX, STUART-MENTEATH, DUBALEN, VIENNOT, L. BERTRAND, MM. JACOB, et LAMARE ont été amenés à poser ou à discuter le problème des rides aquitaines. Il faut retenir que, vers l'W, les rides semblent avoir subi une poussée du S vers le N, plus ou moins en rapport avec l'avancée du Massif ancien du Labourd au S de Bayonne. Ces rides sont du N vers le S ; Ride de Villagrains-Landiras en ; Ride de Roquefort-Créon (Landes) Cézan-Lavardens (Gers); Ride de Saint-Sever ou d'Audignon (Landes), encore appelée ride de la Chalosse ; Ride d'Angoumé-Tercis-Bénesse-lès-Dax (Landes) se poursui- vant peut-être par l'accident de Saint-Boës et la ride de Sainte- Suzanne ou d'Orthez et l'accident triasique de Lasseube dans. les Basses-Pyrénées ; FIG. 2. — Carte du Bassin d'Aquitaine, indiquant les itinéraires des excursions dans l'Aquitaine occidentale. I. — Blaye, Saint-Emilion. II. — Médoc. III. — Saint-Cyprien. Les Eyzies. IV. — Vallée du Ciron. Landiras. V. — Léognan. . VI. — Salles. Arcachon. VII. — Roquefort. Mont-de-Marsan. VIII. — Saint-Sever. Audignon. IX.X. — Bastennes.Dax. Saint-Paul. Gaujacq. Narrosse. XI. — Angoumé. Tercis. XII. — Saubrigues. Gaas. XIII. - Biarritz. XIV. — Bidart. Saint-Jean-de-Luz. XV. — Bayonne. Saint-Jean-Pied-de-Port. XVI. — Cambo. Sare. Ascain. XVII. — Orthez. Salies-de-Béarn. XVIII. — Pau. Gan. Lasseube. Ride de Biarrotte (Landes). Au S se développent les régions plissées du Pays basque et du Béarn dans lesquelles des complications structurales sont produites par le jeu de la tectonique triasique. Entre les rides sont des intervalles occupés par des dépressions dont le fond est souvent compliqué. Ainsi, entre l'anticlinal de Villagrains-Landiras et la bordure crétacée du N de l'Aquitaine, il existe en Gironde des synclinaux remplis de sédiments tertiaires, séparés par des dômes, ces ondulations tectoniques ont été pro- duites par les mouvements orogéniques pyrénéens dont elles sont des témoins lointains. Ainsi, ont pris naissance le synclinal du Bordelais et la fosse ou synclinal du Libournais. De même entre la ride de £ Villagrains-Landiras et celle de Roquefort prolongée àl'W, est la dépression du Bassin d'Arcachon; entre le prolongement de la ride de Roquefort et celle de la Chalosse est un enfoncement sous la région de Morcenx, dans lequel la subsidence a été prouvée par l'étude récente d'un forage. En somme, le Bassin d'Aquitaine, est beaucoup plus compliqué que ne pourrait le faire supposer l'examen rapide de la carte géologique et il est bien évident que le détail de sa structure profonde sera précisé lorsqu'on aura pratiqué beaucoup de grands forages. Plan de la publication Les notions générales précédentes seront développées au cours des excursions décrites. Bien qu'il soit difficile de définir une limite nette entre l'Aquitaine occidentale et l'Aquitaine orientale, nous adopterons comme ligne de séparation le méridien qui passe au voisinage de la Réole, suivant lequel se fait le passage des formations marines de l'Oligocène aux formations continen- tales ; cela est classique pour le passage du calcaire stampien à Astéries à la mollasse de l'Agenais entre la Garonne et la Dor- dogne. Cette limite est arbitraire au Sud de la Garonne, mais elle est commode au point de vue didactique. Ainsi les excursions seront décrites entre -l'Océan et le méridien ci-dessus défini. La carte (fig. 2) permet de les situer. On constate qu'elles sont groupées autour de deux centres, un centre girondin, un centre aturien ou du Bassin de l'Adour. Toutefois une des excursions sort du cadre ainsi délimité, celle de Bordeaux aux Eyzies (n° III), son but est de suivre une coupe complète du Bassin d'Aquitaine, à travers la bordure tertiaire et secondaire.

BIBLIOGRAPHIE Une liste bibliographique comportant les publications intéressantes pour l'étude de l'Aquitaine et les régions avoisinantes groupe à la fin de la brochure les titres des notes, mémoires, livres et cartes pouvant être consultés utilement. Elle paraît abondante et pourtant elle est loin d'être complète. On peut cependant y trouver les références essentielles. Des listes plus complètes figurent dans certaines des publications indi- quées. Les numéros entre crochets [ ] renvoient aux ouvrages cités dans cette liste, ils sont parfois suivis de l'indication de la page à consulter.

OBSERVATIONS PRATIQUES Les excursions décrites seront suivies sur les cartes géologiques au 80 000e en s'aidant des cartes topographiques correspondantes au 80 Oooe et au 50 000e. La carte géologique au 320 000e est incomplète pour l'Aquitaine occidentale, la feuille Bayonne n'a pas paru, mais elle est en cours de réalisation. On sait l'intérêt que présente la carte au 320 OOOe pour les études générales des différentes régions françaises. Pour situer facilement les itinéraires, nous avons renvoyé à la Carte routière Michelin au 200 000e. En principe, les excursions sont faites en automobile et à pied. Cela permet de voir de nombreux points en peu de temps. On ne devra pas perdre de vue cette remarque si on utilise d'autres moyens pour suivre les itinéraires, par exemple le chemin de fer ou les autobus qui sillonnent nos routes d'Aquitaine, ce qui oblige à se conformer à des horaires fixes. Quand on le peut, le moyen de locomotion idéal est la bicyclette. Signalons enfin que de nombreux points intéressants se trouvent dans des propriétés privées et qu'on doit en conséquence, si on veut les visiter, se préoccuper d'obtenir les autorisations nécessaires. De plus, bien sou- vent, les gisements sont perdus et ne peuvent être retrouvés que grâce à des fouilles. Excursion I RIVE DROITE DE LA GARONNE-GIRONDE ET DE LA DORDOGNE. — BLAYE. — MARCAMPS. SAINT-ÉMILION (Feuilles Bordeaux n° 180, n° 181.)

Matin. — Sortie de Bordeaux par la rive dr. de la Garonne. Vallée. de la Dordogne. Saint-André-de-Cubzac. Blaye et son calcaire grossier Plassac. Marcamps : Grotte de Pair-non-Pair. Soir. — Saint-Laurent-d'Arce. Fronsac. Rive dr. de la Dordogne. Saint-Emilion. Sortie de Bordeaux par le grand pont sur la Garonne : traversée du quartier de La Bastide, montée sur la falaise de la rive dr. par la côte de . La falaise de Cenon est constituée parle Calcaire dit « à Astéries», d'âge Stampien(Rupélien) ; il forme jusqu'aux environs de la Réole les escarpements qui dominent la Garonne. Il débute par des marnes à Huîtres, les marnes à Ostrea longirostris et, vers l'E, il passe latéralement à la mollasse de l'Agenais. Au bas de la côte de Cenon, on voit au lieu dit le Coupat, une bonne coupe du Calcaire à Astéries. Des moules internes de Natica- crassatina en ont été extraits en 1936 et offerts par M. PLAULT au Muséum et au Laboratoire de Géologie de Bordeaux. Plus à l'E est la Grande Carrière de la Souys (1). En 1894, Emm. FALLOT, étudiant le Calcaire à Astéries de la région bordelaise, en particulier celui de la falaise de la rive dr. de la Garonne [219], a signalé les variations fréquentes de faciès

1. Outre les fossiles classiques du Calcaire à Astéries se trouve Pholado- mya Puschi GOLDF., qui fut trouvé par M. MAGNE en 1938 (non signalé en ce point par COSSMANN dans son Synopsis) [87]. On y trouve aussi Trachycardium carinatum. De plus M. MAGNE a découvert au haut de la carrière de la Souys uo: témoin aquitanien à Scutella Bonali et Mollusques [319 bis]. observées dans les anciennes carrières de Cenon. Des poches de décalcification dans ces calcaires, bien visibles dans les carrières de et de la Souys sont remplies de sables rouges, ferru- gineux, rappelant le Sidérolithique de la Dordogne, ce sont les « Sables éruptifs » de la f. Bordeaux d'édition ancienne; il s'agit en réalité, d'une formation sans doute pliocène de lessivage de la surface ayant raviné le Calcaire à Astéries dont elle a rempli des entonnoirs de décalcification, véritables bétoires obstrués. Au sommet de la côte de Cenon, on atteint la plate-forme de Calcaire à Astéries qui se développe dans l'Entre-Deux-Mers entre la Garonne et la Dordogne; un manteau de cailloux roulés, décrit sous le nom de Diluvium de l'Enlre-Deux-Mers, la recouvre ; rat- taché sur la carte géologique au« Sable des Landes » (?), ce Diluvium correspond plutôt à un niveau pliocène; nous verrons en effet que le Sable des Landes doit être considéré comme Quaternaire. Carbon-Blanc. Ambarès. On franchit la Dordogne sur le beau pont métallique de Cubzac. A sa sortie, vue sur la vallée de la Dordogne (dont le lit est occupé par des alluvions modernes.et des terrasses quaternaires) et sur le promontoire du Château des Quatre-Fils-Aymon, constitué par le Calcaire à Astéries reposant sur des formations sannoisiennes marneuses et, comme telles, plus ou moins imperméables, d'où un niveau d'eau à la base de l'escarpement ; ces marnes correspondent aux Argiles de Castil- lon et à la Mollasse du Fronsadais. Au NNW, le paysage est dominé par les viaducs de Cubzac, de la ligne de Bordeaux à Nantes. , Par Saint-André-de-Cubzac et (N. 137), on gagne Blaye. Blaye est célèbre par ses calcaires, jadis très exploités, ainsi que le prouvent de nombreuses carrières autrefois ouvertes autour de la localité. Récemment, les Services du Port autonome de Bor- deaux ont utilisé la pierre de la Carrière de la Citadelle pour la construction de l'avant-port du Verdon. Carrière de la Citadelle et anciennes carrières du Terrain des Sports ou de l'Abattoir : calcaires compacts plongeant légèrement au N à la carrière du Terrain des Sports ; au-dessus, calcaires plus ou moins sableux à Echinolompas slelliferus, E. Blaviensis, E. Archiaci, E. Linderi, Orbitolites complanatus, côtes d'Eotherium (dét. Abel, 1931) ; par places, calcaires à Milioles. Dans les cal- caires de la Citadelle ont été trouvés en 1936 des exemplaires de Nipadites, restes végétaux connus de Gan (Basses-Pyrénées), ils. nous furent remis par M. PINET, Ingénieur au Port autonome. D'après M. LOUBIÈRE, sous-directeur de Laboratoire au Muséum, il s'agit de Nipadites Parkinsoni du Lutétien L103] tandis que l'espèce du Cuisien de Gan est Nipadites Burtini. (Collection O' Gor- man-Laboratoire Géologie Bordeaux). Traversée de la ville de Blaye. Carrière de l'Octroi, malheureuse- ment en voie de comblement : coupe de la partie supérieure de la Formation de Blaye dont les strates plongent vers la rivière au S: on y trouve Echinolampas burdigalensis (= similis), Echinanthus Desmoulinsi. Au-dessus : marnes à Ostrea cucullaris et Calcaire lacustre de Plassac (Bartonien; Lutétien supérieur d'ap. A. FABRE) et marnes à Ostrea bersonensis (de la localité de Berson dans le Blayais) correspondant au niveau de Saint-Estèphe, Ludien dans la conception classique (Bartonien inf., d'ap. A. FABRE). Rappe- lons que BENOIST et LINDER ont signalé autrefois à l'intérieur de la Citadelle la présence du Calcaire de Plassac et des marnes sous- jacentes à Ostrea cucullaris, sur le calcaire grossier. Il y a donc à Blaye un dôme de calcaire grossier recouvert du Calcaire lacustre de Plassac et du Calcaire de Saint-Estèphe. L'àge du Calcaire grossier de Blaye a été longtemps en discus- sion. M. ABRARD a fort bien résumé les opinions émises depuis 1843, époque où D'ORBIGNY rattachait cette formation au Rupélien, jusqu'en 1931 ; M. ABRARD la rattache au Lutétien sup. [4]. H. Dou- VILLÉ la considérait comme auversienne et, depuis la suppression de cet étage, LAMBERT la range plutôt dans le Bartonien. M. FABRE fut de cet avis, il se basait sur ses observations en Gironde, sur- tout dans le Médoc; mais finalement après révision de ses argu- ments il range la formation de Blaye dans le Lutétien sup. [208]. Suivant la corniche de calcaire grossier sup. à Milioles, on atteint Plassac; à l'entrée du village affleure, dans les caniveaux de la route et dans un champ en contre-bas, le niveau à Ostrea cucullaris ; une ascension à la butte du Moulin de Lers (ou de l'Air) permettrait de recouper la succession vue au-dessus de la Car- rière de l'Octroi (Calcaire lacustre de Plassac, marnes à Ostrea ber- sonensis). Traversée de Plassac. Bord de la Gironde qu'on atteint à Roque- de-Thau. La route est dominée par une falaise avec à la base le Calcaire lacustre de Plassac, au sommet le Calcaire à Astéries. Entre ces deux formations s'étage la série dite de Saint-Estèphe avec les couches à Ostrea bersonensis et les Calcaires à Sismondia x occitana ; ces derniers passent insensiblement au Calcaire à Asté- ries. Dans la région de , vers l'E, le Calcaire à Astéries est creusé de carrières d'où furent extraites de nombreuses pierres de construction ; le rôle joué par cette formation géologique dans la région girondine et dans la construction de la ville de Bordeaux en particulier peut être comparé à celui du Calcaire grossier luté- tien dans le Bassin de Paris. Remarquer que le Calcaire à Asté- ries est très hétérogène, en bancs parfois compacts, plus souvent poreux, avec des intercalations argileuses retenant l'eau, ce qui explique les éboulements qui ont ébranlé ses assises, notamment, il n'y a pas longtemps, à Gauriac. Rive dr. de la Gironde, route pittoresque du bord du fleuve, montée sur la plate-forme de Bayon et route jusqu'à Bourg-sur- Gironde sur le Calcaire à Astéries (Bourg est en réalité sur la Dor- dogne, le Bec d'Ambès, confluent de la Garonne et de la Dordogne, se trouvant en aval de Bourg). A Bourg, monument à la mémoire du préhistorien F. DALEAU. Rive dr. de la Dordogne, traversée de la vallée du Moron entaillée dans la plate-forme de Calcaire, à Astéries. Sous le calcaire est la Mollasse du Fronsadais, reconnue en 1933, par M. MARQUASSUZAA et NEUVILLE [325]. Le Calcaire à Astéries est creusé, au SW du plateau de Marcamps, de la grotte de Pair-non-Pair, classée monument historique. Fouil- lée autrefois par DALEAU [121], elle est connue pour ses gravures parié- tales au trait datant de l'Aurignacien, les plus anciennes connues dans l'Aquitaine ; elles représentent des animaux, équidés, capri- dés, bouquetins, bovidés, mammouth. Quelques-unes de ces figu- rations sont reproduites dans le Traité d'Archéologie préhistorique de DÉCHELETTE (I, p. 248) et des moulages, en grandeur naturelle, des principales se trouvent dans la galerie d'Archéologie du Muséum de Bordeaux. Le remplissage de la grotte, qui en fut extrait métho- diquement, comprenait du Moustérien (ou Moustiérien) à tradition acheuléenne, de l'Aurignacien particulièrement développé, enfin du Protosolutréen (d'ap. M. l'abbé BREUIL) ; les os de Mammi- fères recueillis par DALEAU forment un bel ensemble qui a été rangé au premier étage du Muséum de Bordeaux par les soins de M. le Conservateur CHAÎNE. Carrières de Calcaire à Astéries de Marcamps et de Saint-Laurent - d'Arce. On peut y voir la variété lithologique du calcaire, compact, gréseux ou sableux et y récolter des Polypiers, des moules de Gas- tropodes (Xenophora), des Echinides (Scutella Agassizi, Fibularia piriformis), des osselets d'Astéries : Calliderma (Crenaster) Isevis, Pycinaster Peyroti; c'est à ces restes d'étoiles de mer que la for- mation doit son nom. Le calcaire est l'équivalent de la forma- tion de Gaas (Landes) à Natica crassatina, Turbo Parkinsoni; mais, en Gironde, les fossiles se trouvent le plus souvent à l'état de moules internes ou d'empreintes. Dans le Médoc, on verra de vastes entablements de Calcaire à Astéries. Route de Saint-André-de-Cubzac, petite ville au flanc de la Butte de Montalon (75 m). Panorama sur les vallées de la Dordogne et de la Garonne ; cette butte est formée de cailloutis et de marnes ou calcaires, faciès littoral de la mer du Calcaire à Astéries (d'ap. REPELIN). De Saint-André-de Cubzac, prendre la route de Libourne (N. 670). Arrêt au pied du Tertre de Fronsac, qui domine la Dordogne. On voit, dans une exploitation, des argiles et des mollasses gré- seuses ou sableuses, formations continentales qui furent bien étu- diées par VASSEUR, BLAYAC et REPELIN. Ils y ont distingué une partie inférieure rattachée au Ludien (équivalent du Calcaire de Saint- Estèphe) et une partie supérieure (Sannoisien pro parte), la partie la plus élevée du Sannoisien étant représentée par les Marnes et Calcaires de Castillon. Lorsque le Calcaire d'eau douce d'Issigeac. (Dordogne, SSE de Bergerac) est intercalé dans la mollasse, on peut distingner la mollasse ludienne et la mollasse sannoisienne. Ce calcaire se trouve en effet à la partie supérieure du Ludien ; lorsqu'il manque, la distinction est très difficile à faire entre Ludien et Sannoisien. Les mollasses de Fronsac ou du Fronsadais (ludiennes et sannoi- siennes) sont les seules mollasses d'eau douce ou continentales qu'effleure cette excursion. Avec l'Excursion III on pénétrera plus franchement vers l'E dans le Bassin d'Aquitaine ; on parlera de formations d'eau douce et continentales (mollasses, poudingues, sidérolithique, sables du Périgord, calcaires lacustres), qui enyahissent toute la série strati- graphique, depuis le Lutétien sup. (Poudingue de Palassou) jusqu'au Miocène inclus. Le détail de ces passages de faciès a fait l'objet des tra- vaux considérables de VASSEUR et de ses élèves, notamment BI,A y AC et REPELIN. Le Sannoisien est couronné de Calcaire à Astéries qui forme le sommet des buttes des environs de Fronsac et qu'on retrouve à Saint-Emilion. BENOIST signale à la base de ce calcaire, aux envi- rons de Fronsac, notamment à la butte de Caillaud, les marnes à Ostrea longirostris 1 26]. Traversée de la vallée del'IsieàLibourne.Parlaroute de Branne on se dirige vers la vallée de la Dordogne. Dans une ancienne gra- vière au pied du Moulin de Carré, coupe d'une terrasse de la rivière: deux niveaux ont pu être distingués dans ces alluvions modernes : l'un inondé, l'autre non (terrasse flandrienne). La question des terrasses a paru devoir retenir l'attention pour les appellations d'origine des vins [54]. Près de Saint-Martial (Sairit-Sulpice-de-Faleyrens), menhir dit de Pierrefitte. Saint-Emilion, sur le Calcaire à Astéries. Eglise collégiale et cloître ; église monolithe, aujourd'hui désaffectée, creusée dans le Calcaire à Astéries (3 nefs, 32 m. de long, 15 m. de large, 16 m. de hauteur). Visite d'une cave, la cave du Clos des Cordeliers par exemple, creusée dans ce calcaire.

Echelle stratigraphique ALLUVIONS RÉCENTES de la Gironde, Garonne, Dordogne. TERRASSES QUATERNAIRES de la Garonne (Médoc) et de la Dor- dogne (Bas de Saint-Emilion). OLIGOCÈNE. Néonummulitique de HAUG, Tongrien auct : STAMPIEN (= Rupélien) : Calcaire à Astéries de Lormont, Cenon, la Souys-Floirac, Bourg Marcamps, Saint-Laurent-d'Arce, Saint-Emilion (à Natica crassatina, Turbo Parkinsoni, Venus Aglaurse, Fibularia piri-, tormis,nais. Polypiers). — Vers l'E, passage à la Mollasse de l'Age- A la base, marnes à Ostrea longirostris. SANNOISIEN, approximativement Lattorfien : Marnes et calcaire lacustre de Castillon. Marnes à Anomies et Ostrea bersonensis : Mollasse lacustre du Fronsadais. ÉOCÊNE sup. et moyen. Mésonummulitique de HAUG : LUDIEN : Calcaire de Saint-Estèphe (Marnes à f Calcaire lacustre Anomies et Ostrea bersonensis). Calcaires à < d'Issigeac Sismondia. (Equivalent du Wemmélien). ( Mollasse ludienne. LEDIEN (= Bartonien) : Calcaire d'eau douce de Plassac (Lutétien sup. d'ap. A. FABRE). Marnes à Ostrea cucullaris (Plassac). LUTÉTIEN sup. : Calcaire grossier de Blaye à Echinolampas stelliferus.

FIG. 3. — Carte géologique de la région de Saint-Emilion (d'après la feuille LIBOURNE au 1/80.000). A Eboulis ; 2ab Alluvions récentes inondables ; 2aa Alluvions récentes non inondables (Flandrien) ; lab Terrasse quaternaire inf. ; laa Terrasse sup. ; 2o-5e Sables du Périgord ; 2o Calcaire à Astéries et 2o' Couche à Ostrea longiroslris (Stampien) ; 10 a" Argile de Castillon, 10'1' Calcaire de CastiMon (Sannoisien sup.) ; loa Mol- lasse du Fronsadais (Sannoisien inf.) ; 5e Mollasse inf. du Fron- sadais (Eocène sup.). Excursion II LE MÉDOC.— VALLÉE DE LA JALLE DE SAINT-MÉDARD VERTHEUIL. — DOMES DE COUQUÈQUES ET DE LISTRAC (Feuilles Bordeaux n° 180, Lesparre n° 170.)

Matin. — Bordeaux. Blanquefort. Margaux. Terrasses de la Garonne. . Route du Breuil. Saint-Sauveur et Cissac (Calcaire à Astéries). Vertheuil : gisement du Meynieu. Saint-Germain-d'Esteuil. .. Saint-Christoly. Soir. — Couquèques et son dôme de Calcaire grossier. Civrac et sa butte. Lesparre. Route de Saint-Laurent-et-Benon. Listrac et le dôme de Peyrelebade. Castelnau et Bordeaux. RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX. — Géologiquement, le Médoc est le" vaste triangle ayant pour limites, vers l'W l'Océan, vers l'E la Garonne et l'estuaire de la Gironde, vers le S une ligne allant de Bordeaux au Bassin d'Arcachon. Ses terrains étant très variés, on peut y distinguer différentes régions : du côté de l'Océan, une bordure de dunes en arrière de laquelle s'alignent des marais et des étangs (, , Laca- nau) ; vers l'E, une région de terrasses anciennes et d'alluvions récentes bordant la Garonne- Gironde ; le socle même de la presqu'île est forma de terrains oligocènes et éocènes, calcaires, marnes ou argiles, mollasses. Les terrains miocènes ne sont visibles que vers le S, à Martignas et sur- tout dans la vallée de la Leyre, à Salles. Les différents terrains se tra- duisant par des aspects variés, on distingue du point de vue géogra- phique des régions différentes : Bordelais, Médoc proprement dit, Palud dans la basse vallée de la Garonne, vers le N Petite-Flandre du Mé- doc, etc. Le Médoc et les régions voisines ont été étudiés en particulier par GOSSELET, MATHERON, TOURNOUER, LINDER, RAULIN, VASSEUR et BENOIST. Nous insisterons sur l'étude de MATHERON parue en 1867 sur les dépôts tertiaires du Médoc et des environs de Blaye [331]. Rappelons, aussi la Description géologique et paléontologique des communes de Sainl- Estèphe et de Vertheuil signée par BENOIST en 1885 [29] et, du même auteur, parue en 1888, F Esquisse des terrains tertiaires du Sud-Ouest de la France [32]. Du point de vue cartographique, signalons la carie géologique de la Gironde de Pigeon, ingénieur des Mines (1860), avec des coupes donnant déjà l'idée d'ondulations dans le fond du pays girondin [452], puis les feuilles au 80 000e Bordeaux et Lesparre levées par l'ingénieur des Mines LINDER, la première de 1876 à 1881, la seconde de 1891 à 1897 ; les feuilles au 320 000e La Rochelle et Bordeaux, dues respectivement à WELSCH (1913) et à BLAYAC (1939) englobant la pres- qu'île médocaine. Enfin, le Mémoire en deux volumes consacré récem- ment par M. A. FABRE au Médoc, est une mise au point très complète de la géologie de cette région [208, 209]. On sort de Bordeaux par la rue Fondaudège et la rue Croix-de- Seguey. Route du Médoc D. 1 jusqu'au Vigean, où l'on prend la D. 2 Et, pour suivre la rive g. de la Garonne-Gironde jusqu'à Pauil- lac. Descente dans la vallée de la Jalle de Saint-Médard, qui abou- tit à l'E à une plaine marécageuse dite marais de Bordeaux et de Bruges; la vallée de la Jalle s'allonge d'W en E, elle coupe des terrasses de la Garonne dont M. BALLA:\fD a étudié le détail [21]. La vallée est creusée dans le Calcaire à Astéries reposant sur le Calcaire de Castillon repéré par Blayac et précisé par M. BALLAND : au-dessous, affleure la mollasse du Fronsadais, très variable au point de vue lithologique, figurée sur la f. Bordeaux. Les dépôts miocènes ne se voient que vers l'W aux environs de Saint-Médard- en-Jalles et du Haillan; ils comportent au-dessus de l'Aquitanien, le falun mixte, le Burdigalien (moulin de Caupian), l'Helvétien connu à Martignas. Montée à Blanquefort. Dans les environs, petites dunes de sables éoliens. La route se développe sur une terrasse de 18 m. env. dont la structure apparaît dans des gravières à cailloux variés, parmi lesquels BENOIST, en 1885, avait remarqué des quartz blancs, rouges ou noirs, des phtanites, des talcschistes, des tourmalines, silex, phonolithes décomposées, tous éléments provenant, d'après lui, du Limousin ou de régions pyrénéennes lointaines. Blayac a donné en 1916 sur une carte schématique au 1500 000E un premier aperçu de l'extension des terrasses, il distingue une terrasse moyenne et une inférieure [51]. Jalle de Ludon. Laissant Ludon à l'E, on gagne Macau. On découvre le paysage du Bec d'Ambès, limité sur la rive dr. de la Dordogne par la falaise couronnée de Calcaire à Astéries de Roque-de-Thau et de Bourg-sur-Gironde (voir Excursion I). Ruisseau des Marais. Cantenac. Terrasse de Margaux (15 m.) aux crus célèbres. Par Lamarque, Cussac et Beychevelle, gagner Pauillac. Pauillac. Belle vue sur l'estuaire dont M. LÉVÊQUE, directeur du Port autonome a donné en 1936 une fort belle étude [3071- De Pauillac, on se dirige vers Saint-Sauveur par la D. 4 Et. Au sortir de Pauillac, coupe dans la terrasse de 15-20 m. qui masque le Calcaire de Saint-Estèphe. Montée vers l'W sur la terrasse de 20 m. Laissant la route de Vertheuil, on gagne la dépression du Breuil. Plateau de Sable des Landes correspon- dant en partie à une terrasse de la Garonne. En face du Château du Breuil, affleure un calcaire lacustre blanc correspondant au Calcaire de Castillon; il surmonte des argiles verdâtres et des marnes blanches équivalentes de la Mol- lasse sannoisienne du Fronsadais. A un niveau analogue, BENOIST a distingué, près de Pauillac, des argiles marneuses dites « d'Artigues ». Au-dessus du Sannoisien est le Calcaire à Astéries, qu'on voit dans les fossés du Château du Breuil et surtout dans des carrières qui ont fait, dans ces dernières années, l'objet d'exploitations actives pour les travaux de l'avant-port du Verdon ou dans de vieilles carrières, notamment à Saint-Sauveur, Cissac et Vertheuil. On voit nettement le contact entre le Calcaire à Astéries et le San- noisien le long de la route qui monte vers Cissac. Le Calcaire à Astéries forme une belle plate-forme subhorizontale en Médoc, découpée par les affluents de g. de la Gironde. On le suit jusque non loin de la côte médocaine, à Vendays, sous des formations récentes attribuées en maints endroits au Sable des Landes. Il est très variable au point de vue lithologique, tantôt compact, tantôt poreux, avec parfois des niveaux de marnes intercalées : les fos- siles abondent à Saint-Sauveur, Cissac (la Rivaux), Vertheuil, le plus souvent à l'état de moules internes : Natica (Megatyloins) crassatina, Turbo Parlânmni, Diastoma Graleloupi, Cerithium plica- tum, C. Konincki, Xenophora, Pectunculus lugensis, Venus Aglnurss, Trnchycardium carinatum, SClltella Agassizi, Fibularia piriformis ; en certains points, lentilles de Polypiers. Vertheuil. Eglise avec porche roman. Autour de la localité affleure le Calcaire à Astéries. BENOIST a donné de nombreux renseigne- ments sur la région dans l'étude qu'il consacre à Saint-Estèphe et à Vertheuil. Traversée du village. Cimetière. Passage à niveau de la ligne du Médoc. Le franchir. Gisement du Meynieu, qui fut décrit par BENOIST. Les anciennes carrières sont malheureusement abandonnées et envahies de plus en plus par la végétation. BENOIST rangeait à la partie supérieure de l'Eocène les marno-calcaires blancs très fossilifères, mais il avait été frappé par le mélange d'espèces éocènes et oligocènes : Anomia girnndica, Echinolampas Blainvillei, Venus Aglaurœ, Pec- tuncnlus lugensis, Cerithium plicatum; il y a aussi une Huître que BENOIST a appelée Ostrea medlllensis et des Pectinidés. Ces couches du Meynieu représentent en réalité, le passage de l'Eocène à l'Oligocèn Î, avec Oligocène prédominant, la faune ayant en réa- lité un caractère oligocène beaucoup plus marqué que ne le pen- sait BENOIST. Retour à Vertheuil. De Vertheuil à Artiguillon. Passage à niveau. Route de Saint- Germain-d'Esteuil. Après Saint-Germain, remarquer à g. une butte témoin dont le sommet boisé est formé de Calcaire à Astéries et le piédestal de marnes blanches à Sismondia occitana reposant sur le Calcaire de Saint-Estèphe, pétri par endroits de Foraminifères (Milioles). Plautignan. Route de Saint-Yzans. On contourne la butte d'Or- donnac; dans la dépression à l'W, on récolterait des fossiles du Calcaire de Saint-Estèphe : Sismondia occitana. Echinolampas ova- lis. Ce calcaire est classé dans le Ludien; M. FABRE le descend dans le Bartonien. Au-dessus de ce calcaire, marnes blanches de Blaignan. Saint-Yzans. La f. Lesparre y signale les marnes blanches à Cor- bula anglllata qui, en Médoc, correspondent au Calcaire lacustre de Plassac sur la rive dr. de la Gironde (voir Excursion I). Saint-Christoly. Bords de l'estuaire de la Gironde. De Saint-Christoly, on gagne le village de Couquèques sur un dôme de Calcaire grossier équivalent de celui de Blaye (Lutétien sup.). Autour de Couquèques, des carrières ont été ouvertes pour les travaux du Verdon, leur exploitation, suivie avec un soin parti- culier par M. FABRE, lui a permis de réunir d'abondantes séries de fossiles (l), en particulier d'Echinides, parmi lesquels Echino- lampas burdigalensis, E. stelliferus, E. blaviensis, E. dorsalis. Fibularia Lorioli, Sismondia Archiaci; de nombreux Mollusques et Foraminifères, notamment Orbitolites complanatus. Les Procès-

1. Ces collections viennent d'être offertes par M. FABRE au Laboratoire de Géologie de Bordeaux. verbaux de la Société linnéenne de Bordeaux de 1931 renferment une étude de la faune d'Echinides par M. FABRE à la suite de laquelle les calcaires de Couquèques et de Blaye sont classés dans le Bartonien [ 204] ; cette conclusion a été discutée par M. ABRARD [9] et après de nouvelles recherches, M. FABRE rapporte définitivement les calcaires grossiers de Couquèques et de Blaye au Lutétien sup. Les Calcaires qui forment les Rochers de Saint-Nicolas au NW du Verdon et la plate-forme de Cordouan (f. Saintes) appartiennent, eux aussi au Lutétien, mais plus ancien. On visitera une carrière aux environs de Couquèques, non loin du village, sur la route de Lesparre et on récoltera, dans les vignes voisines, de nombreux échantillons d'Echinolampas burdigalensis ; les carrières présentent de beaux blocs de Polypiers, des roches pétries de Milioles, et, dans les bancs supérieurs, un niveau très riche à Mytilus. De Couquèques on peut se rendre à Civrac, dominé par la butte de Bel-Air (24 m.) dont la coupe comporte de la base au sommet le Calcaire de Saint-Estèphe, les marnes blanches sannoisiennes, un calcaire compact à Euchilus Duchasteli, enfin des débris de Calcaire à Astéries. Le Calcaire à Euchilus serait l'équivalent du Calcaire de Castillon dont l'existence, d'ap. Linder, ne serait certaine dans le Médoc qu'à Bel-Air. La région de Caussan offre de beaux gisements du Calcaire de Saint-Estèphe à Echinolampas ovalis, Orbitolites complanaius de grande taille, blocs pétris de Milioles. On gagne Lesparre. Puis par la route du Médoc, on circule sur l'entablement de Calcaire à Astéries souvent couvert de dépôts récents (Sable des Landes). Saint-Laurent-et-Benon. Listrac. Vers l'E apparaît, au lieu dit Peyrelebade, le Caieaire grossier de Blaye en un dôme qu'a bien délimité M. FABRE et qui forme sur la rive g. du fleuve la réplique du dôme de Blaye sur la rive dr. La vallée de la Garonne passe entre les deux dômes, des coupes précises basées sur des forages appuient cette interpréta- tion [208J. Par Castelnau et le Taillan, retour à Bordeaux. - ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES Série 1946 i 997. Jean TEISS&DRB. Les limites da la planification. 998. Paul "WOOG et M»» R. FnàTàNz,. Onctuosité, épiSamens, microiamens et lubrification 999. Théophile.hyper-onctueuse. ,CAII'«.. Quelques - bases/ physiologiques de la nutrition. — -IOOO. Gérardniques DE àVAOcoutEURS. la scission de. La-l'Uranlu conquête (1896 de àt'énerg!e 1940). II. atomtqua. De la scission I. Des de rayons l'Uranium ura- 1001. Johnà la C)olton Bombe WISDOM Atomique , Causation. (10,40.104 and the foundationa of Science. • 1002. J. pitreDUCLAUX. Il du Ultratiltration;Traité de ChimU-Phgtique). U. Partie théorique et applications. (Tome HI, cha- 1093. Antoinegènes, LACASSAQNB. ■■■■■ Les... cancers produits par dea substances chimiques exo-- ' 1004. AlbertIle-de-France F. De LAppÀRENT. tertiaire, Excursions auréoles crétacées géologiques et juraësicjtàee. dans le bassin de Parle, 2* tede: 1005. Jacques, thèse. MÉTADIER.■ . La théorie de la catatybe. Vue d'enaemMa et essai de syn- 1006. Michelservices Statistiques (Prix, salaires," capitaux). économiques 33 Conjoncture générales. et20 PLe rév coût laiô des it. produits et des" 1007. PierreX. Avenir MASSE. déterminé. Les réserves et la régulation de l'avenir dans la vie économique. 1008. Pierre MÀssÉ. II. Avenir aléatoire. ' 1009. M.mement HAÏSSINSKY. diluées. E!ectroch!m!ô des substances radioactives et des solutions extrê- 1010. Maurice CuRïE. Fluorescence et Phosphorescence. - 1011. Pierreaux TalONF.T..Etats-Unis.. Méthodes statistiques modernes des administrations fédérales 1012 . Albert I..AUT,MAN. Symétrie et dissymétrie en Mathématiques et en Physique. Le lOtS. Rogerproblème -DAvin. du Facteurs temps. de développement et prlntanlsation des végétaux cultivés. 1*014 . Léontique.. SiîwisTz,x. La méthode- . générale' des sciences positives* L'esprit de la séman- 1015. Jeandans >"Rocnn. !'act!v:!:é Récentes des enzymes acquisitions à constituant sur le rôle métallique des métaux dissociable. dans (a structure et Série 1947 : 1016.1017. A...CfuL. GENEVOIS HOIXANDE, et J. RIBEREAU-CAYON.La vie et la structure Le vin. de la cellule. 1018. H Psychiatr.le.EY, J. De Aiunl,&GuÉnRA et H. HECAEN. Les rapporta de laf Neurologie et de la 1019.1020. AndréJean 'GAVAILLEs. .BoiviN et ,_AlbertTransfini DELAUNAY. et oontInÜ. Phagocytose et Infections. .1022.1021. A.L.LAPICQTJE. KOYRE, Ep!môj<:do L'isochronlsme^euromûscuiaîre le menteur (Ensemble et et catégorie). llexcitabllité- rythmogône. 1023. GuyClément EMSCHWILLER, DUVAL. PaulProgrès E. WENGER, récents^ Dr. en C.analyse J. VAN ,-eh.ImIqu.e.NIEUWENBURG Conséquences Dr. J. Grixis des et ' . " . donnéesla Chimie physitco-chtmiiquas analytique et de là"nouvelles Microchimie. enChimie La Semimicroanaiyse ana!yt!quo. L'Evolution quantlta- de titative.tivo et sonLes applicationstiiiiréactions. dans l'analyse industrielle. L'an-alyse spectrale quan- 1024. 'D.BnocQ-RouS$EU et R. FABRE. Les toxines■ végétales (Phytotoxines et Phytoagglu 1025. . Dr.: tiulnes). Marcel BERGEHON. Les-.V-'' manifestations" ' - motrices.' spontanées chez l'enfant.:: Etudetu cri an psycho-biologique.ionction.de la maturation Conception ncrvouae d'ensemble de la nfUna^nca sur la èmotricité trois innl'i. de J'en- 6 o. 0, — imprimerie Jouve et Cie, 15, ni: Racine, Paiis.— 7-191S. -

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