Landres, Histoire D'un Petit Village Du PAYS-HAUT
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1 7 JEAN COSTANTINI L A N D R E S HISTOIRE d’un petit village du PAYS - HAUT 1 à mon père, et à messieurs Gilbert BOURHOVEN et Joseph HUGLA, mes maîtres de la Communale de Landres. 2 L A N D R E S Ce document est dédié aux amateurs d’histoire locale et à tous les enseignants (anciens, actuels et futurs) de l’école primaire de Landres que j’ai assidûment 3 fréquentée pendant toute mon enfance, puis dans laquelle j’ai enseigné pendant 25 ans. Jean Costantini 4 AVANT - PROPOS LANDRES n’est qu’un très modeste village du PAYS-HAUT lorrain, qui possède comme bien d’autres, une longue histoire souvent trop méconnue. Retrouver l’histoire d’un village est une tâche bien prétentieuse et de très longue haleine. En recoupant les écrits existants, on peut parvenir à en retracer l’essentiel, mais avec de grandes zones d’ombre et beaucoup d’incertitudes. Plus le passé est lointain, plus les documents sont rares, difficiles à retrouver, voire inexistants. Et comme sans documents sûrs, rien ne peut être établi définitivement, on ne peut faire que des suppositions, ou se perdre en conjonctures. Un village s’intègre logiquement dans plusieurs ensembles concentriques, et son histoire est toujours intimement liée à celle de sa région et de son pays. Comme malheureusement, on ne connaît que très peu de choses sur les origines de Landres, il est utile de parler d’abord de la région, de la formation des villages, de l’organisation des institutions. Il faudra souvent aussi, pour comprendre, rappeler ou expliquer des événements qui ont fait l’histoire du pays de Briey, du Barrois et de la Lorraine, de la France, voire quelquefois de l’Allemagne. Ma démarche a été d’abord d’étudier les archives communales, puis d’accumuler tout ce que j’ai pu trouver d’intéressant sur Landres, Briey, la Lorraine, de recouper les textes qui en parlent, de recueillir des témoignages, et d’en faire la synthèse en plaçant Landres au premier plan. Le document de départ a été la monographie de Landres écrite en 1888 par l’instituteur de l’époque, Monsieur BEUVELOT. L’Académie avait demandé à chaque instituteur la description historique, géographique et économique de son village. Mais il se fonde beaucoup sur la tradition orale qui peut toujours être sujette à caution. Toutes ces monographies sont déposées actuellement aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle. Je parlerai aussi du travail sur le terrain de Denis PERRON, lui aussi originaire de Landres, passionné d’archéologie et homme de terrain. Il a arpenté tout le ban de Landres, et ses patientes recherches ont permis de retrouver quelques vestiges de la préhistoire et de l’Antiquité. Merci à lui de sa fidèle collaboration. Je ferai souvent référence au livre « Histoire des BRIEY » du Comte Claude de BRIEY qui vit en Belgique. Notre correspondance lui a permis de préciser quelques menus détails de l’histoire de sa famille qui porta longtemps le nom de « de LANDRES ». Il m’a fait l’honneur de m’offrir son magnifique ouvrage qui n’est pas en librairie. J’y ai trouvé quantité de révélations sur les Seigneurs de Landres. Il m’a donné envie d’approfondir mes recherches et de poursuivre la rédaction de cette « histoire » de Landres. Ce livre a été la source de ma documentation sur Landres pour l’époque féodale, la Renaissance et le XVIIe siècle. Je me permettrai d’en citer de nombreux passages. Les travaux érudits de Monsieur Robert DELHINGER, ancien instituteur à Mance, le livre « BRIEY, 2000 ans d’histoire » de François HELLER et les nombreux écrits sur Briey et sa région du Docteur Pierre MANGIN m’ont particulièrement aidé dans mes recherches. D’autres ouvrages sur la Lorraine ont servi aussi à cette étude, j’en donnerai les références chaque fois. Les registres de l’Etat-civil et beaucoup d’archives de la commune ont disparu dans l’incendie du 22 août 1914. Les registres des délibérations du Conseil Municipal depuis 1811 et quelques rares archives ont été sauvés « in extremis » par Monsieur NAUDIN, l’instituteur et secrétaire de mairie de l’époque. J’y ai découvert bien des détails et des anecdotes sur la vie communale de ces deux derniers siècles. De nombreuses personnes ont connu les grands moments de ce XXe siècle, et ont su en témoigner. J’ai toujours écouté avec beaucoup d’intérêt leurs récits et leurs anecdotes, comme tout ce qu’a pu me raconter mon père, lui qui a vécu presque tout ce siècle dans le Pays-Haut, et habité à Landres de 1920 à 1990. Enfin, j’ai nommé la dernière partie « chronique des années cinquante et soixante » car j’y ai mis mes souvenirs d’enfance et d’adolescence, avec tout ce que la mémoire peut apporter d’oublis, d’incertitudes ou d’exagérations près d’un demi siècle plus tard. 5 LA PRÉHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ Déjà aux temps préhistoriques, les hommes sont passés, ont vécu sur ce territoire qui ne s’appelait pas encore LANDRES. Les recherches patientes de Denis PERRON ont permis de retrouver les traces de leur présence ou de leurs passages. « Cette longue période a été partagée par les historiens en trois époques : • Le paléolithique : de -800 000 ans à -8 200 ans. C’est l’âge de la pierre taillée. Il fait très froid et les populations vivent de cueillette et de chasse. Les hommes suivent les troupeaux sauvages pour subvenir à leurs besoins. Ils chassent les rennes, les cerfs et les mammouths. Vers -100 000, le propulseur apparaît : l’homme fixe la pierre taillée sur un morceau de bois pour en faire une lance. A Landres, aucun outil n’a été recueilli. • Le mésolithique : de -8 200 ans à -4 500 ans. C’est l’âge du microlithe. Les outils en pierre de cette époque sont très petits. Ce sont des triangles, des trapèzes, en résumé des outils géométriques. Ils sont adaptés aux nouvelles conditions de vie car un changement climatique s’est opéré. Avec le réchauffement, la flore a pris de l’essor, les forêts sont plus touffues et les animaux plus petits. L’arc apparaît à cette époque. Un outil a été retrouvé à Landres, il s’agit d’un trapèze. • Le néolithique : de -4 500 ans à -1800 ans. C’est la période de la pierre polie, la plus proche de nous. La population se sédentarise, construit des habitations, élève de animaux, cultive la terre et fabrique des poteries. L’homme qui était prédateur devient producteur. Il vit en société, élit des chefs. Les découvertes faites à Landres sont plus conséquentes que pour les deux premières périodes mais restent modestes par rapport à certaines communes. Des outils en silex tels que pointes de flèches, racloirs, grattoirs, percuteurs, lissoirs, pointes de poignard et deux fragments de haches polies en schiste noir furent découverts. Les nombreux éclats de silex collectés attestent que les outils ont été façonnés sur place. Cet ensemble de matériel n’a rien d’exceptionnel pour la région mais constitue une preuve tangible de la présence d’hommes du néolithique sur notre sol. Aucune poterie n’ayant été découverte à ce jour, nous ne pouvons pas attester qu’ils « habitèrent » à Landres. On peut néanmoins constater qu’il existe des gisements bien délimités. Seuls quelques silex furent trouvés, tout à fait isolés. Le matériel lithique nécessaire à l’élaboration des outils préhistoriques est composé de quartzite, de silex, de schiste parfois et de chaille (pierre dure locale). Le silex n’existant pas à l’état naturel dans notre région, il était importé de Belgique, de la région de Sainte-Menehould ou de l’Ile-de-France. La monnaie n’était pas utilisée à cette époque ; c’est le troc qui permettait à nos ancêtres d’acquérir le matériel de base pour leurs outils. Pour la quartzite (galets de Moselle) les gisements ne manquent pas en Lorraine. Quant au schiste, on le trouve dans les Ardennes. » (1) (1) Denis PERRON 1995. 6 ÉPOQUE GAULOISE ou protohistoire : « C’est l’âge des métaux, partagé en deux époques : l’âge du bronze (de -1 800 ans à -750 ans) et l’âge du fer (de -750 ans à -50 ans avant J.C.). Cette dernière période se termine avec l’invasion de la Gaule par les Romains. Commence alors l’histoire avec l’avènement de l’écriture. » « Pendant la protohistoire, les habitants de notre région sont des Celtes ou Gaulois. La seule trace des Gaulois sur notre commune, sont les « mardelles ». Ce sont de trous en forme de cônes tronqués de 10 à 12 mètres de diamètre. On les appelle aussi fond de cabane. Selon certains archéologues, les Gaulois agençaient des troncs d’arbres autour de ces trous pour former une sorte de pyramide, puis les recouvraient d’argile pour l’étanchéité. » « Au sud de la commune, on peut voir huit mardelles groupées. Il est à noter qu’à la fin de la première guerre mondiale, ces mardelles du sud servirent de « fourneaux » : elles furent remplies de munitions collectées aux environs, qui furent ensuite mises à feu. Bien plus tard, le cultivateur qui exploitait ce champ mit à jour des obus à plusieurs reprises. D’autres mardelles sont visibles Mardelle en coupe (dessin de Denis dans et autour du bois de Landres. » (1) Perron) Monsieur Beuvelot écrit dans la monographie : « Il y a sur le territoire de Landres, au midi, un système de mares groupées de trois en trois, en triangles, à des distances plus ou moins grandes. Les archéologues sont d’avis que ces mares qui sont au nombre de quinze, marquent l’emplacement d’anciens camps gaulois.