FONDATION
TE L A VILLE D FIENR1CIiEMONT
Au ni iiien iù s uvi .it le vu siècle. la terre siju- veraine le Boishelle. appartenait à la maison de Nevers, ijont le titulaire était alors Charles de Gonzague, espèce d extravagan t, tourmenté par l esprit d aventures, et l uit des prodigues les plus renommés dans un temps si ter tue. en notal.ulit.es de ce genre. Un exemple à l appui ul tiia député par Henri TV vers le pape Léon XI, nou- vellement assis sur la chaire de saint Pierre, pour le fé- liciter ï l occasion de soit il déploya dans cette mission un faste inouï, se faisant suivre d une iiombreuse troupe équipée ili, ses frais, et dont les che- vaux étaient ferrés d argent, tandis que le sien propre avait été garni de fers d or.
(1) Ce travail esi emprunté à une histoire inédite de la principauté souveraine de j3(,isl,(lle.Ijenrichemont, dont l auteur prépu C en ce moment les éléments de publication.
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I Iil II Il 0000005562381 I4)NDATION DE LA V1L1i ) 11EN11ïLii I•:M0NT
A pareil commerce on ne s eiiricliit guère, (t. Charles de Uollzague. qui l éprouvai, ses iJépcns, fut obligé rie Lltliv moillulie avec -i s- truies.
11 V VL j t cii ( 1i1 iii( iit oit Ii ciue, un li eu MLI iii (Ï- t ual. l xacte contre-partie du P récédent. simple cadet de lionne maison, il avait su faire une merveilleuse for- tune en attachant sa vie de lionne heure à celle du roi, de iiianièue à poursuivre avec liii les éLtpes successives de sa prospérité croisante. (irce à des services continus K réels et à une fidélité qui ne se démentit guère ja- mais, il avait pu, en même temps qu il travaillait au bien de sa patrie et de son maure, satisfaire sa vanité et 5O]1 ambition, qui s accrurent singuiièrerncnt l in t etli ut 411 mémo eiiijis0 1 11f , le soiii Soit bien-être.
Cet homme c était Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, qui allait devenir et est resté célèbre comme duc de uHy. et Lige tie la seconde famille le ce nom.
Le marquis de Rosny pmtteiilait se rattacher A la grande famille des Béthune, issus des comtes de Flan- dre. es ennemis lui conlestaient cette origine et ne voulaient voir en lui que le (lesceIIiantd un parvenu naguère sorti «i cosse, sous le nom primitif de Bélun, et cette opmion a trouvé créance chez quelques-uns le nos meilleurs historiens. Ou sait comment, sans fortune et grâce, à l amitié du Béarnais, auquel il avait été atta- clié de J)bnnc heure, et (but il fut pendant de longues en même temps que le coreligionnaire, le fidèle servant, il parvint à la plus liante situation qu il cAL jamais pu rêver. Au moment où nons en sommes arri- FONDATION DE LA VILLE DlIENRICIIEMONT vés, en 1603. la faveur royale avait fait de itu Ftin des grands peisoiltiages de l Ftat et le pulls iiflue t. t la cour (1).
Sou ciactère aidant, ullv en avait conen une in- croyable vaiiih[ , la vanilé du parvenu. Cependant, si glorieux qu il Pt être, c était aussi, et avant tout, Ufl homme 1 n s j tif; et en faisant les affaires [le son maître il n avait l itégligé le faire les siennes, et. ses nom- 1Jt(LL lit 1Cs. t la. Piliinirt desquels se rattachaient, des charges grassement productives, s accompagnaient en- core d autres avantages non moins solides, je veux par- ler des grands biens qu il étalait fastueusement au soleil. Avec le temps, il avait. fait [le son pauvre petit patri- moine une des plus riches maisons de France. En ces
(I) Ce ne fut cependant qu au mois de février de l année suivante (1 6O6qu il retut le complément de cotte faveur par le titre de duc et pair. Voici alors quelle était au complet la liste, un peu ion- guette des qualités dont il se plut alors à décorer l en-1ile de ses actes seigneuriaux et rogner « Maximilien de Béthune, chevalier; due de Sully pair de Franco prince souverain de Boishelie ; niai- (JUÎS de Rosny; comte de Dourdan; sire d Orval, Montrond et Suint- Amand baron tl lpinetiiI, liruéres, Villebon, la Chapelle-d Angil- ion. Novion, ltaiirv et ilonhin conseiller du roi en tous ses con- seils ; capitaine-lieutenant de deux cents hommes d armes d ordon- nance du roi sous le titre de la Reine; grand-maître et capitaine général dc l artillerie; granit voyer (le France; surintendant des finances, fortifications et leitimnemits dit gouverneur et lieute- nant général polir Sa Majesté en Poitou, Clmhelleraudois et Loudu- lois; gouverneur de Mantes et. de Jargeau; entin, capitaine du château de la Bastille (le Pari» —i Iél;is rien n est jamais complet en ce monde, Uli tille manquait à la krieiIu ; Sullv, (l ui ne voulut jamais abdiquer iherésie, ne 1)111 être dueuro (les ordres (lu roi. Cette mauvaise langue de Tallemant (les prétend laux qu il y suppléait, au moins chez lui, cmi s entourant le cou d une grosse chaîne, rappelant le collier de la Toison-d Or, et à laquelle pendait un grand médaillon à l effigie, d Henri IV. o 6 FONDATION 1)E LA VILLE D HENRICFtE,IOT
derniers temps surtout, mie suite d acquisitions, f;d tes certainement en vue d un but létermjné 1 avait réuni en ses mains la plus forte partie de l antique héritage des euly, primitifs seigneurs de Boishelle. L érection en duclié-paiiie de la terre de Sully, faite son profit en 16U6, iie fut que l aboutissement d un plan qu il dut Caresser clii Imioment peut-être où l affermissement de la fortune de son maîtreaurait désormais la sienne.
Évidemment. il soiieait à faire renaître pour son compte l antique splendeur des Seuly. Quel avenir à ce moment n entrevoyait-il pas? Seul il eût lu le dire, mais, commue maint grand ambitieux que l histoire si- gnale, ne rêvait-il i° 1)1115 pqu un duché? Pour y arriver il in pouvaitmieux faire que cl aciuérir la principauté, jusqu alors obscure, de J3oisbelle. Son fLiiesei ait en- suite d user des JriViléges singuliers el, séculairemeiit reconnus de ce petit royaume. en les afflu missant en- core parla protection il ! luiri l\ ( t l 1endanI niCm ait si 1)055111 .
Nous Savuis à quel poilu, les 11uire lu dite de Noyers étaient embarrassées et clans quels besoins d argent il se trouvait. sullv avait (lé commencé d exécuter son projet, en lui venant vit le par l acquisition de ses l couines lu Boui bomniaj s:c était bien 1)1115 que d ache- ter B dsIa lle. Si cette principauté etait beaucoup pour 5uuiiy. et comme enclave ChUe es terres de la Chapelle et des Ai-,. et commue immstiumnent. ltVoral)IC à ses l)I tIels de grandeur Lu nue. dont ojje pouvait devenir le pivot, elle ne joitiva i t guère 1)rést hIteI ce caractère pour U0II - zague, qui n y voyait sans doute en somme qu une sou- verainet sans valeur réelle et sans revenu effectif. FONDATION DE IA viLti: DIIE nlCl[FMONT
Rosny n eut donc pas gi altr[ peine à amener le duc au but de ses désirs, CI L il y eut entente parful(les e deux parts [mur que la propriété cliangeàt de maître.
Par contrat du 31 août I 603. ecu M Guillari mL Bontemps, notaires au t 3i itelet le Paris , le prince Charles de (junzaue et le (3èves. duc de Niverinds et fletiielois, prince de Mautmue, etc., vendait à Maxiini- lien de Béthune, marquis de lny, n la terre et sei- gneurie ou souveaieto de Boislielle , consistant en bourg et villages, terres labourables, lirez, bois, étangs, cens et rentes, vassaux et arrière-vassaux, et en toute justice et autres appartenances et dépendances géné- ralement quelconques de ladite terre , seigneurie ou souveraineté de Boishelle , assise piês du pays de Bei y... etc. (1). u Ladite vente faite moyennant la somme de 42,000 livres tournois (2).
Ji in dste sur cc qu il me semble y avoir mie caractéristique dans cette désignation venant dc Sully, qui u cIt dicter la formule du contrat, lorsque l on rapproche cc détail des projets d avenir prétés it l acquéreur. 2) Il y a lieu d observer que ce chiffre est en désaccord dc 16,000 livres avec le témoignage de Sulh lui-méfie. On lit dans les Royales fEcononmies d Es&l (U part., eh. LI) n Pins, par eontract avec M. de Nevers, vous acheptastes les lerres de Monti oret, t leu- richemont et la Chapelle lu somme de 210,000 livres, as( avoir ?dontrond, luOOumI liv.; la Chapelle, 56,1k,11) liv.; et I curicliemont, i ,.(JO liv.; cy : 21 tON N) Ii tes. » Saily ajoute (1ull pava la terre du Châtelet oiivxi liv., celle (le Culant 88.001) liv., et celle de liaugy 12O,oHJ livres. Est-eu. au fit, dc cet écart dans les chiffres ci-dessus mentionnes qual.mii1m ait la inn1iOn suivante qui e lit à la col. U17 de 1 latent am/e (les L€tees de \ eeeïs, par l albi de Mérulle « l iéces pour le duc de Nevers avec le duc mie Sully, u &nUC de la le:ioa d outçc-iaoitid du jmISte prix de la souveraineté de Boisbellu et des terres de Saint-Amand-Montrond, la Chapelle et autres, yen- 8 FONDATION DE LA VILLE D itERIr11EMONT
Avec les plans d ambition que nous supposons au nouveau maure de Boisbelle, appuyé, Comme il l était, par le roi, on conçoit qu il n en laissa pas chômer les privilèges; et son premier soin fut d en assurer la con- (lrrnatioii par lettres royaux ; c était, pour ainsi dire, se mettre en possession de Boishelic, en faisant acte de seigneur. Mais un soin Plus grave ne levait pas tarder t le préoccuper, en prouvant, que le nouveau souverain, (lui prenait soit titre au sérieux, contrairement à ce qu avaient fait ses P rédécesseurs, songeait i entourer sa principauté d une sollicitude toute particulière, parce suivant toute apparence . elle devait tenir une inonde place fins sa vie.
Nous arrivons im tti t qui aSsiiie titie place jj part il SUIIY parmi toits les seigneurs de 11ishelle, t celui par lequel il y a laissé trace indélébile dh son passage, à la fondation d une capitale dans sa souveraineté,
Un beau jour de l année 1 6U), une activité inaccou- tumée vint s emparer des solitudes de Boisbelle : après nombre d allées et venues diiteoninis dans le bourg. on vit sur le plateau qui le dominait faire des soudages et l)la11tt1 des piquets, Connue si un camp allait s y éta- blit. Un surcroît (le l opUlatin de près l un millier d ou- vriers do toute sorte vint s installer autour du bourg (le Boisbelle et sur maint autre poii L (le la principauté. llientt les ]iùclierons se répandirent dans les futaies du dues au due 1c Sullv? » - ( ) IL poinTait induire de cette note que lu réclamation 1111 (lIC dc Nevvrs aurait eu pour résultat le versement postérieurement luit par Sullv d une soulte coiuplérnciitaire du prix réclamé. FONDATION DE LA VILLE D HENRICHEMONT 9 voisinage, et la hache se mit à al)attrc avec furie les clnbie.s et les cliàtaigniers séculaires, tant et si bien que ce qui étidt bois devint brande. En rnme temps,