Cahiers nantais, 2015-2

Le bassin de Grand-Lieu (Loire-Atlantique) : relief et patrimoine géomorphologique

Dominique SELLIER Professeur émérite, Université de , LETG-Nantes Géolittomer UMR 6554 [email protected]

Résumé : Le bassin de Grand-Lieu correspond à l’une des principales dépressions de la Loire-Atlantique. Il concentre les eaux de la Boulogne, de la Logne et de l’Ognon. Il aboutit à l’Acheneau, dernier affluent de rive gauche de la Loire. Son relief, partout inférieur à 60 m, comprend une cuvette occupée par le lac, de basses plateformes, des revers et des plateaux périphériques. Il appartient à un pays de sur- faces, rompues par des coteaux singuliers et par des versants de vallées, simple dans ses grandes lignes, mais morcelé dans le détail. Il se rapporte, également, à un paysage de socle, caractéristique du sud du Massif armoricain, qui enregistre les effets des rejeux tectoniques et de l’encaissement des ré- seaux hydrographiques survenus à la suite de l’aplanissement d’anciens reliefs hercyniens. Le bassin de Grand-Lieu comprend, en fait, une remarquable série de reliefs de faille qui peuvent être présentés à des visiteurs non spécialistes dans une perspective de vulgarisation et d’intégration du relief au patri- moine naturel du bassin de Grand-Lieu.

Mots-clés : Bassin de Grand-Lieu, zones humides, relief de socle, relief faillé, patrimoine géomorphologique, vulgarisation scientifique

Introduction Loire et de ses deux derniers grands affluents, la Sèvre nantaise et l’Erdre), des coteaux (comme et article fait suite à des publications des- ceux de Guérande ou du Sillon de Bretagne) et C tinées à présenter la géomorphologie de la des dépressions, occupées par des prairies hu- Loire-Atlantique dans une perspective de vul- mides, marais ou plans d’eau (comme le bassin garisation (Sellier, 2007, 2010, 2011, 2012, 2013a, de , le bassin d’Arthon, la Brière et le 2013b, 2014, Sellier et Portal, 2013). Il porte sur bassin de Grand-Lieu). Il convient, pour le reste, les propriétés et sur les origines du bassin oc- de profiter de points de vue d’où les arbres ne cupé par le lac de Grand-Lieu. Il a comme objets cachent pas le relief et de changer de niveau de fournir une lecture géographique du relief de d’observation pour reconnaître des unités géo- ce bassin et de ses pourtours tels qu’ils apparais- morphologiques élémentaires. Il s’impose alors sent dans leur état actuel, d’expliquer ce relief à de repérer les points culminants et les talwegs, partir de faits d’observation et de proposer des de séparer les réseaux de drainage, de relever moyens didactiques pour le décrire à un public l’inclinaison ou l’étagement des surfaces, de non spécialiste, afin de contribuer à l’inclure au suivre les principaux versants, sachant que les patrimoine naturel du bassin. différences d’élévation s’évaluent ici en déca- Le relief de la Loire-Atlantique se présente, mètres et que les angles d’inclinaison ne sont que d’abord, comme l’un des plus bas en . On de quelques degrés. Ce manque de contrastes le parcourt en suivant des plateaux d’altitudes vaut pour l’ensemble de la Loire-Atlantique, qui presque partout inférieures à 100 m, où les prin- se trouve toutefois dotée de l’embouchure du cipaux jalons sont les vallées (comme celles de la plus long fleuve français, de la dernière grande

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Bassin Bassin de Campbon de Nort Sillon de BretagnPLATEAU DU TEMPLE Bassin BRIÈRE e de Pt Mars Erdr 91 Plateau du Cellier e St Nazaire

e St. Brévin Boivre Loir Vue NANTES Coteau de Sèvr Sain Achenea t Pè P A Y S D E R E T Z re u e Blanch Hte Perch e Co u te e au Ten de Baie de Bourgneuf Po rn ic- Lac de Bo failles urg Grand Lieu neu plateformes f Sèvr Ogno n e zones humides Fallero n

Logn

Boulogn 0 5 10 15 km e

e D. SELLIER, Cartographie : A. DUBOIS-IGARUN, 1999 Figure 1 : localisation du bassin de Grand-Lieu confluence ligérienne, de l’un des plus grands 1. L’organisation générale du relief escarpements de failles du domaine hercynien et du drainage (le Sillon de Bretagne), mais aussi de zones hu- mides, dont le nombre, la répartition et l’étendue Le bassin de Grand-Lieu tire naturellement sa sont révélateurs de la géomorphologie et de la singularité du lac et des marais qui en occupent paléogéographie locales. le centre. Il se situe entre l’estuaire de la Loire L’analyse géomorphologique part toujours et la confluence nantaise, le pays de Retz, les de deux types de formes simples (les surfaces marges vendéennes et les plateaux du pays de et les versants) et l’explication des reliefs ré- (fig. 1). Le relief environnant appartient sulte partout de deux facteurs antagonistes avant tout à un pays de surfaces, d’altitudes in- (les déformations des roches sous l’effet de férieures à 60 m. Il résulte d’une juxtaposition de contraintes tectoniques et les processus d’éro- plateformes, de plateaux et de revers, de contours sion déterminés par l’écoulement des eaux, le géométriques et d’aspect compartimenté, propre vent, les variations de températures, l’altéra- à toute la partie de la Loire-Atlantique située au tion chimique des roches, qui tendent collecti- sud du cours de l’Isac (Sellier, 1985, 2013a). Les vement à l’aplanissement des reliefs engendrés plateformes sont subhorizontales et généralement par la tectonique). Ces principes s’appliquent inférieures à 30 m d’altitude. Les plateaux sont naturellement aux domaines de socle, auxquels plus élevés, parfois étagés, ravinés par des val- appartient le Massif armoricain, en contrai- lées encaissées, de tracé souvent coudé. Les revers gnant, dans son cas, à un examen détaillé des sont inclinés à partir de coteaux singuliers, c’est- reliefs et des emboîtements de formes. à-dire simples et sans symétrique, généralement

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rectilignes. L’ensemble entoure une « cuvette », hiver et drainés par des douves en été, surtout occupée par le lac de Grand-Lieu, lui-même issu au sud (Marion et Marion, 1976 ; Boret et Reeber, de la concentration et de la retenue des eaux de 2008 ; Dupont, 2003 ; Mercier et al., 2013). Elle l’Ognon à l’est (Pont-Saint-Martin), du Tenu à est bordée à l’ouest par le seuil de Port-Saint-Père, l’ouest (Saint-Mars-de-Coutais) et surtout de la la plateforme de Saint-Mars-de-Coutais et le seuil de Boulogne et de la Logne au sud (Saint-Philbert- Sainte-Pazanne. de-Grand-Lieu) (Maître, 1912). Cette retenue, contrôlée par des écluses (Guillou et al., 2008 ; Les trois revers encadrants Mercier et al., 2013), occupe une dépression ini- Tous les reliefs situés aux abords du lac sont dis- tiale située à l’amont d’un barrage naturel pro- symétriques. Ils forment trois revers, qui s’incli- duit par des plateformes situées au nord-ouest. nent vers le centre du bassin, à partir de coteaux, Ce barrage (seuil de Port-Saint-Père) se trouve tra- qui regardent, pour leur part, vers sa périphérie. versé par l’Achenau, qui constitue l’exutoire du lac de Grand-Lieu. Le revers de Brains sépare le bassin de Grand- Lieu de la vallée de la Loire, entre les Sorinières et 1.1. L’identification préalable des unités . Il culmine au nord à plus de 30 m, où du relief (fig. 2) il domine l’estuaire par le coteau de la Montagne, rectiligne et redressé, qui s’étend de Le point culminant des pourtours du bassin à Saint-Jean-de-Boisseau. Il s’incline vers le sud, de Grand-Lieu se trouve non loin de Nantes, jusqu’aux rives du lac de Grand-Lieu (, au sud-est de la Forêt de Touffou, près du mou- Saint-Aignan). Sa proximité de Nantes lui vaut lin des Bauches (58 m). Des points supérieurs à d’être largement urbanisé. 50 m existent aussi au nord-ouest (51 m au mou- lin de Chappe, près de Port-Saint-Père) et au sud Le revers de à l’est, est bordé par du Lac de Grand-Lieu (51 m à la Moillancherie, le versant occidental de la vallée de l’Ognon, qui près de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu), alors que culmine à plus de 40 m au sud de Montbert et l’altitude du lac avoisine 1 m. Entre ces extrêmes, qui suggère, par sa rectitude sur une douzaine le relief s’organise en trois ensembles, du centre de kilomètres, l’influence d’une ligne de faille vers l’extérieur : le site du lac de Grand-Lieu de tracé nord-est - sud-ouest. Ce revers s’incline ou cuvette de Grand-Lieu, bordée de basses pla- vers l’ouest jusqu’au lac (La Chevrolière), entre teformes ou de seuils, des revers encadrants et le coude de l’Ognon au nord (Pont-Saint-Mar- des plateaux périphériques qui, dans un tel en- tin) et le cours de la Boulogne au sud (Saint-Phil- vironnement, tiennent lieu de « hautes terres ». bert-de-Bouaine). Il est drainé par des ruisseaux Le relief s’organise ensuite en petites unités, qui tributaires du lac de Grand-Lieu ou par des af- nécessitent d’être identifiées et désignées avant fluents de la Boulogne qui soulignent son incli- d’examiner leurs relations. naison à partir d’une ligne de partage des eaux La cuvette de Grand-Lieu située aux abords immédiats de l’Ognon. Il est occupé par de grands quartiers géométriques Elle constitue l’élément primordial du pay- significatifs de défrichements tardifs à partir de sage. Ses contours s’inscrivent dans un quadri- landes, dans sa partie la plus méridionale et la latère d’une dizaine de kilomètres de côté, entre plus élevée (41 m près de ). Il est limité Port-Saint-Père, Saint-Aignan, Saint-Philbert- au sud par le coteau de Saint-Philbert-de-Bouaine de-Grand-Lieu et Saint-Lumine-de-Coutais. Elle (vallée de l’Issoire, tributaire de la Boulogne). comprend quatre types de milieux principaux : des étendues d’eau libre, surtout à l’est, des éten- Le revers de la Limouzinière, au sud, s’incline dues d’eau à macrophytes flottants (comme les vers le nord-est, en direction du lac et de la nénuphars), au centre, des marais à roseaux et confluence entre la Logne et la Boulogne. Il à saules à l’ouest, des pré-marais, inondables en est délimité au sud-ouest par le coteau de la

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Limouzinière, de direction N125°, dite armori- seigneuriale et les restes d’anciennes landes tou- caine, parallèle au coteau de Pornic-Bourgneuf. jours peu peuplées (Landes, Landreau, Ecobues, Ce coteau, de regard sud-ouest, rectiligne sur Brosses, Brandes,...). Elle est bordée au sud par 15 km, culmine à 51 m. les restes d’un coteau (coteau de ), réduits à un alignement de buttes dans l’axe du coteau de Ces trois revers convergent donc vers le lac Pornic-Bourgneuf, donc du littoral septentrional de de Grand-Lieu, qui occupe ainsi l’une des prin- la baie de Bourgneuf. Elle domine, encore plus au cipales dépressions topographiques de la Loire- sud, le cours supérieur du Tenu, au contact du ma- Atlantique. Ils sont en contact le long des cours rais Breton et de la plaine de , drainée par inférieurs de l’Ognon (Pont-Saint-Martin) et de le Falleron. Au sud-est, le coteau de la Limouzinière la Boulogne (Saint-Philbert). Ils sont bordés vers (de regard sud-ouest) est relayé par le coteau de l’extérieur par des coteaux rectilignes, de direc- Corcoué, de direction N125°, toujours armoricaine, tions différentes et de regards divergents. mais de regard nord-est. Ce coteau, rectiligne et Les « hautes terres » périphériques redressé, est franchi par la Logne à Corcoué, et par la Boulogne à Rocheservière. Il culmine à plus de Les plateaux situés à la périphérie du bas- 60 m près de Corcoué et surmonte une plateforme sin de Grand-Lieu sont subhorizontaux ou peu drainée par l’Issoire qui s’élève vers Vieillevigne, inclinés, mais plus élevés que les reliefs précé- en limitant le bassin de Grand-Lieu au sud-est dents, en particulier au sud-est, vers la Vendée. (plateforme de Rocheservières). Au nord, le coteau de la Montagne surmonte le Vers l’ouest, le bassin de Grand-Lieu entre lit de la Loire et fait face à la terminaison du co- en contact avec le pays de Retz (Mounès, 1974 ; teau du Sillon de Bretagne, qui culmine vers 70 Sellier, 2013a, 2013b). Le revers de la Limouzinière m de l’autre côté du fleuve. et la plateforme de la forêt de Machecoul prolon- gent le revers de Pornic-Bourgneuf, incliné vers À l’est, la vallée de l’Ognon borde deux pla- le nord-est. Le seuil de Port-Saint-Père, qui ver- teaux étagés, séparés par le coteau de Touffou, rouille le bassin au nord-ouest, prolonge le re- de tracé rectiligne, de direction N130° (armori- vers de Saint-Père-en-Retz, incliné vers le sud- caine), de regard sud-ouest et de faible élévation ouest. Entre ces deux ensembles convergents, (30 m). Le niveau inférieur, situé entre la val- la plateforme étroite et allongée comprise entre lée de l’Ognon et le coteau de Touffou (plateau le lac de Grand-Lieu à l’est et le cours du Tenu du Bignon) s’élève des abords de Nantes vers le à l’ouest (plateforme de Saint-Mars-de-Coutais, sud-est et n’atteint que 38 m, aux Cantons. Le ni- 27 m) prolonge le seuil de Saint-Pazanne. veau supérieur, situé entre le coteau de Touffou et la confluence des vallées de la Maine et de la L’analyse détaillée du paysage conduit ainsi à Sèvre (plateau de Touffou), s’élève lui aussi vers distinguer une douzaine d’unités : cuvette, plate- les marges vendéennes (pays de Clisson, Haut formes, revers et plateaux, séparés par des escar- Bocage), où il culmine à 58 m. Il conserve une fo- pements ou par des vallées, qui témoignent d’un rêt résiduelle (forêt de Touffou) et se trouve aux morcellement des surfaces, présentées comme limites du Vignoble. Il est emprunté par les voies les éléments fondamentaux du relief. de communications interrégionales. 1.2. La disposition du drainage et des vallées Au sud, le relief est plus fragmenté. L’axe di- Un réseau hydrographique mal hiérarchisé recteur est le coteau de la Limouzinière, qui do- mine vers le sud-ouest la plateforme de la forêt Le lac de Grand-Lieu appartient d’abord à de Machecoul. Cette dernière ne dépasse pas l’ensemble des plans d’eau, zones humides et dé- 38 m et s’abaisse progressivement vers le nord- pressions inondables qui participent à la carac- ouest. Elle comprend les lambeaux d’une forêt térisation des paysages de la Loire-Atlantique,

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S illo n de e r L B rd o r i e E St-Père- re ta en-Retz gne NANTES I Vue

A c he neau Brains A 10 S è v r e Nantaise Port- 1 St-Père Arthon- en-Retz St-Mars-de- 11 Ognon Coutais Ste- Pazanne 5

Cuvette de M 12 D a in 9 Grand-Lieu e 2 4 B Bourgneuf- Montbert en-Retz H B ou log ne T e 3 n u St-Philbert-

de-G. L o 6 C g n e La Limouzinière 7 Machecoul La Marne G E St-Philbert- F de-B. 8 Corcoué

N Rocheservière © IGARUN, Université de Nantes 0 5 10 km

Source : BD Alti ® (IGN) D. SELLIER 2015, Cartographie : S. CHARRIER Hypsométrie Hydrographie Coteaux singuliers Reliefs périphériques (en m) limite de partage A coteau de la Montagne 4 plateau du Bignon 0 des eaux locales B versant occidental de la vallée de l'Ognon 5 plateau de Touffou 5 cours d’eau C coteau de la Limouzinière 6 plateforme de la forêt de Machecoul 7 baie de Bourgneuf, marais Breton et 10 tracé épigénique D coteau de Touffou E coteau de la Marne plaine de Machecoul 20 vallée d’angle de failles F coteau de Corcoué 8 plateforme de Rocheservière 30 9 revers de Pornic-Bourgneuf Revers G coteau de Saint-Philbert-de-Bouaine 40 10 revers de Saint-Père-en-Retz 1 revers de Brains H coteau de Pornic-Bourgneuf 50 11 seuil de Port-Saint-Père 80 2 revers de Montbert I coteau de Saint-Père-en-Retz 12 seuil de Sainte-Pazanne 60 3 revers de la Limouzinière 70 13 plateforme de Saint-Mars-de-Coutais inclinaison des revers } escarpements de faille

Figure 2 : schéma géomorphologique du bassin de Grand-Lieu

dont les altitudes avoisinent le niveau de la dans le pays de Retz, marais de Goulaine et mer et dont la configuration indique l’origine de Brière, mais surtout estuaire de la Loire tectonique : bassin de Nort-sur-Erdre et ma- (Durand, 1960 ; Gauthier, 1963 ; Mounès, 1974 ; rais de Petit-Mars, cuvette de la Haute-Perche Sellier, 1985, 2013b).

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Le réseau du bassin de Grand-Lieu s’inscrit décrit alors des sinuosités au fond d’une val- à l’intérieur du bassin versant de l’Achenau, lée à plancher alluvial, élargie entre des in- dernier affluent de rive gauche de la Loire terfluves nés de la convergence des revers de avant l’océan, qui occupe une place intermé- Montbert et de la Limouzinière. Son principal af- diaire, par sa situation et par ses dimensions, fluent, la Logne, est de caractères analogues, entre le réseau de la Sèvre et de la Maine, issu en dépit de dimensions inférieures. La Logne du Haut-Bocage vendéen et les petits cours prend sa source en amont de Legé, à plus d’eau côtiers du pays de Retz (la Blanche et la de 70 m. Elle présente un cours supérieur à Haute-Perche) ou du marais Breton (le Falle- méandres encaissés avant de franchir le coteau ron). Ce réseau présente plusieurs caractères de Corcoué, puis un cours inférieur dans un re- communs avec celui de la Sèvre, en dépit de lief évasé, avant de confluer avec la Boulogne dimensions plus restreintes. Son orientation près de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. générale, guidée par des fractures du socle À l’est de la Boulogne, l’Ognon est un de direction N125° ou N160° (« diagonale »), cours d’eau mineur qui prend sa source près d’origine également hercynienne, est paral- de l’Herbergement, qui débouche directe- lèle à celui de la Sèvre. Son principal drain, ment sur le lac de Grand-Lieu en aval de la Boulogne, prend sa source au sud des Es- Pont-Saint-Martin et qui présente un tracé sarts, à plus de 50 km de Saint-Philbert-de- remarquablement géométrique. Il comprend Grand-Lieu, près de celle de la Maine, dans un cours moyen rectiligne, de direction un secteur surélevé du Bas-Bocage qui sert de N160°, encaissé dans une vallée dissymé- centre de dispersion des eaux des affluents trique, entre un versant ouest (bordure du de la Loire (par la Maine et la Boulogne), des revers de Montbert), plus élevé et plus re- fleuves côtiers vendéens (la Vie) et des tribu- dressé que le versant est (bordure du plateau taires du marais Breton (le Lay). du Bignon). Il décrit un brusque coude au À un niveau d’échelle inférieur, le réseau sud des Sorinières, au contact des revers de du bassin de Grand-Lieu s’avère mal organi- Montbert et de Brains. sé, pour au moins deux raisons. La faible alti- À l’ouest de l’ensemble et à l’écart du lac de tude du relief est responsable de l’indécision Grand-Lieu, le Tenu est un cours d’eau ina- du drainage et de l’hétérométrie des drains, dapté au relief actuel. Il prend sa source près mais surtout de l’inondation d’une cuvette de la forêt de , au sud de la Loire-At- qui entraîne la présence du lac. La structure lantique, et s’écoule d’abord dans la plaine de semble déterminer, pour sa part, la dissymé- Machecoul, en longeant la base du coteau de trie des réseaux et leurs tracés géométriques ; la Marne, parallèlement au cours supérieur des déformations du socle semblent justifier, du Falleron. Il oblique vers le nord à Saint- par ailleurs, les cours de plusieurs rivières Même-le-Tenu, en franchissant l’axe coteau épigéniques, inadaptées à la disposition ac- de Pornic-Bourgneuf - coteau de la Marne, alors tuelle du relief. que le cours du Falleron se prolonge vers la Les tributaires et l’exutoire baie de Bourgneuf. Son cours moyen s’en- caisse par conséquent dans le revers de Por- Pour prendre sa source à une centaine de nic-Bourgneuf, selon un tracé méridien. Il mètres d’altitude, la Boulogne partage encore s’oriente ensuite vers le nord-est et s’écoule avec la Maine et avec la Sèvre le fait de présen- dans une cuvette basse (2 m) située entre le ter un talweg relativement redressé et un cours à seuil de Sainte-Pazanne et la plateforme de Saint- méandres encaissés. Ces propriétés disparaissent Mars-de-Coutais. Il rejoint enfin le cours de dès qu’elle franchit le coteau de Corcoué, en péné- l’Acheneau à l’extrémité du revers de Port- trant dans le bassin de Grand-Lieu. La Boulogne Saint-Père, immédiatement à l’aval du lac de

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Grand-Lieu, sans mêler ses eaux à celui-ci de- Pendant les hautes eaux hivernales, le niveau puis les travaux hydrauliques accomplis au s’élève jusqu’à près de 2 m NGF et la superficie XIXe siècle (Mercier et al., 2013). du lac est alors comprise entre 5 000 et 6 000 ha (Ters, 1982 ; Mercier et al., 2013). L’Acheneau est l’exutoire du lac de Grand- Lieu. Il franchit le seuil de Port-Saint-Père par Dans tous les cas, la profondeur des eaux un cours sinueux et encaissé entre des versants libres demeure inférieure à 2 m, ce qui, en rapprochés qui culminent à 30 m à la jonction dehors de l’environnement topographique des revers de Saint-Père-en-Retz et de Brains. Il du bassin tient à son comblement progressif, emprunte ensuite un couloir à fond alluvial mais irrégulier, par des sédiments vaseux qui qui suit la base du coteau de Saint-Père-en-Retz enregistrent les séquences de dépôt et d’abla- sur une dizaine de kilomètres en direction de tion corrélatives des travaux de défrichement . Ses eaux se dispersent enfin dans les ou d’aménagements hydrauliques dans le marais de Vue qui, avec les marais de Saint- bassin. Ces sédiments, actuels ou subactuels, Etienne-de-Montluc, au nord de la Loire, for- masquent des alluvions principalement holo- ment l’un des plus grands ensembles de zones cènes, argileuses ou sableuses, ainsi que des humides de l’estuaire. tourbes, qui atteignent plus de 17 m en amont de la vallée de l’Acheneau et une dizaine de Le lac de Grand-Lieu mètres à l’emplacement du lac, où elles repo- Il occupe une cuvette de forme losangique, sent sur des sédiments tertiaires, pliocènes produite par la convergence des trois revers de ou éocènes (Ters, 1982). Ils sont entourés en Brains, de Montbert et de la Limouzinière. Le lac surface par des colluvions qui remanient les de Grand-Lieu résulte d’une retenue ponctuelle sédiments tertiaires et qui forment des glacis des eaux de la Boulogne et de l’Ognon, qui drai- dans la partie distale des revers, en particulier nent conjointement un bassin de 840 km2. Une au nord et à l’est. telle retenue exige un barrage qui peut être sé- 2. La formation du relief dimentaire, comme en Brière (à la confluence du Brivet et de la Loire), ou structural, comme Elle trouve des éléments d’explication, ici. La faiblesse des pentes et des altitudes, mais comme ailleurs, à partir des propriétés du re- aussi des débits, ajoutée à des régimes irrégu- lief qui se manifestent dans le paysage et de liers et à l’influence initiale des marées jusqu’à celles de la structure qui s’expriment sur le l’intérieur du bassin par l’intermédiaire de l’es- terrain et sur les cartes. tuaire de la Loire et de l’Achenau, ont égale- ment conduit, pendant le XIXe siècle, au creuse- L’observation directe des paysages soulève ment de plusieurs canaux au nord du bassin et plusieurs questions. Les surfaces représentent à l’installation d’une écluse au sud de Bouaye. l’élément fondamental du relief, comme de Cette écluse a donc rangé le bassin de Grand- règle dans les massifs anciens. Elles s’inscrivent Lieu parmi les zones humides vannées, de type ici dans une tranche d’altitude d’une soixan- prépondérant en Loire-Atlantique. Elle permet taine de mètres à l’intérieur d’un quadrilatère de contrôler les variations du niveau des eaux de 25 km de côté. Les versants créent toutefois du lac au cours de l’année, lesquelles détermi- des ruptures notables et appartiennent à deux nent l’étendue des plans d’eau et des marais, catégories : coteaux singuliers et versants de puis dans la suite, les conditions de l’écosys- vallées. L’interprétation de ces surfaces et de tème aquatique et des usages agricoles. Pen- ces versants n’échappe pas aux problèmes clas- dant l’étiage estival ou automnal, le niveau du siques des socles : déterminer d’éventuelles lac s’abaisse jusqu’à 0,60 m NGF et sa superficie séquences d’aplanissements au sujet des pre- (plans d’eau) est comprise entre 500 et 1 800 ha. mières, distinguer les parts de la tectonique,

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de l’érosion différentielle ou du ravinement au variée (sables, grès, argiles, calcaires), minces niveau des seconds (Lageat, 2000). Ces surfaces et souvent meubles, qui se rapportent à l’Eo- se situent en effet à plusieurs niveaux d’alti- cène et surtout au Pliocène, héritées des trans- tude et composent un relief morcelé en unités gressions survenues au cours du Tertiaire dans géométriques, ce qui soulève effectivement le l’est du Massif armoricain, communes à tous problème d’un éventuel emboîtement de plans les bassins de Loire-Atlantique, mais spéciale- d’érosion successifs, de plusieurs séquences de ment étendues dans celui de Grand-Lieu, où déformations du socle et de l’interaction des elles masquent en partie les roches précitées. deux processus à l’échelle de l’ensemble du bassin. Ces surfaces sont ravinées par des ré- 2.1. La réalisation d’une surface seaux denses et ramifiés, mais mal organisés, d’érosion fondamentale désorganisés ou réorganisés, ce qui conduit à Les éléments de surfaces qui s’étendent sur s’interroger sur le rôle respectif de la tectosta- le substratum (socle) se rapportent à une sur- tique et de la tectodynamique sur le tracé de face d’érosion (ou surface d’aplanissement), ces réseaux, sur les conditions et sur les étapes parce qu’ils dérivent d’un même plan topo- de leur encaissement. graphique qui recoupe, indistinctement, des Les affleurements et les cartes conduisent roches de natures et d’âges différents, préa- à reconnaître deux ensembles de terrains. Le lablement déformées par plissements et par premier concerne le substratum, c’est-à-dire le failles. Cette interprétation s’appuie, elle aus- socle précambrien et primaire, caractéristique si, sur des faits d’observation et se réfère à une d’un massif ancien et commun au sud du Mas- histoire reconnue. sif armoricain. Il comprend des roches pluto- Les faits d’observation tiennent à la dispo- niques (granites), métamorphiques (schistes) sition des affleurements de roches de socle re- et sédimentaires primaires. En dehors de coupés par les surfaces dans le secteur consi- quelques lentilles et bandes discontinues de déré. Ces affleurements concernent des roches roches basiques, comme les célèbres éclogites essentiellement métamorphiques ou pluto- « du lac de Grand-Lieu », cet ensemble com- niques. Ils composent des bandes étroites et prend des schistes et micaschistes, ainsi que parallèles, parfois symétriques, significatives des gneiss (et « porphyroïdes »), qui appartien- d’une structure plissée. Cette disposition il- nent au vieux fond briovérien métamorphisé lustre chacun des stades d’un cycle orogénique armoricain (éocambrien), qui forme l’essentiel complet : existence d’un substrat de roches ini- du socle du bassin de Grand-Lieu, mais qui tiales, puis création d’une chaîne de montagne affleure essentiellement au sud-ouest du lac. par plissements des roches en question, accom- Il comprend également des granites, intrusifs pagnée de phénomènes de métamorphisme et dans les terrains précédents, mis en place au de granitisation, suivie de l’aplanissement de cours de l’orogenèse hercynienne, qui n’affleu- ces montagnes par érosion et de leur transfor- rent qu’au nord-est, à l’extrémité du massif de mation finale en massif ancien. Clisson. Il intègre enfin quelques affleurements de terrains primaires, notamment houillers, L’histoire est celle du Massif armoricain qui ont exercé un rôle épisodique dans l’éco- et relève ici, principalement, du cycle orogé- nomie locale. Il s’avère déjà que les roches en nique hercynien. Les terrains initiaux sont présence sont de résistance peu contrastée et précambriens ou primaires (briovériens ou, que le potentiel lithologique local est défavo- ponctuellement, primaires inférieurs). Les dé- rable à l’érosion différentielle. Le second en- formations, compressions, plissements et ci- semble, discordant sur le premier, comprend saillements, assortis de processus de métamor- des roches sédimentaires tertiaires, de nature phisme (formation des schistes, micaschistes

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et gneiss qui forment l’essentiel du socle ac- 1960 ; Jaeger, 1967 ; Sellier, 1985 ; Vigneresse, tuel) et de plutonisme (intrusion des granites 1988). Il est limité au sud-ouest par le coteau de du massif de Clisson à l’est du bassin) sont la Limouzinière, qui suit une autre faille majeure, propres à l’orogenèse hercynienne, réalisée l’axe Sainte-Pazanne - Les Essarts, de direc- au Primaire supérieur (surtout au Carboni- tion N125°, au contact avec la Zone ouest-ven- fère) et témoignent de la formation de chaînes déenne (Chevalier, 1987). C’est un domaine lar- plissées sous l’effet de mécanismes succes- gement recouvert par des sédiments tertiaires, sifs de subduction et de collision. La surface qui comprend un fond de gneiss, des affleure- d’érosion réalisée aux dépens de ces chaînes ments de roches basiques qui jalonnent une an- plissées à la suite de l’orogenèse hercynienne cienne zone de subduction (amphibolites, éclo- se rapporte évidemment à la surface post-her- gites, serpentinites) et quelques affleurements cynienne, ou pénéplaine de l’ouest de la France, de roches sédimentaires primaires bloquées qui s’étend à la majeure partie du Massif ar- dans un graben au nord-ouest et au sud-est du moricain (Klein, 1975). bassin de Grand-Lieu (schistes cambriens et carbonifères). De ce passé montagneux, primaire, ne de- meure en principe plus rien dans le relief ac- Au nord-est, le Domaine ligérien est ici tuel, sinon, précisément, la disposition subpa- principalement granitique. Il comprend les rallèle des bandes d’affleurements de roches granites de Clisson, contemporains de l’oro- variées qui signalent les racines d’anciens genèse hercynienne et associés à la Zone plis, des lentilles basiques et des intrusions broyée sud-armoricaine, qui s’infléchit vers le granitiques, de même que l’orientation de sud-est. Ces granites correspondent aux pla- l’ensemble de ces affleurements selon une di- teaux de Touffou et du Bignon. Ils sont parcou- rection nord-ouest - sud est, conforme aux dé- rus par une fracture longitudinale, bordée de formations hercyniennes (N120° à N160°), et filons de quartz, correspondant à la faille de une fracturation irréversible du socle, réem- Touffou, qui prolonge le Sillon de Bretagne et ployée lors de tectogenèses ultérieures et de qui s’exprime dans le relief actuel par le coteau l’installation des réseaux hydrographiques. de Touffou. Les granites du Domaine ligérien entrent en contact avec les gneiss du domaine Au delà du passé hercynien qui a initié la de l’Anticlinal de Cornouaille le long de la formation du Massif armoricain, ces héritages vallée de l’Ognon. structuraux demeurent donc fondamentaux, mais diffèrent selon les endroits. Il se trouve Au sud-ouest, la Zone ouest-vendéenne, en effet que l’espace actuellement occupé principalement formée de micaschistes, est par le bassin de Grand-Lieu recoupe trois fracturée par une faille ouest nord-ouest - est des grands ensembles structuraux du Massif sud-est, qui guide le coteau de la Marne, borde armoricain, tous disposés selon la direction la plaine de Machecoul, la baie de Bourgneuf et armoricaine : le Domaine de l’Anticlinal de le pays de Retz jusqu’à la pointe Saint-Gildas. Cornouaille au centre, le Domaine ligérien au nord-est et la Zone ouest-vendéenne au sud- Au total, les reliefs dérivés de la surface ouest (Cogné, 1974). d’érosion considérée semblent influencés par de grandes lignes de failles plus que par des Le Domaine de l’Anticlinal de Cornouaille in- contacts lithologiques, sauf dans les cas où ces téresse l’essentiel de l’espace. Il est limité par la derniers s’avèrent eux-mêmes tectonisés. Plu- vallée de l’Ognon à l’est, axée sur la faille Rous- sieurs phénomènes majeurs, itératifs, simul- selière-Ognon et, par là, sur le grand faisceau de tanés ou alternés, se sont produits au cours fractures « Quessoy-Nort » qui traverse le Massif de l’ère tertiaire, après l’aplanissement des armoricain selon une direction N160° (Durand, montagnes hercyniennes et l’élaboration de

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la surface d’aplanissement post-hercynienne, d’origine lointaine, aux contraintes enregis- réalisée dès la fin du Primaire (Klein, 1975). trées par le vieux socle hercynien sous l’effet de Ces phénomènes, communs à la majeure par- la divergence des plaques européenne et amé- tie du Massif armoricain, sont d’ordres tecto- ricaine (responsable de l’ouverture de l’Atlan- nique, paléoclimatique, sédimentaire et hy- tique à partir du Crétacé moyen et supérieur), drographique. puis sous celui de la convergence des plaques africaine et européenne (qui, plus au sud, en- 2.2. La dislocation de la surface fondamentale gendre les Pyrénées, à partir du Crétacé supé- et la mise en place des reliefs actuels rieur et du Paléogène). Ces contraintes, itéra- Le bassin de Grand-Lieu est effectivement tives, se sont exercées pendant le Tertiaire aux parcouru par des coteaux singuliers (La Mon- dépens d’un socle composé de roches dures, tagne, Touffou, La Limouzinière, La Marne, donc mécaniquement fragiles, déjà densément auxquels s’ajoute le versant ouest de la val- fracturé au cours de l’orogenèse hercynienne. lée de l’Ognon) qui rompent la continuité to- Elles ont réutilisé les fractures préexistantes, pographique de la surface post-hercynienne en dépit de dynamiques différentes. en dépit de dénivelées limitées. Cette situa- Les coteaux présents dans les reliefs actuels tion évoque trois origines possibles, comme peuvent être ainsi rapportés à des escarpe- dans tous les massifs anciens. Les effets d’une ments de failles qui suivent des fractures re- érosion différentielle sont invraisemblables connues ou qui recoupent les affleurements. parce que les roches concernées manquent Ainsi, au nord-est, le coteau de Touffou, à regard de contraste et parce que les contacts litholo- ouest, suit la Zone broyée sud-armoricaine et giques suivis par plusieurs coteaux s’alignent prolonge le Sillon de Bretagne, en dénivelant en même temps sur des failles, d’origine her- d’une quarantaine de mètres les plateaux de cynienne. L’existence de plusieurs paliers Touffou et du Bignon ; à ce titre, le plateau de d’aplanissement emboîtés, séparés par des co- Touffou, correspond à un demi-horst et le co- teaux intermédiaires est indémontrable parce teau de Touffou peut être considéré comme la que les éléments de surfaces identifiés ne pré- limite orientale du bassin de Grand-Lieu. Tou- sentent pas de continuité altitudinale et parce jours à l’est, la vallée de l’Ognon, correspond que plusieurs d’entre eux (les revers) ne sont à une vallée de ligne de faille de direction plus horizontaux. Le relief actuel suggère au N160°, à regard est. Au sud du lac, les reliefs contraire une dislocation de la surface post- axés sur la faille majeure Sainte-Pazanne - Les hercynienne, génératrice de blocs soulevés (les Essarts appartiennent à un accident morpho- plateaux), basculés (les revers) ou effondrés (la tectonique complexe. Le coteau de la Limouzi- cuvette de Grand-Lieu et les plateformes). nière, à regard sud-est, en constitue le segment Les coteaux singuliers qui limitent ces re- principal et fournit un autre des points culmi- liefs et qui jalonnent, de fait, les bordures du nants des bordures du bassin de Grand-Lieu bassin de Grand-Lieu, s’alignent en effet sur (plus de 50 m). Il s’amortit vers l’ouest, en se des accidents tectoniques majeurs qui se pro- prolongeant vers le seuil de Sainte-Pazanne et longent à travers le sud ou le centre du Massif le bassin d’Arthon, mais se poursuit vers le armoricain (Sillon de Bretagne, axe Quessoy- sud-est par le coteau de Corcoué, en fournissant Nort, axe Sainte-Pazanne - Les Essarts,...). un cas exemplaire d’escarpement de faille à Les effets morphologiques de dislocations inversion de regard. Au sud-ouest, le coteau post-orogéniques à partir de tels accidents de la Marne, parallèle à celui de la Limouzinière sont reconnus depuis longtemps dans le sud et de même regard, donc associé à un même du Massif armoricain (Guilcher, 1948). Leurs escalier de failles, domine la partie la plus in- causes tiennent aux mouvements de plaques terne de la baie de Bourgneuf ; il constitue la

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limite méridionale du bassin de Grand-Lieu En revanche les affleurements de sédiments ter- et se prolonge par le coteau de Pornic-Bour- tiaires conservés in situ s’y trouvent parmi les gneuf, l’un des plus grands escarpements de plus étendus de Loire-Atlantique. Trois séries failles de Loire-Atlantique. À l’opposé de l’en- de sédiments datés du Tertiaire par leur paléo- semble, le coteau de la Montagne, à regard nord, faune y affleurent : des dépôts éocènes (sables, s’aligne sur les failles qui bordent l’estuaire de grès et calcaires), des dépôts miocènes (calcaires la Loire. faluniens) et des dépôts pliocènes, essentiel- lement rapportés à des « sables rouges ». Ces Le relief du bassin s’organise, finalement, à sédiments sont significatifs des transgressions partir de trois principaux escarpements singu- successives qui ont affecté la région au cours du liers, alignés sur des failles antithétiques qui se Tertiaire en alternance avec des séquences de ré- poursuivent au-delà du bassin de Grand-Lieu gression, pendant lesquelles les terres exposées (coteaux de Touffou, de la Limouzinière et de la aux processus d’érosion mécanique et chimique Montagne). Le relief est essentiellement déter- continuaient de subir l’altération des affleure- miné par des blocs faillés et basculés à partir ments rocheux et de perdre du volume. de ces escarpements de faille (plateaux de Touf- fou et du Bignon, revers de Montbert, de la Limou- Ces sédiments sont inégalement répar- zinière et de Brains). Ces blocs convergent en tis. Les restes de dépôts éocènes sont rares, direction du lac de Grand-Lieu. Le bassin de concentrés à l’ouest du bassin, autour de Grand-Lieu se présente ainsi comme un grand Sainte-Lumine, mais encore présents à l’est, fossé d’angle de faille à la charnière entre re- près de Montbert, jusqu’à 30 m d’altitude ; vers de Montbert, revers de Brains et revers de la ils indiquent déjà que la région se trouvait Limouzinière. Cette charnière prolonge celle qui déprimée dès le début du Tertiaire. Les héri- sépare le revers de Saint-Père-en-Retz et le re- tages connus du Miocène se réduisent à un vers de Pornic-Bourgneuf et qui est occupée par site près de La Marne, à l’extérieur du bassin. le bassin d’Arthon, dans le pays de Retz. Elle Les dépôts considérés comme pliocènes sont passe par le cours inférieur de la Boulogne et beaucoup plus étendus, à l’intérieur et autour le seuil de Sainte-Pazanne. Le compartimentage du bassin, sur la plateforme de Saint-Mars-de- du relief actuel s’avère ainsi principalement Coutais, sur le revers de Brains et surtout sur déterminé par une tectonique de blocs, com- celui de Montbert, mais encore sur le plateau du mune au pays de Retz, au pays Nantais et à la Bignon à plus de 40 m d’altitude (Ters, 1982 ; baie de Bourgneuf, en fait à toute la bordure Chevalier, 1987). Ces sédiments demeurent méridionale du Massif armoricain (Guilcher, peu épais en comparaison des remplissages 1948 ; Gautier, 1963 ; Pinot, 1974 ; Sellier, d’autres bassins, comme ceux de Nort-sur- 1985 ; Thinon, 1999). Dans cet environnement, Erdre ou de Campbon : quelques mètres en le bassin de Grand-Lieu se présente comme général, plus d’une vingtaine de mètres par une « baie tectonique » (Vanney, 2002), créée en endroits d’après les sondages, quelles que arrière d’un barrage structural dû à des blocs soient les altitudes des affleurements. basculés, comme, plus au Nord, les bassins de Campbon, de Nort-sur-Erdre ou de Petit-Mars. Cette disposition des sédiments tertiaires a plusieurs significations. La surface fonda- 2.3. Les héritages sédimentaires tertiaires mentale, post-hercynienne, est évidemment et leurs significations paléogéographiques prépliocène, acyclique, périodiquement per- fectionnée au cours des ères secondaire et Il ne subsiste pas d’autres témoins de tertiaire (Klein, 1975 ; Sellier, 1985). Le bassin transgressions secondaires dans le bassin de de Grand-Lieu s’est trouvé submergé à plu- Grand-Lieu, que des matériaux sénoniens re- sieurs époques du Tertiaire, notamment au maniés dans des dépôts pliocènes (Ters, 1982). Pliocène. La superposition répétée des dépôts

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signale qu’il est resté affaissé pendant tout le actuels (plateaux, revers, plateformes) et Tertiaire, comme les autres centres de subsi- d’une pérennité effective de la subsidence du dence pérenne du sud-est du Massif armori- centre du bassin de Grand-Lieu, occupé par cain. La répartition des dépôts pliocènes, leur le lac. La présence reconnue de dépôts ma- manque d’épaisseur et leurs faciès significatifs rins, notamment redoniens, au fond de plu- de tranches d’eau peu profondes indiquent sieurs vallées est révélatrice de la présence de que l’affaissement de la cuvette de Grand- paléorias, mais n’est pas contradictoire avec Lieu, le basculement des revers intermédiaires l’action de déformations durables du socle, ni et le rehaussement des plateaux périphériques avec la jeunesse des formes. résultent de déformations cassantes réitérées jusqu’à la fin du Tertiaire, après le dépôt des L’encaissement des vallées actuelles par « sables rouges » pliocènes et vraisemblable- l’érosion fluviale demeure proportionnel au ment jusqu’au Quaternaire ancien, comme relief local, partout inférieur à 30 m. Il dé- dans le pays Nantais (Ters, 1982 ; Sellier, 1985 ; termine l’élévation des versants de vallées, Chevalier, 1987). Les tracés épigéniques de plu- qui constituent un second type de versants, sieurs cours d’eau sont de même signification. après les coteaux singuliers, d’origine tecto- nique. Peu élevés, ces versants sont aussi peu 2.4. L’encaissement des réseaux et le inclinés. Les formations superficielles qui s’y ravinement de la surface rapportent en atténuent encore les profils et contribuent ainsi au gommage des formes. Ces Les réseaux hydrographiques associés au formations résultent du remaniement, pen- bassin de Grand-Lieu présentent des tracés dant le Quaternaire, des horizons d’altérites rectilignes, alignés, parallèles ou coudés. Ces produites par les systèmes morphogéniques tracés « articulés », fréquents dans les massifs en action pendant le Secondaire et le Tertiaire, anciens, sont caractéristiques d’influences tec- sinon des sédiments marins tertiaires qui en tostatiques ou tectodynamiques. On distin- proviennent partiellement. Elles comprennent gue, de fait, quatre types de tracés de talwegs. les « limons des plateaux », en partie éoliens, Les premiers sont adaptés à des lignes de faille associés à des ventifacts de grès ladère, des exploitées par l’érosion différentielle (Ognon formations de versants : solifluxions périgla- supérieur). Les deuxièmes sont adaptés à des ciaires (héritées des séquences froides quater- charnières d’angles de faille (Ognon en aval naires) et colluvions (issues du ruissellement de Viais, Boulogne en aval de Saint-Philbert- de-Bouaine). Les suivants s’écoulent sur des subactuel ou actuel), des alluvions, localement revers (ruisseaux « pseudo-cataclinaux », tra- associées à des tourbes, au fond des vallées et cés dans le sens de l’inclinaison du revers de du bassin de Grand-Lieu. Montbert). Les derniers sont épigéniques : ils 3. Patrimonialisation et vulgarisation s’écoulent en sens inverse de l’inclinaison des géomorphologiques revers ou recoupent des plateformes, comme la Logne à Corcoué, le Tenu entre La Marne Devient patrimoine tout ce qui, après acqui- et Saint-Mars-de-Coutais et l’Achenau en aval sition, fait l’objet d’une conservation et d’une de Saint-Léger-les-Vignes. transmission, matérielle ou culturelle. Le relief Une telle relation entre talwegs et interfluves appartient au patrimoine naturel d’un milieu est significative d’une antécédence du tracé des donné au même titre que ses éléments miné- premiers par rapport aux derniers rehausse- raux, floristiques ou faunistiques. Le concept ments des seconds sous l’influence de rejeux tec- de patrimoine géomorphologique peut alors toniques tertiaires ou quaternaires, d’une mise s’appliquer à un objet d’étude scientifique en relief tardive des volumes topographiques (correspondant ici au relief), à un élément du

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milieu naturel à préserver (impliquant des me- La vulgarisation de connaissances géomor- sures de conservation et des aménagements), phologiques fait l’objet de nombreuses opé- à un savoir scientifique à transmettre (impli- rations en France et à l’étranger, à l’initiative quant des moyens pédagogiques). Il concerne d’individus, de collectivités territoriales ou aussi le cadre de vie des habitants d’un lieu d’associations, sans se limiter à des reliefs (fournissant une référence identitaire, indivi- spectaculaires. Elle fait appel à divers moyens duelle ou collective) ou un objet de visite tou- de diffusion d’informations sur le relief au- ristique (justifiant des structures d’accueil). Il près du public, dont la pose de panneaux ex- constitue finalement une ressource (impliquant plicatifs sur le terrain, la publication de docu- une appropriation privée ou publique). Le pa- ments, la conception de parcours commentés, trimoine géomorphologique s’apparente, par l’organisation de visites guidées, qui passent conséquent, à un patrimoine naturel, culturel, par deux démarches initiales, quels que soient social et économique (Sellier, 2009). les moyens de vulgarisation envisagés par L’intérêt biologique et la fragilité écologique la suite : sélectionner les informations scien- du lac de Grand-Lieu ont été maintes fois sou- tifiques à traiter par le texte ou par l’image lignés (Marion et Marion, 1976 ; Dupont, 2003 ; avant de les transmettre au public, choisir des Pierrelée et Lamprier, 2004 ; Boret et Reeber, sites représentatifs des reliefs caractéristiques 2008 ; Guillou et al., 2008 ; Mercier et al., 2013). du domaine considéré et des stations conve- Sa conservation, parmi les zones humides nables pour les observer. proches de l’estuaire de la Loire, se trouve ga- La sélection des informations scientifiques rantie par son inscription aux inventaires du appropriées à une action de vulgarisation patrimoine national (Zones naturelles d’inté- dépend des reliefs considérés, des objectifs rêt écologique faunistique et floristique, ou du vulgarisateur, des catégories de publics ZNIEFF, Zone importante pour la conserva- concernés, des moyens matériels disponibles. tion des oiseaux, ou ZICO), et par de nom- Les documents écrits et illustrés, distribués breuses réglementations ou circonscriptions aux visiteurs, comptent parmi les plus ré- de rangs national (site classé, site inscrit, ter- pandus de ces moyens : simples prospectus, rains du Conservatoire du littoral, réserve na- dépliants, livrets, brochures diverses. Les turelle régionale, réserve naturelle nationale), principes et avantages du dépliant triptyque européen (site Natura 2000) ou international (site RAMSAR), dont Chadenas et al. (2014) ont été exposés précédemment (Sellier, 2010, ont récemment fourni une synthèse. L’en- 2012). Ce type de document, construit sur un semble implique des zonages de protection modèle déjà appliqué au pays de Guérande, superposés qui se limitent généralement aux à la Brière, à l’estuaire de la Loire et au pays abords du lac. de Retz, peut être adapté au bassin de Grand- Lieu, ainsi que l’illustre le document élaboré à La géomorphologie du bassin de Grand- partir du contenu des deux premières parties Lieu ne relève d’aucune mesure particulière, de cet article et présenté en annexe. en dépit de l’extension des espaces urbanisés à partir de l’agglomération nantaise. Sa « pa- La sélection des sites représentatifs des reliefs trimonialisation » éventuelle reposerait donc, caractéristiques du domaine considéré fait appel pour l’instant, sur une transmission de savoirs à la notion de géomorphosites, terme qui béné- scientifiques à propos d’un relief dont les al- ficie d’un large consensus pour désigner des titudes sont sans doute réduites, mais dont sites dont les reliefs justifient des mesures de les caractères géomorphologiques ne sont pas conservation et/ou des actions de diffusion moins dignes de valorisation auprès des habi- de connaissances destinées à un public spé- tants et des visiteurs (Le Coindre, 2003). cialisé ou profane, en raison de leur intérêt

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scientifique ou pédagogique (Grandgirard, plan d’érosion initial, disloqué et disséqué. 1997 ; Panizza, 2001 ; Reynard, 2005 ; Sellier, Dans ces conditions, les composants géomor- 2009 ; Portal, 2010). L’évaluation de tels sites phologiques fondamentaux peuvent se réduire et, finalement, le choix des géomorphosites, au nombre de trois : des surfaces, des ver- peuvent s’appuyer sur plusieurs méthodes sants et des vallées (fig. 3). (Reynard et al., 2009). Celle qui est appliquée Les géomorphotypes identifiables à partir des ici, après l’avoir été ailleurs, relève d’une ana- taxons précédents, s’élèvent à une dizaine. lyse intégrée, c’est-à-dire d’une analyse mul- Les surfaces comprennent une cuvette, des tiscalaire du relief, et d’une sélection déduc- plateformes, des revers et des plateaux, défi- tive des géomorphosites à partir d’une suite nis et localisés en fonction de critères simples, de taxons de valeurs scientifiques et péda- d’ordres topographique (élévation, inclinai- gogiques comparables (Sellier, 2013b, 2015). son) et tectonique (affaissement, basculement, Cette méthode comprend plusieurs étapes : soulèvement). Les versants se répartissent en - la caractérisation des propriétés géomor- deux catégories, en raison de leurs origines : phologiques générales du domaine intéressé les coteaux singuliers (dus à la tectonique) par l’opération de vulgarisation (appelé ici do- et les versants de vallées (dus à la dissection maine d’étude) ; fluviale). Les vallées correspondent à quatre - l’identification de composants géomor- géomorphotypes en fonction d’influences tec- phologiques fondamentaux à partir d’une sub- tostatiques (vallées de ligne de faille), ou tec- division du « domaine d’étude » en ensembles todynamiques (vallées d’angle de faille, val- de dimensions similaires et de propriétés géo- lées de revers, vallées épigéniques). morphologiques complémentaires ; Ces géomorphotypes impliquent autant de - l’individualisation d’unités géomorpho- géomorphosites et de stations d’observation, logiques élémentaires, ou géomorphotypes, indiqués ici au titre d’exemples. La cuvette à partir des composants fondamentaux, en occupée par le lac de Grand-Lieu demeure fonction de leurs propriétés morphostructu- difficile à considérer dans son ensemble en rales et de leurs relations morphologiques, raison de la médiocrité du relief ; le clocher paléogéographiques ou dynamiques ; de Sainte-Lumine-de-Coutais, à l’extrémité - la sélection de géomorphosites, objets du revers de la Limouzinière en permet une d’observation représentatifs de chaque géo- vue générale. La plateforme de Saint-Mars-de- morphotype, selon des critères scientifiques Coutais, depuis le lieu-dit la Tuilière (27 m), (représentativité, intérêt didactique,...) ; le revers de Montbert, depuis Guénégaud, - la détermination de stations d’observa- et le plateau de Touffou, depuis les Bauches tion, fournissant un point de vue sur chaque (58 m), constituent des géomorphosites si- géomorphosite, selon des critères touristiques gnificatifs des trois autres géomorphotypes (accessibilité, lisibilité,...) ; ces stations devien- relatifs aux surfaces. Le coteau de la Limouzi- nent des lieux de transmission de connais- nière vu du lieu-dit les Ecobues (au nord du sances sur le relief et peuvent s’intégrer à des Breuil) et les versants encadrant la Boulogne circuits. au Haut-Roquet (à l’ouest de Saint-Philbert- de-Bouaine), sont respectivement représenta- Les propriétés générales du relief du bassin de tifs des coteaux singuliers et des versants de Grand-Lieu viennent d’être présentées. Elles vallées. Les vallées de ligne de faille peuvent se rapportent à celles d’un pays de surfaces être représentées par la vallée de l’Ognon aux comprenant une cuvette et des plateformes Chaises (entre Le Bignon et Montbert), les au centre, des revers encadrants et des reliefs vallées d’angle de faille par la basse vallée périphériques, l’ensemble provenant d’un de la Boulogne à Pont-James (au nord-est de

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Domaine d'étude Bassin de Grand-Lieu

Composants géomorphologiques Surfaces Versants Vallées fondamentaux

Géomorphotypes Cuvette Plateformes Revers Plateaux Coteaux Versants de Vallées de Vallées d'angle Vallons de Vallées (unités géomorphologiques singuliers vallées ligne de faille de faille revers épigéniques élémentaires) (point de (blocs (blocs (blocs (escarpements (cours subsidence) affaissés) basculés) soulevés) de faille) antécédents)

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Géomorphosites Sainte-Lumine- Plateforme Revers Plateau Coteau de la Vallée Vallée de Basse vallée Vallon Basse vallée (lieux observés) de-Coutais de Saint-Mars- de Montbert de Touffou Limouzinière de la Boulogne l'Ognon de la Boulogne de la Guergue de la Logne de-Coutais (51 m) Stations S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 (points d'observation) Clocher La Trulière Guénégaud Les Bauches Les Ecobus Le Haut Roquet Les Chaises Pont James Les Essarts Corcoué (27 m) (58 m)

Reliefs principalement dus à la tectonique Reliefs principalement dus à l'érosion fluviale D. Sellier 2015 Figure 3 : sélection de géomorphosites dans le bassin de Grand-Lieu

Saint-Colombin), les vallons de revers par le vallon de la Guergue aux Essarts (au nord-est du site précédent), les vallées épigéniques par 4 S4 la basse vallée de la Logne à Corcoué (fig. 4). 2 1 Un circuit reliant chacune des dix stations S2 7 S7 d’observation situées entre la plateforme de S1 S9 Saint-Mars-de-Coutais (S2) et les Bauches, 3 S3 5 9 sur le plateau de Touffou (S4), en passant par 8 S8 Sainte-Lumine-de-Coutais (S1), les vallées de S5 S6 6 la Logne et de la Boulogne (S10, 6, 8), le revers S10 de Montbert (S9, 3) et la vallée de l’Ognon 10 N (S7), fournirait un aperçu général des reliefs 0 5 km du bassin de Grand-Lieu. limite de partage géomorphosite S1 station d’observation 1 des eaux NB : les numéros des géomorphosites et des stations d’observation renvoient à la Conclusion figure 3 et le fond topographique est extrait de la figure 2.

Les limites physiographiques du bassin de Figure 4 : localisation des géomorphosites et sta- tions d’observation dans le bassin de Grand-Lieu Grand-Lieu tiennent aux réseaux hydrogra- phiques et aux bassins versants, mais aussi au relief hérité d’une tectonique de blocs. Il Le relief du bassin Grand-Lieu et de ses s’étend jusqu’au sommet du coteau de la Mon- pourtours résulte d’une évolution classique tagne sur le revers de Brains, jusqu’à la ligne de de socle. Il procède de la réalisation d’une partage des eaux entre l’Ognon et la Maine surface d’érosion fondamentale à partir des sur le plateau de Touffou, jusqu’au coteau de la reliefs engendrés par l’orogenèse hercy- Limouzinière et au coteau de Corcoué, jusqu’à la nienne, d’une dislocation de cette surface ligne de partage des eaux entre le Tenu et la sous l’effet d’une tectodynamique indépen- Blanche au seuil de Sainte-Pazanne. dante, puis de sa dissection par des réseaux

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adaptés, ou inadaptés, aux reliefs actuels. Ces la Vendée littorale et la Saintonge, de milieu derniers : surfaces, versants, vallées, dérivent continuellement amphibie. Au-delà de ces héri- des forces antagonistes précitées (tectonique tages, le bassin de Grand-Lieu peut être encore et érosion), exercées aux dépens d’une vaste perçu selon trois perspectives complémentaires surface d’aplanissement. Ils représentent les et trois niveaux d’échelle différents : effets de cet antagonisme à des stades inver- - il appartient d’abord au même type de relief sement proportionnels. Il reste que le bassin que le pays de Retz. Il se présente comme le pro- de Grand-Lieu présente un cortège classique longement du bassin d’Arthon à l’est du seuil de de formes directement ou indirectement liées Sainte-Pazanne. Il comprend une zone subsidente à la tectonique : horst, blocs soulevés, affais- centrale, affaissée entre des blocs basculés, eux- sés ou basculés (en touche de piano), centre mêmes bordés au nord et au sud par des failles de subsidence, escalier de failles, escarpe- antithétiques et recoupés par des cours d’eau ments de faille, vallées de ligne de faille ou épigéniques, comme le pays de Retz. d’angle de faille, vallons de revers et vallées - il s’inscrit en même temps dans le grand antécédentes, offrant un ensemble de sites pé- faisceau des drains de direction sud est-nord dagogiques proches de Nantes, mais aussi un ouest et de profils redressés qui assurent la milieu propice à la vulgarisation et à l’intégra- liaison entre la retombée du môle vendéen tion du relief au patrimoine naturel local. (rehaussé) et l’estuaire de la Loire (effondré) Il convient encore de remarquer, ici comme entre la Sèvre et le Tenu. ailleurs, l’influence persistante des vieilles - il s’intègre, enfin, à une série de dépres- structures, primaires et antécambriennes, dans sions située au sud du Sillon de Bretagne et le relief actuel, à travers le tracé des coteaux sin- du coteau de Touffou, encadrée par des failles guliers, donc des volumes topographiques, et armoricaines (N125°) et recoupée par des des réseaux hydrographiques, donc des vallées. failles diagonales (N160°), qui se poursuit Il convient également de retenir que l’espace vers l’ouest par les marais de Vue, l’estuaire occupé par le bassin de Grand-Lieu est demeu- de la Loire et la Brière et qui pourrait jalonner ré toujours voisin du niveau de la mer depuis le dernier des grands bassins losangiques en le Secondaire, en faisant ainsi figure, avec la pull apart disposés le long de l’axe ligérien de- Basse-Loire, une partie du sud de la Bretagne, puis les limites de la Touraine.

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D. SELLIER, Cartographie :A. DUBOIS-IGARUN, 199

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, c’est-à-dire sans symétrique. L’ensemble entoure entoure L’ensemble sans symétrique. , c’est-à-dire S i de Campbon e n r e o d P disséqués par des vallées et de de et vallées des par disséqués e d

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C f s c Boivr 1 0 plateaux Porni P A Y A SP D E R E T Géomorphologie du bassin de n versant occidental de la vallée de l’Ognon de vallée la de occidental versant e e 5 plateforme zones humide failles , de de , E Baie de Bourgneu coteaux singuliers coteaux La géomorphologie est la La de branche géomorphologie qui la physique géographie Elle s’inscrit dans un quadrilatère d’une dizaine de kilomètres de d’une de dans dizaine Elle un s’inscrit kilomètres quadrilatère Ils vers convergent la cuvette de Grand-Lieu à partir de coteaux Le point culminant du bassin de Grand-Lieu se trouve en de se forêt trouve de du Grand-Lieu bassin Le culminant point St. Brévi 0 St Nazair BRIÈR Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de de l’Université de Régional d’Aménagement et Géographie de Institut Nantes, Laboratoire de Géographie physique, Laboratoire Géolittomer Géolittomer Laboratoire physique, Géographie de Laboratoire Nantes, Introduction Fig. 1 : localisation du bassin de Grand-Lieu traite des reliefs terrestres. La forme de ces reliefs résulte des infl uences uences infl des résulte reliefs ces de forme La terrestres. reliefs des (pro- traite l’érosion de et roches) des déformations et (nature l’eau). de et structure la l’air de de surtout dépendant chimiques et mécaniques de cessus pays le Loire, la de l’estuaire entre s’étend Grand-Lieu de bassin Le de pays un dans Clisson, de plateau le et vendéennes basses marges de les Retz, juxtaposition la de résulte Il m. 60 à inférieures surfaces formes de de 1. L’organisation du relief et du drainage drainage du et relief du L’organisation 1. relief du unités Les 1.1. relief le l’intervalle, Dans m. 1 avoisine lac du l’altitude et m) (58 Touffou ensembles. trois en s’organise Grand-Lieu de lac le par occupée cuvette La à et roseaux à marais des libre, d’eau étendues des comprend Elle côté. prés-marais. des saules, encadrants revers Les Le sa périphérie. vers regardent qui singuliers Le Loire. la de vallée la et cuvette la le par une cuvette occupée par le lac de Grand-Lieu, due à la retenue des eaux eaux des retenue la à due Grand-Lieu, de lac le par occupée cuvette une Boulogne. la de et Tenu du l’Ognon, de de de et et se rapportent à des des à rapportent se de la Limouzinière la de , , in situ in 6 du tracé des premiers par rapport au au rapport par premiers des tracé du revers de Montbert de revers , , antécédence du Bignon du et et ). Ces blocs convergent en direction de la cuvette de Grand-Lieu, Grand-Lieu, de cuvette la de direction en convergent blocs Ces ). Les affl eurements de sédiments conservés conservés sédiments de eurements affl Les géomé- tracés des présentent de Grand-Lieu du bassin réseaux Les la des ver- hauteur détermine actuelles des vallées L’encaissement de Institut Nantes, de l’université de émérite professeur SELLIER, Dominique Cette disposition des sédiments tertiaires a plusieurs signifi cations. cations. signifi a plusieurs tertiaires des sédiments disposition Cette teaux de Touffou de teaux Brains bas- du suite la dans faille, de d’angle déter- fossé un ainsi comme présente s’avère se qui relief du compartimentage Le d’Arthon-en-Retz. sin la de partie grande à une commune blocs de tectonique une par miné Loire-Atlantique. triques, triques, communs dans les massifs anciens et d’in- caractéristiques uences On tectoniques. distingue, ici, fl quatre types de tracés. Les uviale faille des de suivent fl par de lignes premiers l’érosion exploitées faille d’angle charnières des à adaptés sont deuxièmes Les (Ognon). coulent suivants Les de Saint-Philbert-de-Bouaine). en s’écoulent aval ils : (Boulogne épigéniques sont plateformes, derniers des Les recoupent (Montbert). ou revers des sur revers des l’inclinaison de inverse sens en uves l’Achenau et Marne La de interfl aval en et Tenu le d’eau cours Corcoué, à Logne la entre comme relation telle Une Saint-Léger. de aval en d’une cative signifi est ter- uence de tectoniques rejeux des sous l’infl seconds rehaussement plateaux, des tardive relief en mise d’une donc récents, plus ou tiaires plateformes. et revers, atté- des cielles Quaternaire, au superfi à 30 formations Les m). remaniement, (inférieure de du vallées sants résultent Elles ls. profi leurs nuent et du Secondaire limons chauds climats les « par les produites d’altérites comprennent horizons Elles marins. sédiments de sinon Tertiaire, du (héritées uxions des solifl éolienne), en partie » (d’origine des plateaux du ruisselle- (issues colluvions des Grand-Lieu). de quaternaires), bassin froides du périodes et des vallées des fond (au alluvions des et ment) 2.3. Les héritages sédimentaires tertiaires sédimentaires héritages Les 2.3. la de dissection la et d’eau cours des L’encaissement 2.4. fondamentale surface Géographie et d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes (IGARUN), (IGARUN), de Nantes de l’Université Régional et d’Aménagement Géographie UMR-CNRS 6554. Géolittomer : Cartographie Laboratoire Simon CHARRIER 2015. octobre (IGARUN), dépôts éocènes (sables, grès, calcaires) et pliocènes (sables). Ils témoi- (sables). et pliocènes calcaires) grès, (sables, éocènes dépôts en survenues avec alternance gnent des tertiaires, de transgressions à l’éro- exposées sont terres les éocènes lesquelles dépôts pendant de de régression restes séquences Les volume. du perdre à continuaient sion à présents ponctuellement encore mais du bassin, à l’ouest concentrés dépri- était la que région déjà indiquent Ils 30 m vers d’altitude. l’est, pliocènes comme considérés dépôts Les Tertiaire. du début le dès mée mais m 40 de d’altitude, plus jusqu’à bassin, le dans étendus très sont épais. peu partout demeurent no- reprises, plusieurs à submergé trouvé s’est Grand-Lieu qu’il de signale bassin Le dépôts des répétée superposition La Pliocène. au tamment de subsidence un centre en en constituant temps, même affaissé s’est af- les que des leur indiquent et dépôts minceur répartition pliocènes, L’actuelle pérenne. profondes, peu d’eaux caractéristiques faciès, leurs basculements et du n plateaux des fi la rehaussements jusqu’à cuvette, la de répétées faissements cassantes déformations de résultent revers des cours des tracés Les ancien. Quaternaire jusqu’au doute sans Tertiaire, cation. signifi même la ont épigéniques d’eau pla- ( coteau de Pornic- de coteau Sainte-Pazanne de seuil prolonge le le prolonge 5 s’amortit vers le le vers s’amortit coteau de la Marne la de coteau . le coteau de la Limouzinière Limouzinière la de coteau le Le relief s’organise fi nalement à partir de plusieurs escarpements à nalement partir de escarpements plusieurs Le fi relief s’organise Les surfaces (plateaux, plateformes, revers) représentent l’élément l’élément représentent revers) plateformes, Les (plateaux, surfaces à à rapporter sont paysage le dans présents surface de éléments Les de et d’emboîtement À différentielle de défaut d’érosion marques de escarpements des à rapportés être peuvent singuliers coteaux Les 2.2. La dislocation de la surface fondamentale et la mise mise la et fondamentale surface la de dislocation La 2.2. Bourgneuf est Il bassin. du au-delà prolongées faille de antithétiques failles escarpements des sur ces de alignés partir à faillés blocs des par déterminé et le bassin d’Arthon ; il se poursuit vers le sud-est par le coteau de Cor- de coteau le par sud-est le vers poursuit se il ; d’Arthon de bassin le inversion à et faille de d’escarpement exemple un fournissant en coué, le sud-ouest, Au regard. 2. La formation du relief du formation La 2. fondamentale d’érosion surface d’une réalisation La 2.1. fondamental du relief, comme de règle dans les massifs anciens. Elles Elles anciens. massifs les dans de règle comme du relief, vallées. fondamental de versants des par et singuliers coteaux des par rompues sont de deux ensembles de ter- reconnaître permettent eurements Les affl micas- schistes, des comprend et primaire précambrien Le socle rains. métamorphisé l’oro- au de fond briovérien lors et qui appartiennent gneiss chistes place en mis granites des aussi comprend Il (éocambrien). deClisson. dumassif à l’extrémité eurent affl qui hercynienne, l’érosion à genèse défavorables sont contrastée, comprend peu résistance de premier, le terrains, sur Ces discordant ensemble, second Le trans- différentielle. des héritées à meubles, souvent rapportées minces, armoricain, sédimentaires, Massif roches des le dans Tertiaire au survenues gressions Pliocène. au surtout et l’Eocène à des en référence d’aplanissement) surface (ou d’érosion surface une Les d’observation faits et à reconnue. une histoire d’observation faits af- Les surfaces. les par recoupées roches des à la disposition tiennent bandes des composent ouplutoniques, her- métamorphiques cycle du eurements, relève fl L’histoire symétriques. parfois parallèles, et étroites métamor- de assorties failles, et plissements déformations, Les cynien. (intrusions et de plutonisme et gneiss) schistes des (formation phisme au Pri- survenue hercynienne à l’orogenèse propres sont granitiques) chaînes des dépens aux réalisée d’érosion La surface supérieur. post- maire surface la à ce De évidemment rapporte se armoricain. Massif hercyniennes du montagnes de partie majeure la à s’étend qui hercynienne, dans rien plus en principe, ne demeure, primaire, montagneux, passé eu- d’affl des bandes la disposition précisément, sinon, actuel, le relief leur puissante plis, d’anciens les racines qui signalent variés rements irréver- fracturation une et armoricaine direction une selon orientation ultérieures, tectoniques de dynamiques lors remployée du socle, sible hydrographiques. réseaux des l’installation de puis dislo- une suggère actuel relief le caractérisés, (plateaux), soulevés d’aplanissement blocs niveaux des par post-hercynienne, surface la de cation de Grand-Lieu). et cuvette (plateformes ou effondrés (revers) basculés dans le sont sud reconnus du Les de Massif dislocations effets telles par la provoquées aux Leurs tiennent contraintes causes armoricain. la conver- par puis et américaine, européenne plaques des divergence Ces n duSecondaire. à la fi et européenne africaine plaques des Tertiaire. gence le pendant s’exercer de continué ont contraintes Bretagne. de Sillon le prolonge Touffou de coteau le nord-est, Au faille. sud, Au en place des reliefs actuels reliefs des place en 

75 Cahiers nantais, 2015-2 80 Hypsométrie Source : BD Alti ® (IGN) St-Père- en-Retz (en m) N Bourgneuf- en-Retz 70 60 50 40 30 20 10 5 0 en-Retz Arthon- 0 7 I H 3 revers de la Limouzinière 2 revers de Montbert 1 revers de Brains Revers Hydrographie 5 9 2 inclinaison des revers vallée d’angle de failles tracé épigénique cours d’eau des eaux locales limite de partage Vue 10 Pazanne 10 km Ste-

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i n e © IGARUN, Université de Nantes hydrauliques accomplis au XIX dulac de Grand-Lieu, sans mêler ses eaux à celui-ci depuis les teformetravaux de Saint-Mars-de-Coutais seuil de Saint-Pazanne 2 m NGF et la seconde est comprise entre 5 000 et1 6800 000 ha. ha. Pendant les hautes eaux hivernales,superfila et comprise NGF et le est entre 500 jusqu’àlac premierm 0,60 du cie s’élève jusqu’à contrôlerPendantpourlac.niveaul’étiage,duniveaule s’abaisse ce l’Achenau,ont entrainé la construction d’une écluse au sud de Bouaye rité des régimes et l’infl uence initiale des marées par l’intermédiaire de un bassin de 840 km Le lac de Grand-Lieu eaux dans les marais de Vue. tiondes inférieur, entre l’Ognon et le coteau de Touffoule ( Les plateaux périphériques l’Ognon (Pont-Saint-Martin) et de la Boulogne (Saint-Philbert).caine). Ces trois revers entrent en contact le Limouzinièrelong des cours inférieurs de limitéestBoulogneilsud-ouestLogneaula ;de et lepar tracé méridien. Il s’écoule ensuite entre Sonle cours moyen s’encaisse dans le Nord en franchissant l’axe inadapté au relief. Il provient de la plus élevé et plus redressé que le versant est. moyenrectiligne, directionde N160°, encaissé entreversant un ouest, ment incliné, comme la Maine et la Sèvre. L’Ognon comprend un cours Les tributaires et l’exutoire relief actuel (épigénie). l’existencedulac. Plusieurs rivières présentent descours inadaptés tudesauexplique l’indécision drainage,du l’inondation cuvette laet de decelle de la Maine, dans le Bas-Bocage vendéen. La faiblesse des alti-celui de la Sèvre. Son principal drain, la Boulogne,pardesfailles prendd’origine sahercynienne source (N125°près N160°), ou estparallèle à munsavecSèvrela avecetMaine.la Sonorientation générale, guidée nier affl uent de rive gauche de la Loire. Il présente plusieurs points com-Un réseau hydrographique mal hiérarchisé 1.2. La disposition du drainage et des vallées contactavec lepays deRetz, l’ouestà du Boulogne à Rocheservière. Vers l’ouest,regard le nord-est. bassin Cede coteau Grand-Lieuest franchi parentre la Logne, en à Corcoué coué et par la delaforêt deMachecoul culmine à 58 m. Au sud, le Mainelade ( teint que 38 m ; le palier supérieur, entre le coteau de Touffou et la vallée coteau de Touffou Il est alimenté par les eaux de la Boulogne et de l’Ognon, qui drainent Exutoire du lac, l’Acheneau franchit le À l’Ouest et à l’écart du lac, le Tenu fournit un exemple de cours d’eau Àl’est, la vallée de l’Ognon borde deux plateaux étagés, séparés par Le La Boulogne et la Logne ont un cours à méandresBoulognecoursLogneLaàunontla encaissés,et forte- Ceréseau s’inscrit l’intérieurà dubassin versant del’Achenau, der- , de,même direction (N125°) etd’altitude similaire (60 m), mais de reversdelaLimouzinière reversSaint-Père-en-Retzde , de regarddirectionsud-ouestdede N125°(dite armori-et, plateauTouffoude , de direction N130° et de regard sud-ouest ; le palier 2 . . La faiblesse des altitudes et des débits, l’irrégula- . Ilest.relayé vers lesud-est parle coteau de Pornic-Bourgneuf coteau de la Limouzinière , ausud,, s’incline vers laconfl uence de la ), s’élève), versles marges vendéennes et . Il rejoint le cours de l’Acheneau à l’aval e siècle. 4 revers de Pornic-Bourneuf plaine de Machecoul et de Brainsde seuil de Port-Saint-Père seuil de Sainte-Pazanne seuildePort-Saint-Pèr , avant,disperser de ses plateau du Bignon , domine la - coteau de la Marne et oblique vers le coteaudeCor- , suivant un coteaula de plateforme à la jonc- et la e,etdu ), n’at- pla- . 

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