ASA FACE A LA MER, PLAGE – SUD

PRESTATIONS D’ETUDES D’ASSISTANCE RELATIVES A LA PROTECTION DU LITTORAL CAROLLES PLAGE – JULLOUVILLE SUD

Phase 2 – Proposition d’un projet de défense contre la mer Février 2020 | v2

16 Boulevard de l’Ecce Homo 49100 Angers Directeur d’affaire : P. PEETERS

Responsable d’affaire : P. PEETERS Email : [email protected] N°affaire : 01646288 T : 02 41 57 05 73 Fichier : 46288_Rapport_phase_2_v1.docx F : 02 41 57 05 97

Etabli Vérifié Version Date Nb pages Observations / Visa par par

1 25/11/2019 LUE PPI 26 Version initiale – Analyse du site – réunion phase 1

2 13/02/2020 LUE PPI 63 Intégration des propositions de solutions

TABLE DES MATIÈRES

1 INTRODUCTION ...... 4

1.1 CONTEXTE ...... 4 1.2 OBJECTIFS ...... 4 2 ANALYSE DU SITE ...... 5

2.1 LOCALISATION DU SITE ...... 5 2.2 CONTEXTE HYDRODYNAMIQUE ...... 7 a. Vent ...... 7 b. Houle ...... 8 c. Niveaux marins ...... 10 d. Courant ...... 12 2.3 CONTEXTE GEOMORPHOLOGIQUE ...... 13 2.4 CONTEXTE HYDROSEDIMENTAIRE ...... 15 2.5 EVOLUTION DU LITTORAL ...... 18 2.6 IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ...... 25 2.7 CONCLUSION ...... 26 3 PROPOSITION D’AMENAGEMENTS ...... 27

3.1 SOLUTION 0 – INACTION ...... 29 3.2 SOLUTION 1 – RECHARGEMENT DU CORDON ...... 30 a. Principes ...... 30 b. Implantation et points singulier ...... 35 c. Mise en place et suivi ...... 36 d. Efficacité et durée de vie ...... 36 e. Coût d’investissement et d’entretien ...... 37 f. Autorisations et démarches réglementaires ...... 37 3.3 SOLUTION 2 – OUVRAGE EN ENROCHEMENT ...... 39 a. Hypothèses de calcul ...... 39 b. Dimensionnement de l’ouvrage ...... 40 c. Implantation, terrassement et points singuliers ...... 41 d. Mise en place et suivi ...... 42 e. Efficacité et durée de vie ...... 42 f. Coût d’investissement ...... 42 g. Autorisations et démarches réglementaires ...... 43 3.4 SOLUTION 3 – PROTECTION DORMANTE ...... 45 a. Principes ...... 45 b. Coût d’investissement et d’entretien ...... 48 c. Autorisations et démarches réglementaires ...... 49 4 ANALYSE MULTICRITERES ...... 51

4.1 SOLUTION 1 – RECHARGEMENT DU CORDON ...... 51 4.2 SOLUTION 2 – OUVRAGE EN ENROCHEMENT ...... 52 4.3 SOLUTION 3 – PROTECTION DORMANTE ...... 52 4.4 SYNTHESE DE L’ANALYSE MULTICRITERE ...... 53 5 SCENARIO D’INTERVENTION RETENU ...... 54 6 ANNEXES ...... 55 7 BIBLIOGRAPHIE ...... 62

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.3/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 1 INTRODUCTION

1.1 CONTEXTE

L’association syndicale autorisée (ASA) « Face à la Mer - Carolles-Plage - Jullouville-Sud » (FMCJ) regroupe des copropriétaires de deux résidences en front de mer à Carolles (50740) et Jullouville (50610). En 2010, à la suite des évènements survenus en Vendée consécutifs de la tempête Xynthia, quelques copropriétaires ont créé une association loi 1901. Elle avait pour objet de développer la réflexion et la promotion de conduites de projets et d’actions dans le cadre de la protection contre la mer, du littoral et des riverains, entre la digue de Carolles-Plage et celle de Jullouville. Elle a porté le projet de demande de création d’une association syndicale autorisé de défense contre la mer. Le Préfet a autorisé la création de l’ASA par arrêté en date du 26 février 2018.

1.2 OBJECTIFS

L’objet de l’étude est de fournir les informations à l’ASA lui permettant d’évaluer les solutions et d’estimer les coûts de réalisation de travaux permettant une défense efficace contre la mer qui devra s’insérer entre deux défenses contre la mer déjà existante. La réalisation de cette étude comprend 3 phases : - Analyse de l’existant ; - Proposition d’un projet de défense contre la mer ; - Assistance au maître d’ouvrage pour l’obtention des autorisations administratives.

Ce rapport présente la deuxième phase de l’étude qui aboutira à la présentation de la solution technique retenue en vue des éléments de contexte et des propositions d’aménagements détaillés dans ce présent rapport. Cette analyse comprend dans un premier temps une analyse des conditions hydrauliques et des facteurs d’érosion marine puis une proposition et étude de scénario d’intervention.

L’objectif de ce document est de : - recenser les phénomènes naturels en jeu afin de comprendre le fonctionnement hydro- sédimentaire de la sous-cellule sédimentaire et la dynamique de l’aléa érosion du trait de côte ; - proposer plusieurs scénarios d’intervention en fournissant des éléments techniques détaillés et les éléments nécessaires à une prise de décision quant au dispositif à adopter : schéma de principe, faisabilité technique, faisabilité réglementaire, coût d’investissement et d’entretien, efficacité et durée de vie, planning ; - motiver le choix de la solution technique retenue, d’en détailler les principaux éléments techniques, délais et de fournir les pièces graphiques descriptives finalisées.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.4/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 2 ANALYSE DU SITE

2.1 LOCALISATION DU SITE

Le site étudié se trouve sur la façade Ouest du Cotentin sur les communes de Carolles et Jullouville. Le littoral de l’ASA est ouvert sur la et se situe à l’entrée de la Baie du Mont Saint-Michel.

Figure 2-1 : Localisation de la zone d'étude

La zone d’étude s’inscrit dans : • Zone de sismicité faible ; • Site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (Biens naturels ou mixte) - site « Mont Saint-Michel et sa baie » référence FR7100005 ; • Zones humides d’importances (site Ramsar) – « Baie du Mont Saint-Michel » référence FR7200009 ; • Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) type II – « Baie du Mont Saint-Michel » n°250006479 ; • Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) type I – « Estran sablo-limoneux » n°25008126; • Zones d’importance pour la conservation des oiseaux (ZICO) – « Baie du Mont Saint-Michel et ile des Landes » référence n° 00054; • Sites NATURA 2000 directives oiseaux et habitats – « Baie du Mont Saint-Michel » référence FR2510048 et FR2500077.

Le domaine public maritime (DPM) est constitué, pour l’essentiel, des terrains historiquement recouverts par la mer mais dont elle s’est retirée, ainsi que ceux encore immergés compris entre le rivage de la mer et la limite des eaux territoriales. La définition du domaine public maritime est codifiée à l’article L. 2111-4 du Code général de la propriété des personnes publiques qui dispose :

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.5/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 « Le domaine public maritime naturel de L'Etat comprend :

1. Le sol et le sous-sol de la mer entre la limite extérieure de la mer territoriale et, côté terre, le rivage de la mer. Le rivage de la mer est constitué par tout ce qu'elle couvre et découvre jusqu'où les plus hautes mers peuvent s'étendre en l'absence de perturbations météorologiques exceptionnelles ; 2. Le sol et le sous-sol des étangs salés en communication directe, naturelle et permanente avec la mer ; 3. Les lais et relais de la mer : a) Qui faisaient partie du domaine privé de l'Etat à la date du 1er décembre 1963, sous réserve des droits des tiers ; b) Constitués à compter du 1er décembre 1963.

Les terrains soustraits artificiellement à l'action du flot demeurent compris dans le domaine public maritime naturel sous réserve des dispositions contraires d'actes de concession translatifs de propriété légalement pris et régulièrement exécutés. »

La limite du DPM n’est actuellement pas définie à Jullouville et Carolles. Une tentative de relevé a été menée lors de la grande marée du 29 septembre 2019, coefficient de 116. La mer était trop agitée pour obtenir un résultat valable. Le niveau d’eau a atteint les microfalaises créées en pied de dune. En première approche la limite du DPM se situera à ce niveau.

Figure 2-2 : Action de la marée du 29/09/2019 au droit des propriété de l’ASA « Face à la Mer - Carolles- Plage - Jullouville-Sud »

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.6/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 2.2 CONTEXTE HYDRODYNAMIQUE

La côte Ouest du Cotentin, comprise entre le cap de Carteret et la baie du Mont Saint- Michel, se situe dans un contexte macro-tidale soumis à de forts courants de marée et exposé à des agitations locales ou en provenance du large. Ce dynamisme hydrodynamique se traduit par des évolutions importantes de son littoral.

a. Vent

Le vent influe notamment dans la génération des houles et des courants, la création de surcotes et de décotes marégraphiques, le transport éolien des sédiments sur l’estran et dans les dunes. Le vent est un facteur d'agitation non négligeable dans le secteur occidental de la baie relativement abritée des houles du large, principalement lors des tempêtes hivernales. Les vents de secteur Nord-Est à Nord-Ouest sont les plus efficaces pour générer une forte agitation dans la baie. La circulation des centres dépressionnaires du nord de l'Atlantique à la mer du Nord génère sur la Baie du Mont-Saint-Michel un régime de vent dominant de secteur sud-ouest à ouest. Des brises côtières se déclenchent du printemps au début de l’automne. Elles renforcent temporairement le vent.

Figure 2-3 : Rose de vent annuel, en mer, par 49°N et 3°5W - Sources : Google et Météo-, 2007

Une station météorologique équipée d’un anémomètre et d’une girouette a été mise en place (2008) à Coudeville. Ces données révèlent la relative rareté des vents de Nord-Est par rapport à la rose précédente, compensée par une bonne représentation des vents de mer, de secteur Nord-Nord-Ouest, Nord-Ouest, Ouest-Sud-Ouest et Sud-Sud-Ouest. Les roses des vents suivantes sont extraites de l’analyse de 3 ans et demi de données.

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Figure 2-4 : Roses des vents annuels (à gauche) et estivaux (à droite) pour la station de Coudeville – Source : Profil de vulnérabilité SMBCG, AESN/IFREMER/ARS/CG50, 2012, données METEO France

b. Houle

On distingue généralement deux types de houles que sont les houles du large (ou swell en anglais) créées par des dépressions à plusieurs milliers de kilomètres de la côte avec des périodes longues et qui se propagent ensuite sous forme d’onde, et le clapot ou mer de vent aux périodes plus courtes généré par le vent localement. La connaissance de la climatologie de houle de la zone côtière est essentielle pour mettre en évidence les possibilités d’action des vagues (mise en suspension, transport du matériau sédimentaire) et analyser leur impact sur le trait de côte (érosion, accumulation). Selon le rapport du SHOM/IFREMER1, les hauteurs « moyennes des vagues les plus élevées s’observent en entrée de Manche en janvier (3,2 à 3,4 mètres) et en juillet (1 à 1,20 mètre). La direction privilégiée de la houle est l’ouest avec des hauteurs moyennes de 0,50 à 1,25 mètre, les hauteurs moyennes de houle augmentent en allant vers l’océan Atlantique. L’hiver de grandes houles d’ouest venues de l’Atlantique dépassent fréquemment les 3 mètres. » A l’approche des côtes, l’agitation est fortement amortie, malgré la force du vent, par la diffraction sur les bancs et les hauts-fonds et par la protection des côtes du Cotentin à l’Est et des îles Anglo-Normandes au Nord et Nord-Ouest, et des côtes bretonnes à l’Ouest. Avec leurs orientations Nord-Sud, les plages de Jullouville et Carolles sont exposées aux houles dominantes de direction Ouest-Nord-Ouest provenant de l’Atlantique.

1 Rapport SHOM/IFREMER, Climatologie Manche-Mer du Nord, Juin 2012

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Figure 2-5: Plan des vagues de secteur Ouest en baie du Mont Saint-Michel - source : Bonnot, 2012

La base de données HOMERE construite par l’IFREMER fournit les caractéristiques de houle sur la période 1994- 2016, à proximité de la zone d’étude en eau profonde, au point DW4 (localisation en Erreur ! Source du renvoi introuvable.). L’analyse statistique des houles en ce point aboutit aux résultats suivants :

Figure 2-6 : Nuage de point « Hauteur significative - Direction moyenne » et rose des hauteurs significatives des houles au point DW4

On constate grâce à cette rose des houles que la provenance majoritaire des houles est comprise entre N270° et N315°, avec plus de 60% des houles avec une provenance de N292,5°.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.9/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 La distribution des périodes de pic montre deux tendances : • Des houles de période de pic inférieure à 6 s générées par les vents locaux ; • Des houles longues de période de pic comprise entre 10 et 15s. A marée basse, les houles ne peuvent accéder jusqu’à la zone d’étude sous l’impact des forts coefficients de marée. Lors des plus hautes marées, les houles résiduelles à l’approche des côtes peuvent avoir un impact sur l’érosion du massif dunaire ou la stabilité des ouvrages en enrochements.

c. Niveaux marins

Marée astronomique Les fluctuations du niveau de la mer sont liées aux facteurs astronomiques et climatiques. Elles constituent un élément essentiel de la dynamique littorale car : • elles créent des courants de marée qui peuvent transporter des matériaux de la zone intertidale, notamment lorsque ces variations de hauteur d’eau sont combinées avec d’autres facteurs tels que la houle et le vent ; • elles tendent à amplifier les effets de tempêtes lors des forts coefficients de marée.

La marée prédite est la composante de marée correspond aux prédictions astronomiques. C’est un mouvement oscillatoire du niveau de la mer dû aux effets de l'attraction de la lune et du soleil sur les particules liquides. Dans la Manche, elle est de type semi-diurne (deux marées hautes et basses par 24h). En pénétrant dans la Manche, l'onde de marée est amplifiée vers l'Est et réfléchie par la presqu'île du Cotentin, provoquant un effet de stationnarité qui accroît fortement l'amplitude de la marée. Les hauteurs d'eau associées à la marée sont exprimées en mètres par rapport au zéro hydrographique. Les niveaux calculés au Mont Saint-Michel, Granville et Saint-Malo sont présentés dans le tableau ci-dessous : • le niveau des plus hautes mers astronomiques (PHMA) ; • le niveau des pleines mers de vives-eaux (PMVE) ; • le niveau des pleines mers de mortes-eaux (PMME) ; • le niveau moyen (NM) ; • le niveau des basses mers de mortes-eaux (BMME) ; • le niveau des basses mers de vives-eaux (BMVE) ; • le niveau des plus basses mers astronomiques (PBMA).

Tableau 1 : Niveaux caractéristiques des marées à Granville - source : RAM 2017

Nom PHMA PMVE PMME NM BMME BMVE PBMA Mont Saint -Michel CM 14,86 13,20 7,19 - - - IGN69 8,12 6,46 0,45 - Granville CM 14,26 12,85 9,8 7,1 4,55 1,5 -0,13 IGN69 7,64 6,23 3,18 0,48 -2,07 -5,12 -6,75 Saint- Malo CM 13,59 12,2 9,3 6,78 4,3 1,5 0,01 IGN69 7,301 5,911 3,011 0,491 -1,989 -4,789 -6,279

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.10/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 À Granville, le zéro hydrographique est situé à 6,620 m sous le zéro IGN69 alors qu’au Mont Saint Michel à 6,740 et à Saint Malo à 6,289.

Surcote Le phénomène de surcote est une surélévation du niveau marin par rapport aux prédictions astronomiques. Il peut être d’origine barométrique, lié au passage d’une dépression atmosphérique ou à des vents d’afflux (vents forts se dirigeant vers la côte) voire à la combinaison des deux phénomènes. En milieu côtier, on observe également une surélévation du niveau marin provoquée par la houle déferlante (wave set-up). Cette surélévation dépendra alors des caractéristiques de la houle : hauteur des vagues, période, direction, … Différents travaux ont permis de dresser une carte des surcotes sur le littoral français selon plusieurs périodes de retour (DHI, 2007). Le rapport « Analyse des surcotes extrêmes le long des côtes métropolitaines » de 2013 fournit une analyse statistique des surcotes de pleine mer pour le port de Saint-Malo. Les surcotes de périodes de retour comprises entre 5 et 1000 ans sont estimées avec un intervalle de confiance de 70%.

Tableau 2 : Estimation des surcotes extrêmes au port de Saint-Malo

Les surcotes de pleine-mer maximales observées dans le port de référence le plus proche de Granville, Saint-Malo est de 110 cm le 30/12/2000 (maximum entre 1986 et 2012).

Niveaux marins extrêmes En ce qui concerne les niveaux extrêmes, les travaux2 du SHOM / CETMEF sur les « Statistiques des niveaux marins extrêmes des côtes de France (Manche et Atlantique) » fournissent les courbes des hauteurs d’eau pour les périodes de retour de 10, 20, 50 et 100 ans en Bretagne nord.

2 © 2008 CETMEF/SHOM, réactualisé en 2012

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Figure 2-7 : Carte de niveaux extrêmes de pleines mer (période de retour 100 ans) - © 2012 CETMEF/SHOM

Période de retour

Lieu 10 ans 20 ans 50 ans 100 ans

Saint-Malo 7,27 7,34 7,43 7,49

Jullouville 7,60 7,70 7,80 7,90 Tableau 3 : Niveaux extrêmes de pleine-mer (en m NGF-IGN69) pour différentes périodes de retour

d. Courant

Le principal processus physique à l'origine des courants en Manche est lié à la marée (IFREMER/SHOM, 2012). Contrairement à la houle qui n'affecte les fonds qu'à l'approche de la côte, les courants de marée affectent l'ensemble de la colonne d'eau. Le courant résiduel de marée est beaucoup plus faible que le courant instantané, mais son influence sur le transport à long terme des masses d’eau est déterminante car ce courant est permanent, sa force dépend des cycles vives-eaux / mortes-eaux. L'action du vent en surface, et la houle qu'elle génère représente le second processus d'importance déterminant les courants de surface.

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Figure 2-8 : Circulation moyenne en Manche - Source : Courantologie Manche – Mer du Nord, IFREMER/SHOM, 2012

Dans le golf normand-breton, la circulation des courants résiduels se caractérise par de grandes structures tourbillonnaires autour des iles anglo-normandes et des archipels de Chausey et des Minquiers. Dans ces tourbillons la magnitude des courants est d’environ une dizaine de cm/s alors qu’à proximité des côtes les courants résiduels sont très faibles.

2.3 CONTEXTE GEOMORPHOLOGIQUE

D'un point de vue géologique, les communes de Jullouville et Carolles-Plage appartiennent au massif armoricain. Elles sont principalement constituées de plutons granitiques et de roches métamorphiques. La notice de la carte géologique (BRGM, 1999) de la Baie du Mont Saint-Michel mentionne que l’amplitude exceptionnelle des marées de vive eau (14 mètres, exceptionnellement 15 mètres) explique l’extension spectaculaire de l’estran. La montée du niveau marin a entrainé une transgression et la migration des sédiments des fonds vers la baie du Mont Saint-Michel. Le processus de colmatage naturel de la baie a débuté il y a 8000 ans, et se poursuit encore aujourd’hui.

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Figure 2-9 Distribution des sédiments superficiels dans la partie méridionale du golfe Normand-Breton (L’HOMER et Al, 1999)

Entre Granville et Jullouville, le secteur est constitué de longues plages avec de nombreux ouvrages longitudinaux. Le trait de côte est de nature d’accumulation sableuses ou sablo- limoneuses. Aucun cours d’eau n’aboutit au littoral en dehors du ruisseau du Crapeux, à la limite avec Carolles, le drainage des eaux continentales au-delà de la mare de Bouillon étant assuré par le Thar qui se jette dans la mer au Nord de Jullouville.

La plage de Jullouville s’étend sur environ 8 km entre le cap rocheux de Granville et le massif de Carolles. Les falaises rocheuses de Champeaux culmine à +90m IGN69. La largeur de l’estran se réduit progressivement du Nord au Sud. Il se compose de sable fin à moyen puis dans les chenaux de marée de sables plus grossier voir de graviers en s’éloignant des côtes. Le tri progressif des sédiments depuis les galets à l’entrée de la baie jusqu’aux tangues argileuses des parties internes des schorres traduit une réduction progressive de l’énergie de transport des sédiments par les eaux marines lors du flot, et localement par les houles.

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Figure 2-10 : Profil topographique de la plage de Jullouville - source : IFREMER

La plage de Jullouville se décompose en trois parties (IFREMER,1984) : • Le haut de plage : pente d’environ 8% et formé de sable moyen. Atteinte lors de la combinaison d’évènement extrêmes et tempétueux, cette zone est érodable ou peut être soumise à la déflation éolienne. • Le front de plage : pente d’environ 2,5%, formé de sable à granulométrie croissante en s’éloignant du haut de plage. Il s’agit de la zone soumise en permanence à l’action des houles. C’est dans le front de plage que se produit les migrations sédimentaires les plus importantes avec une alternance d’engraissement par beau temps et de transport vers le large par suspension en période de tempête. • La terrasse de basse mer : pente d’environ 1% et granulométrie décroissante vers le large jusqu’à la limite d’action des houles.

2.4 CONTEXTE HYDROSEDIMENTAIRE

Les houles constituent un agent primordial de la dynamique côtière et la présence des îles Anglo-Normandes a tendance à « abriter » certaines portions du littoral. Les houles, par l'énergie qu'elles dissipent à l'approche des côtes, sont responsables des processus de transit sédimentaire. Elles provoquent dans la zone de déferlement des courants parallèles à la côte dont l’intensité dépend de leur obliquité vis à vis de l’orientation du rivage. Elles sont à l’origine des évolutions des profils de plage et des fonds pouvant entraîner l’érosion du littoral. Le site de Jullouville se situe sur la façade ouest du cotentin, dans un système sédimentaire complexe, compris entre la pointe du roc à Granville et la baie du Mont Saint Michel. Elle se caractérise par un transit sédimentaire résultant provenant de la sous-cellule

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.15/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 sédimentaire de Dragey, située au Sud du massif de Carolles, et se dirigeant du Sud vers le Nord. Le roc de Granville, au Nord, constitue un obstacle infranchissable au sédiments sableux de l’estran compte tenu de son avancée vers le large, la bathymétrie locale et la discontinuité du stock sédimentaire (LEVOY, 1994). Les falaises de Champeaux du massif de Carolles de par leur constitution rocheuse n’apportent que très peu de sédiment. Une carte des principaux phénomènes hydrodynamique et sédimentaire est présentée en Erreur ! Source du renvoi introuvable..

Jullouville Carolles

Figure 2-11 : Cellules hydro-sédimentaires du département de la Manche (source : ROLNP, 2012, in Stratégie de gestion intégré du DPM dans la Manche, DDTM 50, 2014)

Dans le cadre de l’Etude Globale de Défense Contre la Mer, Levoy et al. (1994) ont permis de préciser les caractéristiques du transit sédimentaire littoral de l’ouest du Cotentin et la contribution des agents dynamiques dans le transport des sables d’estran. Il en ressort que : • La houle est l’agent essentiel du transport sédimentaire ; • L’agitation du plan d’eau peut en effet entraîner des mouvements sédimentaires significatifs à partir d’une profondeur égale à 2 ou 2,5 fois la hauteur significative annuelle ; • La profondeur limite d’action des houles est de l’ordre de -1,0 à -2,0 mCM, pouvant atteindre -3,0 à -4,0 mCM en condition extrême ;

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.16/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 • L’action des courants de marée est surtout efficace au large et s’atténue à l’approche des côtes ; • Les mesures réalisées ont mis en évidence la complexité des transports sédimentaires, en relation avec la présence des nombreux îlots et hauts-fonds sur l’avant-côte.

Figure 2-12 : synthèse du fonctionnement hydro-sédimentaire de la sous-cellule de Jullouville

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.17/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 2.5 EVOLUTION DU LITTORAL

L’évolution du trait de côte est le déplacement de la limite entre le domaine marin et le domaine continental. Ce déplacement peut se faire vers l’intérieur des terres (érosion) ou vers la mer (accrétion). Ces déplacements sont la conséquence d’une perte ou d’un gain de matériaux sous l’effet de l’érosion marine et du transit sédimentaire, combinée parfois à des actions anthropiques. Par exemple, l’occupation des dunes par des aménagement du front de mer réduit la largeur de l’estran, diminue le pouvoir de dissipation de l’énergie des houles et modifie la physionomie de la plage. L’analyse d’images aériennes anciennes permet une étude diachronique du littoral depuis 1947. Les photos les plus anciennes montrent un territoire très peu anthropisé : la zone d’étude est encore vierge de construction et couverte de végétation. La route des dunes existe déjà. Petit à petit, le littoral s’urbanise, la zone d’étude restera non-construite jusqu’au début des années 1990. La résidence de la plage est construite au début des années 90 puis quelques années plus tard celles de la Mer à Carolles.

Figure 2-13 : Construction des résidences et état de la dune - source : JP-David ASA Edenville

A la suite de la construction des résidences, en 1988 une tempête avait provoqué la quasi- disparition du cordon dunaire déjà très affaibli au droit de la résidence de la Plage : des falaises d’érosion se situaient à la limite des jardins et une partie des bordures se trouvaient dans le vide (photo ci-dessous).

Figure 2-14 : Réduction du cordon dunaire et falaise d’érosion au droit de la résidence de la Plage suite à une tempête – source : JP David ASA Edenville

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.18/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 La qualité des images et leurs géoréférencement ne permet pas de quantifier avec précision mais de donner une tendance sur le long terme de l’évolution du trait de côte sur le site d’étude.

Figure 2-15 : Evolution du littoral de l'ASA – source : IGN photo aérienne 1947 et 1992, orthophoto 2015

L’étude des positions relatives du trait de côte montre ainsi que la position du pied de dune est très variable d’une année à l’autre, en raison de l’alternance de phases d'érosion et d'engraissement lié aux conditions hydrodynamiques. Sur le long terme la position du pied de dune est relativement stable. Le tronçon en front de mer de Carolles est plus stable que celui de Jullouville où les enjeux sont les plus proche de la mer. Entre 1947 et 2010, le CEREMA a calculé une avancée comprise entre 0 et 0,5 m/an du trait de côte dans la zone d’étude. Le ROLNP conclue à une stabilité relative sur cette période. L’université de Caen3 à travers son programme de suivi du littoral de la Manche réalisent des mesures régulières de la position du trait de côte et des profils de plage permettant d’estimer avec précision l’évolution du profil de plage et du volume de stock sédimentaire côtier. A l’échelle de la sous-cellule de Jullouville, les résultats de suivi du CREC permettent de conclure que : • Les tronçons naturels présentent un recul net globalement faible voir stable à l’exception des zones sous influences fluviales (flèches sableuses de la Vanlée et du Thar) ; • Les secteurs artificialisés présentent un abaissement de l’estran à partir du pied des ouvrages.

Deux stations de mesure sont situées à proximité de l’ASA : - A proximité du centre de secours de Jullouville : SW98 ; - Au Sud de Carolles : SW99.

3 Centre de Recherches en Environnement Côtier de l’Université de Caen (CREC), https://crec.unicaen.fr/suivi50/

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Figure 2-16 : Localisation des stations de mesure du CREC SW98 et SW99

Les résultats du suivi sont présentés dans le tableau ci-dessous.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.20/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Date SW98 SW99

15-03-1995

X

02-09-2003

05-09-2005

14-09-2007

04-04-2019

Figure 2-17 : Suivi photo des stations de mesure du CREC SW98 et SW99 (Source : CREC Caen)

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.21/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Les résultats du suivi sont synthétisés dans le paragraphe suivant : - SW98 située au droit de la digue communale de Jullouville - Plaisanciers o Le trait de côte y est fixé par un ouvrage longitudinal de protection contre la mer en dalle béton ; o Très peu d’évolution du profil de plage sont constatés depuis 1991 ; o Au pied de l’ouvrage et en haut de plage évolution ponctuelle importante mais compensée ; o Le volume de plage est sensiblement positif depuis 1991 +24,52 m3/ml ; o Malgré des évolutions globalement modérées, ce site doit être surveillé en raison des départs de sable possibles en pied d'ouvrage.

- SW99 située au Sud de la cale d’accès à la plage de Carolles en provenance du chemin des pécheurs o Le trait de côte est fixé par un perré courbé en tête avec dalle de béton ; o Grande stabilité au pied de l'ouvrage en béton sur une quarantaine de mètres ; o Le bilan sédimentaire résiduel est positif sur la période 2009-2019 avec +71,07 m3/ml.

Figure 2-18 : Evolution des profils de plage CREC Caen : gauche - station Nord (SW98) et droite - station Sud (SW99)

D’après les informations du CREC, l’érosion côtière ne constitue pas un enjeu fort au droit des ouvrages de protection de Jullouville et Carolles. Un suivi, en particulier, des pieds des ouvrages est nécessaire afin de surveiller l’apparition de potentiel affouillement. Ces deux stations, situées devant des ouvrages de protection, ne sont cependant pas représentatives du littoral naturel non protégé du rivage de l’ASA mais de tronçon aménagé. Elles témoignent du faible transit sédimentaire à l’échelle de la plage de Jullouville et de la stabilité du volume sédimentaire au pied des ouvrages situés dans la zone d’étude.

L’université de Caen4 a réalisé plusieurs vols au-dessus de la côte Ouest du Cotentin dans le cadre du SNO Dynalit, un service national d’observation de la dynamique du littoral labellisé par le CNRS. Les campagnes de mesures ont eu lieu : 21/09/2009, 22/09/2010, 31/08/2011 ,15/05/2014, et le 20/04/2016. Les mesures sont comparées avec les données lidars acquis par IGN entre le 22/10/2011 et le 19/11/2011, également fournies à une résolution un mètre. Le pied de la dune est en déficit sédimentaire avec une perte de 0 à -0,5 m entre 2009 et 2016. L’érosion est très importante sur la crête de dune côté Jullouville avec une perte de près de 2 mètres alors que l’estran intermédiaire est en réhausse sur la même période.

4 Données LiDAR de l'équipe Circle, M2C (UMR6143) - CNRS - Université de Caen Normandie

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.22/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2

Figure 2-19 : Evolution des fonds (m) au droit de l'ASA : comparaison des levés 2009, 2011, 2014 et 2016

Le stock sédimentaire en amont de la résidence de la Mer est plus sensible aux variations climatiques. La différence entre les plages de part et d’autre du Crapeux est particulièrement visible sur la carte d’évolution des fonds entre 2011 et 2014 : stabilité relative de l’avant plage à Jullouville et érosion à Carolles. L’étude des profils (7) : P-Jullouville, P-Crapeux, P-Carolles (localisés ci-dessus) ; montre la variabilité temporelle du volume sédimentaire de la plage et de la dune et permet d’identifier les zones en érosion. Les enveloppes maximales et minimales des trois séries rendent compte de la variabilité morphologique saisonnière de la zone. A Carolles et Jullouville, une bande d’érosion d’environ 35 m de large s’est formée. Au niveau de l’exutoire du Crapeux sa largeur est plus importants dû à l’accès à la plage (pente plus faible, piétinement, absence de végétation) et est séparé par une zone d’accrétion.

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Tableau 4 : Evolution des profils de plage au droit de la zone d'étude

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.24/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 2.6 IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

L’impact direct du changement climatique se traduit par une élévation du niveau marin estimé entre +60 et + 100 cm d’ici à 2100. Tableau 5 : Hypothèses d'évolution du niveau de la mer lié au changement climatique

L’augmentation du niveau de la mer a pour conséquence un ré-equilibrage du profil de plage avec les nouvelles conditions hydrodynamiques rencontrées. La formule empirique de Brünn (BRGM,2014) permet d’estimer le recul du littoral sur le long terme en fonction de la hausse du niveau de la mer en faisant l’hypothèse que le recul horizontal est directement proportionnel à la hausse du niveau marin suivant la loi suivante : R = S.L/h ; avec : - R le recul horizontal du trait de côte ; - h la hauteur de fermeture, c’est-à-dire la profondeur maximale au deca de laquelle il y a échange de sédiment entre le domaine côtier et le large ; - L la distance entre le pied de dune et h ; - S l’élévation du niveau marin.

Figure 2-20 : Schéma illustrant la loi de Brüun

En considérant une hauteur de fermeture de 12 m et une distance de 90m, le recul dunaire lié à l’élévation eustatique du niveau marin due au changement climatique sera compris entre 4,5 et 7,5m en 2100. Les fondations de la résidence de la plage seront directement menacées, et dans une moindre mesure celle de la résidence de la mer.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.25/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 2.7 CONCLUSION

Le littoral de l’ASA FMCJ se situe à la sortie de la baie du Mont Saint-Michel, dans un contexte macrotidale, et est exposé aux houles dominantes de nord-ouest. A l’échelle de la cellule hydrosédimentaire, la dérive littorale est orientée dans l’axe sud- nord. Elle n’est pas responsable de l’érosion du secteur, elle est quasiment nulle au niveau de la zone d’étude. La position du pied de dune est relativement stable sur le long terme mais très variable d’une année à l’autre, en raison de l’alternance de phases d'érosion et d'engraissement lié aux conditions météorologiques et hydrodynamiques. La succession de plusieurs grosses tempêtes, comme le montre les évènements récents de février 2020, peuvent éroder fortement la dune et menacer les habitations en arrière littorale, particulièrement la résidence de la Plage et dans une moindre mesure celle de la Mer. L’élévation du niveau marin lié au changement climatique accentuera l’aléa.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.26/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 3 PROPOSITION D’AMENAGEMENTS

L’objectif de la mission est la mise en œuvre d’un dispositif de protection contre l’érosion, et non pas un dispositif plus ambitieux de protection contre la submersion marine. Un système de protection contre l’érosion peut être réalisé par l’intermédiaire d’une solution dite « douce », avec par exemple un rechargement de plage, ou par une solution dure avec des structures. Il est également possible de combiner les deux méthodes. L’analyse du fonctionnement du littoral permet d’hors et déjà d’écarter les solutions suivantes :

- Ouvrages transversaux - épis : Positionnés sur l’estran, perpendiculaire au rivage, ils sont généralement constitués d’enrochements, de pierre maçonnée ou en bois. L’ouvrage piège les sédiments transportés par la dérive littoral. Une zone de dépôt se créée en amont de l’ouvrage et vient augmenter le stock sédimentaire. En aval de l’ouvrage, le transit sédimentaire étant interrompu, une zone d’érosion se développe. Ce type d’ouvrage est inadapté à dynamique sédimentaire de la zone d’étude. La dérive littorale est insuffisante pour que le volume de sédiment piégé soit significatif.

Figure 3-1 : Epis en enrochement perpendiculaires à la dune des Garennes en 2011 à Hauteville-sur- mer (50) - source : Lithothèque de Normandie

- Ouvrages en avant de la côte – brise lame : Positionnés parallèlement aux rivages et dans la zone de déferlement ou en avant de celle- ci, ils sont détachés de la côte et assurent la même fonction qu’un ouvrage transversal : piéger les sédiments. Le brise lame crée une zone de perte d’énergie de la houle par absorption et réflexion des houles déferlées en amont du trait de côte. En arrière de la structure une zone abritée apparait, où les sédiments peuvent se déposer et s’accumuler. A terme une jonction sableuse peut se former entre la brise lame et la cote (tombolo). Ce type d’ouvrage est inadapté au dynamique sédimentaire de la zone d’étude : les brises lames nécessitent un important transport transversal, et sont peu adaptés aux contexte macrotidal. A ce jour, aucun brise lame n’a été construit dans le département de la Manche.

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Figure 3-2 : Brise-lame - Valras plage (34) - source : DREAL Occitanie

Plusieurs solutions d’aménagements sont étudiées en accord avec les spécificités du littoral de l’ASA FMCJ et compatible avec les moyens financiers de l’association. Trois solutions techniques sont détaillées, complétées par une solution statu-quo qui permettra notamment de comparer et d’évaluer l’impact des ouvrages par rapport à une situation où rien n’est fait pour lutter contre l’érosion : - Solution 0 – Inaction ; - Solution 1 – Confortement dunaire complété par le maintien du dispositif de ganivelles et reprofilage de la dune éventuel avec leur renouvellement régulier ; - Solution 2 – Enrochement total du linéaire avec un ouvrage similaire au perré de la SCI Tamaris ; - Solution 3 – Noyau « dormant » en enrochement ou en sac géotextile, couplé à une reconstitution de la dune.

Chacune des solutions techniques traitées est présentée à un niveau technique d’étude préliminaire, en fournissant les éléments permettant une prise de décision quant au choix du dispositif de protection à adopter : - Un schéma de principe ; - Sa faisabilité technique ; - Sa faisabilité réglementaire ; - Son coût d’investissement et d’entretien ; - Son efficacité et sa durée de vie ; - Le planning des différentes procédures et autorisations administratives à mettre en œuvre avant la réalisation des travaux.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.28/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 3.1 SOLUTION 0 – INACTION

• Le cordon dunaire actuel est maintenu et libre d’évoluer naturellement, aucune intervention n’est mise en place. Le cordon dunaire évolue de manière naturelle et les impacts anthropiques sont les mêmes. Il s’agit d’un état de référence hypothétique à partir duquel il sera possible d’évaluer les bénéfices/inconvénients des autres scénarios. En cas d’une succession de plusieurs niveaux extrêmes ou événements de tempête, le cordon dunaire pourrait entièrement disparaitre et ne plus assurer son rôle de protection du trait de côte. L’érosion menacerait alors directement la stabilité des fondations des résidences et des riverains, puis potentiellement l’ensemble de l’arrière littorale. L’élévation du niveau marin, et donc l’occurrence de niveaux extrêmes, accélèrera le phénomène d’érosion marine. Un suivi du trait de côte serait nécessaire afin de surveiller l’évolution du phénomène d’érosion marine et l’évolution du stock sédimentaire ; afin de prendre les mesures nécessaires pour préserver les enjeux arrière littoraux (résidences de la mer et de la plage). Il s’agirait essentiellement de communication et de sensibilisation aux risques d’érosion auprès des habitants des deux résidences.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.29/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 3.2 SOLUTION 1 – RECHARGEMENT DU CORDON

• Le dispositif de ganivelles est maintenu et complété par rechargement de la plage et un confortement dunaire avec leur renouvellement régulier. Cette solution propose d’intervenir de façon limitée en accompagnant les processus naturels.

a. Principes

Un rechargement compense de manière artificielle le déficit du budget sédimentaire du littoral en apportant des sédiments exogènes dont la granulométrie est préférablement supérieure ou égale à celle du site. Les sédiments sont transportés par camions et disposés sur la plage par des machines de terrassement Le dépôt de sédiment dans les parties les plus fragiles du cordon, au pied des falaises d’érosion, permet de retrouver le profil d’équilibre de la plage et de rétablir la protection du pied du cordon dunaire vis-à-vis de s houles. En plaçant les matériaux en haut de plage, le profil va naturellement s’ajuster aux conditions hydrodynamiques et tendre vers son état d’équilibre. Le rechargement de sable permet également de rehausser la pente de la plage en prévision de l’élévation du niveau marin du au changement climatique. C’est une technique qui demande une planification et un suivi sur le long terme. Il faut ainsi prendre en compte :

o Le concept de profil d’équilibre et la profondeur d’action limite de la houle ▪ Les caractéristiques des matériaux apportés déterminent la forme du profil de plage, en rapport avec le concept de profil d’équilibre développé par Dean (1990). ▪ Les profils de plages relevés (7) sont considérés à l’équilibre et utilisés pour déterminer le nouveau profil rechargé. ▪ Le sable apporté doit présenter une granulométrie (D16, D50 et D84) légèrement supérieure aux sables superficiels au droit de l’ASA pour minimiser le volume à recharger. Dans le cas d’une granulométrie apportée légèrement supérieur, le profil de plage va tendre vers un profil plus raide que le profil initial et favoriser la création d’une zone de rechargement. De plus, le profil rechargé n’a pas besoin d’atteindre la profondeur de fermeture, profondeur au-delà de laquelle la mobilisation des sédiments est considérée comme nulle. Le profil s’arrête lorsque l’épaisseur rechargée est d’environ 20 cm.

Figure 3-3 : Conditions d'équilibres et volumes de rechargement nécessaires pour obtenir une largeur supplémentaire de plage avec [1] un matériel plus fin et [2] plus grossier que le sédiment naturel (© CETMEF) - source : MEDDE, 2010

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.30/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 o L’estimation du volume de sédiments d’emprunt à mettre en place et la surface de plage concernée ▪ La plage est rechargée sur toute sa longueur, soit 235 m. ▪ Le nouveau profil doit être compris entre le profil amont, de la digue communale de Jullouville, et le profil aval, de la digue de la SCI Tamaris, afin que les sédiments ne soient pas transportés par la faible dérive littorale du Sud vers le Nord. ▪ Le volume effectif est estimé à 9 500 m3 pour une avancée de la crête de dune de 6 mètres, soit une surface au sol de près de 19 500 m² et une largeur de 83 mètres (cf. Tableau 6). ▪ Une majoration de 10 à 20 % du volume estimé est appliquée pour pallier les pertes immédiates de matériaux après travaux.

 Le volume global de rechargement est évalué à 10 400 m3.

Tableau 6 : Rechargement du profil de dune

Avancée : 6 m

Epaisseur de fermeture : 20 cm

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.31/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 o Les caractéristiques des sédiments naturels et d’apport Deux études granulométriques sont nécessaires : au droit de l’ASA et au site d’emprunt. Les sables apportés doivent être de bonne qualité, à faible teneur en débris côtier, non pollués, et le volume disponible dans la zone d’emprunt doit être suffisant pour assurer autant de rechargement que nécessaire.

o Zone d’emprunt Elle doit idéalement être située dans la même cellule sédimentaire, le plus proche possible de la zone d’étude pour minimiser les coûts de transports (plage avoisinantes excédentaires, carrières, dunes, au large), hors des zones protégées (Natura 2000), où les pressions d’usage socio-économiques sont faibles, et présentée une granulométrie similaire à la zone d’apport. La profondeur de l’extraction doit être de 50cm maximum afin de permettre un comblement rapide de l’excavation par mouvement de sable dès la marée suivante (cf. « Fiche 8 – Extraire des sédiments », CEREMA, 2019). Le respect de la profondeur d’extraction et de la distance au trait de côte est primordiale afin de ne pas mettre en danger l’équilibre morphosédimentaire de la zone d’emprunt. Le prélèvement initial correspond à une surface au sol nécessaire de 21 000 m², en considérant la profondeur d’excavation maximale autorisée.

Figure 3-4 : Ressources en matériaux marins de l'Ouest du Cotentin - source : sextant.ifremer.fr, ressources minérales 2005-2009

Des sédiments sont disponibles au large. Les fonds marins de la Manche présentent d’importants stocks de sédiments reposant sur un substrat rocheux. Aucun gisement marin n’est disponible à proximité de Jullouville (Figure 3-4). Au large du massif de Champeaux la ressource présente un potentiel extractif faible, non adapté au rechargement nécessaire.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.32/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Des sédiments sont disponibles sur les littoraux. La sous-cellule de Jullouville étant fortement anthropisée, il y a très peu de site naturel en accrétion disponible. A ce stade, trois sites potentiels d’extraction sont identifiés : o L’estuaire de La Vanlée a été identifié par F. LEVOY (2008) comme « d’un point de vue strictement sédimentaire, […] correspondant le mieux aux besoins des plages en érosion » de la côte Ouest du Cotentin avec les havres de Portbail-sur-Mer, Blainville et Regnéville. Fin 2018, un volume de 12 000 m3 a été prélevé et véhiculé sur 2 km dans le cadre du rechargement du cordon dunaire de Bricqueville-sur-Mer.  Le site de prélèvement de La Vanlée est situé relativement loin du site et dans une cellule sédimentaire différente, à 19 kilomètres du site d’étude. Les coûts de transports des matériaux seront importants. La capacité du gisement est très supérieure au volume nécessaire dans le cadre du rechargement.

 L’estuaire du Thar à Saint-Pair-sur-Mer est situé à 5 kilomètres au Nord et présente une accrétion modérée depuis 1963. Le volume sédimentaire du haut de plage de la pointe du Thar (station SW94, CREC) a augmenté de + 22,74 m3/ml entre septembre 2009 et mai 2019. L’embouchure du Thar est un site d’intérêt écologique et faunistique, notamment pour la migration des oiseaux (cf. tableau ci-dessous). La réglementation y est plus stricte et les volumes sédimentaires extractibles limités.

o La flèche sableuse de Dragey-Ronthon est située à 12 kilomètres au Sud et présente une forte accrétion. Le volume sédimentaire du haut de plage au lieu-dit « La Dune » (station SW106, CREC) a augmenté de + 22,90 m3/ml entre avril 1992 et mai 2019. En janvier 2018, des matériaux ont été prélevé pour conforter la dune au Sud de Saint-Jean-le-Thomas suite à la tempête Eleanor. Figure 3-5 : Localisation des sites d'extraction potentiels identifiés

Ils s’inscrivent dans des zones protégées suivantes :

Estuaire de La Vanlée Estuaire du Thar Dragey-Ronthon

Site classé (UNESCO) - OUI OUI

ZNIEFF I Estuaire de La Vanlée Estuaire du Thar Estran sablo-limoneux

ZNIEFF II Havre de La Vanlée Baie du Mont Saint-Michel Baie du Mont Saint-Michel

RAMSAR - Mont Saint-Michel Mont Saint-Michel

Natura 2000 habitat Littoral Ouest du Cotentin de Bréhal à Baie du Mont Saint-Michel Baie du Mont Saint-Michel Natura 2000 oiseau -

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.33/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Une fois le site identifié, un levé topo-bathymétrique de la futur zone d’emprunt doit être réalisé afin d’évaluer les volumes, granulométriquement compatibles, disponibles. Une campagne de prélèvement et d’analyse granulométrique à plusieurs profondeurs et endroits de la plage sera nécessaire pour s’assurer de la compatibilité des sables. En vue des sites d’extraction identifiés, les travaux d’extraction se feront par moyens terrestre (pelleteuses, camions, bennes de chargement, tracteurs) en fonction des conditions de marées.

- Mesures complémentaires En complément du rechargement des mesures réductrices sont mis en place pour limiter la perte de matériaux apportés. Dans la continuité des actions de la DDTM50 : o des casiers de ganivelles (brise-vent) seront installés au pied du cordon dunaire pour renforcer le volume dunaire par piégeage éolien. Les casiers sont préférablement installés avant l’été afin de retenir le sable éolien et empêcher le piétinement des touristes estivaux. Des pieux en bois de 3 mètres de hauteurs et de diamètre minimal 8cm (en châtaigner, mélèze ou douglas) sont enfoncés suffisamment profondément, de 1,5 à 2m, depuis le sommet du cordon jusqu’au pied de dune, à la limite des eaux des plus forts coefficients de marées, à la cote altimétrique de +7,00 mIGN environ. ;

Figure 3-6 : Ganivelles installées par la DDTM50 au droit de la résidence de la Plage - source : hydratec, 2019

o des oyats seront plantés sur le versant externe pour fixer le sable en place et consolider le rechargement. Les plantations peuvent être effectuées toutes l’année avec une préférence pour la fin de l’automne lorsque l’humidité du sol est importante. o Une clôture légère pourrait être installée pour limiter l’accès la crête, au bord du chemin du littoral. o Une clôture en bas du cordon sablonneux où se reconstruit la dune ne parait pas adaptée. Lors des marées d’équinoxe, elle risquerait d’être emportée par la houle.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.34/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 b. Implantation et points singulier

Le chemin côtier est conservé dans son état actuel, avec un niveau de +10,6 m IGN.

Zone à recharger Surface – 19 500 m² Epaisseur – 20 cm à 2,20 m Largeur – 83 m Volume – 10 400 m3

235 m

Niveau PHMA : 7,64 m IGN

Figure 3-7 : Topographie du cordon dunaire et de la zone à recharger avec un facteur d’échelle de 0,25 pour l’axe vertical – source : RGE Alti 2011

Les accès à la plage, au droit de l’avenue de la Dune et depuis la résidence de la Plage, seront remplacés par des escaliers amovibles posés sur le cordon dunaire. Cette solution, non intrusive, permet d’assurer une continuité de la protection et de limiter l’action érosive des piétinements sur la dune.

Figure 3-8 : Exemple d’escalier d'accès à la plage en bois - source : google image

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.35/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 c. Mise en place et suivi

Les travaux de rechargement devront être réalisés au printemps, au début des phases de répit de l’érosion marine (après la saison de prédilection des tempêtes), afin de disposer d’une longue période d’accrétion et de développement dunaire favorisée par la pose des brises-vent, l’étude du site ayant montré la résilience du cordon dunaire. Dans la Manche, le mois de mars est la plus propice (CEREMA, 2019). Le premier rechargement est généralement très important, les suivants le sont moins. Il faut ainsi prendre en compte : o Les modalités de travaux. ▪ Les faibles hauteurs d’eau ne permettent pas l’apport des sédiments par la mer. Le chemin communal entre les deux résidences pourra être utilisé par des camions pour déposer les matériaux. ▪ Les machines de terrassement pourront emprunter la cale de Jullouville- Plaisanciers pour accéder à l’estran sans détériorer le cordon dunaire. ▪ Une aire de stationnement des engins de chantier sera à définir : hors DPM et à proximité du site. ▪ Des modalités de préventions des pollutions accidentelles et de sécurité du public seront à prendre en compte. o La mise en place d’un dispositif de suivi. ▪ Un suivi topo-bathymétrique de la plage et du cordon dunaire de la zone rechargée et de la zone d’extraction est nécessaire en phase d’exploitation. L’objectifs de ces suivis est de s’assurer de l’efficacité de la technique, de contrôler les volumes extraits et apportés, de quantifier les rechargements futurs (volume) et de surveiller le comportement morphosédimentaires des deux sites : capacité de récupération du site d’emprunt et diminution de l’érosion au droit de l’ASA. Comme recommandé par le CEREMA dans sa note synthétique sur la technique de rechargement de plage rédigée en 2011 pour le projet de confortement de la digue des Alliés (GPMD Dunkerque), le suivi initial s'effectuera par un relevé complet de la plage au droit de l’ASA sur une durée d'une année complète permettant de caractériser la mobilité du sédiment et le régime de la plage. Le suivi devra se poursuivre après les travaux sur une durée de 5 ans avec a minima deux levés annuels minimums, réalisés en fin de période hivernale (fin mars) et de période estivale (fin septembre), et après chaque événement tempétueux significatif. Le relevé complet sera à renouveler tous les 5 ans. ▪ Le suivi de la position du trait de côte et de la topographie de la plage pourra être réalisé par GPS de haute précision, mesures par techniques photogrammétriques sur images acquises par drone ou suivi par photographies fixes géoréférencées. ▪ Un rapport de suivi sera rédigé à la suite de chaque inspection et servira à alimenter un rapport annuel qui sera transmis au pôle « Gestion du littoral » de la DDTM dans le cadre de la gestion d’une gestion intégrée du trait de côte. Ce rapport comprendra a minima : une carte de localisation, les mesures réalisé, le matériel utilisé et une analyse de l’évolution du site depuis le dernier suivi (cf. « Fiche 10 – Mettre en place un dispositif de suivi de plage », CEREMA, 2019).

d. Efficacité et durée de vie

Le rechargement sédimentaire nécessitant un entretien régulier difficile à prévoir à ce stade, le sable ayant tendance à repartir en mer à une vitesse variable dépendant de la

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.36/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 fréquence et intensité des tempêtes, le volume et la fréquence des rechargement seront affinés à partir des premiers résultats de suivi de l’évolution de la plage. En première approche, nous préconiserons un rechargement régulier, tout les 5 ans, de 1000 à 2000 m3 de sable et des interventions exceptionnels de remodelage de la dune à la suite d’événements de tempête majeurs (réensablement ponctuel par retroussage de la plage et végétalisation). Même en présence d’un schéma cohérent de rechargement, il s’agit d’une technique dite « douce » qui traite temporairement le problème d’érosion tant que la gestion est effective et qui est très dépendante des stocks de sable disponible.

e. Coût d’investissement et d’entretien

Rechargement de l’ordre de 5 à 15 € HT/m3 (dans l’attente d’information complémentaire) Mise en place de ganivelle et plantation d’oyat (première estimation) : 8 500 € HT Soit un total compris entre 95 000 € et 212 000 € HT pouvant bénéficier de financement de l’état (fond de concours AFITF – priorité 1 : travaux de protection contre l’érosion - technique souple). Tableau 7 : Solution 1 - Coût d'investissement

P. U (euros Total Libellé du prix u. Qté. H.T.) (euros H.T.)

PRIX GENERAUX - PREPARATION Installation de chantier et transfert de matériel FT 1 20000 20 000.00 €

RECHARGEMENT DE PLAGE Rechargement de la plage m³ 10400 15 156 000.00 €

REMISE EN ETAT DU SITE Mise en place de ganivelles ml 250 22 5 500.00 € Plantation d'Oyats en crête m² 1410 5 7 050.00 €

ALEA ET MAITRISE D'ŒUVRE (12%) 22 626.00 €

MONTANT TOTAL DES TRAVAUX (€ HT) 211 176.00 € TVA 20% 42 235.20 € MONTANT TOTAL TTC 253 411.20 €

f. Autorisations et démarches réglementaires

Les procédures à mettre en œuvre sont les suivantes : - Déclaration ou autorisation au titre de la loi sur l’eau (articles L 214-1 à L214- 6 Code de l’Env.) pour les opérations supérieures à 160 000 € ▪ Le montant des travaux est inférieur à 1 900 000 €, le projet est soumis à déclaration.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.37/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 - Demande d’autorisation de travaux doit être effectuée dans le cadre de l’inscription d’un site au « site classé » au titre de la loi du 2 mai 1930 (articles L.341-1 à L.341-22 et R.341-1 à R.341-31 du code de l’environnement) ▪ Site inscrit dans le périmètre de la Baie du Mont Saint-Michel, une demande d’autorisation doit être remplit. - Etude d’impact (article R122-2 Code de l’Env.) procédure « au cas par cas » ▪ Travaux envisagés concernent un volume de 10 400 m3, le projet est soumis à examen au cas par cas. - Dossier d’évaluation des incidences sur les habitats Natura 2000 est à fournir (articles R414-21 à R414-23 du code de l’environnement) ▪ Projet soumis à dossier d’évaluation Natura 2000. Le chapitre « Incidences sur le site Natura 2000 » est inséré dans l’étude d’impact. - Si le projet est soumis à étude d’impact, une dérogation aux mesures de protection des espèces doit être demandée au préfet du département du lieu de l’opération après avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) (article L411-2 Code de l’Env. ; arrêté du 12 janvier 2016). ▪ Une recherche d’espèces protégées sur les sites de travaux est à engager et si nécessaire un dossier est à constituer. - Classé comme méthode dite « souple » de protection côtière dans le guide de gestion du trait de côte (MEEDDM, 2010), l’opération de rechargement nécessitera une Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT) dont circulation sur le DPM pour la durée des travaux (Article L.2122, CGPPP). ▪ Projet soumis à AOT - Concertation avec les acteurs concernés (riverains, associations,..) pendant toute la durée d’élaboration du projet conformément à l’article R.300-1 du code de l’urbanisme pris pour l’article L.300-1 du code de l’urbanisme, les scénarios projetés répondent à la rubrique n°8 « ouvrages et travaux sur une emprise de plus de 2000 mètres carrés réalisés sur une partie du rivage, de lais ou relais de la mer situées en dehors des ports et au droit d’une partie urbanisée d’une commune ». - Si l’opération fait l’objet d’une étude d'impact, d’une concession au titre du DPM ou si les travaux sont soumis à autorisation au titre de la loi sur l'eau, une procédure d’enquête publique est requise (articles L123-2 et R123-1 Code de l’Env. ; article R2124-7 CGPPP) ▪ Projet non soumis à enquête publique.

Tableau 8 : Procédures réglementaires de la solution de rechargement

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.38/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 N.B. : L’extraction de sédiments marins est soumise, au même titre que les travaux de reprofilage, à déclaration ou autorisation au titre de la loi sur l’eau étant donné l’impact potentiel sur le milieu marin. Une unique demande d’autorisation peut être demandée pour l’ensemble des rechargements nécessaires sur plusieurs années, rechargement initial et complémentaire.

 La durée du processus réglementaire est comprise entre 8 et 12 mois.

3.3 SOLUTION 2 – OUVRAGE EN ENROCHEMENT

• Un perré en enrochement, respectueux du chemin des douaniers, est mis en œuvre et permet la réalisation postérieure d’éléments de protection contre la submersion marine. L’ouvrage sera construit sur un remblai en tout venant d’abattage qui sera terrassé sur l’ensemble du linéaire, soit 235m entre le perré de la SCI Tamaris au sud et la digue communale de Jullouville, et réglé à la pente 3H/2V. L’utilisation de palplanche, comme la digue communale de Jullouville, ne parait pas approprier à la topologie du site d’étude. Cette technique d’ensouillement onéreuse est adaptée aux zones à pente élevée nécessitant une solution d’ancrage particulière et/ou avec des problématiques de nappe affleurante. Ce n’est pas le cas du littoral de l’ASA FMCJ. Il est également à prévoir des travaux de reconstitution de la plage avec le sable local excavé lors du terrassement.

a. Hypothèses de calcul

Des hypothèses sécurisantes sont choisies pour le dimensionnement des enrochements. L’analyse statistique des données de houle au large (cf. b) a permis de déterminer les caractéristiques de la houle centennale : période de pic et hauteur significative. Le niveau de projet correspond au niveau centennal augmenté de +60 cm afin de prendre en compte l’élévation du niveau marin d’ici 2100 liés au changement climatique, soit +8,5 mIGN. Le niveau de sable au pied des enrochements de la SCI Tamaris est de +7,00 mIGN pour une profondeur du pied de l’ouvrage située à +3,26 m IGN69, soit un ensouillement de 3,74 m. Le risque d’affouillement local à court terme existe en cas de tempête significative. Il existe de nombreux paramètres physiques qui régissent ce phénomène complexe : caractéristiques des houles déferlantes, réflexion de l’ouvrage, profondeurs en pied, caractéristiques des sables. Le Coastal Engineering Manual [12] (U.S. Army Corps of Engineers, 2008) fait part de formulations simplifiées, en principe majorantes, applicables au pied de murs verticaux. La profondeur d’affouillement Sm serait estimée par la formulation suivante :

푆 ℎ 푚 = √22.72 + 0.25 (퐻푚0)0 (퐿푃)0

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.39/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 avec :

(퐻푚0)0 ≈ 퐻푆0, hauteur significative équivalente au large ; h : hauteur d’eau au pied de l’ouvrage ;

(퐿푃)0 : longueur d’onde au large correspondant à la période pic TP. Dans notre cas, la profondeur d’affouillement en cas de tempête conjuguée à un niveau marin centennal serait de l’ordre de 2,57m. Nous préconisons donc de réaliser une souille similaire à celle de la SCI TAMARIS afin d’y assoir les fondations de l’enrochement et de pouvoir recouvrir le pied de l’ouvrage avec du sable de la plage et de limiter les risques d’affouillement. Plusieurs hauteurs d’eau de projet sont testées prenant en compte un affouillement supplémentaire de 0, 1, 2 et 3 m par rapport au niveau du haut de plage voisine. Le dimensionnement le plus pénalisant sera conservé afin de rester conservatif.

b. Dimensionnement de l’ouvrage

Le détail des calculs est fourni dans l’Annexe 2 (p. 57). Les résultats pour les différentes parties du talus sont synthétisés dans le tableau ci-après avec leur blocométrie et leur épaisseur de couche. Tableau 9 : Solution 2 - synthèse des caractéristiques des enrochements de la SCI Tamaris et de l’enrochement proposé à la l’ASA FMCJ

GEOMETRIE Talus ASA FMCJ SCI TAMARIS Cote d’arase + 10,26 m IGN + 10,26 m IGN Pente 3 : 2 3 : 2 Cote de pied + 3,26 m IGN + 3,26 m IGN TALUS Blocométrie Nombre de bloc Epaisseur Zones ASA SCI ASA SCI ASA SCI Carapace 1000-3000kg 1000 – 3500 kg 2 2 170cm 2m Sous-couche 60-300kg 150 – 500 mm 2 - 80cm 50cm Filtre granulaire 4-150mm 20 – 120 mm - - 20cm 20cm Toile filtre OUI OUI - - - - Butée de pied OUI OUI Les valeurs sont cohérentes avec l’enrochement voisin, de la SCI TAMARIS. La butée de pied permet de stabiliser les fondations et lutter contre l’affouillement La cote d’arrase n’est pas déterminée par rapport au franchissements acceptable en conditions opérationnelles et en conditions extrêmes comme c’est le cas lors du dimensionnement d’ouvrage de protection contre les submersions ; mais par rapport aux ouvrages déjà existants de part et d’autre du futur enrochement.

 La cote d’arrase est fixée à +10,26 m IGN69.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.40/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2

Figure 3-9 : Géométrie de l'enrochement

Le passage en crête d’ouvrage par le sentier du littoral est conservé. Une longrine béton sera accolée à l’arrière de la tête d’enrochement, au niveau fini de l’allée. Une bordure type P1 sera posée et servira de coffrage à la longrine. L’allée, incluant bordure P1 et longrine béton, sera de la largeur comprise entre les limites cadastrales de propriété et la crête, soit 4 m en moyenne.

c. Implantation, terrassement et points singuliers

L’implantation au sol de l’ouvrage se fera dans la continuité des ouvrages amont et aval pour fixer le trait de côte de façon homogène et ne pas créer de point de faiblesse. Une étape de terrassement sera nécessaire pour aligner l’enrochement avec les ouvrages au Nord et au Sud. Le sable excavé pourra être déposé en avant de l’ouvrage. Des travaux de reconstitution de la plage pourront être à prévoir.  Un volume d’environ 5 500 m3 de sable est à terrasser avant de pouvoir construire la protection en enrochement. Aucune pièce de jonction particulière n’est nécessaire dans le cadre du raccordement avec le perré au Sud, la géométrie et les enrochements existants de la SCI Tamaris étant très similaire. Une attention particulière sera portée au raccordement avec la digue communale de Jullouville qui présente une géométrie et un parement externe différent, pente 2 :1 et plaque de béton. Les enrochements granit actuellement utilisés comme élément de jonction avec le cordon dunaire seront retirés et remplacés par un « matelas amortisseur » le long de la section existante. Il sera constitué de sacs de sables enveloppés d’une toile filtre sur toute la surface des plaques béton en contact avec l’enrochement. La pente de l’extrémité Nord de la digue sera modifiée dans les derniers mètres pour s’adapter au mieux avec celle de la digue de Jullouville. Des levés topographiques seront nécessaires pour s’assurer de la jonction altimétrique et de la largeur du chemin côtier, à l’amont et à l’aval. Les deux accès à la plage, au droit de l’avenue de la Dune et depuis la résidence de la Plage, seront maintenus et remplacés par des escaliers apposés sur la structure en enrochements.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.41/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 d. Mise en place et suivi

Des préconisations générales sont à prendre en compte lors de la construction d’un ouvrage en enrochement : - Prévoir une aire de stockage près du chantier de construction : son aire dépendra de la capacité de production de la carrière, de transport et de construction ; - Des précautions particulières doivent être prise lors du déchargement des camions ; - Les enrochements de la carapace seront imbriqués de façon à avoir un « placement contrôlé » avec des vides suffisants pour augmenter la porosité et dissiper l’énergie de la houle tout en assurant la stabilité de l’ensemble et un aspect esthétique ; - Les moyens enrochements standard et non standard de la sous-couche sont placés en vrac ; - La réalisation des travaux hors eaux impose un suivi des conditions météorologique (vent, houle, surcote, niveaux marin) La construction du talus du perré par voie terrestre est décomposée de la façon suivante : 1. Déblais de fouille et terrassement 2. Stockage du sable excavé 3. Pose de la toile filtre sur le talus 4. Pose de la sous-couche par une pelle hydraulique 5. Pose de la carapace par pelle hydraulique équipées d’un grapin pince à plusieurs dents ou d’un godet ; 6. Réensablèrent du pied de l’ouvrage à la cote minimal du terrain naturel +7,00 m IGN 7. Pose des escaliers 8. Finalisation de la section supérieure comprenant le passage piéton Des mesures de contrôle et de suivi seront mise en place à la suite des travaux. La tenue des enrochements, du talus, le profil et la morphologie de la plage seront régulièrement contrôlés.

e. Efficacité et durée de vie

Sur le critère de dimensionnement retenu, la durée de vie de l’ouvrage est de 50 ans, selon les recommandations de ROSA 2000. Des blocs de qualité inférieure auront tendance à se dégrader plus rapidement sur la durée de vie de l’ouvrage. L’entretien des ouvrages est nécessaire pour prolonger la durée de vie. Il est nécessaire de conduire des : - Inspections fréquentes de l’ouvrage en particulier après des événements de tempête ou de grande marée ; - Surveiller les déplacements d’enrochements ; - Surveiller le niveau en pied afin d’éviter tout affouillement.

f. Coût d’investissement

Ces montants prennent en compte le coût des matériaux et les installations de chantier ainsi qu’un aléa et un coût de maitrise d’œuvre de 12%.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.42/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Tableau 10 : Solution 2 - Coût d'investissement

P.U (euros Total Libellé du prix u. Qté. H.T.) (euros H.T.)

PRIX GENERAUX - PREPARATION Installation de chantier et transfert de matériel FT 1 20000 20 000.00 €

TERRASSEMENT Terrassements en déblai et mise en dépôt provisoire m³ 5500 4 22 000.00 €

Fourniture et mise en œuvre de matériaux complémentaires m³ remblai compacté 2500 8 20 000.00 €

GEOFILTRE Toile filtre m² 2485 5 12 425.00 €

ENROCHEMENT LIBRE Enrochements naturels 1000-3000 kg T 9700 25 242 500.00 € Enrochements naturels 60-300 kg T 4490 17 76 330.00 € Petits enrochements 4-150 mm m³ 640 20 12 800.00 €

RECONSTITUTION DE DUNE Reprise des matériaux pour remblais contre la dune m³ 2000 8 16 000.00 €

ALLE PIETONE ET ACCES A LA PLAGE GNT 0/31.5 compacté sur 20 cm m³ 190 45 8 550.00 € Bordure type P1 m 235 6 1 410.00 € Longrine béton 0,60x0,50 BCS 250 kg/m3 m³ 75 100 7 500.00 €

ALEA ET MAITRISE D'ŒUVRE (12%) 52 741.80 €

MONTANT TOTAL DES TRAVAUX (€ HT) 492 256.80 € TVA 20% 98 451.36 € MONTANT TOTAL TTC 590 708.16 €

Les escaliers d’accès et les jonctions ne sont pas intégrés dans ce premier chiffrage. Les coûts réels varient d’une opération à l’autre. En 2006, l’EID a évaluer qu’en moyenne le coût d’entretien était chaque année de 3 à 5% du prix d’installation et au bout de 20 à 30 l’équivalent du prix d’installation.

g. Autorisations et démarches réglementaires

Les procédures à mettre en œuvre sont les suivantes :

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.43/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Tableau 11 : Procédures réglementaires de la solution en enrochement

- Déclaration ou autorisation au titre de la loi sur l’eau (articles L 214-1 à L214- 6 Code de l’Env.) pour les opérations supérieures à 160 000 € ▪ Le montant des travaux est inférieur à 1 900 000 €, le projet est soumis à déclaration. - Demande d’autorisation de travaux doit être effectuée dans le cadre de l’inscription d’un site au « site classé » au titre de la loi du 2 mai 1930 (articles L.341-1 à L.341-22 et R.341-1 à R.341-31 du code de l’environnement) ▪ Site inscrit dans le périmètre de la Baie du Mont Saint-Michel, une demande d’autorisation doit être remplit. - Etude d’impact (article R122-2 Code de l’Env.) procédure « au cas par cas » ▪ Travaux envisagés concernent une surface de 2120 m², le projet est soumis à examen au cas par cas. - Dossier d’évaluation des incidences sur les habitats Natura 2000 est à fournir (articles R414-21 à R414-23 du code de l’environnement) ▪ Projet soumis à dossier d’évaluation Natura 2000. Le chapitre « Incidences sur le site Natura 2000 » est inséré dans l’étude d’impact. - Si le projet est soumis à étude d’impact, une dérogation aux mesures de protection des espèces doit être demandée au préfet du département du lieu de l’opération après avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) (article L411-2 Code de l’Env. ; arrêté du 12 janvier 2016). ▪ Une recherche d’espèces protégées sur les sites de travaux est à engager et si nécessaire un dossier est à constituer. - Demande de concession d’utilisation du domaine public maritime pendant la durée des travaux (décret n°2004-308 du 29 mars 2004 relatif aux concessions d’utilisation du domaine public maritime en dehors des ports) dans le cadre de la construction d’un ouvrage de fixation du trait de côte ▪ Projet soumis à demande de concession d’utilisation du DPM - Concertation avec les acteurs concernés (riverains, associations,..) pendant toute la durée d’élaboration du projet conformément à l’article R.300-1 du code de l’urbanisme pris pour l’article L.300-1 du code de l’urbanisme, les scénarios projetés répondent à la rubrique n°8 « ouvrages et travaux sur une emprise de plus de 2000 mètres carrés réalisés sur une partie du rivage, de lais ou relais de la mer situées en dehors des ports et au droit d’une partie urbanisée d’une commune ». - Si l’opération fait l’objet d’une étude d'impact, d’une concession au titre du DPM ou si les travaux sont soumis à autorisation au titre de la loi sur l'eau, une

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.44/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 procédure d’enquête publique est requise (articles L123-2 et R123-1 Code de l’Env. ; article R2124-7 CGPPP) ▪ Projet soumis à enquête publique conjointe (concession DPM et Etude d’impact)

 La durée du processus réglementaire est comprise entre 12 à 18 mois.

3.4 SOLUTION 3 – PROTECTION DORMANTE

• Un noyau dur en enrochement ou en sac géotextile, couplé à une reconstitution de la dune est mis en œuvre. Cette solution combine méthode douce et méthode rigide. Cette solution mixte allie les avantages de laisser le trait de côte naturel (esthétique, environnemental) et de le fixer (protection contre l’érosion). Elle assure une défense dormante contre les tempêtes. Deux variantes sont possibles, l’une utilisant une structure de « sac » en géotextile remplit de sable et l’autre un enrochement similaire à celui de la solution 2. L’implantation du noyau dur se fera en retrait de l’alignement des protections voisines afin de déverser en avant de l’ouvrage le volume de sable terrassé qui jouerait le rôle de tampon en cas de recul du trait de côte. Le noyau est positionné dans l’alignement du trait de côte à l’horizon 2100 dont la position a reculé de 4,5 m selon la théorie de Brunn en supposant une augmentation du niveau marin lié au changement climatique de +60 cm.

a. Principes

Solution 3.1 – Noyau en enrochement et rechargement En utilisant des enrochements, les caractéristiques générales de l’ouvrage serait similaire (pente, nombre de couche, blocométrie …) mais n’aura pas de butée de pied. L’ouvrage sera positionné en retrait, en partie sur les terrains privés de l’ASA. Une couche en remblais sera apposée entre le talus du terrain naturel et l’enrochement, séparé par géotextile, afin d’augmenter le volume à excaver et positionner en avant de l’ouvrage. Le noyau sera ensouillé à une côte de +2,60 m IGN et la crête sera situé à +9,60 m IGN. Le chemin côtier sera au même niveau qu’au droit de la SCI Tamaris, à +9,80m.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.45/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2

Figure 3-10 : Schéma de principe - solution 3.1 noyau en enrochement

Le TN étant actuellement compris entre +10,4 et +10,6 m IGN le long des résidences, le chemin actuel sera décaissé et nivelé de façon à obtenir un alignement rectiligne du sentier. L’allée piétonne sera constituée de 20 cm GNT 0/31,5 réglée et compactée, sans revêtement autre. Un muret de soutènement bétonné de 1 mètre de hauteur sera posé à la limite arrière des parcelles Le volume de sable à excaver est plus important que dans la solution 1, il est estimé à 14 500 m3. Il sera stocké à proximité lors de la construction de l’enrochement.

Solution 3.2 – Noyau en géobag et rechargement Une alternative aux enrochements est l’utilisation d’une structure composée d’un assemblage de sac en géotextile remplit de sable.

Figure 3-11 : Utilisation de géobag comme protection contre l’érosion - source : MacBag® www.maccaferri.com

Le sable utilisé peut être issu du volume terrassé, il proviendra préférentiellement d’une autre source pour disposer d’un volume plus grand à déverser en avant du noyau dur. Parmi les ouvrages en géotextiles disponibles, l’utilisation de plusieurs géobag superposés les uns aux autres en forme de pyramide est préférable à la pose d’un unique « tube »

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.46/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 géotextile sur tout le linéaire à protéger. En cas d’endommagement de l’ouvrage, ils seront plus faciles à remplacer.

Figure 3-12 : Schéma de principe – solution 3.2 noyau en sac géotextile avec rechargement du cordon dunaire

Les sacs géotextiles renfermant du sable se composent généralement d'une toile imperméable d'épaisseur millimétrique et d’une enveloppe extérieure en fibre synthétique tissée, ou d’une enveloppe composée d’un géotextile non tissé et d'un filet. Le sac est fabriqué en usine puis l’intérieur de l’enveloppe en géotextile est remplie par une pelle mécanique. Sans exposition à la lumière, leurs durées de vie sont d’au moins cent ans (les UV détériorent leurs propriétés mécaniques). La géométrie et dimension des sac en géotextile est variable selon les constructeurs. L’utilisation de sac5 de 6 m3 permettrait avec 3 sacs/profil de constituer un noyau pyramidal de 3,2 mètres de largeur à la base. Le terrain naturel est excavé afin de pouvoir installer un dispositif anti-affouillement sous les dispositifs en géotextile.  1 600 m3 de sables exogène seront nécessaires pour remplir les 234 sacs qui composeront le noyau.

Le volume de sable à excaver sera inférieur à la solution en enrochement et le volume de sable à recharger sera inférieur à la solution tout rechargement (solution 1). Le sable local sera mis en œuvre à l’avant du noyau pour reconstituer la dune. Les travaux envisagés consistent à : - Décapage du chemin côtier existant - Excaver et terrasser le cordon dunaire actuel sur toute la longueur de l’ASA à une cote de +6,5 mIGN - Fourniture et mise en œuvre d’un tapis anti-affouillement, ancré de part et d’autre par des petits tubes en géosynthétique de ø50, sur une largeur de 7 mètres - Réaliser un noyau avec 3 géobag par profil en retrait des ouvrages voisins suivant la géométrie figurée ci-dessus - Reconstituer la dune avec le sable local issu du terrassement - Création d’une allée longitudinale de 3 m de large à la côte +10,6 m IGN69 - A terme mettre en œuvre de rideaux brise-vent, type ganivelles, et plantation d’oyats sur le cordon dunaire nouvellement reconstitué.

5 Exemple de produit Stabiplage®

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.47/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 b. Coût d’investissement et d’entretien

Ces montants prennent en compte le coût des matériaux et les installations de chantier ainsi qu’un aléa et un coût de maitrise d’œuvre de 12%. Les escaliers d’accès, les jonctions et les méthodes douces supplémentaires (oyats, brise- vent) sont pas intégrés dans ce premier chiffrage.

Tableau 12 : Solution 3.1 - Coût d'investissement

P.U (euros Total Libellé du prix u. Qté. H.T.) (euros H.T.)

PRIX GENERAUX - PREPARATION Installation de chantier et transfert de matériel FT 1 20000 20 000.00 €

TERRASSEMENT Décaissement du chemin côtier existant sur 1 m m³ 1175 10 11 750.00 € Fouille sable et mise en dépôt provisoire m³ 14500 4 58 000.00 € Mise en œuvre tout-venant compacté m³ 2485 5 12 425.00 € GEOFILTRE Toile filtre m² 2485 5 12 425.00 €

ENROCHEMENT LIBRE Enrochements naturels 1000-3000 kg T 9700 25 242 500.00 € Enrochements naturels 60-300 kg T 4490 17 76 330.00 € Petits enrochements 4-150 mm m³ 640 20 12 800.00 €

RECONSTITUTION DE DUNE Reprise des matériaux pour remblais contre la dune m³ 7800 8 62 400.00 €

ALLE PIETONE ET ACCES A LA PLAGE GNT 0/31.5 compacté sur 20 cm m³ 190 45 8 550.00 € Muret soutènement béton préfabriqué hauteur 1,5 m m 215 100 21 500.00 € Bordure type P1 m 235 6 1 410.00 € Longrine béton 0,60x0,50 BCS 250 kg/m3 m³ 75 100 7 500.00 €

ALEA ET MAITRISE D'ŒUVRE (12%) 65 710.80 €

MONTANT TOTAL DES TRAVAUX (€ HT) 613 300.80 € TVA 20% 122 660.16 € MONTANT TOTAL TTC 735 960.96 €

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.48/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Tableau 13 : Solution 3.2 - Coût d'investissement

P.U (euros Total Libellé du prix u. Qté. H.T.) (euros H.T.)

PRIX GENERAUX - PREPARATION Installation de chantier et transfert de matériel FT 1 20000 20 000.00 €

TERRASSEMENT Décaissement du chemin côtier existant sur 1 m m³ 1175 10 11 750.00 € Fouille sable et mise en dépôt provisoire m³ 7600 4 30 400.00 €

GEOFILTRE Fourniture et installation tapis anti-affouillement m² 1645 10 16 450.00 € Tube géosynthétique d'ancrage ø50 ml 470 4 1 880.00 €

GEOCONTENEUR Fourniture et mise en œuvre geocontener m³ 1600 45 72 000.00 € Fourniture et transport de sable exogène m³ 10400 15 156 000.00 € RECONSTITUTION DE DUNE Reprise des matériaux pour remblais contre la dune m³ 6150 8 49 200.00 €

ALLE PIETONE ET ACCES A LA PLAGE GNT 0/31.5 compacté sur 20 cm m³ 190 45 8 550.00 € Muret soutenement béton préfabriqué hauteur 1,5 m m 215 100 21 500.00 € Bordure type P1 m 235 6 1 410.00 €

ALEA ET MAITRISE D'ŒUVRE (12%) 46 696.80 €

MONTANT TOTAL DES TRAVAUX (€ HT) 435 836.80 € TVA 20% 87 167.36 € MONTANT TOTAL TTC 523 004.16 €

Le prix d’apport de sable exogène pour remplir les structures en géotextile varie entre 5 et 15 € en fonction de la localisation de la zone d’extraction. Le montant total des travaux est compris entre 319 357 et 435 837 € HT.

c. Autorisations et démarches réglementaires

Les procédures à mettre en œuvre sont les suivantes : - Déclaration ou autorisation au titre de la loi sur l’eau (articles L 214-1 à L214- 6 Code de l’Env.) pour les opérations supérieures à 160 000 € ▪ Le montant des travaux est inférieur à 1 900 000 €, le projet est soumis à déclaration.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.49/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 - Demande d’autorisation de travaux doit être effectuée dans le cadre de l’inscription d’un site au « site classé » au titre de la loi du 2 mai 1930 (articles L.341-1 à L.341-22 et R.341-1 à R.341-31 du code de l’environnement) ▪ Site inscrit dans le périmètre de la Baie du Mont Saint-Michel, une demande d’autorisation doit être remplit. - Etude d’impact (article R122-2 Code de l’Env.) procédure « au cas par cas » ou à étude d’impact ▪ Le projet est soumis à examen au cas par cas. - Dossier d’évaluation des incidences sur les habitats Natura 2000 est à fournir (articles R414-21 à R414-23 du code de l’environnement) ▪ Projet soumis à dossier d’évaluation Natura 2000. Le chapitre « Incidences sur le site Natura 2000 » est inséré dans l’étude d’impact. - Si le projet est soumis à étude d’impact, une dérogation aux mesures de protection des espèces doit être demandée au préfet du département du lieu de l’opération après avis du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) (article L411-2 Code de l’Env. ; arrêté du 12 janvier 2016). ▪ Une recherche d’espèces protégées sur les sites de travaux est à engager et si nécessaire un dossier est à constituer. - Assimilé à un ouvrage « rigide » dans le guide de gestion du trait de côte [3] (MEEDDM, 2010), il est classé comme méthode dite « légère » de défense côtière par l’état et nécessitera une Autorisation d’Occupation Temporaire (AOT) dont circulation sur le DPM pour la durée des travaux (Article L.2122, CGPPP). ▪ Projet soumis à AOT - Concertation avec les acteurs concernés (riverains, associations,..) pendant toute la durée d’élaboration du projet conformément à l’article R.300-1 du code de l’urbanisme pris pour l’article L.300-1 du code de l’urbanisme, les scénarios projetés répondent à la rubrique n°8 « ouvrages et travaux sur une emprise de plus de 2000 mètres carrés réalisés sur une partie du rivage, de lais ou relais de la mer situées en dehors des ports et au droit d’une partie urbanisée d’une commune ». - Si l’opération fait l’objet d’une étude d'impact, d’une concession au titre du DPM ou si les travaux sont soumis à autorisation au titre de la loi sur l'eau, une procédure d’enquête publique est requise (articles L123-2 et R123-1 Code de l’Env. ; article R2124-7 CGPPP) ▪ Le projet n’est pas soumis à enquête publique. Tableau 14 : Procédures réglementaires de la solution mixte

 La durée du processus réglementaire est comprise entre 8 à 12 mois.

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.50/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 4 ANALYSE MULTICRITERES

Le choix de la solution retenue est justifié à l’aide d’une analyse multicritère portant notamment sur : - Les coûts o Estimation des coûts de travaux (ouvrages, rechargement, acquisition de biens...) o Estimation des coûts des entretiens annuels - L’efficacité o Réponse de la solution vis-à-vis de l’aléa érosion marine durant sa vie utile o Accessibilité de la plage - La durée de vie o Robustesse de la solution (durant sa vie utile) o Persistance sans entretien (après durée vie utile) - Les contraintes techniques et réglementaires o Faisabilité technique, o Facilité de mise en œuvre o Compatibilité avec les autres stratégies locales de la bande côtière o Acceptabilité par les riverains o Juridique, - Les enjeux environnementaux et paysagés o Effet des travaux sur l’environnement (qualité de l’eau et du sable, nuisance sonore) o Effets sur les espaces naturels et leurs fonctionnements (dune, plage) o Insertion paysagère de la solution o Respect du trait de côte

4.1 SOLUTION 1 – RECHARGEMENT DU CORDON

AVANTAGES INCONVENIENTS

✓ Solution à court/moyen terme dépendante des stocks de sable disponible ✓ Nécessite une planification à long terme ✓ Extension de la plage : diminution de l’aléa par ✓ Impact possible sur la flore et la faune lors du la création d’une zone tampon devant le trait de déversement des matériaux côte ✓ Les matériaux prélevés doivent être situés ✓ Conservation des usages proche du site de dépôt pour limiter les coûts ✓ Relativement économique (peu d’entretien car ✓ Impact paysager possible si le sable est pas de dérive littorale) différent de celui en place ✓ Impact paysager faible ✓ Transport par camion : endommagement ✓ Non néfaste pour les plages avoisinantes chaussée + nuisances environnementales ✓ Risque d’échec de la technique en cas de tempête immédiatement après le rechargement

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.51/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 4.2 SOLUTION 2 – OUVRAGE EN ENROCHEMENT

AVANTAGES INCONVENIENTS

✓ Nécessité de faire des travaux de terrassement avant mise en œuvre de l’enrochement en milieu de plage ✓ Perte de matériau au pied de l'ouvrage par le phénomène de réflexion de la houle : risque ✓ Continuité du trait de côte d’affouillement ✓ Répond aux attentes des riverains ✓ Risque de perte de matériau au pied de ✓ Fixation immédiate du trait de côte : arrêt de l’ouvrage par le phénomène de réflexion de l’érosion du rivage à l’arrière de l’ouvrage houle ✓ Démantèlement couteux de l’ouvrage ✓ Bloque les échanges sédimentaires entre la dune et la plage ✓ Impact paysager important

4.3 SOLUTION 3 – PROTECTION DORMANTE

Solution 3.1 – Solution mixte noyau enrochement

AVANTAGES INCONVENIENTS

✓ Nécessité de faire des travaux de ✓ Conservation des usages terrassement avant mise en œuvre des ✓ Diminution de l’aléa par la création d’une zone enrochements tampon ✓ Construction sur domaine privé (parcelles ASA ✓ Impact paysager faible FMCJ) ✓ Fixation du trait de côte et zone tampon ✓ Démantèlement couteux de l’ouvrage

Solution 3.2 – Solution mixte noyau Géobag

AVANTAGES INCONVENIENTS

✓ Conservation des usages ✓ Nécessité de faire des travaux de ✓ Diminution de l’aléa par la création d’une zone terrassement avant mise en œuvre des tampon géobag ✓ Impact paysager faible ✓ Construction sur domaine privé (parcelles ASA ✓ Fixation du trait de côte et zone tampon FMCJ) ✓ Facilité de mise en place ✓ Réversibilité limitée ✓ Modularité de l’offre en sacs géotextile ✓ Retour d’expérience limité

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.52/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 4.4 SYNTHESE DE L’ANALYSE MULTICRITERE

SOLUTION 1 SOLUTION 2 SOLUTION 3 Protection dormante Rechargement Ouvrage en enrochement Noyau enrochement Noyau géobag Caractéristiques Peu d’entretien Nécessité de faire Nécessité de faire des travaux de terrassement techniques nécessaire car très des travaux de avant mise en œuvre du noyau. faible dérive littorale. terrassement avant Accès limité au noyau pendant la vie de Efficacité limitée en mise en œuvre de l’ouvrage cas de tempêtes l’enrochement. successives Difficulté à trouver un site d’extraction à proximité Risque de déchirement de l’enveloppe Eléments socio- Conservation des Répond aux Conservation des usages de la plage économiques usages de la plage attentes des Mauvaise intégration paysagère en cas de riverains découvrement

Enjeux Impact possible lors Bloque les Impact possible lors du déversement des environnementaux du déversement des échanges matériaux mais ensuite bénéfique entre la dune matériaux mais sédimentaires entre et la plage ensuite bénéfique la dune et la plage entre la dune et la plage

Réglementation 8 à 12 mois d’instruction de dossier : AOT, Natura 2000, dossier loi sur l’eau, site classé

Coût 95 000 € à 493 000 € HT 613 000 € HT 320 000€ 212 000 € HT à 436 000€ HT

≈ ≈ ≈ ≈ 400 à 900 € HT/ml 2095 € HT/ml 2610 € HT/ml 1360 à 1855 € HT/ml

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.53/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 5 SCENARIO D’INTERVENTION RETENU

La solution technique retenue est motivée par les éléments de contexte précédent et détaille les éléments techniques suivant, au stade APS : - Le type de structure, le choix des matériaux, les contraintes techniques ; - La méthode de conception, la technique de mise en œuvre préconisée ; - Le volume à mettre en place en fonction des accès au site et des impacts associés ; - Les principes de dispositifs de suivi et d'entretien (estimation des coûts associés) ; - Le budget estimatif (chiffrage).

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.54/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 6 ANNEXES

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.55/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2

Annexe 1 : Visite de site

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.56/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Annexe 2 : Note de calcul – Dimensionnement de l’ouvrage en enrochements

NOTE DE CALCUL – DIMENSIONNEMENT ENROCHEMENT SOLUTION 2

CARAPACE

Formules utilisées La carapace est dimensionnée par l’intermédiaire de la formule de Van der Meer décrite dans le Guide Enrochement (CIRIA, CUR et CETMEF, 2009), elle s’exprime comme suit en eau peu profonde (hauteur d’eau ℎ푒푛 푝푖푒푑 ≤ 3퐻푠−푒푛 푝푖푒푑) :

Pour le déferlement plongeant (휉푠−1,0 < 휉푐푟) 0.2 퐻푠 0.18 푆푑 퐻푠 −0.5 = 푐푝푙푃 ( ) ( ) 휉푠−1,0 Δ 퐷푛50 √푁 퐻2%

Pour le déferlement gonflant (휉푠−1,0 ≥ 휉푐푟) 0.2 퐻푠 −0.13 푆푑 퐻푠 푝 = 푐푠푃 ( ) ( ) √cot 훼 휉푠−1,0 Δ 퐷푛50 √푁 퐻2% Avec :

- 푐푝푙 : coefficient plongeant de valeur moyenne = 8.4 en eau peu profonde - 푐푠 : coefficient gonflant de valeur moyenne = 1.3 en eau peu profonde - 퐻2% : hauteur dépassée par 2% des hauteur de vagues incidentes au pied de l’ouvrage - 휉푠−1,0 : paramètre de déferlement calculé à partir de la période énergétique de la houle 푇푚−1,0 :

2 휉푠−1,0 = tan 훼 √(2휋퐻푠)⁄(𝑔푇푚−1,0 )

- 퐒퐝 : niveau de dommage adimensionnel respectant les valeurs suivantes : Tableau 15 : Niveau de dommage Sd - source : Rock Manual

Niveau de dommage Sd Talus Début de dommage Dommage intermédiaire Rupture (cot α) (aucune réparation) (nécessite des réparations) (noyau à nu)

1,5 2 3 – 5 8

Résultats : Le domaine d’application de la formule, « eau peu profonde », est vérifiée La hauteur de houle de projet est nettement supérieure à la hauteur d’eau en pied d’ouvrage (ℎ푒푛 푝푖푒푑 < 3퐻푠−푒푛 푝푖푒푑) avec des profondeurs inférieures à 3 m en pied d’ouvrage et des hauteurs significatives ne dépassant pas 1,5m, le domaine d’application de la formule en eau peu profonde est validé. Les caractéristiques de l’ouvrage sont pris similaires à celle du perré de la SCI Tamaris afin d’assurer une continuité de protection. Les critères du talus pris en compte sont les suivants :

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.57/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 - Pente du talus : 3/2 - Masse volumique de la roche : 2 650kg/m3 ; - Masse volumique de l’eau de mer : 1 025 kg/m3. Les paramètres propres à la formule sont les suivants :

- Niveau de dommage Sd est pris égal à 2 et à 3, correspondant respectivement à début de dommage et à un dommage intermédiaire ; - Paramètre de perméabilité nominale de l’ouvrage pris égal à 0,1, correspondant à une carapace posée sur une sous-couche et une couche filtre.

 Des enrochements de blocométrie standard 1000-3000 kg (EN 13383) sont préconisés pour éviter les dommages sur la carapace.

SOUS-COUCHE - Critère de rétention Les matériaux fins de la sous-couche ne doivent pas pénétrer la carapace. Le rapport entre le diamètre D15(c) des petits grains de la carapace et le diamètre D85(u) des gros grains du filtre doit être tel que (formule de Terzaghi) : 퐷 15푐 < 5 퐷85푢 Les indices « u » et « c » indiquent respectivement la sous-couche (plus fine) et la carapace (plus grossière). - Critère de perméabilité Un critère de perméabilité doit être respecté pour que la résistance à l’écoulement soit suffisamment réduite pour empêcher la formation de pressions interstitielles à l’origine de l’instabilité de l’ouvrage. Dans le cas de matériaux respectant la norme EN 13383, Le guide enrochement propose le critère suivant pour le respect de la perméabilité :

퐷15 푢 < 1 퐷15푐 - Critère de rétention interne des matériaux granulaires Le critère de Pilarczyk (1998) doit être respecté pour s’assurer que les petits grains d’une couche de matériaux ne doivent pas pouvoir migrer à travers les vides de cette même couche, on dit que la couche doit être géométriquement fermée : 퐷 60 < 10 퐷10 Ce qui est le cas pour des granulométries standards respectant la norme EN 13383. - Critère de masse Les couches intermédiaires doivent respecter la règle du SPM (CREC, 1984). Le rapport entre la masse M50c des enrochements de la couche supérieur et la masse M50u de la couche inférieure doit être tel que : 1 푀 1 < 50푢 < 15 푀50푐 10

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.58/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2  La blocométrie standard 60-300kg (norme EN 13383) respecte tous les critères mentionnés ci-avant. Elle répond donc parfaitement aux conditions exigées pour la sous-couche.

FILTRE GRANULAIRE Le filtre granulaire doit respecter les mêmes critères que la sous-couche.  Un filtre granulaire 4-150mm satisfait les critères de filtre.

TOILE FILTRE Une toile filtre est étendue entre le noyau et le filtre granulaire afin d’empêcher que les particules fines ne s’échappent, tout en permettant le passage de l’eau. La toile sera posée sur le talus préalablement dressé et préparé avec un recouvrement minimal de 1,00 mètre entre bandes consécutives.

NOYAU Le noyau est composé de matériaux tout-venant de granulométrie étendue pour limiter le tassement de l’ouvrage et la transmission partielle de l’énergie de la houle à travers le massif.

EPAISSEUR ET VOLUME

Les épaisseurs orthogonales théoriques (푡푑) et volume apparent global de dimensionnement (푉푏,푑) sont calculées à partir de ces éléments via la formule suivante :

푡푑 = 푛푘푡퐷푛50 푒푡 푉푏,푑 = 퐴푡푑 Avec : - 푛 : nombre de couche de blocs ; - 푘푡 : coefficient d’épaisseur de couche ; - 퐷푛50 : diamètre médian des enrochements ; - 퐴 : aire totale (m²) de la zone de carapace, mesurées parallèlement au talus. Le coefficient d’épaisseur de couche est couramment égal à 0,91 pour une couche double avec un placement standard des enrochements, d’après les recherches de Stewart en 2003. L’aire du talus est égale à 3 200 m², dont 705 m² de butée de pied Le tonnage des enrochements est calculé à partir de la porosité, égale à 0,31 pour des enrochements naturels standard et la masse volumique de la roche. Les épaisseurs obtenues sont synthétisées ci-après : Tableau 16 : Solution 2 - Epaisseur des couches en enrochements

Épaisseur des couches en enrochements Blocométrie M50 Dn50 n 푡푑 Vbd Tonnage 1000-3000 kg 2000 kg 0,92 m 2 1,67 m 4120 m3 9700 T 60-300 kg 200 kg 0,43 m 2 0,77 m 2455 m3 4490 T 4 – 150 mm - - - 0,20 m 640 m3 -

Les résultats de calcul de blocométrie sont présentés dans le tableau suivant :

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.59/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.60/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 Annexe 3 : Dimensionnement du noyau en géobag et illustration du remplissage des sacs – photo : www.geofabrics.co

Noyau en géobag

Cote crète 10,6 m IGN Cote fondation 6,5 m IGN Niveau centennal 7,9 m IGN Niveau centennal à l'horizon 2100 8,5 m IGN Recul du littoral à 2100 m - 4,5 Caractéristiques des géobag Epaisseur m 1,60

Longueur m 3,0 Taux de remplissage optimal % 80 Volume m³ 2 Ouvrages Profil Décapage m³ /ml 0,6 Excavation m³ /ml 32,3 Noyau géobag m³ /ml 6

Nombre de géobag [-] 3 Confortement dunaire profil m³ /ml 26,1 Plage Excavation m³ 7584,5 Noyau géobag m³ 1443,8 Confortement dunaire plage m³ 6140,6 Nombre de sac total [-] 234 Dispositif anti-afouillement Largeur dispositf m 7 Dispositif anti-afouillement m² 1645 Tube d'ancrage ø50 ml 470

Stabilité hydrodynamique des tubes élémentaires Formule de Nezujen et Vastenburg (2013) 퐻 Hs : hauteur de houle significative au pied de l'ouvrage m 0,9 푠 ≤ 1 ∆ 퐷 n : porosité du matériau de remplissage [-] 0,31 푡 푘

ρS : Poids spécifique du matériau kg/m3 2650 Avec

ρE : Poids spécifique de l'eau de mer kg/m3 1025 (휌푠 − 휌퐸) Δ, : densité relative du tube géosynthétique [-] 1,1 ∆푡 = (1 − 푛) 휌퐸 Dk : épaisseur effective du tube m 1,60 Hs /Δ,.Dk ≤ 1 Validé

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.61/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 7 BIBLIOGRAPHIE

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FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.62/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2 SCE/CREOCEAN (2019), Extrait de l’étude de préfiguration des systèmes d’endiguement de la communauté de communes de Granville Terre et Mer, 18 p. SHOM/IFREMER (2012), Courantologie, Climatologie Manche – Mer du Nord, 9 p. SHOM (2017), Références Altimétriques Maritimes - Port de France métropolitaine et d'outre-mer UNICAEN, Données LIDAR de l’équipe Circle, M2C (UMR6143) - CNRS - Université de Caen Normandie, site internet : http://www.unicaen.fr/circle/Circle2017/datalidar.html

FMCJ Etude de protection du littoral │Phase 2 p.63/63 Setec hydratec │ Février 2020 – v2