Histoire de l’enseignement primaire dans la commune d’Unverre canton de Brou

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Chapitre I

Historique sommaire de la commune

La commune d’Unverre, canton de Brou, arrondissement de Châteaudun, Eure et Loir, est une des plus importantes du département au point de vue de la superficie territoriale (6200 hectares environ) et même de la population (2164 habitants).

Ses contours sont des plus irréguliers. On a voulu voir dans leur forme générale celle d’un verre à boire d’où le nom d’Unverre. J’avoue qu’il faut beaucoup de bonne volonté, et je doute fort que ce soit la véritable origine du mot, origine qui se perd d’ailleurs dans la nuit des temps, puisque d’aucuns font remonter l’existence de cette localité jusqu’à l’époque mérovingienne. Ce qui est certain, c’est qu’on la voit figurer dans plusieurs documents remontant au XI° et XII° siècle, sous les diverses dénominations latines de : unum, unus vitreus, unverrus, univerrium, unverra, unverria.

On compte dans certains sens de 12 à 15 kilomètres à vol d’oiseau d’une extrémité du territoire à l’autre, deux cents hameaux, fermes ou écarts sont disséminés sur cette étendue quelques-uns éloignés de près de 10 kilomètres du chef lieu alors que des communes voisines, formant coin, pénètrent jusqu’à un ou deux kilomètres seulement de ce même chef lieu. Nous sommes ici à la limite de la Beauce et du Perche. Le sol légèrement accidenté est coupé de routes en bon état mais qui ne sont reliées entre elles que par des chemins encaissés mal entretenus, souvent impraticables pendant la saison d’hiver.

Deux rivières, de très minime importance, arrosent Unverre, aucune ligne de chemin de fer ne le traverse bien que trois voies ferrées, dont une encore en construction, tangentent trois de ses côtés.

C’est une commune essentiellement agricole, l’industrie y étant à peu près nulle et la commune ne s’y appliquant guère qu’aux produits de la terre. La population est robuste, laborieuse frugale. Les enfants sont habitués de bonne heure à la vie dure et au travail de la ferme, auquel beaucoup demeurent occupés plusieurs mois de l’année. De tout ce qui précède, il résulte naturellement que l’école est négligée, la fréquentation très irrégulière et par suite l’instruction peu développée. Ajoutons toutefois que le grand éloignement de certains hameaux par rapport au chef lieu communal n’est pas un obstacle absolu à l’instruction des enfants de ces hameaux qui sont reçus de temps immémoriaux dans les écoles limitrophes les plus approchées de la résidence.

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Chapitre II

Création et installation des écoles

Il serait, je crois, fort difficile d’indiquer l’époque à laquelle remonte la première création d’école à Unverre. Dès 1666, les registres de l’état civil font mention d’un sieur Ménager, maître d’école. Jusque vers 1830 l’école doit se tenir comme presque partout, dans un local appartenant au maître lui-même. En 1830 a lieu l’acquisition des immeubles qui devinrent école mixte et mairie, c’est sur leur emplacement que se trouve actuellement l’école publique des filles, dont l’origine est toute récente comme on le verra plus loin. Cette maison d’école de 1830 ne ressemblait que de fort loin aux « palais scolaires » actuels. Oyez plutôt : En 1835, la classe n’est point pavée, et cette amélioration proposée par un membre du conseil municipal est rejetée par la majorité de cette assemblée. Elle ne sera réalisée qu’en mai 1836. On vote cependant une somme de 15 f en vue de l’achat d’un tableau noir « pour l’exercice en commun des écoliers qui apprennent l’arithmétique. Le 17 janvier 1836, l’inspecteur Franchet, délégué du comité supérieur de l’arrondissement, se plaint que le mobilier est insuffisant, que les bancs et les tables sont mal disposés (l’une de ces dernières est placée sur des tréteaux mobiles). Les deux tables sont insuffisantes pour les « écrivains » ; les bancs des enfants sont trop légers, les tuyaux du poële à renouveler. Le conseil vote 120 f pour remédier à cet état de choses, et décide que les bancs devront être établis sur le modèle de ceux de l’école mutuelle de Brou. En novembre 1843 est décidé la construction d’une chambre pour augmenter le logement du maître d’école, dépense 1000 f. En avril 1845, on vote le pavage de cette pièce (lequel pavage, d’ailleurs, ne dut pas être effectué, comme on le verra plus loin) et la construction de latrines, améliorations approuvées par le comité local de l’instruction primaire. Au mois de mai de l’année 1850, l’instituteur se plaint de n’avoir qu’une chambre pour lui, sa femme et ses deux filles en quoi consistait donc son logement avant la construction de 1843 !). Cette chambre est étroite, sans air, et l’humidité est telle que les pieds de son lit sont entrés de six pouces dans la terre (textuel). Le conseil, tout en déplorant cette situation, se borne à solliciter un secours pour y mettre un terme. En août, on décide à nouveau le pavage, qui ne sera exécuté que partiellement. Le 9 mars 1851, malgré une lettre pressante du préfet, le conseil demande à ajourner les travaux d’amélioration, protestant toutefois de ses bonnes intentions. Août de la même année voit cependant se terminer cette difficile opération et le sous préfet ayant, à la date du 19 janvier 1852 adressé à la municipalité une lettre la mettant en demeure d’exécuter des travaux d’assainissement. On put lui répondre que ces travaux ont été opérés pendant l’été précédent. Malgré le pavage de 1836, la salle de classe ne doit pas être, elle-même, dans un état bien plus satisfaisant que le logement personnel du maître. En effet, en mai 1852, sur la plainte de l’inspecteur, le conseil municipal est mis en demeure de reconstruire l’école, qui sera fermée si la commune ne satisfait pas. Un membre s’étonne qu’un local acheté il y a vingt deux ans « sous l’inspection » de l’autorité, soit réputé aujourd’hui insalubre, trop bas, l’école appropriée au moment de l’acquisition , pour 80 à 100 élèves, n’a jamais dit-il atteint ce dernier chiffre : il demande l’ajournement. Le 21 juin 1852, nouvelle sommation, nouvelles difficultés. 3 Département d’Eure-et-Loir – Monographie de 1898 C.R.G.P.G.Juillet 2012 Archives départementales d’Eure-et-Loir

Le 3 juin 1853, le recteur demande la création d’une école de filles, mais le 14 août, le conseil malgré son dévouement (antienne connue) ne peut vu les charges (id). En février 1858, on décide de séparer par une cloison les lieux d‘aisance affectés aux deux sexes. L’instituteur, bien exigeant sans doute celui-là, réclame des tableaux de lecture, une table murale de multiplication, une mappemonde et une carte de (que de choses). L’assemblée municipale demande au conseil académique la concession gratuite de ces objets. Quelques menues réparations sont faites aux locaux scolaires. Enfin, le 12 mars 1863, la construction d’une salle de classe est décidée et 6000 f sont votés à cet effet. Pourtant le projet traverse encore bien des vicissitudes et n’est réalisé que dans le courant de l’année 1865. La dépense s’élève à 8490 euros. Entre temps, au cours de l’année 1860, avait été ouverte une école privée pour les filles, et, en 1867, le conseil refuse de nouveau de construire une école spéciale de filles, celle restant étant, déclare-t-il,largement suffisante. Il refuse également de bâtir des écoles de hameau. A partir de 1876, signe des temps probablement, la résistance semble s’accentuer. Nous voyons tout d’abord le conseil décider qu’il n’y a pas lieu d’améliorer les bâtiments scolaires, puis un revirement d’opinion singulier se produit. : en 1877, l’agrandissement est voté, et deux personnes influentes, ayant protesté contre cet agrandissement, voient leur réclamation rejetée. Mais, en 1878, nouvelle décision, contraire cette fois : il n’y a plus lieu de rien modifier ! Les 18 juillet et 7 août 1879, .la proposition de construire une école de filles est de nouveau rejetée, le même projet est encore refusé en octobre , après mise en demeure, ainsi d’ailleurs que celui d’une école de hameau à la bahine. L’administration tient bon, impose d’office et obtient enfin gain de cause .Les 27 février et 2 mars 1881, en ce qui concerne l’école des filles, le projet relatif à la bahine ayant été abandonné. Cependant, ce n’est qu’en septembre 1883 que le conseil accepte l’emplacement choisi par les autorités scolaires et l’acquisition de ce terrain n’a lieu que fin 1885. L’école de filles est enfin construite. Mais alors, le conseil municipal, considérant que cette école est beaucoup trop vaste pour le nombre des élèves qui doivent la fréquenter (à cause de l’école privée toujours existante) ; que d’un autre côté, l’école des garçons est beaucoup trop étroite pour la population scolaire qu’elle reçoit, demande le changement d’affectation qui est accordé, l’école de garçons est transférée dans les bâtiments primitivement destinés à l’école de filles qui vient d’être créée, et cette dernière est installée à l’école de garçons , où l’on construit pour la maîtresse un logement non luxueux sans doute, mais des plus confortables. Signalons enfin, en avril 1881, la demande de construction, rejetée d’ailleurs, d’une école au hameau de la bodardière, et disons, pour en terminer avec cette question qu’aucun projet d’école de hameau n’aura sans doute jamais chance d’aboutir, pas un écart ne pouvant, suite à la conformation si irrégulière de la commune, être considéré comme point central. Après tant de tergiversations, la commune d’Unverre est donc actuellement pourvue de deux écoles publiques primaires élémentaires, en bon état, suffisantes pour les besoins puisque j’ai dit que les enfants trop éloignés pour venir au chef lieu fréquentent les écoles voisines. Le mobilier scolaire, renouvelé en grande partie lors de la construction, est satisfaisant et le matériel d’enseignement, quoique incomplet, peut suffire à la rigueur. Un poste d’adjoint à l’école de garçons a été crée en 1874. Les locaux d’habitation sont également satisfaisants, sauf cependant celui de l’adjoint qui, à proprement parler n’existe pas, puisqu’il comprend une seule chambre, prise dans le propre logement de l’instituteur. Tout n’est pas parfait, sans doute, mais ne récriminons pas trop toutefois : nous sommes loin du temps où le lit du maître d’école enfonçait de six pouces dans le sol humide de son unique chambre à coucher !

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L’entretien des immeubles, mobilier et matériels scolaires incombe intégralement à la commune, les écoles d’Unverre ne disposant d’aucun don ou legs de quelque nature que ce soit.

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Chapitre III

Organisation pédagogique

A Unverre, comme dans toutes les communes du Perche, l’application stricte et intégrale des programmes est bien difficile, étant donné que, pendant cinq mois de l’année, les classes sont désertes ou à peu près. C’est donc en sept mois au plus que nous devons voir ce que partout ailleurs, on a dix mois pour approfondir. Résultat : ou bien le maître tient à suivre son programme à la lettre, et alors passe trop rapidement sur le tout, ou bien il ne s’attache qu’aux choses qui lui paraissent principales et laisse de côté ce qui semble secondaire. Il faut, de deux maux, choisir le moindre, dit la sagesse des nations. C’est la dernière façon d’agir qui me parait la plus rationnelle, celle à laquelle je me conforme par conséquent. L’exposé complet et détaillé des méthodes et procédés d’enseignement exigerait un développement beaucoup trop considérable. Je me résumerai en disant qu’en tout et partout nous nous adressons au jugement et au raisonnement qu’à la mémoire de l’enfant. Procéder du connu à l’inconnu, conclure du particulier au général , montrer les conséquences d’abord pour amener ensuite l’élève , graduellement, par le seul effet de son intelligence , à atteindre le principe , voilà je crois les règles essentielles et fondamentales qui peuvent et doivent dominer toutes les méthodes d’enseignement. Quant aux procédés, variables à l’infini suivant le caractère de l’enseignant, le degré d’intelligence des enfants, le milieu où l’on évolue, ils n’ont le plus souvent de valeur qu’en raison de celle du maître qui les crée et les met en œuvre. Il appartient à ce dernier de choisir, parmi les multiples moyens connus de tous, ceux qui conviennent le mieux à son tempérament et à celui de ses jeunes auditeurs, ceux qui sont susceptibles de produire les meilleurs résultats. L’exposé des procédés particuliers à tel ou tel instituteur, ne présenterait donc qu’un intérêt des plus relatif. J’ai dit plus haut que le matériel d’enseignement, bien qu’incomplet, pouvait être, à la rigueur, considéré comme suffisant. Il comprend principalement : 1 – cartes Vidal Lablache et autres avec système de suspension Sellerie 2 – musée de leçon de choses Garcer Nicoud 3 - tableaux d’histoire naturelle Deyrolle 4 – collection de tableaux en couleur pour l’enseignement géographique Félix Humain en globe terrestre 5 – quelques spécimens de mesures métriques etc.

Les principaux livres entre les mains des enfants sont : Lecture : méthode Regimbeau, Jean Felber, Yvan Gall, tu seras soldat, ménage de Mme Sylvain, lecture de Guyau Grammaire : Larive et Fleury, Cl Angé Arithmétique : Leysenne Histoire : Blanchet Géographie : Foncin Agriculture : O Pavette Raquet etc.

L’école ne possède aucun matériel pour l’enseignement de la gymnastique, l’acquisition de ce matériel s’étant heurtée en 1881 à une fin de non recevoir absolue.

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Chapitre IV

Les élèves

Le recrutement des écoles d’Unverre se fait exclusivement pour les enfants de la commune, admis dès l’âge de cinq ans par suite du manque d’école maternelle et de classe enfantine. Mais, en réalité, sauf pour ceux du chef lieu, les enfants ne sont généralement envoyés en classe que vers six ou sept ans, quelques uns même plus tard. La fréquentation, je l’ai dit dès le début, est fort irrégulière. Beaucoup d’enfants sont loués chaque année dans les exploitations agricoles de la région pour plusieurs mois de l’année, quatre en règle générale. La rentrée en classe ne se fait guère qu’à partir de novembre, et, dès le mois de mai, beaucoup désertent les bancs de l’école. Cette situation, au lieu de s’améliorer, aurait plutôt tendance à s’aggraver. Il est à remarquer que, de 1881 à 1888, la fréquentation était relativement meilleure qu’elle ne l’est aujourd’hui. Est-ce le coup de fouet de la loi de 1882, aujourd’hui tombée en désuétude ? Je ne sais, me contentant de constater. Un chiffre d’ailleurs montrera, avec combien d’éloquence, hélas ! Tout ce qu’il y a de progrès à réaliser encore aujourd’hui. Le nombre moyen de présences possibles est actuellement pour l’école de garçons de 36000 environ par an. Eh bien ! On constate une moyenne de 22 à 23000 présences seulement ! Tout commentaire serait superflu. L’obligation, ici comme presque partout, n’est qu’un vain mot. La loi du 28 mars 1882 est et restera lettre morte, tant que la composition des commissions scolaires ne sera pas modifiée et soustraites aux influences locales d’intérêts et de parti. La gratuité de l’école, qui n’a été définitivement établie à Unverre, comme ailleurs dans la majorité des communes de France, qu’en 1882, avait fait cependant l’objet de plusieurs délibérations antérieures. Disons d’abord, qu’à partir de 1885, nous trouvons la rétribution scolaire fixée à 0.75-1 f et 1.25 par élève et par mois suivant le genre d’instruction. Le nombre des gratuits est de 18 à 20 en moyenne. Jusqu’en 1851, époque où la somme de 1f25 est élevée à 1f50, la situation reste la même. En 1854, la rétribution est de 1f – 1f25 et 1f50. Le nombre des gratuits atteint 25. L’année 1859 voit ces chiffres s’élever à 1f25, 1f50 et 1f75, mais ce n’est pas de son plein gré que le conseil municipal admet ces divers taux, l’instituteur qui a 119 élèves, pouvant « vivre grandement » (sic) au taux précédent. Nombre de gratuits : 26. Le 28 juillet 1867, l’assemblée communale refuse d’établir la gratuité de l’instruction. En décembre 1876 est décidé l’abonnement facultatifs aux taux ci après : 12f – 15f – 18f. La rétribution scolaire se trouve fixée à 1f50, 2f e 2f50, plus 0.10 par élève pour la bibliothèque. Le 18 février 1877, la gratuité est votée, mais quelque temps après, le conseil revient, partiellement au moins, sur sa décision, en indiquant pour condition sine qua non de son vote que les communes voisines doivent prendre une mesure analogue. Enfin arrive la loi de 1882, encore en vigueur en ce jour, qui concerne le principe de la gratuité. Le système disciplinaire est simple. En dehors des punitions ordinaires, retenues, devoirs supplémentaires, etc. qui attendent les mauvais élèves, les bons peuvent compter sur des avancements de rang, des récompenses spéciales destinées à stimuler leur zèle et leur émulation. La règle générale est celle-ci : punir le moins possible, mais ne point prodiguer les récompenses pour m’en pas diminuer le prix.

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Chaque année, le jour de la fête nationale, a lieu une distribution de prix mi-solennelle aux enfants des deux écoles publiques réunis à la mairie. Les congés et vacances sont fixés par le règlement ou les autorités scolaires ; il n’y a donc pas lieu de s’y arrêter. Quant aux concours et examens, le nombre des élèves appelés à y prendre part est forcément très limité, conséquence inéluctable du manque de fréquentation signalé plus haut.

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Chapitre V

Le personnel enseignant

Ainsi qu’il a été dit précédemment, la commune d’Unverre possède actuellement trois écoles : une école spéciale de garçons, à deux maîtres, une école publique de filles et une école privée congréganiste, établie vers 1860 dans un local appartenant à un particulier et dirigée par les sœurs de Saint Paul. Ecole publique de filles : l’instituteur actuellement en fonction (1898), élève de l’école normale de a été installée au début de l’année scolaire 1896-97. Elle est pourvue du brevet supérieur et du certificat d’aptitude pédagogique. Faisant partie de la 5 e classe, elle jouit d’un traitement de 1000f auquel vient s’ajouter un supplément communal de 100f. Son prédécesseur immédiat a été Mlle Saulier, de 1892 à 1896, laquelle avait succédé à Mlle Chantoiseau, la première institutrice publique d’Unverre. Ecole publique de garçons : l’instituteur actuel, également ancien élève de l’école normale de Chartres, a pris la direction de l’école de garçons le 31 octobre 1891. Les fonctions d’adjoint sont exercées depuis la même époque par la femme de l’instituteur. Tous deux sont en possession du brevet supérieur. Leurs émoluments respectifs sont : Pour l’instituteur 4 e classe 1200f, supplément communal 250 f, secrétariat de mairie 700f : total 2150. Pour l’adjointe 4 e classe 1200F. La création d’une deuxième classe remontant à 1874, voici les noms des instituteurs qui se sont succédé dans ce poste : Gourmond Gaston en 1874, frère de l’instituteur Legros Constant en 1878 Gourmond Louis Emile en 1880 Barbier Modeste en 1881 Guesner Ernest en 1882 Gon Clément en 1882 Gevraise Charles en 1884 Foucher Camille en 1887 Fréon en 1890 Pichon Ephraïm en 1890 Laya Lucien en 1891 Tous ou presque sont aujourd’hui à la tête de diverses écoles du département. Voici, d’un autre côté, ce que j’ai pu découvrir relativement à mes prédécesseurs à Unverre. Il a été dit plus haut que l’on retrouve sur le registre des baptêmes et inhumations de 1666, la signature de Jean Ménager, maître d’école à Unverre, De cette date, nous passons sans transition à l’an IX. Les fonctions de maître d’école sont alors entre les mains de Belard Jean Louis, ancien tisserand qui s’établira plus tard arpenteur géomètre (évolution et transformation). Puis nous trouvons : En 1805 Baudoin Louis François En 1810 Binet Michel Auguste En 1825 Huet Louis Simon

Par une délibération du 22 juillet 1832, le conseil présente comme instituteur le sieur Thévard, clerc de notaire, en remplacement du sieur Ferré, qui n’a pas fait l’école depuis deux mois et a 9 Département d’Eure-et-Loir – Monographie de 1898 C.R.G.P.G.Juillet 2012 Archives départementales d’Eure-et-Loir

quitté la commune, après avoir déclaré au maire qu’il avait démissionné (l’âge d’or des instituteurs de cette époque !). La femme Thévard pourra s’ occuper de la lecture aux petits et de la couture. Mais cette décision du conseil se heurte à celle du comité d’instruction publique de Brou qui, lui, a désigné comme instituteur à Unverre M. Blot venant de . L’assemblée municipale proteste et adresse en faveur de Thévard, au ministre de l’instruction et des cultes, une pétition dans laquelle il est dit que depuis plusieurs années la commune d’Unverre (2400 habitants) n’a pas eu le bonheur de jouir d’une bonne institution. Tout cela en vain. Le 7 septembre 1832, le ministre donne à M. Blot l’autorisation d’exercer à Unverre. Entre temps, le 26 juin 1838, a lieu l’installation du comité local d’instruction. Le curé, dit le procès-verbal, n’assiste pas à la séance. M. Blot conserva ses fonctions à Unverre jusqu’en 1858, non sans avoir, à plusieurs reprises maille à partir avec les autorités locales. Déjà, au mois de février 1841, on avait déclaré que la situation budgétaire « ne permet pas d’élever le traitement de l’instituteur ». Le 10 août 1856, le conseil, attendu que la dépense relative aux fournitures gratuites pour les élèves indigents dépasse la somme fixée au budget, décide que les fournitures seront désormais distribuées à la mairie « de manière à éviter toute discussion avec l’instituteur ». Attrapez ! M. Blot. En février 1857, demande de changement de l’instituteur ; en novembre de la même année, nouvelle demande, l’instituteur, est-il dit, tenant à rester sacristain, fonction incompatible avec les siennes. L’assemblée municipale obtient gain de cause. En effet, en janvier 1858, a lieu l’installation solennelle de M. Chassine, sortant de l’école normale, nommé à titre provisoire. Comme dans notre beau pays rien ne ressemble plus au définitif que le provisoire, les fonctions de M. Chassine ne devaient prendre fin qu’en 1871. L’installation a lieu en présence du curé et de quelques conseillers municipaux et le maire, dans une allocution bien sentie, fait ressortir les bienfaits de l’instruction « si nécessaire et si délaissée depuis quelques mois ». Le 16 mai 1870, une pétition contre l’instituteur (rien de nouveau sous le soleil !) est déposée sur le bureau du conseil municipal. Après avoir entendu les explications de l’intéressé, le conseil exprime l’avis que la besogne de l’instituteur, maintenant chargé du greffe, est trop considérable (que serait-ce donc aujourd’hui, bone deus !). On lui vote généreusement 200f de supplément, à la condition qu’il aura un adjoint, dont il complètera lui-même le traitement ! Nous arrivons maintenant à ce qu’on pourrait appeler la période moderne de l’histoire de l’enseignement primaire dans la commune d’Unverre, période sur laquelle il faut, on le comprendra, glisser le plus rapidement possible. En 1871, le 30 novembre, a lieu l’installation de M. Gourmond Edouard, venant de Chapelle Guillaume. C’est lui qui vit la création d’un poste d’adjoint à l’école des garçons. Puis vienne successivement : En février 1881, M. Chantegrain Paul, actuellement directeur de l’école de . En janvier 1885, M. Leroy Augustin, précédemment à Brunelles et maintenant à , prédécesseur immédiat de l’instituteur actuel.

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Chapitre VI

Les annexes de l’école

Aucun cours d’adultes ne fonctionne dans les écoles de la commune, et ceci pour plusieurs raisons : le conseil municipal refuse depuis longtemps toute allocation, prétextant que, s’il est vrai que les cours d’adultes, suivis régulièrement peuvent rendre quelques services, il y aurait là pour les ouvriers et domestiques de ferme une cause de dérangement dont souffrirait le service intérieur de l’exploitation, sans compter des inconvénients d’autre nature. En outre, à l’instituteur chargé d’un service de mairie véritablement écrasant pendant les mois d’hiver, il est matériellement impossible de rien entreprendre de ce côté. Il en est de même pour les conférences populaires, la constitution de sociétés amicales, etc… Particulièrement en ce qui concerne ces dernières, leur formation rencontrerait d’ailleurs des difficultés d’un autre ordre, et des plus sérieuses pour ne pas dire insurmontables. Les enfants quittent souvent l’école avant treize ans, pour être immédiatement placés dans une ferme de la commune ou des environs, où ils restent occupés, même le dimanche pendant la plus grande partie du temps. Où et quand pourraient avoir lieu ces réunions ? Il y a là un obstacle matériel contre lequel, je le crains bien, viendront s’user les meilleures volontés dans nos communes rurales du Perche. D’un autre côté, il ne parait pas que l’école du soir ait eu jamais beaucoup de succès à Unverre. En 1865-1866, le budget des cours d’adultes est de 20f seulement, et, dès 1867, ce cours est supprimé. De nouvelles tentatives ont été faites, sans beaucoup plus de réussite en 1882-83 et précédemment en 1875-76. La coutume est que les domestiques ne doivent pas quitter la ferme à moins de raisons majeures, et cela est si vrai que vous n’en verrez que très rarement en semaine, le soir, même dans les lieux publics, quelques-uns peuvent sortir le dimanche assez tard dans l’après-midi, et doivent d’ailleurs être rentrés de très bonne heure pour soigner les animaux, dont ils ont la charge. C’est à ces jeunes gens, de treize à vingt ans que les cours d’adultes seraient de quelque utilité. Ce sont eux qui, normalement, devraient être les clients les plus assidus des classes du soir, et ce sont eux que leurs occupations empêchent d’y assister. La bibliothèque scolaire, fondée en 1868, compte actuellement 389 volumes, dont 247 destinés aux familles et 142 livres de classe. Elle est alimentée exclusivement par une allocation annuelle de 30f inscrite au budget communal. Le nombre moyen de prêts est actuellement d’une centaine, les lecteurs sont surtout les enfants des écoles, le public paraissant, malheureusement, se désintéresser de plus en plus de la bibliothèque scolaire. Il est juste de dire que, parmi les ouvrages relativement nombreux à prêter aux familles, il en est peu qui soient réellement intéressants. Beaucoup, entrés dans la bibliothèque depuis fort longtemps, sont ou trop techniques ou présentés sous une forme peu attrayante, qui ne convient pas aux esprits peu cultivés de nos campagnes. Quelques-uns même sont de nulle valeur et ne méritent certes pas les honneurs du catalogue, ce qui explique jusqu’à un certain point pourquoi le nombre des prêts n’est pas plus élevé. La création d’une caisse des écoles, ajournée d’abord en 1878, a été réalisée le 13 juin 1882. Le budget s’alimente uniquement par une contribution communale employée à l’achat de fournitures classiques pour les élèves indigents.

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Une caisse d’épargne scolaire, fondée en 1878, avec l’aide d’une subvention municipale de 20f a cessé de fonctionner depuis 1880. Le nombre des déposants, pour ce court laps de temps, a été de 24 et le montant des dépôts s’est élevé à la somme de 102f60. Signalons enfin la création, en mai 1883, d’un bataillon scolaire, avec équipement complet de fusils en bois, ceinturons et gibernes, lesquels, hélas ! Sous une couche de poussière épaisse, dorment aujourd’hui leur dernier sommeil dans le calme de l’oubli !

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Chapitre VII

La surveillance et le patronage

Ce chapitre sera court, le sujet ne prêtant pas, ici du moins et il faut le regretter, à de grands développements. Aucun patronage n’existe dans la commune par suite évidemment du manque d’éléments nécessaires, et le nombre des personnes s’intéressant aux écoles d’une manière effective est excessivement limité. Les autorités locales, maire et conseil municipal, sont, on doit le reconnaître, tout dévoués à la cause de l’instruction populaire, ont fait et font encore des sacrifices pour aider à un développement. La délégation cantonale, de son côté est composée d’hommes animés, sans nul doute, des meilleures intentions à l’égard des écoles et du personnel enseignant. Mais, trouvant, c’est évident, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, MM les délégués laissent maîtres et maîtresses dans la plus douce quiétude, tout en leur témoignant, pour la plupart d’ailleurs, le plus vif intérêt. Faut-il louer, faut-il blâmer cette manière de faire, dont nous nous plaindrions peut-être moins si elle ne nous privait personnellement d’un commerce généralement des plus agréables ? Je laisse à d’autres le souci d’élucider ce grave problème, me contentant d’insinuer que l’amicale et bienveillante visite à l’école d’un personnage connu, occupant une certaine situation, ne pourrait sans doute que stimuler le zèle des enfants et la bonne volonté des parents. Adressons ici, en passant, un remerciement au conseiller d’arrondissement, délégué cantonal, habitant la commune qui, chaque année, le jour de la fête nationale, témoigne de sa sollicitude pour l’instruction primaire en offrant de ses deniers une récompense spéciale aux enfants des écoles publiques qui ont affronté avec succès les épreuves du certificat d’études. Puisse cet exemple trouver de nombreux imitateurs.

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Chapitre VIII

Faits divers

Le chapitre VIII n’occupera qu’une place très restreinte dans ce travail déjà beaucoup trop étendu , sans doute, eu égard à l’intérêt qu’il est susceptible de présenter. Les faits divers concernant l’histoire de l’enseignement dans la commune d’Unverre sont rares. J’en ai relaté quelques-uns dans de précédents chapitres, le reste ne vaut pas la peine d’être cité ! Quant aux documents relatifs au même objet, j’ai souligné au courant de la plume les passages les plus saillants, les traits les plus caractéristiques ou les détails typiques qu’ils comportent. Y revenir serait fastidieux, et l’ensemble, peu intéressant en somme, ne mérite en aucune façon d’être reproduit. Il en est de même en ce qui concerne les récits, souvenirs ou traditions : je n’ai rien pu découvrir qui puisse faire l’objet d’une mention particulière.

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Chapitre IX

Statistique

Les documents statistiques qu’il m’a été possible de consulter n’étant ni très nombreux ni très anciens, il me serait difficile de fournir sur les diverses matières de ce dernier chapitre des renseignements bien exacts et bien circonstanciés. Voici, au point de vue de la fréquentation scolaire, les chiffres que j’ai pu relever : En novembre 1836, l’école mixte alors compte 70 élèves, 42 garçons et 28 filles. C’est peu étant donné que la population de la commune était alors plus élevée qu’aujourd’hui. En 1852, le nombre des enfants est de 80 à 100. En 1859, il y a 119 élèves. En 1860, diminution sensible par suite de la création d’une école privée pour les filles. De 1870 à 1890, le chiffre moyen est de 100. Depuis cette époque, ce chiffre, ainsi que celui de la population d’ailleurs, tend à s’abaisser et ne dépasse guère 90. J’ai signalé d’autre part la population exorbitante d’absences annuelles, constatée par la tenue du registre d’appel. L’école publique de filles, battue en brèche par un établissement libre qui dispose d’influences et de moyens d’action tout particuliers, parvient cependant à s’assurer une moyenne constante de 25 à 30 élèves, chiffre peu élevé à première vue, mais qui cependant peut être considéré comme satisfaisant par quiconque connaît les difficultés inhérentes à la situation. Quant au nombre des adultes qui ont fréquenté les cours du soir aux diverses époques où cette institution a fonctionné, il n’a jamais guère dépassé le chiffre de 20. Voici enfin un petit tableau dont les éléments m’ont été fournis par les registres de l’état-civil, et qui montre que, malgré des difficultés de toute nature, l’instruction n’a cessé d’être en progrès dans les communes. Au commencement du siècle, 85 % des conjoints ne savaient écrire leur nom. En 1810, on en trouve plus de 73 % En 1820 70 % En 1830 66 % En 1840 55 % En 1850 57 % En 1860 50 % En 1870 29 % En 1880 22 % En 1890 7 %

Même progression pour les conscrits. La proportion actuelle est certainement moindre encore, et on entrevoit le jour prochain où le fait de ne savoir signer son nom sera considéré comme tout à fait extraordinaire et anormal. Il ne faudrait pas d’ailleurs attacher à cette constatation plus d’importance qu’elle n’en mérite réellement. Il est manifeste que beaucoup de personnes sachant écrire leur nom ne possèdent qu’une culture intellectuelle des plus rudimentaires, et une simple signature au bas d’un acte quelconque ne saurait être considérée comme le critérium d’une instruction même insuffisante.

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Ce qui, dans notre région, entrave et entravera longtemps encore les efforts de l’école, c’est ce manque de fréquentation qu’on ne saurait trop signaler, et contre lequel il importe de réagir par tous les moyens possibles. Et, dût-on m’accuser de pessimisme, je suis obligé de constater en terminant que de ce côté, les progrès sont nuls ou, tout au moins, fort peu apparents. Les maîtres les plus dévoués ne peuvent rien en ce sens, c’est aux pouvoirs publics qu’il appartient d’aviser. L’instituteur d’Unverre Août-septembre 1898

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