UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques Département des Eaux et Forêts Formation doctorale

Département des Eaux et Forêts

Mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Agronomiques

Option : Foresterie – Développement – Environnement

Présenté par : RAMAMONJISOA Riana Tsiry Miarana

Devant la commission du jury composée par : Président : Professeur RAKO TOZANDRINY Jean de Neupomuscène Examinateur : Professeur RAMAMONJISOA Bruno Salomon Examinateur : Docteur RASOLONJATOVO Harimandimby Examinateur : Docteur RANAIVOMANANA Lala Rapporteur : Docteur RAKOTOARINIVO William

Promotion Hintsy

02 Mars 20 10

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques Département des Eaux et Forêts Formation doctorale

Mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Agronomiques Option : Foresterie – Développement – Environnement

PERTINENCE DES CONNAISSANCES ECOLOGIQUES TRADITIONNELLES

POUR LA PLANIFICATION DE LA CONSERVATION ET DE LA GESTION DES RESSOURCES MARINES

(Région Sud Ouest de Madagascar)

Présenté par : RAMAMONJISOA Riana Tsiry Miarana

Soutenu publiquement le 02 mars 2010

Devant la commission du jury composée par : Président : Professeur RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène Examinateur : Professeur RAMAMONJISOA Bruno Salomon Examinateur : Docteur RASOLONJATOVO Harimandimby Examinateur : Docteur RANAIVOMANANA Lala Rapporteur : Docteur RAKOTOARINIVO William

RESUME

Une étude des Connaissances Ecologiques Traditionnelles (CET) a été entreprise auprès des pêcheurs Vezo de sept villages de la Commune Rurale de Saint Augustin (Région du Sud- Ouest). Ainsi, plus de 83% des sites de pêche fréquentés par les pêcheurs se trouvent sur le récif. La pêche cible surtout les espèces d’intérêt commercial lesquelles ont connu une baisse de rendement depuis les fortes demandes des exportateurs installés dans la Région. Pour le mode d’exploitation, on note la pratique des techniques de pêche destructives, notamment les sennes de plage muni de poche moustiquaire (18% des engins recensés dans la zone), malgré leur interdiction par la loi. Dans ce sens, la majorité de la population (47%) respectent plutôt les croyances traditionnelles que les autres formes de réglementation. Les pratiques destructives, associées à l’augmentation du nombre des pêcheurs, ont entraîné la dégradation des ressources marines. La majorité de la population semble consciente de cette dégradation (51% pour le récif, 42% pour la mangrove, 55% pour le stock de poissons, 67% pour celui des poulpes, et 53% pour celui des holothuries). Pour les tortues marines cependant, seulement 17% de la population ont constaté une dégradation des stocks. Ces chiffres montrent un manque de sensibilisation de la population sur la dégradation des ressources marines. Par ailleurs, la fiabilité des CET a pu être établie grâce à leur confrontation avec des données collectées par les méthodes scientifiques, notamment les sites proposés par les pêcheurs pour les Réserves Marines. Enfin, les acquis des CET ont permis d’établir trois grands axes stratégiques pour la conservation et la gestion des ressources marines. Ces axes se réfèrent à la conservation des écosystèmes et à la restauration des stocks naturels ; à l’appui au développement des communautés de pêcheurs et à l’optimisation de l’application des lois par la valorisation des systèmes de gestion locale. Ainsi, les CET peuvent être exploitées aussi bien pour la détermination des sites à conserver que pour l’orientation de la gestion des ressources marines.

Mots clés : planification de la conservation et de la gestion des ressources marines, Région du Sud-Ouest de Madagascar, pêcheurs traditionnels Vezo , Connaissances Ecologiques Traditionnelles.

ABSTRACT

A study of Traditionnal Ecological Knowledge (TEK) was undertaken with the fishermen Vezo seven villages of the Rural Municipality of St. Augustin (Region South-West). Thus, over 83% of fishing sites frequented by fishermen are on the coral reef. The fishery targets primarily commercial species which have declined since the return of strong demand from exporters located in the Region. In operating mode, there is the practice of destructive fishing techniques, including beach seines (18% of registered vehicles in the area), although prohibited by law. In this sense, the majority of the population (47%) respect traditional beliefs rather than other forms of regulation. Destructive practices associated with the increased number of fishermen have resulted in the degradation of marine resources. The majority of people seem aware of this degradation (51% for the reef, 42% for the mangroves, 55% for the stock of fish, 67% for the octopus, and 53% for the sea cucumber). For marine turtles, however, only 17% of the populations have seen a deterioration of stocks. These figures show a lack of awareness on the degradation of marine resources. Moreover, the reliability of the TEK has been established through their confrontation with data collected by scientific methods, including sites proposed by the fishermen for the Marine Reserves. Finally, the achievements of TEK have established three strategic objectives for the conservation and management of marine resources. These lines refer to ecosystem conservation and restoration of natural stocks; to support the development of fishing communities and the optimization of enforcement in the recovery of local management systems. Thus, the TEK can be used both for determining the sites to maintain that direction for the management of marine resources.

Key words : Marine resources management planification, South West of Madagascar, Vezo traditional fisherman, Traditionnal Ecological Knowledge.

REMERCIEMENTS

J’exprime mes vifs remerciements à toutes les personnes, qui de près ou de loin, ont contribué à l’élaboration de ce présent mémoire de fin d’études. Mes reconnaissances s’adressent particulièrement :  A Monsieur le Professeur RAKOTOZANDRINY Jean de Neupomuscène, Directeur de la recherche scientifique à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, pour avoir bien voulu siéger parmi les membres du jury en tant que Président ;  A Monsieur le Professeur RAMAMONJISOA Bruno Salomon, Chef de Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques et Coordonateur de la Formation de Troisième Cycle, pour avoir accepté de siéger parmi les membres du jury en tant qu’Examinateur ;  Monsieur le Directeur du Centre de Surveillance des Pêches, Docteur RASOLONJATOVO Harimandimby ; pour avoir bien voulu siéger parmi les membres du jury en tant qu’Examinateur ;  A Monsieur le Directeur Administratif de l’Office National pour l’Environnement, Docteur RANAIVOMANANA Lala pour avoir bien voulu siéger parmi les membres du jury en tant qu’Examinateur ;  A Monsieur le Chef du Programme de Recherche et Développement du Projet PACP, Docteur RAKOTOARINIVO William ; pour son encadrement durant la réalisation de cette étude et pour avoir bien voulu siéger parmi les membres du jury en tant que Rapporteur ;  A tous les enseignants de la formation de troisième cycle du Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques ;  Au personnel administratif et technique du Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques ;  A toutes les équipes du PACP, de WWF, de WCS, de Blue Ventures et de Reef Doctor basées à Toliara ;  A tous les étudiants de la Promotion Hintsy de la formation de troisième cycle du Département des Eaux et Forêts. Je tiens à remercier particulièrement Monsieur RABENEVANANA Man Waï, qui m’a offerte l’opportunité de traiter ce sujet. Et je n’oublie pas de témoigner mes gratitudes envers mes parents, mes sœurs et Ihando, qui m’ont toujours encouragée et soutenue dans la réalisation de mes études. Misaotra e !!! Tsiry.

TABLE DES MATIERES

TABLE DES ILLUSTRATIONS ______iv ACRONYMES ______vii INDEX DES MOTS MALGACHES ______viii INTRODUCTION ______1 Chapitre I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE ______4 I-1- Problématique et hypothèses: ______4 I-1.1- Problématique : ______4 I-1.2- Objectifs spécifiques et des hypothèses de recherche : ______5 I-2- Collecte des données : ______6 I-2.1- Méthodes d’études des petites communautés de pêcheurs : ______6 I-2.1.1- Collecte des données auxiliaires : ______6 I-2.1.2- Collecte de données par les personnes privilégiées (informateur clé et groupe focal) : ______7 I-2.1.3- Collecte de données par les entretiens : ______7 I-2.1.4- Collecte de données par les enquêtes : ______8 I-2.1.5- Collecte des données par observation : ______8 I-2.2- Méthode adoptée : ______9 I-2.2.1- Collecte des données par les sources secondaires : ______9 I-2.2.2- Enquête par questionnaires : ______10 I-2.2.3- Observation participative : ______11 I-3- Traitement des données : ______13 I-3.1- Apurement des données : ______13 I-3.2- Traitement statistique : ______13 I-3.1.1- Estimation des moyennes : ______13 I-3.1.2. Tests statistiques : ______14 I-3.3- Traitement cartographique : ______14 I-4- Analyse des CET : ______15 I-4.1- Critère d’évaluation : ______15 I-4.2- Validation par la revue de la littérature scientifique : ______15 I-4.3- Validation des sites par l’étude biophysique : ______15 I-4.3.1- Etude du récif corallien : ______16 I-4.3.2- Etude de la mangrove : ______18 I-5- Cadre opératoire de la recherche : ______21 I-6- Résumé schématique de l’approche méthodologique : ______24

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CHAPITRE II : CONNAISSANCES ECOLOGIQUES TRADITIONNELLES VEZO __ 25 II-1- Organisation de la pêcherie traditionnelle Vezo : ______25 II-1.1- Acteurs : ______25 II-1.2- Rôles des genres dans l’activité de pêche : ______26 II-1.3- Méthodes et engins de pêche : ______26 II-1.3.1- Embarcation : ______26 II-1.3.2- Méthodes de pêche : ______26 II-1.3.3- Engins de pêche caractéristiques de la zone : ______28 II-1.4- Zone de pêche : ______30 II-1.5- Ressources dans la zone : ______35 II-1.5.1- Espèces exploitées : ______35 II-1.5.2- Espèces non exploitées : ______35 II-1.5.3- Capture : ______36 II-1.6- Période de pêche : ______37 II-1.6.1- Calendrier de pêche appliqué pour les principales espèces exploitées : ______37 II-1.6.2- Paramètre influençant la période de pêche : ______38 II-1.7- Autres activités liées aux écosystèmes marins et côtiers : ______40 II-1.7.1- Prélèvement des bois de mangrove : ______40 II-1.7.2- Culture d’algues ______41 II-1.7.3- Elevage d’holothuries ______41 II-2- Gouvernance locale : ______41 II-2.1- Forme du pouvoir ______41 II-2.2- Cadre formel et informel : ______42 II-2.2.1- Accès aux ressources : ______42 II-2.2.2- Limites d’accès aux ressources : ______42 II-2.2.3- Application des différentes règlementations : ______44 II-2.3- Corps de gestion : ______46 II-2.4- Règlement des conflits liés aux ressources : ______47 II-3- Etude de perception : ______48 II-3.1- Perceptions sur l’état des récifs : ______48 II-3.2- Perception sur l’état des mangroves : ______50 II-3.3- Perception sur le stock de poissons : ______51 II-3.4- Perception sur le stock de poulpes : ______52 II-3.5- Perceptions sur le stock de concombres de mer : ______53 II-3.6- Perception sur le stock de tortues marines : ______54 II-3.7- Perceptions sur les problèmes liés à l’exploitation : ______57 II-4- Conclusion partielle : ______60

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CHAPITRE III : ANALYSE DES CONNAISSANCES ECOLOGIQUES TRADITIONNELLES ______62 III-1- Analyse de la fiabilité des données : ______62 III-1.1. Tendance des CET par rapport à la revue de la littérature scientifique : ______62 III-1.2. Validation scientifique des sites pour les futures RM : ______64 III-1.2.1. Ankilalaotse : ______64 III-1.2.2. Andimandimatse : ______66 III-1.2.3. Ankaraivo : ______68 III-1.2.4. Ankorohoke : ______70 III-1.2.5. Andriambe : ______71 III-1.2.6. Antsaha Lovokampy : ______72 III-2- Analyse des pressions et menaces sur les ressources : ______74 III-2.1- Surexploitation : ______74 III-2.2- Méthodes et engins de pêche destructifs : ______74 III-2.3- Prolifération des compétiteurs et des prédateurs : ______76 III-2.4- Aléas naturels : ______78 III-3- Conclusion partielle : ______79 CHAPITRE IV : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS : ______81 IV-1- Pertinence des CET : ______81 IV-2- Proposition d’orientation de la stratégie de conservation : ______86 IV-3- Proposition de planification : ______90 IV-4- Limites des CET : ______94 CONCLUSION ______97 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ______100

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Liste des tableaux :

Tableau 1 : taille de l’échantillon proposé par SocMon WIO en fonction du nombre de ménages ...... 10

Tableau 2 : nombre de ménages enquêtés pour l’étude ...... 11

Tableau 3 : nombre de focus groupes pour la réalisation de la carte participative et la détermination des futures RM ...... 13

Tableau 4 : liste des sites proposés par les pêcheurs pours les futures RM ...... 16

Tableau 5 : constantes spécifiques de chaque espèce des mangroves ...... 20

Tableau 6 : cadre opérationnel de la méthodologie ...... 21

Tableau 7 : capture moyenne par pêcheur par sortie suivant la technique de pêche ...... 36

Tableau 8 : calendrier d’exploitation des principales espèces ciblées par les pêcheurs ...... 37

Tableau 9 : utilisation des essences de palétuviers ...... 40

Tableau 10 : problèmes liés à l’exploitation des ressources marines ...... 57

Tableau 11 : tendances des CET par rapport à celles de la littérature scientifique ...... 62

Tableau 12 : taux d’occupation d’espace dans la mangrove d’Ankorohoke ...... 70

Tableau 13 : paramètres biologiques de la mangrove d’Ankorohoke ...... 70

Tableau 14 : taux d’occupation d’espace dans la mangrove d’Andriambe ...... 71

Tableau 15 : paramètres biologiques de la mangrove d’Andriambe ...... 72

Tableau 16 : taux d’occupation de la mangrove d’Antsaha ...... 73

Tableau 17 : paramètres biologiques de la mangrove d’Antsaha ...... 73

Tableau 18 : recommandations par rapport aux limites des CET...... 95

iv

Liste des figures :

Figure 1 : variation de la taille des échantillons en fonction du nombre de ménages ...... 11

Figure 2 : dispositif du transect linéaire pour l’étude du récif corallien ...... 17

Figure 3 : dispositif du quadrat pour l’étude du récif corallien ...... 17

Figure 4 : dispositif de relevé pour l'étude de la mangrove ...... 18

Figure 5 : représentation schématique de l'approche méthodologique ...... 24

Figure 6 : nombre estimatif des pêcheurs dans la zone ...... 25

Figure 7: photographie d'une pirogue monoxyle avec son voile ...... 26

Figure 8 : photographie illustrant la pratique de la pêche à pieds dans le lagon ...... 27

Figure 9 : différents types d'hameçon ...... 27

Figure 10 : leurre à poisson ...... 27

Figure 11 : turlutte à calmar ...... 27

Figure 12 : filet maillant ...... 28

Figure 13 : schéma simplifié d'une senne de plage ...... 28

Figure 14 : répartition des engins de pêche pour la zone Saint Augustin ...... 28

Figure 15 : répartition des engins de pêche par village ...... 29

Figure 16 : carte de localisation des sites de pêche ...... 31

Figure 17 : répartition des efforts de pêche dans la zone ...... 33

Figure 18 : représentation schématique des cycles des marées ...... 38

Figure 19 : niveau de respect des différentes règlementations relatives à l'exploitation des ressources halieutiques (lois, Dina , croyances) ...... 44

Figure 20 : niveau de respect des différentes règlementations au niveau des villages ...... 46

Figure 21 : processus de règlement des conflits dans la communauté Vezo ...... 47

Figure 22 : perception sur l'état des récifs dans toute la zone ...... 48

Figure 23 : perception par village sur l'état des récifs ...... 48

Figure 24 : perception sur l'état des mangroves dans toute la zone ...... 50

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Figure 25 : perception par village sur l'état des mangroves ...... 50

Figure 26 : perception sur le stock de poisson au niveau de toute la zone ...... 51

Figure 27 : perception par village sur le stock de poisson...... 51

Figure 28 : perception sur le stock de poulpes dans la zone...... 52

Figure 29 : perception par village sur le stock de poulpes ...... 52

Figure 30 : perception sur le stock de concombre de mer dans la zone ...... 53

Figure 31 : perception par village sur le stock de concombre de mer ...... 53

Figure 32 : perception sur les tortues marines dans la zone ...... 54

Figure 33 : perception par village sur les tortues marine ...... 54

Figure 34 : photographie illustrant le fumage des poissons ...... 60

Figure 35 : photographie illustrant le séchage des poissons salés ...... 60

Figure 36 : taux de recouvrement du benthos du récif d'Ankilalaotse ...... 65

Figure 37 : structure ichtyologique dans le récif d'Ankilalaotse ...... 65

Figure 38 : taux de recouvrement linéaire du récif d'Andimandimatse ...... 67

Figure 39 : structure ichtyologique dans le récif d'Andimandimatse ...... 67

Figure 40 : taux de recouvrement linéaire du récif d'Ankaraivo ...... 68

Figure 41 : structure ichtyologique dans le récif d'Ankaraivo ...... 69

Figure 42 : synoptiques des relations causes à effets des pressions ...... 80

Liste des annexes : Annexe 1 : présentation du site d’étude Annexe 2 : processus de mise en réserve Annexe 3 : fiche d’enquête Annexe 4 : fiches de relevées Annexe 5 : liste non exhaustives des espèces exploitées dans la zone de Saint Augustin Annexe 6 : liste non exhaustive des espèces non exploitées avec la raison de leur non exploitation Annexe 7 : liste des espèces faunistique et floristique inventoriées dans les sites d’étude

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ACRONYMES

AGR : Activités Génératrices de Revenu AMP : Aires Marines Protégées ASE : Association pour la Sauvegarde de l’Environnement BAD : Banque Africaine pour le Développement BV : Blue Ventures CET : Connaissance Ecologique Traditionnelle CIRVA : Circonscription de Vulgarisation Agricole CISCO : Circonscription Scolaire COUT : Cellule des Océanographes de l’Université de Toliara DCP : Dispositif de Concentration de Poissons DREF : Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts FIMIMANO : FIkambanana MIaro sy MAmpandroso an’i NOsy Ve GCRMN : Global Coral Reef Monitoring Network GPF : Groupe de Production Familiale GRT : Grand récif de Toliara IH.SM : Institut Halieutique et des Sciences Marines IUCN : Union Mondiale pour La Conservation de la Nature MAEP : Ministère de l’Agriculture, Elevage et de la Pêche MEF : Ministère de l’Environnement et des Forêts NAP : Nouvelles Aires Protégées ONG : Organisme Non Gouvernemental PACP : Projet d’Appui aux Communautés de Pêcheurs PPN : Produit de Première Nécessité PRE-COI : Programme Régional Environnement - Commission de l’Océan Indien PV : Procès Verbal RM : Réserve Marine SAPM : Système des Aires Protégées de Madagascar SocMon WIO : Social Monitoring in the Western Indian Ocean SPRH : Service de la Pêche et des Ressources Halieutiques WCS : Wildlife Conservation Society WWF : World Wide Fund For Nature (also known as World Wildlife Fund)

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INDEX DES MOTS MALGACHES

Anjomba : autel des dieux de la mer Dina : convention sociale Fady : tabou Fivoriam-pokonolona : réunion villageoise Fokontany : village Fomba : rites traditionnelles Farafatse : Givotia madagascariensis (essence utilisée pour la fabrication des pirogues Vezo ) Harata hafotra : filet en fibre végétal Jarifa : filet à grandes mailles utilisé surtout pour la pêche au requin Kabary : palalabre, forme de tribunal traditionnel Laro -famata : plante euphorbe ( Euphorbia leucodondron, Euphorbia stenoclada ) dont le latex est utilisé pour enivrer les poissons Lemirano : marée de mortes eaux Makarakara ou paoso : filet à très petites mailles sur les sennes de plage Maminta : pêche à la ligne Manarata : pêche au filet Manirike : pêche en apnée Masikoro : peuple de l’intérieur des terres qui sont surtout des agriculteurs Mihake : pêche à pieds Mpitankazomanga : chef du lignage Mpizaka : personne qui excelle dans l’art de la palabre Razana : esprits des ancêtres Soro : sacrifice Tehake : marée de vives eaux Tindroke : pêche semi-nomade Tsioka atsimo : vent du sud Vondro : Typha anguistifolia (plante utilisée traditionnellement pour la construction des cases) Vorombe : dieu de la mer Zanahary : dieu créateur

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INTRODUCTION

Madagascar possède 5.603 km de côtes, 117.000 km 2 de plateau continental et une zone économique exclusive de 1.140.000 km 2 (MPRH, 2009). Cette vaste aire marine renferme une méga-biodiversité qui constitue une richesse inestimable pour le pays, et plus particulièrement pour les régions littorales. L’exploitation et la valorisation de ces ressources marines touchent en effet divers secteurs économiques tels que la pêche, l’aquaculture, le tourisme ou encore la recherche scientifique. De plus, le milieu marin joue aussi un rôle primordial dans la protection de l’environnement, notamment dans la régulation des cycles de la matière tel que le carbone. Selon Rambinintsaotra (2008), le littoral concerne plus de 51% du territoire malgache et près de 61% de la population qui dépendent étroitement de la présence de la mer. Cette dernière leur fournit une source de revenu considérable et leur procure les besoins quotidiens en protéine. De ce fait, le milieu marin représente une importance capitale pour le devenir de ces populations du littoral. Cette dépendance est fortement accentuée dans les petites communautés. D’après une étude réalisée dans le cadre du programme Ilo sur la place de la pêche dans l’économie rurale, cette dépendance aux activités de la pêche est surtout importante dans l’ex-province de Toliara (INSTAT et Ilo, 2001).

Cette partie de l’île constitue le domaine des Vezo . Les Vezo , selon la description de Koechlin (1975), sont ce peuple semi-nomade spécialisé dans le métier de la mer. Originaires de trois berceaux : Anakao, Saint Augustin et Sarodrano, à la fin des années 1800 début 1900, ils ont migré par groupes de famille vers le nord, à la recherche de nouvelles zones de pêche plus propices. Ainsi, ils ont colonisé progressivement le littoral du Sud-Ouest entre Androka et Morombe, allant même jusqu’à Maintirano. Cependant, d’après l’anthropologue Astuti (1995), la dénomination « Vezo » ne s’acquière pas uniquement par l’origine lignagère. On peut ne pas naître Vezo mais le devenir en pratiquant les activités de la mer tel que naviguer, pêcher, construire des bateaux, ... lesquelles constituent le concept d’être Vezo . En fait, étymologiquement, le terme « Vezo » même, qui vient du mot « vaizo », lequel veut dire « ramez » ou « pagayez », fait référence à la pratique des activités liées à la mer (Ratsifandriamanana, 2005). Ainsi, « Vezo » désigne les pêcheurs traditionnels établis sur la frange sud ouest du littoral de Madagascar. Ils dépendent entièrement de l’exploitation des ressources marines et la présence de la mer revêt un aspect social très important au sein de leur communauté.

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Cependant, d’après une publication de la Banque Mondiale en 2003, la pêche traditionnelle malgache semble être en stagnation depuis quelques années, voire même en déclin si l’on tient compte du nombre d’embarcations de pêche, des tendances de la production, et de la commercialisation des produits-clés. La pêcherie traditionnelle Vezo n’échappe pas à cette fatalité. En 1993, Rejela (1993) dénonce déjà cette situation en qualifiant la pêche traditionnelle Vezo comme étant un mode d’exploitation dépassé. Dans son étude, il décrit la précarité des moyens de production utilisés par les pêcheurs, les contraignant à ne pouvoir développer leur activité. Pour Chaboud (2006), le problème est d’ordre environnemental et social. La crise de la pêche traditionnelle dans la Région du Sud-Ouest résulte de la dégradation de l’environnement et de la paupérisation de la communauté de pêcheurs, lesquelles sont étroitement liées. La dégradation de l’environnement conduit à la diminution des captures de pêche, induisant la réduction des revenus des ménages. Or plus leur revenu diminue, plus les pêcheurs se voient contraints d’augmenter leurs efforts de pêche afin de pouvoir subvenir à leurs besoins. Ils accroissent aussi de ce fait les pressions sur les ressources, et accélèrent de plus en plus le processus de dégradation du milieu. Le problème est donc tout aussi fatal pour l’environnement marin que pour la communauté des pêcheurs Vezo .

Face à cette situation, un projet pilote intitulé Projet d’Appui aux Communautés de Pêcheurs (PACP), financé par la Banque Africaine pour le Développement (BAD), a été mis en place dans cette Région. Le projet a été présenté comme une solution au problème de la dégradation des ressources marines et de la paupérisation des communautés de petits pêcheurs. Il vise à promouvoir un développement durable de la pêche traditionnelle maritime. Dans cette optique, le projet comprend quatre composantes et chacune d’elles constitue un objectif en soi, à savoir : renforcement de capacités ; aménagement et gestion durable des ressources halieutiques ; développement de la production ; et coordination et gestion du projet. Dans le cadre de la composante aménagement et gestion durable des ressources halieutiques, la mise en place de cinquante Réserves Marines (RM) est prévue. En l’absence d’une définition légale, les partenaires techniques du projet (Institut halieutique et des Sciences Marines ou IHSM, Blue Ventures ou BV et Wildlife Conservation Society ou WCS) se sont mis d’accord sur la définition suivante : « une Réserve Marine est une aire marine ou côtière bien délimitée dont la gestion est principalement communautaire et établie dans un but d’atteindre un (des) objectif (s) bien défini (s), principalement dans le domaine de l’aménagement et du développement de la pêcherie» (WCS, 2008). La création de ces RM

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rejoint de ce fait les grandes lignes de la Convention sur la Diversité Biologique de Rio en 1992 en répondant à un double objectif d’utilisation durable des ressources et de gestion intégrée des aires marines et côtières. Elle répond aussi à la vision de Durban en 2003 qui prévoit la création d’un million d’hectares d’Aires Marines Protégées (AMP) dans la mesure où l’objectif à long terme des réserves est la mise en place d’un réseau d’AMP dans cette partie de l’île.

Dans le cadre de la planification, les actions prioritaires sont axées sur l’élaboration des stratégies de conservation et de gestion. A cet effet, l’approche du PACP se base sur l’étude des Connaissances Ecologiques Traditionnelles (CET) dans la mesure où la communauté de pêcheurs sera les gestionnaires des RM. Ainsi, le thème : « Pertinence des Connaissances Ecologiques Traditionnelles pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud-Ouest » a été proposé. Selon Mailhot (1993) : « la CET est définie comme étant la somme des données et des idées acquises par un groupe humain sur son environnement en raison de l’utilisation et du métier du groupe d’une région, au delà de nombreuses générations ». Les CET incluent donc aussi bien la structure de la pêche traditionnelle Vezo , que l’attitude et la perception des pêcheurs par rapport aux ressources. La présente étude se propose donc comme objectif de déterminer la pertinence des CET pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud-Ouest. Pour ce faire, une étude des CET a été menée auprès des pêcheurs de sept villages de la Commune Rurale de Saint Augustin, courant juin-juillet-août 2009. La présentation du site d’étude est donnée en annexe 1.

Pour mener à bien ce travail, le plan suivant sera adopté. La première partie présentera la formulation de la problématique de recherche et l’approche méthodologique pour la conduite de l’étude. La deuxième partie sera consacrée aux résultats sur les CET. La troisième partie sera ensuite consacrée à l’analyse des CET. Dans la quatrième partie, la pertinence des ces informations pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines sera discutée. Enfin, une conclusion terminera cette étude.

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Chapitre I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

I-1- Problématique et hypothèses: I-1.1- Problématique :

De nombreux projets relatifs à la gestion durable des ressources marines ont déjà été menés au niveau des pêcheurs traditionnels Vezo dans la Région du Sud-Ouest : MAG/85/014, 1988 ; MAG/92/004, 1994 et 1996 ; MAG/97/008, 1999 (Randriambololona, 2008). Cependant, les gestionnaires de ces projets se retrouvent souvent face à des difficultés de mise en œuvre sur terrain à cause de la non appropriation des mesures de gestion par la communauté. Les gestionnaires ont tendance à axer uniquement leurs activités sur l’aspect bioécologique. La communauté est peu ou pas du tout impliquée dans le processus. De plus, les mesures prises par les décisionnaires ne sont pas toujours compatibles avec les valeurs traditionnelles de la population. Deux arguments qui, selon les études réalisées par Ranaivomanana (2006) dans cette partie de l’île, conditionnent l’appropriation des mesures de gestions par la communauté de pêcheurs, garant de la pérennité du projet. De ce fait, ces projets sont souvent voués à l’échec. Face à ce problème, le PACP a adopté une approche écosystémique, basée sur les CET. Cette approche participative intègre la population à tous les niveaux de son processus. Les détails du processus de cette approche sont présentés en annexe 2. Par ailleurs, toutes les décisions relatives à la gestion résultent d’une concertation avec la population et validées par un « fivoriam-pokonolona ».

Cependant, cette approche relative à l’étude des CET est-elle réellement pertinente pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud-Ouest ?

Les questions de recherches suivantes sont donc formulées pour orienter cette étude :

• Existent-ils des informations détenues par les pêcheurs qui pourraient aider les gestionnaires dans la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines ? • Peut-on se fier à ces informations ainsi collectées par les CET ? • Quelle est la valeur de ces informations pour la planification ?

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I-1.2- Objectifs spécifiques et des hypothèses de recherche :

Afin de déterminer la pertinence de l’étude des CET pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud-Ouest, la démarche a été faite sur deux étapes, dont chacune constitue un objectif spécifique :

 Objectif spécifique 1 :

« Collecter les données détenues par les pêcheurs qui pourraient aider à la planification de la gestion des ressources marines ».

 Hypothèse 1 :

« L’étude des CET permet de collecter les données détenues par les pêcheurs Vezo qui pourraient aider à la planification de la gestion des ressources marines ».

En effet, grâce à leur contact continu avec le milieu marin, les pêcheurs possèdent des connaissances particulières sur les écosystèmes et la biodiversité marine. Ils ont aussi leur perception sur l’évolution de ces ressources. A partir de ces connaissances, ils ont développé une organisation spécifique pour l’exploitation de ces ressources : le rôle de chaque acteur, le choix des espèces exploitées ou non, le mode d’exploitation, la période d’exploitation. Par ailleurs, la connaissance du mode de gouvernance des ressources existant déjà au sein de la communauté locale est aussi indispensable pour que les mesures de gestions s’accordent aux contextes locaux. De ce fait, l’accès à toutes ces informations est primordial pour pouvoir mettre en place une gestion rationnelle de ces ressources. Cependant, ces informations sont souvent difficilement accessibles aux chercheurs. Ainsi, l’étude des CET permettrait-elle de capitaliser ces données.

 Objectif spécifique 2 : « Déterminer la fiabilité et la valeur des CET pour la planification ».  Hypothèse 2 :

« Les données issues des CET sont validées par les méthodes scientifiques et permettent de dégager les principaux enjeux de la gestion durable des ressources marines dans la zone »

Les données issues de l’étude des CET proviennent de sources non scientifiques (basées sur l’observation uniquement). Cependant, pour pouvoir être utilisables, leur fiabilité doit être vérifiée. Il s’agit donc de démontrer que les CET peuvent être validées par d’autres méthodes, notamment des méthodes scientifiques. Par ailleurs, la détermination des enjeux 5

constitue la base du processus de la planification, dans la mesure où c’est à partir de ceux-ci que les stratégies pour une gestion durable des ressources marines seront formulées.

I-2- Collecte des données : I-2.1- Méthodes d’études des petites communautés de pêcheurs :

Dans le cadre des recherches sur les petites communautés de pêcheurs, les chercheurs ont le plus souvent recours aux méthodes suivantes pour la collecte des données : la collecte et l’analyse des données auxiliaires ; les entretiens (non structurés, semi-structurés ou structurés) ; la collaboration avec des déclarants privilégiés (informateurs clés et groupes focaux) ; les questionnaires ou enquêtes ; et les observations directes ou discrètes (Huntington, 2000 ; Bunce et al. , 2000 ; McGoodwin, 2003 ; Pomeroy et al. , 2006 ; Malleret-King et al. , 2006).

I-2.1.1- Collecte des données auxiliaires :

Les données auxiliaires sont constituées par toutes les données déjà disponibles et déjà analysées sur le thème. Cette étape consiste donc à compiler toutes ces données et à les valoriser suivant les objectifs spécifiques de l’étude. Ces données peuvent se présenter sous plusieurs formes, comme les documents officiels, les rapports de recherche, les documents historiques, les différentes cartographies, … (Bunce et al. , 2000 ; Malleret-King et al. , 2006).

Cette méthode est très recommandée notamment pour réunir le plus d’informations possibles sur le sujet et sur le lieu d’étude, notamment avant les descentes sur terrain. Un autre avantage aussi c’est qu’elle permet de vérifier et de compléter les données collectées sur terrain en comparant les résultats ainsi obtenus avec ceux des autres chercheurs.

Néanmoins, l’un des grands inconvénients de cette méthode réside dans la difficulté du choix des sources secondaires à exploiter. Ceci étant parce que les données déjà disponibles ne sont pas toutes fiables. De plus, comme l’étude a été réalisée par un tiers, il est souvent difficile de bien comprendre le contenu et d’optimiser sa valorisation, à moins de posséder déjà une certaine connaissance sur le sujet. Enfin, la rareté des publications scientifiques, ou la difficulté d’accès à ces documents limite souvent le recours à cette méthode.

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I-2.1.2- Collecte de données par les personnes privilégiées (informateur clé et groupe focal) :

Un informateur clé (KI) est une personne susceptible de fournir des informations détaillées sur un sujet en raison de son expérience ou de son adresse dans la pratique d’une activité. Les informateurs clés sont le plus souvent choisis parmi les notables du village : le chef du village, les anciens, les présidents d’associations, ou encore les personnes reconnues comme étant les meilleures dans leur domaine.

Pour le groupe focal (FGI), il est constitué par 4 à 10 informateurs qui possèdent des connaissances ou une situation commune afin de discuter d’un sujet spécifique. Leur identification, comme pour les informateurs clés, est basée sur leurs expériences, leurs connaissances et leur activité.

Selon Johannes et Hviding (2000), les renseignements fournis par une poignée d’experts peuvent s’avérer plus utiles que des données recueillies auprès de pêcheurs choisis au hasard. De plus, les entretiens avec les informateurs privilégiés permettent aussi d’obtenir un grand nombre d’informations en peu de temps (Bunce et al. , 2000). Cependant, le choix de l’informateur doit être minutieux pour ne pas obtenir des informations fausses ou inexactes. McGoodwin (2003) évoque aussi le risque d’approcher des personnes proscrites par la communauté, ce qui pourrait compromettre la collaboration avec les autres membres de la communauté.

I-2.1.3- Collecte de données par les entretiens :

La conduite de l’entretien peut être structurée, semi-structurée ou non structurée. Cependant, l’entretien semi-structuré est le plus indiqué pour les études sur les petites communautés et plus particulièrement pour le recueil des CET. Cette méthode offre l’avantage de faciliter l’échange entre l’enquêté et l’enquêteur et d’instaurer un climat de confiance entre eux (Huntington, 2000). Elle tire aussi profit des connaissances empiriques accumulées au cours des années de pratique du milieu marin par les usagers, notamment les changements majeurs et les phénomènes exceptionnels (Johannes et Hviding, 2000 ; Berkes et al. , 2007). Enfin, les entretiens semi-structurés offrent aussi l’avantage d’accéder aux récits sur les changements qui se sont produits dans la communauté, notamment dans la pratique de l’activité de pêche ainsi que l’historique des ressources. Ces données sont difficilement accessibles aux chercheurs, or indispensables pour cerner les situations actuelles (Jackson et al. , 2001).

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Cependant, cette méthode présente aussi des contraintes. Tout d’abord, la qualité des informations obtenues dépend beaucoup de la capacité de l’enquêteur. Celui-ci doit avoir un savoir-faire considérable sur les approches en sciences sociales s’il veut obtenir de bons résultats. Il doit être capable d’instaurer une atmosphère de confiance et d’assurance pour encourager son interlocuteur à parler (McGoodwin, 2003). En plus, l’enquêteur doit aussi avoir un certain niveau de connaissance sur la biologie marine afin de consigner correctement les informations sur les CET (Bunce et al. , 2000 ; Malleret-King et al. , 2006). Enfin, un des principaux inconvénients réside aussi dans le fait que cette méthode ne permet d’obtenir que des données qualitatives.

I-2.1.4- Collecte de données par les enquêtes :

Le questionnaire constitue la forme la plus courante d’un entretien structuré. Les questionnaires peuvent être remplis par le déclarant lui-même ou être distribués et recueillis ultérieurement. Dans tous les cas, les questions posées sont les mêmes pour tous les déclarants (McGoodwin, 2003 ; Malleret-King et al. , 2006). Les questions sont fermées ou semi- ouvertes, appelant à des réponses limitées (Oui ou non, ou choix multiples). Ceci constitue son plus grand avantage dans la mesure où les résultats sont quantifiables et peuvent être interprétés statistiquement. De plus, les enquêtes offrent aussi l’avantage de ne pas nécessiter de personnels très qualifiés (Malleret-King et al. , 2006). Enfin, l’adoption des questions à choix multiples offre aussi l’avantage de mesurer la perception des membres de la communauté sur divers sujets (Malleret-King et al. , 2006 ; Bunce et al. , 2008) ; ou encore sur la compréhension et l’application des réglementations (Malleret-King et al. , 2006)

Néanmoins, le recours à cette méthode comporte aussi de nombreuses contraintes. La première réside dans le choix et la taille de l’échantillon qui doivent être représentatifs de l’ensemble de la population. Ainsi, il est nécessaire d’avoir recours à un nombre important de déclarants pour que les résultats soient fiables. L’un des risques aussi est que la formulation de la question-même influence la réponse du déclarant. Ainsi, ce dernier donne une réponse qu’il pense que l’enquêteur veut entendre. Enfin, les questionnaires limitent les informations à celles consignées par les questions préétablies (Bunce et al. , 2000 ; Malleret-King et al. , 2006)

I-2.1.5- Collecte des données par observation :

La méthode d’observation peut être discrète, directe ou participative. Pour l’observation discrète, contrairement à l’observation directe, les sujets sont observés à leur insu. Cependant, cette méthode n’est pas très recommandée pour les recherches en sciences

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sociales dans la mesure où elle pose souvent des problèmes d’éthique (McGoodwin, 2003). Pour l’observation directe, elle peut s’effectuer simultanément avec les enquêtes. Les enquêteurs notent scrupuleusement ce qu’ils voient, comme pour les engins de pêche, les infrastructures, les matériaux de construction des maisons (Malleret-King et al. , 2006).

Enfin, pour l’observation participative (ou participante), le chercheur partage le quotidien des pêcheurs. Cette méthode est la plus indiquée pour une étude approfondie des petites communautés (McGoodwin, 2003). Elle fait aussi appel à d’autres techniques de collecte de données comme la prise de note sur terrain et les entretiens. Le fait de vivre avec les pêcheurs permet de mieux appréhender leur comportement et d’obtenir des renseignements inaccessibles par les autres méthodes de collecte de données. De plus, le fait de les assister dans leurs activités offre aussi l’avantage d’obtenir des explications sur telle ou telle pratique. Ainsi, cette méthode permet non seulement de vérifier les données collectées lors des enquêtes, mais de plus elle peut aussi compléter ces données. Cependant, l’adoption de cette méthode nécessite une période assez prolongée (McGoodwin, 2003). Le chercheur doit s’immerger progressivement dans la communauté de manière à gagner sa confiance. De ce fait, il doit aussi être doté d’une grande capacité d’adaptation.

I-2.2- Méthode adoptée :

La méthode adoptée pour la conduite de cette étude combine plusieurs techniques de collecte de données citées dans le chapitre précédent. Elle a été adaptée de la méthode SocMon WIO, développée par CORDIO East Africa (Malleret-King et al. , 2006), et qui est complémentaire au Manuel GCRMN (Bunce et al. , 2000). Elle comporte trois étapes bien distinctes : la collecte des données auprès des sources secondaires, les enquêtes par questionnaires et l’observation participative. Ce choix se justifie par la complémentarité de ces méthodes.

I-2.2.1- Collecte des données par les sources secondaires :

Cette première étape a tout d’abord consisté à collecter et à analyser toutes les données déjà disponibles relatives au sujet. Elle a été effectuée auprès des centres de documentation des différents organismes (ESSA, IHSM, MNP, WWF et WCS). Ces données concernaient notamment des recueils sur les connaissances empiriques Vezo . Ensuite, des entretiens avec des responsables des différents organismes œuvrant dans la zone d’étude ont été réalisés. Ces responsables ont été choisis parmi les socio-organisateurs de ces organismes dans la mesure

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où ils sont en relation étroite avec les communautés de pêcheurs, donc les plus aptes à fournir des informations sur ces derniers.

I-2.2.2- Enquête par questionnaires :

Après l’analyse des données secondaires, des enquêtes par questionnaires ont été réalisés au niveau des sept villages du 06 au 20 juillet 2009. Cette méthode a été adoptée pour l’estimation de la pression de pêche (estimation du nombre de pêcheurs, estimation des rendements de pêche) et pour les études de perception. Comme l’ensemble de la population n’a pas pu être enquêté, un plan d’échantillonnage a été adopté. L’unité d’échantillon considérée était le ménage. Plusieurs définitions du ménage existent, mais celle donnée par l’INSTAT (2006) a été adoptée parce que c’est la définition qui correspond le plus aux mœurs de la communauté Vezo . Ainsi : « un ménage est un groupe de personnes apparentées ou non qui vivent habituellement sous la même unité d’habitation (prenant le repas de midi habituellement ensemble et dorment dans une même unité d’habitation) et reconnaissent l’autorité d’une seule et même personne appelée « chef de ménage ».

Le plan d’échantillonnage a été adapté de celui proposé par la méthode SocMon WIO (Malleret-King et al. , 2006). La taille de l’échantillon est fonction du nombre de ménages composant la population (tableau 1) :

Tableau 1 : taille de l’échantillon proposé par SocMon WIO en fonction du nombre de ménages :

Nombre de ménages Nombre d’échantillons

100 25

200 40

300 60

400 70

500 80

1000 100

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Ainsi, le nombre de ménages à enquêter a été calculé à partir de l’équation de la courbe de tendance qui suit une fonction logarithmique comme la montre la figure ci-dessous :

120 100 80 60 y = 34.12ln(x) - 134.9 40 20 0

Taille de l'échantillon 0 500 1000

Nombre de ménages

Figure 1 : variation de la taille des échantillons en fonction du nombre de ménages

En tout, 337 ménages ont été enquêtés aléatoirement sur les 1.714 ménages estimés dans la zone. La fiche d’enquête est présentée en annexe 3.

Tableau 2 : nombre de ménages enquêtés pour l'étude

Villages Ménages Ménages enquêtés Pourcentage Ankilibe 543 80 14,72% Sarodrano 353 65 18,49% Tanandava 174 41 23,64% Lovokampy 157 38 23,96% Ampasinabo 207 47 22,75% Ampasinihita 171 41 23,71% Lovokampy RG 109 25 23,12% TOTAL 1714 337 19,64%

I-2.2.3- Observation participative :

L’observation participative a été effectuée en deux descentes dans la zone d’étude. La première a été réalisée du 09 au 23 juin 2009, et la seconde du 03 au 31 août 2009, soit 43 jours au total. Cependant, d’autres observations ont aussi été réalisées dans d’autres villages de pêcheurs Vezo , en dehors de la zone d’étude, afin de recouper les résultats obtenus à Saint Augustin. Ces descentes ont inclue 15 jours dans la Commune Rurale de Manombo Sud- District de Toliara II, et 10 jours dans la Commune Rurale de Befandefa-District de Morombe.

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L’approche a consisté à se présenter auprès du chef du village afin de bénéficier de sa notoriété. En considération de l’objectif de l’étude qu’on lui a bien expliqué, c’est à lui de désigner les informateurs clés répondant le plus à ces objectifs (dans notre étude les anciens du village, les pêcheurs considérés comme les meilleurs et les femmes mareyeurs). Grâce à cette approche, les sources de biais liées aux choix des informateurs clés ont pu être minimisées. Un guide assigné par le chef du village (souvent un jeune membre de sa famille) a assuré l’introduction auprès de ces personnes. Cette démarche a aussi permis de montrer à ces dernières que la réalisation de l’étude dans le village a déjà reçu l’aval du chef du village.

La réalisation de l’observation participative a induit l’utilisation d’autres outils de collecte de données, à savoir : les entretiens semi-structurés, la carte des ressources et les graphes problèmes-solutions.

 Entretien semi-structuré :

Les entretiens semi-structurés ont été faits de façon spontanée durant l’observation. Le plan d’échantillonnage n’a pas été nécessaire. Selon Pomeroy et al. (2006), le nombre de déclarants est suffisant quand les réponses de ceux-ci deviennent répétitives, c'est-à-dire à partir du moment où les récits donnés par les déclarants n’offrent plus de nouvelles informations qui ne soient déjà connues par le chercheur.

 Carte des ressources (ou Cartographie participative) :

Elle a consisté à dresser un plan de masse de la zone et à y localiser les différents usages des ressources, suivant les engins utilisés et les espèces cibles. Elle a été réalisée durant des focus groupe avec les pêcheurs. Elle a été adoptée pour la localisation des zones de pêche.

 Graphes problèmes-solutions :

Cette méthode a aussi été réalisée dans des focus groupes. Elle a consisté à ressortir les problèmes clés liés à la pêche et au milieu marin, à déterminer leurs effets et leurs causes et à en déduire les solutions convenables. Cette méthode a été décrite par King et Lambeth (2000) dans leur manuel pour la gestion communautaire de la pêche de subsistance en Océanie. Pour ce faire, tous les problèmes constatés par les pêcheurs ont été recueillis par « brain storming ». Ensuite, ils ont été classés de manière à faire ressortir les problèmes clés. Chaque problème clé correspondait à un graphe. Ensuite pour résoudre ce problème, les effets et les causes de celui-ci ont été déterminés. Enfin, les solutions ont pu être déduites avec les actions à entreprendre.

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Les travaux réalisés dans les groupes focaux ont ensuite été validés au cours d’un fivoriam-pokonolona .

Tableau 3 : nombre de focus groupes pour la réalisation de la carte participative et la détermination des futures RM

Villages ou Fokontany Nombre de focus groupe

Ankilibe 9

Sarodrano 7

Tanandava 4

Ampasinihita 5

Lovokampy 0km 6

Ampasinabo 5

Lovokampy RG 6

I-3- Traitement des données : I-3.1- Apurement des données :

L’apurement des données a été fait par la méthode de triangulation. L’adoption de trois méthodes différentes a permis de faire des recoupements des résultats. Ainsi, les résultats issus des enquêtes (données quantitatives), ceux issus des différents entretiens et observations (données qualitatives), ainsi que ceux issus des sources secondaires ont été confrontés et recoupés afin de minimiser les biais. Par ailleurs, pour les différents entretiens, seules les informations soulevées par au moins 20% des déclarants ont été pris en compte.

I-3.2- Traitement statistique :

Les données statistiques ont été traitées sous SPSS : 13.0 et MS Excel 2007.

I-3.1.1- Estimation des moyennes :

Les moyennes des paramètres suivants ont été calculées avec un intervalle de confiance égal à 95% ( α=0.05) :

• Nombre de personnes par ménage, • Nombre d’hommes pêcheurs par ménage,

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• Nombre de femmes pêcheurs par ménage, • Capture par engin (kg.sortie -1) • Capture par unité d’effort (CPUE) tout engin confondu (kg.pêcheur -1.sortie -1)  Estimation du nombre de ménage par village :

nombre total de la population é taille moyenne des ménages

 Estimation du nombre de pêcheurs par village :

Npêcheurs = nombre moyen de pêcheurs par ménage x nombre de ménages

I-3.1.2. Tests statistiques :

La répartition des réponses des déclarants lors des enquêtes de perceptions a été analysée par le test du chi-deux avec un intervalle de confiance de 95%.

 Perception sur le respect des règlementations en vigueur (Dina, croyance et lois nationales) :

On a posé comme hypothèse nulle : la répartition des réponses des déclarants sur le respect des réglementations en vigueur est identique dans les sept villages étudiés.

• Si p ≥ 0,05, alors l’hypothèse nulle est acceptée. • Si p ≤ 0,05, alors l’hypothèse nulle est rejetée.  Perception sur l’état des ressources :

On a posé comme hypothèse nulle : le niveau de conscientisation de la population sur la dégradation des ressources est identique pour les sept villages étudiés.

• Si p ≥ 0,05, alors l’hypothèse nulle est acceptée. • Si p ≤ 0,05 alors l’hypothèse nulle est rejetée. I-3.3- Traitement cartographique :

Les cartes ont été créées sous le logiciel de cartographie MapInfo Professionnel version 6.0 Comme la mangrove et les récifs de la zone d’étude ne sont pas visibles dans les bases de données cartographiques du FTM (BD500), des images raster, qui ont servis de fond, ont été obtenues à partir des images satellitaires de Google Earth et des cartes ayant déjà servi aux autres rapports. La détermination des distances et superficie a aussi été réalisée sous MapInfo. Pour la numérisation de la carte des ressources, normalement les références géographiques de chaque site de pêche auraient dû être relevées sur terrain avec l’aide des

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pêcheurs. Cependant, faute de moyens et de temps, les relevées n’ont pas pu être réalisées. Ainsi, pour repérer les sites de pêche sur la carte, on a eu recours à d’autres cartes (Randriambololona, 1998 ; Heriniaina, 2008 ; Brenier, 2009). Ces dernières ont été calées pour avoir les coordonnées géographiques des sites.

I-4- Analyse des CET : I-4.1- Critère d’évaluation :

Pour déterminer la fiabilité des CET, le critère d’évaluation retenue a été la similarité des tendances des CET par rapport à celles des données obtenues par les méthodes scientifiques. Autrement dit, les CET sont fiables si elles concordent avec les résultats des études scientifiques.

I-4.2- Validation par la revue de la littérature scientifique :

La revue de la littérature scientifique a concerné la validation des problèmes soulevés par la communauté, et des pressions et menaces issues de la CET. Pour ce faire, des recherches bibliographiques ont été réalisées afin de voir si les informations recueillies par la CET concordaient ou non avec les données scientifiques. La méthode a donc consisté à comparer les tendances des composants du milieu marin et des activités de pêche observées par les usagers avec celles relevées par la littérature scientifique.

I-4.3- Validation des sites par l’étude biophysique :

Les sites pour les futurs RM ont été proposés par les villageois suite à plusieurs réunions dirigées par l’équipe de WCS courant juillet-août 2008 (Tableau 4). L’identification de ces sites a été effectuée suivant les critères posés par le terme de référence pour la mise en place des RM. Premièrement, ces sites devaient posséder un rôle important pour l’équilibre de tous les écosystèmes marins d’une part, et être représentatifs de la diversité biologique de la zone d’autre part. Deuxièmement, ces sites devaient aussi être soumis à de fortes pressions et menaces justifiant la nécessité d’une protection particulière. Leur fermeture permettrait alors d’améliorer durablement la production halieutique des petits pêcheurs traditionnels. Pour les réserves temporaires, la fermeture permettrait aux ressources cibles (poulpes, crabes, langoustes, crevettes, concombre de mer) de grossir convenablement pour atteindre la taille exploitable. Pour les réserves permanentes, elles assureraient le renouvellement des stocks tout en améliorant la production par le débordement des larves.

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Tableau 4 : liste des sites proposés par les pêcheurs pours les futures RM

Villages Sites Nature du site

Bancs coralliens directement reliés à la côte au Ankilalaotse niveau du village d’Ankilibe Ankilibe Récif interne au GRT, séparé du littoral par un Andimadimatse lagon d’environ 1 km. Récif externe divisant la sortie de la baie de Toliara en deux passes : l’une large de 2 km est Ankaraivo (ou Nosy Sarodrano située entre la pointe sud du GRT et Ankaraivo, Tafara) l’autre, large de 0,45 km sépare Ankaraivo du récif frangeant de Sarodrano. Ankorohoke Mangrove littorale

Ankatoke Fonds vaseux

Saint Augustin Antsenoke Fonds vaseux avec des rochers immergés

Zone de mangroves au niveau l’embouchure de Andriambe l’Onilahy Lovokampy Antsaha Lovokampy Mangrove littorale

Source : WCS, 2008.

Pour vérifier que ces sites répondaient aux critères établis, ils ont été validés par une étude biophysique. L’étude a été menée par la Cellule des Océanographes de l’Université de Toliara (COUT). Les résultats bruts issus de cette étude ont été analysés et interprétés dans ce présent travail. Les fiches de relevées sont présentées en annexe 4.

I-4.3.1- Etude du récif corallien :

La méthode adoptée par l’équipe de la COUT a été adaptée de celle préconisée dans le manuel PRE-COI pour le suivi de l’état de santé des récifs coralliens dans la Région de l’Océan Indien (Conand et al. , 1998). Cette méthode repose sur des techniques d’observation visuelle, non destructrices, qui ne perturbent ni le biotope ni les populations en place. Elle comporte trois techniques de relevé :

 Transect linéaire :

Le transect s’est rapporté à un segment d’une ligne droite, matérialisée sur terrain par un ruban gradué de 2 x 50 m. Il a permis de quantifier et de qualifier les différentes catégories d’organisme benthiques (coraux morts ou vivants, blocs rocheux, ou autres éléments vivants

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ou non). Les échantillonnages ont été effectués sur quatre transect de 20 m chacun et en mesurant la longueur de chaque catégorie du benthos interceptée (Figure 2).

Figure 2 : dispositif du transect linéaire pour l’étude du récif corallien

 Quadrat :

Le quadrat s’est rapporté à un carré d’un mètre de côté. Il a été matérialisé par un support divisé en 16 carreaux avec des cordes. Chaque carreau correspondant à 6,25 % du quadrat (Figure 3). Douze quadrats par station ont été réalisés au hasard de part et d’autre de la ligne de transect. L’étude du quadrat a permis de déterminer le taux de recouvrement spatial du benthos (coraux vivants, coraux morts, coraux mous, débris coralliens, blocs rocheux, et les autres organismes vivants). Support

1 m Corde en nylon

Carreau de 6,25 %

Figure 3 : dispositif du quadrat pour l’étude du récif corallien

 Comptage des poissons :

Le comptage a été effectué sur une surface de 500 m2, soit 100 m de longueur x 5 m de largeur, à gauche et à droite de la ligne de transect (Voir figure 3). Il a consisté à dénombrer les espèces de poissons indicateurs de l’état de santé du récif et à observer leur comportement pour estimer la pression de pêche. Un plongeur a nagé d’un côté de la ligne de transect pour

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observer les poissons prédateurs. Un autre plongeur a nagé de l’autre côté, dans la direction contraire pour observer les poissons indicateurs de l’état de santé des formations coralliennes :

- les poissons papillons (Famille Chaetodonidae, genre Chaetodon ) et les poissons perroquets (Famille Scaridae) qui se nourrissent généralement des polypes (corallivores) sont des indicateurs de la bonne santé du récif ; - les poissons demoiselles (Famille Chaetodonidae, genre Chromis et Dascyllus, Plectrophydodon ) qui nagent souvent en pleine eau, non loin d’une population corallienne vivante, et qui sont aussi des indicateurs de la bonne santé du récif ; - les poissons chirurgiens (Famille des Acanthuridae) et les Balistes qui sont considérés comme des indicateurs d’un écosystème corallien déséquilibré. I-4.3.2- Etude de la mangrove :

Pour l’étude de la mangrove, la méthode adoptée par l’équipe de COUT a été celle décrite par Semesi et Kairo en 1998. Cette méthode est basée sur deux techniques de relevé : le transect linéaire et le quadrat.

 Transect linéaire :

Il a consisté à recenser le long d’une ligne droite, les espèces présentes et à estimer les espaces occupées par chacune d’elles. Il a été fait suivant la largeur du champ de mangrove, perpendiculairement à la ligne des côtes et de direction mer-terre. Le transect a été matérialisé par une corde de 150 mètres graduée tous les 30 mètres. Les espèces recensées le long de cette ligne ont été enregistrées sur une écritoire.

 Quadrat :

Le quadrat a été matérialisé par un cadre en corde de 10 m x 10 m. Il a été déplacé le long du transect de manière aléatoire pour avoir une bonne représentativité du site (Figure 4). Il avait pour but d’évaluer la biomasse, la densité, la fréquence, la dominance des espèces et l’état de santé de la mangrove (taux de la régénération naturelle, trace de coupe). Il a aussi permis d’estimer le taux de couverture et l’aire de base des espèces de palétuviers.

Figure 4 : dispositif de relevé pour l'étude de la mangrove

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Pour ce faire, tous les arbres présents dans le quadrat ont été identifiés et comptés, et leur position marquée, de même pour les jeunes pousse et les pieds morts et / ou coupés. Le diamètre (DBH) a été mesuré à 30 centimètres au-dessus des racines d’appui vertical (racines adventives pour Rhizophora et / ou contreforts pour Bruguiera et Ceriops ). La hauteur de chaque tronc a été mesurée avec un simple bâton de longueur connue.

 Traitement des données :

 Fréquence relative :

C’est le rapport entre le nombre d’individus d’une espèce (n) sur le nombre total d’individus rencontrés (N). La fréquence a été estimée en pourcentage.

n Fréquence relative (%) = x 100 N

 Densité relative :

La densité est le rapport entre le nombre d’individus d’une espèce et la surface de relevé qui est celle du quadrat

n.i. Densité relative (%) = x 100 St

Avec n i nombre d’individus d’une espèce et St surface totale

 Dominance relative :

L’estimation de la dominance a été obtenue à partir de la surface de base (s) occupée par chaque espèce par rapport à la surface totale (S) occupée par toutes les espèces, qu’on a fait revenir en pourcentage.

s (cm 2) Dominance relative (%) = x 100 S (cm 2)

Avec s = Π/4 (DBH) 2 et S = somme AB (aire de base)

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 Biomasse :

Deux méthodes de calcul ont été établies pour l’estimation de la biomasse des mangroves :

- la première à partir de la formule de Semesi et Kairo (citée par COUT, 2008) pour les espèces figurées dans le tableau 5.

Biomasse (m 3/ha) = a [|(DBH) 2 x h] b

où a et b sont des constantes spécifiques pour chaque espèce, h la hauteur de l’arbre (m) et DBH leur diamètre à la base en m.

Tableau 5 : constantes spécifiques de chaque espèce des mangroves

Constante a b Espèces

Bruguiera gymnorhiza 0,2248 2,1407

Ceriops tagal 0,1468 2,393

Rhizophora mucronata 0,0886 2,5621

- la deuxième méthode selon la formule appliquée par la FAO (1970) citée par COUT (2008) pour les autres espèces :

Biomasse = 0,544 ∑[ (DBH) 2 hi]

Avec 0,544 : coefficient de forme adapté dans les régions tropicales ;

DBH : diamètre de base (m) et Hi : Hauteur de l’arbre (m).

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I-5- Cadre opératoire de la recherche :

Tableau 6 : cadre opératoire de la recherche

Objectif global : déterminer la pertinence de l’intégration de la CET dans la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud Ouest.

Objectif spécifique 1 : Collecter les données détenues par les pêcheurs qui pourraient aider à la planification de la gestion des ressources marines.

Hypothèses Sous-hypothèses Méthodes Résultats attendus Indicateurs Personnes ressources

L’étude des CET L’étude des CET permet de Listes des ressources Acteurs, ressources permet de collecter les connaître l’organisation de exploitées et non Source secondaire exploitées et non données détenues par l’exploitation des ressources exploitées dans la exploitées, zones Chef fokontany , les pêcheurs Vezo qui marines chez les Vezo (acteurs, Informateurs clés zone. exploitées, mode notables du village, pourraient aider à la ressources exploitées et non Focus groupe Carte des ressources. d’exploitation et anciens pêcheurs planification de la exploitées, zones exploitées, Observation directe période d’exploitation Calendrier gestion des ressources méthodes d’exploitations, connues. d’exploitation des marines. période d’exploitation) ressources.

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Suite objectif spécifique 1 : Collecter les données détenues par les pêcheurs qui pourraient aider à la planification de la gestion des ressources marines.

Hypothèses Sous-hypothèses Méthodes Résultats attendus Indicateurs Personnes ressources

L’étude des CET permet de Source secondaire Perception de la Echantillon de connaître la perception de la population sur les Fiches d’enquête pour L’étude des CET Enquête ménages pris au population sur les ressources ressources marines l’étude de perception. permet de collecter les hasard marines. Entretien connue. données détenues par les pêcheurs Vezo qui Source secondaire Chef fokontany ,

pourraient aider à la Informateur clé Organigramme de la Notables du village, L’étude des CET permet de Gouvernance locale planification de la gouvernance locale décrire la gouvernance locale Observation directe des ressources marines Responsables au sein gestion des ressources des ressources des ressources marines. des réunions et des connue. des différentes marines. marines. processus de prise institutions présentes de décisions dans la zone

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Objectif spécifique 2 : Déterminer la fiabilité et la valeur des CET pour la planification.

Hypothèses Sous-hypothèses Méthodes Résultats attendus Indicateurs Personnes ressources

Tendances des ressources marines Références des Les tendances des déterminées par les ouvrages scientifiques informations issues de la CET Source secondaire CET par rapport à relatifs aux ressources - Les données issues des correspondent à celles relevées celles relevées dans la marines dans la zone CET sont validées par dans la littérature scientifique. littérature scientifique d’étude. les méthodes comparées. scientifiques et permettent de dégager Les sites choisis par les Sites proposés par les Diagnostic biologique Source secondaire les principaux enjeux pêcheurs pour les futures RM pêcheurs validés par des sites proposés Diagnostic Equipe COUT de la gestion durable sont validés par les études les études pour les futurs RM. écologique des ressources marines scientifiques. biophysiques. dans la zone d’étude Les CET permettent de Principaux enjeux de dégager les principaux enjeux la gestion durable des Liste des principales de la gestion durable des Source secondaire ressources marines - menaces et pressions ressources marines dans la dans la zone d’étude zone d’étude déterminés

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I-6- Résumé schématique de l’approche méthodologique :

ACTIVITES PREPARATOIRES COLLECTE DES DONNEES

Détermination de la COLLECTE DES CET COLLECTE DES DONNEES SCIENTIFIQUES problématique

Enquête Diagnostic biophysique Détermination des objectifs

Informateur clé (KI) Revue des littératures Détermination des hypothèses

Focus group (KGI)

Observation participative PLANIFICATION DE LA CONSERVATION TRAITEMENT DES DONNEES

CET DONNEES SCIENTIFIQUES

VALORISATION OUI

Fiabilité ANALYSE DES DONNEES RECOMMANDATIONS NON

Figure 5 : représentation schématique de l'approche méthodologique 24

CHAPITRE II : CONNAISSANCES ECOLOGIQUES TRADITIONNELLES VEZO

II-1- Organisation de la pêcherie traditionnelle Vezo : II-1.1- Acteurs :

Chez les Vezo , la pratique de la pêche se rapporte à toute la famille. Elle mobilise hommes, femmes et enfants.

1800 1600 1400 1200 Hommes pêcheurs 1000 Femmes pêcheurs 800 600 Non pêcheurs

Nombreestimatif 400 200 0

Villages

Figure 6 : nombre estimatif des pêcheurs dans la zone

La zone compte environ 3.328 pêcheurs sur les 7.884 habitants estimés, soit 42,21% de la population. Le village de Sarodrano abrite le plus grand nombre de pêcheurs, soit 1.012 pêcheurs, représentant 62,34% de toute sa population. Ceci peut être expliqué par le fait que le village est construit sur un sol sableux, donc la pratique de l’agriculture y est très difficile. De plus, l’éloignement des écoles secondaires (à Saint Augustin) poussent les enfants à devenir pêcheurs très tôt (12 ans). Par contre, le nombre de pêcheurs dans les villages de Tanandava et d’Ampasinabo est très faible, soit respectivement 114 et 175 pêcheurs, représentant respectivement 14,25% et 18, 43% de leur population. En effet, ces deux villages, bénéficiant des terres arables de la rive de l’Onilahy, comptent surtout des agriculteurs parmi leurs habitants.

La situation du village d’Ankilibe est un peu particulière par rapport aux six autres villages. Effectivement, le nombre de pêcheurs y est aussi assez faible avec seulement 880 pêcheurs sur les 2.500 habitants. Or le village ne compte aucun agriculteur dans la mesure où le sol n’est pas non plus favorable à cette activité. En fait, le village d’Ankilibe compte aussi parmi ses habitants des fabricants de briques, de chaux et de charbon.

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II-1.2- Rôles des genres dans l’activité de pêche :

Les hommes sont des pêcheurs à plein temps. En plus de la pêche, ils s’occupent aussi de l’entretien des différents engins de pêche. Par contre, en général les femmes ne pratiquent que la pêche à pieds pendant les périodes de vives eaux. Cependant, leur rôle ne se limite pas uniquement à la capture, elles sont aussi responsables de la transformation des produits et de leur commercialisation. Dans la filière pêche traditionnelle Vezo , les femmes constituent le premier maillon du circuit de commercialisation. Cependant, malgré l’importance du rôle qu’elles jouent dans la production, leur participation dans les prises de décision reste encore moindre. Cette situation a été largement vérifiée lors des réunions de validation publique.

II-1.3- Méthodes et engins de pêche : II-1.3.1- Embarcation :

La pirogue monoxyle à balancier est le moyen d’embarcation des Vezo (Figure 7). Elle est taillée avec du « farafatse » ( Givotia madagascariensis ). Sa propulsion se fait à la pagaie et/ou à la voile carrée. Aucune pirogue à moteur n’a été recensée. La longueur de la pirogue varie de 2 à 8 mètres. En général, les pêcheurs utilisent des pirogues de taille moyenne (4 à 6 m) pour exercer leur métier. Une pirogue coûte entre 150.000 Ar et 250.000 Ar suivant sa taille. Et, en moyenne, une pirogue peut durer deux ans, en fonction de l’entretien et de sa fréquence d’utilisation.

Figure 7: photographie d'une pirogue monoxyle avec son voile

II-1.3.2- Méthodes de pêche :

Différentes méthodes de pêche sont rencontrées chez les Vezo . Elles diffèrent suivant la spécialité du pêcheur, l’espèce ciblée par la pêche et la zone de pêche. Ces méthodes peuvent être catégorisées en quatre : la pêche à pieds ou « mihake » ; la pêche à la ligne ou « maminta », la pêche au filet ou « manarata » et la pêche en apnée ou « manirike ».

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 La pêche à pieds ou « mihake » : Cette méthode constitue l’apanage des femmes. Elle consiste au ramassage des espèces sur les zones peu profondes ou immergées durant la marée basse. Elle se pratique avec ou sans harpon.

Figure 8 : photographie illustrant la pratique de la pêche à pieds dans le lagon

 La pêche à la ligne ou « maminta » : Basée sur l’utilisation d’une ligne munie d’hameçon, cette méthode possède plusieurs variantes dans la zone : hameçons appâtés (Figure 9), leurre pour les poissons (Figure 10) ; turlutte pour la pêche aux calmars (Figure 11) ; ou encore la palangrotte pour les poissons pélagiques et la palangre pour la pêche aux requins. Enfin, la pêche à la traîne est aussi très répandue dans la zone.

Figure 11 : turlutte à calmar Figure 9 : différents types d'hameçon Figure 10 : leurre à poisson  La pêche au filet ou « manarata » :

Cette méthode englobe l’utilisation des différents filets maillants et de la senne. Auparavant, les Vezo utilisaient des filets en fibres naturelles ( harata hafotra ) et il n’y avait qu’un ou trois filets, tout au plus dans un village. Cependant, avec l’arrivée des filets en nylon, facilement accessibles, chaque ménage possède au moins une sorte de filet.

La senne comporte un long filet muni de deux ailes et d’une poche centrale à très petites mailles (Figure 13). Le bas du filet est lesté pour qu'il reste en contact avec le fond, et le

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haut muni de flotteurs. Pour la remonter, les pêcheurs tirent sur chacune des deux extrémités du filet en décrivant un arc de cercle avant de ramener les deux bouts au centre.

Figure 12 : filet maillant Figure 13 : schéma simplifié d'une senne de plage

 La pêche en apnée ou « manirike » : Cette méthode fait partie intégrante de l’identité Vezo . Elle se pratique avec ou sans masque. Pour capturer les proies, les pêcheurs se munissent de harpon ou de fusil sous-marin. L’utilisation des masques et des fusils sous-marins ont été introduite récemment dans la zone avec le développement du tourisme et l’arrivée des plongeurs étrangers. II-1.3.3- Engins de pêche caractéristiques de la zone :

Plusieurs types d’engins de pêche se rencontrent dans la zone. Suite aux enquêtes menées au niveau des ménages, les engins caractéristiques ont pu être déterminés.

Harpon Filet 25% maillant 16% ZZ 7% Palangre Jarifa 7% 5%

Palangrotte Senne 18% 21%

Traîne 13%

Figure 14 : répartition des engins de pêche pour la zone Saint Augustin

L’harpon constitue l’engin de pêche le plus répandu dans la zone, représentant près de 25% de tous les engins de pêche recensés. Cette abondance s’explique par le fait que le pêcheur emmène toujours un harpon avec lui quand il part à la pêche. Il sert aussi bien pour prendre une proie, que pour casser les blocs de coraux afin de faciliter la pêche. De plus, comme la pêche à pieds implique toutes les couches de la population : adultes, enfants,

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hommes et femmes, un ménage peut posséder plus d’un harpon. Par ailleurs, cet engin est facile à fabriquer.

Viennent ensuite la palangrotte, la senne et le filet maillant, soit respectivement : 21%, 18% et 16% des matériels recensés. Ces trois engins sont tous utilisés dans les eaux peu profondes, à l’intérieur des lagons ou sur le récif, ce qui témoigne de la forte pression dans ces deux écosystèmes. Ceci témoigne aussi de la préférence des pêcheurs sur les zones faciles d’accès. Arguments vérifiés par le petit nombre d’engins nécessitant des eaux profondes ou d’aller au-delà de la barrière récifale. Effectivement, le filet ZZ, le jarifa et la palangre ne représentent respectivement que 7 % pour les deux premiers et 5 % des engins utilisés par les pêcheurs dans la zone. A part ce facteur lié à l’accès aux sites de pêche, le prix de ces engins joue aussi un grand rôle sur leur abondance dans la zone. Les filets maillants et la senne de plage coûtent relativement moins chers (de l’ordre de 20.000 Ar à 40.000 Ar ) par rapport aux filets de grandes mailles de type jarifa et ZZ (Un filet jarifa coûte dans les 160.000 Ar à 240.000 Ar suivant leur dimension). Ainsi, les pêcheurs préfèrent acheter des filets à petits prix qu’ils peuvent utiliser tous les jours et partager le filet d’un propriétaire quand ils pêchent occasionnellement au large.

Lovokampy RG 14% 39% 39% Filet maillant Ampasinihita 16% 23% 43% 12% ZZ Ampasinabo 22% 21% 15% 30% Jarifa Lovokampy 11% 12% 10% 26% 37% Senne

Tanandava 12% 24% 24% 28% Traîne Palangrotte Sarodrano 29% 15% 19% 16% Palangre Ankilibe 27% 12% 28% 12% 13% Harpon 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Figure 15 : répartition des engins de pêche par village

Sans considération des harpons, les villages de Lovokampy RG, et d’Ankilibe se caractérisent par la pêche à la traîne avec respectivement 39% et 28% des engins recensés. A Ampasinihita et Lovokampy, la pêche à la palangrotte domine avec 43% et 26%. L’utilisation de la senne est particulièrement importante au niveau des villages de Tanandava, d’Ampasinihita, d’Ampasinabo et de Sarodrano, soit près de 20% des engins recensés. Enfin,

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les filets maillants sont surtout nombreux à Sarodrano et à Ankilibe, représentant respectivement 29% et 27% de tous les engins de pêche inventoriés.

II-1.4- Zone de pêche : II-1.4.1- Sites de pêche :

Traditionnellement, la localisation des sites de pêche est transmise de père en fils. En effet, les enfants sont initiés très tôt aux métiers de la mer. Dès 7-8 ans, ils accompagnent leur père ou leurs ainés à la pêche. Ce qui les permet de se familiariser avec la zone de pêche traditionnel. Ces sites sont désignés par un nom et les pêcheurs arrivent toujours à se repérer grâce aux paysages côtiers et marins.

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I I I N° Zones de pêche 43°35’E 43°40’E 43°45’E 1 Beakio 2 Anaovane 3 Mariana 4 Ankilibe 5 Ampototse - 23°25’S 6 Bengehoala 7 Manarimby 8 Andramananja 9 Andamaira 10 Antsanira 11 Nositsena 12 Ambazitse 13 Belay 14 Anorikazo 15 Fihazanandora 16 Ankarandava 17 Lovobe 18 Ankaiasy - 23°30’S 19 Dimadimatse 20 Andrendrano 21 Akelinosy 22 Andapotale 23 Ahandrefa 24 Beloza 25 Sarodrano 26 Alovobe 27 Ambatobe 28 Riakaivo 29 Tandeoba 30 Bengohala 31 Tseritapoty - 23°35’S 32 Beberevo 33 Ankily 34 Antsaha 35 Andohavatoabo 36 Taolazotro 37 Anandria 38 Antaho 39 Ambanilia 40 Ambavarano 41 Ambatomitsangana 42 Ankaramivony 5 km 43 Maroaombe 44 Nosy Ve - 23°40’S 45 Ankara Réalisation : RAMAMONJISOA R.T. 46 Anakatafa 47 Antavily Année 2009 48 Nosy Satra Légende : 49 Ankarabe 50 Ankilibe 51 Belaza 52 Ankorohoke 53 Andriambe 54 Antsaha Lovokampy

Figure 16 : carte de localisation des sites de pêche

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Les pêcheurs concentrent leur effort de pêche dans les zones internes aux barrières récifales, et à de faible profondeur : entre 0 et 50 m de profondeur. Sur les 54 sites de pêche identifiés, seulement 4 sites se trouvent au-delà de la barrière récifale : 3 sites à l’ouest du récif annulaire de Nosy Ve (Ambatomitsangana, Ankaramivony et Maroaombe) et un site au delà du récif frangeant d’Anakao (Antavily). Cependant, cette liste n’est pas exhaustive, elle ne présente que les sites les plus fréquentés par les pêcheurs.

D’après les pêcheurs, la zone immédiate à leur village leur fournit assez de produits. La zone récifale est reconnue comme particulièrement productive. De plus, la présence de la barrière corallienne amortit l’intensité des grandes vagues du large, offrant plus de sécurité aux pêcheurs. Ainsi, les pêcheurs n’exploitent qu’une frange plus ou moins étroite du plateau continental. Le caractère traditionnel de leur embarcation (pirogue non motorisée) limite fortement aussi leur rayon d'action (Rejela, 1993 ; Randriambololona, 2008). Cependant, face à la diminution des captures, les pêcheurs commencent à aller vers le large. Toutefois, ils ne se hasardent à le faire que lorsque les conditions en mer sont clémentes.

II-1.4.2- Répartition des efforts de pêche suivant les engins :

Après la superposition des cartes participatives réalisées au niveau des sept villages, la carte de répartition des efforts de pêche dans toute la zone a pu être réalisée comme le montre la figure 17.

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I I I

43°35’E 43°40’E 43°45’E

- 23°25’S

- 23°30’S

- 23°35’S

5 km - 23°40’S

Réalisation : RAMAMONJISOA R.T. Année 2009

Légende : Ligne de fond Laro

Traîne Plongée Filet maillant à grandes mailles Pêche à pieds Filet maillant à petites mailles

Senne

Figure 17 : répartition des efforts de pêche dans la zone 33

La répartition des sites de pêche peut être catégorisée en six :

 La zone peu profonde immédiate à la côte :

Femmes et enfants y pratiquent la pêche au filet moustiquaire et le ramassage des coquillages à marée basse. Les pratiquants de la senne de plage y travaillent aussi.

 La zone des mangroves :

Les pêcheurs y pratiquent la pêche au filet moustiquaire, le ramassage de crabes et d’huîtres. Cependant, comme ces deux espèces ne représentent pas une grande valeur commerciale, cette pratique reste faible. Enfin, la pratique du « laro » (Euphorbia leucodondron ) est aussi localisée dans les chenaux des mangroves pour enivrer les poissons.

 La zone de l’embouchure :

Dans l’embouchure de l’Onilahy, les pêcheurs pratiquent surtout la senne. On y constate aussi une forte densité de pêcheur à la ligne. Effectivement près des embouchures, l'eau est riche en matières minérales d'origine terrigène. Ceci favorise le développement du phytoplancton qui est la nourriture des petits poissons pélagiques comme les sardines, sardinelles et les anchois. Comme les gros pélagiques sont des poissons prédateurs, ils ont tendance à suivre le déplacement de ces derniers (Randriambololona, 2008). Enfin, la pratique du « laro » y est aussi très fréquente.

 Le lagon et le récif :

Ces deux zones sont des zones à usage mixte. Elles concentrent la quasi totalité des efforts de pêche. On y rencontre aussi bien la pêche à pieds durant les marées basses de vives eaux, que la pêche en apnée utilisant les fusils sous-marins ou les harpons, ainsi que la pêche à la ligne et la pêche au filet. Toutefois, les sites de pêche dans cette zone sont bien différenciés suivant leur nature. Les méthodes de pêche varient en fonction de la nature de ces sites. Par exemple, la pêche à pieds est faite dans les zones immergées durant la basse mer de vives eaux. La pêche en apnée et celle aux filets maillants se pratiquent dans les zones peu profondes. La pêche à la ligne ne se pratique que dans les eaux profondes (haut fond corallien).

 Le large :

Cette zone est encore très peu exploitée. Elle n’est fréquentée que par les pêcheurs à la ligne, particulièrement les lignes de traîne (ciblant les gros poissons pélagiques) et les pêcheurs de requin utilisant le filet « jarifa ».

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II-1.5- Ressources dans la zone : II-1.5.1- Espèces exploitées :

Auparavant, la pêche consistait en une activité de subsistance. Les produits étaient destinés à l’autoconsommation ou à être troqués contre d’autres produits avec les peuples de l’intérieur des terres (notamment les produits agricoles comme du riz, du manioc, …). Cependant, depuis l’essor de l’exportation des produits halieutiques dans les années 1990, l’installation de deux grandes sociétés d’exportation dans cette Région a changé l’économie de change en économie de marché (Iida, 2005). Ainsi, les pêcheurs ciblent surtout les espèces d’exportation comme les poulpes, les calmars, les langoustes, les concombres de mer, les requins pour leurs ailerons et les gros poissons.

Les Vezo portent aussi un intérêt particulier pour les tortues marines. La capture de ces dernières est étroitement liée à l’identité Vezo . Plusieurs auteurs ont rapporté les rites et les coutumes liés à la capture, à la mise à mort et à la consommation des tortues marines chez les Vezo (Faublée, 1954 ; Astuti, 1995). D’après les pêcheurs, cinq espèces de tortues fréquentent cette zone. Cependant, deux espèces sont les plus fréquentes, à savoir Chelonia mydas (fano zaty ) et Erethmochelys imbricata (fanohara ). Effectivement, ces deux espèces ont la même répartition géographique et sont les plus communes aux côtes malgaches (Biodev Madagascar Consulting, 2008). Par ailleurs, si traditionnellement la viande de tortues marines était interdite de vente dans la mesure où son partage consistait à sceller la cohésion sociale de tous les membres de la communauté (Faublée, 1954), actuellement la vente des tortues marines constitue une source de revenue très importante pour les pêcheurs.

Cependant, les pêcheurs Vezo n’exploitent pas uniquement que les espèces d’exportation. Plusieurs autres ressources sont aussi exploitées pour leurs propres besoins ou pour ravitailler les marchés intérieurs. Une liste non exhaustive de toutes les espèces exploitées dans cette zone est donnée en annexe 5 de ce document.

II-1.5.2- Espèces non exploitées :

Certaines espèces aussi ne sont pas exploitées depuis des générations. Plusieurs en sont les raisons. D’abord les « fady » ou tabous. Ensuite, la connaissance des pêcheurs sur leur toxicité. La morphologie de l’espèce qui peut faire peur au gens, ou tout simplement parce qu’il n’y a pas de chair. La difficulté pour la capture de l’espèce (Par exemples des nageoires très tranchants, ou des épines toxiques). Enfin, certaines espèces ne sont pas exploitées, tout simplement parce qu’elles n’entrent pas dans l’habitude alimentaire de la population. Une liste

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non exhaustive des espèces non exploitées dans la zone d’étude avec leur raison respective est donnée en annexe 6.

Cependant, ces espèces non exploitées connaissent aussi des changements depuis quelques temps. Certaines personnes les exploitent pour leur propre consommation, ou pour les commercialiser. Néanmoins, cette situation concerne surtout les étrangers.

II-1.5.3- Capture :

En général, la capture varie de quelques kilos à une trentaine de kilos par sortie par pirogue suivant la technique de pêche utilisée. Un aperçu de la variation des captures suivant le mode d’exploitation est donné dans le tableau ci-dessous, résultats obtenus suite à l’enquête réalisé auprès des 337 ménages.

Tableau 7 : capture moyenne par pêcheur par sortie suivant la technique de pêche

Capture par unité d’effort Techniques de pêche (kg.pêcheur --1.sortie -1)

Pêche à la ligne 6,2±0,6 kg.pêcheur -1.sortie -1

Pêche au filet 8,1±0,7 kg.pêcheur -1.sortie -1

Pêche à la senne 9,7±0,8 kg.pêcheur -1.sortie -1

Pêche à pieds 7,3±0,6 kg.pêcheur -1.sortie -1

Les filets à grandes mailles comme le ZZ et le Jarifa sont les plus rentables en termes de quantité avec des captures variant de 10 à 30 kg, suivi par la senne de plage avec une quantité de capture variant entre 5 et 20 kg. Cependant, selon les pêcheurs, la capture s’est dégradée depuis quelques années. Auparavant, en pêchant au filet, les pêcheurs pouvaient remplir une pirogue en une sortie (capture évaluée à plus d’une cinquantaine de kilogrammes), alors qu’aujourd’hui, à peine s’ils arrivent à la remplir à moitié. De même, un pêcheur à pieds pouvait facilement collecter une dizaine de kilogrammes de poulpes en une sortie, actuellement les prises n’atteignent cette quantité que très rarement. Par ailleurs, les espèces de valeurs deviennent de plus en plus rares, de même que les individus de grosses tailles. Certaines espèces sont mêmes devenues très rares comme Gerres acinaces (Ambariake ) et Lethrinus nebulosus (Ambitry ), et d’autres ont complètement disparu de la zone comme Plectorhinchus sordidus (Fiamasiake ).

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II-1.6- Période de pêche : II-1.6.1- Calendrier de pêche appliqué pour les principales espèces exploitées :

En général, les pêcheurs partent en mer tous les jours durant toute l’année sauf lors des périodes de mauvais temps. Ceci étant parce qu’ils doivent nourrir leur famille.

Tableau 8 : calendrier d'exploitation des principales espèces ciblées par les pêcheurs

J F M A M J J A S O N D

Poissons

Poulpes

Calmar

Concombre de mer

Langoustes

Période sans activité de pêche Période de pêche

Comme le régime alimentaire des Vezo est basée sur la consommation de poisson, les pêcheurs capturent du poisson tout au long de l’année. Ils ne veillent pas à une fermeture annuelle pour cette ressource.

Pour les poulpes et les calmars, les informateurs ont noté le respect de la fermeture de pêche annuelle. Ceci étant parce que ces produits sont surtout destinés à la commercialisation, or les sociétés de collecte ne font pas de campagne de collecte durant la période de fermeture. Effectivement, les opérateurs économiques œuvrant dans l’importation des céphalopodes contribuent énormément dans la gestion durable de ces ressources (Par exemple, c’est grâce au premier atelier régional sur l’exploitation des céphalopodes en 2005 que la taille minimale de capture de 350g a été fixée). Néanmoins, quelques prélèvements sont encore effectués pour approvisionner les restaurants dans la localité.

Les pêcheurs exploitent aussi les concombres de mer toute l’année. Ces produits sont principalement destinés à la commercialisation. Comme les produits sont vendus à l’état sec, les pêcheurs peuvent les conserver. Donc, même si la demande sur le marché baisse, ils continuent à collecter les concombres de manière à avoir plus de stock à la relance du marché.

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Enfin pour les langoustes, les pêcheurs l’exploitent aussi toute l’année. Effectivement, d’après les pêcheurs, même durant les périodes de fermeture nationale, la demande ne baisse pas. Ils continuent d’approvisionner les restaurants environnants et le marché de Toliara.

II-1.6.2- Paramètre influençant la période de pêche :  Marée :

Selon la connaissance des Vezo , le mouvement des marées est attribué à « Zanahary » uniquement. Cependant, la distinction de deux marées différentes est acceptée par tous : « lemirano » et « tehaky ». Pour la première, correspondant aux marées de mortes eaux, l’amplitude de la marée est faible. Par contre, pour la deuxième, correspondant aux marées de vives eaux, l’amplitude de la marée est forte. Les Vezo arrivent à déterminer la période de la marée en regardant la forme et la position de la lune dans le ciel.

La période de « tehaky » est plus propice à l’activité de pêche pour la communauté. Effectivement, plus l’eau se retire, plus l’accès aux ressources est facile. Ainsi, durant la marée basse, même ceux qui ne possèdent pas de moyen d’embarcation, tel que les femmes et les enfants, peuvent pratiquer la pêche à pieds. De plus comme l’eau est peu profonde, les espèces sont plus vulnérables. Par exemple pour les poulpes, qui constituent la grande partie de la capture de la pêche à pieds, elles restent cachées dans les creux des blocs de coraux, ce qui facilite la tâche des pêcheurs.

Durant un mois, « tehaky » et « lemirano » s’intercalent deux fois. Le premier « tehaky » pendant la période de pleine lune et le deuxième pendant la nouvelle lune. Pour la période de « lemirano », la première durant le premier quartier lunaire et la deuxième lors du dernier quartier.

Phase lunaire Premier quartier Pleine lune Dernier quartier Nouvelle lune CET lemirano tehake lemirano tehaky

Figure 18 : représentation schématique des cycles des marées

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 Saisons :

Les Vezo distinguent deux saisons durant l’année :

• une saison fraiche et sèche qui s’étend du mois d’avril au mois de septembre • une saison chaude et humide, du mois d’octobre au mois de mars. Les pluies étant particulièrement abondantes durant les mois de décembre et janvier.

D’après les pêcheurs, les ressources sont plus abondantes durant la saison chaude. Ils expliquent ce phénomène par le fait qu’à cette période, les nourritures sont plus abondantes.

 Vents :

Le vent constitue un facteur primordial pour la navigation étant donné que la majorité des pirogues Vezo est propulsée à la voile. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les Vezo sont instruits sur les différents types de vents et leur direction afin de bien maîtriser comment manœuvrer une pirogue plus tard.

Le plus important de ces vents est le « tsioka atsimo » qui est le vent dominant dans cette partie de l’île. Le tsioka atsimo souffle surtout durant la saison fraîche. Cependant, selon la croyance des Vezo , il survient aussi à chaque fois qu’un ancien meurt. C’est un vent violent. Ainsi, durant les jours de tsioka atsimo , aucune sortie en mer n’est possible. Cependant, d’après les pêcheurs, actuellement les tsioka atsimo sont de plus en plus fréquents et de plus en plus longs (Le tsioka atsimo peut persister 5 jours d’affilé et parfois même plus d’une semaine).

 Courants :

Selon les pêcheurs, la connaissance des courants marins est très importante pour la pratique de l’activité de pêche dans la mesure où les poissons suivent leur mouvement. Ainsi, durant la marée montante, le sens des courants pousse l’eau dans l’embouchure de l’Onilahy. Les petits poissons pélagiques suivent ces courants pour se nourrir dans l’embouchure. C’est à ce moment que la pêche dans cette zone est particulièrement intéressante.

D’après les pêcheurs, ce sont aussi les courants marins chauds survenant au début de la saison chaude (vers la fin du mois de septembre) qui véhiculent les bancs de sardinelles et d’anchois.

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II-1.7- Autres activités liées aux écosystèmes marins et côtiers : II-1.7.1- Prélèvement des bois de mangrove :

D’après les récits des informateurs, plus particulièrement les communautés habitant les périphéries des mangroves, la mangrove est surtout utilisée pour l’approvisionnement en bois.

Les bois prélevés sont destinés à la construction des cases et à la cuisson. Pour la construction d’une case traditionnelle en « vondro » de 6 m 2, le besoin en bois de palétuvier est de l’ordre de 140 à 160 pieds de palétuviers adultes et jeunes pousses confondus. Pour une clôture, il en faut 200 pieds de palétuviers de jeunes plantes. Cependant, les besoins pour la construction ne sont que périodiques (une case pouvant durer une dizaine d’années). Par contre, le besoin en bois de chauffe est relativement important. En moyenne, un ménage consomme 3 fagots de bois de chauffe par semaine. La collecte de bois de chauffe étant une tâche réservée aux femmes. Au niveau du village d’Ankilibe, les bois de mangrove sont aussi exploités pour la fabrication de charbon et la fabrication de chaux.

Tableau 9 : utilisation des essences de palétuviers

Utilisation Caractéristiques Caractéristiques Caractéristiques Bois de Espèces du bois énergétiques Bois de service chauffe Renfort externe Médiocre, Cuisson, Dur, peu résistant du toit, clôture, Avicennia marina corrode la fumage des aux termites étalage pour chaudière poissons vaisselle Dur, imputrescible, Très bonne Charpente des Ceriops tagal très résistant aux qualité, bon bois cases, Cuisson insectes de charbon dépendances Dur, imputrescible, Bonne qualité, Charpente des Rhizophora mucronata moins résistant que bon bois de cases, Cuisson. Ceriops tagal charbon dépendances, Bonne qualité, Charpente des Bon bois, médiocre en tant Bruguiera gymnorhiza cases, Cuisson. imputrescible que charbon de dépendances, bois Poulailler, Sonneratia alba Bon bois de service Mauvaise qualité clôture, Très peu utilisé planchette

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Par ailleurs, la population prélève aussi les feuilles et l’écorce de certaines espèces. Les feuilles de Avicennia marina sont utilisées pour guérir le paludisme et les maux d’estomac. L’écorce de Rhizophora mucronata est utilisée par les femmes pour faire un masque pour le visage. Enfin, l’écorce d’Avicennia marina est aussi exploitée pour la fabrication de tanin.

II-1.7.2- Culture d’algues

La culture d’algues ( Euchema sp ) était pratiquée par les villageois dans la baie de Sarodrano. Les produits étaient collectés par Biomad pour être exportés vers la France. La collecte s’est arrêtée depuis 2005, et les villageois ont abandonné la culture.

Cependant, le projet PACP comprend un volet sur la vulgarisation de l’algoculture. Le volet n’est pas encore fonctionnel. Néanmoins, les études de faisabilité sont déjà en cours. Quelques investisseurs sont déjà aussi intéressés par la commercialisation.

II-1.7.3- Elevage d’holothuries

La vulgarisation des micro-fermes d’holothurie est fonctionnelle dans la zone depuis cette année. Cette activité consiste à l’élevage en milieu naturel des holothuries. Elle résulte de la collaboration entre des scientifiques, des ONG et des opérateurs économiques. Les larves sont fournies par la société Madagascar Holothurie. Le projet PACP, comme l’ONG Transmad, appuie les pêcheurs dans la mise en place des micro-fermes. La collecte et la commercialisation sont ensuite assurées par la société Madagascar Holothurie. PACP et Transmad travaillent avec des groupes de production familiale (GPF).

II-2- Gouvernance locale : II-2.1- Forme du pouvoir

Traditionnellement, les Vezo s’organisent en communauté lignagère. Chaque lignage possède son « Mpitankazomanga ». Littéralement, « Mpitankazomanga » veut dire le gardien du totem. C’est le chef du lignage. Il représente le pouvoir traditionnel et est considéré comme le médiateur entre les vivants et les ancêtres. De part son titre, il jouit d’une grande notoriété et sa parole est irrévocable. Il est secondé par le « Fahatelo ». Autour du « Mpitankazomanga » et du « Fahatelo » s’organisent les anciens ou les « Olobe » constitués par les patriarches de tous les lignages et des sous-lignages composant la communauté. Ces trois entités forment l’organe décisionnel de la communauté.

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Avec la mise en place des administrations décentralisées, chaque fokontany élit un chef. Son élection concerne toute la communauté. Cependant, du fait du respect accordé aux ainés, le « Chef fokontany » est toujours choisi parmi les anciens. Le « Chef fokontany » assure surtout la représentation des intérêts du village au niveau de la commune et du district. Théoriquement, il répond aussi à plusieurs fonctions : l’allocation des terres, la médiation et la résolution des conflits, ... Cependant, il ne prend jamais de décisions unilatérales. Toutes les décisions qui touchent à l’intérêt communautaire sont prises avec le conseil des ainés.

II-2.2- Cadre formel et informel : II-2.2.1- Accès aux ressources :

Dans la communauté Vezo , l’accès à la mer et l’exploitation des ressources sont libres. Toute personne, qu’elle appartienne ou non à la communauté villageoise, peut pêcher dans les zones de pêche immédiates au village. Ce libre accès aux ressources se traduit par le nomadisme des pêcheurs qui se déplacent le long des côtes, toujours en quête de zones plus propices à la pêche.

Cependant, depuis le développement des infrastructures routières, les Vezo ont commencé à se sédentariser. Ainsi, les pêcheurs se sont appropriés de fait la portion de mer juxtaposée directement à leur village. Cette zone constitue leur zone de pêche traditionnelle qu’ils se transmettent de génération en génération. Néanmoins, certains pêcheurs pratiquent encore le nomadisme de façon temporaire. Cette pratique appelée localement « tindroke » consiste à pêcher à l’extérieur de la délimitation des zones de pêche traditionnelles du village. Ces expéditions de pêche peuvent s’effectuer dans les îles inhabitées ou dans d’autres villages. Pour ce deuxième cas, le pêcheur migrant doit se présenter devant le chef du village afin de lui exposer les raisons de sa venue et de lui demander l’autorisation de camper et de pêcher dans la zone.

II-2.2.2- Limites d’accès aux ressources :  Lois nationales :

Le texte de base le plus récent, régissant la pêche et l’aquaculture à Madagascar est l’Ordonnance n° 93-022 du 04 mai 1993. Aucun plan d’aménagement de la pêcherie traditionnelle n’est encore opérationnel dans la Région. De plus, les contrôles et les suivis sur l’application de ces textes, délégués au Centre de Surveillance des Pêches, sont rares par manque de moyens. Par ailleurs, le Grand Récif de Toliara a été classé Réserve de Biosphère

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de l’UNESCO depuis 2003, mais aucune structure de gestion relative à ce statut n’est opérationnelle.

Les lois connues de la communauté, relatives à l’exploitation des ressources halieutiques, peuvent être catégorisées en quatre, à savoir :

• La fermeture de pêche pour les poulpes, les sardinelles, et les langoustes. • La limitation de la taille minimale de capture : pour les poulpes (350g) et pour les holothuries (11 cm état frais et 8 cm état sec). • L’interdiction des méthodes et engins de pêche destructifs : bouteilles de plongée ; sennes de plage muni de poche central en filet moustiquaire ; produits enivrants ; filets de mailles inférieures à deux doigts ; filets moustiquaires ; destruction des coraux. • L’interdiction de l’exploitation de certaines espèces : tortues marines et dauphins.  Convention sociale ou « DINA » :

Les Dina sont des conventions sociales pour règlementer l’accès aux ressources sans aller à l’encontre des lois nationales. En général, il est propre à une communauté villageoise, mais il peut aussi être le fruit d’un consensus entre plusieurs villages pour la gestion d’une zone bien déterminée. Tel est le cas du Dina de l’association FIMIMANO qui regroupe six villages (Saint Augustin, Lovokampy, Soalara Haut, Soalara Bas, Anakao Haut et Anakao Bas) pour la gestion de l’île de Nosy Ve.

Auparavant, le Dina ne s’appliquait qu’aux membres de la communauté concernée. Mais depuis la mise en place des structures administratives, comme tous les visiteurs et les nouveaux immigrants doivent passer par le Chef du village, ceux-ci sont mis au courant des contenus du Dina et doivent aussi s’y conformer. Néanmoins, l’application du Dina sur des étrangers reste encore difficile dans la mesure où ce texte ne possède pas de cadre légal. Ainsi, les efforts sont actuellement axés sur la formalisation des Dina .

 Croyances :

La croyance chez les Vezo est basée sur deux entités : « Zanahary » et « Razana ». Le premier est perçu comme un Etre supérieur ayant le pouvoir de faire et de défaire les choses selon son bon vouloir sans qu’on y puisse y faire quelque chose. Les seconds par contre sont

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considérés comme étant les esprits des ancêtres qui veillent sur les vivants. Ils font l’objet d’un culte qui entraîne différents tabous « fady » et rites traditionnelles « fomba ».

Les « fady » liés aux ressources limitent l’accès à certains endroits ou l’exploitation de certaines espèces. Durant la réalisation de cette étude, l’île de Nosy Ve a été le seul lieu « fady » mentionné. Les tabous sur cette île se rapportent à l’interdiction d’y camper et à l’interdiction de souiller l’île et ses environs. Pour les espèces faunistiques, quatre ont été recensées comme « fady ». Le requin baleine est « fady » parce que selon la croyance, il abrite l’esprit des ancêtres. Le « fady » sur la raie guitare (sorboa ) et la murène ( lamera ) découle de leur assimilation aux ancêtres. Enfin, une espèce de crabe connue localement sous le nom de « drakadoane » est aussi « fady » parce qu’elle est utilisée dans des rites traditionnelles.

Les « fomba » dictent les comportements à adopter pour obtenir les bonnes grâces des ancêtres. Par exemple, un « fomba » doit être fait pour lever les « fady » sur un endroit donné. De même, un « fomba » doit aussi être effectué en cas de transgression d’un « fady » afin d’apaiser la colère des ancêtres. Pour ces deux premiers cas, le « fomba » nécessite un « soro » ou un sacrifice . Un « fomba » peut aussi être réalisé suite à une pêche fructueuse comme la capture de tortues de mer ou de requin. Il est effectué en signe de remerciement et de requête pour que cette aubaine se perpétue. Cette pratique est surtout associée au culte des « Vorombe », qui sont les dieux de la mer.

II-2.2.3- Application des différentes règlementations :

Suite aux études de perception sur l’application des différentes réglementations liées à l’exploitation des ressources marines, la répartition des réponses des personnes enquêtées a permis d’établir le graphe ci-dessous.

Lois-Dina-Croyances 11% 14% 3% 4% Lois-Croyances-Dina Dina-Lois-Croyances 21% 47% Dina -Croyances -Lois Croyances-Dina-Lois Croyances-Lois-Dina

Figure 19 : niveau de respect des différentes règlementations relatives à l'exploitation des ressources halieutiques (lois, Dina , croyances)

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Les croyances traditionnelles demeurent les plus respectées par les membres de la communauté (47% des déclarants), s’ensuivent les « Dina » (21%), et les lois nationales arrivent en dernière position (14%). Le non respect des lois est nettement illustré par l’utilisation des engins de pêche interdits (senne, filet moustiquaire et laro ), la violation des fermetures de pêche (pratique de l’activité toute l’année) et l’exploitation des tortue marines. Ce phénomène peut être expliqué par l’éloignement de l’administration de pêche. Par l’insuffisance de sensibilisation, les pêcheurs connaissent mal la nature et la portée des textes, contrairement aux « Dina » et aux croyances. Pour la première, comme c’est un consensus entre toute la communauté, tous les membres de la communauté sont censés connaître son contenu, notamment les risques qu’ils encourent en cas d’infraction. Pour la seconde, elle se transmet de génération en génération. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont tenus au courant de ces différentes croyances, surtout les « fady ».

Résultant de l’insuffisance de contrôle de l’administration, les pêcheurs ont aussi tendance à entraver les lois. Même s’ils savent très bien qu’ils sont en infraction aux lois, ils le font quand même dans la mesure où personne n’est là pour les appréhender. Par contre, pour le « Dina », chaque membre de la communauté peut les dénoncer. Et plus encore, pour les « fady », les Vezo croient aussi que rien ne peut être caché de « Zanahary » et des ancêtres. Ils évitent donc au maximum d’enfreindre les « fady ». Cependant, la principale raison est le respect et la peur que les Vezo éprouvent à l’endroit des ancêtres. Enfreindre les « fady » c’est provoquer leur colère, ce qui ne serait pas sans conséquence grave sur le destin du coupable. Par ailleurs, ces textes se heurtent souvent aussi aux contextes locaux. Par exemple, l’exploitation des tortues marines est interdite par la loi alors que cette espèce revêt une signification très importante dans la culture Vezo . Ainsi, la pêche aux tortues marines est encore une pratique courante dans la zone comme on l’a vu dans les chapitres précédents.

Au niveau des sept villages, la croyance reste la plus respectée en termes de réglementation (Figure 20). Les taux varient de 44 à 72%, enregistrés respectivement dans les villages d’Ampasinihita et ceux de Lovokampy et Sarodrano. Par contre, le respect accordé au Dina et aux lois varient suivant les villages. Dans les villages de Tanandava, d’Ankilibe et d’Ampasinabo, les gens accordent plus de respect au Dina plutôt qu’aux lois, soit respectivement : 5% contre 39%, 13% contre 31% et 15% contre 34%. Par contre, dans les villages d’Ampasinihita, de Lovokampy et de Sarodrano, la proportion de la population qui respecte plus les lois prend le dessus sur celle portée sur le Dina .

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Lovokampy RG 20% 20% 59%

Ampasinihita 30% 27% 44%

Ampasinabo 15% 34% 51% Lois Lovokampy 21% 8% 72% Dina Tanandava 5% 39% 56% Croyances Sarodrano 15% 12% 72%

Ankilibe 13% 31% 56%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Figure 20 : niveau de respect des différentes règlementations au niveau des villages

Après analyse statistique de la répartition des réponses par village, la valeur de chi- carré (0,1) est supérieure à « p value » (0,05). Ainsi, l’hypothèse nulle est acceptée. Autrement dit, la perception sur l’application des textes de toute la population dans la zone est identique : les croyances traditionnelles priment sur les autres règlementations.

II-2.3- Corps de gestion :

La gestion des ressources marines dans la zone implique plusieurs institutions :

 Les institutions publiques : • Direction Régionale de l’Environnement et des Eaux et Forêts ; • Service de la Pêche et des Ressources Halieutiques.  Les ONG : • ASE qui est un ONG local œuvrant dans la conservation ; • WCS qui est un ONG américain œuvrant dans la conservation et intervient dans la mise en place des RM dans le cadre du PACP ; • Transmad qui est un ONG français. Son action dans la zone consiste à la vulgarisation de l’élevage artisanale des holothuries, projet financé par PROGECO.  Les institutions de recherche :

L’IH.SM est un centre de formation et de recherche rattaché à l’Université de Toliara. Dans le cadre du PACP, l’institut coordonne les volets relatifs aux recherches-développement, notamment la mise en place des RM.

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 Les associations villageoises :

L’association FIMIMANO (FIkambanana MIaro sy MAmpandroso an’ny Nosy Ve) œuvre pour la sauvegarde du récif de Nosy Ve. Cette association regroupe les exploitants l’île de Nosy Ve (pêcheurs et opérateurs touristiques). Elle s’étend sur six villages : Saint Augustin, Lovokampy, Soalara Haut, Soalara Bas, Anakao Haut et Anakao Bas.

II-2.4- Règlement des conflits liés aux ressources :

Les conflits liés aux ressources se règlent de la même manière que les autres conflits sociaux surgissant dans la communauté (Figure 21).

Figure 21 : processus de règlement des conflits dans la communauté Vezo

Le conflit se règle d’abord à l’amiable entre les deux parties. C’est seulement quand les deux parties n’arrivent pas à une entente que l’affaire est portée devant le conseil des anciens ou « atao kabary ».

Le « kabary » est une sorte de tribunal présidé par le(s) « Mpitankazomanga » dont les membres du jury sont constitués par les anciens. Il se déroule sous le grand tamarinier du village, arbre considéré comme sacré chez les Vezo , et en présence de tous les membres de la communauté. Chaque partie est représentée par un « Mpizaka » qui est une sorte d’avocat. Ces derniers sont souvent des hommes assez âgés et qui excellent dans l’art de la palabre. Après que chaque partie ait plaidé sa cause, il revient au conseil des anciens de statuer sur l’issue de la discorde, ou sur le sort de l’accusé s’il est coupable ou non, et de fixer sa peine (souvent une amende sous forme d’argent ou en nature : bœuf ou chèvre).

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Si le conflit n’a pas pu être résolu par le « kabary », l’affaire peut être portée devant le tribunal administratif en déposant une plainte auprès de la gendarmerie locale. Mais cet ultime recours est très rare à l’intérieur de la communauté. Souvent, le recours au tribunal concerne les conflits avec des personnes extérieures à la communauté.

En bref, dans la communauté Vezo , la forme traditionnelle prime sur la forme légitime en termes de gouvernance des ressources marines. Les Vezo sont encore très attachés à leurs coutumes ancestrales. Le rôle de l’administration reste minime.

II-3- Etude de perception : II-3.1- Perceptions sur l’état des récifs :

En général, la majorité des personnes enquêtées (51%) a constaté le mauvais état des écosystèmes récifaux dans la zone (Figure 22). Seulement 7% des déclarants ont trouvé que ces écosystèmes sont encore en bon état, alors que 31% n’ont pas constaté de changements majeurs et 11% n’ont pas émis leur avis. En se basant sur ces chiffres, une dégradation des récifs dans la zone peut donc être supposée.

Lovokampy RG 20% 64% 16%

Ampasinihita 29% 66% 11% 7% Ampasinabo 36% 49% 15% 31% Lovokampy 34% 55% 11%

Tanandava 27% 49% 15% 51% Sarodrano 20% 55% 14%

Ankilibe 30% 51% 14% Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 22 : perception sur l'état des Figure 23 : perception par village sur l'état des récifs récifs dans toute la zone Selon les entretiens avec les pêcheurs, les formations coralliennes ont cédé la place, soit à des formations algales, soit à des bancs de sable stériles. En effet, les problèmes de prolifération algale et d’hypersedimentation dans cette zone ont déjà été soulevés par plusieurs auteurs depuis des années. En 1997, Vasseur note déjà une dégradation de l’habitat corallien au

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profit d’un habitat dominé par les macroalgues. Pour le problème de sédimentation, ce phénomène a déjà été constaté par plusieurs scientifiques (Battistini, 1975 ; Rabesandratana, 1988 ; Vasseur et al. , 1988).

Par ailleurs, des phénomènes extraordinaires ayant causé des dégradations sur le GRT ont aussi été notés par les pêcheurs. Les phénomènes de blanchissement des récifs ont particulièrement été observés il y une dizaine d’années environ, notamment sur le GRT. Le passage du cyclone tropical Cyprien en 2002 a aussi entraîné des destructions considérables sur le récif. La prolifération des prédateurs des coraux est aussi constatée par les pêcheurs, notamment l’étoile de mer Acanthaster plancii .

Au niveau des six villages (Figure 23), les résultats enregistrés au niveau du village de Lovokampy RG diffère des tendances dans les six autres villages. Si dans ces derniers, la majorité des déclarants constate la dégradation des récifs, à Lovokampy RG 64% des enquêtés ont déclaré ne pas avoir constaté de changements majeurs, et 20% trouvent qu’ils sont encore en bon état. Cette situation peut être expliquée par le fait que contrairement aux six villages se trouvant sur la rive droite de l’Onilahy, les pêcheurs de Lovokampy RG exploitent plutôt les zones récifales du côté d’Anakao que celles du GRT. Effectivement, l’état de santé alarmante du GRT a déjà été signalé par de nombreux auteurs (Rabesandratana, 1988 ; Vasseur, 1997 ; Laroche et al. , 1997). Cette situation reflète une dégradation continue de cette zone. Par contre, pour le récif annulaire d’Anakao, la gestion communautaire instaurée depuis 1999 a permis d’améliorer son état de santé. Un suivi réalisé en 2003 a révélé les résultats positifs de cette gestion. Le recrutement corallien est élevé et les poissons indicateurs de la bonne santé des récifs sont nombreux (Bemanaja, 2003).

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II-3.2- Perception sur l’état des mangroves :

En se référant aux résultats des études de perception, la dégradation des zones de mangrove dans la zone peut être supposée. En effet, 42% des déclarants trouvent que les mangroves sont en mauvais état, 34% n’ont pas constaté de changements majeurs, 12% considèrent qu’elles sont encore en bon état et 12% n’ont pas émis leur avis (Figure 24).

Lovokampy RG 44% 52%

Ampasinihita 46% 41% 12% 12% Ampasinabo 40% 36%

11% 29% 55% 34% Lovokampy 42% Tanandava 22% 44% 7%

Sarodrano 18% 45% 26%

Bon Ni bon ni mauvais Ankilibe 81% Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 24 : perception sur l'état des Figure 25 : perception par village sur l'état des mangroves mangroves dans toute la zone Cependant, la répartition des réponses par village diffère énormément (Figure 25). Dans le village d’Ankilibe, 81% des déclarants trouvent que la mangrove est en mauvais état. Effectivement, les pressions de coupes sur la mangrove dans ce village sont très élevées. A part les besoins en bois des ménages (bois de chauffe et bois de construction), le village compte aussi des fabricants de charbon et de chaux parmi sa population. De ce fait, les pressions de coupe sont très intenses.

En opposition au village d’Ankilibe, les réponses enregistrées au niveau du village de Lovokampy RG tendent vers un état plus ou moins bon des zones de mangroves. La population de ce village exploite la mangrove d’Antsaha Lovokampy. 44% des déclarants trouvent que cette zone est encore en bon état. 52% ont déclaré que son état actuel n’est ni bon ni mauvais, et seulement 4% ont constaté son mauvais état. D’ailleurs, la zone de mangrove d’Antsaha Lovokampy a été proposée par les pêcheurs pour être mise en réserve. Cette situation témoigne bien que la population considère cette zone comme étant encore en bon état pour être classée comme RM. La partie de ce travail sur la validation des sites proposés pour les futures RM vérifiera donc si effectivement cette perception des pêcheurs est justifiée ou non.

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II-3.3- Perception sur le stock de poissons :

Les avis des déclarants sur la disponibilité des ressources en poissons divergent beaucoup : 55% des déclarants la qualifient de « mauvaise », 21 % de « ni bon, ni mauvais », contre seulement 9% qui la trouvent « bon », et 15% ne s’étant pas déclarés.

Lovokampy RG 28% 47% 16%

Ampasinihita 12% 69% 17%

15% 9% Ampasinabo 30% 45% 19% 21% Lovokampy 21% 67% 5%

Tanandava 24% 39% 32% 55% Sarodrano 23% 54% 12%

Ankilibe 14% 59% 11% Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100% Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 26 : perception sur le stock Figure 27 : perception par village sur le stock de poisson de poisson au niveau de toute la zone Le pourcentage maximal a été enregistré dans le village d’Ampasinihita avec 69% des déclarants. Par contre, pour le village de Tanandava, sur toutes les personnes interrogées, seulement 39% d’entre eux sont conscients de la diminution du stock de poissons. Cependant, ceci peut être expliqué par le fait que la majorité de la population de ce village ne fréquente pas la mer (on y compte seulement 40 pêcheurs pour 800 habitants). Cet argument est aussi appuyé par la forte proportion d’enquêtés ne s’étant pas prononcés sur le sujet (32%).

En se référant à la majorité des réponses des déclarants (55%), une dégradation du stock de poissons dans la zone peut être supposée. D’après les entretiens menés auprès des pêcheurs, les individus de grande taille deviennent de moins en moins abondants. De même, les espèces à forte valeur commerciale comme Siganus sutor (Amboramasaka ) ou Epinephelus sp (Alovo ) sont de moins en moins représentées dans les captures. Certaines espèces ont même disparu (Fiamasiake ). Une étude comparative réalisée par Brenier (2009) entre les résultats des captures à la senne qu’il a lui-même observées entre 2006 et 2007 et ceux réalisés par Laroche et Ramananarivo entre 1989 et 1990 montre que les espèces récifales ou associées au récif

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(Siganidae et Caesionidae) ont été remplacées par des espèces pélagiques côtières (Clupeidae et Engraulidae). De même, ses résultats sur les captures au filet montrent une composition de 41,4% d’Acanthuridae alors que cette famille n’a même pas été signalée dans les principales familles capturées en 1989-1990. Ainsi, la surexploitation des espèces de valeurs se traduit par la raréfaction de celles-ci au profit de la prolifération d’autres espèces à moindre valeur.

II-3.4- Perception sur le stock de poulpes :

Concernant l’avis des pêcheurs sur les poulpes, 67% des enquêtés ont déclaré la dégradation de cette ressource (Figure 28). Comme pour les poissons, 21% trouvent que ce n’est ni bon ni mauvais, 2% seulement n’ont pas constaté une diminution et les 10% restants ne se sont pas déclarés. A Ampasinihita, 79% des répondants ont déclaré le mauvais état de cette ressource (Figure 29). La proportion la plus faible a par contre été enregistrée à Ampasinabo avec 53% des déclarants. Ces résultats supposent donc une forte diminution des poulpes dans la Région.

Lovokampy RG 28% 71% 10% 2% Ampasinihita 12% 79% 10%

21% Ampasinabo 4% 30% 53% 13%

Lovokampy 21% 67% 13% 24% 54% 22% 67% Tanandava Sarodrano 23% 67% 9%

Bon Ni bon ni mauvais Ankilibe 4% 14% 76% 6% Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 28 : perception sur le Figure 29 : perception par village sur le stock de stock de poulpes dans la zone poulpes D’après les pêcheurs, la capture a nettement diminué depuis quelques années. Les individus de grande taille sont de plus en plus rares. Cette situation résulte de la forte pression de pêche exercée sur cette espèce. Selon les études réalisées par L’Harridon (2006) par l’analyse des données sur la collecte de poulpes dans la Région, la collecte de poulpes des principales entreprises de collecte de la côte sud ouest de Madagascar a augmenté de 1996 à 2004, de façon similaire à la croissance des exportations de poulpe de Madagascar. Cependant,

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en 2005, la collecte a connu une légère baisse, attribuable aussi bien à l’effet de conditions météorologiques particulières qu’à l’impact des pêches des années précédentes. Effectivement, cette espèce a été fortement exploitée depuis l’installation des deux grandes sociétés de collecte de Céphalopodes (COPEFRITO et ) dans la Région de Toliara (Iida, 2005). Répondant à la forte demande du marché, et y ayant trouvé une source d’argent importante, les pêcheurs se sont livrés à une exploitation intense de cette ressource. L’accessibilité à cette ressource a aussi favorisé cette surexploitation. De plus, cette surpêche est aggravée par la destruction des habitats naturels de l’espèce qui est la zone récifale.

II-3.5- Perceptions sur le stock de concombres de mer :

Pour les holothuries, 53% des déclarants ont estimé l’état de cette ressource comme mauvais, contre 3% seulement qui n’ont pas constaté de changement (Figure 30). Les 23% ne se sont pas déclarés, alors que les 21% jugeant les ressources « ni bon, ni mauvais » ont maintenu leur avis comme pour les poissons et les poulpes. Ainsi, ces résultats supposent une forte exploitation de cette ressource. Cette constatation de la dégradation du stock d’holothuries est particulièrement importante dans les villages d’Ankilibe et de Sarodrano (Figure 31). Effectivement, il faut noter que dans ces deux villages, l’exploitation des holothuries occupe une place importante dans les revenus des ménages (Andriatsimialona, 2006).

Lovokampy RG 28% 59% 12%

3% Ampasinihita 12% 62% 27%

23% 21% Ampasinabo 11% 30% 36% 23% Lovokampy 21% 45% 35%

Tanandava 2% 24% 27% 46%

53% Sarodrano 23% 63% 14%

Ankilibe 5% 14% 68% 14% Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100%

Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 30 : perception sur le stock de Figure 31 : perception par village sur le stock de concombre concombre de mer dans la zone de mer Durant les entretiens avec les pêcheurs, ceux-ci ont tous évoqué la raréfaction de certaines espèces à forte valeur commerciale, notamment Holothuria scabr a et Holothuria

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nobilis , ainsi que la diminution de la taille des individus capturés. Cette situation a déjà été révélée par plusieurs auteurs à partir de la fin des années 90 (Conand et al. , 1997 ; Rasolofonirina et Conand, 1998). Ainsi, la qualité du trépang malgache se dégrade, conséquente à la raréfaction des espèces nobles et à la diminution des tailles des spécimens récoltés. Cependant, parallèlement à cette raréfaction de certaines espèces, d’autres espèces apparaissent aussi. Autrement dit, des espèces qui auparavant n’étaient pas rencontrées dans la zone, ou seulement en faible quantité, deviennent de plus en plus répandues. Cette situation expliquerait en partie la réponse de certains déclarants qui trouvent que le stock en holothurie est encore bon, voire même augmente. L’apparition des nouvelles espèces d’holothurie a aussi été mise en évidence dans l’étude d’Andriatsimialona (2006), en comparant ses résultats de suivi de pêche avec ceux des études réalisés en 1996 par Mara et al. (1997) dans la même zone.

II-3.6- Perception sur le stock de tortues marines :

La question des tortues marines a toujours constitué un sujet délicat à aborder avec les pêcheurs Vezo . Les résultats des enquêtes de perception concernant cette ressource reflètent bien cette situation. Comparées aux autres espèces étudiées dans les chapitres précédentes, la réponse des déclarants sur l’état des stocks des tortues marines est très différente. Plus de 33% des déclarants trouvent que le stock est bon, 20% ni bon ni mauvais, contre 17% seulement qui constatent une diminution (Figure 32). On remarque aussi que les personnes n’ayant pas donné leur avis sont assez importantes, soit 30% des déclarants.

Lovokampy RG 32% 28% 16% 24% Ampasinihita 37% 12% 30% 22%

Ampasinabo 23% 30% 15% 32% 30% 33% Lovokampy 35% 21% 16% 29% Tanandava 15% 17% 22% 46% 17% 20% Sarodrano 43% 23% 8% 26% Ankilibe 40% 14% 16% 30% Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas 0% 20% 40% 60% 80% 100% Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Figure 32 : perception sur les Figure 33 : perception par village sur les tortues marine tortues marines dans la zone

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Comme les pêcheurs capturent souvent des tortues, pour eux, c’est la preuve que les tortues ne sont pas en danger d’extinction comme le prétendent les scientifiques et les environnementalistes. Selon la logique des pêcheurs, si une tortue arrive à pondre près d’une centaine d’œufs par ponte, et qu’au cours d’une saison de ponte elles arrivent à pondre 2 à quatre fois, les tortues ne peuvent pas disparaître. D’ailleurs, à cause de cette différence de point de vue, les pêcheurs préfèrent ne pas donner leur avis, ce qui explique le fort pourcentage des enquêtés ne s’étant pas déclarés (30%).

Cependant, toutes les espèces de tortues marines sont inscrites dans la liste rouge de l’IUCN. Pour Eretmochelys imbricata et Chelonia mydas , les deux espèces les plus communes aux alentours de Toliara, la première est citée comme critiquement en danger d’extinction (CR) et la seconde comme en danger d’extinction (EN) (IUCN, 2007). D’une part, la maturité tardive des femelles les rend encore plus vulnérables. En effet, une femelle n’est mature sexuellement qu’après trente ans. D’autre part, la perturbation et la dégradation des sites de ponte accélèrent aussi l’extinction de l’espèce. Dans son étude, Rakotonirina (1989) rapportait les récits de pêcheurs sur des femelles de tortues marines ayant lâché leurs œufs dans la mer faute de plage propice à la ponte. Même si aucune recherche scientifique relative à ce phénomène n’a encore été menée dans la Région, force est de constater que les plages de ponte sont désertées par les tortues (Cas de Manombo et d’Anakao).

 Tests du chi-deux :

• Récif : p = 0.0219 ainsi, H0 est rejetée ; les niveaux de perception sur le récif diffèrent significativement au niveau des sept villages -16 • Mangrove : p = 1,87 ainsi, H 0 est rejetée ; les niveaux de perception sur la mangrove diffèrent significativement au niveau des sept villages

• Poissons : p = 0.3200 ainsi, H 0 est acceptée ; les niveaux de perception sur les poissons ne diffèrent pas significativement au niveau des sept villages

• Poulpes : p = 0.0526 ainsi, H 0 est acceptée ; les niveaux de perception sur les poulpes ne diffèrent pas significativement au niveau des sept villages -5 • Holothurie : p = 1.907 ainsi, H 0 est rejetée ; les niveaux de perception sur les holothuries diffèrent significativement au niveau des sept villages

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• Tortues p = 0.0588 ainsi, H 0 est acceptée ; les niveaux de perception marines : sur les tortues marines ne diffèrent pas significativement au niveau des sept villages

En bref, on peut dire que la perception des pêcheurs sur l’état des ressources diverge suivant l’espèce et suivant les villages. Pour les écosystèmes clés, les zones récifales et les mangroves, le niveau de perception diffère significativement d’un village à un autre dans la mesure où ces villages exploitent des zones différentes. Par contre, les perceptions des pêcheurs sur les poissons et les poulpes pour les sept villages tendent tous vers un constat de la dégradation de ces ressources. De même pour les tortues marines, les résultats des études de perception au niveau des sept villages ne diffèrent pas. Dans tous les villages, la majorité des réponses tendent vers le maintien de l’abondance de cette ressource. Cependant, les entretiens auprès des pêcheurs ont révélé que les pêcheurs sont unanimes sur la diminution de la taille des individus dans les capture, et ceci toutes espèces confondues. Les entretiens effectués auprès des pêcheurs ont révélé plusieurs versions sur l’état actuel des ressources halieutiques. Ainsi, relatif aux réponses « mauvais », les ressources diminuent effectivement, entraînant aussi la diminution des captures. Cette diminution résulte d’une part de la perturbation continuelle des habitats, ou encore de leur destruction (pêche destructive). Ainsi, les espèces se terrent ou migrent vers le large. D’autre part, cette diminution est aussi due à une forte pression de pêche. Ainsi, le renouvellement naturel ne peut plus s’effectuer. Ce qui explique le fait que les pêcheurs attrapent de moins en moins d’individus. Par ailleurs, les espèces à fortes valeurs commerciales se font de plus en plus rares dans les captures. Relatif aux réponses « ni bon, ni mauvais », la croyance veut que les ressources soient contrôlées par des Etres supérieurs. L’homme n’a aucune emprise sur leur variation. Ainsi, ces pêcheurs ne peuvent affirmer si le stock actuel est bon ou mauvais dans la mesure où ils ne capturent que ce que les dieux veulent bien leur accorder. Enfin, relatif aux réponses « bon », les ressources ne peuvent pas diminuer, et surtout pas à cause des pressions anthropiques. Selon leur conception, comme tous les êtres vivants, « Zanahary » seul décide de leur sort. De ce fait, l’action de l’homme n’influe en rien à leur variation. Comme les Hommes, ce sont aussi des Etres qui se reproduisent. Ainsi, même en considérant la mortalité chez les larves et les juvéniles, leur nombre ne peut pas diminuer. D’après ces pêcheurs donc, les ressources continuent de s’accroître. Des fois la pêche est bonne, parfois non, selon la chance du pêcheur.

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II-3.7- Perceptions sur les problèmes liés à l’exploitation :

Plusieurs problèmes ont été identifiés par les pêcheurs par rapport à la pratique de leur activité.

Tableau 10 : problèmes liés à l'exploitation des ressources marines

Problèmes Causes Solutions Augmentation de la pression de pêche (augmentation Promouvoir d’autres activités génératrices de revenus du nombre de pêcheurs, augmentation des sorties en pour alterner à la pêche mer, augmentation des engins de pêche) Migration des espèces vers le large Pas de solution

Diminution des captures Interdire le retournement et la destruction des blocs, Destruction des habitats naturels ainsi que les techniques de pêche destructifs (senne de plage) par des Dina Utilisation des méthodes de pêche qui dévastent les Interdire le « laro » et les filets moustiquaires par le œufs et les larves des ressources ( laro et filets « Dina » moustiquaires) Chercher de nouvelles zones de pêche ou mettre en Surpêche place des DCP (dispositif de concentration des poissons) Diminution de la taille des individus capturés Non respect des fermetures de pêche Fermer temporairement une zone de pêche

Non respect des tailles minimales de capture Remettre à l’eau les jeunes individus

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Suite des problèmes liés a l’exploitation des ressources marines

Problèmes Causes Solutions Raréfaction des espèces de Surpêche valeurs et proliférations des Mettre en place des réserves marines pour permettre la espèces à moindre valeur reproduction de ces espèces Dégradation des habitats

Enclavement des villages Pas de solution immédiate

Inciter la compétitivité entre les collecteurs en attirant de nouveaux opérateurs dans la zone pour faire augmenter le Faible prix des produits halieutiques par rapport aux prix des produits prix des produits de première nécessité (PPN) Permettre aux pêcheurs d’emmener eux-mêmes leurs produits sur les autres marchés Difficultés liées à la Taille des produits ne répondant pas à la taille commercialisation des produits Remettre à l’eau les petits individus marchande Faciliter l’accès à des caisses isothermes Non accès aux matériels de conservation Octroyer des formations sur la confection des paniers isothermes Manque de savoir-faire sur les techniques de Renforcer les capacités sur les techniques de conservation conservation et de transformation des produits et de traitement des produits halieutiques

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Les problèmes majeurs auxquels les pêcheurs doivent faire face concernent la baisse quantitative et qualitative des produits, et la commercialisation des produits. Les pêcheurs attribuent la diminution des captures, que ce soit sur le plan quantitatif que qualitatif, aux pressions anthropiques, principalement la surpêche. Elle est motivée d’une part par l’augmentation du nombre de pêcheurs résultant de la forte natalité et de la vague migratoire des gens de l’arrière pays vers le littoral. Le faible niveau de vie des pêcheurs les contraint aussi à augmenter leur effort de pêche. Cette dernière se traduit par l’augmentation du nombre de sorties. L’introduction des nouvelles techniques et engins de pêche, et leur vulgarisation contribuent aussi à l’augmentation de l’effort de pêche (Par exemple les différents types de filets en fibres synthétiques ou l’utilisation des lampes torches pour la pêche nocturne). Par ailleurs, l’enquête menée par Ranaivomanana en 2006 a révélé que pour faire face à la diminution des captures, les pêcheurs ont recours en premier lieu à la modification de leur technique de pêche. Ces modifications peuvent se manifester de diverses façons : augmentation de la taille de la pirogue pour pouvoir aller plus loin à la recherche des nouvelles zones poissonneuses, réduction du maillage des filets pour capturer les poissons de petite taille, augmentation du nombre d’hameçons et augmentation de la longueur des filets pouvant aller jusqu’à 100 mètres et/ou l’utilisation de plusieurs filets en même temps. L’utilisation des méthodes et engins de pêche destructifs tels que les filets moustiquaires ou encore le « laro » est aussi pointée du doigt comme étant à l’origine de l’épuisement des ressources. D’après les pêcheurs, ces deux méthodes épuisent les œufs et les larves des poissons. Enfin, le retournement et la destruction des blocs de coraux sont aussi reconnus par les pêcheurs comme étant une source de la diminution des ressources, notamment en ce qui concerne la pêche à pieds. L’habitat naturel de l’espèce étant détruit, elle migre vers d’autres sites plus favorables.

Les difficultés liées à la commercialisation des produits constituent aussi un frein majeur au développement de l’activité de pêche dans cette zone. Ce problème découle en premier lieu de l’enclavement des villages. L’évacuation des produits vers les marchés doit se faire, soit par pirogue qui dépend beaucoup de l’état de la mer, soit par taxi-brousse qui n’est ni fréquent ni régulier. Cependant, les produits halieutiques sont très périssables. Ainsi, faute de moyens de conservation, les pêcheurs sont obligés d’écouler leurs produits frais à bas prix sur le marché le plus proche. Pour conserver les produits, les pêcheurs ont bien recours au fumage (Figure 34), salage et séchage (Figure 35). Ces techniques sont restées au niveau traditionnel ; peu perfectionnées, et la qualité des produits finis reste peu satisfaisante. En général, ce type de produit ne s’écoule que sur le marché régional ou vendu à des collecteurs provenant des hautes

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terres et leur prix est relativement bas. Découlant de ces faits, les revenus des pêcheurs restent relativement faibles. Dans son étude, Iida (2005) relate le faible prix des produits de la pêche par rapport aux prix des PPN. Ainsi, la plus grande partie des revenus des ménages est-elle destinée à supporter les charges quotidiennes. Faute de réinvestissement, les pêcheurs ne peuvent développer leur activité.

Figure 34 : photographie illustrant le Figure 35 : photographie illustrant le fumage des poissons séchage des poissons salés

Pour résoudre ces problèmes, les propositions des pêcheurs sont surtout axées sur l’établissement de Dina pour gérer les ressources marines, notamment pour interdire les pratiques de pêche destructives. Pour améliorer le prix des produits, les pêcheurs requièrent des aides externes pour l’octroi de formation sur la conservation et la transformation des produits halieutiques, et aussi pour faciliter l’accès à des matériels de conservation comme les caisses isothermes. Enfin, les pêcheurs sollicitent aussi l’administration de pêche pour qu’ils aient le droit d’emmener et de vendre eux-mêmes leurs produits sur le marché de Toliara. Effectivement, seuls les mareyeurs possédant une carte délivrée par le SPRH a le droit de pratiquer cette activité. Autorisation que les pêcheurs estiment hors de leur moyen. Or vendre eux-mêmes leurs produits sans l’intermédiaire de mareyeurs leur permettrait de faire une plus grande marge bénéficiaire.

II-4- Conclusion partielle :

Pour conclure ce chapitre, on peut dire que la pêcherie traditionnelle Vezo est fondée sur des connaissances accumulées sur plusieurs années d’expérience et transmises de génération en génération. Les modes d’exploitation ont été développés à partir de la connaissance du milieu et des comportements des espèces cibles. Le contact continu avec la mer leur a aussi permis de

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constater les changements majeurs survenus dans les ressources. Cependant, les perceptions des pêcheurs sur ces changements divergent énormément. Si certains admettent les effets des pressions anthropiques, d’autres l’attribuent plutôt à des forces supérieures qui contrôlent les ressources à leur gré. Par ailleurs, un mode de gouvernance locale, basé sur le pouvoir traditionnel régit l’exploitation des ressources. Ces informations témoignent de l’étroite interaction qu’entretiennent les pêcheurs Vezo avec le milieu marin. Cependant, malgré cette étroite relation, ces informations sont-elles réellement fiables ? Pour répondre à cette question, le chapitre suivant se propose donc d’analyser la fiabilité de ces données.

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CHAPITRE III : ANALYSE DES CONNAISSANCES ECOLOGIQUES TRADITIONNELLES

III-1- Analyse de la fiabilité des données : III-1.1. Tendance des données issues des CET par rapport à la revue de la littérature scientifique :

Les tendances des informations issues des CET et celles relevées dans la littérature scientifique sont identiques (Tableau 11). Autrement dit, les connaissances empiriques des pêcheurs sur les ressources marines sont validées par la recherche scientifique. Les résultats des études réalisées dans les groupes focaux, et les entretiens avec les informateurs clés ont abouti à une constatation sur la dégradation des ressources marines. De même, la revue de la littérature fait état d’une dégradation généralisée des ressources marines dans la zone, tant au niveau spécifique qu’écosystémique.

Tableau 11 : tendances des CET par rapport à celles de la littérature scientifique

Informations issues des Tendance relevée dans la littérature Comparaison des CET scientifique tendances

Prolifération des macroalgues Dégradation de l’habitat corallien au profit Identique sur le récif d’un habitat dominé par les macroalgues (Vasseur, 1997)

Remplacement des formes Apport massif de sédiment sur le GRT Identique coralliennes par des bancs de (Battistini, 1975 ; Rabesandratana, 1988 ; sable Vasseur et al. , 1988, Vasseur 1997)

Destruction du récif par le Destruction des coraux par le piétinement et Identique piétinement, le retournement le retournement des blocs (Vasseur, 1997) et la casse des blocs

Dégradation de la mangrove Dégradation de la mangrove de Sarodrano à Identique par la collecte de bois cause du prélèvement des bois de palétuviers (Vasseur, 1997)

Phénomène de Blanchissement des coraux branchus sur le Identique blanchissement des coraux platier externe et le pourtour des criques, des vasques du GRT (Vasseur, 1997)

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Suite tableau 11 : comparaison des tendances des informations issues des CET par rapport à celles de la littérature scientifique.

Tendance relevée dans la littérature Comparaison des Informations issues des CET scientifique tendances Sédimentation de la mangrove Dégradation de la mangrove de Identique Sarodrano par les sédiments déversés par le fleuve Onilahy (Vasseur, 1997 ; Andrianjafy, 2009)

Surpêche Surexploitation de la zone (Laroche et Identique Ramananarivo, 1995, Vasseur, 1997 ; Brenier, 2008) Diminution des poids moyens CPUE enregistrées par Lagouin en Identique des captures par sortie 1958 nettement supérieures à celles calculées en 1990 par Laroche et Ramananarivo (Brenier, 2009) Diminution de la taille des Diminution de la taille des espèces Identique individus capturés présentes dans la capture (Brenier, 2009) Changement de comportement Poissons plus craintifs vis-à-vis de Identique des espèces : se terrent ou l’homme (COUT, 2008) migrent vers le large Migration des poissons vers le large (Brenier, 2009) Raréfaction des espèces Raréfaction des espèces nobles, Identique d’holothuries à forte valeur diminution des tailles des spécimens commerciales et apparition de récoltés (Conand 1999). nouvelles espèces de moindre Observation d’espèces d’holothurie valeur non signalées dans la zone auparavant (Andriatsimialona, 2006) Diminution des captures de Baisse des collectes de poulpes Identique poulpes et raréfaction des réalisées par les grandes sociétés, individus de grandes tailles attribuables à l’impact de l’exploitation massive de l’espèce entre 1996 et 2004 (L’Harridon, 2006). Poids moyen des poulpes reste constant entre 2001 et 2005, entre 500 et 600 g. En très légère baisse depuis 2003 (L’Harridon, 2006).

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Suite tableau 11 : comparaison des tendances des informations issues des CET par rapport à celles de la littérature scientifique.

Tendance relevée dans la littérature Comparaison des Informations issues des CET scientifique tendances Modification des captures pour Remplacement des espèces associées Identique les poissons : raréfaction des au récif (Siganidae et Caesionidae) espèces de valeurs et dominant les captures à la senne en proliférations des espèces de 1989-1990 par des espèces pélagiques moindre valeur côtières (Clupeidae et Engraulidae) (Brenier, 2009) Présence à 41,4% des Acanthuridae en saison chaude et à 18,2% en saison froide en 2006-2007 alors qu’ils ne sont pas signalés dans les principales familles capturées au filet 1989-1990 (Brenier 2008)

III-1.2. Validation scientifique des sites pour les futures RM :

La liste de toutes les espèces inventoriées dans les sites est présentée en annexe 7.

III-1.2.1. Ankilalaotse :  Structure du peuplement benthique :

L’étude du benthos du récif d’Ankilalaotse effectuée sur quatre transects de longueur totale de 80m montre une prédominance des formes biotiques sur les abiotiques, aussi bien dans la partie interne (60% contre 40%) qu’externe (57% contre 43%) (Figure 36). Dans la partie interne, les formes biotiques sont dominées par des algues (16%) et des herbiers (31%). Le taux de recouvrement élevé d’herbiers dans la partie interne correspond effectivement à la structure du récif décrite par Laroche et Ramananarivo (1995). La couverture corallienne vivante n’occupe que 13% du substrat. Une forte couverture en sable (29%) et une présence de blocs coralliens (11%) sont aussi constatées. Dans la partie externe, une prédominance des coraux vivants est observée (34%). Les algues et les herbiers n’occupent respectivement que 8% et 15%. Les abiotiques sont constitués principalement par des débris coralliens et des coraux morts (respectivement 17% et 13%).

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34% 35% 31% 29% 30% 25% 20% 17% 16% 15% 13% 13% 15% 11% 9% 8% 100% 10% 6% 75% 40% 43% 5% 50% 60% 57%

25% de recouvrement Taux 0% 0% Partie interne Partie externe Partie interne Partie externe Stations ABIOTIQUES BIOTIQUES CORAUX VIVANTS ALGUES HERBIERS CORAUX MORTS BLOC DEBRIS SABLE

Figure 36 : taux de recouvrement du benthos du récif d'Ankilalaotse

Ainsi, d’après ces relevés, le récif d’Ankilalaotse montre une bonne vitalité au niveau de sa partie externe. Par contre, la partie interne est fortement menacée par la présence massive de macroalgues et de sable qui empêchent la fixation des larves coralliennes ou planula . Néanmoins, la présence des blocs coralliens peut permettre la fixation des larves coralliennes pour une recolonisation. Effectivement, les jeunes polypes se fixent sur des substrats durs : sur des blocs de coraux morts ou sur des rochers.

 Structure ichtyologique :

L’exploration effectuée sur une surface de 500m 2 (100m x 2,5m x 2) a permis d’inventorier 102 individus répartis dans 15 espèces et 9 familles. Par rapport à leur régime alimentaire, ces espèces peuvent être catégorisées en quatre groupes : poissons prédateurs, poissons herbivores, poissons corallivores et poissons demoiselles. La figure 37 montre la répartition des individus rencontrés suivant leur régime alimentaire :

4% 13% 1% Prédateurs Corallivores 82% Demoiselles Herbivores

Figure 37 : structure ichtyologique dans le récif d'Ankilalaotse

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Les relevés ichtyologiques ont montré une dominance des poissons prédateurs (82%). Les autres groupes sont rarement observés : 4% de poissons demoiselles, 13% d’herbivores et seulement 1% de poissons corallivores. La faible présence des poissons demoiselles et corallivores est en relation avec le faible taux de recouvrement des coraux vivants. Ces deux groupes ont été surtout rencontrés au niveau de la partie externe. Le fort taux de poissons prédateurs témoigne d’un écosystème en équilibre dans la mesure où ces espèces se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire.

En somme, le récif d’Ankilalaotse répond aux objectifs d’une RM. Malgré le faible taux de coraux vivants dans la partie interne, une régénération est encore possible grâce à la disponibilité du substrat pour l’installation des nouveaux recrutements coralliens. Par ailleurs, la couverture élevée d’herbiers de phanérogames marines laquelle constitue aussi un écosystème à part entière, permet de maintenir l’équilibre du site. De plus, les herbiers constituent une zone de frai et de nurserie pour de nombreuses espèces (notamment pour les poulpes et les holothuries de sable). De ce fait, la fermeture temporaire de ce site permettrait à ces espèces de se développer convenablement.

III-1.2.2. Andimandimatse :  Structure du peuplement benthique :

Les relevées ont montré une dominance des formes abiotiques sur la partie interne avec une proportion de 68% contre 32% de biotiques. Cette partie est dominée par des débris coralliens qui occupent 66% du substrat. Cette forte proportion témoigne de la forte dégradation du milieu. Les débris résultent de la destruction des blocs de coraux notamment par les pratiques de pêche destructives. Les coraux vivants ne sont présents qu’à une faible proportion : 22%. Enfin, des coraux morts et des blocs sont aussi constatés à une très faible proportion : 1% respectivement. Les herbiers associés au récif représentent 6% seulement et on note aussi 4% d’algues. Par contre, dans la partie externe, la dominance des biotiques et des abiotiques est à peut près égale : respectivement 51% et 49%. Les coraux vivants sont fortement présents avec 48% du recouvrement du benthos. Pour les abiotiques, sable (22%), débris coralliens (15%) et coraux morts (5%) s’intercalent.

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80% 66%

60% 48%

40% 28% 22% 15% 100% 20% 75% 49% 6% 68% 4% 2% 2% 5% 50% 1% 1% 0% 0% 25% 32% 51% de recouvrement Taux 0% 0% Partie interne Partie externe Partie interne Partie externe Stations ABIOTIQUES BIOTIQUES CORAUX VIVANTS ALGUES HERBIERS CORAUX MORTS BLOC DEBRIS SABLE

Figure 38 : taux de recouvrement linéaire du récif d'Andimandimatse

La structure du peuplement benthique du récif d’Andimandimatse montre donc une forte dégradation issue des pressions anthropiques dans sa partie interne. Cependant, la partie externe est encore en bon état, avec une forte vitalité des madréporaires.

 Structure ichtyologique :

L’étude du peuplement ichthyologique du récif d’Andimandimatse a révélé 52 individus appartenant à 13 espèces et 4 familles. En les classant suivant leur régime alimentaire, la répartition présentée dans la figure 39 a pu être obtenue.

Prédateurs 21% 12%

29% Corallivores

38% Demoiselles

Herbivores

Figure 39 : structure ichtyologique dans le récif d'Andimandimatse

Les poissons demoiselles et corallivores, des espèces associées à un écosystème à madréporaire en bon état, dominent avec des proportions respectives de 38 et 29%. Les poissons herbivores sont représentés à 21% et les poissons prédateurs à 12%. D’après ces chiffres, la structure ichtyologique du récif d’Andimandimatse témoigne donc de l’excellent état du site, ce qui entre en contradiction avec l’analyse précédente qui a fait état de la forte dégradation du site. Néanmoins, on peut supposer que la majorité de ces espèces associées aux madréporaires aient été inventoriée au niveau de la partie externe qui présente une forte vitalité des coraux.

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En bref, le site d’Andimandimatse est soumis à une forte pression de pêche, et des signes de dégradation sont visibles sur la partie interne. Néanmoins, la grande vitalité au niveau de la partie externe constitue un garant pour la régénération du récif. De plus, comme les causes de la dégradation sont principalement anthropiques, la fermeture temporaire du site permettrait donc sa réhabilitation.

III-1.2.3. Ankaraivo :  Structure du peuplement benthique :

Dans la partie interne du récif d’Ankaraivo, les formes abiotiques dominent à 66% contre 33% de biotiques (Figure 40). En effet, le substrat est recouvert en grande partie par du sable avec une proportion de 44%. Une présence considérable de débris coralliens (13%) et de blocs de coraux morts (9%) est aussi constatée. Pour les biotiques, elles sont dominées par des algues (15%) et des herbiers (14%). Les coraux vivants ne représentent en tout que 4% du peuplement benthique. Par contre, dans la partie externe, les coraux vivants dominent largement sur les autres formes benthiques avec 50%. On constate aussi une présence de macroalgues à une proportion de 5%. Pour les formes abiotiques qui représentent 45% de tout le peuplement benthique, elles sont surtout composées de débris coralliens (28%). Cette forte proportion est expliquée par le fait que le site d’Ankaraivo est un récif externe, donc sa partie externe est directement soumise aux forces des vagues du large. On constate aussi une proportion de sable (14%). En fait, l’énorme quantité de sable sur ce récif, sur la partie externe et surtout sur la partie interne, résulte de la position- même du récif par rapport à l’embouchure de l’Onilahy, ce qui le rend vulnérable aux apports de sédiments par le fleuve (Battistini et al. , 1975).

50% 50% 44%

40%

28% 30%

20% 15% 14% 13% 14% 9% 100% 10% 5% 75% 66% 45% 4% 4% 50% de recouvrement Taux 1% 1% 25% 33% 55% 0% 0% Partie interne Partie externe Partie interne Partie externe Stations ABIOTIQUES BIOTIQUES CORAUX VIVANTS ALGUES HERBIERS CORAUX MORTS BLOC DEBRIS SABLE

Figure 40 : taux de recouvrement linéaire du récif d'Ankaraivo 68

La structure du peuplement benthique du récif d’Ankaraivo montre donc une forte sédimentation dans sa partie interne, doublée d’une prolifération des formes algales. Cependant, la partie externe est en bonne santé. Ainsi, avec la présence des blocs au niveau de la partie interne, le récif peut encore se régénérer grâce à la possibilité de nouveaux recrutements qu’ils offrent.

 Structure ichtyologique :

Suite à l’étude du peuplement ichtyologique sur le récif d’Ankaraivo, 153 individus ont été inventoriés dont 35 espèces. En se basant sur leur régime alimentaire, la répartition sur la figure 41 a pu être obtenue.

28% 44% Prédateurs Corallivores 16% Demoiselles 13% Herbivores

Figure 41 : structure ichtyologique dans le récif d'Ankaraivo

Le récif d’Ankaraivo montre une dominance des poissons prédateurs (44%). Les poissons herbivores représentent 28%, les poissons demoiselles 16% et les corallivores 13%. Cette structure montre un milieu en équilibre avec une bonne vitalité corallienne, ce qui correspond bien à la partie externe du récif. Cependant, la proportion considérable de poissons herbivores peut être assimilée aux taux de recouvrement élevé des formes algales dans la partie interne (15%).

En bref, le récif d’Ankaraivo est fortement menacé par l’apport massif de sédiment provenant du fleuve Onilahy. De même, la prolifération des macroalgues découlerait aussi des apports organiques transportés par le fleuve et provenant des grandes plantations de coton en amont. De plus, le site est soumis à une forte pression anthropique qui se traduit par la présence considérable de débris corallien dans la partie interne. Cependant, la forte vitalité au niveau de la partie externe, avec la présence des blocs pour la fixation des planula peut permettre la régénération du récif. Ainsi la mise en réserve de ce site est conseillée.

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III-1.2.4. Ankorohoke :

La mangrove d’Ankorohoke se trouve à l’Est du village de Sarodrano. Cette mangrove est de type littoral et sa superficie est de 70ha, avec une longueur de 2,10 km d’est en ouest et une largeur variant de 175 m (à l’Ouest) à 675 m (à l’Est) avec une moyenne de 425 m sur la partie élargie. Sur l’autre partie rétrécie, les mangroves s’étendent sur une longueur de 925 m et une largeur variant entre 20 m et 60 m. Le sol est généralement de type sablo-vaseux (dominance de sable).

Tableau 12: taux d'occupation d'espace dans la mangrove d'Ankorohoke

Stations Partie Sud Partie Est Partie Ouest Partie Centrale Espèces (200 m) (400 m) (400 m) (150 m) Avicennia marina 22,40% 32,87% 85,50% Bruguiera gymnorhiza 1,36% 32,99% Ceriops tagal 17,81% Rhizophora mucronata 1,85% Jeunes pousses 76,41% 14,50% 100% ( Ceriops ) (Avicennia ) (Avicennia ) Chenal 14,48% Avicennia marina occupe la majorité de l’espace dans la mangrove d’Ankorohoke, surtout dans la partie Ouest (100%) et Sud (98,8%). En outre, les surfaces occupées par les jeunes sont aussi importantes dans la partie Sud (76,41% en jeunes Avicennia marina ), et dans la partie Centrale (100% en jeunes Ceriops tagal ). Ce qui montre une bonne régénération de la mangrove. Seule la partie Est est traversée par des chenaux (14,48%), qui ont favorisé l’installation des Rhizophoracées, espèces préférant surtout les zones fréquemment inondées : Bruguiera gymnorhiza (32,99%), Ceriops tagal (17,81%), Rhizophora mucronata (1,85%).

Tableau 13 : paramètres biologiques de la mangrove d'Ankorohoke

Espèces Fréquence (%) Densité (ind/ha) Dominance (%) Biomasse (m 3/ha) Avicennia marina 51,00 1275,00 94,23 682,01 Bruguiera gymnorhiza 3,00 75,00 4,18 51,81 Ceriops tagal 2,50 62,50 0,59 11,69 Rhizophora mucronata 0,50 12,50 0,16 2,50 Sonneratia alba 0,50 12,50 0,84 9,38 Jeunes pousses 35,50 Coupées 7,00 Total 100,00 757,39 La mangrove d’Ankorohoke est une formation à dominance d’ Avicennia marina (94,23%). Les quatre autres espèces y sont présentes mais à fréquence assez faible. La densité,

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moyenne est de l’ordre de 250 individus par hectare. Elle est plus élevée pour Avicennia marina (1275 individus par hectare), mais faible pour les autres espèces (12,50 et 75,00 individus par hectare). Au niveau de l’état de santé, la fréquence de jeunes individus est assez importante (35,50%), indiquant ainsi une bonne capacité de régénération de la mangrove malgré la présence des coupes (7,00%). Cette mangrove représente une biomasse de 757,39 m 3/ha, dont 682,01 m3/ha sont fournis par Avicennia marina .

III-1.2.5. Andriambe :

La mangrove d’Andriambe est de type estuarien. Elle se trouve dans l’embouchure de l’Onilahy, sur le côté sud du fleuve, près du village de Lavenombato. Elle s’étend sur 13,6 ha et est parcourue par de nombreux chenaux. D’une manière générale, le sol est de type sablo-vaseux.

Tableau 14 : taux d'occupation d'espace dans la mangrove d'Andriambe

Station I Station II Station III Station Espèces 250 m 100 m 150 m Avicennia marina 2,95% 4,44% Bruguiera gymnorhiza 5,71% 3,51% Carapa obovata 59,32% 26,24% 36,86% Ceriops tagal 0,7% Rhizophora mucronata 2,45% Pieds coupés 15,54% 0,85% 4,68% Chenal 19,43% 67,51% 49,81%

Carapa obovota occupe la majorité des espaces dans la mangrove d’Andriambe, aussi bien dans la station I (59,32%) que dans les stations II (26,24%) et III (36,86%). Cette mangrove est aussi entrecoupée par de nombreux chenaux : 67,51% dans la station II, 49,81% dans la station III et 19,43% dans la station I. Des traces de coupes sont aussi visibles dans toutes les stations étudiées, surtout dans la station I (15,54%) qui est la partie proche du village de Lavenombato.

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Tableau 15 : paramètres biologiques de la mangrove d'Andriambe

Espèces Fréquence (%) Dominance (%) Densité (ind/ha) Biomasse (m 3/ha) Avicennia marina 2,26 31,32 195 40,52 Bruguiera 0,46 0,53 30 0,37 gymnorhiza Carapa obovata 12,13 60,34 995 126,41 Ceriops tagal 0,15 0,17 15 0,05 Rhizophora 0,73 2,37 35 0,48 mucronata Sonneratia alba 0,10 5,26 5 2,75 Jeunes pousses 78,75 0 0 Coupées 5,43 0 0 Total 100,00 100,00 170,57

La mangrove d’Andriambe est caractérisée par son type « récent ». Effectivement, sur les 0,21 hectare étudiée, les jeunes pousses sont plus fréquentes (78,75%) que les espèces adultes (15,83 %), ce qui indique une bonne régénération de cette mangrove. Néanmoins, une fréquence de coupe est observée avec un taux de 5,43 %. Pour les individus adultes, une prédominance de Carapa obovata est constatée (60,34%). Les autres espèces ne sont présentes que très rarement. Concernant la densité, elle est en moyenne de 1275 individus par ha. La densité élevée est surtout observée dans les parties loin du village, comme dans la station III. Carapa obovata a une densité relativement élevée (995 individus par ha). Les autres espèces y sont présentent mais leur densité est relativement faible (5 à 195 individus par ha). La mangrove d’Andriambe a une biomasse de 170,57 m 3/ha, dont 126,41 m 3/ha sont fournis par Carapa obovata .

III-1.2.6. Antsaha Lovokampy :

La mangrove d’Antsaha Lovokampy, de type littoral, se situe au Sud du village de Lovokampy RG. Sa superficie est de 15,9 ha. Le sol est de type sablo-vaseux à l’intérieur de la mangrove, et sableux dans les parties au bord de la mer.

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Tableau 16 : taux d'occupation d'espace dans la mangrove d'Antsaha

Espèce Station I Station II Station III Station IV Station V Station VI Avicennia marina (%) 90,95 90,00 83,64 94,30 92,25 48,40 Ceriops tagal (%) 20,95 Rhizophora mucronata (%) 3,55 Jeunes (%) 9,05 10,00 16,36 5,70 7,75 27,10 Total 100 100 100 100 100 100,00

Après les études réalisés sur six stations, on peut dire que la mangrove d’Antsaha est occupée en grande partie par Avicennia marina , sauf la station VI où on a recensé Ceriops tagal (20,95%) et Rhizophora mucronata (3,55%). L’espace occupé par les jeunes pousses, qui sont des juvéniles d’ Avicennia marina , est relativement faible pour chaque station.

Tableau 17 : paramètres biologiques de la mangrove d'Antsaha

Fréquence Domimance Densité Biovolume Espèce (%) (%) (ind/ha) (m3/ha) Avicennia marina 34,78 93,49 757,02 207,97 Ceriops tagal 1,24 2,10 27,00 5,92 Rhizophora mucronata 0,12 0,46 2,66 0,83 Juvéniles 63,86 3,95 1390,08 0,19 Total 100,00 100,00 2 176,75 214,90

La mangrove d’Antsaha est caractérisée par l’importance des individus jeunes dont la fréquence avoisine les 64%. Ce qui indique que la mangrove est de type récent et possède une forte capacité de régénération. Cette formation est à dominance d’ Avicennia marina (93,49%), dont la densité des adultes dans les zones intactes est de l’ordre de 757,02 individus par hectare, et celle des juvéniles atteint 1390,08 individus par hectare. En terme de biomasse, la mangrove d’Antsaha représente une biomasse de 214,90 m3/ha, dont 207,97 sont fournis par Avicennia marina . Par ailleurs, l’état des mangroves en régénération valide aussi l’étude de perception qui a conclu au bon état de cet écosystème dans la zone (plus de 81% des enquêtés ont déclaré le bon état de cet écosystème).

En bref, les six sites proposés par les pêcheurs pour l’installation des RM ont donc tous été validés par les études biophysiques. Cette situation reflète la connaissance approfondie des pêcheurs sur les ressources marines. Les RM peuvent donc être mises en place et les études de

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validation scientifiques peuvent être ensuite exploitées comme T0 biophysique pour les suivis et l’évaluation des RM. Les sites d’Ankatoke et d’Antsenoke n’ont pas pu faire l’objet de validation biophysique à cause de la forte turbidité de l’eau, ayant rendu les explorations impossibles.

III-2- Analyse des pressions et menaces sur les ressources : III-2.1- Surexploitation :

La surexploitation est sans conteste la première cause de la perte de la biodiversité marine à Madagascar, comme partout ailleurs. Plusieurs signes font état de la surexploitation des ressources halieutiques dans la zone d’étude : raréfaction de certaines espèces, raréfaction des individus de taille adulte ; diminution des captures et changement de comportement des poissons (plus craintifs vis-à-vis de l’homme et migration vers le large). Plusieurs études sont déjà arrivées à cette conclusion sur la surexploitation de la baie de Toliara (Laroche et al. . 1997 ; Vasseur 1997 ; Brenier, 2008). Selon des recherches menées par Brenier (2008), le rendement de pêche dans la baie serait trois fois supérieur au rendement maximal durable estimé par Newton et al. en 2007. Ce problème de surexploitation concerne surtout les espèces de valeur comme les poulpes, les calmars, les langoustes, les concombres de mer et les poissons d’intérêt commercial. La forte pression de pêche sur les tortues marines doit aussi être tenue en compte dans la planification.

Par ailleurs, la surexploitation des ressources génétiques induit le déséquilibre de tout l’écosystème marin. Par exemple, la collecte massive de Charonia tritonis conduit à la prolifération des Acanthaster plancii qui occasionnent de grands dégâts sur le récif. Enfin, au niveau de la mangrove, la première source de dégradation notée dans la Région est la surexploitation des palétuviers pour l’approvisionnement en bois de chauffe ou encore pour la fabrication de charbon.

III-2.2- Méthodes et engins de pêche destructifs :

 Filet « jarifa » :

Son utilisation n’est pas interdite par la loi. Cependant cet engin de pêche occasionne souvent la prise accidentelle des tortues marines. Or les tortues marines sont des espèces protégées, citées dans la liste rouge de l’IUCN comme étant en danger critique d’extinction.

Le projet FAO Pêche en 1997 (PNUD/FAO. MAG/92/004-DT/9/97) a vulgarisé l’utilisation de la palangre dans la Région afin de remplacer le « jarifa » pour la pêche aux requins (Dasylva et Rakotondrasoa, 1997). Cependant, si on se réfère à la figure 14 dans le

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chapitre traitant les engins caractéristiques de la zone, le filet « jarifa » représente 7% des engins de pêche recensés dans la zone, contre 5% seulement pour la palangre. On peut dire alors que la campagne de sensibilisation sur l’intérêt de l’utilisation de la palangre dans cette zone n’a pas été suffisante.

 Filet moustiquaire :

Comme son nom l’indique, c’est un filet à très petites mailles. Il est prohibé du fait de son caractère très destructif. Les mailles minuscules ne laissent échapper ni œufs ni larves. Son utilisation est particulièrement répandue dans les chenaux des mangroves. Cependant, cette zone est une zone de frai et de nurserie, donc assure le recrutement pour le renouvellement des stocks. De ce fait, l’utilisation de cet engin dans la mangrove constitue une grande menace pour la biodiversité marine.

 « Laro » (Euphorbia leucodondron) :

Le « laro » ou « famata » est une plante appartenant à la famille des Euphorbiacées. Son latex est utilisé pour enivrer les poissons. Cette pratique cause une répercussion néfaste sur la faune marine. De plus, comme cette méthode est surtout utilisée dans les mangroves et dans l’embouchure, des zones de frai et de nurserie, c’est vraiment la base de la régénération naturelle des ressources qui est compromise.

Cependant, les Vezo n’ont pas recours à cette méthode. Elle est pratiquée par les peuples à l’intérieur des terres, notamment les Masikoro . Ces derniers, peu familiers au milieu marin, ne possèdent ni les connaissances techniques requises pour pêcher, ni les moyens matériels pour pratiquer cette activité. De ce fait, ils ont recours au « laro ».

 Senne de plage « tarikake » :

Cette méthode est très destructive non seulement pour les habitats mais aussi pour la biodiversité. Le fait de tirer sur le filet, alors que le bas est lourd à cause du poids des lests, racle le fond. Le filet emmène tout sur son passage (algues, blocs de coraux ou blocs de pierres, …). Ceci occasionne de graves dégâts sur les habitats. De plus, la poche centrale (« makarakara » ou « paoso »), à très petites mailles, ne laisse échapper aucun individu, même les œufs et les larves.

Son utilisation est très répandue dans la zone avec une proportion de 18% des engins de pêche utilisés. La senne arrive en seconde position des engins les plus fréquents dans la zone après la palangrotte qui représente 21% des tous les engins recensés.

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 Piétinement, retournement et destruction des blocs :

La pratique de la pêche sur le platier est très néfaste à l’édifice corallien. Elle occasionne la casse des coraux, donc la dégradation de l’habitat. Or en tenant compte du nombre de pêcheurs dans la zone : estimé à 3328 dont 1196 femmes spécialisées dans la pêche à pieds, les effets des piétinements sur le récif sont considérables. De même, le retournement des blocs et la casse de ceux-ci entraînent aussi la perturbation de l’écosystème. Effectivement, chaque blocs constitue un micro-habitat propre à une espèce, donc joue un rôle dans l’équilibre de tout l’écosystème. Les menaces découlant de la pêche à pieds ont déjà été soulevées par quelques chercheurs (Rabesandratana, 1988 ; Vasseur, 1997).

Par ailleurs, la pratique de ces techniques destructives témoigne de la non application des textes en vigueur. Cette situation résulte de la non appropriation de ces textes par la communauté locale, additionnée du manque de contrôle et suivi de la part de l’administration. On peut dire alors que l’inefficacité des textes en vigueur constitue aussi une vraie menace pour les ressources marines.

III-2.3- Prolifération des compétiteurs et des prédateurs :  Prolifération des prédateurs :

Ce phénomène concerne particulièrement l’écosystème récifal. Les prédateurs des madréporaires sont constitués généralement par les étoiles de mer, les oursins et les poissons corallivores. Cependant le plus redoutable est l’étoile de mer Acanthaster plancii . Cette espèce est une dévoreuse de coraux. Sa prolifération est liée directement à la raréfaction de Charonia tritonis qui est son prédateur naturel et qui est victime d’un ramassage intensif (Vasseur, 1997).

Par contre, les oursins broutent petit à petit les coraux et provoquent une bio-érosion (Salimo, 1997). Dans la zone, ils sont représentés principalement par les espèces Tripneustes gratilla , Diadema setosa et Echinometra mathaei . Leur prolifération est attribuée à la surexploitation des poissons qui se nourrissent de leurs larves (Thomassin, 1997). Enfin, les poissons corallivores broutent aussi les jeunes polypes. Ces poissons sont constitués par la famille des Chaetodonidae, genre Chaetodon (Poissons papillons) et celle des Scaridae (poissons perroquets).

 Prolifération des macroalgues :

La prolifération des macroalgues constitue aussi une grande menace pour le récif corallien. Si ce phénomène est habituellement saisonnier, durant les saisons chaudes, actuellement les macroalgues tendent à dominer cet écosystème. Sur le récif d’Ankilalaotse, les 76

assemblages algaux occupent 16% du substrat. Sur celui d’Ankaraivo, ils couvrent 15% du substrat. Ce phénomène peut être dû aux perturbations du climat, notamment à une augmentation de la température, dans la mesure où les algues affectionnent l’eau tiède. Donc, même en saison froide, la température est encore assez élevée pour permettre leur développement, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Cependant, les macroalgues constituent des compétiteurs pour les madréporaires pour la place disponible. La prolifération des macroalgues empêche l’implantation des jeunes polypes qui ont besoin de substrat dur. De ce fait, le recrutement corallien diminue. Par ailleurs, les macroalgues gênent aussi le développement des juvéniles de coraux dans la mesure où les algues peuvent former de l’ombre au dessus d’eux. Ce phénomène ralentira alors l’activité photosynthétique au niveau des zooxanthelles. Le polype ne pourra plus alors édifier son squelette calcaire.

 Apport massif de sédiments :

Le fleuve Onilahy apporte une quantité massive de sédiment à cause des phénomènes d’érosion des sols dénudés dans les bassins versants. Ces apports de sédiments sont déversés sur les récifs, notamment sur les récifs externes (Le récif d’Ankaraivo et le GRT). Les formes coralliennes sont enfouies sous des sables grossiers stériles. Sur le récif d’Ankaraivo par exemple, 44% du recouvrement benthique est constitué par du sable. Cependant, ce phénomène est néfaste pour le récif. Les madréporaires sont des organismes très sensibles à un excès de sédiment (Vasseur et al. , 1988). D’une part, les sédiments, sous l’action des courants marins, augmente la turbidité de l’eau. La lumière n’arrive plus alors à pénétrer la colonne d’eau et la photosynthèse au niveau des zooxanthelles est alors inhibée, donc l’édification de la formation corallienne est interrompue. D’autre part, les sédiments peuvent entraîner l’asphyxie des coraux et des autres organismes sédentaires par colmatation. Une perturbation des mécanismes physiologiques peut alors se produire, pouvant entrainer la mort des madréporaires (Vasseur et al. , 1988).

Au niveau des mangroves, les apports massifs de sédiment modifient la nature du substrat et provoquent le rabougrissement de la mangrove (Roger, 2007). De plus, les sédiments bouchent les pneumatophores et entraînent l’asphyxie des palétuviers.

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III-2.4- Aléas naturels :  Les cyclones :

Les aléas naturels, plus particulièrement les cyclones occasionnent aussi la destruction des habitats naturels. Pour la formation récifale en particulier, le passage des cyclones occasionne souvent d’énormes dégâts au niveau du platier externe. Cependant, cette partie du récif constitue la zone de développement vers le large. La partie externe s’ouvre sur le large et reçoit directment les forces des vagues qui s’y abattent.

Cependant, l’interdépendance entre les écosystèmes coralliens et les mangroves doit être soulignée. Les récifs coralliens qui sont des écosystèmes très sensibles aux pollutions (pollution terrigène, pollution chimique, pollution organique, …) sont protégés par les mangroves. En effet, d’une part, cet écosystème possède une propriété épuratrice très élevée. D’autre part, la structure des racines des palétuviers (racines aériennes et racines en échasse) arrête les sédiments, donc limite les apports de sédiments sur les récifs en aval des mangroves. D’un autre côté, les mangroves nécessitent un mode calme pour pouvoir se développer. Les houles et les vagues du large sont cassés par la barrière récifale. Les mangroves sont ainsi protégées de leurs déferlements.

 Le réchauffement de l’eau de mer :

Les données sur le réchauffement de l’eau de mer dans la Région ne sont pas disponibles. De plus, la variation de ce paramètre n’a pas été mentionnée par les pêcheurs. Néanmoins, des phénomènes extraordinaires de blanchissement des coraux ont été notés par les pêcheurs dans les environs des années 90. Effectivement, ce phénomène, encore complexe, est attribué à l’augmentation de la température de l’eau. Les madréporaires sont des organismes très sensibles aux variations des paramètres physico-chimiques de l’eau, notamment la salinité et la température (Rabesandratana, 1988). La température optimale pour leur développement est comprise entre 21 et 29°C. A partir d’une température supérieure à 31°C, des phénomènes de blanchissement sont observés. L’augmentation de la température engendre le déséquilibre physiologique du corail, se traduisant par l’expulsion des zooxanthelles. Le corail perd alors sa pigmentation, d’où sa couleur blanche (Gabrié et al. , 2000). Cependant, l’expulsion des zooxanthelles peut être néfaste pour le corail si les zooxanthelles ne réintègrent plus son tissu dans la mesure où il ne peut plus édifier son squelette calcaire. Par ailleurs, les coraux mettent près de 20 ans pour récupérer leur aspect après un blanchissement (Rabesandratana, 1988). De

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plus, face aux enjeux actuels des changements climatiques, les côtes sud-ouest de Madagascar sont les plus menacées par l’augmentation de la température de l’eau (CI et WWF, 2008).

III-3- Conclusion partielle :

La comparaison des CET avec les données collectées par les méthodes scientifiques a révélé des tendances similaires. Aucune contradiction n’a été observée. Par ailleurs, les sites qui ont été proposés par les pêcheurs, en se basant sur leurs CET, ont été validés par les études biophysiques comme favorables à l’installation des RM. Ainsi, les données issues des CET ont pu être validées par des méthodes scientifiques. On peut donc conclure que les CET sont fiables. De plus, les acquis des CET ont aussi permis de faire une analyse des principales pressions et menaces s’exerçant sur les ressources.

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Mauvaise gestion des Absence Explosion Arrivée massive revenus Réchauffement d’autres activités démographique des immigrants climatique

Augmentation du Faible niveau de nombre de Non respect des Augmentation des Absence d’autres vie des pêcheurs pêcheurs lois en vigueur besoins en bois sources énergétiques

C A UTILISATION DES U Augmentation des Déforestation Surexploitation des METHODES DE PECHE S efforts de pêcheurs dans les bassins bois de mangrove DESTRUCTIVES versants E S

Expulsion des Déséquilibre Destruction des Erosion du zooxanthelles SUREXPLOITATION écologique coraux littoral

Blanchissement des coraux PROLIFERATION DE PROLIFERATION MORTALITE DES PREDATEURS ALGALE CORAUX SEDIMENTATION

Sans recrutement Colmatage Turbidité de Rabougrissement Diminution des Asphyxie corallien des polypes l’eau des palétuviers captures E F Inhibition de Inhibition de la F Migration des l’édification du photosynthèse au E espèces squelette calcaire niveau des coraux T S

DEGRADATION DE DEGRADATION DE L’ECOSYSTEME CORALLIEN LA MANGROVE 80 Figure 42 : synoptiques des relations causes à effets des pressions

CHAPITRE IV : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS : IV-1- Pertinence des CET :

D’une part, l’étude des CET a permis d’obtenir de nombreux renseignements sur l’organisation de la communauté de pêcheurs traditionnels Vezo , ainsi que sur leur relation avec le milieu marin. Ces informations représentent des intérêts capitaux pour l’orientation de la stratégie à adopter pour la gestion des ressources. Tout d’abord, compte tenu de la forte pression de pêche sur le récif (83% des sites cités par les pêcheurs), et en considération de l’importance écologique qu’assure ce dernier pour l’équilibre de tout l’écosystème marin, la mise en œuvre d’une gestion durable doit inclure sa conservation. Pour ce faire, la diversification des sites de pêche permettrait de réduire les pressions sur le récif. Ceci, soit par l’exploration de nouveaux sites de pêche, soit par l’installation des Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP). La mise en place d’une réserve permanente peut aussi être envisagée pour répondre à des objectifs de conservation et de régulation des fonctions écologiques. La fermeture permanente d’un site permettrait notamment d’augmenter les recrutements coralliens et conduirait à la restauration de l’équilibre écologique du site. Le débordement des larves permettrait par la suite la réhabilitation progressive des autres sites.

Les récits historiques sur les ressources ont conclu à la diminution qualitative et quantitative des captures. Cette constatation traduit une surexploitation des ressources halieutiques. Cette situation touche plus particulièrement les espèces d’intérêt commercial (céphalopodes, holothuries et poissons démersaux). La fermeture temporaire d’une zone bien délimitée permettrait la régénération naturelle de ces espèces et induirait l’augmentation de la production à l’ouverture des sites. Pour délimiter les RM suivant les objectifs escomptés, la carte des ressources peut constituer un outil de base. Par exemple, si la RM vise à améliorer la production de poulpes, le site sera choisi parmi les sites de pêche aux poulpes. Du fait que chaque communauté possède une zone de pêche traditionnelle bien délimitée, même si l’accès aux ressources est libre, la délimitation des RM pour chaque village doit aussi se faire dans sa zone de pêche. Ceci afin d’éviter les conflits entre les communautés. Néanmoins, une RM peut être commune à deux villages à partir d’un consensus. Dans le cas de la Baie de Saint Augustin, Andimandimatse et Ankaraivo sont des sites de pêche communs aux villages d’Ankilibe et de Sarodrano. Cependant, pour la mise en place des RM, Andimandimatse n’a été proposé que par le village d’Ankilibe ; Ankaraivo que par le village de Sarodrano. Grâce à l’étude des CET,

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notamment la détermination des sites de pêche par village, les conflits qui pourraient découler de cette divergence peuvent être évités par une entente entre les deux villages.

L’utilisation des méthodes et engins de pêche prohibés (filet moustiquaire, laro , destruction et retournement des blocs de coraux) démontre le non respect des lois par la population. Cependant, le respect que les Vezo accordent au Dina représente une opportunité pour la gestion des ressources (25% de la population accorde plutôt du respect pour les Dina , contre seulement 17% pour les lois). Le Dina peut servir de cadre pour la gestion des RM et des ressources en général. Ainsi, l’interdiction des techniques et engins de pêche destructifs se ferait par voie de Dina . Par ailleurs, l’interdiction des sennes doit aussi être intégrée dans le Dina . A ce jour, les textes de loi malagasy interdisant l’utilisation de la senne de plage ne porte que sur la Baie d’Antongil (Arrêté 18680/2006 du 30 octobre 2006, portant interdiction de l’utilisation de la senne de plage et des engins de pêche confectionnés avec des tulles moustiquaires dans la Baie d’Antongil). Cependant, compte tenu du caractère destructif de cet engin, son utilisation doit être interdite. Le Dina poserait aussi les limites d’accès aux RM durant les périodes de fermetures. Les croyances en faveur des actions de conservation doivent aussi être inclues dans le Dina pour que ces pratiques ne se perdent pas. Cependant, comme les RM, tout comme certaines sites de pêche peuvent être communs à plusieurs villages, un seul Dina , résultant d’un consensus entre toutes les communautés villageoises, doit régir toute la zone. Le Dina doit aussi faire l’objet d’une large publication (diffusion par radio ou par affichage) afin d’informer de son existence et de sa tenue toute la population, ainsi que les gens de passage. Par ailleurs, les efforts déjà entrepris pour la reconnaissance des Dina dans un cadre légal doivent être poursuivis.

Concernant la mangrove, la pratique de laro et l’utilisation des filets moustiquaire, qui constituent une source majeure de l’épuisement des espèces, devraient aussi être interdites par voie de Dina . Cependant, la principale menace s’exerçant sur cet écosystème résulte des coupes pour l’approvisionnement en bois. Ainsi, pour pouvoir satisfaire les besoins de la population, tout en préservant l’intégrité de l’écosystème, la conservation devrait être orientée vers une exploitation durable de la mangrove. De plus, le droit d’usage des populations locales sur les ressources forestières ne permet pas de mettre en place une restriction totale. Suivant la recommandation émise par Andrianjafy (2009), un aménagement par cycle rotatif serait approprié. Cet aménagement comporte trois zones. La première, la zone de conservation totale assure la conservation de la biodiversité et le maintien des fonctions écologiques. Toute forme d’exploitation y est interdite. La seconde, la zone de restauration exclue aussi l’exploitation. Les

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actions de reboisement peuvent y être entreprises. Enfin, la zone d’exploitation assure les besoins de la population. Néanmoins, la coupe dans cette dernière zone doit être sélective, notamment en épargnant les jeunes semenciers afin d’assurer la régénération. Par ailleurs, cette mesure doit être accompagnée par une vulgarisation des méthodes de cuisson propre (comme les fours solaires) ou plus économiques (foyer amélioré) afin de réduire les demandes en bois de chauffe.

Les études de perception ont aussi abouti à une conclusion sur la dégradation des ressources en général. A part la surexploitation et l’utilisation des méthodes et engins destructifs, la population attribue aussi cette dégradation à des changements évolutifs constatés depuis quelques années. Ces récits historiques, relatifs à l’hypersédimentation des récifs, à la prolifération des macroalgues et la pullulation des prédateurs sur le récif, notamment Acanthaster plancii , aux blanchissements des coraux, ou encore à la destruction des coraux lors des cyclones s’avèrent primordiales pour cerner les constats actuels. En effet, les récits historiques sur les ressources constituent un outil de gestion efficace en l’absence de suivi à long terme (Jackson et al. , 2001). L’étude des CET est la meilleure méthode pour pallier à ce manque de perspectives historiques (Teh et al. , 2007). Selon les dires des pêcheurs, ces causes de dégradation résultent de phénomènes naturels hors de leur portée. Néanmoins, durant les focus groupe, les pêcheurs ont évoqué l’interdiction des défrichements en amont du fleuve, de même que le ramassage des A. plancii pour les ramener sur la plage et les brûler, et l’interdiction de la collecte de Charonia tritonis . Ces suggestions devraient aussi être inclues dans le Dina . A l’instar de l’ONG Frontier sur le récif annulaire de Nosy Ve (cité par Bemanaja, 2003), des campagnes de ramassage d’ A. plancii peuvent aussi être organisées avec des volontaires, notamment des touristes.

Les études de perception ont aussi montré un manque de conscientisation au niveau de la communauté. Si près de la moitié des enquêtés est consciente de la dégradation (51% des enquêtés ont constaté la dégradation du récif, 42% pour la mangrove, 55% pour le stock de poissons, 67% pour celui des poulpes, et 53% pour celui des holothuries), l’autre moitié ne l’est pas. Beaucoup de personnes pensent encore que la diminution des captures découle de la volonté de forces supérieures. L’Homme ne possède aucune emprise sur la variation des ressources. La sensibilisation doit donc être renforcée, dans la mesure où la gestion ne peut être effective que si tous les usagers soient conscients des impacts de leurs activités sur les ressources. Pour le cas des tortues marines en particulier, comme les différentes interdictions se sont avérées inefficaces, et dans la mesure où la majorité des pêcheurs ne semble pas convaincue des menaces d’extinction pesant sur cette espèce, une alternative doit être envisagée pour protéger cette espèce en voies de

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disparition. A l’exemple des autres îles de l’Océan Indien, les tortues marines pourraient être valorisées par le développement de l’écotourisme. De plus, comme la pêche aux tortues marines est surtout motivée par l’argent qu’elle génère, le développement d’un secteur porteur tel que le tourisme peut s’avérer être la solution. Ceci implique une sensibilisation des pêcheurs sur la valeur indirecte que peut générer la conservation de cette espèce. Néanmoins, les changements de mentalité nécessitent beaucoup de temps. De plus, la zone de Saint Augustin possède de grandes potentialités touristiques : des plages de sables blancs, une vue pittoresque sur la pointe de Barn Hill, la grotte de Sarodrano (piscine naturelle), des sites historiques (Des traces de civilisation vieilles de plus de 400 ans ont été trouvées dans le village de Sarodrano). Comme ce secteur reste encore peu développé dans la zone (Heriniaina, 2008 ; Voajanahary, 2008), le développement d’un tourisme communautaire peut être envisageable et peut contribuer énormément à la conservation des tortues marines.

La pratique de la culture d’algue et l’élevage des concombres de mer par quelques familles de pêcheurs indique la possible reconversion de ceux-ci dans d’autres activités. Dans ce sens, Ranaivomanana (2006) a aussi noté la reconversion des pêcheurs Vezo en transporteurs de marchandises ou de touristes dans la Région. Il a estimé que près de 55% des pêcheurs d’Ankilibe pratiquent cette activité de transport. La reconversion des pêcheurs dans d’autres activités contribuerait à la réduction des pressions de pêche. Cependant, ces activités doivent rester liées à la mer afin de préserver les valeurs traditionnelles Vezo , lesquelles ne peuvent être détachées du milieu marin. Cela permettrait aussi de réduire la grande dépendance des pêcheurs aux ressources marines par la création d’autres sources de revenu. Ainsi, les activités comme la culture d’algue et l’élevage des holothuries peuvent être répandues à une plus grande échelle dans la zone. Par ailleurs, le marché des concombres de mer et celui des algues sont encore florissants. De ce fait, leur vulgarisation à grande échelle représente encore une potentialité économique pour la zone. Cependant, dans les villages de Tanandava et celui d’Ampasinabo, dans la mesure où ces villages possèdent des terres arables, la vulgarisation des cultures maraîchères peut aussi être envisagée. La population de ces deux villages se compose essentiellement d’agriculteurs. Cependant, ces derniers représentent des pêcheurs potentiels. De ce fait, pour éviter qu’ils ne viennent renflouer le nombre de pêcheurs, la création d’autres sources de revenu est indispensable.

Par ailleurs, l’étude des CET a aussi révélé les connaissances des pêcheurs sur les ressources et le milieu marin, à partir desquelles ils règlent leurs activités. Ainsi, grâce à la

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connaissance des marées, les pêcheurs peuvent intensifier leurs activités durant les périodes de « tehake », période à laquelle l’accès aux ressources est plus facile. Durant cette période les captures sont donc plus abondantes et les revenues plus importantes. En tenant compte de cette information, l’organisation de toute intervention auprès de la communauté de pêcheurs doit donc se tenir en dehors de cette période, ceci de manière à avoir le moins d’impact sur leurs revenues. Pour les RM, les dates d’ouverture doivent aussi tenir compte de cette période pour que l’ouverture profite à tous les membres de la communauté (notamment pour les femmes qui pratiquent la pêche à pieds). Les connaissances empiriques sur les comportements des espèces peuvent aussi servir de base pour les recherches scientifiques, lesquelles vont fournir des éléments capitaux pour la gestion des ressources. Les recherches réalisées par Mahafina (2001) sur l’intégration des CET dans l’étude des ressources récifales vont déjà dans ce sens. Dans les îles océaniennes où la valorisation des CET pour la gestion des ressources marines est déjà très avancée, les CET constituent un outil de base pour orienter les recherches (Johannes et al. 2000 ; Baird et Flaherty 2005, Berkes et al. . 2007). De telles initiatives doivent donc être poursuivies. Les résultats des ces recherches doivent ensuite être capitalisés afin d’optimiser leur valorisation.

Enfin, concernant la gestion des ressources, les Vezo , organisée en communauté lignagère patriarcale, demeurent très respectueux des structures traditionnelles. La structure de gestion doit donc tenir compte de cet ordre hiérarchique de la communauté. Ainsi, les membres du comité de gestion doivent être choisis parmi les anciens pour que leurs décisions soient acceptées par toute la communauté. Dans ce sens, l’étude des CET a aussi montré l’effacement des femmes dans les prises de décisions. Cependant, elles jouent un grand rôle dans la production en assurant la transformation et la commercialisation des produits. Ce paradoxe implique donc la nécessité d’une sensibilisation pour la responsabilisation des femmes dans la communauté, notamment en les incitant à se regrouper dans des associations. La connaissance des rôles des genres dans la production permet aussi de déterminer les groupes cibles pour les renforcements de capacité, étape indispensable pour une gestion durable des ressources. Cette étude a en effet montré la nécessite de renforcer les moyens de production des pêcheurs. L’amélioration des techniques et des engins de pêche permettrait d’une part d’augmenter la production grâce à des engins plus performants. D’autre part, les engins plus sélectifs contribueraient à la protection de la biodiversité, notamment en réduisant les prises accidentelles et les captures accessoires. Par ailleurs, l’octroi de formation pour la conservation et le traitement des produits permettrait d’augmenter la qualité des produits, donc d’accroître leur prix. Ceci aurait comme effet l’augmentation des revenus des pêcheurs. Ainsi, les formations sur les nouvelles techniques de

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pêche toucheraient plus les hommes. Par contre, les formations sur la conservation et le traitement des produits s’adresseraient plutôt aux femmes.

En bref, l’étude des CET a permis de collecter les données détenues par les pêcheurs Vezo. De plus, ces données représentent des intérêts primordiaux pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines. Elles ont permis de dégager les cibles de conservation, à savoir : l’écosystème récifal qui intègre les madréporaires, la mangrove, et les tortues marines ; et de déterminer les mesures de gestion appropriées et compatibles aux contextes locaux. La première hypothèse de ce présent travail est donc vérifiée.

D’autre part, la comparaison des CET avec la revue de la littérature a montré des tendances similaires. Aucune contradiction n’a été notée. De plus, les études biophysiques ont tous conclu à la faisabilité des RM sur les sites identifiés par les pêcheurs. Etant des sites de pêche, ils sont soumis à de fortes pressions (pressions de pêche, pression de coupe dans les mangroves). D’ailleurs, des signes de dégradation ont été relevés. Pour les récifs, un taux élevé de débris coralliens dans la partie interne du récif d’Andimandimatse a été constaté (66%). Les parties internes présentent aussi de faible couverture en coraux vivants : seulement 13% du recouvrement du benthos pour Ankilalaotse, 22% pour Andimandimatse et 4% pour Ankaraivo. Cependant, le fort taux de vitalité des formes coralliennes au niveau des tombants de ces récifs a montré leur capacité à se régénérer (34% pour Ankilalaotse, 48% pour Andimandimatse et 50% pour Ankaraivo). Pour les mangroves, des traces de coupes ont été relevées dans les mangroves d’Ankorohoke et d’Andriambe, avec des fréquences respectives de 7% et 5%. Ces traces témoignent de la pression de coupe dans cet écosystème. Néanmoins, les fréquences élevées des jeunes pousses dans les trois sites (35,5% à Ankorohoke ; 78,75% à Andriambe et 63,86% à Antsaha Lovokampy) montrent une mangrove en régénération. Bref, suite à la validation des CET par les méthodes scientifiques, on peut dire alors qu’elles sont fiables. Donc, la seconde hypothèse de ce travail est aussi vérifiée.

IV-2- Proposition d’orientation de la stratégie de conservation :

Les acquis des CET peuvent être regroupés en trois grands axes stratégiques d’intervention :

Axe 1 : conservation des écosystèmes et restauration des stocks naturels.

 Activité 1 : opérationnalisation des RM

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Les acquis des RM d’Andavadoaka ont déjà montré les impacts positifs des RM pour la reconstitution des stocks naturels. Par ailleurs, la fermeture d’un site de pêche minimiserait l’impact de la restriction sur les pêcheurs. Effectivement, les pêcheurs peuvent toujours continuer à pêcher dans les autres sites de pêche. De plus, comme les sites pour les RM ont été proposés et validés par la population, cela faciliterait leur opérationnalisation.

 Activité 2 : conservation de l’écosystème récifal

Cette conservation se fera par la fermeture permanente d’une zone bien déterminée, et par la diversification des sites de pêche. Cette dernière implique l’exploration de nouveaux sites de pêche et l’installation des DCP. Le DCP est un dispositif artificiel ancré au large pour créer un écosystème artificiel.

 Activité 3 : conservation et restauration de la mangrove

La conservation sera orientée vers une exploitation durable par un aménagement à cycle rotatif. Parallèlement, une vulgarisation des techniques de cuisson propres ou plus économiques devront être entreprise dans la mesure où la collecte de bois sera limitée.

 Activité 4 : établissement d’une forme de gestion particulière pour les tortues marines.

La conservation des tortues s’orientera plus vers la valorisation de cette espèce. A court terme, des sensibilisations seront entrepris au niveau des pêcheurs sur les potentialités écotouristiques que représente la conservation des tortues marines. L’objectif à long terme sera le développement de l’écotourisme dans la région.

Axe 2 : Appui au développement de la communauté.

 Activité 1 : vulgarisation des autres AGR pour alterner avec l’activité de pêche

La vulgarisation de nouvelles AGR permettrait d’améliorer les revenus des pêcheurs et de réduire en même temps les pressions de pêche sur les ressources. Ces nouvelles AGR ont trait à la culture d’algue, à l’élevage des concombres de mer, et à la culture maraîchère pour les villages sur les rives fertiles de l’Onilahy.

 Activité 2 : vulgarisation des engins de pêche plus performants et plus sélectifs

La vulgarisation des engins de pêche plus performants permettrait d’augmenter la capture en réduisant l’effort de pêche. Par exemple les lignes de fonds avec un hameçon traditionnellement utilisées par les pêchers peuvent être remplacées par des lignes munies de plusieurs hameçons. Par ailleurs, les pirogues traditionnelles constituent aussi un blocage majeur

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pour le développement de l’activité de pêche. De ce fait, leur remplacement par des pirogues plus performantes permettrait aux pêcheurs d’explorer de nouveaux sites de pêche.

Les engins plus sélectifs, par contre, permettraient de réduire les prises accidentelles (comme le cas des tortues marines avec le filet jarifa ), ou les individus n’atteignant pas les tailles marchandes. Néanmoins, la vulgarisation de nouveaux engins de pêche doit être accompagnée de mesures pour faciliter leur acquisition par les pêcheurs. Effectivement, dans la mesure où les Vezo , par nature, ne font pas d’épargne, il leur serait difficile en l’état actuel des choses de s’offrir ces nouveaux engins. De plus, l’accès aux microcrédits est pratiquement inexistant dans la zone. D’après l’enquête cadre du projet (Randriambololona, 2008), seulement 13 villages sur les 88 villages d’intervention du projet ont déjà bénéficié de microcrédit. Plus de 85% des villages d’intervention, y compris ceux de la zone de Saint Augustin, n’ont eu d’accès à des crédits jusqu’à ce jour. Ce non accès aux crédits résulte en grande partie à la quasi inexistence des associations formelles dans la zone. En effet, les organismes de micro finance n’accordent de crédit qu’aux associations formelles. De ce fait, d’une part, l’accès des pêcheurs aux microcrédits doit être facilité, et d’autre part la communauté doit aussi être appuyée pour la création des associations.

 Activité 3 : amélioration de la commercialisation des produits de la pêche

La commercialisation des produits de la pêche reste aussi un des problèmes majeurs de la communauté. Cette situation a un impact direct sur leur revenu, entraînant la dégradation de leur niveau de vie et, indirectement, induit des impacts négatifs sur les ressources. En relation aux causes de ces difficultés liées à la commercialisation des produits (difficulté d’évacuation des produits sur les marchés et maintien de la qualité des produits), les activités prioritaires seraient donc d’organiser la commercialisation en incitant les pêcheurs à se regrouper dans des coopératives. Ensuite, de former les femmes sur les techniques de conservation et de transformation des produits halieutiques (dans la mesure où le mareyage est une activité incombée aux femmes dans la communauté).

Axe 3 : Optimisation de l’application des lois par la valorisation des systèmes de gestion locale

 Activité 1 : optimisation de l’application des Dina

Compte tenu des valeurs que la population accorde au Dina , ce dernier constitue le meilleur moyen pour optimiser l’application des règlementations sur les ressources. Cependant, comme l’application des Dina est souvent limitée à une communauté, la standardisation des Dina

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au niveau de toute la zone est nécessaire. Dans cet axe, l’action prioritaire est donc l’élaboration d’un seul Dina pour toute la zone Saint Augustin. Ensuite, le Dina doit être formalisé pour être reconnu administrativement. Ainsi, même les étrangers peuvent être soumis au Dina . Cependant, l’élaboration des Dina nécessite l’appui d’un spécialiste en législation de la pêcherie traditionnelle pour que son contenu n’aille pas à l’encontre des lois nationales.

 Activité 2 : valorisation des structures traditionnelles pour la gestion des ressources

La reconnaissance des structures traditionnelles de gestion des ressources est primordiale pour une gestion durable. Comme les Vezo sont encore très ancrés dans cette structure communautaire lignagère patriarcale, toute action entreprise au sein de la communauté doit avoir l’aval du « Mpitankazomanga » avec les anciens. Cette structure peut donc être valorisée par l’intégration de ces notables dans le comité de gestion.

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IV-3- Proposition de planification : Objectif global : gérer durablement les ressources marines. Axe 1 : conservation des écosystèmes et restauration des stocks naturels. Activités Sous-activités Résultats attendus Indicateurs Acteurs potentiels Sensibilisation de la Communauté de pêcheurs Niveau de conscientisation de communauté sur la conscientisés sur les la communauté sur la Communauté de pêcheurs dégradation des ressources et problèmes écologiques et sur dégradation des ressources et Organisme d’appui Restauration des stocks sur les impacts de leurs les impacts de leurs activités sur les impacts de leurs naturels activités sur ces dernières sur les ressources activités sur ces dernières SPRH Opérationnalisation des PACP Production augmentée Capture par unité d’effort réserves temporaires Communautés de pêcheurs Organismes d’appui Communauté de pêcheurs Sensibilisation pour le consciente des dégâts ramassage des Acanthaster Nombre d’ A. plancii ramenés Communauté de pêcheurs occasionnés par A. plancii et plancii (Doivent être ramenés sur la plage Organisme d’appui de la nécessité de les ramener sur la plage et être brûlés) sur la plage pour les brûler. Communauté de pêcheurs Nombre de pêcheurs sur le Nombre de pêcheurs Installation des DCP PACP Conservation de récif réduit fréquentant les DCP IHSM l’écosystème récifal Nombre de pêcheurs Représentants de la Prospection de nouveaux sites Nombre de pêcheurs sur le fréquentant les nouveaux sites communauté de pêcheurs de pêche récif réduit de pêche Organisme d’appui SPRH Mise en place des réserves Taux de recouvrement des PACP Zones dégradées restaurées permanentes coraux vivants Communautés de pêcheurs Organismes d’appui

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Suite axe 1 : conservation des écosystèmes et restauration des stocks naturels.

Activités Sous-activités Résultats attendus Indicateurs Acteurs potentiels Représentants de la Mise en place d’une zone de Zone bien délimitée communauté de pêcheurs Fréquence de coupe conservation totale conservée Chercheurs Organismes d’appui Conservation et Représentants de la restauration de la Aménagement à cycle rotatif Zones aménagées et communauté de pêcheurs Taux de régénération mangrove des zones d’exploitation exploitées durablement Chercheurs Organismes d’appui

Nombre de jeunes plants Communauté de pêcheurs Reboisement Zone dénudée reboisée de palétuvier plantés Organisme d’appui

Sensibilisation de la population sur les Pressions de pêche sur les Nombre de tortues Communauté de pêcheurs Etablissement d’une potentialités touristiques tortues marines réduites capturées par les pêcheurs Organisme d’appui forme de gestion qu’offrent les tortues marines particulière pour les Appui au développement du Nombre d’infrastructures tortues marines. Tourisme communautaire Communauté de pêcheurs tourisme communautaire dans d’accueil et nombre de développé dans la zone Organisme d’appui la zone touristes

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Axe 2 : Appui au développement de la communauté.

Activités Sous-activités Résultats attendus Indicateurs Acteurs potentiels Elevage artisanal des Vulgarisation de l’élevage Nombre de personnes GPF concombres de mer adopté par artisanal de concombre de impliquées dans l’activité et PACP les pêcheurs et revenus des mer revenu des ménages TransMad ménages améliorés Vulgarisation d’autres Culture d’algue adoptée par les Nombre de personnes GPF Vulgarisation de la culture AGR pour alterner à pêcheurs et revenus des impliquées dans l’activité et PACP d’algues l’activité de pêche ménages améliorés revenu des ménages TransMad Culture maraîchère adoptée par Nombre de personnes Vulgarisation de la culture Agriculteurs-pêcheurs la population et revenus des impliquées dans l’activité et maraîchère PACP ménages améliorés revenu des ménages Recherche expérimentale Nouveaux engins plus Nombre de nouveaux engins sur les nouveaux engins de performants et plus sélectifs Chercheur de pêche mis au point pêche mis au point et expérimentés Vulgarisation des engins Pêcheurs capables de gérer leur Communauté de pêcheurs de pêche plus Formation des pêcheurs Nombre de pêcheurs formés revenu (épargnes et Organismes d’appui performants et plus sur la gestion des revenus sur la gestion des revenus sélectif réinvestissent dans l’activité) Formateurs Opérationnalisation du Acquisition des nouveaux Nombre de crédits PACP système de microcrédit engins de pêche facilitée contractés Vola Mahasoa pour l’achat des matériels Incitation des pêcheurs à Nombre de coopératives Pêcheurs regroupés dans des Communauté de pêcheurs se regrouper dans des créés et nombre de pêcheurs coopératives Organismes d’appui Amélioration de la coopératives membres commercialisation des Formation pour la Communauté de pêcheurs produits de la pêche conservation et la Produits plus compétitifs sur le Prix des produits sur le Organismes d’appui transformation des marché marché Formateurs produits halieutiques

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Axe 3 : Optimisation de l’application des lois par la valorisation des systèmes de gestion locale

Activités Sous-activités Résultats attendus Indicateurs Acteurs potentiels

Nombre de Dina relatifs à la Standardisation des Dina Un seul Dina régit la gestion Représentants de la gestion des ressources pour toute la zone St des ressources marines pour communauté de pêcheurs tous les villages dans la zone marines en vigueur dans la Augustin St Augustin zone Organisme d’appui Mise en application des Dina Représentants de la Jugement relatif à communauté de pêcheurs Homologation du Dina Dina homologué l’homologation du Dina Organisme d’appui Tribunal

Valorisation des Représentants de la structures Structure de gestion des Acteurs et leurs attributions communauté de pêcheurs traditionnelles pour la ressources et des réserves identifiées gestion des ressources marines Organisme d’appui Responsables communales

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IV-4- Limites des CET :

Tout d’abord, concernant la pratique de la méthodologie pour l’étude des CET, elle nécessite la capacité des chercheurs à maîtriser les sources de biais. Ces dernières sont nombreuses, aussi bien pour la collecte des données, leur traitement, que pour leur valorisation. L’étude des CET appelle à des notions dans plusieurs domaines : sciences sociales, sciences halieutiques et biologie marine. Les données ethnographiques peuvent être mal interprétées par les halieutes à cause de leur manque d’expérience en recherche ethnographique (Sabetian, 2003). Vis versa, si les études sont faites par des ethnographes, ces derniers peuvent mal consigner les données relatifs à la pêche et à la biologie. De ce fait, les membres des équipes pour l’étude des CET doivent préalablement être formés. Par ailleurs, la valorisation des données déjà existantes pose souvent aussi des difficultés. Effectivement, les méthodes utilisées par les différents organismes ne sont pas les mêmes. Ainsi, la capitalisation de ces données auxiliaires est-elle souvent compliquée. Pour limiter donc les sources de biais au niveau des collectes et traitement des données, ainsi que durant l’analyse de celles-ci, la standardisation des méthodes pour tous les organismes œuvrant dans la zone est conseillée. La méthode SocMon (Manuel SocMon WIO par Malleret-King et al, 2006) qui est déjà utilisée par Blue Ventures dans la Zone Velondriaka peut être envisagée pour sa praticabilité. Cette méthode n’est pas compliquée et n’engage pas beaucoup de moyens humains et financiers. En plus, elle permet de collecter en même temps les données socio-économiques et les CET. En effet, l’analyse des CET nécessite la connaissance des contextes socio-économiques. Cependant, le processus de mise en réserve ne prévoit cette étude qu’après la fermeture officielle des RM. Donc, l’adoption de la méthode SocMon WIO résoudrait aussi ce problème.

Ensuite, la pratique de la méthodologie nécessite aussi beaucoup de références bibliographiques pour la validation des données. Des références qui ne sont pas toujours facile à obtenir. Ainsi, la mise en place d’un système de partage de données pour toutes les parties prenantes dans la conservation des ressources marines à Madagascar permettrait de faciliter l’accès à ces données. Des efforts sont déjà réalisés dans cette optique. Les regroupements des différents organismes au sein d’une plate-forme leur permet de coordonner leurs actions mais aussi de s’échanger des informations. Dans cette partie de l’île, la plate-forme RODOBE regroupe tous les organismes œuvrant dans le Plateau Mahafaly (intervenants dans le domaine terrestre et dans le domaine marin et côtier). L’Alliance Capricorne par contre, regroupe tous les organismes intervenant sur le littoral

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du Sud-Ouest. Cependant, le partage des données devraient se faire de façon plus élargie pour permettre notamment à tous les chercheurs d’y avoir accès. On propose donc la création d’un site internet pour le partage des données. A défaut de pouvoir mettre en ligne tous les résultats des recherches, un genre d’annuaire incluant les références des recherches réalisées devrait être mis en ligne (intitulé de l’étude, organisme ou chercheur ayant réalisé l’étude, et les lieux où elle peut être consultée).

Enfin, la gestion des ressources marines repose en grande partie sur l’aménagement de la pêcherie. Or tout aménagement d’une pêcherie nécessite des données sur le stock. De ce fait, des suivis de captures doivent être réalisés pour étoffer les données des CET. Le protocole de suivi participatif testé par Brenier (2009) dans la baie de Toliara peut être indiqué pour pallier à ce manque. Par ailleurs, comme la carte des ressources constitue la base de l’aménagement, chaque point doit être géoréférencé. Ainsi, les références géographiques des sites de pêche doivent être relevées avec des représentants des pêcheurs.

Concernant le processus de mise en réserve adopté par PACP et qui est basé sur les CET, il n’implique que la communauté de pêcheurs. Cependant l’exploitation du milieu marin implique d’autres acteurs. Par exemple, la pratique du « laro » implique plutôt les autres ethnies non pêcheurs que les Vezo . De plus, les responsables ne sont jamais attrapés sur le fait. De ce fait, la collaboration avec les pêcheurs Vezo ne permettrait pas d’éradiquer cette pratique destructive. Pour ce cas, il est recommandé de mettre en place, au niveau de chaque « fokontany », un comité locale de surveillance.

Le processus n’inclue pas non plus les opérateurs touristiques. Pourtant le rôle du secteur touristique dans la conservation et la gestion des ressources marine est très important. Il constitue une source de menaces et de pressions non négligeables. Les demandes en produits halieutiques pour la restauration motivent souvent les prises illégales durant les périodes de fermeture de pêche. De même, le tourisme motive aussi le prélèvement des coquillages sur le récif. Par ailleurs, les clubs de plongée pour les touristes, par le piétinement, contribuent à la destruction des récifs. Des sensibilisations pour un tourisme responsable et respectueux de l’environnement devront donc être entreprises.

Le tableau suivant résume les limites des CET avec les recommandations pour leur amélioration.

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Tableau 18 : recommandations par rapport aux limites des CET

Limites Recommandations

Difficultés dans la capitalisation des données auxiliaires à cause des Standardiser les méthodes pour tous les méthodes différentes utilisées par les organismes œuvrant dans la zone et organismes. organiser des formations communes pour les équipes CET de tous ces Pratique de la méthodologie nécessite organismes. la multidisciplinarité des chercheurs.

Références bibliographiques Mettre en place un système de partage indispensables or souvent difficiles à de données pour toutes les parties trouver. prenantes de la conservation et de gestion des ressources marines à Madagascar (un site internet).

Méthode par l’étude des CET ne Réaliser les études socio-économiques prévoit l’étude socio-économique qu’à en parallèle avec l’étude des CET, non la fermeture des RM, indispensable plus seulement avant la fermeture des pour l’analyse de la CET RM.

Etude de la CET ne permet pas Réaliser des suivis de pêche pour avoir d’obtenir des données exactes sur les des données sur les captures. captures.

Manque des coordonnées Relever les coordonnées géographiques géographiques des sites de pêche des sites de pêche avec l’aide des pêcheurs.

Etude des CET n’implique pas les Internalisation des activités touristiques autres acteurs dans le processus de dans le processus de planification pour planification (opérateurs touristiques et un tourisme responsable et respectueux touristes). de l’environnement.

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CONCLUSION

La présente étude a consisté à déterminer la pertinence de l’étude des Connaissances Ecologiques Traditionnelles pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines dans la Région du Sud-Ouest. Dans cette optique, le travail s’est réparti en deux étapes. La première consistait à collecter les données détenues par les pêcheurs qui pourraient aider dans la planification de la conservation et de gestion des ressources. Pour ce faire, une collecte des CET dans sept villages de la Commune Rurale de Saint augustin a été réalisée. Au terme de cette première étape, diverses informations ont pu être collectées. Les rôles des genres sont bien déterminés dans la pêcherie Vezo : les hommes sont des pêcheurs à plein temps tandis que les femmes ne pratiquent que le ramassage à pieds durant les marées basses de vives eaux et s’occupent surtout du traitement et de la commercialisation des produits. La pêche est concentrée sur les zones récifales : sur les 54 sites de pêche identifiés, 43 d’entre eux se trouvent sur le platier récifal ou sur les écosystèmes associés au récif. Le mode d’exploitation dépend de l’espèce ciblée et de la nature du site. Concernant la gestion des ressources, les pêcheurs sont encore très attachés à leurs valeurs traditionnelles, notamment le respect des ancêtres et la fidélité au clan. Ainsi, les patriarches de la communauté détiennent le privilège de prendre toutes les décisions relatives aux biens communautaires. Par ailleurs, la communauté accorde encore beaucoup de respect aux coutumes ancestraux. Par rapport à la limite d’accès aux ressources, les études de perception ont révélé que 68% de la population accorde plus de respect aux tabous et aux Dina plutôt qu’aux lois. Par ailleurs, les récits historiques ont aussi permis de connaître les changements qui se sont produits dans la pratique de l’activité et au niveau des ressources. Ainsi, l’activité de pêche a beaucoup évolué suite à l’ouverture des routes commerciales : substitution du troc en économie de marché, diversification des engins de pêche, arrivée des migrants qui se sont reconvertis dans le métier de pêcheur. Ces changements ont aussi entraîné des modifications sur les ressources. Les captures ont diminué, les individus de grandes tailles sont devenus rares, de même que les espèces à intérêt commercial qui sont les plus recherchées par les pêcheurs. Enfin, cette étude a aussi permis de connaître la perception des pêcheurs sur les ressources. Ainsi, malgré la divergence des opinions, la majorité des pêcheurs s’accordent sur la dégradation des ressources en général (51% pour le récif, 42% pour la mangrove, 55% pour le stock de poissons, 67% pour celui des poulpes, et 53% pour celui des holothuries). Seuls les résultats sur les tortues marines ne rejoignent pas cette tendance (seulement 17%

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des répondants trouvent la diminution du stock), alors que les tortues marines sont des espèces classées en danger d’extinction. Ces résultats montrent un manque de sensibilisation sur les enjeux actuels des ressources marines. Les niveaux de conscientisation se sont avérés particulièrement faibles dans les villages d’Ankilibe, de Tanandava et d’Ampasinabo où les nombres des pêcheurs sont aussi les plus faibles dans la zone (soit respectivement : 35% ; 14% et 18% de la population, contre une moyenne de 58% dans les quatre autres villages). Toutes ces informations permettent d’avoir une vision multidimensionnelle sur l’évolution des pêcheurs Vezo par rapport aux ressources. Elles représentent de ce fait des intérêts primordiaux pour la planification de la gestion des ressources. La première hypothèse de travail, relative à la collecte des données détenues par les pêcheurs qui pourraient aider à la planification de la gestion est donc retenue.

Après l’obtention de ces informations, la deuxième partie a consisté à déterminer la fiabilité de ces informations. Les résultats des recherches bibliographiques ont permis d’établir la similarité entre les tendances des données issue des CET et celles obtenues par les scientifiques. Aucune contradiction n’a été relevée. Par ailleurs, les sites identifiés par les pêcheurs, ont aussi été validés par des études bioécologiques. Les sites, malgré les signes de dégradations peuvent encore se reconstituer, notamment après une fermeture temporaire. En effet, les zones récifales ont montré une forte vitalité corallienne au niveau du tombant récifal (un taux de recouvrement en coraux vivants de 34% pour Ankilalaotse, 48% pour Andimandimatse et 50% pour Ankaraivo). Les recrutements élevés dans les zones de mangroves constituent aussi des signes de régénération (une fréquence des jeunes pousses de 35,5% à Ankorohoke ; 78,75 à Andriambe et 63,86 à Antsaha Lovokampy). La deuxième hypothèse de travail est donc aussi retenue : les données issues de l’étude des CET sont fiables.

Enfin, la valorisation de ces données ont permis de dégager les enjeux actuels de la gestion des ressources marines dans cette partie de l’île : les principales menaces et pressions, ainsi que les ressources les plus vulnérables, à savoir les écosystèmes récifaux, les zones de mangroves et les tortues marines. Ces données ont permis d’orienter les stratégies de conservation ainsi que les structures de gestion. Ainsi, les activités prioritaires dans la mise en œuvre de la planification de la gestion sont relatives à la conservation des écosystèmes récifaux et des zones de mangroves, et à la restauration des stocks naturels ; à l’appui au développement de la communauté notamment par la création de nouvelles AGR et le renforcement de capacité ; enfin à l’optimisation de l’application

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des lois par la valorisation des systèmes de gestion locale incluant le Dina et la structure hiérarchique dans la communauté.

En bref, arrivée au terme de cette étude, on peut conclure que l’étude des CET est pertinente pour la planification de la conservation et de la gestion des ressources marines. D’une part, la grande diversité des informations fournies par les pêcheurs ont d’extraire les données fondamentales pour l’orientation de la planification. D’autre part, ces données s’avèrent fiables, donc peuvent être valorisées pour la conservation des écosystèmes et la pérennisation de l’exploitation des ressources marines. Cependant, la gestion durable de l’exploitation des ressources marines, suffirait-elle pour améliorer le niveau de vie des petits pêcheurs traditionnels et assurer la pérennité de la pêche traditionnelle maritime dans cette Région ? Ainsi, afin d’optimiser les retombés socio-économiques des RM sur la communauté de pêcheurs, une évaluation des impacts socio-économiques devrait être entreprise.

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105

ANNEXES

i

Annexe 1 : présentation du site d’étude

• Choix du site d’étude :

La zone PACP s’étend sur 350 km le long du littoral de la Région du Sud-Ouest, entre le village de Vorotohoke au nord et celui d’Antserakaly au sud. Elle couvre quatre vingt douze villages répartis sur trois districts (Morombe, Toliara I et Toliara II) et six communes (Morombe, Befandefa, Manombo Sud, Belalanda, Toliara, Saint Augustin et Soalara).

Cette zone est caractérisée par la présence continue d’un chapelet de récifs coralliens le long des côtes. Le plus important est le Grand Récif de Tuléar qui s’étend sur 18 km de long. Ces récifs représentent une haute valeur en termes de biodiversité car leur diversité spécifique est comparable à celle des forêts tropicales. La zone possède aussi des mangroves. Néanmoins, elles sont assez pauvres comparées aux grandes étendues de mangroves de la partie nord de la côte ouest. Au niveau de la Région du Sud-Ouest, les mangroves occupent une faible superficie, environ 5 000 Ha (BioDev Madagascar Consulting, 2008). Les étendues de mangroves sont surtout localisées au niveau des embouchures des grands fleuves (Mangoky, Fiherena, Onilahy). Des mangroves littorales sont aussi localisées dans la zone grâce à des eaux de résurgence comme à Belaza.

i

Carte de localisation de la zone PACP

ii

Dans la mise en œuvre du projet, la zone a été subdivisée en cinq pour mieux concentrer les efforts :

• Zone Saint Augustin

• Zone Toliara - Ambolimailaka

• Zone Manombo Sud

• Zone Befandefa

• Zone Morombe

La zone Saint Augustin a été choisie pour la réalisation de cette étude. Ce choix est justifié par le fait que c’est la zone pilote du projet. Ainsi, la réalisation des activités préalables à l’étude de la CET dans la zone facilite l’accomplissement du travail. De plus, la disponibilité des données issues des recherches antérieures représente aussi un grand avantage compte tenu du temps assez limité pour la réalisation de cette étude. Enfin, cette zone a déjà accomplie un cycle de fermeture temporaire pour les RM. De ce fait, des résultats sur les acquis de cette fermeture peuvent déjà être exploités pour les besoins de cette étude.

• Localisation et délimitation administrative :

La Commune Rurale de Saint Augustin se trouve dans le District de Toliara II, Région du Sud-Ouest, dans l’ex-province de Toliara. Elle se situe à 30 kilomètres au sud de la ville de Toliara, approximativement entre la latitude 23°25’ et 23° 35’ Sud et la longitude 43°43’ et 43°51’ Est. La commune comprend 10 Fokontany ; cependant quatre d’entre eux seulement sont touchés par le projet du fait que les six autres se trouvent à l’intérieur des terres. Cependant, comme le Fokontany peut comporter plusieurs villages, en tout l’étude couvre sept villages, à savoir : Ankilibe, Sarodrano, Tanandava, Ampasinabo, Ampasinihita, Lovokampy 0 km (qui se trouve sur la rive droite du fleuve Onilahy), et Lovokampy RG (qui se trouve sur la rive gauche du fleuve Onilahy). Tanadava, d’Ampasinabo, d’Ampasinihita et de Lovokampy 0 km sont des petits villages autour du chef lieu de commune Saint Augustin.

iii

Carte de localisation de la zone d'étude

iv

• Contexte socio-économique : - Population :

Les caractéristiques de la population dans la zone d’étude sont résumées dans le tableau ci-après :

Nombre d’habitants Ménages Ethnies % Villages Hommes Femmes Total Nombre Vezo Autres Ankilibe nd nd 2500 543 90 10 Sarodrano 786 838 1624 353 90 0 Tanandava 407 393 800 174 75 25 Lovokampy 314 407 721 157 75 25 Ampasinabo 500 450 950 207 75 25 Ampasinihita 330 456 786 171 100 0 Lovokampy (R G) 214 289 503 109 87 13 TOTAL 7884 1714 84,57 14,00 Nd : non déterminé

Source : Randriambololona, 2008 ; Heriniaina, 2008 ; Voajanahary, 2008

La zone d’étude compte environ 7 884 personnes, dont un peu plus de la moitié sont des femmes. Elle est peuplée principalement par l’ethnie Vezo (plus de 80% de la population). Cependant, on y rencontre aussi une minorité des peuples de l’intérieur des terres composés de Masikoro , de Tanalana , de Mahafaly et d’Ant androy . Ces peuples, de tradition pastorale ou agricole, ont fuit la famine sévissant à l’intérieur des terres et se sont reconvertis dans le métier de la pêche (Dasylva et Rakotondrasoa, 1997 ; Randriambololona, 2008).

- Activités et sources de revenus :

La pêche constitue l’occupation principale de la population et lui fournit sa principale source de revenu. Elle englobe aussi bien l’activité de pêche proprement dite que les activités affiliées telles que la transformation des produits et le mareyage. Aucun collecteur n’est recensé dans la zone.

Concernant l’agriculture, elle est quasi inexistante du fait des conditions édaphiques du sol de type sablo-vaseux. Cette activité ne concerne qu’une partie de la population dans les villages près de l’embouchure de l’Onilahy (Tananadava et Ampasinabo). Dans ces villages, les agriculteurs font de la culture de manioc, de maïs et de la culture maraîchère.

L’élevage reste une activité marginale. Les animaux ne sont vendus ou manger que pour des occasions exceptionnelles. La population élève surtout des volailles et des caprins. Cependant les Vezo n’élèvent pas et ne consomme pas de mouton car c’est « fady ». v

Enfin, d’autres secteurs d’activités génératrices de revenues sont aussi recensés à petite échelle dans la zone, comme le tourisme, les petits commerces et les fonctionnaires (dans le domaine de l’éducation et de la santé).

- Infrastructures :

La zone reste encore très pauvre en matière d’infrastructure. Le tableau suivant résume les infrastructures présentes dans la zone d’étude :

Ankilibe Sarodrano St Augustin Lovokampy RG

Voies terrestre ou Voies terrestre ou Voies terrestre Voie maritime maritime maritime ou maritime Voie d'accès Route Route secondaire : Route secondaire 3 km vol d'oiseau secondaire : 30 15 km de Toliara 25 km de Toliara de St Augustin km de Toliara Services CISCO Techniques Aucun Aucun Aucun CIRVA Déconcentrés

Education 1 EPP 1 EPP 1 EPP et 1 CEG 1 EPP

Centre de santé Aucun Aucun 1 CSB I Aucun Marché Aucun Aucun 1 Aucun Accès à l'eau Puits aménagés Puits aménagés Puits aménagés Puits aménagé potable 1 hôtel 2 hôtels 2 hôtels Hôtel/Restaurant Aucun 1 restaurant 2 restaurants 2 restaurants Communication Téléphone portable Point d'appel Point d'appel Aucun Société de collecte Aucun Aucun Aucun Aucun La route, de type secondaire est difficilement praticable en saison de pluie, surtout la portion descendant vers Saint Augustin. De même pour le village de Sarodrano, comme le village se trouve sur une anse, il est difficilement accessible par voie terrestre à cause du sable et aussi durant la marée haute. Enfin le village de Lovokampy RG se trouve sur l’autre rive de l’Onilahy. Ainsi, il n’est accessible qu’à voie d’eau.

Concernant l’hygiène et la santé, la population dans les villages s’alimente en eau dans des puits aménagés. Cependant, l’eau des puits est saumâtre. Pour s’approvisionner en eau potable, les gens doivent se rendre plus à l’intérieur de terres ou au niveau du village de Belaza où plusieurs résurgences de la nappe phréatique sont localisées.

Pour les centres de santé, la commune n’est dotée que d’un Centre de Santé de Base (CSB). Le centre est sommairement équipé et est tenu par un médecin, un infirmier et une

vi

sage femme. Pour les maladies graves, les villageois doivent se rendre sur Tuléar. Ainsi, les villageois ont plus recours à la médecine traditionnelle.

Pour les infrastructures touristiques, la zone possède cinq hôtels et autant de restaurants. Mais ces établissements sont tous tenus par des étrangers et les retombés économiques n’impliquent pas vraiment la population locale (personnels recrutés sur Tuléar).

Enfin, on note aussi qu’aucune société de collecte (COPEFRITO, Murex International) ne possède d’infrastructures dans la zone.

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 Randriambololona C. J. M., 2008. Résultats de l’enquête cadre dans la zone du Projet d’Appui aux Communauté de Pêcheurs (Rapport final). MAEP/PACP. 81p

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 Voajanahary T. N., 2008. Diagnostic écologique et socio-économique du village de Lovokampy, commune rurale de St Augustin Toliara. Mém. MAST/ML. IHSM, Université de Toliara. 28p

vii

Annexe 2: processus de mise en réserve

Présentation 1ère descente Voyage Les zones de des partenaires de formation d’initiation Connaissance pêche traditionnelle

Etat zéro Assimilation 30j biophysique Niveau Niveau Village de Niveau communal village Velondriake village

Information du public Formation de l’ONG Observation des pratiques Cartographie participative locale et des pêcheurs de réserve marine (RM)

Possibilité de Processus de Cadrage Début de regroupement validation institutionnel fermeture

Etat zéro socio- Assimilation 30j économique Niveau Niveau RM Conseil Réserve multi-village potentielle communal marine

RM et Dina esquissés RM et Dina finalisés, RM adoptée par la Cérémonie de fermeture avec l’entité de gestion commune concernée Source : PACP, 2008. Rapport premier trimestre. « aménagement et gestion durable des ressources halieutiques / mise en place de 50 réserves marines dans la zone de Soalara Sud à Morombe, Region Atsimo Andrefana» . Annexe 2. viii

Annexes 3 : fiche d’enquête

Région : !______! Nom Enquêteur:!______! Date d'enquête: !__!__! !__!__! 2009

1. RENSEIGNEMENTS SUR LE VILLAGE

- Nom du village:………………………………………… Commune de ………………………………… - Accessibilité par route au village: Toute l'année !__! Saisonnière: du !__!__! Au !__!__! - Population totale: ……………………………….dont…………………..hommes et ………………..femmes

2. RENSEIGNEMENTS SUR L’ENQUETE - Statut social de l’interviewé : - Sexe : - Age : - Niveau d’éducation : - Nombre de personnes dans le ménage

3 RENSEIGNEMENTS SUR L‘ACTIVITE DE PECHE

Actifs (hommes + femmes ≥ 15 ans Enfants Pêcheurs Agriculteurs Eleveurs Autres (artisans…)

- Source de revenu principale du ménage -- Source de revenu secondaire du ménage

3.1. Embarcation Embarcation/Type Nombre de pêcheurs Essence utilisée Nom Nombre Propriétaires Assistants Monoxyle Monoxyle à balancier En fibre de verre Propulsion : A pagaie: !__! A voile: !__! A moteur: !__! Nombre de moteur HB: !__!__! - Longueur de la pirogue : ………………à ………………… mètres

3.2. Zones de pêche - Quelle zone exploitez-vous : Le lagon!__! Le récif!__! Au-delà du récif !__! Mangrove !__! Autres !__! ( à préciser ) - Les activités de pêche s'effectuent toujours : • Sur la même zone : lagon !__! Récif !__! Au large !__! Mangrove !__! Autres !__!...... • Sur un même endroit toute l'année : Oui !__! Non !__! ( à spécifier)………………………………………

ix

- L'accès aux zones de pêche est-il libre : • Oui !__! • Non !__!, si non, comment se fait l'attribution des zones? . Par les pêcheurs !__! . Conseil des " olobe" !__! . Droit d'usage (de génération en génération) !__! - La fréquentation des zones se fait-elle par groupe de pêcheurs? • Oui !__!, si oui, les groupes sont-ils fixes : oui !__! Non !__! • Non !__!

3.3. Méthodes et engins de pêche • - Quels types d'engins de pêche utilisez-vous? Période N° Type Nombre Produits cibles d'utilisation 1 Filet maillant De!__!__!à!__!__! 2 Jarifa De!__!__!à!__!__! 3 Senne ( haratobe ) De!__!__!à!__!__! 4 Ligne à main ( tsopoka ) De!__!__!à!__!__! Ligne de traîne 5 De!__!__!à!__!__! (taritarika) 6 Turlutte De!__!__!à!__!__! 7 Filet ZZ De!__!__!à!__!__! 8 Palangre De!__!__!à!__!__! 9 Casier ( vovo ) De!__!__!à!__!__! 10 Fusil de pêche De!__!__!à!__!__! 11 Harpons De!__!__!à!__!__! 12 ……………………… De!__!__!à!__!__! 13 ……………………… De!__!__!à!__!__! 14 ……………………… De!__!__!à!__!__!

- Nombre de sorties en mer : par jour …………………………….. par semaine………….

4 PERCEPTION SUR LES TEXTES EN VIGUEUR - D’après vous lequel de est le plus important ? (cochez +) - Et lequel est le moins important pour vous ? (cochez -) - Pourquoi ? Lois nationales Dina Fady

5 PERCEPTION SUR LES RESSOURCES

Comment trouvez-vous l’état du récif actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Comment trouvez-vous l’état des mangroves actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

x

Comment trouvez-vous l’état du stock de poissons actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Comment trouvez-vous l’état du stock de poulpes actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Comment trouvez-vous l’état du stock de concombre de mer actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Comment trouvez-vous l’état du stock des tortues marines actuellement ? Bon Ni bon ni mauvais Mauvais Ne sait pas

Quel(s) problème(s) rencontrez-vous actuellement dans la pratique de l’activité de pêche ? Avez-vous des suggestions pour remédier à ce(s) problème(s) ?

xi

Annexe 4 : fiches de relevées Fiche de relevé transect (récif)

Station Date: Heure : Marée : Profondeur : Visibilité : Coordonnées géographiques :

Longueur Section Catégories N°Transect transect Intitulés Genre/espèce Observations (cm) /Codes (cm)

Fiche de relevé quadrat (Récif)

Station Date: Heure : Marée : Profondeur : Visibilité : Coordonnées géographiques :

Etoile de Transect Quadrat CV CX DEB AA SA Total Oursin mer

xii

Fiche de relevé ichtyologique (Récifs)

Station Date: Heure : Marée : Profondeur : Visibilité : Coordonnées géographiques :

Famille Genre et espèce Régime alimentaire Taille estimée (cm) Abondance

Fiche de relevé transect (mangrove)

Station Transect n° : Date: Coordonnées géographiques :

Espèce Longueur tansect –cm) Section

xiii

Fiche de relevé quadrat (mangrove)

Station : Quadrat n° : Date: Coordonnées géographiques :

Nb des N° Nb Ind. Diamètre Hauteur Nb Espèces Pieds Quadrat vivants (cm) (cm) Juvéniles coupés

xiv

Annexe 5 : liste non exhaustives des espèces exploitées dans la zone de Saint Augustin  Algues :

Méthode et engin de Nom vernaculaire Nom français Nom Scientifique Raison de l'exploitation pêche

Lomotse Algue rouge Euchema denticulatum Pêche à pieds Commercialisation Lomotse Algue rouge Euchema striatum

 Coquillages : Les pêcheurs exploitent plusieurs espèces de coquillages appartenant à la classe des Gastéropodes et des Lamellibranches (bivalves). Ces coquillages sont collectés soit par la pêche à pieds durant la basse mer, soit en apnée. Ils sont exploités pour diverses raisons : ornementation (casque, cônes, triton, …) ; fabrication de bouton (casque, Turbo , …) ; fabrication de camées (casque) et pour l’alimentation ( tsakodia, divika, bozika , …)

 Céphalopodes :

Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique Méthodes et engins de pêche Raison de l'exploitation

Horitambato Poulpe Octopus cyanea. Horitanakora Poulpe Octopus aegina Pêche à pieds ou pêche en apnée/ Vente surtout puis Horitandolo Poulpe Octopus macropus avec harpon consommation Angisy Calmar Loligo sp

xv

 Echinodermes : - Oursins : Une seule espèce, communément appelé « soky » ( Tripneustes gratilla ) est exploitée dans la région. Cette espèce est collectée à pieds pendant la basse mer. Les gonades sont extraites, cuites et vendues sous formes de galettes. - Concombres de mer : Méthodes et engins de Raison de Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique pêche l'exploitation Zanga foty Holothurie de sable Holothuria scabra Zanga mena Holothuria scabra versicolor Falalijake madarasy Bohadschia subrubra Falalijake mavo Bohadschia vitiensis Kalalijake mena Bohadschia tenuissima Benonombato ; Benono mainty Holothurie à mamelles Holothuria nobilis Pêche à pieds/ Pêche en Vente uniquement / apnée/ avec harpon/ de Consommation Benonopasy Holothuria fuscogilva jour et de nuit/ exceptionnelle Dorolisy Holothuria notabilis utilisation de feu ou "ilo" pour la pêche Stylo noir Holothuria atra nocturne Stylo rouge Holothuria edulis Pitike ambato Holothuria cinerascens Fotitsetsaka Holothurie de brisant Actynopiga mauritiana Tsonkena Holothurie brune Actynopiga echinites Tsonkenambato Actynopiga miliaris

xvi

Méthodes et engins de Raison de Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique pêche l'exploitation Crampon, Jomelipapa Stychopus horrens Pêche à pieds/ Pêche en apnée/ avec harpon/ de Vente uniquement / Somerfa Stychopus naso jour et de nuit/ Consommation utilisation de feu ou Traktera Stychopus hermanni exceptionnelle "ilo" pour la pêche Borosy Holothurie ananas Thelonata ananas nocturne

 Crustacés : - Langoustes : Cinq espèces appartenant à la famille des Palinuridae sont présentes dans les captures.

Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique Méthodes et engins de pêche Raison de l'exploitation

Oratsimba Langouste diablotin Panulirus japonicus Tsitsibola Langouste ornée Panuliris ornatus Pêche en apnée avec fusil à Tsitsipasy Langouste festonnée Panulirus homarus Vente surtout puis consommation poisson ou harpon Tsitsika apombo Langouste bariolée panulirus versicolor Tsitsintrozo Langouste fourchette Panulirus penicillatus

xvii

- Crevettes : Méthodes et engins de Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique Raison de l'exploitation pêche Tsitsibanda Tsitsike menarambo Vente surtout puis Tsitsipoty Filet à moustiquaire consommation Tsitsidomotse Tsitsimangoky Fangoke Baraka Vente surtout puis Tsitsidama Filet à moustiquaire consommation Tsitsibelo ou Regarega Patsa

En général, cinq espèces sont recensées dans la zone : Penaeus monodon , Metapenaeus monoceros , Penaeus indicus , Penaeus japonicus et Penaeus semisulcatus (Enquête cadre PACP, 2008). Cependant, l’appellation de ces espèces diffère d’un village à un autre, et une même espèce peut même être désignée par des noms différents dans un même village. Ainsi, l’étude sur la CET a ressorti plusieurs espèces tel que le montre le tableau ci-dessus.

xviii

- Crabes :

Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique Méthodes et engins de pêche Raison de l'exploitation

Drakabata

Drakapotitse Crabe honteux Vente surtout puis consommation Drakabazaha

Drakadolo Harpon, bêche et main vide/ Senne de plage pour certaines espèces Drakabola

Drakalado

Drakafitso

Drakaka sanatria

xix

 Poissons : Méthode et Nom Catégorie Nom français Nom Scientifique Famille engin de Raison de l'exploitation vernaculaire pêche Cohans, Cohana Gamo Nemipterus japonicus Nemipteridae japonicus Tsomeareny Diagramme sp. Plectorhinchusflavomaculatus Haemulidae

Romanjea Vivaneau chien Varavara Lutjanus bohar Lutjanidae rouge Tsipody

Salabaro Lutjanus gibbus Lutjanidae

Romandre

Hariloha Ligne à hameçon à Ligne poissons récifaux poissonsrécifaux Rouget barbet Fiantsomotse Parapeneus barberinus Mullidae barberin Tsohia Upeneus vittatus Mullidae Lethrinus Antsisimbato Capitaine empereur honteux

rubrioperculatus : consommation raison commercialisation et Double Vahoho Sargue dorée Rhabdosargus sarba Sparidae

Kinirike Comère torpille Megalaspis cordyla Carangidae

xx

Suite poisons Méthode et Nom Catégorie Nom français Nom Scientifique Famille engin de Raison de l'exploitation vernaculaire pêche Aloalo Barracuda

Sorokambalagny

Ambaora

Voitso

Jampay

Lovo Cabot Epinephelus sp. Serranidae hameçon à Ligne

Lovofisake Cabot aplati Serranidae

kadina poissons récifaux poissonsrécifaux Bodoloha Poissons perroquet Leptoscarus vaigiensis Scaridae Margueritte,Sigan Voramasake Siganus sutor Siganidae cordonnier Kifo Sargue dorée Rhabdosargus sarba Sparidae Double raison : consommation raison commercialisation et Double Tapaporoho Ligne, fusil, filet fusil, filet Ligne, Angy Chirurgien strié Ctenoshaetus striatus Acanthuridae

xxi

Suite poissons Méthode et Nom Catégorie Nom français Nom Scientifique Famille engin de Raison de l'exploitation vernaculaire pêche Amporama Vivaneau Lutjanus sp Lutjanidae

Tsabeake

Fianakoho Poissons anges Platax sp Platacidae

Fiantsifa Poissons à corne fusil, filet Ligne,

Angelike Capitaine Lethrinus sp. Lethrinidae

Soana Ligne ou Belalengo filet selon la spécialité du poissons récifaux poissonsrécifaux Amato Capitaine Lethrinus conchyliatus Lethrinidae pêcheur Tsontso Baliste Rhinecanthus aculeatus Balistidae

Bemaso Marignon holocentridae

Gamogamo Cohana japonais nemipterus japonicus nemipteridae Ligne : consommation raison commercialisation et Double Harpon ou Lamaira Murène Echidia sp muraenidae « voloso »

xxii

Suite poissons Méthode et Nom Catégorie Nom français Nom Scientifique Famille engin de Raison de l'exploitation vernaculaire pêche Lamatra Thon,Thazard Scomberomorus commerson Scombridae Maquereau des Mahaloky Rastrelliger kanarguta Scombridae indes Ligne ou

filet Arobe Lutjanus notatus Lutjanidae

Lanora Carangues Caranx ignobilis Carangidae

Akio Requin Carcharhinus sp. Carcharhinidae Jarifa et Surtout pour le commerce GTZ des ailerons Akio viko Requin marteau Sphyrna mokarran Sphyrnidae

Pepe Sardinnelle Sardinnella sp. Clupeidae Poissons pélagiques Poissonspélagiques Geba Sardinelles, hareng Herchlosichthys sp. Clupeidae Filet à un Logy Selar coulison Selar crumenophtalmus Carangidae doigt ou moustiquaire Varilava Anchois douanier Stelophorus heterolobus Engraulidae

Tove Anchois indien Stelophorus indicus Engraulidae commercialisation commercialisation Kipela Senne de Embouchure plage à Double raison : consommation raison et Double Lily Sapsap Gazza sp Leiognathidae moustiquaire

xxiii

Suite poissons Méthode et Nom Catégorie Nom français Nom Scientifique Famille engin de Raison de l'exploitation vernaculaire pêche kibatroke Poisson sabre Dadezo Trichiurus lepturus Trichuridae Senne de commun plage à Kabile Hareng rond Spratelloid delicatus Clupeidae moustiquaire Embouchure Double raison : raison Double consommation et et consommation Regarega commercialisation Ligne de Surtout pour le commerce Belidake Requin tigre Galeocerdo cuvieri Carcharhinidae fond des ailerons Tohompasy Platycéphale indien Platycephalus indicus Platycephalidae Fond Toho sablonneux Fond vaseux Fiantsara

Tsaramasay Ligne ou filet Fangerilavenoke

Marantsisike commercialisation

Tsorakadabo Double raison : consommation raison et Double

Ongovato Fond vaseux et sablonneux et Fondvaseux

xxiv

 Tortues de mer : Méthodes et engins de Nom vernaculaire Nom français Nom scientifique Raison de l'exploitation pêche Fanohara Tortue caret Eretmochelys imbricata Fano zaty Tortue verte Chelonia mydas Filet de requin, harpon Vente surtout, puis Fanotsapioke Tortue bâtarde Lepidochelys olivacea et fusil à poisson consommation Fanoapombo Caouane Caretta caretta Fano valozoro Tortue luth Dermochelys coriacea

Cinq espèces sont connues par les pêcheurs. Cependant, deux espèces : fanohara (Eretmochelys imbricata ) et fanozaty (Chelonia mydas ) sont les plus fréquemment capturées.

xxv

Annexe 6 : liste non exhaustive des espèces non exploitées avec la raison de leur non exploitation

Nom Nom Nom Abondance Raison Niveau d’exploitation Rôle sur l’écologie vernaculaire Français Scientifique actuelle Son pancréas est un Tabokiba Non consommation respectée Rien abondant poison

Mafihara Il n’y a que du Cela fait fuir les Non consommation respectée moyenne (mafiloha) squelette poissons

Soupçonnée comme Tabololo Certains gens le consomment Rien abondant mortelle

A nageoire Sareboina Certains gens le consomment Rien tranchant

Vorokaro toxique Non consommation respectée Rien abondant

Cela fait fuir les Tabokiba toxique Certains gens le consomment abondant poissons Raie Emet des décharges Lejaleja Non consommation respectée Tue même la baleine peu électrisée éléctriques

Considéré par les Requin Cela fait fuir les Farao ancêtres comme Non consommation respectée ne connais pas baleine poissons « fady »

Cela fait fuir les Fiarara Fait peur aux gens Certains gens le consomment peu poissons

xxvi

Suite liste non exhaustive des espèces non exploitées avec la raison de leur non exploitation

Nom Nom Nom Abondance Raison Niveau d’exploitation Rôle sur l’écologie vernaculaire Français Scientifique actuelle Cette espèce est « fady » pour Certains clans l’exploitent Sorboa Raie guitare certains clans parce fortement à cause de la Rien peu qu’elle a sauvé commercialisation des ailerons leurs ancêtres

Behara Pas de chair Non consommation respectée Rien peu

La plupart des gens le Fiandolo Epine empoisonnée Rien abondant consomment

Sora mainty Oursin Dyadema sp Contient du poison Non consommation respectée Rien très abondant

Botanavola Toxique Certains gens le consomment Rien abondant Provoque des Tsangilihily Meduse douleurs et Non consommation respectée Rien abondant paralysie de la peau Faifoty Raie blanche Toxique Certains gens le consomment Rien moyen Il a du poison Kabo Certains gens le consomment Rien abondant mortel

xxvii

Suite liste non exhaustive des espèces non exploitées avec la raison de leur non exploitation

Nom Nom Nom Abondance Raison Niveau d’exploitation Rôle sur l’écologie vernaculaire Français Scientifique actuelle

Halatsaro toxique Non consommation respectée Rien CP

On n’a pas Son encre fait sortir Lanky l’habitude de le Non consommation respectée les fiandolo de leur Abondant consommer terrier Utilisé comme Drakadoane élément dans les Non consommation respectée Rien Abondant rites traditionnels On n’a pas Hima Tridacna sp l’habitude de le Non consommation respectée Rien abondant consommer On n’ose même pas Anémone de Fihimotse le toucher car il Non consommation respectée Rien peu sable contient du poison

Etoile de Achantaster Kiriry Non consommable Non consommation respectée CP abondant mer plancii

xxviii

Annexe 7 : Liste des espèces faunistique et floristique inventoriées dans les sites d’étude

Station Ank ts And ts Ank v Ank k And b Lvk Taxonomie ALGUES MARINES DIVISION CHLOROPHYTA ORDRE : SIPHONALES FAMILLE : CAULERPACEAE Caulerpa lentillifera J. Agadh + + + Caulerpa recemosa (Vall.) + + Caulerpa sertilariodes (S.G.Gmelin) + + Caulerpa serrulata (Forskäl) J.Ag. ++ + FAMILLE : CODIACEAE Avrainvillea sp + ± + Halimeda discoïdes (Yam.) + Halimeda Opuntia ( Decaisne) + + + Halimeda macroloba + + + Udotea sp + Codium cf. vaughanii Borgs. + + + ORDRE : CLADOPHORALES FAMILLE : CLADOPHORACEAE Cladophora sp + ORDRE : SIPHONOCLADIALES FAMILLE : VALONIACEAE Anadyomene sp + + + Microdictyon sp + + + Dictyosphaeria cavernosa (Forsska + ± + FAMILLE : DASYACLADAVEAE Bornetela nitida (Harv.) + + + ORDRE : DICTYOTALES FAMILLE :DICTYOTACEAE Padina gymnospora (Kütz.) ++ + Padina tetrastromatica (Kütz.) ++ + Dictyota cilioata (Kütz.) ± + ± Dictyota pardalis (Kütz). + + ± Dictyota friabilis ( Setchell) + + ± ORDRE : DICTYOSIPHONALES FAMILLE : PUNCTARIACEAE Colpomenia sinuosa (Mertens & Roth) + + + Hydroclathrus clathratus (C.Agardh) + ++ + ORDRE : FUCALES FAMILLE: SARGASSACEAE Sargassum cf.densifolium ( Zan) ++ + Sargassum binderi ( Sonder) ++ Sargassum cf.turbinarioïdes (Sonder) ++ ± Sargassum torvium (Sonder) + + Sargassum subrepandum (Sonder) + + Turbinaria decurrens ( Bory) + ++ Turbinaria ornata (Turner & J.Ag). + ++ DIVISION RHODOPHYTA ORDRE : GIGARTINALES FAMILLE: GRACILARIACEAE

xxix

Gracilaria salicornia (C.Agardh) + + Gracilaria corticata ( J.Agardh) + + Gracilaria sp + + FAMILLE: HYPNEACEAE Hypnea sp + + ORDRE : CRYPTONEMIALES FAMILLE: CRYPTOMENIACEAE Halymenia durvillaei ( Bory de Saint- + + Vincent) FAMILLE:CORALLINACEAE Amphiroa sp + + Lithothamnium sp + + + Melobiesiées + + + ORDRE : NEMALIONALES FAMILLE: CHAETANGIACEAE Galaxaura cf. elongata (J. Ag) + + Galaxaura tenera (Kjell) + + Galaxaura verprecula (Kjell) + ++ + ORDRE : CERAMIALES FAMILLE: RHODOMELACEAE Laurencia sp + ++ + Digenia simplex (Wulf.) + + + ORDRE : GELIDIALES FAMILLE GELIDIACEAE Pterocladia sp ± + ORDRE : RHODYMENIALES FAMILLE : CHAMPIACEAE Champia sp + + + PHANEROGAMES MARINES ORDRE : POTAMOGETONALES FAMILLE : ZANICHELLIACEAE Cymodocea rotundata (Ehrenberg & Hempt .) ± ± + Cymodocea serrulata (R.Br.) + ± + Diplantera baudettei (R.Br.) ++ ± ++ Diplantera uninervis (R.Br.) ++ ± + Syringodium isoetifolium (Ascherson ) ++ ± Thalassodendron ciliatum ( Forsskal ) ± ± ++ ORDRE : ALISMATALES FAMILLE : HYDROCHARITACEAE Halophila ovalis (Hook). ++ ± + Halophila stipulacea (Forsskal). ++ ± + Thalassia hemprechii (Ehrenberg) ++ ± ++ MANGROVES FAMILLE : AVICENIACEAE Avicennia marina (Forsskal ) ++ ++ ++ FAMILLE : MALVACEAE Thespesia populnea ± + FAMIILE : MELIACEAE Carapa obovata ++ FAMIILLE :RHIZOPHORACEAE Bruguiera gymnorhiza ( Lamarck ) + ± ± Ceriops candolleana ++ ± ± xxx

Rhizophora mucronata (Lamarck) ± ± ± FAMILLE : SONNERATIACEAE Sonneratia alba (J.E.Smith ) ++ ± ± EMBRANCHEMENT : CNIDARIA SUPER/CALSSE : ANTHOZOA CLASSE : HEXACORALLIA ORDRE : MADREPORARIA FAMILLE : ACROPORIDAE Acropora banchi ( Riegl) + Acropora clathrata (Brook) + Acropora cytherea ( Dana ) + Acropora digitifera ( Dana) ± + Acropora elseyi ( Dana) ± Acropora formosa (Dana) + Acropora hyacinthus (Dana) + Acropora humilis (Dana) ± + Acropora nasuta (Dana) + + Acropora nobilis (Dana) + + Acropora tenuis (Dana) + Acropora valida (Dana) ++ ++ Montipora efflorescens (Bernard) + Montipora sp FAMILLE : AGARICIIDAE Coeloseris mayeri ( Vaughan) + Coeloseris sp + Leptoseris explanata (Yabe & Sugiyama) + Leptoseris mycetoseroides (Wells) + Leptoseris phrygia (Wells) + Leptoseris scabra (Vaughan) + + Gadineroseris sp + Pachyseris rugosa (Lamarck) + + Pachyseris sp + Pachyseris speciosa (Dana) + Pavona decussata (Dana) + Pavona venosa (Ehrenberg) + FAMILLE : SIDERASTREIDAE Coscinaraea columna (Dana) + + Coscinaraea .sp + + Pseudosiderastrea ( Yabe & Sugiyama) + + + FAMILLE : CARYOPHYLLIIDAE Euphyllia devisa n.sp + Euphyllia glabrescens (Chamisso & + Eysenhardt) FAMILLE :DENDROPHYLLIDAE Tubastrea sp ± ± + Tubipora sp ± + + FAMILLE : FAVIIDAE Astreopora sp ± Favia favus (Dana) + + + Favia pallida (Dana) + + Favia complanata (Dana) Favia sp + + +

xxxi

Goniasteria rectoformis (Dana) + + + Echinopora sp + Echinopora hirsutissima (Haime) + ± Platygyra daedalea ( Menenzo) ± + Platygyra sp + Platygyra pini (Chevalier) FAMILLE : MUSSIDAE Acanthastrea echinata (Dana) + + Blastomussa merleti (Wells) + + Goniopora stokesi (Dana) ± Lobophyllia corymbosa (Forsskal) ± + ++ Lobophyllia hemprechii (Ehrenberg) ± + ++ Lobophyllia pachysepta (Chevalier) ± + + Symphillia cf.recta (Dana) ± + + Symphillia sp ± + + FAMILLE : OCULINIDAE Galaxea cf. astreata (Lamarck) + + Galaxea fascicularis (Linnaeus) + + FAMILLE : PECTINIIDAE Echinophyllia aspera (Klunzinger) + + + Mycedium elephantotus (Klunzing) + + + Oxypora glabra (Pallas) + + Oxypora lacera (Verrill) + + Pectinia lactuca ( Pallas) + + FAMILLE: POCILLOPORIDAE Pocillopora eydouxi (Lamark) ± + + Pocillopora damicornis (Lamark) + + Pocillopora verrucosa (Lamark) + + Stylophora sp + ± Stylophora subseriata (Lamark) + ++ Seriatopora hystrix (Lamark) ++ + Seriatopora caliendrum (Lamark) + + FAMILLE : PORITIDAE Porites cylindrica (Dana) + + + + Porites licken ( Dana) + + + + Porites lobota( Dana) + + + + Porites lutea ( Edwards & Haime) + + + + Porites nigrescus ( Dana) + + + + Porites somanliensis( Dana) ++ ++ ++ ++ ORDRE : FUNGIDES FAMILLE: FUNGIIDAE Fungia fungites ( Linnaeus) ± + Cycloseris cyclolites (Lamarck) + Halomitra pileus (Lamarck) + Podobacia crustacea (Lamarck) + CLASSE : HYDROÏDA ORDRE : LEPTOLIDA SOUS-ORDRE : CALYPTOBLASTIDAE FAMILLE : AGLAOPHENIIDAE Aglaophenia sp + CLASSE : OCTOCORALLIA Ordre : GORGONIDES

xxxii

FAMILLE : GORGONIDAE Gorgonia sp + CORAUX MOUS Zoanthaires + + + Anemones + + + Ordre : ALCYONARIA Scophytum sp + + Lobophytum sp + ++ EMBRANCHEMENT : SPONGIAIRES Phyllospongia sp ++ ++ ++ INVERTEBRES MACROFAUNES EMBRANCHEMENT : CLASSE : SOUS-CLASSE : PROSOBRANCHIA ORDRE : ARCHAEOGASTROPODA SUPER -FAMILLE : PLEUROTOMARIACEA FAMILLE : HALIOTIDAE Haliotis gigas ( Linné) + Haliotis fulgens ( Linné) ± SUPER-FAMILLE : PATELLACEA FAMILLE : PATELLIDAE Patella aspera (Röding) + Patella vulgata (Linné) + FAMILLE : TEREBRATULLIDAE Terebratula filivia (Linné) + FAMILLE : VASIIDAE Vasum turbinellus (Linné) + + Vasum tubiferum(Linné) + SUPER/FAMILLE : TROCHACEA FAMILLE : TROCHIDAE Clanculus pharaonis (Linné) + Clanculus puniceu (Linné) s + + FAMILLE: TURBINIDAE Turbo argyrostoma (Linné) + Turbo coronatus ( Gmelin) ± + Turbo marmoratus (Linné) + Turbo sparverius (Gmelin) ± SUPER/FAMILLE : NERITIDAE FAMILLE: NERITIDAE Nerita maxima (Linné) + ± Nerita polita (Linné) + ± Nerita plicata Linné + ± Nerita albicilla ( Linné) + ± Nerita textilis (Linné) + ± ORDRE : SUPER-FAMILLE : LITTORINACEA FAMILLE : LITTORINIDAE Littorina glabrata (Ferussac) + + ++ + + Littorina pintado ( Ferussac) + ± Littorina scabra (Ferussac) + + ++ + +

xxxiii

SUPER-FAMILLE : STROMBACEA FAMILLE : STROMBIDAE Lambis chiragra (Röding) ± + Lambis lambis (R. ) + + Lambis scorpius ( R. ) + + Lambus truncata ( R. ) + + Strombus gibberulus (Linné) + Strombus lunhuanus (L.) + Strombus mutabilis ( L.) + Strombus vittatus ( L.) + + Strombus Variabilis (L.) + + SUPER/FAMILLE : CYPRAEACEA FAMILLE : CYPRAEIDAE Cypraea annulus (Linné) ++ Cypraea depressa (Linné) Cypraea moneta (Linné) + Cypraea ovum (Linné) ± Cypraea tigris (Linné) + + FAMILLE: Sous/famille : MIRICINAE Murex ramosa (Linné) + Murex scolopax ( Linné) ± ± Morula ganulata (Linné) + + Morula uva (Linné) + + Nassa fracolina (Bruguière) + Sous/famille : THAÏDIDAE Thaïs echinata ( Rodin) + + Thaîs armigera ( Roding) + + Thaïs coronata ( Roding ) + ± Drupa morum ( Roding) ± + Drupa elegans Roding ± + FAMILLE : BURSIDAE Bursa lampas ( Roding) + + Bursa bubo ( Roding) + FAMILLE : FASCIOLARIIDAE Fasciolaria trapezium ( Lamarck) + SUPER-FAMILLE :VOLUTACEA FAMILLE : MITRIDAE Mitra mitra (Linné) + ± Mitra papalis (Linné) + + Mitra cardinalis (Gmelin) + + Mitra imperialis (Roding) ± + Mitra glabra (Swainson) ± SUPER/FAMILLE : TONNACEA FAMILLE : CASSIDAE Cassis madagascariesis (Linné) + + Cassis tuberosa (Linné) + + Cypraeacassis rufa (Linné) + SUPER-FAMILLE : CYMATIACEA Famille : CYMATIIDAE Charonia tritonis ( Gistel) + + + SUPER/FAMILLE : CONACEA

xxxiv

FAMILLE : lividus ( Linné) + Conus miles( Linné) + Conus abbas ( Linné) + Conus leopardus (Linné) + Conus ebraeus (Linné) + Connus striatus (Linné) ± + FAMILLE : APLESIIDAE Aplesia sp + Famille : CERTHIIDAE Pyragys palustris (Linné) + ± + CLASSE : POLYPLACOPHORA ORDRE : NEOLORICATA Sous -ordre : ACANTHOCHITONINA FAMILLE : CHITONIDAE Acanthopleura gemnata (Linné) + + CLASSE : BIVALVIA SOUS/CLASSE : PTERIOMORPHA ORDRE : ARCOIDA SUPER/FAMILLE :ARCICEA FAMILLE : ARCIDAE Anadara natalensis (Linné) + + SUPER/FAMILLE : PINNACEA FAMILLE : PINNIDAE Atrina vexillum , (Born) + + Atrina pectinata ( Linné) + Pinna muricatum (Linné) + + Pinna bicolor (Gmelin) ± ± ORDRE : VENEROIDA SUPER/FAMILLE: CARDIACEA FAMILLE :CARDIIDAE Cardium sp + SUPER/FAMILLE : TRIDACNACEA FAMILLE :TRIDACNIDAE Tridacna maxima (Roding) ++ + Tridacna squamosa (Lamarck) + + SUPER/FAMILLE : TELLINACEA FAMILLE : DONACIDAE Donax elegans ( Linné) ++ Donax faba ( Linné) + SUPER/FAMILLE : ARCTICACEA FAMILLE : TRAPEZIIDAE Topezium bicarinatum ( Muhlfeld) + SUPER/FAMILLE : VENERACEA FAMILLE : VENERIDAE Venus verrucosa ( Linné) + + Venus toreuma (Gould) + + ORDRE : PTEROIDA SOUS/ORDRE : OSTREINA SUPER/FAMILLE : OSTREACEA FAMILLE : OSTREIDAE Crassostrea cucullata (Born) + + + + +

xxxv

FAMILLE SPONDYLIDAE Spondylus sp + CLASSE : CEPHALOPODA SOUS/CLASSE : COLEOIDEA ORDRE : TEUTHOIDEA FAMILLE : LOLIGINIDAE Loligo divaucelli + + Sepioteuthus sp + + ORDRE : OCTOPODA FAMILLE : OCTOPODIDEA Octopus macropus (Linné) + ++ Octopus cyanea (Linné) + ++ EMBRANCHEMENT : ARTHROPODES CLASSE : CRUSTACEES ORDRE : STOMATOPODES Sous/ordre : BRACHYOURES FAMILLE : OCYPODIDAE Ocypode ceratophthalmus (Pallas) + + + Uca sp FAMILLE : PORTUNIDAE Scylla serrata (Forsskal) + + FAMILLE : CALAPPIDAE Callapa hepatica (Lnné.) + + + + Matuta lunaris (Forsskal) + ± + + ORDRE : SESSILIA FAMILLE : CHTHAMALIDAE Chthamalus antennatus (Linné) + + FAMILLE : TETRACLITIDAE Tetraclita porosa (Linné) + + Tetraclita pora (Linné) + + EMBRANCHEMENT ECHINODERMES CLASSE : ASTEROIDEA ORDRE : VALVATIDA FAMILLE : OREASTERIDAE Culcita schimidelliana (Retzius) ± ± ± Protoreaster mammillatus (Audouin) ± ± ± Protoreaster lincki (de Blainville) ± ± ORDRE : SPINULOSIDA Famille : ECHINASTERIDAE Echinaster pulpureus (Gray) ± ± CLASSE : OPHIUROIDEA ORDRE : OPHIURIDA FAMILLE : OPHIOCOMIDAE Ophiocoma erinaceus (Müller & Troschel) + + Ophiocoma scolopendrina (Lamarck) + + Ophiomastix venosa Peters + + FAMILLE : OPHIODERMATIDAE Ophiarachnella gorgonia (Müller & + + Troschel ) FAMILLE : OPHIURIDAE Ophioplocus imbricatus (Müller & Troschel) + + CLASSE: ECHINOIDEA

xxxvi

FAMILLE : CIDARIDAE Prionocidaris baculosa (Lamarck) ± ± Phyllacanthus imperialis (Lamarck ) + + FAMILLE : DIADEMATIDAE Diadema setosum (Leske) ++ + ++ FAMILLE : STOMOPNEUSTIDAE Stomopneustes variolaris (Lamarck ) ± + FAMILLE : TOXOPNEUSTIDAE Toxopneustes pileolus (Lamarck) + + Tripneustes gratilla (Linné.) + + FAMILLE : ECHINOMETRIDAE Echinometra mathaei (Blainville) ++ + ++ Heterocentrotus mammillatus (Lamarck) ± ± CLASSE: HOLOTHURIDEA ORDRE: ASPIDOSHIROTIDA FAMILLE : HOLOTHURIIDAE Holothuria scabra (Jaeger) + + + FAMILLE : STICHOPODIDEA Stichopus variegatus (Linné) + + + ORDRE : APODIDA FAMILLE : SYNAPTIDAE Synapta maculata (Chamisso & Eysenhardt ) + + Synapta sp + + EMBRANCHEMENT DES VERTEBRES SUPERCLASSE : POISSONS CLASSE : OSTEICHTHYENS FAMILLE : ACANTHURIDAE Acanthurus chronixis ( Randall) + Acanthurus nigrofiscusn (Bennett) + Ctenochaetus striatus + Acanthurus triostegus (Linnaeus) + Acanthurus nigrofiscus (Linnaeus) + Acanthurus blochii ( Valenciennes) + + Acanthurus sp + + + Acanthurus leucocheilus (Herre) + Acanthurus xanthopterus (Valenciennes) + Prionurus scalprus ( Valenciennes) Naso lituratus (Quoy & Gaimard) + + + Naso unicornis (Forsskal ) + + Zebrasoma rostratum (Günther) + Zebrasoma scopas (Cuvier) + Famille : APOGONIDAE Apogon fasciatus (Shaw) + + + Apogon novemfasciatus (Cuvier) + + + FAMILLE : BALISTIDAE Rhinecanthus aculeatus (Linnaeus) + + FAMILLE : CHAETODONTIDAE Chaetodon auriga (Forsskal) + + Chaetodon auripes Jordan & Snyder + Chaetodon balckburni (Allen & Stark) + + Chaetodon falculta (Cuvier) + + + Chaetodon guttatissimus ( Bauchot) + + +

xxxvii

Chaetodon leucopleura (Playfair) + Chaetodon lineolatus (Cuvier) + + + Chaetodon lunula (Lacepède) + + Chaetodon marleyi ( Regan ) + + + Chaetodon madagaskariensis (Regan ) + Chaetodon oxycephalus (Bleeker) + + Chaetodon tricintus (Waite) + + + Chaetodon trifasciatus (Quoy & Gaimard ) + + Heniochus acuminatus (Linnaeus) Heniochus sp + FAMILLE : CHIROCENTRIDAE Chirocentrus sp + FAMILLE : CIRRHITIDAE Paracirrhites arcatus (Regan) + FAMILLE : EPHIPPIDAE Platax teira (Forsskal) + + + FAMILLE : HEMIRHAMPHIDAE Hemiramphus far (Forsskal ) + FAMILLE : HOLOCENTRIDAE Sargocentron caudimaculaums (Lacépède) + FAMILLE : LABRIDAE Cheilinius trilobatus (Lacépède) + + Coris frerei (Lacépède) + + + Gomphosus sp + Halichoeres hortulanus (Lacépède) + + Hemigymnus fasciatus (valenciennes ) + + Labroides micronesica (Randall) + + Talassomus hebraicum (Randall) + + + Stethojulis strivenger (Randall) + FAMILLE : LETHRINIDAE Lethinus sp + + Lethrinus harak (Forskäl) + + FAMILLE : LUTJANIDAE Lutjanus fulviflamma (Forsskal) + + Lutjanus bohar (Forsskal) + + Lutjanus kasmira (Forsskal) + + Macolor niger (Randall) + FAMILLE : MULLIDAE Parupeneus barberinus (Lacépède) + + Parupeneus macronema (Lacépède) + + Parupeneus pleurostigma (Bennett) FAMILLE : NEMIPTERIDAE Scolopsis sp + + + Scolopsis vosmeri (Bloch) + + + FAMILLE : PEMPHERIDAE Pempherus schwenkii ( Cuvier) + Pempheris sp + Pempheris vanicolensis (Cuvier) FAMILLE : POMACANTHIDAE Centropyge flavussimus (Cuvier) + ± Centropyge multispinis (Playfair) + + + Centropyge nigriocellus (Woods &Schutz) + +

xxxviii

Holacanthus arcuatus (Grays) + ± Pomacanthus annularis (Bloch) + + Pomacanthus baenchi (Forsskal) + + + Pomacanthus semicirculatus (Cuvier) + + Pomacanthus striatus (Rüppell) + + + FAMILLE : POMACENTRIDAE Abudefduf notatus (Day) + + + Abudefduf sexfasciatus (Lacepede) + + Abudefduf sparoides (Quoy & Gaimard) + + Amphiprion sp + + Chromis caudalis (Randall) + + + Chromis dimidiata (Klinzinger) + + + Chromis sp + Chromis viridis (Cuvier) + + Chrysiptera unimaculata (Cuvier) + + Dascyllus aruanus (Linné) + Dascyllus melanurus (Bleeker) + + + Dascyllus reticulatus (Richardson) + + + Dascyllus trimaculatus (Rüppel) + + + Plectroglyphidodon lacrymatus (Quoy & + Gaimard) Plectroglyphidodon leucozonus ( bleeker) + Plectroglyphidodron lacrymatus ( Gaimard) + + + Pomacentrus sp + Stegastes fasciolatus (Olilby) + + Stegastes limbatus (Cuvier) + + FAMILLE : SCARIDAE Scarus sordidus Forsskal + + Scarus sp + + Scarus viridifucatus + + FAMILLE : SCORPAENIDAE Pteroi miles (Bloch & Schneider) + FAMILLE : SERRANIDAE Epinephelus fasciatus ( Forsskal) + Epinephelus socialis ( Forsskal) + FAMILLE: SIGANIDAE Siganus sutor (Valenciennes) + + Siganus sp + + + FAMILLE: TETRAODONTIDAE Canthigaster solandri (Schneider) + Canthigaster valentini (Schneider) + FAMILLE : ZANCLIDAE Zanclus cornutus (Linnaeus) + + +- : rare, + : présente, ++ : abondante

xxxix