CHAPITRE 1

DE FREEPORT À PICKWICK, EN PASSANT PAR SYRACUSE

« Et puis un beau matin, elle se branche sur une radio de New York Elle n’en croit pas ses oreilles Elle commence à danser sur ces accords géniaux Tu sais, c’est le rock qui lui a sauvé la vie. »

, Rock’n’roll

elui qui s’appellera plus tard Lou Reed est le fils aîné et égoïste. Il a fréquenté le collège de Freeport, où il avait de Sidney George Rabinowitz, un New-Yorkais qui une vie intérieure animée, écrivant des poèmes et des Cavait anglicisé son nom avant de devenir comptable, nouvelles, mais il ne dédaignait pas les activités spor- et de Toby Futterman, reine de beauté devenue mère tives, l’athlétisme (la course et le saut à la perche) et le au foyer. Le couple aura cinq ans plus tard un second basket. Rêvant secrètement d’une carrière de rebelle enfant, Elizabeth, plus connue sous le nom de Bunny, devant un public, il réussit à convaincre ses parents de et quittera Brooklyn pour le quartier plus chic et typique lui acheter une moto, pour ressembler à Marlon Brando du rêve américain de Freeport, à , Lewis avait dans L’Équipée sauvage. Les poètes beatniks le fasci- alors onze ans. À l’image de beaucoup de mères juives, nent, ainsi que la culture underground gay. (« J’ai toujours Toby couvait son fiston jusqu’à parfois l’étouffer sous pensé que la seule manière qu’avaient les mômes de se son amour, tandis qu’en bon père juif, Sidney espérait rebeller contre leurs parents était de jouer sur leur identité secrètement qu’il reprenne « la boutique » une fois grand. sexuelle : c’étaient des mômes qui cherchaient juste à Si l’on en croit ses biographes, Reed souffrait de choquer », devait-il affirmer plus tard, à une époque où il fréquentes sautes d’humeur quand il était enfant, une semblait vouloir effacer toute trace de sa propre bisexua- particularité de caractère qui devait perdurer dans sa vie lité.) C’est à cette époque que commence son histoire d’adulte, au point que dans son entourage, on ne pouvait d’amour avec le rock’n’roll, d’abord en auditeur passionné jamais être sûr du Lou Reed que l’on avait devant soi, des musiques qui sortaient de son transistor quand il avait variant de l’ami affectueux et empathique au tyran cruel douze ans, plus tard en guitariste débutant se branchant

Lou Reed dans la Silver Factory d’, vers 1966. Stephen Shore. 23

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page22 Page23 Lou Reed à la guitare vers 1962 dans un des nombreux sur divers groupes qui animaient les soirées de groupes auxquels il a participé pendant ses études danse au collège ou des concerts de quartier. à l’université de Syracuse. À seize ans, Lou enregistre quelques-unes de ses premières chansons avec un groupe baptisé Jades, ainsi que le bien nommé single « So Blue », accompagné sur la face B de Leave Her For me, sorti en 1958 sur le petit label Time Records. Inquiets de la manière dont Lou évolue en 1959, Sid et Toby suivent l’avis d’un médecin et soumet- tent leur fils, âgé alors de dix-sept ans, à une cure de huit semaines d’électrochocs à l’Hôpital psychiatrique d’État de Creedmore, suivie d’un début de thérapie. Les résultats ne sont pas à la hauteur : Lewis en veut encore plus à ses parents et se persuade qu’il faut qu’il s’éloigne le plus possible de chez lui pour suivre sa propre voie. Après un court séjour sur le campus haut de gamme de l’université de New York, dans le Bronx, il s’éloigne vers l’université plus distante de Syracuse, où il rencontre le premier de plusieurs de ses mentors, le poète Delmore Schwartz, connu pour une nouvelle publiée en 1937, C’est dans les rêves que commencent les responsabili- tés. Dans les derniers stades de l’alcoolisme à Syracuse, », une création de Pickwick International en 1965, composée Soundsville! Schwartz persuade Lou qu’il a l’étoffe d’un grand écri- « de chansons coécrites par Lou Reed, qui chante aussi sur de nombreux titres vain, quoique l’étudiant n’ait jamais montré une ligne de et joue sans doute de la guitare tout au long de l’album. ses écrits à son professeur. À l’université, Lou anime pendant quelque temps sa propre émission de radio, programmant un mélange de

très proches des siennes, , par l’inter- International, un nom fait pour rappeler la rapide invasion « J’ai pris la porte et fait le truc le plus gravissime possible médiaire de leur ami commun Jim Tucker. Entre deux des groupes britanniques et l’écrasante domination de en ce temps-là. J’ai rejoint un groupe de rock. Évidemment, cours, Reed écrivait des chansons scabreuses inspirées Motown. Parmi les titres que Lou Reed pond à la chaîne pour mes parents j’étais devenu un zombie. Je n’ai jamais par la vie dans l’underground miteux de Manhattan. Il dans le studio minimaliste du label, on trouve Soul City, subi les plus terribles (les électrochocs) quand on ne vous envisageait déjà des versions de I’m Waiting For The Why Don’t You Smile, Tell Mama Not To Cry et Cycle endort pas avant. J’ai eu droit aux marrants, quand on vous Man et Heroin, sorte de reflet musical de ce que certains Annie. Bien qu’il n’ait passé que cinq mois dans ce label, endort d’abord. On compte à rebours, et on plonge dans de ses écrivains favoris, Hubert Selby Jr et William S. jusqu’en février 1965, celui-ci tient une grande place le sirop. C’était un choc, mais c’était aussi une époque Burroughs, avaient produit dans Last Exit to Brooklyn dans son histoire : il a apporté une discipline à la Brill où je m’intéressais beaucoup à l’électricité. » et Junky. Lou Reed se lance aussi dans la rédaction de Building à peu de frais à son écriture, et il lui a permis nouvelles à l’humour grinçant et tordu, dont une dans de rencontrer . —Lou Reed, extrait de Up-Tight, de laquelle un type abruti, obsessionnel et amoureux fou Né à Garnant, dans le Sud du Pays de Galles, le et Gérard Malanga, 1983 s’envoie par la poste dans un paquet à destination de sa 9 mars 1942, une semaine après la naissance de Reed petite amie qui étudie dans le Wisconsin. à Brooklyn à 4 500 km de là, John avait pour père un Sa licence en lettres dans la poche, Lou retourne mineur de fond et pour mère une enseignante et pianiste. free jazz (un maximum d’Ornette Coleman, Cecil Taylor chez ses parents à Long Island pendant l’été 1964, plus Quoiqu’elle n’ait pas réussi à instiller à son fils l’impor- et Don Cherry) et de rythm & blues (parmi ses préfé- déterminé que jamais à faire carrière dans la musique. tance des études – il détestait l’école –, elle lui transmet rés : James Brown et Hank Ballard). C’est à cette épo- Au lieu de travailler avec son père, il signe comme l’amour de la musique, un amour encouragé par ses que qu’il fait quelques rencontres qui s’avéreront riches auteur de textes de chansons et musicien de studio oncles maternels dont l’un anime une émission de radio de potentiel, comme celle d’un guitariste aux idées avec un petit label minable aux dents longues, Pickwick sur la BBC et l’autre joue du violon. À l’âge de treize ans,

24 VU Out Of Sight! Avec Cycle Annie de Lou Reed, par les Beachnuts, Reed au chant et à la guitare. DE FREEPORT À PICKWICK, EN PASSANT PAR SYRACUSE 25

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page24 Page25 Les Primitives en tournée, 1965. De gauche à droite : Tony Conrad, Lou Reed, le directeur des disques Pickwick, et John Cale.

John Cale entame une longue collaboration avec Leonard Bernstein et intègre le conservatoire du l’Orchestre des jeunes Gallois en tant qu’altiste. Certains Berkshire à Tanglewood, dans l’État du Massachusetts, de ceux qui l’entendirent se souviennent d’un jeune pro- qui lui permet de s’échapper presque définitivement dige. C’est pourtant pour réaliser le rêve de sa mère qu’il du Pays de Galles et de se rapprocher de Manhattan. s’inscrit au collège Goldsmith des professeurs de l’univer- Il exploite les divers talents réunis à Tanglewood, se sité de Londres à l’automne 1960. rapprochant d’un autre géant avant-gardiste de l’époque, Finalement, les années universitaires de John Cale Yannis Xenakis. Il aura un jour sa photo dans le New scellent son destin, qui penchait depuis toujours vers York Times lorsqu’il participe en compagnie de plusieurs la musique, car, tout comme Reed avait rencontré autres pianistes à la performance musicale épique, plus Schwartz, le jeune Gallois fait la connaissance d’un men- de dix-huit heures sur scène, de Vexations, de John Cage tor : l’intellectuel extrémiste Cornelius Cardew, qui le met en septembre 1963. Il se lie également à cette époque en contact avec le mouvement anti-art anti-commerce avec le Théâtre de la musique éternelle, de Young, dans de l’art Fluxus. Le jeune altiste est fasciné par le travail lequel évoluent Terry Riley et Tony Conrad. John Cale de John Cage, de La Monte Young, des compositeurs et Tony Conrad créent d’ailleurs un groupe dans cette classiques d’avant-garde, qui poursuivent des expérien- mouvance, Dream Syndicate. ces sur la répétition minimaliste et les bourdonnements Aux côtés de Cage, Cale apprend à embrasser atones, et John Cale entreprend une correspondance l’inattendu. « Cage a compris le sentiment essentiel avec eux ainsi qu’avec Aaron Copland, un autre de ses qui m’animait, à savoir qu’il ne faut pas avoir peur du compositeurs favoris. chaos… Il pensait que si le chaos est l’état naturel de Interrogé puis soutenu par Copland lors de la remise l’univers, alors il faut l’accepter ainsi, au lieu de tenter de son diplôme à Londres, Cale remporte la bourse de lui imposer une quelconque forme de régime

artificiel », écrivait Cale dans son autobiographie, What’s Welsh for Zen. En compagnie de Young et de Conrad, il découvre qu’on peut même approcher la quête de Un des premiers 45 tours de Lou Reed, « The Ostrich », par Les Primitives, 1964. l’inattendu avec méthode. « Les membres du Dream Syndicate, motivés par une fascination scientifique et mystique du son, passaient de longues heures à « On était quatre, littéralement enfermés à clé dans une répéter des chants et des bourdonnements méditatifs pièce (chez Pickwick) pour écrire des paroles. Ils nous ininterrompus. Leur style rigoureux servait à me discipli- disaient : “Écrivez dix chansons californiennes, dix ner, et à développer mon sens du système d’intonation chansons de Detroit”, et on allait passer une heure ou juste. J’ai aussi appris à utiliser mon alto avec un ampli- deux dans le studio, enregistrer trois ou quatre albums ficateur, ce qui conduisit à cet effet de bourdonnement à toute vitesse, et ça m’a vraiment servi plus tard parce stupéfiant, si puissant dans les deux premiers enregis- que je savais me débrouiller dans un studio, pas suffisam- trements du Velvet Underground. » ment, mais avec la rapidité nécessaire. Un jour que Pendant son séjour chez Pickwick International, j’étais défoncé, et (après avoir lu un article d’Eugenia au début de 1965, Lou Reed tombe sur un article Sheppard affirmant que les plumes d’autruche étaient à de magazine vantant les plumes d’autruche, alors la mode) pour déconner, j’ai décidé d’inventer une danse. très mode. Il écrivit rapidement un garage-rock rythmé Alors j’ai dit : “Posez la tête par terre et laissez quelqu’un à la gloire d’une danse inventée faisant, L’Autruche marcher dessus !” On avait quelques années d’avance. » (« Penchez-vous en avant, La tête entre les genoux/ Faites l’autruche, faites l’autruche »), qu’il enregistre —Lou Reed, extrait de Up-Tight, de Viktor Bockris et avec un groupe bidon, baptisé Les Primitives. Gerard Malanga, 1983

Avant de rencontrer Lou Reed, John Cale jouait avec le Théâtre de la musique éternelle. Le groupe se produit ici dans un loft de New York le 12 décembre 1965. De gauche à droite : le musicien américain Tony Conrad, le musicien et compositeur La Monte Young, l’artiste visuelle et musicienne Marion Zazeela et John Cale. Fred W. McDarrah/Getty Images. 26 VU DE FREEPORT À PICKWICK, EN PASSANT PAR SYRACUSE 27

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page26 Page27 de Heroin. Adam Ritchie/Re à la fourrure Une équipe de télévision la CBS a filmé en novembre 1965 le tournage d’un film underground, sur création du cinéaste ,

. Lou Reed, Sterling Morrison et John Cale, avec Heliczer au saxophone, portent un maquillage blanc fantomatique pour une interprétation

dferns.

La Vénus

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page30 Page31 Affiche, Auditorium du Collège de Summit, 11 décembre 1965.

« À Summit, on a débuté avec , avant d’attaquer Venus In Furs, puis de conclure avec Heroin. Le murmure de surprise qui a salué notre apparition quand le rideau s’est levé s’est amplifié en un grondement incrédule aux premiers accords deVenus pour s’achever en une houle sauvage d’indignation et d’incompréhension à la fin d’Heroin. Al Aronowitz note qu’on avait un effet bizarrement stimulant et polarisant sur notre public. » Partition d’Heroin de Lou Reed, avec les accords et les paroles. Ce document a été retrouvé plusieurs années plus tard dans une enveloppe, en compagnie d’autres partitions qui composaient le premier répertoire du Velvet Underground & . Collection du Andy Warhol Museum, Pittsburgh, avec l’autorisation de la Andy Warhol —Sterling Morrison, 1983 Foundation for the Visual Arts, Inc.

34 VU DE FREEPORT À PICKWICK, EN PASSANT PAR SYRACUSE 35

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page34 Page35 CHAPITRE 2

ANDY ET L’ALBUM BANANA

Velvet Underground de rock qui s’appelle « C’est un groupe sur eux Je te montre des films son ? que tu aimes leur de l’art. » Est-ce et je dois produire style qui grince Parce qu’ils ont un Cale, —Lou Reed et John , 1990 from The Style It Takes,

i l’on considère combien les fans de rock sont deve- et Maureen Ann Tucker le 26 août 1944 à Levittown. nus intimes avec les personnalités plus grandes Les parents de Morrison avaient divorcé alors qu’il Sque nature qu’ils ont eux-mêmes créées au cours était encore petit, et il s’était transformé en un ado des cinquante années passées, il n’est pas difficile brillant, doué et sarcastique, obsédé par la musique, d’imaginer comment Lou Reed et John Cale ont pu maîtrisant d’abord la trompette avant de s’attaquer se fondre dans le paysage légendaire vibrant, coloré, à la guitare électrique. Au sein du groupe, il alterne pervers et intensément compétitif entourant Andy Warhol souvent avec Reed guitare solo et d’accompagnement, à la Factory en 1966. Les jeunes gens, tous deux fous et malgré son peu d’intérêt pour la chose, il joue aussi de musique, possédaient un talent débordant, une de la basse lorsque Cale passe au clavier ou au intelligence visionnaire, un magnétisme sexuel certain, violon. Précis, puissant, le style de Morrison à la guitare et les qualités requises pour vivre en marge et d’accompagnement fournit la base solide sur laquelle déclencher des envies chez les autres, même si, s’expriment les autres avec plus de force et de liberté, dans leur personnalité profonde, ils étaient toujours tandis que ses solos ajoutent ce superbe filigrane en proie à l’insécurité. mélodique que Reed semblait n’avoir jamais la patience Les nouveaux membres du groupe de Lou Reed de créer sur les mélodies plus lentes. « Une fois étaient tous deux nés à moins de quinze kilomètres qu’il avait achevé ses solos passionnés, j’ai toujours vu du pavillon de ses parents à Freeport : Holmes Sterling en lui un de ces héros irlandais mythiques, des flammes Morrison junior le 28 août 1942 à East Meadow, jaillissant des narines », disait Reed de Morrison dans

John Cale et Lou Reed en concert au Café Bizarre du Greenwich Village de New-York, le lieu où Andy Warhol rencontra le groupe pour la première fois, en décembre 1965. Adam Ritchie /Redferns. 37

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page36 Page37 le New York Times Magazine. « Il incarnait le cœur « Il y a deux sortes de guerrier du Velvet Underground. » de batteurs, En qui concerne Maureen Tucker, son intérêt dans les et les autres. » percussions s’éveille en 1962. Elle a alors dix-sept ans. Tucker s’attelle aux percussions elle-même d’abord pour —Lou Reed son plaisir, tandis qu’elle étudie à , s’en- traînant le soir après avoir travaillé comme perforatrice chez IBM le jour. C’est là que Reed lui demande pour la première fois de faire un remplacement pour un concert battement sauvage et obsédant, venu tout droit d’Afrique dans le New Jersey. Elle relève le défi et ne partira plus. par le biais de deux de ses idoles du rock, Debout, jouant des baguettes au-dessus de la caisse et Charlie Watts. claire ou de la grosse caisse placée à côté, évitant le plus Le 15 décembre 1965, quatre jours après leur possible les cymbales, elle apporte une présence énig- concert peu glorieux au College de Summit, Reed, Cale, matique au groupe, car dans le public on n’arrive souvent Morrison et Tucker entament un séjour de deux semai-

pas à définir si c’est un garçon ou une fille, mais aussi un nes dans un attrape-touristes de Greenwich Village, [ suite en page 42 ]

Pour les touristes du Café Bizarre, le Velvet Underground était trop étrange, trop choquant, et simplement jouait trop fort. Le propriétaire du café obligea Maureen Tucker à abandonner les percussions et à se contenter d’un tambourin. Finalement, le groupe a joué The Black Angel’s Death Song une fois de trop et ils ont été remerciés. Andy Warhol se dit très impressionné. Adam Ritchie/Redferns. 39

Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Job:01329 Title: Velvet Underground (MBI) Page38 Page39 le Café Bizarre. Ils ont besoin se faire la main devant personnalités fascinantes qu’il aimait collectionner, Depuis sa première exhibition pop art en solo bandes de a : un roman. Le Velvet Underground apparaît un public, sans parler de l’argent, mais ils doivent réduire manipuler et exploiter comme source d’énergie à Manhattan en novembre 1962, Warhol est devenu dans son paysage au parfait moment. « C’était comme leurs ambitions en ce qui concerne l’expérience : Tucker et d’inspiration. (Ce n’est pas pour rien si son surnom, le personnage le plus controversé de la scène artistique une explosion ! Ils étaient avec Andy, et Andy était avec en est réduite à jouer du tambourin, le propriétaire du Drella, était un raccourci de Dracula et de Cinderella, new-yorkaise, polarisant les habitués des galeries d’art eux, et ils étaient son complément idéal. Ils auraient club prétendant qu’on entendait trop les percussions. Cendrillon.) avec des images répétitives de Marilyn Monroe, de boîtes marché jusqu’au bout du monde pour lui. Et tout ça s’est [ suite de la page 39 ] Quant à l’argent, il ne représente pas grand-chose en Gerard Malanga s’entiche immédiatement des de soupe Campbell et de bouteilles de Coca-Cola, sans passé en une journée ! », se souvient Mary Woronov, fin de compte. Au répertoire figurent tous les titres qu’ils Velvets, à tel point qu’il se déchaîne sur la piste de oublier ses sculptures de boîtes de savon Brillo. Travaillant actrice, danseuse et habituée de la Factory. ont composés à l’époque, agrémentés de quelques danse en faisant claquer sa cravache, qui accompagne dans un loft tapissé de papier aluminium au dernier étage La nuit de la Saint-Sylvestre 1965-66, on entend le standards de Jimmy Reed et de pour tuer toujours son ensemble en cuir noir. Malanga et Morissey d’un immeuble de la East 47e rue, un lieu qui sera bientôt Velvet Underground jouer Heroin dans un documentaire le temps. attirent bientôt Andy Warhol et sa superstar du moment, baptisé la Silver Factory, Warhol produit ses premiers de la chaîne CBS, intitulé Le tournage d’un film under- Au début, les Velvets jouent pour un public dans Edie Sedgwick. Si l’on en croit la légende, ils assistent films en 1963, dont le somnambulique Sleep. Deux ans ground, qui mettait en scène le cinéaste Piero Heliczer, lequel se glissent Paul Morissey et Gerard Malanga, en fait au dernier concert du groupe au Café Bizarre : plus tard, il est devenu si passionné de cinéma qu’il et commenté par Walter Cronkite. le bras droit et le bras gauche d’Andy Warhol à la Factory. le propriétaire ayant averti les musiciens de ne pas déclare publiquement renoncer à la peinture. Mais cela ne Moins de deux semaines plus tard, le 13 janvier 1966, Ceux-ci avaient pour mission de trouver un groupe de rejouer leur version dissonante de The Black Angel dure qu’un temps. À trente-six ans, Warhol commence Warhol se rend avec le Velvet à une conférence devant rock susceptible de jouer dans un club, des musiciens Death Song, ceux-ci l’auraient fait avant de se voir à tourner en rond et se met en quête de nouvelles formes la Société new-yorkaise des psychiatres cliniciens, qu’Andy approuverait et utiliserait comme faire-valoir congédiés. Véridique ou non, c’est exactement le genre d’expression. C’est à cette époque qu’il enregistre les à l’Hôtel Delmonico. Un article du New York Times faisait pour la promotion de ses films, de son art, et pour les d’incident scandaleux qu’apprécie Warhol. [ suite en page 46 ]

Un membre de la fine fleur de la police new-yorkaise baisse le volume des amplis Vox du Velvet au cours d’une répétition à la Silver Factory d’Andy Warhol. Ce n’était pas la première Le nouveau groupe de rock d’Andy Warhol en répétition pour la première fois à la Silver Factory, fin 1965 ou début 1966.Nat Finkelstein. fois que le volume sonore du groupe était jugé trop puissant, et ce ne serait pas la dernière. Stephen Shore.

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