L'équipe Des Scénaristes De Lost Comme Un Auteur Pluriel Ou Quelques Propositions Méthodologiques Pour Analyser L'auctorialité Des Séries Télévisées
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Lost in serial television authorship : l’équipe des scénaristes de Lost comme un auteur pluriel ou quelques propositions méthodologiques pour analyser l’auctorialité des séries télévisées Quentin Fischer To cite this version: Quentin Fischer. Lost in serial television authorship : l’équipe des scénaristes de Lost comme un auteur pluriel ou quelques propositions méthodologiques pour analyser l’auctorialité des séries télévisées. Sciences de l’Homme et Société. 2017. dumas-02368575 HAL Id: dumas-02368575 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02368575 Submitted on 18 Nov 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License UNIVERSITÉ RENNES 2 Master Recherche ELECTRA – CELLAM Lost in serial television authorship : L'équipe des scénaristes de Lost comme un auteur pluriel ou quelques propositions méthodologiques pour analyser l'auctorialité des séries télévisées Mémoire de Recherche Discipline : Littératures comparées Présenté et soutenu par Quentin FISCHER en septembre 2017 Directeurs de recherche : Jean Cléder et Charline Pluvinet 1 « Créer une série, c'est d'abord imaginer son histoire, se réunir avec des auteurs, la coucher sur le papier. Puis accepter de lâcher prise, de la laisser vivre une deuxième vie. […] Accepter que les metteurs en scènes et les acteurs se l'approprient, en regardant discrètement par-dessus leur épaule, mais sans interventionnisme. Puis, une fois dans la salle de montage, découvrir leur lecture. Et redécouvrir l'histoire. Réaliser que ce que l'on croyait triste peut être drôle. Que le même texte peut déboucher sur deux interprétations opposées. Puis mélanger leur regard avec ce qu'on avait imaginé. Mon job est de me placer au croisement des visions. » Damon Lindelof, le 12 avril 2017 dans Télérama n°3509, p.37, propos recueillis par Pierre Langlais Remerciements Ce mémoire, comme l'objet sur lequel il porte, n'est pas un travail solitaire. À cet effet je tiens à remercier les enseignants- chercheurs qui m'ont accompagné, de près ou de loin, dans ce projet : tout d'abord mes directeurs de recherche Charline Pluvinet et Jean Cléder pour leur soutien et leurs nombreux conseils pendant l'écriture de ce mémoire, qui ne serait pas ce qu'il est sans leur accompagnement ; et l'équipe enseignante du CELLAM, en particulier mon ancien directeur de recherche Emmanuel Buron et le directeur du Master Emmanuel Bouju pour leurs conseils avisés. Je tiens également à remercier les membres du laboratoire de recherche GUEST-Normandie, dont les travaux m'ont poussé vers cet objet d'étude et dont les lectures ont fortement influencé mes recherches. Par ailleurs je n'aurai jamais été au bout de ce travail sans le soutien de mes proches, ma famille et mes amis. Parmi eux je tiens particulièrement à remercier Jean Gueguen, ami et collègue de recherche sur les séries télévisées, avec lequel j'ai eu des discussions décisives pour écrire ce mémoire. 2 SOMMAIRE Introduction 5 Première partie : La création collective : auteur pluriel et co-auteur 23 Chapitre 1 : De l'auteur individuel à la création collective 24 1) La déconstruction de l'auteur comme génie dispensateur du sens 24 2) La mise en place et les contraintes du collectif de Lost 32 3) L'expression d'une paternité collective 38 Chapitre 2 : Qu'est-ce qu'un co-auteur… à la télévision ? 46 1) Une définition philosophique : le co-engagement dans l'intentionnalité collective 47 2) Les crédits : segmenter la responsabilité et hiérarchiser les scénaristes 53 3) L'empreinte personnelle du co-auteur 59 4) La fonction-auteur inférée : l'effet boule de neige de la médiatisation 67 , Chapitre 3 : L'équipe des scénaristes de Lost comme auteur pluriel : organisation et dynamique de groupe 72 1) La dynamique de groupe et le workflow 72 2) L'autorité de l'équipe des scénaristes au sein de l'organisation 81 3) La coordination et les passeurs d'information : l'équipe des scénaristes ouverte sur l'organisation 88 Deuxième partie : Work in progress : les enjeux de l'écriture progressive 96 Chapitre 4 : une équipe de scénaristes en formation progressive 97 1) Evolution interne de l'équipe : prise en compte du remplacement 98 2) Le co-auteur et l’œuvre : une relation morcelée et hiérarchisée 105 3) Contrôle et autorité des scénaristes sur le transmédia 116 Chapitre 5 : Scénaristes et fans de Lost : une relation ludique et ambiguë 122 1) Entre les épisodes : une relation showrunners-spectateurs durable 123 2) Les marques de la relation dans la série : allusions, complicité et prise en compte de l'horizon d'attente 129 3) Une relation inégale basée sur le questionnement 134 Chapitre 6 : Les règles du jeu et la matrice de l'auteur pluriel 143 1) Le plateau de senet comme reprise de la page blanche mallarméenne 143 2) L'identité plurielle en évolution 151 3 3) Le co-engagement du scénariste 155 4) Méthode de présentation d'une équipe de scénaristes 158 Troisième partie : L'équipe des scénaristes de Lost comme auteur pluriel : une perspective chronologique 160 Chapitre 7 : Le développement et l'écriture de la première saison : la mise en place d'une équipe par tâtonnements successifs (été 2003 – avril 2005) 162 1) Développement et création de Lost (été 2003 – juin 2004) 162 2) Les scénaristes de la première saison : une équipe sans dynamique de groupe (juillet 2004 - avril 2005) 174 Chapitre 8 : Les deuxième et troisième saisons ou la mise en place d'une dynamique de l'équipe dirigée vers un objectif commun (mai 2005 – avril 2007) 185 1) Saison 2 : reconfiguration du workflow par les showrunners autour des binômes solidaires (mai 2005 – avril 2006) 185 2) Saison 3 : ultimes expérimentations organisationnelles et ouverture de l'équipe aux scénaristes de Alias (mai 2006 - avril 2007) 198 Chapitre 9 : Du Beginning of the End à The End : des méthodes de travail ordinaires structurées autour d'un noyau solide 213 1) Saison 4 : le début de la fin pendant la grève des scénaristes (mai 2007 – avril 2008) 213 2) Saison 5 : écriture du dérèglement temporel (mai 2008 – avril 2009) 223 3) Saison 6 : écrire la fin (mai 2009 – juin 2010) 232 Conclusion 242 Annexes 246 Guide des annexes 247 Annexes 1 : Extraits du corpus discursif 248 Annexes 2 : Index des scénaristes de Lost 263 Annexes 3 : Diagrammes et tableaux sur les scénaristes 267 Annexes 4 : Illustrations 277 Bibliographie 288 4 Introduction Reconstruire l'autorité en contexte Lost (2004-2010) est une série américaine créée par Jeffrey Lieber, J.J. Abrams et Damon Lindelof. Elle est née dans les tréfonds de la chaîne ABC de l'idée du cadre Lloyd Braun, qui souhaitait faire une série entre le film Cast Away (Robert Zemeckis, 2000) et l'émission de télé-réalité Survivor, une série qui serait centrée sur un groupe de personnages coincés sur une île déserte suite à un crash aérien. Cette série n'est pas l’œuvre d'un auteur singulier : suite à la production de l'épisode pilote, J.J. Abrams, réputé auprès du public et des médias comme un auteur de séries et de films, retourne travailler sur sa propre série Alias et laisse un Lindelof inexpérimenté aux commandes d'une production au budget faramineux1. Une série télévisée est une oeuvre audiovisuelle, animée ou filmique, destinée à être diffusée sur le petit-écran de manière fragmentaire et durable par la diffusion régulière de segments que sont les épisodes, qui peuvent se structurer en unités narratives appelées saisons lorsque la production dure plusieurs années. Contrairement à la plupart des séries, où le créateur maintient une autorité cohérente dans son style en restant à la tête de sa production avec le titre officieux de showrunner2, les producteurs de Lost seront forcés dès le début de composer avec le départ de leur créateur renommé. Ainsi Lost est une fiction postmoderne qui prend acte de la « Mort de l'Auteur »3, le texte polémique de Barthes, qui voulait que l'on cesse de faire de l'auteur la catégorie principale de l'explication littéraire et donc le seul détenteur d'un sens de l’œuvre qui résiderait dans une intention et un style. De même que nombre de fictions postmodernes4, Lost est dans ce rapport ambigu avec l'effacement de l'auteur. Refusant la notion romantique d'un auteur solitaire, ils font un usage important du scénario projectif, représentant dans l'espace filmique les construits culturels et clichés sur la notion d'auteur, afin de les déconstruire et de mettre en lumière la nature 1 La production du premier épisode a coûté plus de dix millions de dollars, un budget jusqu'alors inédit pour un pilote de série télévisée. 2 Le showrunner, que l'on peut traduire par « directeur de la série » est la personne en haut de la hiérarchie des producteurs dans la prise de décisions créatives au quotidien. cf. Tara Bennett, Showrunners: The Art of Running a TV Show, Titan Books Limited, 2014. 3 Roland Barthes, « La Mort de l'Auteur », publié pour la première fois en français dans Le Bruissement de la langue, Paris, Seuils, « Essais critiques », 1984 4 cf. Charline Pluvinet, « Introduction » dans « L'Auteur déplacé dans la fiction : configurations, dynamiques et enjeux des représentations fictionnelles de l'auteur dans la littérature contemporaine » [thèse dirigée par Emmanuel Bouju], Université Rennes 2, 2009, pp.9-23 5 collective d'une auctorialité5 télévisuelle.