Christian Mcbride's New Jawn Josh Evans Trumpet Marcus Strickland
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2017 20:00 16.09.Grand Auditorium Samedi / Samstag / Saturday Jazz & beyond Christian McBride’s New Jawn Josh Evans trumpet Marcus Strickland saxophone Christian McBride double bass Nasheet Waits drums ~ 90’ sans pause résonances 19:30 Salle de Musique de Chambre Artist talk: Christian McBride in conversation with Francisco Sassetti (E) Christian McBride Philadelphia calling? Christian McBride’s New Jawn Philippe Gonin Un artiste aux visages multiples Né en 1972 à Philadelphie, formé à la Juilliard School de New York, Christian McBride est devenu en quelques années une figure incontournable de la scène jazz. En leader ou en soliste, aussi à l’aise à la contrebasse qu’à la guitare basse électrique, la carrière du musicien, qui compte plus de trois cents collaborations, est riche, foisonnante et aux multiples visages. Son nom côtoie, au fil de ses rencontres, autant des artistes jazz (Diana Krall, Kurt Elling ou George Duke), world (Angelique Kidjo) ou pop rock (Sting, Paul McCartney ou Joe Jackson) pour n’en citer que quelques-uns. Il lui arrive parfois d’intégrer des projets sur un plus long terme. S’il faut n’en citer qu’un, retenons le supergroupe de jazz fusion Five Peace Band qu’il rejoint en 2009 et dans lequel œuvrent non moins que Chick Corea, John McLaughlin, Kenny Garrett et Vinnie Colaiuta (puis Brian Blade). Le double CD de la tournée de la formation, « Five Peace Band Live », dont la pochette psychédélique rappelle les grandes heures de la fin des sixties et sa relecture de « In A Silent Way/It’s About That Time », a remporté en 2010 le Grammy Award dans la catégorie « Best Jazz Instru- mental Album, Individual or Group ». 3 L’homme pourtant ne mène pas qu’une carrière de sideman de luxe, il est aussi actif en solo, acteur important dans le monde musical menant de front plusieurs projets. Directeur artistique du Jazz Aspen Snowmass Summer Sessions (2000), co-directeur du National Jazz Museum d’Harlem (2005), il est aussi, depuis 2016, le nouveau directeur artistique du Newport Jazz Festival, succédant à George Wein, fondateur historique d’une manifesta- tion qui a vu défiler les plus grands créateurs du siècle dernier. Sa prise de fonction n’est d’ailleurs pas passée inaperçue. « Newport Jazz Festival Begins a New Era, With History as a Guide » titre le New York Times tandis que le Providence Journal explique, sous la plume d’Andy Smith : « McBride, qui, en coulisse, portait un T-shirt James Brown orange, a déclaré qu’il considérait que son travail était d’apporter le plus de diversité possible à Newport, que ce soit The Roots [un groupe de hip-hop de Philadelphie], ou la Fats Waller Dance Party [projet hommage à Waller mené par Jason Moran], ou une configu- ration plus classique piano-basse-batterie comme le Cyrus Chestnut Trio. » Une programmation à l’image de sa propre carrière, éclectique, variée et sans frontières. Investi dans ces diverses institutions, McBride se montre également en artiste engagé avec le projet The Movement, Revisited de 1998. The Movement, Revisited, l’hommage aux héros des « Civil Rights » Cette suite en quatre mouvements, commande du Portland Arts Society (Maine) et du National Endowment for the Arts, est dédiée à quatre figures majeures du Mouvement pour les Droits Civiques, Rosa Parks, Malcolm X, Mohamed Ali et Martin Luther King Jr. Créée et interprétée par le quartet de McBride, elle est accompagnée par un chœur gospel d’un peu plus de vingt chanteurs. De son propre aveu, c’est à un véritable défi que s’est confronté McBride avec The Movement, Revisited car, si composer et arranger pour quartet ne lui a pas posé de problèmes particuliers, en revanche il n’avait absolument aucune expérience dans l’art d’écrire des textes ou de composer pour chœur. On lui présenta JD Steele, chef de la Philadelphia Heritage Chorale qui se chargea de retranscrire pour les voix ce que le contrebassiste lui montrait au piano. 4 La pièce, pour fêter son dixième anniversaire, a été rejouée dans une version révisée et élargie à un big band de dix-huit musiciens, quatre acteurs/récitants s’ajoutant au chœur gospel, l’évocation de Barack Obama venant s’ajouter aux quatre héros originels. Sans pousser trop loin l’analyse de cette œuvre essentielle dans le parcours de McBride, soulignons simplement que l’écriture oscille entre une musique d’aspect très libre et des sections plus structurées (notamment les passages gospel) faisant en quelque sorte office d’airs et de récitatifs. Ainsi, chaque personnage est présenté par le récitant et des extraits de textes puisés dans les écrits et discours des quatre icônes du combat pour les Droits Civiques sont récités. Les « récitatifs » sont sobrement accompa- gnés : la flûte et la contrebasse pour « Sister Rosa », la contrebasse seule pour « Brother Malcolm », la batterie pour « Rumble in the Jungle » (pièce consacrée à Mohamed Ali). Débutant au saxophone ténor, « L’air » de « Brother Malcolm », fait appel à une autre grande figure, celle de John Coltrane, en rappelant l’atmosphère du « Psalm » clôturant « A Love Supreme » ou bien encore « Reverend King ». Lorsque l’œuvre fut rejouée au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, Le Los Angeles Times la décrivit comme une pièce « admi- rable […] pour à la fois le contenu de sa musique et le caractère de son message ». Le lecteur curieux trouvera facilement sur Internet une version de l’œuvre (incomplète en vidéo mais intégrale en audio, entrecoupée d’entretiens avec McBride) enregistrée au Kimmel Center (Merriam Theater) de Philadelphie le 21 novembre 2015 dans le cadre des Jazz Night in America dont McBride est l’un des invités réguliers. D’Inside Straight à New Jawn : les cinq groupes de McBride En tant que leader, McBride est aujourd’hui à la tête de pas moins de cinq formations couvrant un large champ d’esthétiques diverses. On compte un quintet, Inside Straight, un trio, un big band de dix-huit musiciens (avec lequel il publie en 2011 « The Good Feeling »), un groupe expérimental, A Christian McBride Situation, avec la pianiste Patrice Rushen et le saxophoniste Ron Blake, Alyson Williams à la voix, DJ Logic et Jahi Sundance aux platines et, enfin, ce New Jawn que l’on va entendre ce soir. La formation n’a pas encore enregistré d’album mais on peut découvrir des 5 extraits de cette musique au groove électrique sur YouTube. Les motivations qui l’ont conduit à créer ces formations sont très diverses. Ainsi, J. Hunter, sur le site allaboutjazz, écrit-il : « Les musiciens créent des groupes pour plusieurs raisons : pour rassembler des artistes ayant le même esprit ou pour mener à bien un grand projet artis- tique. Christian McBride a créé Inside Straight pour obtenir un concert. » La formation ne répond en fait qu’à une seule envie : celle d’être programmée au mythique Village Vanguard. Face aux réticences de Lorraine Gordon, propriétaire du club, qui, quoiqu’appréciant la musique de McBride, la trouvait difficilement programmable, McBride se décida à rassembler autour de lui quelques musiciens pour proposer un jazz furieusement swing et purement acoustique : une formation plus propice à être accueillie sur la scène du vénérable et historique club new-yorkais. C’est ainsi que Steve Wilson (sax alto), Warren Wolf (vibraphone), Peter Martin (piano) et Carl Allen (batterie) se retrouvèrent aux côtés du contrebassiste. Un premier opus, « Kind of Brown », proposait un jazz mainstream de bonne facture. Le follow-up « People Music » paraît en 2013. Plus qu’un titre, « People Music » ne définit rien moins que la manière dont McBride, avec cet album, conçoit la musique. Une musique qui se doit d’être proche des gens, loin des expérimen- tations. « ‹ People music › est mon mantra personnel de musicien » explique McBride. Pour lui, les musiciens de jazz sont parfois trop préoccupés par leur propre réflexion. « Ils sont tellement sérieux et pris dans leur créativité qu’ils n’entraînent pas les gens […] Lorsque vous attirez les gens à vous, vous pouvez aller n’importe où pour autant qu’ils estiment qu’ils font partie du jeu, C’est pourquoi Cannonball Adderley a toujours été mon héros – il a toujours été l’exemple d’un talent artistique élevé, mais […] il était toujours relié aux gens. Et j’ai toujours eu le sentiment que ce groupe jouait de la ‹ musique des gens ›. » La « musique des gens », c’est aussi celle que McBride propose avec son trio. Dernier opus en date de l’artiste « Live at the Village Vanguard », enregistré avec Christian Sands au piano et Ulysses Owens Jr. à la batterie en décembre 2014, propose un répertoire oscillant entre standards jazz (« Cherokee », « Down by the Riverside ») et titres, entre autres, issus du répertoire des grandes heures de la Blaxploitation tel « Car Wash » (originellement interprété par le 6 groupe de rhythm & blues Rose Royce et thème principal de la bande originale du film éponyme sorti en 1976, ce hit fut même réenregistré en 2004 par Christina Aguilera et Missy Elliott pour la bande originale du film Gang de requins). McBride’s New Jawn Est-ce une nouvelle envie de faire entendre de la « people music » ? Avec New Jawn, dernière formation en date, McBride fait un clin d’œil à sa ville natale, Philadelphie. Le mot, issu de l’argot de la ville, est à proprement parlé intraduisible. New Jawn est un quartet sans piano, à l’image de celui qui, en 1959, réunissait autour d’Ornette Coleman, Charlie Haden (contrebasse), Don Cherry (trompette) et Billy Higgins (batterie) pour les séances qui don- nèrent naissance à « The Shape of Jazz to Come » (Atlantic). Ce sont Josh Evans (trompette), Marcus Strickland (saxophone) et Nasheet Waits (batterie) qui entourent McBride.