EVALUATION RAPIDE MULTISECTORIELLE CERCLE de

08 au 09 Avril 2014

OCHA facilitant la rencontre entre les Humanitaires, les autorités locales et les retournés de Sourango, Almamor, Sananga, et Sormou

Rapport final

Mopti le 28 avril 2014 1

DONNEES GENERALES sur le Cercle de Youwarou

Objectif de la mission L’objectif de la mission inter-agences était de Conduire une évaluation multi- sectorielle rapide en vue d’identifier les priorités des populations du cercle de Youwarou dans les domaines de la santé, de la protection, d’EHA, sécurité alimentaire et moyens d’existence, Nutrition, Education, Genre et protection, abris, NFI, sécurité, et Environnement. La mission a visité les communes rurales de Bimbere Tama et Farimake. A Farimake la mission s’est rendue à Gathi loumo, Sourango et NGiri-Ngara (fractions nomades situées respectivement à 13 et 35 km de Gathi- LoumoA Gathi , la mission s’est entretenue avec les populations en focus , hommes et femmes, de toutes les composantes socioprofessionnelles : agriculteurs, éleveurs, commerçants et artisans. A Sourango la mission a rencontré en plus de la population retournée, les chefs de fractions de Foya, de Sananga, Almamor , Sormou et Dianweli. A Ngiri-Ngara, la mission a eu un entretien avec la population retournée. ). Cette mission a permis aux acteurs humanitaires de comprendre le paysage humanitaire actuel afin de se projeter à travers des plans de réponse mieux adapter au contexte dans les courts et moyens termes.

Participants :, World Vision, DRC, NRC, OIM, PAM, Droits de l’Homme-MINUSMA, Stop SAHEL, AMPRODE SAHEL / ONU-Femme, OCHA, Save the Children, AJM, MDM, INTERSOS, Action . Stop Sahel.

Généralités sur le Cercle de Youwarou Le cercle de Youwarou est un des cercles de la 5ème Région le plus enclavé. En effet l’accès à Youwarou se fait par pirogue de juillet à février et par route d’avril à juin. Sa population est estimée 108. 523 habitants avec 53 998 hommes et 54 525 femmes (50. 03% (Source Recensement Generale de la population et de l’Habitat RGPH 2009.). Avec une superficie de 7. 139 km², le cercle de Youwarou est situé dans la partie Nord Est de la Région de Mopti. Il est limité a l’Est par le Cercle de Mopti, à l’Ouest par le Cercle de Tenenkou, au Nord par le Cercle de Niafounké, au Sud par le Cercle de Tenenkou et de Mopti. Le cercle est composé de 7 communes, 216 villages et plusieurs fractions. Les communes sont Youwarou, Bimbere Tama, , , Dongo, N’Dodjiga et Farimake. Cette dernière de par sa position géographique a été la plus touchée par la crise sécuritaire.

I. FACTEURS DETERMINANTS ET SOUS-JACENTS DE LA CRISE

1. Aperçu sur le conflit dans la zone des communautés non tamasheq ». Bien que la situation Le cercle de Youwarou a été éprouvé par l’occupation sécuritaire soit jugée relativement calme par le déploiement d’une partie de son territoire par les des groupes armés. des FAMa, les populations (noires et Tamasheq) sont Les communes de Youwarou, Bimbere Tama et Farimake bouleversées car elles estiment que la sécurité reste toujours ont payé le lourd tribut de cette occupation, comme en fragile. témoignent les vols d’animaux, les braquages de forains, les pillages, le nombre de personnes tuées. Depuis, le cercle traverse une crise humanitaire complexe caractérisée par la précarité des conditions d’accès à l’eau , d’hygiène et d’assainissement, la dégradation des moyens d’existence, un accès limité à la protection, a la nourriture, aux soins de santé , a l’éducation etc. Plus de 2000 réfugiés en Mauritanie sont retournés dans les sites de Sourango, Sananga, Almamor, Foya, Sormou et Ngri-Ngara sont sans aucune protection et vivent dans des conditions déplorables de santé , d’hygiène et d’accès à l’eau potable.

2. Contexte sécuritaire. La violence qui a régné dans cette partie du cercle a provoqué un clivage social qui a exacerbé les tensions intercommunautaires locales et a créé un climat de méfiance entre les Touaregs et le reste de la communauté. Ces hostilités ont conduit à une haine entre les communautés qui pourraient avoir des conséquences sur les efforts à faire pour la cohésion sociale et la cohabitation pacifique. « Les tueries restent gravées dans la mémoire

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Les Tamasheq craignent les représailles et surtout la rumeur sur la création de groupe d’autodéfense Peulhs. A Dogo commune de Bimbere Tama, il n’ y’a pas de forces militaires. Les populations se sentent abandonnées et sans protection. A Gathi- loumo, si les FAMa ont reçu un accueil favorable, leur effectif et les moyens logistiques dont elles disposent ne sont pas suffisantes pour couvrir la sécurité des populations à cause de la porosité des frontières avec la Mauritanie. L’absence de réseaux téléphonique (SOTELMA et ORANGE) à Dogo et Gathi-loumo a contribué à isoler davantage les communautés vivant dans le Farimake et Bimbere Tama. Malgré cette situation parfois préoccupante les acteurs humanitaires peuvent exercer leurs activités.

3. Action urgentes et immédiates  Faire un plaidoyer pour le renforcement de l’effectif et les moyens logistiques des FAMa pour faciliter les patrouilles mobiles.  Faire un plaidoyer pour le déploiement da la MINUSMA dans ces zones  Mettre en place en urgence une couverture téléphonique pour faciliter la communication,  Mener des actions de cohésion sociale pour une bonne cohabitation pacifique.

4. Partenaires intervenant à Youwarou en Avril 2014  Sécurité alimentaire : PAM, Helvetas Swiss Inter Cooperation  Santé : Médecins du Monde France.  Education : UNICEF  Réhabilitation d’urgence : LuxDev.  Protection et cohésion sociale : DRC, HCR,  Résilience et relèvement immédiat : CRS  WASH : Pas de partenaire.

On s’aperçoit que le nombre d’intervenants dans le cercle de Youwarou est assez faible. Il n’y a pratiquement pas de partenaire évoluant dans le domaine de l’eau, hygiène et assainissement dans le cercle, alors que les besoins sont énormes. Il conviendra alors de mettre en place des actions de plaidoyer pour encourager les partenaires humanitaires à s’investir dans cette zone, notamment dans les communes de Farimake et Bembere Tama. Les besoins en eau hygiène et assainissement sont encore plus énormes dans les fractions nomades ou les puits se trouvent entre 75 à 80m de profondeur.

II. RESULTATS PAR SECTEUR D’INTERVENTION HUMANITAIRE

Méthodologie Pour la collecte des informations, les membres de la mission se sont divisées en deux équipes Chaque équipe a eu des entretiens avec des informateurs clés des localités visitées (autorités et leaders locaux, ainsi que des focus groupes avec de femmes, d’hommes et de jeunes). Les équipes ont effectué des visites sur le terrain avec des observations directes. L’outil MIRA a été utilisé comme formulaire d’évaluation pour collecter les informations

1. ABRIS ET ARTICLES NON ALIMENTAIRES

a. Constats Dans le cercle de Youwarou, les deux types d’habitats que l’on rencontre sont les maisons en banco pour les populations sédentaires de la zone inondée et les tentes pour les nomades de la zone exondée.

Il y’a des sérieux problèmes d’abri surtout au niveau des sites des personnes rapatriées notamment avec les membres de la fraction de Gniri-gnara. C’est une population touareg de 200 membres. Plus d’une quarantaine de personnes sont actuellement sans abris et les sept tentes fournies par l’UNHCR sont loin de combler les besoins.

Pour les villages de la zone inondée comme Dogo, Youwarou ou Gati, les besoins en abri consistent à la réhabilitation de certaines maisons abandonnées. Mais le problème réside dans la disponibilité des matériaux de construction comme les rôniers. Ils sont rares et leur coupe est interdite.

D’une manière générale les populations du cercle ont toutes été victimes de l’occupation et ont un besoin urgent d’articles non alimentaires.

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b. Recommandations

A Court termes  Fournir rapidement une centaine de tentes type UNHCR aux populations touaregs rapatriées des camps de Mauritanie ;  Faire une distribution d’articles non alimentaires pour les rapatriés et les populations hôtes de la zone inondée.  Faire une évaluation profonde en termes de réhabilitation des maisons des populations hôtes et retournées dans tout le cercle ;  Identifier les vrais vulnérables pour une distribution de NFI dans tout le cercle ;  Réfléchir avec le Cluster Abri et les services techniques pour la conception d’abri adapté aux deux types de populations que l’on rencontre dans la zone : sédentaires et nomades.

Photo : Habitation du site de Sourango.

2. EDUCATION

a. Constats A Gathi Loumo sur les 8 écoles, 4 sont fonctionnelles. Les écoles des campements tamasheq ( Sourango, Almamor et Sananga ) ne pas encore rouvertes. Avant la crise, l’effectif des élèves était 4369 élèves. Après la crise cet effectif a chuté à 4264. Le déficit de personnel au premier cycle a été estimé à 51 enseignants et le second cycle à 68. Le taux de fréquentation a baissé de façon drastique à cause de l’insécurité et la fermeture des cantines scolaires mises en œuvre par CRS et son partenaire AMPRODE SAHEL. A ce jour il n’y’ a pas un Directeur de CAP officiel dans le Cercle de Youwarou, la permanence est assurée un Directeur intérimaire.

Les problèmes de l’éducation se résument comme suit :  La mauvaise fréquentation scolaire. Par exemple : 4 écoles sur 9 ne fonctionnent pas dans la commune rurale de Gathi- loumo  L’insuffisance du personnel enseignant  L’absence de cantine scolaire dans certaines écoles  L’insuffisance de matériels didactiques dans certaines écoles  Manque de matériels roulants pour mener efficacement le suivi les activités scolaires,  Les locaux du lycée son encore inachevés

b. Recommandations :  Mener des actions pour le retour des enseignants à l’école,  Mettre en œuvre des actions destinées à encourager la fréquentation des enfants.  Sensibiliser les parents d’élèves pour augmenter le taux de scolarisation des enfants,  Organiser des plaidoyers pour le renforcement des cantines scolaires dans les écoles,  Mettre à la disposition du CAP les moyens de déplacement pour mener efficacement les activités de suivi.  Achever la construction du Lycée de Youwarou

3. EAU, HYGIÈNE ET ASSAINISSEMENT (WASH)

a. Constats Au terme de notre enquête, nous nous apercevons que dans l’ensemble du cercle, la situation est très catastrophique. Les sources d’approvisionnement sont essentiellement les puits (puits traditionnel et les puits moderne à grand diamètre), les forages et les eaux de surface (fleuve, Mare, lac etc).

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Le niveau piézométrique est de 35m aux environs de Gathi-lomou, Dogo et jusqu’à 70-80m à Sourango et Gniri-Gnara. Les populations utilisent de puisette inadéquate et transporte leurs eaux dans les conditions (Bidons sale, jerrican, barrique non couvert dont la bonne pratique l’hygiène reste à désirer. Le stockage des eaux se fait dans les bidons et les genres dont l’entretien n’est pas courant. La corvée d’eau étant très longue, nous renseigne que la disponibilité en reste un grand défi à relever.

La pratique du traitement des eaux n’est pas adoptée par les populations malgré la présence de quelques produits de traitement des eaux. L’hygiène est un grand problème dans les zones, car les lavages des mains et l’utilisation des latrine ne sont pas sinon peu pratiquées.

L’assainissement est un grand problème dans les zones par le fait que les ordures sont déversées dans les rues et une absence totale des systèmes de canalisation des eaux usées. Il y’a aucune action de promotion d’hygiène dans le cercle.

Nous avons également observé le disfonctionnement des comités de gestion des points d’eau et une mauvaise coordination dans la gestion des ressources en eau. Il y a absence du personnel technique (gouvernemental) chargé coordination WASH sur le terrain.

Il faut insister sur les deux aspects de la zone, c’est-à-dire que la situation en Wash pendant l’hivernage (disponibilité d’eau de mauvaise qualité) est très différente de celle pendant la saison sèche (tarissement des puits).

Sur le plan sanitaire, les maladies les plus courantes sont le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoire, la dermatose etc …

b. Recommandations A court terme :  Faire un monitoring approfondie dans les zones pour évaluer les besoins et les villages très vulnérable ;  Réhabilité des points d’eau dégradé pour une amélioration pour l’accès à l’eau potable ;  Une sensibilisation des populations à la bonne pratique d’hygiène et assainissement.  Distribution des kits d’hygiène et assainissement (savon, Pur, Javel et poubelle),  Appuyer le retour sur le terrain du personnel de l’administration publique en charge des activités WASH. A moyen terme :  Construire des nouveaux points d’eau pour le soulagement des populations  Rendre fonctionnel l’ensemble des chaines de fonctionnement et mécanismes de gestion des points d’eau,  Construction des latrines.

Rare point d’eau partagé par les populations et leur bétail à Sourango.

4. NUTRITION

a. Constats  Présence de partenaire (MDM-France) pour la prise en charge globale de la malnutrition aigüe (MAM, MAS) dans le district sanitaire de Youwarou.  Présence de certains matériels (toise, balance, registre, fiche de suivi) de prise en charge de la malnutrition dans le CSCOM de Gathi.  Présence de personnel (insuffisant et non formé) engagé pour la mise en œuvre des activités de CSCOM.  De janvier à Mars : 32 MAS, 69 MAS et 1 MAS+ 1 au CSCOM de Gathi.  Rupture de médicaments systématiques et spécifiques dans les CSCOM et le district.  Absence de dépistage actif au niveau communautaire par les relais.  Manque d’appui du système de référence et contre référence entre les URENAS et URENI.  Manque de locale pour l’URENI Youwarou. 5

 Insuffisance des capacités techniques des agents des CSCOM pour assurer une prise en charge de qualité.  Manque d’information et de sensibilisation de la population sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) et les actions essentielles en nutrition (AEN) afin de prévenir la malnutrition  Absence de la réalisation des démonstrations nutritionnelles pour la valorisation des aliments locaux au niveau des URENAS, URENAM et les villages des aires de sante.  Non harmonisation d’un système de collecte et d’analyse des données entre le district et le partenaire existant dans le cadre de la lutte contre la prise en charge de la malnutrition aiguë.  Insuffisance de personnel qualifie dans les centres de prise en charge de la malnutrition aigüe.  Insuffisance de suivi des activités de prise en charge de la malnutrition aigüe.

b. Recommandations Actions à court terme  Appuyer le système d’approvisionnement de l’Etat en intrants et médicaments ;  Appuyer le système de collecte des données statistiques;  Appuyer les CSCOM pour le renforcement des capacités institutionnelles et techniques des relais communautaires et les responsabiliser sur leurs rôles ;

Accroitre les capacités des CSCOM pour assurer la prévention de la malnutrition par les actions de sensibilisation sur l’ANJE et AEN ainsi que la valorisation des produits locaux par la réalisation des démonstrations nutritionnelles à travers les relais communautaires.

Moyens termes  Soutenir le district dans le cadre de l’organisation des rencontres d’échanges et de partage d’information entre les responsables du district et les partenaires (agents ONG).  Accroitre les capacités du district pour leurs favoriser le recrutement et le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des agents.  Mettre à la disposition du district sanitaire des moyens adéquat en termes de logistique pour assurer un suivi de qualité des activités des CSCOM.

Atout : Care International intervient pour un projet Nutrition-WASH d’une durée de 05ans dans le district sanitaire de Youwarou financé par USAID.

5. PROTECTION

a. Constats  Absence de service de protection des enfants,  Exploitation des enfants à des fins économiques,  Mariage précoce,  La méfiance entre les ethnies,  Le vol de bétails,  Les meurtres délibérés par les groupes armés,  Déplacement des personnes.

b. Recommandations  Intensifier le monitoring de protection,  Sensibiliser la communauté par rapports aux méfaits du mariage précoce  Renforcer la sécurité des personnes et de leurs biens,  Renforcer les activités de cohésion sociale,  Organiser le retour des déplacés,  Améliorer l’accès de la population à la justice, sécuriser le cercle par les forces armées et de la MINUSMA,  Mettre la justice dans les conditions de travail,  Multiplier la sensibilisation de la population sur les pratiques traditionnelles néfastes et les violences basées sur le genre.

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Mouvements des populations. Constats Les communes de Bimbere Tama et Gathi-loumo étaient les plus affectées par le déplacement massif de leur populations parti soit en Mauritanie pour les Touareg et à Mopti les populations sédentaires. A Dogo il a été fait état de déplacement de 60% de la population estimée à 9,391 personnes. Dans la fraction de Gniri-Gnara toute la population s’était réfugier en Mauritanie. Un retour remarquable des populations déplacées et rapatriées volontaires s’observe dans la commune du Farimake. Les statistiques fournies par les chefs de fractions se présentent comme suit: Sourango 300 retournés, Sananga 270, Sormou 300, Ngira-ngara avec 200 retournées. Les populations rencontrées ne sont pas toutes sur un même endroit mais dispersées sur plusieurs sites.

Problématique La porosité des frontières avec la Mauritanie ne facilite pas le monitoring des mouvements des rapatriés en vue de leur enregistrement.

Action à court terme  Installer un Flow Monitoring Point / FMP dans toutes les fractions du cercle enregistrant les mouvements des populations rapatriés volontairement.  Résultats de la dernière enquête de l’OIM attendu sur la localisation des populations retournées dans le cercle de Youwarou.

6. SANTÉ

a. Constats  Manque de personnel (Echographie, Radiographie, Ophtalmologie, Odontostomatologie)  Problème de source d’énergie (la consommation dépasse leur moyen financier)  Manque de moyen de transport (toutes les motos ont été enlevées lors de l’attaque de Youwarou)  Problème de conservation des vaccins (rareté du pétrole et des mèches sur le marché)  Rupture du stock de vaccin BCG (niveau national)  Coût des médicaments élevés par rapport à leur revenu  Problème de distance (certaines zones sont à plus de 75 km de leur CSCom)  Problèmes dans la gestion des déchets biomédicaux  Maladies fréquemment rencontrées : infections respiratoires, paludisme, maladies diarrhéiques et les dermatoses.

b. Recommandations

A court terme  Recruitment de personnels qualifies  Approvisionnement des panneaux solaires,  Renforcement en moyen de transport  Appui en médicaments  Mise en place des cliniques mobiles.

A moyen terme  Installation de nouveaux CSCom et réhabilitation physique des CSCOM existant  Mise en place d’incinérateurs et fosses pour destruction d’ordures médicaux

7. SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

La situation de la sécurité alimentaire est préoccupante dans le cercle de Youwarou à cause de la mauvaise campagne agricole 2013-2014, consécutive à la rareté des pluies et à l’insécurité sur les axes routiers qui réduit les échanges commerciaux, notamment l’approvisionnement en céréales. Des tensions sont fréquentes au niveau des pêcheries. Le bétail, principal source de revenu des populations souffre du manque de suivi sanitaire, d’infrastructures (parc de vaccination, marché à bétail), d’aliments bétail et de produits vétérinaires. Une forte pression sur les ressources naturelles, situation structurelle aggravée par l’incivisme occasionnée par la crise

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La production céréalière totale est estimée à 42 149 Tonnes (toutes céréales confondue) pour une population totale de 122 145 habitants. Les rendements moyens sont respectivement de 6T/HA au niveau des PPIV et de 900kg pour le mil. Les marchés sont approvisionnés en nourriture à partir de Niono (région de Ségou) et Mopti. Les denrées sont achetées à partir de la vente de briques fabriqué et des animaux.

Les céréales sont actuellement disponibles sur les marchés et se raréfie pendant l’hivernage suite à des problèmes d’approvisionnement (prix élevés des denrées) à cause de l’enclavement. Les besoins alimentaires des familles sont loin d’être satisfaite à cause de la faiblesse de la production locale, des revenus, et du prix élevé des denrées pendant l’hivernage.

En plus de la production locale une assistance alimentaire est faite par le CICR, CRS, Care depuis 2012 dans les communes de Farimaké et Bimbere Tama. Cette assistance est arrêtée depuis deux mois. Le PAM intervient dans trois communes ( Youwarou, Bembere Tama et Déboye) où 15 161 bénéficiaires sont assistés dans le cadre de la distribution alimentaire. Dans le cadre du blanket feeding, 910 enfants de 6-23 mois et 758 femmes enceintes et/ou allaitantes sont assistés.

Dans la commune de Farimaké la mission a procédé à des entretiens avec les communautés et à des visites des infrastructures dans le village de Gathi-loumo chef-lieu de la commune, et deux fractions nomades (Sourango et Foya) . Le PAM n’intervient pas dans ladite commune où le CICR a cessé momentanément ses interventions depuis trois mois. Avec le statut de réfugiés, il y’ a eu une perte énorme du bétail qui constitue la principale source de revenus des populations nomades, donc d’accès aux aliments. Au niveau de Sourango, les populations réfugiés à M’Bera ont amorcé leur retour avec 60 ménages de 300 personnes éparpillées entre des hameaux. La population totale avant la crise est de 2000 hbts. Il y’a une volonté de poursuivre le retour mais une peur s’est installé suite aux rumeurs d’une éventuelle représailles de la communauté peulh.

La situation de la sécurité alimentaire se caractérise comme suit :

 Faible production agricole, les stocks des ménages couvriront à peine quatre (04) mois.  Difficultés d’approvisionnement en céréales à partir de Niono. La zone est inondée 8 mois sur 12, ce qui provoque la hausse des prix des céréales sur le marché local  Moins de 40% des ménages peuvent se procurer 200kg de céréales  Le prix moyen du riz est de 325 FCFA/Kg actuellement pour atteindre 500F en période soudure. Pour le mil les prix respectifs sont de 200F/kg 300 FCFA à la période de soudure.  La faiblesse des échanges commerciaux suite à l’insécurité qui règne dans la zone, ce qui occasionne la hausse des prix des denrées  Le CICR et le CRS ont arrêté la distribution générale depuis trois mois  80% de la production agricole servent à payer la redevance eau et les activités sociales (dons, mariage baptême)  Insuffisance de parcelles aménagées pour les périmètres irrigués villageois et les périmètres maraîchers avec des moyens d’exhaure rudimentaires.

Actions immédiates  Réalisation par le PAM et son partenaire GRADP (Groupe de Recherche Action pour le développement de Proximité dans les communes de Dirma, N’Dodjiga, Dongo, Youwarou et Farimake, des digues de protection autour des périmètres irrigués pour éviter l’inondation pendant la crue, le renforcement des canaux des périmètres , le planage des parcelles et les aménagements de jardins maraichers. Les activités sont en cours.  Actualisation du ciblage pour la distribution alimentaire Générale par CARE/PAM  Concertation avec le CICR pour la prise en compte des besoins des populations retournées  Appui en semences et engrais pour la prochaine campagne agricole  Diagnostic des besoins en cantines scolaires  Appui en aliment bétail et en produits vétérinaires

Actions à court et moyen termes  Aménagement des périmètres maraîchers et amélioration des moyens d’exhaure au niveau des périmètres maraîchers  Formation des producteurs  Réalisation d’études sur le circuit de commercialisation des produits agricoles  Aménagements des bourgoutières

Actions à long terme  Aménagement hydro-agricoles : 970 ha prévus par HELVETAS Swiss Inter coopération 8

8. RESILIENCE ET REHABILITATION D’URGENCE

a. Constats Les femmes mettent en œuvre des activités de maraichage, d’artisanat et d’embouche, la commercialisation du riz et la vente du poisson dans la commune de Bembere Tama. Dans les fractions nomades l’artisanat est une activité lucrative qui génère des revenus aux femmes surtout par la transformation des produits locaux en chapeaux, coussins, couchettes pour bébés etc. A Youwarou, il existe un centre multifonctionnel des femmes pour la mise en œuvre des activités génératrice de revenus. Ce centre a été saccagé au moment de l’occupation. Le retour de l’administration n’est pas effectif dans les communes de Farimake et Bembere Tama. A Dogo le sous-préfet est moins régulier, son domicile étant entièrement détruit. Il en est de même à Gathi loumo ou le bâtiment est aussi en état délabrement. Le service vétérinaire est toujours absent à Gathi loumo.

b. Recommandations  Faire l’étude de marché pour la disponibilité des matières premières et l’écoulement des produits  Equiper le comité de Dogo en matériels de nettoyage  Equiper les femmes de Dogo en matériels de maraichages  Appuyer en fonds les femmes de Dogo et Gniri-Gnara pour les AGR  Doter les femmes de Gniri-Gnara en tentes pour la fabrication des produits locaux  Réhabilitation du centre multifonctionnelle de Youwarou.  Soutenir et élargir les interventions de LuxDev dans la réhabilitation/construction et équipement des bureaux de l’administration, des écoles, CSCom et autres infrastructures détruites et pillées pendant la crise, particulièrement dans les communes de Gathi et Dogo.

Environnement. Constats  Les ressources naturelles ont subi une nette dégradation au moment de l’occupation marquée par la coupe abusive des arbres et une destruction massive des écotypes. Le service des Eaux et Forêts à cause de l’insécurité n’était plus à mesure d’assurer la protection de l’environnement. Au moment de l’occupation le service des Eaux et Forêts a dénombré 7 hippopotames tués en 2012.

Recommandations  Renforcer le contrôle pour réduire l’exploitation abusive des ressources naturelles.  Mener des activités de reboisement,  Intégrer dans les programmes scolaires, l’éducation environnementale.

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RECAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES PAR SECTEUR

SECTEUR RECOMMANDATIONS PARTENAIRE OBSERVATIONS

 Conduire une évaluation plus approfondie en vue de déterminer les besoins et fournir aux retournés (des camps de refugies de la Mauritanie) des sites de Sourango, Sananga, UNICEF, OIM et Appui du cluster national ABRIS Almamor, Sormou, Ngiri-ngara, Foya etc. et des personnes vulnérables des communes de HCR requis Gathi-loumo, en tentes, moustiquaires, bâches et autres NFI. EDUCATION  Mener des études plus approfondies sur les problèmes scolaires dans les fractions nomades, APPUI DU CLUSTER  Appuyer la réouverture des écoles mobiles, UNICEF, DRC EDUCATION REQUIS  Sensibiliser les parents pour améliorer le taux d’inscription des enfants.  Soutenir le retour immédiat du personnel du service de l’hydraulique et sa réinstallation,  Faire un état des lieux /cartographie des ouvrages d’eau et réparer urgemment tous les points EAU HYGIENE ET d’eau qui sont en panne, APPUI DU CLUSTER UNICEF, OIM ASSAINISSEMENT  Approvisionner les comités d’eau en pièces de rechanges et mettre les écoles et les structures WASH REQUIS sanitaires (CSCom) aux standards WASH.  Réhabiliter/Construire de nouveaux ouvrages pour renforcer l’accès en terme de quantité.  Renforcer les effectifs et les moyens logistiques des FAMa pour améliorer leur capacité à CH auprès de la assurer la sécurité des populations et de leurs biens. Très important pour stabiliser MINUSMA  Rétablir urgemment la couverture téléphonique à Gathi loumo et Dogo. la zone.  Conduire des évaluations plus approfondies envue de déterminer les besoins de protection PROTECTION surtout dans les fractions nomades de la commune de Fariamke. APPUI DU SOUS

 Renforcer les activités de cohésion sociale, le dialogue intercommunautaire dans les HCR, CRN, DRC, OIM CLUSTER PROTECTION communes de Farimake et Bembere Tama. , NRC. PNUD. REQUIS  Mettre en place des actions humanitaires basées sur la vulnérabilité des communautés pour une meilleure cohabitation pacifique.

 Renforcer les capacités logistiques des CSCom de Gathi- loumo et Dogo pour les stratégies Appui du cluster santé avancées (surveillance épidémiologique et du PEV de routine), le référencement et les requis. évacuations médicales ; OMS, MDM-F, Lux SANTE  Réhabiliter et équiper le CSCom de Dogo, Dev, UNICEF APPUI DES CLUSTER  Doter les CSCOM et le CSREF de Youwarou, de sources d’énergie mieux adaptées WASH et Relèvement  Améliorer et installer le système d’adduction d’eau et d’hygiène dans les CSCOM. Immédiat

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SECTEUR RECOMMANDATIONS PARTENAIRE OBSERVATIONS

 Appuyer le système d’approvisionnement de l’Etat en intrants et médicaments ;  Appuyer le système de collecte des données statistiques;  Appuyer les CSCOM pour le renforcement des capacités institutionnelles et techniques des relais communautaires et les responsabiliser sur leurs rôles ; APPUI DU CLUSTER  Accroitre les capacités des CSCOM pour assurer la prévention de la malnutrition par les NUTRITION REQUIS actions de sensibilisation sur l’ANJE et AEN ainsi que la valorisation des produits locaux par PAM, UNICEF, MDM, NUTRITION la réalisation des démonstrations nutritionnelles à travers les relais communautaire CARE  Soutenir le district dans le cadre de l’organisation des rencontres d’échanges et de partage d’information entre les responsables du district et les partenaires (agents ONG).  Accroitre les capacités du district pour leurs favoriser le recrutement et le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des agents.  Mettre à la disposition du district sanitaire des moyens adéquat en termes de logistique pour assurer un suivi de qualité des activités des CSCOM.  Augmenter le nombre de bénéficiaires de la Distribution Alimentaire Gratuite à au moins 50% pour couvrir les besoins des plus vulnérables dans les Communes surtout dans la commune de Gathi loumo ou les besoins sont plus énormes.  Accroitre la distribution des CSB+, CSB++ et de l’Huile a toutes les FEA de tous les SÉCURITÉ Ménages des villages cible du DAG pour prévenir et améliorer l’état nutritionnel des enfants PAM, Care Appui du cluster sécurité ALIMENTAIRE  Démarrer immédiat des activités de Cash et Food for Work pour aider les individus actifs à International, CICR, alimentaire requis. s’investir dans les activités de réhabilitation des caniveaux, des marres et des digues en CRS. impliquant les femmes et les jeunes;  Assurer la prise en charge vétérinaire et l’alimentation du cheptel et soutenir la réorganisation de la transhumance dans la zone.

RESILIENCE ET PAM, PNUD, ONU-  Soutenir LuxDev dans les travaux très appréciés de réhabilitation, équipement des bureaux Appui de l’EHP, UNCT et REHABILITATION Femmes, OIM, de l’administration, des infrastructures sociales de base (écoles, CSCom etc.). des PTF est requis. D’URGENCE MINUSMA (Aff. Civ.)  Soutenir l’élaboration des plans des réponses sectoriels et encourager le suivi par des missions d’évaluations sectorielles ; OCHA et chefs de files  Faciliter les trois prochaines évaluations conjointes à et () Appui de l’Inter clusters et COORDINATION des clusters et groupes  Encourager et soutenir la préparation aux urgences dans la zone avec la mise en place des EHP. thématiques. plans de réponses aux menaces des épidémies, inondations et autres catastrophes avec un pré positionnement des stocks d’urgence en médicaments, NFI et autres intrants.

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LISTE DES PARTICIPANTS

Prénom Nom Agence Fonction Téléphone Sékou Salla BORE OCHA National HAO 75997384 Oscar SAFARI OIM Chef de Sous-bureau 75995597 Karamoko TRAORE OIM Assistant WASH 72 2 0 73 97 Rahmata MAIGA OIM Assistante médicale 76 15 34 00 Abdrahamane KONE Helvetas Swiss Intercoperation Coordinateur PACY 76 38 28 40 Anne BITNER MINUSMA Droits de l’Homme HR Officer 900 74 29 2 Amadou BAH MINUSMA Droits de l’Homme HR Officer National 78 24 48 62 Ibrahima TANAPO PAM Assistant principal Programme 76464309 Mahalmadane ABDOULAYE NRC Responsable Abris 76 02 38 31 Alioune B DIARRA Stop Sahel Superviseur 74 77 57 38 Soumaila BAMANI DRC Superviseur 75 42 62 55 Josué D SAGARA World Vision Protection Officer 75 20 78 26 Abdoulaye SAMAKE Action Mopti Charge de programme 76 38 64 37 Ada SOW Amprode Sahel Coordinatrice 74 07 29 37 Issa TRAORE Save the Children Spécialiste nutrition 66 57 24 54 Maïmouna TRAORE AJM Clinique Juridique

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