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Loulle () : sous le lapiaz, la plage et ses dinosaures

17/11/2015

Auteur(s) :

Matthias Schultz

Professeur de SVT, Lycée H. de Chardonnet, Chalon sur Saône

Publié par :

Olivier Dequincey

Résumé Une plage vieille de 155 Ma, ses rides de vagues et ses empreintes de dinosaures (Sauropodes et Théropodes).

Table des matières Présentation de Loulle et contexte du site à empreintes de dinosaures Traces de dinosaures et site de Loulle Contexte paléogéographique et paléoclimatique des empreintes de Loulle Formation et fossilisation des empreintes de Loulle Sauropodes et Théropodes Découverte, étude, préservation et présentation des empreintes de Loulle Bibliographie

Présentation de Loulle et contexte du site à empreintes de dinosaures

Traces de dinosaures et site de Loulle

L'image géologique de cette semaine étudie le lapiaz de Loulle (Jura). Mais la commune de Loulle possède, et a aménagé, un autre site géologique aisément accessible en voiture : un affleurement présentant des pistes de dinosaures. Qu'une petite commune mette en valeur et aménage deux sites géologiques est si rare que cela mérite d'être souligné et loué. Ces empreintes de pas sont fossilisées dans le même calcaire jurassique supérieur qui constitue le lapiaz de Loulle. Les strates portant les empreintes sont plus précisément datées de la fin de l'Oxfordien (sensu gallico) ou, si l'on préfère, du début du Kimméridgien (sensu anglico), soit autour de -155 Ma[1]. Cette couche est appelée Séquanien (J7) sur la carte géologique au 1/50 000 de (carte qui date déjà de 50 ans). Plusieurs pistes de dinosaures sont connues dans le Jura, dans des conditions géologiques proches de celles de Loulle. On en trouve en Allemagne, mais aussi à Plagne (cf. Les traces de dinosaure(s) sauropode(s) de Plagne (Ain) et Quand les petits théropodes marchaient dans les traces des grands sauropodes, chantier de fouille de Plagne (état au 1er août 2011), ces pistes seraient les plus longues au monde), et à Coisia (cf. Empreintes de Sauropode, Coisia (Jura)). Les pistes de Loulle sont les plus anciennes connues aujourd'hui dans le Jura.

Autres empreintes çà et là https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/piste-dinosaure-Loulle.xml - Version du 07/04/21 2/12 Pour voir d'autres exemples d'empreintes variées, on consultera avec intérêt les articles Traces de dinosaures théropodes en Namibie, Traces de dinosaures et ptérosaures du synclinal de Torotoro (Bolivie), Pistes de reptiles (dinosaures sensu lato ), Vieux lac d'Émosson (Suisse), Empreintes de reptile thérapside du Permien supérieur du Languedoc, et même Traces de pas d'hominidés dans des cendres volcaniques pléistocènes.

Source - © 2015 Google earth Figure 1. Localisation du village de Loulle dans le Jura. La punaise rouge indique l'emplacement du village de Loulle (Jura), et de ces deux sites d'intérêt géologique : lapiaz et empreintes de dinosaures. Les punaises jaune précisent l'emplacement d'autre sites fossilifères du Jurassique supérieur : Coisia (traces de sauropodes)), Plagne (traces sauropodes et traces de théropodes) et Cerin (site fossilifère).

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Source - © 2015 BRGM / InfoTerre Figure 3. Localisation des sites géologiques de Loulle (Jura) sur fond de carte géologique du secteur. Source - © 2015 IGN / InfoTerre Le cercle violet indique l'emplacement précis de Figure 2. Localisation précise des deux sites l'ancienne carrière où ont été mises en évidence les géologiques du village de Loulle dans le Jura. pistes de dinosaures, sur la route D253 entre Ney et Le cercle violet indique l'emplacement précis de Loulle. Le site est bien signalé et aménagé (parking, l'ancienne carrière où ont été mises en évidence les panneaux pédagogiques…). pistes de dinosaures, sur la route D253 entre Ney et Le cercle noir indique la position du petit lapiaz de Loulle. Le site est bien signalé et aménagé (parking, Loulle, également signalé et aménagé (avec un parking le panneaux pédagogiques…). long de la route vers ). Le cercle noir indique la position du petit lapiaz de Ces deux points d'intérêt géologique sont situés dans Loulle, également signalé et aménagé (avec un parking le l'Oxfordien terminal (sensu gallico), ici représenté en long de la route vers Pillemoine). bleu-gris et légendé j7 (faciès séquanien). On note L'ellipse rouge indique le site des pertes de l'Ain, une également l'importance des dépôts morainiques autre curiosité géologique des environ de Champagnole. (pointillés bleus légendés Gm). L'ellipse rouge indique le site des pertes de l'Ain, une autre curiosité géologique des environ de Champagnole.

Contexte paléogéographique et paléoclimatique des empreintes de Loulle

Au Jurassique supérieur, toute la région correspondant au Jura actuel est en climat inter-tropical. Le futur massif du Jura (voir la dernière figure) est une vaste plate-forme carbonatée s'enfonçant vers le Sud, c'est-à-dire vers le domaine delphino-helvétique (ou zone dauphinoise) fortement subsident à cette époque. Contrairement à ce domaine delphino-helvétique, les chaînons du Jura restent globalement en dehors de l'activité alpine au Mésozoïque, et ne connaîtront de fort plissement tectonique qu'à partir de l'Éocène, avec un maximum au Miocène supérieur. La limite avec le domaine delphino-helvétique est marquée par des récifs coralliens avec des dépôts de carbonates de haute énergie : le seuil jurassien. Au Nord de cette bande récifale orientée Sud-Ouest Nord-Est, la plate-forme jurassienne est caractérisée par des dépôts de carbonates dans un milieu peu profond et à faible énergie (un lagon calme), en continuité avec le bassin de Paris au Nord-Ouest. Des terres émergées sont présentes au Sud-Ouest, au niveau du Massif Central actuel, et au Nord-Est, au niveau du massif rhénan. Les conditions régnant dans ces lagons du Jurassique supérieur sont très bien illustrées dans le gisement de Cerin (Ain) (avec ses nombreux fossiles). À la fin du Jurassique se produit une lente régression marine, qui culminera avec l'émersion purbeckienne (fin du Jurassique et début du Crétacé dans toute la région jurassienne). L'ampleur de cette régression à la fin de l'Oxfordien, il y a 155 Ma environ, est mal connue, mais des signes d'émersion ont été retrouvés en plusieurs points du seuil jurassien à cette époque. Le fait de découvrir des pistes de dinosaures à Loulle montre que l'émersion oxfordienne était suffisante pour permettre l'avancée de ces lourds animaux terrestres sur de grandes distances, et peut-être même leur traversée entre les deux blocs continentaux émergés au Sud-Ouest et au Nord-Est. Cette régression fait disparaître les récifs coralliens du secteur de Loulle, remplacés par de vastes platiers tidaux. Ils sont formés de sables et de boues calcaires, couverts de biofilms algaires, et périodiquement émergés ; on peut https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/piste-dinosaure-Loulle.xml - Version du 07/04/21 4/12 les comparer aux plages actuelles des Bahamas.

Formation et fossilisation des empreintes de Loulle

Des dinosaures sont venus à plusieurs reprises marcher dans la boue encore gorgée d'eau lors de phases d'émersion. Les sédiments ont ensuite séché au soleil, durcissant les empreintes et créant les polygones de dessiccation. Enfin la mer a calmement recouvert les empreintes sans les dégrader, et les a scellées par une nouvelle couche de sédiments et de tapis algaires. Ces événements se sont répétés plusieurs fois, sur une durée estimée à plusieurs milliers d'années : 7 surfaces portant des dépressions en forme d'empreintes ont été préservées et identifiées à Loulle (mais en pratique seules 5 correspondent à de véritables empreintes, et 2 présentent en fait des sous-empreintes, impressions sur des couches situées juste sous la boue où marchaient les dinosaures). Les cycles d'émersion / submersion pourraient correspondre à des marées, par exemple. Des changements à plus grande échelle de temps (quelques milliers à quelques dizaines de milliers d'années) du niveau marin liés à des variations des paramètres orbitaux de type "Milankovitch" ont également été mis en évidence. L'ensemble des couches de sédiments a subi une diagenèse assez rapide, fossilisant pour des millions d'années les empreintes. Cette diagenèse a été accélérée par une dolomitisation précoce, dans les sédiments gorgés d'eau de mer chauffée et concentrée en ions magnésium par l'évaporation, selon l'équation :

2+ 2+ 2 CaCO3 (boue calcaire) + Mg (concentré dans l'eau de mer interstitielle) ↔ CaMg(CO3)2 (dolomite) + Ca .

Cette diagenèse rapide expliquerait pourquoi les sous-empreintes ne se propagent qu'à une dizaine de centimètres sous les véritables empreintes : les couches de sédiments sous-jacentes avaient déjà été indurées. Pour finir, tout le secteur de Loulle a été porté à 600 m d'altitude par l'orogenèse alpine (émersion du Jura au cours de l'ère tertiaire, avec un paroxysme de la déformation tectonique au Miocène), et peu à peu dégagé par l'érosion. On observe aujourd'hui, à la surface des strates de calcaire, des rides de vagues (wave ripple marks, traduisant une très faible profondeur d'eau) et des fentes de dessiccation fossilisées, et près de 1500 empreintes. Elles sont réparties en 23 pistes de Sauropodes et 5 pistes de Théropodes. La majorité des pistes est orientée vers le Nord-Est, traduisant sans doute un déplacement préférentiel des animaux sur l'estran en fonction de la disposition du rivage. Il pourrait s'agir d'un déplacement suivant un isthme le long du seuil jurassien depuis les terres émergées en permanence situées à l'emplacement du Massif Central actuel, et en direction du massif rhénan également émergé.

Sauropodes et Théropodes

Rappelons que les Sauropodes étaient un groupe de dinosaures saurischiens, disparus lors de la crise Crétacé- Tertiaire, dont faisaient partie, par exemple, les Diplodocus et Brachiosaurus. Ils étaient caractérisés par une grande taille (les plus gros animaux terrestres qui aient jamais existé étaient des Sauropodes), une posture quadrupède et un régime herbivore. Leur morphologie comprenait une petite tête portée par un long cou, un tronc massif contenant un énorme système digestif, des membres robustes et en forme de pour soutenir le tronc, et une queue très allongée se terminant souvent par un fouet. Diverses dispositions anatomiques permettaient le soutien de ces animaux massifs sur la terre ferme, comme une ceinture pelvienne robuste soudée aux vertèbres et des cavités dans les vertèbres les allégeant tout en préservant leur résistance. Les Théropodes, eux, sont un groupe de dinosaures saurischiens bipèdes, souvent carnivores, de tailles très variables (de la taille d'un poulet aux plus de 6 tonnes d'un Tyrannosaure). Citons comme exemples connus les Tyranosaurus, Allosaurus, Maniraptor, Compsognathus… et les oiseaux actuels ! Les Théropodes ont en effet franchi, pour certains d'entre eux (groupe des Oiseaux), la crise Crétacé-Tertiaire, bien que de nombreuses espèces aient disparu à l'occasion de cet épisode majeur d'extinction. Les membres postérieurs des Théropodes, tridactyles, assurent le soutien du corps et la locomotion, alors que les membres antérieurs des Théropodes du Jurassique (à la différence de ceux des oiseaux actuels) étaient courts mais pourvus de doigts mobiles, et sans doute adaptés à saisir des proies.

Découverte, étude, préservation et présentation des empreintes de Loulle

Les empreintes ont été découvertes en 2006 dans une ancienne carrière abandonnée après-guerre. Des https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/piste-dinosaure-Loulle.xml - Version du 07/04/21 5/12 campagnes de fouilles ont été menées de 2007 à 2009, dirigées par Pierre Hantzpergue, professeur de géologie à l'Université Lyon 1, et Jean-Michel Mazin, directeur de recherche au CNRS (Université Lyon 1), incluant des relevés détaillés, des numérisations 3D des empreintes, et le marquage des pistes avec de la peinture encore visible aujourd'hui. Les photographies présentes sur le site lejurassique.com (figures 13 à 18 et 20 à 23) donnent un aperçu de la campagne de fouille et de certaines des empreintes aujourd'hui recouvertes pour leur protection. Le piétinement, les eaux de ruissellement et le gel sont aujourd'hui susceptibles de dégrader le site. Il serait pourtant dommage de le masquer totalement à la vue, et beaucoup trop coûteux pour les petites localités voisines de créer un bâtiment fermé. Après les fouilles, un compromis a été trouvé : l'accès reste libre, mais des barrières et une passerelle ont été aménagées afin de limiter le piétinement (voir figure 12). Le lieu a en outre été équipé de panneaux pédagogiques. Surtout, une partie des empreintes a été recouverte en 2014 par un film géotextile surmonté de 30 cm de sable, de 70 cm d'écorces, et enfin de terre végétalisée. Seules certaines des surfaces et des pistes de Sauropodes restent donc visibles in situ, et plus aucune piste de Théropode.

Source - © 2015 Matthias Schultz Figure 4. Surface d'une strate de calcaire à Loulle (Jura). Observez les fentes de dessiccation qui traduisent une émersion et un assèchement au soleil de la boue calcaire. Cette couche de sédiment a pu émerger par exemple à la faveur d'une marée, et être ensuite submergée et recouverte d'une nouvelle couche de sédiments calcaires à la marée suivante, préservant ainsi pour des millions d'année les traces caractéristiques du milieu de dépôt. Des algues se sont de plus développées dans les fentes de dessiccation, facilitant leur fossilisation. Notez la structure "en pelures d'oignon" de certains polygones de dessiccation érodés : elle traduit l'existence de lamines successives dans la couche de sédiments. Ces lamines correspondent à des niveaux successifs de développement du tapis algaire. Les lamines se délitent assez facilement, rendant le site très sensible à l'érosion (notamment par le gel) et au piétinement.

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Source - © 2015 Matthias Schultz Source - © 2015 Matthias Schultz Figure 5. Fentes de dessiccation actuelles se formant Figure 6. Fentes de dessiccation actuelles affectant des dans des argiles. argiles recouvertes de tapis algaires. Ces fentes de dessiccation, prises à Hyères-les- Ces fentes de dessiccation, prises à Hyères-les- Palmiers, sont comparables à celles du Jurassique de Palmiers, sont comparables à celles du Jurassique de Loulle (voir figures 4, 9, etc). Elles se forment par Loulle (voir figures 4, 9, etc). Elles se forment par dessiccation au soleil d'une couche de sédiments dessiccation au soleil d'une couche de sédiments récemment émergée. On observe des dépôts de sel qui récemment émergée. On observe des dépôts de sel qui blanchissent les fentes. Un tapis algaire, développé sous blanchissent les fentes. Un tapis algaire, développé sous une faible tranche d'eau, est également présent ici. une faible tranche d'eau, est également présent ici. Principale différence avec le site de Loulle : les dépôts Principale différence avec le site de Loulle : les dépôts sédimentaires sont ici principalement argileux, et non sédimentaires sont ici principalement argileux, et non carbonatés. carbonatés.

Source - © 2015 Matthias Schultz Source - © 2015 Matthias Schultz Figure 7. Fentes de dessiccation actuelles affectant des Figure 8. Empreintes actuelles affectant des argiles argiles recouvertes de tapis algaires. recouvertes de tapis algaires. Ces fentes de dessiccation, prises à Hyères-les- Ces empreintes, prises à Hyères-les-Palmiers, sont Palmiers, sont comparables à celles du Jurassique de comparables à celles du Jurassique de Loulle (voir Loulle (voir figures 4, 9, etc). Elles se forment par figures 9, 10, etc). On distingue deux empreintes de chien, dessiccation au soleil d'une couche de sédiments et des empreintes tridactyles de théropodes actuels récemment émergée. On observe des dépôts de sel qui (oiseaux marins), à comparer avec les figures 18 et 23. blanchissent les fentes. Un tapis algaire, développé sous Divers niveaux de tapis algaires désséchés, en lambeaux, une faible tranche d'eau, est également présent ici. sont visibles. Principale différence avec le site de Loulle : Principale différence avec le site de Loulle : les dépôts les dépôts sédimentaires sont ici principalement sédimentaires sont ici principalement argileux, et non argileux, et non carbonatés. carbonatés.

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Source - © 2015 Matthias Schultz Figure 9. Surface d'une strate de calcaire à Loulle (Jura) portant une empreinte de Sauropode. Les Sauropodes sont un groupe de dinosaures herbivores quadrupèdes, souvent de grande taille, dont faisaient partie par exemple les Diplodocus et Brachiosaurus. Il s'agit ici d'une empreinte de patte arrière ("pied"), reconnaissable à sa forme circulaire. Elle s'est imprimée sur une surface déjà affectée de nombreux polygones de dessiccation : une partie du dessèchement s'est produite avant le passage du Sauropode. La situation est parfois inverse dans d'autres empreintes (empreintes affectées dans un second temps par la dessiccation). Elle mesure environ 90 cm de diamètre (à comparer par exemple avec les plus grandes empreintes d'éléphants, larges de 50 à 60 cm au maximum). Un rapide calcul donne pour les Sauropodes une taille proche de 25 m de long pour un poids compris entre 20 et 30 t. Notez le bourrelet formé autour de l'empreinte par la boue calcaire recouverte d'un tapis algaire. Ce tapis, en renforçant la cohésion et l'élasticité des boues, a joué un rôle dans la préservation des empreintes mais en aussi a limité le niveau de détails anatomiques enregistrés.

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Source - © 2015 Matthias Schultz Figure 10. Surface d'une strate de calcaire à Loulle (Jura) portant des empreintes de Sauropodes. Les différentes pistes sont soulignées par les couleurs de peinture. On distingue les empreintes de pattes arrière ("pieds") de Sauropode, de forme circulaire (par exemple, en bleu au premier plan au centre), des empreintes de pattes avant ("mains"), en forme de demi-lune à la convexité tournée vers l'avant de l'animal (par exemple,

en bleu au second plan au centre, légèrement devant et à Source - © 2015 Matthias Schultz droite de la première empreinte). Le sens de déplacement Figure 11. Surface d'une strate de calcaire à Loulle est ici vers l'arrière-plan de l'image, c'est-à-dire vers le (Jura) portant des empreintes de Sauropodes. Nord-Est. On peut également distinguer plusieurs diamètres correspondant à des animaux de tailles Les différentes pistes sont soulignées par les couleurs différentes (plusieurs espèces d'herbivores et / ou des de peinture. On distingue plusieurs diamètres individus plus ou moins âgés). L'ordre de grandeur est correspondant à des animaux de tailles différentes toujours de plusieurs décimètres : les plus grandes (plusieurs espèces d'herbivores et / ou plusieurs âges). "mains" atteignent 70 cm de diamètre, les plus grands L'ordre de grandeur est toujours de plusieurs décimètres. "pieds" jusqu'à 110 cm. On observe au premier plan à gauche une empreinte de patte avant ("main"), en forme de demi-lune à la Notez le bourrelet formé autour de certaines convexité tournée vers l'avant de l'animal. À l'arrière- empreintes par la boue calcaire recouverte d'un tapis plan, les surfaces herbeuses correspondent aux espaces algaire, et les nombreux polygones de dessiccation. On recouverts pour leur conservation. remarque enfin la lente dégradation de l'affleurement, avec de l'eau stagnant dans les empreintes et l'installation de la végétation (et donc la formation d'un sol embryonnaire), l'ensemble accélérant la dissolution des carbonates ; et le délitement en feuillets des lamines. À l'arrière-plan, les surfaces herbeuses correspondent aux espaces recouverts pour leur conservation.

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Source - © 2015 Matthias Schultz Source - © 2007-2009 Dinojura Figure 12. Vue d'ensemble de l'affleurement principal de Loulle (Jura) portant des empreintes de Sauropodes. Figure 13. Vidage du remplissage sédimentaire des empreintes de dinosaures lors des fouilles du site de Le site est aménagé pour éviter le piétinement Loulle (Jura). (barrières, passerelle), et équipé de panneaux pédagogiques. On observe, à l'arrière-plan, l'ancien front Un important décapage de la carrière a été réalisé, de taille de la carrière. Juste devant ce front de taille, et d'abord au brise-roche et au marteau-piqueur, puis sur les deux côtés de l'image, derrière la surface nue manuellement (massettes, burins…), pour accéder aux portant des empreintes peintes, les bourrelets herbeux différentes surfaces porteuses d'empreintes, sur près de correspondent aux espaces recouverts pour leur 3800 m2. conservation.

Source - © 2007-2009 Conseil Général du Jura

Source - © 2007-2009 E. Leroux, UCBL Figure 15. Repérage nocturne des empreintes de dinosaures en lumière rasante lors des fouilles du site de Figure 14. Dégagement d'une piste à empreintes Loulle (Jura). tridactyle lors des fouilles du site de Loulle (Jura). Les empreintes, repérées en lumière rasante, seront Il s'agit d'une grande empreinte de Théropode (groupe ensuite marquées à la craie, puis peintes avec des de dinosaures bipèdes, généralement carnivores, dont couleurs différentes indiquant les diverses pistes. font partie les oiseaux actuels). Cette empreinte est aujourd'hui invisible pour des raisons de préservation.

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Source - © 2007-2009 Dinojura Figure 17. Vue générale de plusieurs surfaces à empreintes exhumées lors des fouilles du site de Loulle (Jura). Les différentes pistes sont soulignées par les couleurs de peinture. On distingue les empreintes de pattes Source - © 2007-2009 Dinojura arrière ("pieds") de Sauropodes, de forme circulaire, des Figure 16. Marquage à la peinture des différentes pistes empreintes de pattes avant ("mains"), en forme de demi- lors des fouilles du site de Loulle (Jura). lune à la convexité tournée vers l'avant de l'animal. Le On distingue les empreintes de pattes arrière ("pieds") sens de déplacement moyen est ici vers l'avant-plan de de Sauropode, de forme circulaire (par exemple, celle qui l'image, c'est-à-dire vers le Nord-Est. On peut également est en train d'être peinte en violet, au centre), des distinguer plusieurs diamètres correspondant à des empreintes de pattes avant ("main"), en forme de demi- animaux de tailles différentes (plusieurs espèces lune à la convexité tournée vers l'avant de l'animal (par d'herbivores et / ou des individus plus ou moins âgés). exemple, empreinte violette immédiatement à gauche de L'ordre de grandeur est toujours de plusieurs décimètres : celle qui est en train d'être peinte). Le sens de les plus grandes "mains" atteignent 70 cm de diamètre, déplacement moyen est ici vers l'arrière-plan à gauche les plus grands "pieds" jusqu'à 110 cm. Notez également de l'image, c'est-à-dire vers le Nord-Est. On peut les nombreux polygones de dessiccation. également distinguer plusieurs diamètres correspondant La surface de droite, portant les empreintes peintes en à des animaux de tailles différentes (plusieurs espèces bleu et en blanc, est quelques centimètres plus en d'herbivores et / ou des individus plus ou moins âgés). hauteur que la surface à empreintes au milieu et à L'ordre de grandeur est toujours de plusieurs décimètres : gauche de l'image, portant les empreintes peintes en les plus grandes "mains" atteignent 70 cm de diamètre, vert, rouge, blanc et orange. Quelques siècles, voire les plus grands "pieds" jusqu'à 110 cm. Notez le bourrelet quelques millénaires les séparent, en fonction de la formé autour de certaines empreintes par la boue vitesse de sédimentation et des variations du niveau calcaire recouverte d'un tapis algaire, et les nombreux marin. La comparaison avec les photos actuelles (figures polygones de dessiccation. 5 à 8) met en évidence la lente dégradation de la partie de l'affleurement laissée exposée depuis la fin des fouilles.

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Source - © 2007-2009 Dinojura Figure 18. Une piste de Théropode photographiée lors des fouilles du site de Loulle (Jura). Source - © 2015 Matthias Schultz Il s'agit d'une série d'empreintes de Théropode (groupe Figure 19. Des rides de vague (wave ripple marks) de dinosaures bipèdes, généralement carnivores, dont actuelles. font partie les oiseaux actuels), plus petites que celles de Ces rides actuelles, prises à Hyères-les-Palmiers, sont la figure 10. Les empreintes affectent une surface portant comparables à celles visibles sur la figure précédente, des rides de vagues (wave ripple marks), caractéristiques avec une différence : le sable est ici silicaté et non d'une très faible tranche d'eau. Cette surface et la piste carbonaté. Elles se forment sous l'effet du clapotis des qu'elle porte sont aujourd'hui invisibles (recouvertes pour vagues dans une faible tranche d'eau (environ 30 cm ici). les protéger).

Source - © 2007-2009 Dinojura Figure 20. Décollage d'un drone lors des fouilles du site Source - © 2008 Dinojura de Loulle (Jura). Figure 21. Mosaïque photographique de l'ensemble de Le drone Drelio, du Laboratoire de Géologie de Lyon, a la carrière de Loulle (Jura) lors de la campagne de fouille permis de réaliser une couverture photographique de 2008. géoréférencée de l'ensemble de la carrière de Loulle à différentes altitudes. On distingue les différentes pistes et leurs orientations, le tout à proximité de la route entre Ney et Loulle.

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Source - © 2007-2009 DiGiScan3D CNRS – Univ. Lyon Source - © 2007-2009 DiGiScan3D CNRS – Univ. Lyon Figure 22. Résultat d'une numérisation 3D d'empreinte Figure 23. Résultat d'une numérisation 3D d'empreinte de Sauropode de la campagne de fouille du site de Loulle de Théropode de la campagne de fouille du site de Loulle. (Jura).

Source - © 2014 D'après E. Cariou et al., modifié Figure 24. Paléogéographie de la région jurassienne à la fin de l'Oxfordien, il y a environ 155 Ma. Notez la disposition des terres émergées et le seuil jurassien formant une bande orientée Sud-Ouest Nord-Est entre ces deux blocs, qui pourrait expliquer la direction de déplacement préférentielle des dinosaures déterminée d'après les pistes.

Bibliographie

Une référence principale pour cet article. E. Cariou, N. Olivier, B. Pittet, J.-M. Mazin, P. Hantzpergue, 2014. Dinosaur track record on a shallow carbonate- dominated ramp (Loulle section, Late Jurassic, French Jura), Facies - International Journal of Palaeontology and Carbonate Sedimentology, 60, 1, 229-253

[1] La définition de ces deux étages stratigraphiques varie en effet selon les auteurs, et la limite entre ces deux étages n'est pas encore définie par un clou d'or (PSM, Point Stratotypique Mondial, ou GSSP, Global Boundary Stratotype Section and Point).

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