Master

Edmond Fatio (1871—1959): villas genevoises: architecture patriotique

PYTHON, Frédéric Sébastien

Abstract

L'auteur étudie la production des villas d'Edmond Fatio, architecte genevois dans la première moitié du XXe siècle. Basé sur le dépouillement d'un exceptionnel fonds d'archives conservé aux Archives d'Etat de Genève, le travail consiste en une introduction biographique originale sur l'architecte, un état de la question du contexte architectural et une étude raisonnée d'un important corpus de demeures, dont plusieurs illustre le style patriotique ou Heimatstil.

Reference

PYTHON, Frédéric Sébastien. Edmond Fatio (1871—1959): villas genevoises: architecture patriotique. Master : Univ. Genève, 2007

Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:118257

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EDMOND FATIO (1871—1959) : VILLAS GENEVOISES Architectures patriotiques

Université de Genève Mémoire de licence Faculté des Lettres Sous la direction de Mme Leïla El-Wakil Département d’Histoire de l’art Juin 2007

À mes parents

Auxquels je dois tant d’affection, de soutien et de patience

II Remerciements

En premier lieu, je désire remercier ici vivement mon maître de mémoire, Mme Leïla El-Wakil, qui m’a révélé l’existence de ce magnifique fonds Fatio en n’a jamais cessé de m’encourager. Ensuite, ma plus vive gratitude va à Mme Véronique Probst, qui m’a consacré des centaines d’heures après avoir en avoir donné des milliers au fonds. Avec un sourire constant, cette excellente archiviste m’a guidé à travers le dédale de ces documents et n’a jamais cessé de m’encourager. Mais je n’oublierai pas tous ses collègues des Archives de l’Etat de Genève, qui, tous ensemble, sont les gardiens de la mémoire de notre canton.

Mmes Anne Golay et Michèle Ugnivenko, à la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie, M. Jean-Christophe Curtet, à la Bibliothèque du Département d’Histoire de l’art, du Centre d’iconographie genevoise M. Lionel Breitmeyer (Section Vieux-Genève) et Mme Sabina Engel, ainsi que Mme Béatrice Naef, documentaliste de la Direction du département de l'aménagement, des constructions et de la voirie (ACV), me furent d’une grande aide. Qu’ils en soient ici remerciés de tout cœur.

La constitution du catalogue d’un architecte suppose l’existence de plans à étudier dans le fonds des caves, mais aussi de portes à ouvrir. Parfois, celles-ci sont restées closes. Mais le plus souvent, c’est avec tant d’amabilité, de patience et de prévenance que les propriétaires de maisons ou de documents m’ont montré leur maison et ont répondu à mes questions. En fouillant dans leurs archives personnelles tout comme dans leurs souvenirs, ils m’ont permis de remonter le cours du temps et de raconter en partie la vie et l’œuvre d’Edmond Fatio.

Les documents mis à disposition par M. Olivier Fatio m’ont été très précieux et je le prie encore une fois de croire à ma sincère reconnaissance.

Un chaleureux merci à :

Mme Ninon Boissonnas, Mme Kettenacker et Florian Kettenacker, M. et Mme Jeremy Holloway, M. et Mme Pieter Baans, M. Foëx, Mme Michelle Gagnaux, M. et Mme Anthony Papayoannou, M. et Mme Michael Huttman, Mme Nadine Rieck, responsable communication Franck Muller, M. et Mme Tim Mes, Mme Catherine Fauchier-Magnan, Mme Laurence Roussy, Mme Christiane Steck, M. Dominique

III Dominicé, M. Gérard Matthey, président du conseil de paroisse de Pregny- Chambésy-Grand-Saconnex, M. Daniel Neeser, M. Philippe Beuchat (Direction du département des constructions et de l'aménagement [ACV], Unité conservation du patrimoine), Mme Monique Beuchat, M. Alain Hirsch, Mme Marie-France Chevalley, Mme Denise Fruet, Mme Ann Christensen, Mme Nina Mattèz-Loïc, M. et Mme Pierre Jobin, Mme Ali Dhouieb, M. et Mme Richard Smouha, M. Anthony Smouha, M. et Mme Hugues Renaud, M. Victor Fatio, Mme Marie-Madeleine Cuvit-Fatio, M. Patrice Dunant, M. Dominique Dunant, M. Roger Dunant, Mme Catherine Iten, directrice du centre de jour Villa Florissant, Mme Annick Spierer, Lara Milosevic, qui sont cités dans le désordre, mais avec beaucoup de gratitude.

Enfin, merci à ma chère sœur qui a passé un temps infini à critiquer le texte, corriger les erreurs, proposer de nouvelles idées avec un dévouement inégalé et à tous ceux qui de mille manières différentes m’ont aidé – ou supporté ! – pendant cette recherche.

IV Table des matières 1. Préambule...... 1 1.1. Historique du fonds Fatio...... 1 1.2. Etat de l’inventorisation du fonds...... 2 1.3. Participation à la réorganisation...... 4 1.4. Contenu du fonds : une richesse exceptionnelle ...... 5 2. Introduction ...... 7 2.1. Pourquoi la villa ?...... 7 2.2. Etat de la recherche ...... 7 2.3. Choix thématiques ...... 7 3. Eléments biographiques...... 9 3.1. Jeunesse...... 9 3.2. Apprentissage à Genève...... 11 3.3. Beaux-Arts (1893-1898) ...... 11 3.4. Carrière genevoise ...... 14 3.5. Bureau d’architecture genevois ...... 18 4. Crise de la production architecturale suisse en 1890...... 20 4.1. Ecole des Beaux-Arts de : impérialisme de l’abstraction...... 20 4.2. Pittoresque et historicismes européens...... 24 4.3. Architecture de villa en Suisse en 1890 ...... 27 5. Vers le renouveau de l’architecture suisse ...... 30 5.1. Cosmopolitisme et nationalisme artistique ...... 30 5.2. Critique de l’obsession de l’apparence...... 33 5.3. Nationalisme et besoins particuliers ...... 34 6. Heimatstil ...... 35 6.1. Définition ...... 35 6.2. Heimatstil et réforme...... 35 6.3. Heimatstil : du Cottage anglais à la tradition suisse ...... 38 7. Edmond Fatio, architecte régionaliste ...... 40 7.1. Culture...... 40 7.2. Typologies...... 41 7.3. Le chalet...... 42 7.4. La villa « Heimatstil »...... 55 - Villa simple ...... 55 - Villa complexe ...... 59 - Modèles internationaux…...... 64 - … et nationaux ! ...... 66 7.5. La villa classique ...... 70 8. Conclusion ...... 78 9. Annexes...... 80 9.1. Annexe 1 : Bibliothèque Edmond Fatio...... 80 9.2. Annexe 2 : Collection de dessins XIX et XXe siècles d’Edmond Fatio...... 86 9.3. Annexe 3 : Dessins anciens de la collection Edmond Fatio...... 89 9.4. Annexe 4 : Edmond Fatio et les sources du Heimatstil...... 94 9.5. Annexe 5 : Dessins étrangers dans le fonds Fatio ...... 103 10. Bibliographie ...... 105 10.1. Sources d’archives...... 105 10.2. Articles de revues ...... 106 10.3. Littérature ...... 107 V

1. Préambule

Il convient en tout premier lieu d’aborder ici, de la façon la plus succincte possible, la problématique du fonds d’archives de l’architecte Edmond Fatio. Car la masse impressionnante de documents dont il est composé fut la porte d’entrée à cette recherche et en constitua toujours le plus important appui.

Le fonds d’archives - utilisé par de nombreux auteurs y cherchant des documents propres à enrichir leur argumentaire au moyen de certain dessin - ne fut pourtant jamais abordé de front et n’a pas encore fait l’objet d’une étude. Il faut dire que celui-ci constitua, pendant longtemps, le plus important fonds de documents d’origine privée des Archives de l’Etat de Genève (plus loin : AEG). Les archivistes le connaissent tous de près ou de loin et savent, bien que parfois vaguement, qu’il contient toujours quelque information précieuse susceptible d’être ajoutée à un ouvrage traitant de l’architecture des XIXe et XXe siècles à Genève.

D’une manière modeste, notre travail entend faire de cette très riche source une présentation qui puisse aider les chercheurs futurs dans son utilisation.

1.1. Historique du fonds Fatio

Tout au long de sa longue carrière, l’architecte conserva précautionneusement les documents liés à ses travaux. Sa méticulosité ne se limita pas à cette collection, comme nous le verrons plus bas. Transmis, probablement au moment de la retraite de Fatio à son collaborateur André Rivoire, ce dernier fit don de cette somme « d’archives » à l’Etat de Genève en 1998.

Les dessins se trouvaient en règle générale déjà triés par édifice, lorsqu’ils entrèrent aux AEG, ce dont témoigne un inventaire transmis alors.1 Cependant, le classement ne répondait pas à un système cohérent. De plus, la manipulation d’un si grand volume de documents (transportés vers l’édifice de la Terrassière par palettes entières !) fit parfois mélanger les dossiers : certains documents, à leur arrivée en dossier dispersés, ne trouvèrent pas leur place dans cette première classification. C’est que la distance chronologique ne permettait plus

1 Voir inventaire du fonds Fatio, AEG Archives Privées 194.

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de se rendre compte de ce qui liait entre eux des documents dont les intitulés, la date et même le style du dessin pouvaient varier.

Le fait – exceptionnel – d’avoir devant soi le matériel de travail d’une carrière entière d’architecte explique cette hétérogénéité. Les documents sont parfois des plans, mais on trouve aussi de simples bouts de papier sur lesquels sont jetés ici une note illisible, là un griffonnage. Lacunaires, illisibles, dénués d’intitulé, témoignant de phases anciennes d’un projet dont la réalisation s’avéra parfois fort différente des étapes préliminaires, les informations s’y côtoient sous toutes les formes. Il arrive même que certains documents couvrent des décennies dans l’histoire d’une même propriété. Nul étonnement que le traitement des 32'000 documents (environ) de ce fonds se révéla malaisé.

1.2. Etat de l’inventorisation du fonds

Le principe de base de travail de classement par l’Etat était le respect de l’inventaire déjà effectué. Le travail effectué par les quatre préposés successifs au fonds Fatio fut donc le suivant :

- Lorsqu’ils étaient identifiables, les dossiers relatifs à l’inventaire Rivoire furent placés dans des fourres ou des rouleaux en vue du stockage, en y indiquant le numéro de classement qui leur avait été attribué. Ces cotes suivent la logique suivante : A/1, A/2, A/3, etc., puis B/1, B/2, B/3, etc. Les séries A à E étaient constituées (sans pour autant que l’on sût à quel critère celles-ci correspondaient).

- On inséra dans ces dossiers les documents « volants » identifiés comme pertinents.

- Pour tous les groupes de documents correspondant à un chantier non encore répertorié dans l’inventaire Rivoire, on créa de nouveaux dossiers auxquels on attribua de nouvelles cotes. Celles-ci correspondent aux séries F et G, composées d’une centaine de dossiers chacune, comme les précédentes séries.

- Dans certains cas, on procéda à une classification interne des dossiers qu’on limita à une numérotation de chaque document du dossier, sans ordre.

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- Dans d’autres cas, classification et numérotation furent faites en respectant un ordre strict – et utile – :

o Suivant les éléments de correspondance, apparaissent d’abord les documents permettant de situer géographiquement le chantier : extraits du cadastre, plans de situation (incluant les « bleus » des entrepreneurs) ;

o Ensuite, viennent ceux qui appartiennent à l’édifice supposément réalisé : plans, coupes, élévations, détails constructifs intérieurs, extérieurs puis décors, détails « grandeur nature », plans techniques des autres corps de métier ;

o Puis, les dessins correspondant à l’aménagement des dépendances et du jardin ;

o Enfin, la série se clôt sur les plans plus anciens, avant-projets, projets non réalisés, photographies et devis.

La dernière étape du travail de classement consista en une nouvelle inventorisation, qui est d’ailleurs encore en cours. Les entrées individuelles comportent au minimum les données de base du dossier : numéro du dossier, type d’édifice, nom du commanditaire, date, cote de classification. Ces indications ne sont cependant pas souvent d’une grande précision : description typologique flottante, datations approximatives, absence d’indication de la paternité des documents (alors que tous ne sont pas de la main de Fatio). Seule une minorité des dossiers reçut une notice plus détaillée.

Le fonds Fatio offre une documentation abondante, non seulement pour la compréhension de la carrière de l’architecte, mais aussi pour le parcours de nombreux collègues, comme nous allons le voir. L’état actuel de l’inventaire provisoire des Archives de l’Etat rend cependant ce travail fastidieux. Il est donc évident que le travail de titan consistant à terminer le classement interne des dossiers et leur inventorisation est à promouvoir à tout prix. Cette source archivistique, qui se trouve encore à l’état du diamant brut, deviendra alors une pierre précieuse entre les mains des joailliers de la recherche historique.

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1.3. Participation à la réorganisation

Notre participation au travail de fourmi des archivistes s’est concrétisée de la manière suivante :

- En suivant les indications imprécises de l’inventaire, nous avons dans un premier temps cherché à former le corpus des villas genevoises de Fatio. Nombreux furent les détours, pour deux raisons principales : d’abord, parce que la catégorie « maison » est un concept générique qui ne comprend pas seulement la maison individuelle. On retrouve dans l’inventaire (et d’abord, sur les documents) le manque habituel de précision lié au langage courant, où le terme « maison » désigne aussi bien un immeuble d’habitation, un hôtel particulier, qu’une villa suburbaine ou une demeure de campagne. En bref, tout édifice ayant fonction habitative est désigné par ce terme. Ensuite, beaucoup de dossiers concernaient soit l’œuvre d’un autre architecte soit des ouvrages de Fatio situés en dehors du territoire genevois (Suisse ou étranger), ce qui n’apparaissait pas dans les notices individuelles.

- Une masse assez importante de documents se trouvait encore en dehors de tout classement. Il s’agissait de dessins qui n’avaient pas pu être rapprochés d’autres dossiers et qui restaient sur une étagère en attendant une meilleure place. Seule une prise de connaissance suivie permettait d’effectuer ce travail d’attribution, en l’absence de toute indication écrite. Autant que faire se pouvait, nous avons intégré des dessins dans des dossiers constitués, ou en avons formé d’autres lors d’une nouvelle identification.

- D’autres dessins fort intéressants n’étaient pas non plus classés : les œuvres de jeunesse. Lorsqu’ils avaient un rapport avec la maison individuelle, ils furent constitués en dossiers, organisés, numérotés puis stockés. Dans l’inventaire, une nouvelle série fut créée : la série H.

- Finalement, parmi les dossiers nous concernant directement, bon nombre de documents étaient en parfait désordre, difficiles à analyser et à interpréter. Nous avons tenté de les réorganiser, sous la surveillance toujours si patiente de Mme Probst, archiviste en charge du fonds Fatio.

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1.4. Contenu du fonds : une richesse exceptionnelle

Le caractère exceptionnel de ce fonds tient à la fois à l’exhaustivité de la documentation qu’y a laissée Edmond Fatio et aussi à la mine d’informations que l’on y trouve sur les meilleurs architectes genevois depuis la seconde moitié du XIXe siècle.

1.4.1. Dessins de Fatio

Les documents de ce fonds embrassent un très vaste paysage de l’activité créatrice de l’architecte.

Les plus anciens dessins sont datés 1890, dix-neuvième année de la vie de Fatio, alors encore écolier. Dans le même groupe de documents, qui n’a cependant pas encore pris place dans l’inventaire, on trouve des exercices datant des années de sa formation à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Par la suite, tout le champ chronologique de sa pratique d’architecte est représenté, de ses premiers projets réalisés, en 1894, aux ouvrages dus à sa collaboration avec André Rivoire, datant des années 1950.

On retrouve le même éventail du point de vue typologique : de la grande villa à la maison mitoyenne ou ouvrière, de l’immeuble locatif au commercial, de la tombe familiale au monument urbain ou à la grande composition publique, on passe aux bâtiments de culte et de culture (musées, écoles).

Enfin, on constate l’extension du type d’activité : les documents en témoignent. Mis à part les projets de construction à neuf, on trouve des relevés, des projets de restauration, d’agrandissement ou de démontage côtoyant des plans anciens; à côté des chantiers d’architecture pure, d’autres ne concernent que la décoration.

Parfois, seul le dessin semble avoir été demandé à Fatio, tandis que d’autres documents témoignent de sa collaboration avec les corps de métier. En attestent les héliographies, les notes qui leur sont adressées, les corrections suivant le déroulement de la construction.

La participation de l’architecte aux concours y a aussi laissé des traces.2

2 Frey, 1995, 64. Concours auxquels participe Fatio en Suisse romande : 43. Onze d’entre eux en tant que concurrent. Il y remporte un seul 1er prix, 2 2èmes et 3 3èmes. Les 32 participations restantes, en tant que membre du jury. On constate, à la comparaison de ces résultats avec ceux de collègues de notre architecte, que celui-ci prit une place modeste au palmarès romand. Ceci est dû certainement au fait qu’il y fut actif surtout comme juge : il fut en effet l’un des quatre jurés les plus appelés entre 1877 et 1969.

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Enfin, les dessins de Fatio sont enrichis par ceux de tous les corps de métier ayant collaboré à ses chantiers : entrepreneurs, spécialistes du chauffage et de la ventilation, firmes montant des stores, ferronniers, vitriers.

1.4.2. Autres dessins

Le fonds est abondamment fourni en dessins réalisés par d’autres architectes, contemporains ou prédécesseurs d’Edmond Fatio (voir Annexe 5). S’ils représentent une source éclairante sur les parcours respectifs de leurs auteurs, on ne comprend pas toujours les raisons qui firent entrer ces documents dans notre collection.

Certains d’entre eux furent demandés par Fatio lui-même. Par exemple, lorsqu’il devait reprendre l’édifice de l’un de ses confrères pour un agrandissement ou une restauration.3 Les raisons de la présence d’autres dessins sont moins claires: une reprise de chantier qui ne soit pas explicitée par des plans de Fatio ou alors l’acquisition de plans qui, simplement, le stimulaient ? On a de la peine à expliquer autrement la série de dessins de la main de l’architecte Jean-Henri Bachofen (1821- 1889) pour la propriété du Vallon (1854), puisqu’il est peu probable que Fatio ait pu connaître professionnellement cet architecte bien plus âgé. On pourrait croire qu’un lien de maître à élève ait été la cause de transmission de collections de plans (par exemple, entre Fatio et son successeur André Rivoire). Cependant, si l’on rencontre quantité de documents de Jacques-Elysée Goss, il est plus probable que celui-ci ait eu comme successeur son propre fils Henri.4 Et Charles Gampert, chez qui nous savons qu’Edmond Fatio a travaillé, ne semble guère lui avoir laissé quelque chose.5 On s’étonne en dernier lieu que ces dessins étrangers ne forment pas de série (plus) homogène.

Quelles que fussent les considérations pratiques qui augurèrent à l’insertion de ces dessins dans le fonds, le simple fait de les avoir si précieusement conservés témoigne de l’intérêt de collectionneur de Fatio (voir aussi Annexes 1-3).

3 Archives Privées 194/E/85 et 194/E/84 : dans le premier de ces dossiers, on voit qu’en 1913 Fatio travaille pour M. Rappard à l’agrandissement d’une villa construite dix ans auparavant à Valavran pour le comte de Gallatin. Le second dossier contient une lettre où l’on voit l’architecte A. Henchoz, associé de J. Maurette, décrire le détail d’un envoi des plans de la maison fait sur demande d’Edmond Fatio. Ce dernier s’en servira pour effectuer les transformations voulues par le nouveau propriétaire. 4 On sait que le fils collabora avec le père dans les premières années du XXe siècle : Brulhart/ Deuber- Pauli, 1993 (1985), 89. 5 Voir à propos du passage dans l’atelier de Gampert le chapitre 3.1, p. 9.

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2. Introduction

2.1. Pourquoi la villa ?

Pour les besoins d’un mémoire, il fallut limiter notre recherche au sein du riche fonds Fatio. S’il est vrai que le thème de la villa nous semblait d’intérêt au vu de sa faible visibilité dans l’historiographie – en particulier dans le contexte genevois - l’architecte n’eut pas que cette corde à son arc. Il construisit des bâtiments administratifs (SBS, place Bel-Air), des immeubles d’habitation (lotissement du quartier De-Miléant), des chapelles, des écoles, des monuments. Il participa aussi à de très nombreux concours pour édifices publics (MAH de Genève, Kunstmuseum de ). Un argument acheva cependant de nous convaincre que c’était par la maison individuelle qu’il fallait commencer d’étudier Edmond Fatio : lui-même se présentait comme spécialiste en la matière.6

Le thème de la villa ouvrière fut, lui aussi, traité par l’architecte. Mais nous l’avons écarté de notre réflexion, car il nous paraît qu’il relève d’une catégorie différente de celui de la villa individuelle par le rapport qu’il entretient avec son commanditaire. Alors que le premier est le lieu de projection de l’idéal social d’un riche commanditaire sur des catégories peu favorisées, le second, en tant que projet pour soi-même, fait l’objet d’une analyse beaucoup plus concrète des besoins de ceux qui doivent l’habiter.

2.2. Etat de la recherche

Comme c’est le cas de nombreux architectes du début du XXe siècle, la carrière d’Edmond Fatio est mal connue. On voit apparaître son nom, ici et là, dans des ouvrages traitant du Heimatschutz (Le Dinh, 1992), dans des inventaires ou guides régionaux (Barbey, 1982 et Brulhart/ Deuber-Pauli, 1993 [1985]) ou encore dans les ouvrages dédiés à l’architecture (de villa) Heimatstil (Baudin, 1909 et Crettaz-Stürzel, 2005). Cependant, comme le montre l’article dédié à la villa genevoise dans le second volume de Heimatstil, Architektur der Reform7 le

6 BRUN (éd), 1905, article Edmond Fatio. 7 Lob-Philippe, in : Crettaz-Stürzel, 2005, vol. II, 108-114.

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portrait que l’on dresse de l’architecte est forcément lacunaire et mérite qu’on le complète.

2.3. Choix thématiques

Notre travail de recherche consista d’abord à trier la (trop) abondante matière à disposition. Puis il fallut la présenter. Les voies d’interprétation étaient nombreuses, mais la question du style attira notre attention pour plusieurs raisons. D’abord, la question était au centre des préoccupations des architectes du XIXe siècle et c’est elle qui provoqua une violente critique de la part d’une jeune génération, dont Edmond Fatio faisait partie. Ensuite, la réponse qui fut donnée à cette critique dans la production la plus novatrice ne renia pas les données stylistiques, loin s’en faut. Finalement, le contexte historique baignant cette production nous paraît s’être exprimé surtout dans le visage extérieur de la maison.

Mais au moment où notre architecte commença sa carrière, l’heure était aussi à la réforme de la « culture habitative ».8 Alors que de nombreuses voix prônaient, plus globalement, l’amélioration des conditions d’existence, on tâcha, dans la construction, de répondre de manière plus adéquate aux besoins nouvellement identifiés de l’homme. L’attention des architectes allait dès lors se déplacer progressivement de l’apparence à la structure de la maison.

Pour conserver une perspective centrée sur notre Genevois, nous allons d’abord en faire une présentation biographique. Il sera temps ensuite de définir le contexte de son activité (situation antécédente, critique et réponse donnée) pour finir par procéder à une analyse comparative des maisons genevoises individuelles de l’architecte et montrer ainsi comment l’œuvre d’Edmond Fatio résout, à sa manière, les problèmes posés aux architectes de son temps.

8 Cette expression est une traduction littérale, nous semblant utile, du terme allemand « Wohnkultur », utilisé par Mme Crettaz-Stürzel dans son grand ouvrage sur le Heimatstil (2005). L’historien de l’architecture est en général aussi intéressé par le mode de vie (la façon d’habiter) d’une génération passée que des édifices y ayant servant de cadre (son habitat). Mais ceci est d’autant plus vrai à l’époque qui nous concerne, alors que la théorie architecturale s’inspire d’autres sciences pour mieux comprendre l’homme et ses besoins et les servir parfaitement dans la construction.

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3. Eléments biographiques

3.1. Jeunesse

Edmond vint au monde en 1871 à Genève, au sein d’une éminente famille du patriciat genevois. L’un de ses ancêtres, Pierre Fatio, se rendit fameux – à défaut d’être vraiment populaire dans son milieu – par ses idéaux démocratiques qui lui coûtèrent la vie. Edouard Fatio, père d’Edmond, fut cofondateur de la Caisse Mutuelle pour l’Epargne. Il avait épousé Hélène Barbey, d’une lignée de commerçants et banquiers actifs notamment aux Etats-Unis où cette dernière était née.9

Sa jeunesse se déroula à Bellevue, où les Fatio s’installèrent dans une vieille maison du village vers 1874.10 En 1879, la famille déménagea, toujours à Bellevue, dans une maison que l’architecte genevois Emile Reverdin11 venait de construire. Elle manifeste le goût appelé Schweizer Holzstil,12 ou Style helvétique, alors surtout usité dans la construction de dépendances, et avait un air hybride entre la maison cubique du milieu du XIXe siècle et les chalets qui seront construits cinquante ans plus tard, dans une « forme précoce du ‘Heimatstil’ » (cf. ill. 1).13 Nul doute que cette demeure exerça un charme puissant sur l’enfant.

D’ailleurs, d’autres membres de la famille Fatio semblent avoir goûté ce mode de construction. Installé tout près de son grand-père, l’oncle d’Edmond, Henri

9 Guillaume Fatio, 1945, 114. Son père rentra en Suisse en 1839 et s’installa en 1846 à Bellevue, dans la propriété des Chênes : El-Wakil, 1989 II, 144-145. Voir aussi Thomas SCHIBLER, dans la version en ligne du Dictionnaire historique de la Suisse, article sur Isaak Iselin (1783-1841), commerçant et banquier, grand-père maternel d’Hélène Barbey. 10 Le dernier des frères d’Edmond, Paul Albert, y naquit en effet à cette date. AEG, Registre des naissances, 1871-1875. 11 Centre d’iconographie genevoise, section Vieux-Genève (après : CIG-VG, la section de la Bibliothèque de Genève, après : CIG-BGE), dossier Emile Reverdin. D’autres documents sont conservés dans le dossier Paul Fatio, AEG Archives Privées 194/C/38. Une ancienne maison avait été achetée en 1874 par Edouard Fatio à la famille Brémond. Au moment de la construction de la nouvelle maison, l’ancien bâtiment fut vendu, démoli et reconstruit aux Pâquis. D’après Guillaume Fatio, Edouard Fatio lui-même, avec l’aide de sa femme et de ses enfants aurait dessiné les plans de sa nouvelle demeure, « [qu’] Emile Reverdin exécuta ». Le chantier se termina le 17 mai 1880. Edouard Fatio mourut en 1908, son épouse, née Emilie Barbey, en 1912. C’est alors Paul Fatio, le cadet de la famille, qui en hérita. Guillaume Fatio, 1945, 170-175. 12 Crettaz-Stürzel, 2005, 39. 13 El-Wakil, 1989, 96.

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Barbey-Lorillard, se fit construire un chalet par Gindroz en 1869. Fatio eut d’ailleurs l’occasion d’y travailler plus tard.14

C’est donc dans cette commune bucolique que le jeune Edmond dut recevoir l’« éducation soignée » que lui prêtent les notices nécrologiques15 et dont témoignèrent par la suite sa propre érudition et sa grâce de vivre.16 Il fréquenta le Collège de Genève17 avant de faire un séjour à Dresde pour y apprendre l’allemand.

L’attachement d’Edmond Fatio à Bellevue ne se démentit pas au cours de sa longue vie. Il y revint fréquemment pendant la durée de ses études parisiennes, afin de rendre visite à sa famille, faire de la voile18 ou encore s’atteler à différents travaux architecturaux dont nous parlerons plus bas. Dès le plus jeune âge, Edmond Fatio eut les yeux ouverts sur son environnement. On en garde une trace dans les photographies qu’il prit, probablement dans les années 1890. Formant son bel album nommé Scrap Book, elles présentent surtout des exemples d’architecture : chalets (canton de Fribourg, Pays d’En-Haut, Valais), mais aussi maisons récentes (propriété Colgate, maison du portier des Pictet du Reposoir, villa Lamermoor), édifices restaurés (château de Pierrefonds19), patrimoine ancien (Tour-de-Boël), édifices médiévaux, mairie de Zurich, école du dimanche de Valleyres-sur-Rances de style Renaissance, hôtels particuliers baroques à Zurich et Bâle, enfin divers villages pittoresques (Evolène, notamment).

14 Guillaume Fatio, 1945, 120-123. En 1880, M. Barbey employa à son tour Emile Reverdin pour la construction d’un pavillon et l’agrandissement du chalet en 1885. Les plans en sont conservés dans le fonds Fatio, AEG Archives Privées 194/D/66, probablement demandés par notre architecte au moment où il travailla lui-même sur l’édifice, en 1930 (un relevé). 15 Naville, in : L’Art public, 1960, 22. 16 Son grand-oncle a laissé à Olivier Fatio le souvenir d’un homme charmant à l’« éducation exquise ». 17 Il prenait tous les jours le train. La décision de relier par voie ferrée Genève à (1854- 1858), avait d’ailleurs suscité l’émoi des grands propriétaires du bord du lac, qui voyaient leurs parcs divisés par la modernité, voir Barbey (et al), 1982, 252 et 282, ainsi que Fatio, 1945, 119, qui nous a transmis ce passage d’une lettre de l’oncle Henri Barbey-Lorillard ironisant sur ce « drame » : « …j’ai examiné le tracé du chemin de fer, qui ne me paraît pas du tout si terrible, passant si bas dans la campagne. (…) Ce que cette affaire de chemin de fer peut occuper notre communauté est vraiment incroyable. Je me demande de quoi on parlait avant qu’on eût ce sujet de conversation ». 18 De belles photographies sont conservées montrant les belles embarcations à voile latine dont on se servait au cours des régates du Creux-de-Genthod. « Scrap Book », Archives Privées. Ella Maillart, qui y participera plus tard en compagnie d’Hermine de Saussure (cousine d’Emilie Fatio-Naville), en livrera un témoignage ému. 19 Voir à propos de Viollet-le-Duc, son restaurateur, le chapitre 6.

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3.2. Apprentissage à Genève

Le futur architecte fit probablement ses premières gammes de dessinateur à Genève. En atteste une série de dessins géométriques, datés de décembre 1890, et qui représentent des éléments architecturaux classiques.20 Aucune indication de lieu n’y figure, mais on peut inférer que le jeune homme devait préparer – peut-être dans une institution locale – son entrée dans une haute école. Cette première formation fut d’ailleurs complétée par un stage dans un bureau d’architectes.21 Ce passage chez Charles Gampert et Jean-Louis Cayla, dont nous ignorons la durée, ne nous a laissé qu’un unique dessin que Fatio réalisa en juin 1891.22 Il s’agit du grand relevé aquarellé d’une demeure Beaux- Arts réalisée par Gampert lui-même (cf. ill. 2).23 Ce document montre une confrontation précoce à la problématique de la maison particulière.

3.3. Beaux-Arts (1893-1898)

À l’été 1893, son apprentissage chez Gampert & Cayla terminé, Fatio se présenta au concours d’entrée et intégra la Seconde classe pendant la session de juillet-août 1893.24 Il est d’ailleurs probable que l’étudiant ait été déjà admis, comme c’était l’usage, par un maître de l’institution dès le mois de février. C’est en effet ce que laisse entendre le dessin représentant un portique classique, signé « Ed. Fatio – atelier Pascal », daté du 22 fév. 1893, et qui porte le timbre d’un contrôleur de l’Ecole.

Pendant son cursus, il y obtint deux médailles de Seconde classe et une médaille d’architecture au Salon des Artistes Français de 1898. En revanche, il ne passa jamais en première classe, contrairement à quelques-uns de ses compatriotes, comme Aloys Brémond ou Jean-Louis Cayla, entrés tous deux à

20 Ces dessins sont conservés aux AEG, Archives Privées 194, parmi les nombreux dessins du fonds Fatio, qui n’ont pas encore été classés. 21 El-Wakil, 1989, 246 s. : cette étape faisait parfois partie de l’apprentissage du métier d’architecte déjà à des périodes plus anciennes du siècle. 22 AEG, Archives Privées 194/H/10. Sous la signature « E Fatio 1891 » se trouve une indication faite au crayon, probablement à une date plus tardive par Fatio lui-même dans un mouvement de clarification autobiographique : « Apprenti au Bureau Gampert et Cayla ». 23 Nardin, 2005. Il s’agit du « château de Vessy », construit pour Antoine Martin. La maison dut être achevée entre 1883-1884. 24 Delaire, 2004 (1907), 258.

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l’école une dizaine d’années auparavant.25 Pourquoi cela ? Nous ne pouvons y répondre que par des hypothèses : manquait-il à notre architecte le talent pour y parvenir ? Peut-être au contraire le jeune Edmond Fatio fit-il un choix que la raison suivante avait influencé : tout l’enseignement de l’Ecole des Beaux-Arts tendait vers la réalisation d’immenses édifices d’une complexité extrême. L’enseignement était limité en ce qui concernait le logement individuel, surtout à partir de la première classe. Or en France, a fortiori en Suisse et à Genève, les possibilités d’application de projets aussi vastes étaient rarissimes.26 Ce furent peut-être des considérations pragmatiques qui présidèrent aux décisions de l’architecte. Il quitta donc l’école au moment où l’enseignement le conduisit vers une abstraction et une monumentalité qui ne lui étaient guère utiles.

3.3.1. Premiers éléments ; ornements

Parmi les exercices auxquels les élèves des Beaux-Arts étaient soumis, certains avaient pour objet la représentation de détails d’architecture, souvent classiques, mais parfois aussi médiévaux, dont le rendu devait être particulièrement soigné.

Dans les papiers non classés des œuvres de jeunesse aux AEG, on trouve aussi quelques façades médiévales romanes ou gothiques ainsi que des petits projets de décor : vases ou reliefs.

3.3.2. Composition architecturale

De ses débuts datent certains projets de composition relativement modestes, comme un chalet de 1893 ou une loge de gardien de 1894 :27 Ils étaient réalisés à l’encre et se déclinaient, sur une même feuille, en un plan, une vue, et une coupe.

Les épreuves mensuelles, autrement « concours d’émulation » (voir chapitre 4.1.) étaient un peu plus complexes. Les élèves pouvaient s’y soumettre à leur gré. Elles entretenaient leur esprit d’émulation, puisque seuls les meilleurs projets étaient

25 Delaire, 2004 (1907), 195 ; 207. Le premier entra à l’école en 1880 et fut admis en 1ère classe en 1882, tandis que Cayla entra en 1882 et passait à la classe supérieure en 1884. Brémond obtint même en 1886 le diplôme qui était si rarement donné au terme d’un cursus souvent interrompu par les étudiants. 26 Jacques, 1995, 189. L’auteur rappelle qu’en Europe seuls les quelques architectes occupant une charge officielle purent se servir de leur capacité conceptuelle dans de grandes compositions. D’autres trouvèrent un terrain propice dans le Nouveau Monde – ils émigrèrent en nombre, car ils y rencontraient une nette tendance au gigantisme que permettaient le jeune enthousiasme, les moyens et étendues immenses de ces jeunes pays. 27 AEG Archives Privées 194/H/12 et H/13.

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sélectionnés, leur donnant alors les crédits nécessaires pour passer en première classe puis obtenir leur diplôme.

On retiendra au milieu d’une foule de projets plus monumentaux une villa de 1894.28 En huit dessins, l’étudiant passe du stade de l’avant-projet, pendant laquelle il lance librement ses idées sur papier, à celui de rendu final, soigné à l’encre et rehaussé d’aquarelles. Si le plan est de nouveau très classique (symétrie axiale, stricte géométrie), Fatio traite ses façades dans un style régionaliste français qui est l’anglo-normand, à colombages et hautes toitures.

3.3.3. Premières commandes pendant la formation

Passant des années d’études heureuses à Paris,29 Fatio n’attendit pas la fin de l’enseignement reçu à l’Ecole des Beaux-Arts pour s’adonner à l’activité d’architecte. Quelques dessins de cette époque en témoignent: réalisés entre 1893 et 1898, ils sont signés et datés « Edmond Fatio, Architecte, Bellevue ». On compte dans ce groupe la première commande faite à Fatio, et que lui passa son frère Guillaume pour un chalet au Creux-de-Genthod, réalisé en 1893-1894 (Cat. 1). Puis viennent les deux chalets de Frédéric Boissonnas (Cat. 3) et de la mère de celui-ci, Mme Boissonnas-Pilet (Cat. 2), dès novembre 1896.30 Le chalet du Dr. Roussy (Cat. 4) ainsi qu’une très importante villa pour son oncle Henri Barbey à Tuxedo Park, NY, USA, sont construits dès août 1897.31 Enfin, on trouve des dessins de projets non exécutés.

Bien qu’il soit difficile de connaître les détails de ses allées et venues entre Genève à Paris, les plans, généralement signés de Bellevue, mais parfois aussi de Paris, nous permettent de penser que Fatio passait la moitié de l’année en Suisse et l’autre moitié en France. On constate en effet que les dessins faits à Bellevue sont datés des périodes allant de la fin du mois de juin à mi-novembre. Pour la propriété Boissonnas, l’avant-projet date du 8 novembre 1896, les projets définitifs de la fin du mois. Tous ces dessins sont signés et datés de Bellevue. Le dessin de portail fut fait à Bellevue le 28.06.1897. En revanche, lorsqu’il prévit pour son décor une chaise longue, le 29 novembre de la même année, il envoya le dessin de Paris. Le schéma se répéta dans le projet pour M. Roussy : signés et datés de Bellevue entre fin août

28 AEG, Archives Privées 194/H/14. 29 Voir à ce propos les photos du Scrap Book et la lettre de 1937 d’Ernest Herscher, ancien camarade de Fatio, qui se souvenait alors avec nostalgie du temps passé au sein de l’atelier Pascal (Annexe 2). 30 Et jusqu’en 1897. Seul un avant-projet, très légèrement modifié par la suite, est daté du 8 novembre 1896 ; les plans au sol et de façade définitifs ne portent aucune date. 31 AEG, Archives Privées 194/C/60.

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et début septembre 1897, ils furent faits à Paris le 18 novembre 1897. Enfin les projets Jacquet à Vallorbe32 (« Paris, le 24 nov. 1897 » et « Ed Fatio architecte 14 rue St-Guillaume ») ainsi que deux demandes d’autorisation de construire datant du 12 juin 1894, pour Mme Théodore de Saussure à Genthod et en son propre nom, furent rédigées à Bellevue.

Les longues périodes de vacances en Suisse étaient, comme nous l’avons vu, fort studieuses et permettaient de mettre en pratique les enseignements reçus pendant la formation à l’Ecole. L’étudiant rejoignait ensuite, dans le courant du mois de novembre, son « home à Paris ».33 Il ne lui était donc pas possible de superviser les chantiers des projets d’été, ou seulement en partie, comme ce fut probablement le cas du chalet de son frère, dont la construction fut prise en charge par l’entrepreneur grison Kuoni (on trouve ses timbres datés de septembre et octobre).

3.4. Carrière genevoise

Dès l’été 1898, le nom d’Edmond Fatio disparut des répertoires de l’école parisienne.34 Il rentra en Suisse. C’est à ce moment, d’après Paul Naville, qu’il ouvrit son bureau à Genève. C’est également à l’été 1898 (4 août) qu’il épousa Emilie Naville au Petit Malagny. En fait, le jeune homme, désargenté, vivait et travaillait au Petit-Malagny (Genthod), chez ses beaux-parents, M. et Mme Henri Naville.35 Le couple y resta d’ailleurs quelques années36. Quarante ans plus tard, à l’occasion de ses Noces d’Or, c’est encore dans l’ancienne maison paternelle qu’il fut accueilli par ses neveux pour une fête dont on conserve de touchants clichés.37

A peine installé en Suisse, Fatio reçut des commandes. Par exemple, celle du Dr. Kummer dont un rendu aquarellé (8 décembre 1898) montre le beau chantier38.

32 AEG, Archives Privées : documents non classés. 33 « Scrap Book » de Fatio, Archives Privées, Genève. On voit dans cet album plusieurs photos de l’appartement que Fatio partageait avec des amis étudiants, pendant la durée de ses étudies aux Beaux-Arts. L’adresse est indiquée. Sur les murs sont affichés des dessins architecturaux, dont on reconnaît certains encore conservés dans le fonds Fatio des AEG. 34 Delaire, 2004 (1907), 258. 35 Naville, 1960, 22. Le jeune aurait ouvert son bureau « dès son retour » - entendre « de Paris ». Or celui-ci n’est inscrit à l’annuaire de la commune de Genève, rue François-Diday qu’à partir de 1900. 36 BPU, département des manuscrits, Arch. de Saussure 391, f. 229 ss. 37 Livre d’Or du mariage d’Edmond Fatio et d’Emilie Naville le 4 août 1898, Archives Privées. 38 Archives Privées 194/A/81 : façade Sud, signée et datée « Genève 8 décembre 1898 Edmond Fatio ».

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Le même jour, un dessin de la maison du colonel Rigaud à Bellevue, qui est une construction antérieure, sortait de ce bureau pour la marquise.39 Il sera suivi de bien d’autres encore.

La belle carrière qui débuta alors fut encouragée par les circonstances dont nous allons détailler.

3.4.1. Fatio et la fortune du Village Suisse de l’Exposition nationale (1896)

Un événement contribua en effet à attirer l’attention sur le jeune architecte: le Village suisse de l’exposition de 1896. Celui-ci fut conçu comme événement accessoire à la foire de bétail mais devint finalement l’une des principales attractions de la manifestation. On recensa environ 1'100'000 visiteurs en quelques mois d’activité !40

Encore novice, Fatio avait publié en 1895 le projet d’une maison ouvrière en forme de chalet41. La publication intéressa Charles Henneberg au point qu’il fit appel au jeune homme lorsqu’il constitua, le 19 février de la même année, la Commission du Village Suisse.42 Celle-ci s’attela vite à la tâche : le résultat en fut un impressionnant village miniature, immergé dans un cadre naturel fait d’une montagne avec cascade et rivière, de rochers, de pâturages plantés d’herbes et d’arbres, représentant tout un « paysage alpestre » selon les termes de l’auteur du Rapport administratif.43

Il est difficile dans l’état actuel de la recherche de déterminer quelle fut exactement l’activité de Fatio. En revanche, d’après l’échelonnement documenté des activités, on peut supposer qu’il participa à la construction des carcasses de bâtiments, suivant probablement la plupart des phases de construction, du moins pour certaines zones du Village. La technique utilisée était la suivante : on construisait d’abord la structure de tous les édifices en bois (phase 1, juin-juillet 1895). Puis on s’appliquait aux parties visibles, qui furent réalisées en bois ancien et grâce à des décors de staff moulés directement sur les modèles (phase 2, août-octobre 1895 pour les deuxième et troisième groupes de maisons, rassemblant les maisons bernoises et valaisannes ; les autres maisons ne furent réalisées qu’à partir d’octobre).

39 Archives Privées 194/A/85. 40 Crettaz/ Michaelis, 1984, 67. 41 Ruchi/ Huber, 1998, Edmond Fatio. 42 Mayor/ Genoud/ Baud-Bovy/ de Vevey, 1896, voir l’avant-propos : La Commission du Village Suisse. 43 Cité in : Crettaz/ Michaelis, 1984, 84.

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Comme le notent Crettaz et Michaelis dans leur Suisse miniature ou les grandeurs de la petitesse, les critères de sélection des édifices à transporter ou à copier dans le Village Suisse se calquèrent sur les notions d’« authentique » et de « pittoresque ». Bien qu’on voulût représenter toutes les grandes « régions » du pays, on mit cependant l’accent sur celles qui « du moins [étaient] aimées déjà des étrangers et des genevois ». De même, on ne se concentra point sur les zones de grande importance historique. Les conditions de « sélections » des édifices étaient qu’ils aient « au moins cent ans d’âge » et « les signes essentiels (…) pour valoriser la fonction éphémère qui lui [était] propre, celle d’être un ‘clou’, une ‘attraction’ pour l’Exposition tout entière… ».44

Ainsi, le Village Suisse fut pour Fatio l’occasion de parfaire sa connaissance de la construction vernaculaire. Mais il lui donna aussi la possibilité de se faire connaître en tant que constructeur. Manifestement, on en retint surtout l’aspect montagnard. En effet, les deux commandes faites à l’architecte en lien direct avec cette manifestation furent des chalets (Frédéric Boissonnas, Sophie Boissonnas-Pilet). Edmond Fatio avait sans doute rencontré le photographe Frédéric Boissonnas sur le site de l’Exposition. Celui-ci y avait fait installer un pavillon dans lequel il exposait ses clichés – qui eurent d’ailleurs un succès non moins grand que l’Exposition, son Village et ses chalets.

3.4.2. Les cercles de la conservation du patrimoine et le Heimatschutz

Parallèlement à cet instrument populaire de promotion de l’habitat traditionnel, naquit un important mouvement de réaction contre l’« enlaidissement » de la Suisse. On y avait à cœur de préserver la mémoire architecturale du pays autant que son cadre naturel. Avant d’être institutionnalisé, ce mouvement ne constituait guère encore que les « ferments » de ce qui allait devenir plus tard le « consensus autour d’un lieu commun ».45 Il se faisait jour à travers des actions ponctuelles et médiatisées à grands cris de sauvetage d’édifices auxquels leurs défenseurs attribuaient une importance historique. À Genève, Edmond et son frère Guillaume furent parmi les premiers à s’insurger contre les destructions. L’exemple le plus fameux reste la tour de l’ancien château épiscopal de l’Île. Le combat, resté

44 Crettaz/ Michaelis, 1986, 88-96. 45 D’après le titre d’un chapitre de l’ouvrage de Mme Le Dinh, 1992.

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mémorable pour la famille d’Edmond,46 porta ses fruits et permit à l’architecte lui- même de rehausser l’édifice (1898).47

Dès lors, le jeune homme participa, aux côtés de son frère, à la fondation, en 1901, de la première association de sauvegarde du patrimoine en Suisse : la Société de l’Art Public genevoise.48 Il en occupa plus tard le siège de président et fut jury lors de concours organisés pour la création d’une architecture locale de qualité.49 Nul doute qu’il suivît ensuite de près l’évolution du mouvement au niveau national, grâce à Guillaume qui fut l’un des signataires du Heimatschutz :50 Edmond devint d’ailleurs membre de son comité central.

La vie associative d’Edmond Fatio fut active autant dans les fédérations d’architectes (président central de la F.A.S. ou B.S.A. depuis 1907 puis de la section genevoise de la S.I.A. dès 1908), que dans les sociétés de promotion de la culture locale (président des Lieux de Genève, membre de la Classe des Beaux-Arts, dont Emilie fut présidente, membre du Comité des amis du Musée d’art et d’histoire de Genève, de la Société genevoise pour l’amélioration du logement). Mais l’implication d’Edmond Fatio dans la conservation du patrimoine local ne se borna pas à ses participations dans les sociétés de protection. Il accumula en effet de nombreux mandats de restauration, de modernisation ou d’expert.51

3.4.3. Les familles patriciennes

Ses cercles - familial et social - aidèrent beaucoup Edmond Fatio dans sa carrière. Le premier à lui passer commande fut son frère Guillaume. Edmond devint après cela l’architecte attitré de sa famille (sa belle-sœur Marguerite-Hélène, encore deux fois pour des constructions, son frère Paul pour la restauration de la maison

46 À son mariage, son frère Henry lut des vers amusants, qui furent scrupuleusement consignés dans un Livre d’Or, Archives Privées. « Que se passe-t-il donc ?… On court et l’on s’agite ; - Le peuple est en émoi. Allons, répondez vite ! – (…) On parlerait de son trépas ! – Ses jours sont en danger à notre Tour de l’Ile, Ce bijou, ce joyau qui pare notre ville ; Elle est prise d’un mal – Tout à fait anormal – Chez aussi vieille côque…. – Qu’à donc cette bicoque ? … La folie des grandeurs, - Nous déclarent les docteurs. – Maintenant que partout dans mon vieux Genève, - Palais, clochers, ponts neufs, jets d’eau l’on nous élève, - Il me faut aussi relever le front, - Dit-elle, et ne pas subir cet affront – D’être par tous mes voisins dépassée ; - Les ans ne m’ont point encore tant cassée. ». 47 Barbey (et al.), 1982, 388. Il s’agissait de ne pas le laisser écraser par un immeuble à construire autour, qui fut d’ailleurs critiqué pour son langage prétentieux. 48 Crettaz-Stürzel, 2005, 98. Voir aussi les articles nécrologiques. 49 Barbey (et al.), 1982, 301. 50 Le Dinh, 1992, Annexe 3, 126. 51 On mentionnera à ce titre un rapport conservé de sa main, motivant son avis pour la conservation ou non du château de Dardagny. En l’occurrence, il décida que l’ouvrage n’avait pas grande valeur architecturale et qu’il ne méritait pas une attention particulière. AEG, Archives Privées 194/E/24.

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familiale, son oncle comme nous l’avons vu, ses cousins Barbey et Norrie) puis de sa belle-famille (de Saussure, Naville, Bates), et enfin de nombreuses vieilles familles genevoises amies.

3.5. Bureau d’architecture genevois En 1900, Edmond Fatio installa un premier bureau en ville, à la rue François- Diday.52 Dès 1910, il déménagea au 5, rue de la Tertasse, où il travaillera jusqu’à la fin de ses jours.

En raison de sa production colossale (environ 32'000 documents sont conservés dans le fonds, dont une grande majorité de dessins de sa main), on peut se demander si, le succès venant, Fatio forma autour de lui un véritable atelier. Pour l’heure, rien dans le fonds ne permet de l’affirmer. Les graphies observées dans les titres des dessins répondent à divers styles. Pourtant elles comportent toutes la signature de l’architecte qui apposait ainsi son identité avec une surprenante régularité.53 Le style du dessin architectural, quant à lui, évolue peu : solide, sobre, régulier, il est parfaitement reconnaissable jusque dans les années 50, où se produit une modification dans le sens d’une plus grande finesse, explicable probablement par sa collaboration tardive avec le jeune architecte André Rivoire.54 Après avoir exercé en Norvège, celui-ci fut appelé à travailler pendant quelques années chez Fatio, qui lui laissera son bureau et, comme nous l’avons vu, ses dessins d’architecture. Si nous avons peu documenté cette collaboration qui n’entrait pas dans le cadre du présent mémoire, nous avons constaté cependant, ici et là, que plusieurs projets furent signés conjointement par l’aîné et son cadet.55

Il a été dit qu’Arnold Hoechel avait été stagiaire chez Fatio, au moment où il participa au concours d’architecture locale de 1910.56 Malheureusement, rien ne permet de confirmer cette information. Du moins la trace d’Hoechel n’est-elle pas visible dans les documents du fonds que nous avons parcourus.

52 Annuaire genevois de l’année 1900. 53 Il suffit de constater à ce propos que les dessins d’autres architectes ne sont de loin pas tous signés comme ceux de Fatio. 54 À noter que le papier utiliser est, lui aussi, dès lors différent. 55 Projet de restauration de l’ancienne maison Aubert, à Céligny, pour M. de Charmant en 1950-1951. AEG, Archives Privées 194/B/37. 56 Barbey (et al.), 1982, 301.

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Mentionnons enfin sa coopération avec l’Ecole des Beaux-Arts de Genève. S’il n’y enseigna jamais - Le dépouillement des archives de cette institution montre qu’il ne fut jamais nommé professeur - il fut, en revanche, pendant quelques années membre de sa Commission, chargée notamment de juger les examens de fin d’année.57

57 On trouve son nom mentionné de 1918-1919 à 1923-1924 pour les examens projection, perspective, architecture, ornement, histoire de l’art et celui de la classe préparatoire B. Rapports [Ecole d’Horlogerie ; Ecole supérieure de Commerce ; Ecole des Beaux-Arts ; Académie Professionnelle] 1915-1926, AEG 1992 va 32 volume 32.61

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4. Crise de la production architecturale suisse en 1890

Dans les années 1890, on assista en Suisse à un mouvement de lassitude à l’égard des modes constructifs du siècle finissant, en particulier dans le domaine de la maison individuelle. Le jeu sempiternel des historicismes et de leur hybridation, la dévotion à l’égard de la tradition savante passèrent sous un feu toujours plus nourri de critiques. Relayant ce dégoût, des tendances nationalistes aspiraient, elles aussi, à l’abandon de veines nées et développées au-delà des frontières.

Enfin, le traitement prioritaire de la forme sembla à d’aucuns le signe d’une méthode architecturale erronée, puisqu’elle ne favorisait pas une mise à jour tenant compte des modes de vie en évolution constante et de plus en plus rapide.

Pour rendre correctement compte de la situation formelle, nous allons donc présenter les principes et les typologies enseignées dans le cœur idéologique de la famille classique et conservatrice, l’Ecole des Beaux-Arts. Ensuite, nous ferons une incursion dans les modes alternatifs qui s’opposèrent à celle-ci, puis nous aborderons la situation telle qu’elle se présentait en pratique en Suisse.

4.1. Ecole des Beaux-Arts de Paris : impérialisme de l’abstraction

Comptant parmi ses rangs des élèves du monde entier, l’Ecole des Beaux-Arts de Paris était le moyen privilégié de la diffusion internationale des principes et des langages architecturaux français. Le renom de l’Ecole, ainsi que les faveurs dont jouissait l’architecture française aux yeux du monde, attirait à elle de nombreux Suisses, le plus souvent issus de l’Ouest du pays.58 En effet, la Suisse romande entretenait d’étroites relations avec les Beaux-Arts de Paris. Ce climat d’entente achevait de rendre la formation en architecture prestigieuse et attirante. Il n’était donc pas étonnant de voir grandir, au fil des années, le flot des étudiants suisses désireux d’y recevoir un enseignement théorique.

58 En 1907, Delaire, indique que le nombre d’anciens élèves résidant en Suisse est très élevé : 82 anciens élèves y sont installés, formant la deuxième communauté après les Américains (170) et devant les Roumains (20) !. Parmi eux, environ 3/4 de Romands (61) et 1/4 d’Alémaniques. La communauté la plus importante d’anciens élèves se trouve à Genève, totalisant plus du quart du nombre total (24). David de Penanrun/ Roux/ Delaire, 2004 (1907), 468 et Jacques 1995, 185.

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L’enseignement de l’Ecole des Beaux-Arts se basait avant tout sur la pratique du dessin, en particulier sur la composition : l’agencement des différentes parties du bâtiment, grâce aux supports traditionnels que sont le plan, la coupe et l’élévation, de façon à rendre compte du tout devant former un ensemble harmonieux. 59

L’organisation du cursus était bipartite. La première partie consistait à trouver une place au sein de l’un des ateliers dirigés par des professeurs. C'est là que l’élève recevait en quelque sorte sa formation « pratique ». Parallèlement aux ateliers, l’école dispensait des cours théoriques, complétés par des examens mensuels, dont les fameux concours d’émulation ainsi que des concours privés, destinés à évaluer l’habileté acquise dans l’atelier.

Après quelques années, l’élève passait de la seconde à la première classe. Si les modalités de l’enseignement n’y changeaient pas fondamentalement, les programmes de concours devenaient plus complexes. On exigeait de l’étudiant une grande capacité d’abstraction et de projection.

Le point d’orgue de ces longues études était le fameux concours pour le Prix de Rome, ou Grand Prix, compétition d’une grande difficulté technique, exigeant un projet grandiose dans lequel seuls les meilleurs techniciens s’aventuraient. Le simple fait d’avoir participé à cette délicate épreuve était considéré à l’égal d’un diplôme par les participants, appelés logistes.60 Puisque le « Grand Prix » représentait l’exercice suprême couronnant de longues années d’apprentissage, le programme qui le composait se devait d’en exprimer aussi bien la difficulté que l’importance. Les projets qui étaient soumis aux logistes avaient toujours pour objet de grands édifices publics, tels que des banques, des palais, etc.

Un projet sort du lot parmi les Grands Prix du XIXe siècle. Il fut dessiné en 1866 par Jean-Louis Pascal, plus tard maître d’Edmond Fatio. Non seulement, le programme en est, une fois n’est pas coutume, un édifice privé – certes de très grande taille : il s’agissait d’un vaste projet de triple hôtel particulier - mais

59 Van Zanten, in : Drexler, 1975, 112. 60 D’après la loge, nom du local où, enfermés, ils devaient passer l’épreuve. À noter que celle-ci était réservée aux étudiants français.

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encore l’articulation des parties de l’édifice montre une souplesse tout à fait remarquable dans la résolution des problèmes posés (cf. ill. 3).61

Cependant, cet élève spécialement talentueux y ordonnait une immense composition selon les règles classiques du développement symétrique axial. Ce principe avait été et devait être encore appliqué avec une inéluctable régularité.62 Quant à l’élévation, elle ne se départait pas du vocabulaire classique, enseigné dès les premiers temps d’études,63 et que les lauréats répétaient à l’envi.

Encore une fois, la « consécration » que représentait la participation au Grand Prix ainsi que la renommée qu’acquérait celui qui y avait pris part conduisit non seulement à la conservation méticuleusement de la quasi-totalité des projets présentés au concours, mais aussi à leur publication, par l’Ecole elle-même ou par des éditeurs privés.64 On retrouve donc, dans le style qui s’en dégage, un modèle parfait du courant le plus conservateur de l’architecture française de leurs époques.

À vrai dire, le Prix de Rome était décerné par un jury qui n’était pas composé de professeurs, mais des membres de l’Académie. Leur orientation, si elle donnait le ton, était néanmoins particulièrement classique et conservatrice. L’étude des autres concours proposés à l’Ecole (Achille Leclère, Chaudesaignes, Godeboeuf, American Architects, etc.) donne, quant à elle, une meilleure idée de l’enseignement courant.65 Celui-ci était plus ouvert, notamment du point de vue typologique.

Les sujets relevaient certes, en grande majorité, du « domaine des aménagements et embellissements urbains » et des « bâtiments publics », qui

61 Les Grands Prix de Rome d’architecture de 1850 à 1900, 1900, 3 et pl. 306-310. Voir aussi Van Zanten, in : Drexler, 1975, 251. 62 Guadet, dans son traité écrit à l’attention des étudiants de l’Ecole dont il était professeur n’écrit-il pas à une date aussi tardive que 1901 que « Symmetry with, however, variety ought generally to be sought ». Quant aux axes, ils forment les « clefs de la composition ». Parmi les Prix de Rome, le premier à montrer une entorse à cette règle est celui d’une église votive dessinée par Duquesne en 1897. Egbert, 1980, 113. 63 Nous l’avons constaté au dépouillement des œuvres de jeunesse dessinées à l’Ecole par Fatio : les projets classiques y sont légion, parfois monumentaux, prolongeant le goût pour les alignement de colonnes que l’on ne cessa pas d’admirer depuis le début du XIXe siècle. Voir notamment AEG, Archives Privées 194/H/11 64 Egbert, 1980, 88 et 164 ss. 65 Jacques, in : Middleton, 1982, 62.

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exprimaient mieux l’esprit « mégalomane » de la capitale vers laquelle toutes les attentions sont tournées. Cependant, les bâtiments privés y trouvaient tout de même une modeste place, en particulier dans l’enseignement de la seconde classe. Encore une fois, il s’agissait généralement d’assez importants édifices prévus pour une classe privilégiée : « édifices luxueux, hôtels de campagne, propriétés de plaisance à la campagne, maisons de grands collectionneurs et pavillons de chasse ».66

Ce caractère élitiste de l’Ecole devait naturellement orienter l’enseignement vers la construction des monuments civils ou des habitations de la classe la plus aisée. L’école et les bains y trouvaient aussi une place confortable, tandis que les édifices nouveaux (serres, grands magasins, manufactures) ou destinés spécifiquement à la classe moyenne ou ouvrière (villas, logement social) intéressaient peu ou prou. De plus, la logique de l’Ecole était essentiellement formaliste. Il en découlait une absence marquante d’attention, d’une part, à l’égard des matériaux ou technologies nouveaux,67 d’autre part, à l’aménagement d’un cadre respectant mieux les conditions de vie.

Edmond Fatio, lors de son passage en seconde classe des Beaux-Arts de Paris (nous rappelons qu’il n’a pas fréquenté la première classe), se pencha sur l’étude de cette catégorie moins nombreuse que représentaient les petites constructions privées. En témoigne la conservation des documents que l’architecte a réalisés à l’occasion des « concours d’émulation mensuels », notamment. Dès le début de ses études, en 1893, il dessina en effet un chalet, puis, l’année suivante, une dépendance et enfin une villa.68 Si la dépendance est une petite maison, elle est néanmoins rattachée, idéalement, à une grande propriété dont on voit le mur d’enceinte. Les deux autres, en revanche, sont des interprétations typiques, dans deux styles différents, de ce genre de la villa pour la classe moyenne dont les villes européennes étaient si abondamment pourvues en ces années. Elles prouvent en tout cas qu’à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, on s’intéressait aussi,

66 Jacques, in : Middleton, 1982, 62. 67 C’est ce qui explique qu’une réforme ait été demandée par Laloux, en 1917, pour inclure dans le programme d’enseignement de nouveaux cours sur l’électricité, le chauffage et la ventilation, l’hygiène dans l’habitat, théorie de l’urbanisme, utilisation de béton armé, Egbert, 1980, 69. 68 AEG Archives Privées 194/H/12, 194/H/13, 194/H/14.

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bien qu’assez rarement et pas du point de vue théorique, à cette nouvelle forme de développement urbain qu’était la cité-jardin.

4.2. Pittoresque et historicismes européens

Entre 1800 et 1850, deux tendances s’affrontèrent en Europe : d’une part le Néo- classicisme, dominant la période autour de 1800 et restant à la mode pendant encore quelques décennies, d’autre part les modes découlant du « Pittoresque ». Si le premier est à proprement parler un style, possédant une syntaxe et un vocabulaire définis sur la base de modèles antiques, le Pittoresque n’est rien de comparable. Au contraire, il s’agit plutôt d’un point de vue,69 d’un type de sensibilité. Ce goût du Pittoresque contribua, à son tour, à la formation de langages architecturaux se posant en alternatives au style grec. Plus tard, dès le milieu du siècle, il eut aussi une prise directe sur le Néo-classicisme, en favorisant la création d’hybrides dont les descendants se trouvent jusqu’à la période qui nous intéresse.

Le terme « Pittoresque » était à l’origine utilisé pour définir en peinture ce qui évoquait le genre historique. Puis son sens fut modifié par des théoriciens anglais, au XVIIIe siècle, pour lui donner une valeur à la fois plus précise et la portée plus générale d’un concept esthétique permettant de l’appliquer à l’analyse de « toute expérience de la nature ». Le Pittoresque se définit par les caractéristiques suivantes : « complexité, variété de forme et de disposition, rudesse, variation des textures et du jeu d’ombre et de lumière ainsi qu’irrégularité ».70 Dans le domaine de l’architecture, il eut « un effet dissolvant et, par la suite, destructif, sur le style du Classicisme romantique ». Les premiers modes architecturaux que suscita le Pittoresque s’opposaient en effet entièrement aux principes classiques notamment par leur recherche du contraste. Ils furent particulièrement mis en œuvre dans l’édification de demeures de campagne. Style crénelé, villa italienne asymétrique, style Baronial écossais furent des créations pittoresques datant des deux premières décennies du siècle et qui jouirent d’une immense fortune jusqu’au début du XXe siècle. Ces

69 Hitchcock 1981 (1958), 147, se basant sur l’ouvrage de Christopher HUSSEY, Picturesque : Studies in a Point of View, Londres/ New York, G.P. Putnam's Sons, 1927. 70 Dixon Hunt, in : Turner, 1992, 741 s.

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modes stylistiques interprétaient, chacun à sa manière, la sensibilité du Pittoresque : par un agencement asymétrique des masses, un abandon de l’axe central ou du moins par le déséquilibrage de la symétrie autour de cet axe, par l’utilisation d’un appareil rustique, irrégulier, la présence de tours formant pivot des compositions, la multiplication des formes de baies, etc.

Dès son apparition dans le courant du XVIIIe siècle, le renouveau gothique répondit bien à ces principes. Il y resta généralement fidèle jusqu’à la fin de sa vogue, bien qu’il mêlât parfois le détail pittoresque à une composition généralement classique.71

Enfin, deux types de maisons individuelles dérivant du goût Pittoresque eurent une descendance plus abondante dans le paysage architectural suisse : d’une part, le Chalet suisse et, d’autre part, le Cottage anglais. La vogue de ces deux types de constructions naquit de ce qu’elles combinaient dans un tout la variété et les contrastes lumineux des façades, la rusticité des matériaux et la rugosité des surfaces.

Le chalet a pour berceau d’origine les Alpes d’Europe centrale, où il constituait jusqu’au XXe siècle l’habitat vernaculaire. Dès son utilisation par Rousseau comme topos d’un de ses plus fameux romans (la Nouvelle Héloïse, 1761), il devint dans les milieux lettrés d’Europe l’un des principaux éléments de référence au monde idéal des montagnes. Le terrain fut ainsi préparé pour sa propagation en tant qu’édifice moderne. Selon une hypothèse plus ancienne, l’Allemagne aurait servi de médiateur avant la reprise du type sur sol helvétique.72 Cependant, la présence documentée d’édifices de ce genre dès la fin du XVIIIe siècle près de Bâle puis dès le début du siècle suivant à Genève porteraient plutôt à croire que les Suisses eux-mêmes en construisirent dès l’origine de cette mode. Dès lors, le chalet était promis à une fortune immense, dont l’ampleur n’allait pas toujours être en sa faveur auprès des critiques.

Quant au Cottage, ses origines, en tant que maison du modeste propriétaire terrien d’Angleterre, remonte à la fin du Moyen-Âge. Toutefois, c’est à la mode pittoresque que l’on doit « l’imitation, pour des demeures de taille assez

71 Hitchcock, 1981 (1958), 148-154. 72 Hitchcock, 1981 (1958), 173.

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considérable, des modèles rustiques… », de telle sorte que la « hiérarchie des types de constructions résidentielles fut inversée d’une manière rousseauiste »73, d’où son utilisation par des architectes savants. À cet égard, mentionnons les exemples précoces des cottages de Blaise Hamlet par l’illustre architecte John Nash (commandés en 1809) 74 suivis de près par la première application du mode à une demeure d’importance – et même aristocratique –, Endsleigh, résidence du duc de Bedford par Wyattville (1810).75

Le style Cottage connut, dans son pays d’origine, une fortune considérable dont on peut attribuer la large diffusion à la publication de J.C. Loudon. A partir des années 1830, Celui-ci constitua un catalogue, sorte d’encyclopédie du pavillon de campagne pittoresque, en y incluant de nombreux édifices de type Cottage.76

Tout premier exemple de Régionalisme dans l’histoire de l’architecture européenne, son inspiration était, comme nous l’avons vu, rurale. Cette attention donnée aux traditions locales fut continuée dans le même pays par l’apparition, dès les années 1860, d’un style nommé Queen Anne ou de ce que l’on a appelé plus vaguement Old English Style. S’écartant parfois du modèle de la maison du paysan, ces constructions présentaient des atours « évoquant les modestes manoirs en briques rouges érigés du temps de la reine Anne »77 ou simplement plus librement l’ancienne « campagne anglaise ».78

Enfin, peut-être est-il possible d’affirmer que les hybridations que l’on a nommées, de façon un peu vague et à défaut de mieux, « éclectisme(s)79 » sont, elles aussi nées sous l’impulsion du goût pittoresque pour la variété. En effet, celui-ci ne déconsidérait pas le mélange des genres, sources de contrastes et d’étonnement. Les styles Second Empire et le Beaux-Arts subséquent, en France et tels qu’ils furent adoptés en Europe, n’auraient pas été envisageables en

73 Hitchcock, 1981 (1958), 371 s. 74 Hitchcock, 1981 (1958), 147. Il s’agissait d’une série de petites maisons destinées à loger les employés du commanditaire à leur retraite. 75 Andrew SAINT, in : Monuments historiques, 1993, 13. Beaucoup plus tard, le style servit même à édifier une demeure royale, Sandrigham House (1862), pour le fils de la reine Victoria. Fröhlich, in : Crettaz-Stürzel, 2005, 10. 76 Loudon, 2000 (1833, 1847). 77 Hitchcock, 1983 (1958), 307. C’est l’architecture du début du XVIIIe siècle, sur les îles britanniques et dans les colonies américaines. 78 Andrew SAINT, in : in : Monuments historiques, 1993, 15. 79 Hitchcock, 1981 (1958), 373.

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l’absence d’un goût pittoresque conduisant à la « dissolution » des principes appartenant aux historicismes.

4.3. Architecture de villa en Suisse en 1890

Pour se rendre compte de la situation des construction de villas en Suisse dans la dernière décennie du XIXe siècle, nous nous sommes principalement inspirés, en l’absence d’ouvrage de synthèse sur la question, de la revue Schweizerische Bauzeitung et de quelques exemples genevois rencontrés autant dans le fonds Fatio que dans des inventaires d’architecture local.

Un tour d’horizon montre que vers 1890, les tendances de la construction de villa passent par tout l’éventail de l’historicisme européen. Cette situation, qui reflète l’état de la construction en Europe, est peut-être liée à la fin de l’influence du Pittoresque sur l’architecture. Dissolvant les canons classiques (en l’occurrence, à cette époque, néo-classiques), il pousse à s’intéresser à autre chose. Cependant, n’étant qu’un point de vue, il ne constituait pas, par lui-même, un système de formes nouvelles. Il réutilisait, au contraire, les systèmes du passé en les « revisitant » à sa guise.

Les modes « médiévalisants » sont représentés représentatifs. D’abord par le style crénelé, qui est souvent dit « gothique », mais ne tire du Moyen-Âge qu’une inspiration vague de la forteresse de cette époque. Ce style eut des avatars dans l’ensemble de la Suisse. En effet, des châteaux immenses ou plus modestes, avec leurs tourelles et leur appareil massif, construits de part et d’autre de la barrière linguistique,80 témoignent de la reprise du style. Ils sont cependant abâtardis par la présence de nombreux motifs exogènes. Le très tardif château de Pradegg-sur-Sierre (Chabloz, 1906-1909)81 en est une des illustrations en Suisse romande.

Des motifs réellement gothiques apparaissent cependant : dans une création très libre au château El-Masr de Cologny (Bourrit et Simmler, 1883-1884),82 ou

80 Voir p. ex. le château de Wart bei Neftenbach (ZH), dont la construction est relatée dans la Schweizerische Bauzeitung, 1894, vol. 1. 81 Baudin, 1909, 202-211 ; Crettaz-Stürzel, 2005, vol. II, 355. 82 El-Wakil, 1994, 78.

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saupoudrés sur des façades sans plus de volonté « archéologique », en les juxtaposant à des éléments d’autre origine (souvent de la Renaissance).

Les modes de la Renaissance tardive ou du début de l’Âge baroque étaient, eux aussi, à l’honneur. Outre-Sarine, on trouve des références aux maisons bourgeoises du centre et du Nord de l’Europe, avec leurs pignons à volutes ou gradins.83 Mais on trouve aussi des modèles français de cette époque, particulièrement à Genève. La vogue Henri IV, dont on reconnaît l’appareil en brique à nombreuses chaînes de pierre et la pente toujours abrupte des toits d’ardoises, est plusieurs fois interprétée par Jacques-Elysée Goss, avec une certaine retenue (Villa Mottier, Florissant, 1896),84 ou, au contraire, dans une manière particulièrement extravagante (Villa Rouge, Chambésy, 1884).85 Enfin, la villa asymétrique à l’italienne connaît une sorte d’été indien aussi tard qu’en 1897, où l’on voit se profiler la tour d’angle carrée, la toiture plate et les motifs classiques de la villa Corbaz-Corthay, à Plan-les-Ouates.86

Le plus tardif « Néo-baroque », créé en France à partir du milieu du XIXe siècle et que l’on appela vite Napoléon III dans le monde entier, eut probablement ses adeptes à Genève. C’est ce que rapporte André Lambert qui décrit ces maisons imitant la campagne du XVIIIe siècle, mais avec plus de plasticité, une surcharge de décor, et surtout moins de « distinction ».87 D’après des exemples certes plus anciens, on voit que le décor si riche promu par les modèles admirés du Louvre et de l’Opéra à Paris, avait pénétré en Suisse romande : le château de Pregny (1858) en forme peut-être les prémices88, confirmées par les maisons de maîtres de la Gandole, à Genthod (1879),89 et Martin à Vessy (commencée en 1880). Ces dernières montrent toutefois, sur un plan asymétrique à tourelles et hautes toitures, un décor plus tempéré90.

83 Villa Schindler-Huber, Zurich, publiée in : Schweizerische Bauzeitung, 1902, vol. I. 84 Les plans se trouvent de nouveau dans le fonds Fatio, AEG, Archives Privées 194/A/16. 85 El-Wakil, 1994, 78. 86 Barbey (et al.), 1975, 326. 87 Lambert, 1903 in : Schweizerische Bauzeitung, vol. I, p. 10. 88 Barbey (et al.), 1975, 375. Mais nous ne sommes pas certain d’aller jusqu’au point de considérer qu’il s’agit d’une œuvre vraiment Napoléon III, comme le suggèrent les auteurs : si l’épiderme est assez fleuri, et qu’il y a une belle saillie centrale, pour le reste plan, masses et surtout profil restent d’un style presque classique. 89 Les plans en sont conservés dans le fonds Fatio des AEG, Archives Privées 194/D/91. 90 Voir n. plus haut.

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La fidélité aux modèles historiques, en Suisse comme en Europe, passa de mode progressivement à partir du milieu du XIXe siècle. Elle avait laissé place à des composition hétéroclites où l’étonnement suscité par la présence d’éléments contrastants et la juxtaposition de motifs tirés de « corpus de références » distincts91 fut préféré aux compositions homogènes et régulières.

Les architectes de la villa Nabholz-von Grabow, (Stadler & Usteri, parc Belvoir, Zurich, 1898), comme ce dut être le cas de leurs contemporains, ne cachèrent d’ailleurs aucunement leur intention décorative et fantaisiste dans ce joyeux mélange.92

Nous voyons donc non seulement que la Suisse en général mais Genève en particulier accueillirent sur leur sol les vogues nées de l’éclectisme européen de la seconde moitié du XIXe siècle et que des réalisations furent faites, dans le domaine de la villa ou de la demeure de campagne, jusque dans les dernières années du siècle. Ces répertoires, jouant sur une vaste gamme de modèles du passé, les combinaient à l’infini et avec une grande liberté, cherchant généralement des effets de contrastes et de richesse des formes et des couleurs.

Un tel foisonnement eut son contrecoup. Les années 1890 virent naître un mouvement de réaction hostile, nourri de l’impression de diktat formel qu’imposaient comme un numerus clausus les modèles anciens.

91 Lüthi, 2004, 61. 92 Schweizerische Bauzeitung, 1898, vol. 1, 21 s.: ils affirment en effet n’avoir fait preuve de « [kein] Anspruch auf korrekte und stilgerechte Durchführung ».

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5. Vers le renouveau de l’architecture suisse

À l’argument purement artistique et formel, dont la faiblesse était évidemment son caractère subjectif, les détracteurs de l’architecture historiciste et pittoresque - venant en particulier des milieux intellectuels93 - ajoutèrent des critiques d’ordre rationaliste, fonctionnaliste ou même politique et moral.

Tous étaient las des formes qui avaient cours. Cependant, le renouveau emprunta deux voies différentes : le dessein des uns visait au développement de formes originales par le refus de la reprise des canons classiques, gothiques, romans, baroques, etc. Apparaissant un peu plus tard, celui des autres était la recherche d’une forme d’architecture rejetant les hybridations du Pittoresque pour retrouver la sobriété et la pureté du Classicisme.

Parmi les formes nouvelles qui émergèrent de ces mouvements réactionnaires, l’une d’elles se dégagea nettement : le nationalisme artistique ou « Régionalisme ». Ce courant se voulait l’héritier d’une tradition « nationale » suisse. Quoique le terme « Régionalisme » puisse prêter à confusion, et qu’il fût l’objet d’une épineuse controverse sur laquelle nous reviendrons plus loin, il marquait une claire volonté de rupture avec les courants cosmopolites, en particulier paneuropéens.

5.1. Cosmopolitisme et nationalisme artistique

Les idées nationalistes, se développant tout au long du XIXe siècle en Europe, gagnèrent aussi la Suisse. Notre pays était tiraillé entre deux forces politiques contraires : l’une en faveur d’un accroissement du pouvoir central, l’autre entendant privilégier l’indépendance des cantons. Cette lutte entre les radicaux (tenants du pouvoir central fort) et les conservateurs (pour le maintien de la souveraineté des cantons) se conclut en droit et en politique à l’avantage des premiers. En 1848, on édicta la première constitution, consacrant des compétences accordées de manière exclusive à la Confédération ; en 1874, une seconde constitution, attribuant à l’Etat fédéral encore davantage de pouvoir.

93 Le Dinh, 1992, 79 ss.

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Ces deux textes marquaient la révolution de l’ordre juridique traditionnel de la Confédération. Une loi suprême commune créait un Etat central fort, limitant considérablement la souveraineté des cantons,94 mais créant de forts mécontentements, accentués par la question des divergences religieuses.

Parallèlement, la société suisse, comme celle des autres états en Europe, était soumise à d’importantes transformations. L’industrialisation du pays, comme ce fut le cas dans les autres pays européens, eut comme effet la polarisation des classes sociales opposées par des conditions de vie de plus en plus différentes : d’un côté la bourgeoisie, possédante, instruite, dominant la vie politique et de l’autre le prolétariat délaissé, sans cesse agrandi par le flot de l’exode rural.95 La conséquence en fut « la multiplication des grèves, l’émergence des masses, vocable qui recouvre un amalgame confus fait de ‘classes dangereuses’ et de foule débridée, de pauvres et de criminels, alimentent la vision fantasmatique d’un Autre dégénéré » et, surtout, l’apparition de la « peste rouge ».96

Dans de telles circonstances, le message patriotique (au niveau national) dut être interprété à la fois comme instrument de centralisation politique, et comme garant de la stabilité qui était favorable à la bourgeoisie dominante. Il semble évident que les partisans d’un état plus harmonisé, tendant à l’unification du pays, aient voulu encourager la fibre patriotique suisse qui était jusque-là freinée par la fragmentation des « nationalismes spécifiques cantonaux ». Cette fibre s’exprima notamment à travers les arts et, en particulier, dans l’architecture. Car celle-ci avait un caractère si visible, si public, qu’elle formait l’instrument privilégié de tout message politique. Cela explique pourquoi, emmené par nombre d’intellectuels provenant précisément de la bourgeoisie cultivée, le mouvement du Heimatschutz organisa sa lutte contre la destruction du patrimoine sur la base de l’association entre Patrie, Beauté et Architecture.97

94 Sur le régime hybride de souveraineté en Suisse, voir la nouvelle Confédération fédérale suisse (1998), art. 1 et 3, ainsi que Thomas FLEINER-GERSTER, Théorie générale de l’Etat, Presses Universitaires de France, Paris, 1986 (1980), 305 s. 95 Crettaz-Stürzel, 2005, 51-54. 96 Le Dinh, 1992, 8 s. 97 Le Dinh, 1992, 22-23. L’auteur y cite plus loin (50) l’ouvrage de Georges de Montenach, Pour le Visage aimé de la Patrie !. Le héraut du Heimatschutz, sous un titre parfaitement explicite, adresse au peuple suisse une ardente prière : « N’oublions jamais que la beauté de notre pays est la source pure

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À vrai dire, le continent entier teintait sa production architecturale d’une nuance nationaliste, et ce depuis déjà quelques décennies. Henry-Russel Hitchcock le montra de façon convaincante à propos du revival gothique,98 dans son opposition avec la tradition classique. Alors que ce dernier, « fondé sur l’héritage essentiellement grec et romain de l’Europe occidentale » avait une valeur culturelle commune aux états européens, qui « pu[rent] facilement élargir [leurs] sources pour inclure le paléochrétien et la renaissance italienne », le Gothique au contraire « ne parut pas un style aussi paneuropéen que nous avons tendance à le penser aujourd’hui ; c’était de l’’Early English’ ou de l’’altdeutsch’ ou (avec plus de justesse) de ‘l’architecture française’ ». Que cela soit à travers les différentes déclinaisons du renouveau gothique ou les autres styles engendrés par le Pittoresque, l’ « unité culturelle [européenne et classique] qui était restée forte et vitale à travers les premières décennies du siècle » fut désintégrée en courants reliés à des racines culturelles nationales.99

Toutefois, à la différence des grandes nations culturelles de l’Europe, il n’existait pas en Suisse d’héritage gothique qui parût précisément typique, si bien que notre pays ne vécut pas une implantation notoire de la vague néo-gothique. Le caractère « national » de l’architecture dépend de deux facteurs, qu’il n’est pas si facile de préciser : non seulement la catégorisation géographique de toute forme d’art comporte toujours une part d’exagération (à cause des influences réciproques entre zones culturelles, des voyages d’artistes, de commanditaires, etc.), mais la question de l’entité sociogéographique elle-même est sujette à doutes. Le problème en Suisse à propos de son Régionalisme : qu’était finalement la Patrie ? Si l’on décida de favoriser la Confédération plutôt que les régions ou les cantons, encore fallait-il déterminer un véritable dénominateur commun aux traditions artistiques de tout le territoire suisse.

et divine de l’amour que nous nourrissons pour lui et que, par conséquent, en l’embellissant, nous accomplissons un acte de patriotisme pratique, nous nous comportons en bons et fidèles citoyens ». 98 Il convient de préciser cependant que pendant la longue histoire du Néo-gothique, la période située aux environs de 1850 seule connut une phase « archéologique ». S’attachant à reproduire ou à imiter des modèles précis, on put alors créer un Néo-gothique plutôt anglais ou français ou encore allemand. Même en Angleterre qui lança le mouvement, cette période ne dura pas. Le Haut-Victorien est, déjà peu après, beaucoup plus libre dans son rapport aux modèles. 99 Hitchcock, 1981 (1958), 173-174.

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5.2. Critique de l’obsession de l’apparence

Le fait est que les formes des historicismes et des éclectismes qui en découlaient paraissaient en ce siècle finissant dépassées, voire lourdes ou vulgaires. Mais plus, cette fatigue était interprétée par certains comme le signe d’un problème plus fondamental, que l’intensification du jeu formel ne fit que souligner. Les années passées n’avaient-elles pas été marquées par une recherche constante de l'apparence de l’édifice, avec une moindre attention à d’autres fonctions ? Soudainement, le passé récent n’apparut que comme le creux royaume d’architectes passant leur temps à (é-)puiser « le large éventail de leur cartable ».100

Il semblerait que la réflexion soit née en Allemagne. On en trouve une trace précoce dans la Schweizerische Bauzeitung, en 1900. Un article commentant une publication sur la Wagnerschule, mentionne ce mot de l’auteur, d’ailleurs jugé excessif : « keine Spur von jenem auf blossem äusseren Effekt berechneten ‘Einexerzieren’ und ‘Drillen’, an dem selbst die Ecole des Beaux-Arts noch krankt ». Critique des temps ainsi que des exercices académiques de l’institution parisienne, où probablement on ne respectait pas comme il convenait ce « Hauptprinzip (…), dass man fürs Leben und nicht für die Schule lern[t].101 Cette opinion, reprise par l’illustre Hermann Muthesius dès 1902, sera réaffirmée l’année suivante en Suisse par l’intermédiaire d’André Lambert, architecte suisse travaillant en Allemagne, dont le travail sur l’architecture du XVIIIe siècle nous semble être un précurseur.102 Un article critique de cet ouvrage souligne que cette époque était riche en plans ingénieux : la maison y avait fonction « d’abord d’être habitée, ensuite d’être admirée ».103 Le plan prenait donc ici l’avantage sur la façade.104

Il importe cependant de souligner que cette volonté affirmée de s’éloigner des préoccupations purement stylistiques paraît n’être parfois pas entièrement sincère : ce qui reste l’un des soucis majeurs du maître de l’art qui est - faut-il le

100 El-Wakil, 1994, 78. 101 Critique du supplément Aus der Wagner-Schule, de la revue Der Architekt, Vienne, 1898 in : Schweizerische Bauzeitung, 1900, vol. I, 284 102 Lambert/ Stahl, 1903. 103 Schweizerische Bauzeitung, 1904, vol. I, 207. 104 Muthesius, 1902, 47.

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rappeler ? - avant tout un artiste, n’est-il pas l’effet visuel de la maison ? L’architecte et le théoricien, malgré les considérations les plus objectives, ne parvinrent en effet jamais à cacher entièrement la part d’émotion que leur procurait la beauté des façades : Lambert lui-même avoue, dans l’ouvrage que nous venons de citer, que les maisons dont il fait la promotion se distinguent par la « beauté de leurs proportions », alors que la production de son époque a gâté la valeur esthétique de l’architecture.

5.3. Nationalisme et besoins particuliers

Ce besoin de trouver une architecture plus « pratique » trouva un écho dans le sentiment national qui n’entendait pas promouvoir purement et simplement une esthétique propre. Il voulait également un habitat qui correspondît au contexte de la nation. Il s’agissait de respecter les besoins particuliers qu’entraînait un cadre. D’une part, tenir compte de l’organisation sociale de coutumes, d’autre part, s’adapter au mieux à un environnement naturel défini, à des conditions climatiques et à une tradition artistique donnée.105 Ces spécificités exigeaient une architecture qui ne fût pas simplement développée en idéal universel mais qui constituât au contraire une réponse pratique à un programme modulé par tous ces axiomes.

Dans la littérature, on vit surgir l’idée d’une architecture qui se devait d’être utile, avec des missions concrètes et non seulement idéologiques ou symboliques à remplir. Cette attitude pragmatique à l’égard du bâti sera relayée par la conception d’une cohérence (hypothétique et bien vite contestée, on le verra) de la situation au niveau national.

C’est sous la pression de ces deux forces, le besoin d’un style national suisse et la nécessité de prendre en considération dans la construction les besoins particuliers, que naquit un des Régionalismes suisses les plus importants : le « Heimatstil ».

105 Charles MELLEY, ‘Modern Style’ et traditions locales, in : BTSR 6.1.1904, cité in : Crettaz-Stürzel, 2005, 140 s.

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6. Heimatstil

6.1. Définition

La recherche la plus récente tenta, au terme d’une longue évolution, de circonscrire plus précisément le sens de ce Régionalisme helvétique nommé Heimatstil. C’est ainsi qu’on lit que ce style ou mieux, ce « principe de style », s’ancre dans la tradition locale, en l’occurrence les modèles de l’architecture traditionnelle rurale, bourgeoise des villes ainsi que celle des maisons de campagne de l’époque d’« autour de 1800 ». Ce nonobstant, il s’agirait d’une architecture « de réforme » se trouvant « sur la voie de la Modernité », rejetant les courants cosmopolites de l’historicisme et de l’Art Nouveau et introduisant la « culture habitative ». Enfin, en tant que Zeitstil, le Heimatstil reçut une extension chronologique allant de l’Exposition Nationale de 1896 au commencement de la Grande Guerre, avec des « rééditions » subséquentes.106

6.2. Heimatstil et réforme

Le caractère réformateur de cette architecture fut, très tôt, au centre des débats. Ayant longtemps souffert – et c’est encore le cas ! – d’une réputation régressive et romantique, le rapport du Heimatstil avec la Modernité fut souligné par les écrits de Peter Meyer, dès 1927.107 Il fut documenté et développé jusqu’à nos jours, où le riche ouvrage au titre programmatique d’Elisabeth Crettaz-Stürzel pose cette caractéristique comme postulat de base de l’étude du Heimatstil.108

Cet auteur, rassemblant un riche corps d’informations, montre combien, autour de 1900, un large courant tendait vers la Lebensreform – une réforme des

106 Il connut cependant des prolongements, dans un esprit qui n’était cependant plus réformateur, après la Première Guerre mondiale. D’abord dans les années 1920 (Deuxième Heimatstil), puis dans les années 1940 (Landistil) ; pour les survivances actuelles, on parle de simplement de Régionalisme. Crettaz-Stürzel, 2005, 35. 107 Meyer, Moderne Architektur und Tradition, Zurich, 1927, qui « reconnut l’étonnante modernité de l’art de bâtir suisse et allemand entre 1900 et 1914 ». Cependant, il ne donna pas à ce Zeitstil et à ce mouvement le nom de Heimatstil, qu’il réservait à la production architecturale suisse conservatrice de l’Entre-deux-guerres. Crettaz, 2005, 42. 108 Crettaz-Stürzel, 2005, 35. De fait, l’auteur choisit pour sous-titre de sa très riche monographie sur la question de mettre en évidence ce point : « Heimatstil – Reformarchitektur in der Schweiz 1896- 1914 ».

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conditions de vie de ses contemporains. Se manifestant à tous les niveaux de la population (bien que principalement au sein de la classe moyenne), cette réforme visait autant à transformer les mentalités que les conditions pratiques de l’existence, de manière utopique ou non, et aussi bien par le biais de grandes actions concertées qu’au moyen d’initiatives anecdotiques.109 Aussi, tout en soulignant le caractère international de ces aspirations (et actions), Mme Crettaz- Stürzel a montré que la Suisse y participa de façon si active et précoce, qu’elle avait servi de modèle et d’inspiration à des mouvements apparentés mais plus tardifs en Europe.110

Toutes les réformes projetées ou réalisées avaient un objet principal : l’épanouissement de l’individu.111 L’architecture, dans cette représentation de l’homme, devait exercer un rôle majeur en particulier en ce qui concerne l’architecture domestique : la maison est le règne de cet individu, le lieu où il peut s’épanouir. Elle doit donc être réformée pour s’adapter à cette nouvelle fonction.

D’abord, il est question de ses abords. Il a beaucoup été dit que le développement des villes avait emporté un dégoût de la ville et un désir, récent et en partie idéal, de retrouver le sain rapport avec la nature. Or celle-ci n’est pas tant un objet d’attention en soi qu’instrumentalisée au profit de l’individu. Baudin, qui fut un ardent promoteur de la vie « à la campagne » écrivait, dans ses Villas et maisons de campagne en Suisse, qu’ « en ce siècle d’activité fébrile, de surmenage et de surproduction » seule celle-ci « réunit tous les avantages hygiéniques, moraux et économiques, [et] peut réaliser la vie intégrale, le juste équilibre physique et intellectuel indispensable aux travailleurs, ouvriers de la pensée et ouvriers manuels, qui tous ressentent un impérieux besoin de soleil, de grand air et de calme ».112

109 Pensons notamment à ces inventions que l’auteur met de façon amusante autant que pertinente en rapport, que sont le Bircher-Müesli et l’Ovomaltine. Crettaz-Stürzel, 2005, 79 ss. 110 Crettaz-Stürzel, 2005, 85 s. 111 Le culte du corps et de la santé par l’abondance de lumière, le grand air, une alimentation saine, le végétarisme, le nudisme, le sport, les médecines douces, les sanatoriums, la lutte contre l’alcoolisme, du développement psychologique harmonieux, n’avaient qu’un but : le bien de l’individu. 112 Baudin, 1909, 13. L’auteur était influencé par Muthesius, 1979 (1904-1905), 9.

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Mais l’intérieur de la maison était, lui aussi, digne d’attention. Son plan ne devait plus correspondre à des canons abstraits et géométriques. Il fallait au contraire qu’il fût libre de s’adapter au plus près aux besoins concrets de l’homme qui y vivait, en respectant les besoins nouveaux de la société individualiste influencée par l’Angleterre : commodité de l’organisation, garantie de l’intimité, lumière abondante, exposition à l’air, chauffage, hygiène.113

Le contexte idéologique est admirablement documenté par Mme Crettaz-Stürzel en ce qui concerne les aspirations de la société industrielle européenne et suisse des alentours de 1900. En revanche, nous ne pouvons partager son idée d’attribuer aux écrits de Muthesius le point de départ (unique) de la réforme. En fait, nous pensons plutôt que l’auteur eut un grand rayonnement par sa capacité de présenter de façon théorique et synthétique les progrès réalisés dans le domaine de la construction privée en Angleterre, puis diffusés progressivement sur le Continent.

En Suisse – en à Genève en particulier, il est à peu près certain que la réforme de la maison ait déjà débuté plus tôt, arrivant non pas seulement grâce à la médiatisation de l’Allemagne, comme il a été suggéré, mais directement de l’Angleterre ou en passant par la France.

Edmond Fatio lui-même joua un rôle non négligeable. Dave Lüthi souligne en effet dans son passionnant article consacré au Langage du plan des maisons lausannoises de 1850-1920114 que l’architecte genevois composa en 1904 le plan de sa villa des Amandolliers en citant deux maisons dessinées par Viollet-le-Duc, et qui furent publiées à Paris dans les années 1870 (cf. cat. 15).115 Ainsi, Fatio avait eu connaissance des principes rationalistes véhiculés par son illustre prédécesseur français, probablement dès son séjour à l’Ecole des Beaux-Arts.

À vrai dire, la maison anglaise connaissait déjà depuis le XVIIIe siècle116 les plans- masse organiques et asymétriques, portés à la perfection par Shaw dans les années 1860. Le succès considérable de cet architecte explique peut-être que le

113 Crettaz-Stürzel, 2005, 208. 114 Lüthi, 2004, 61 ss. 115 Plan d’une maison, Viollet-le-Duc, 1873 ; Maison de Montigny, Viollet-le-Duc, 1875 et 1877, deuxième partie, pl. 102-105. 116 Que l’on pense à un exemple aussi ancien que Strawberry Hill, construite dès 1753 !

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type, peu de temps après, ait traversé la Manche pour inspirer Viollet-le-Duc. On retrouve chez celui-ci l’aile basse abritant, à l’écart du corps principal mais au même niveau, les services. À Genève, ce type de plan fut accueilli fort tôt. On rencontre en effet un précurseur dans la villa des Ormeaux, construite en 1835 à Pregny pour un Britannique d’origine vaudoise (cf. ill. 4).117

Bien que Viollet-le-Duc restât fidèle, dans les deux maisons citées, en exemple à la règle de la symétrie axiale, il y développa le goût des Anglais pour la simplification des circulations et une définition plus précise des espaces individuels. Autour d’un grand hall central sont placées les réceptions d’un côté, salle à manger, salon et fumoir, chacun séparé pour en préserver l’intimité. Les cuisines sont de plain-pied : non seulement la communication avec la salle à manger est plus simple, mais les odeurs ne risquent pas d’incommoder les maîtres alors que les domestiques y jouissent de meilleures conditions que dans les caves, où elles se trouvaient en général dans la maison continentale. Enfin, les pièces des maîtres sont largement ouvertes sur le paysage environnant par trois côtés, leur permettant ainsi de jouir de la nature alentour selon plusieurs points de vue, parfois depuis un bow-window.

Avant Muthesius, nous voyons donc que la Wohnkultur anglaise était déjà parvenue à Genève, y apportant sa conception d’une organisation de la maison plus conforme aux besoins de ses habitants.

6.3. Heimatstil : du Cottage anglais à la tradition suisse

Par ailleurs, une attitude concrète et formelle oblige à ne pas perdre de vue le rapport du nouveau courant architectural avec la tradition. Il convient en particulier d’analyser la filiation existant entre la maison régionaliste suisse (autrement : Heimatstil) et ce mode bien plus ancien qu’est le Cottage anglais.118 Nous avons brièvement décrit plus haut ses premiers pas en Angleterre. Si les styles régionalistes anglais sont fort différents de ceux qui eurent cours en

Suisse dès la dernière décennie du XIXe siècle – la comparaison avec une maison

117 El-Wakil, 1989, 121. 118 Comme semble le faire Mme Crettaz-Stürzel, ce qui nous étonne d’autant plus que son préfacier mentionne explicitement ce mode en qualité d’ancêtre du Heimatstil. Fröhlich in : Crettaz-Stürzel, 2005, 9 s.

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genevoise dont le style appartient Queen Anne tardif nous éclaire à ce propos119 – le style Cottage n’en est cependant pas moins l’ancêtre idéologique de la maison Heimatstil, comme de tous les Régionalismes qui fleuriront de la Bretagne à la Russie.120 Ils tiennent aux fondements même du point de vue pittoresque, puisque celui-ci donnait ses lettres de noblesse à la plus modeste des architectures rurales ainsi qu’aux techniques simples et aux matériaux frustes dont elle était constituée.

La même tendance s’observe parmi les architectes du Heimatstil. Ceux-ci se tournèrent, eux aussi, vers la maison vernaculaire suisse. Comme le Régionalisme anglais, le mouvement y trouva des matériaux et des techniques constructives, qui avaient été rejetées par les modes classiques. Le bois, en particulier, fut admiré dans les édifices anciens et réhabilité pour des raisons liées autant à la commodité de son utilisation et à sa valeur esthétique qu’à une prétendue adaptation au contexte local.121 De plus, on voyait apparaître l’appareil irrégulier, parfois rustique, la maçonnerie en moellons pas même équarris ou encore la brique, qui se mêlaient au bois sur les façades, aux tuiles ou aux plaques d’ardoise sur les vastes toitures.

119 Deux maisons furent construites pour les frères Coate par l’architecte londonien Percy Robert au Clos-Belmont en 1898. L’une d’entre elles montre les caractéristiques de ce style, traité avec une certaine liberté qui était souvent de mise : sur un appareil irrégulier un peu rude se dressent de hauts pignons découverts, simplement triangulaires ou chantournés à la manière du Baroque nordique. Les baies sont de style Tudor alors que de hautes cheminées dominent le tout. Barbey (éd.), 1982, 328. 120 Monuments historiques, n. 189, Le Régionalisme, 1993. 121 Dans Les yeux ouverts !, Guillaume Fatio chante à travers son portrait de la construction traditionnelle suisse les qualités du bois. Voir en particulier p. 58. Fatio, 1904. Notons que ce matériau fait l’objet d’une identique revalorisation de nos jours, même si les arguments utilisés en diffèrent en partie (notamment par la question devenue importante de l’écologie) : Natterer/ Pflug in : Desarnaulds, 1999, 203 s.

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7. Edmond Fatio, architecte régionaliste

7.1. Culture

Nous avons exposé plus haut la formation d’Edmond Fatio, qui fut typiquement classique. De ses débuts de dessinateur, exercices sur les ordres classiques, à son passage attesté dans le bureau de l’architecte genevois Charles Gampert, formé comme son associé Jean-Louis Cayla et de nombreux architectes genevois aux Beaux-Arts de Paris, il fut dès son plus jeune âge confronté au Classicisme et à l’académisme. La maison de son premier maître, dont il fit un relevé, est en effet une œuvre d’ascendance typiquement « Beaux-Arts », avec son Classicisme mesuré modulé en façades asymétriques à tourelles et hautes toitures en ardoise empruntés à divers répertoires. Il eut cependant bientôt l’occasion d’entrer lui-même à l’Ecole où il affina son talent de dessinateur et approfondit sa culture architecturale française, tout en s’intéressant dès 1893 au Régionalisme.122

À son retour définitif au pays, en 1897, il devint l’un des « architectes porte- flambeaux » d’une rénovation de la pratique architecturale suisse passant par le Régionalisme.123 Or, cette réputation fit dire qu’il avait tourné « ostensiblement le dos à la tradition Beaux-Arts ».124 Cependant, l’examen de la riche bibliothèque d’Edmond Fatio, sa collection de dessins anciens et les références montrées en général dans son œuvre architectural attestent du large éventail d’intérêts que le Genevois conserva tout au long de sa vie et qui l’inséraient au contraire dans la tradition érudite de l’historicisme (voir Annexes).125

Sa connaissance de la construction vernaculaire nationale fut certainement inspirée par des lectures. Nous en trouvons de nombreuses citations dans ses villas genevoises. De Graffenried/ Stürler aux inventaires du XXe siècle, il eut

122 Nous avons présenté plus haut trois projets. Outre une dépendance au caractère stylistique hétérogène, il dessina un chalet et, surtout, une villa anglo-normande : la haute façade-pignon en colombages et les souches de cheminées anglaises cylindriques en sont typiques. 123 Lüthi, 2005, 25. 124 Lüthi, 2004, 63. 125 Telle qu’elle fut notamment professée à l’Académie des Sciences par François Blondel. Egbert, 1980, 99.

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mainte occasion de s’inspirer pour le dessin de ses chalets ou de ses villas Heimatstil. Nous savons cependant qu’il fut aussi un homme de terrain. En effet, armé de son appareil de photo, il parcourut la Suisse pour prendre des clichés des bâtiments les plus divers.126

Le courant théorique qui, en Allemagne, faisait la promotion des styles de la fin du XVIIIe siècle était lui aussi très certainement connu de Fatio qui se rendit peu à peu à ses principes, sans pour autant copier ses édifices. D’ailleurs, il avait de son côté réuni une documentation couvrant différentes phases de la tradition classique par des publications européennes anciennes ou modernes. Par sa participation au volume genevois de la Maison bourgeoise en Suisse et la restauration d’édifices de la fin de l’Ancien Régime dans son canton, il acquit une connaissance pratique de cet héritage local qui, encore une fois, lui servit dans ses réalisations à neuf.

Globalement, on peut affirmer qu’Edmond Fatio eut un goût d’historien de l’art et de conservateur de monuments qui s’exprima de mille manières différentes. Ceci ne l’empêcha pas pour autant d’aller chercher chez les théoriciens français et allemands des instruments de réforme de la maison individuelle.

7.2. Typologies

Ayant devant les yeux les trente-trois maisons particulières qu’il construisit dans son canton natal de Genève, il nous a semblé nécessaire, dans un premier temps, de les organiser de façon cohérente en groupes typologiques, nous appuyant pour cela sur des caractéristiques propres par lesquelles ces maisons se distinguent.

De la maison Heimatstil (simple et synthétique ou compliquée et analytique) à la maison « classique », en passant par le chalet, nous avons constaté, après coup, que les données chronologiques appuient en partie notre choix : il en découle une séquence. Éclairée à la lumière des événements, elle atteste une évolution dans le style de Fatio ne corroborant pas certaines catégorisations faites jusqu’ici. Cela nous obligera à émettre des hypothèses nouvelles concernant

126Archives Privées, Scrap Book et Documents personnels.

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l’évolution globale de la maison régionaliste en particulier et de la maison individuelle en général.

Enfin, le rapport avec les modes anciens devra être revu : si une nouvelle architecture apparaît en Suisse peu avant le tournant du siècle, elle ne nous semble point aussi « réformatrice » qu’on a pu vouloir le dire.127 L’interprétation qu’on donne à un mouvement est toujours une question de perspective. Il nous semble erroné cependant de n’y voir toujours que les traits les plus neufs ; souvent la tradition perdure ici ou là, dans le détail ou le principe, tout aussi révélatrice des aspirations d’un mode architectural.128

Nous allons donc d’abord faire une présentation comparative par groupe typologique en suivant, le plus fidèlement possible, la formule consacrée : après la description du type, qui consiste en sa justification en tant qu’entité indépendante, nous aborderons rapidement la question du programme, puis celle de la forme de la maison – qui se décline en forme extérieure, organisation intérieure et, si c’est utile, en traitement des matériaux choisis. Ensuite, il nous a semblé important de procéder à une comparaison des œuvres avec leurs modèles, de façon à définir avec plus de précision le caractère proprement local des œuvres analysées.

7.3. Le chalet

Fatio-chalet (1893-1894) ; Frédéric Boissonnas (1896-1897) ; Sophie Boissonnas-Pilet (1896-1897) ; Roussy (1897) ; Meylan (1903) ; Hess (1903) ; Meyer de Stadelhofen (1904) ; Gagnebin (1905) ; Métral (1907) ; Trafford (1926- 1927).

7.3.1. Définition de « chalet » et délimitation

Le chalet, d’après le Trésor de la langue française, est la « cabane, où s'abritent les bergers pendant l'été et où ils font les fromages ». C’est là le chalet d’origine : toute habitation construite pour être habitée de façon temporaire par des populations de transhumance. Par extension, on entend en particulier la maison rustique des

127 Crettaz-Stürzel, 2005. 128 Voir en particulier l’étendue donnée par Mme Crettaz-Stürzel à sa définition de la maison Heimatstil, qui nous semble trop vaste et trop vague.

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« Alpes, construite en bois, souvent ornée de balcons abrités par un toit à deux pentes, faisant saillie ». Le mot est d’origine suisse, mais fut popularisé dans le domaine français par Rousseau, qui le cite dans sa Nouvelle Héloïse en 1761.

La définition du chalet repose sur un premier élément important : il doit être en bois. Les chalets modernes ne dérogent pas à cette règle. Originaires de zones de montagnes, leurs ancêtres devaient être disposés sur un socle en pierre, qui fît une base horizontale à la structure de bois, à cause de la nature du sol sur lequel ils étaient implantés (incliné et rocheux). Il y a donc dans le chalet une part de maçonnerie, du moins de pierre sèche.

Dans les chalets construits par Fatio, on voit toujours ce socle en maçonnerie. Il apparaît pour les mêmes raisons fonctionnelles lorsque la déclivité le commande – notamment des bords du lac Léman.129 Dans d’autres cas, cependant, il ne fait qu’accentuer la monumentalité de la construction en surélevant de façon importante le rez-de-chaussée,130 lorsqu’il ne sert pas simplement à permettre l’éclairage du sous-sol. Au rez-de-chaussée, un effet pittoresque de contraste des matériaux est obtenu par le traitement en maçonnerie de la cuisine, distinguant en façade cet élément de la distribution interne. En effet, la présence traditionnelle du « potager » (la cuisinière) nécessitait des précautions particulières.131 Lorsque tout le rez-de- chaussée, ou une grande partie, est en maçonnerie, l’effet est plus imposant, plus solide.132

L’élément bois, s’il n’est pas exclusif, domine le décor. Les techniques constructives qui lui sont particulières sont utilisées de manière à produire un effet visuel sur les façades. On y ajoute des détails décoratifs dans le même matériau, qui, à côté d’éléments typiques – surplombs de l’étage, balcons, aisseliers et piliers supportant les avant-toits, toitures imposantes et saillantes, à forte pente –, sont immédiatement reconnaissables et qualifient le « chalet ».

Ces signes distinctifs rendent le groupe cohérent et justifient l’appellation. Une seule exception est la maison de M. Meylan à Pinchat (Cat. 5), qui porte sur les plans le titre de « villa ». Or celle-ci fait aussi partie de la présente catégorie, ce d’autant plus qu’elle arbore la plaquette de bois gravée au nom de l’entrepreneur grison Kuoni,

129 Chalets Roussy, Trafford, Grand chalet Boissonnas, Meyer de Stadelhofen. 130 Boissonnas-Pilet, chalet Meylan. 131 Chalets Hess, Grand chalet Boissonnas et chalet Gagnebin. 132 Chalets Métral, Meylan et Trafford.

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spécialisé dans la construction de chalets auquel Fatio fit presque toujours appel pour la réalisation des siens.

7.3.2. Chronologie et répartition

Le type du Chalet avait eu déjà un succès immense, surtout après le milieu du XIXe siècle. L’Exposition Nationale de 1896, dont le Village suisse avait attiré des foules inattendues,133 faisait la part belle à l’habitation de montagne. Dès lors, la mode se répandit comme traînée de poudre sur tout le territoire de la Confédération.

Dès le début de son séjour à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Fatio avait déjà montré sa prédilection particulière pour ce type de constructions. On retrouve en effet parmi les plus anciens dessins exécutés lors des « concours d’émulation » un chalet idéalement situé sur les bords du lac Léman, daté du 6 décembre 1893, pour lequel l’étudiant reçut d’ailleurs une mention.134 Sa première commande, comme nous l’avons vu, était aussi un chalet.135 Après l’exposition de 1896, les sollicitations s’enchaînèrent : en 1896, pour les deux chalets Boissonnas et pour Kundera à Rolle,136 en 1897 pour Roussy, en 1900 pour Langlois à St-Prex,137 1903 pour Meylan et pour Hess, 1905 pour Gagnebin, 1907 pour Métral – sans compter d’autres exemples suisses ou des projets finalement inaboutis. Enfin, la vogue semble s’essouffler, du moins parmi les clients de Fatio, puisqu’il faut attendre, et ce n’est peut-être pas par hasard, la venue d’un Anglais sur les bords du Léman pour voir notre architecte réaliser son dernier chalet genevois.138

7.3.3. Programmes

Certains chalets, de taille modeste (en particulier Roussy et Hess), étaient destinés à être un refuge estival de famille de la classe moyenne. En tant qu’habitat temporaire, la simplicité était de rigueur. L’espace était découpé aux étages en petites chambres pour les propriétaires, leurs enfants et un petit nombre de domestiques. D’autres chalets, en revanche, constituaient des demeures à plein temps. Tel était le cas des chalets Métral (d’ailleurs situé tout près du centre ville) et Boissonnas.139 Quant au

133 Mayor/ Genoud/ Baud-Bovy/ de Vevey, 1896, avant-propos 134 AEG, Archives Privées 194/H/12. 135 AEG, Archives Privées 194/C/37. 136 Archives Privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. 137 Archives Privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. 138 AEG, Archives Privées 194/B/86. 139 Les souvenirs de la petite-fille du commanditaire nous apprennent que Frédéric Boissonnas avait un appartement au quai de la Poste où se trouvait son atelier. Lorsque sa famille s’agrandit et qu’il

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chalet Fatio, appelé par Guillaume « pavillon » il fut probablement dès l’origine prévu comme grande maison de villégiature d’une famille patricienne fortunée,140 tout comme le chalet Trafford, construit pour un Anglais qui n’y demeurait certainement pas à l’année.

7.3.4. Technique de construction

Sur les plans, une grille de gros points (cf. ill. 5) révèle que les chalets furent construits au moyen de la technique « à poteaux », présentant une alternance d’éléments horizontaux (soubassement en maçonnerie, sablières, poutres et solives) et verticaux (poteaux de fond, de fenêtre). Le système utilisé était en fait très commode, car il permettait une grande flexibilité dans l’aménagement des espaces intérieurs, ne dépendant pas des façades. Les vérandas elles-mêmes pouvaient être dégagées par d’élégantes colonnettes placées en bord du plan-masse.

Cette structure est parfois visible sur les façades, comme en témoigne le chalet Hess, où les supports verticaux furent mis à nu au rez-de-chaussée. Aux étages au contraire, l’épiderme de la maison est moins parlant. En effet, le voligeage horizontal n’est interrompu que par des lignes verticales très fines. Celles-ci évoquent la technique ancestrale de l’encastrement, très contraignante, qui n’est pas mise en pratique141

7.3.5. Formes

Volume général

Au sein de cette série de chalets genevois, trois groupes principaux peuvent être définis, présentant format et volume général assez distincts.

Le premier groupe présente une silhouette de construction élancée. Il n’y en a que deux exemples à Genève : les chalets Roussy et Hess (Cat. 4 et 6). Chez l’un, un très haut socle, formant le rez-de-jardin, augmente la hauteur globale, accentuée par la toiture à forte pente. L’inaccessibilité du bâti depuis l’extérieur est encore accentuée par la limitation des points d’accès. Ce fait est souligné par le traitement visible de la eut besoin de plus de place, il fit construire cette autre résidence principale. Dès lors, le domicile de la famille fut au Grand-Saconnex, d’où le photographe se rendait tous les jours en ville, et les enfants à pied à l’école du Bourg-de-Four ! 140 G. Fatio, 1943, 261 et annuaires du canton de Genève des années 1894 ss., où l’on voit que Guillaume Fatio vivait à la promenade du Pin n. 1, probablement propriété de la famille de Mme Fatio-Pictet : Lambert in : Schweizerische Bauzeitung 1902, vol. II, 221. 141 Gubler, in : Desarnaulds, 1999, 38-42. Le plan au second est en effet aussi ponctué des supports verticaux. Parfois, la ligne de l’extérieur ne correspond pas même avec les parois intérieures.

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jonction entre socle maçonné et structure de bois au moyen de belles sablières- basses sculptées et d’un porche sur piles de pierre.

Représentant peut-être une catégorie intermédiaire, les chalets Meyer de Stadelhofen et Meylan ont, eux aussi, un socle plus ou moins haut. Les balcons latéraux, caractéristiques, sont protégés par la pente du toit (le projet du chalet Meyer de Stadelhofen a toutefois été modifié de telle sorte que l’un des balcons a disparu).

Dans le second groupe, qui est aussi le plus abondant, on compte d’assez spacieuses maisons. Elles sont plus larges que hautes et surmontées d’une toiture à pente moyenne. Les chalets donnent l’impression d’être bien campés sur le sol et ce lien avec leur environnement est encore accentué par les degrés qui, généralement sur plusieurs façades, ouvrent largement la communication entre intérieur et extérieur.

Le troisième groupe est composé du seul chalet Trafford. Celui-ci est composé d’un corps principal avec pignon sur le côté le plus large, prolongé latéralement par une aile basse, dont la ligne de faîtage est perpendiculaire. Son plan se développe ainsi en un rectangle très allongé (~5/2), parfaitement adapté à la relative exiguïté de la parcelle, peu profonde, tout en conservant un pignon du côté privilégié, qui est celui du lac.

Plan et distribution intérieure

Le plan-masse des chalets d’Edmond Fatio est globalement rectangulaire (quoiqu’il existe quelques exceptions sous formes d’annexes, placées au rez-de-chaussée).

La légèreté du matériau utilisé permet de créer toute une série de vides qui ne nuisent pas à un solide support du toit, grâce à la présence de poteaux ou d’aisseliers.

Le type du petit chalet élancé (premier groupe) a un plan simple de 2x2 travées. Le rez-de-chaussée est composé de trois pièces, d’un vestibule-cage d’escalier toujours situé en coin, d’une cuisine et d’une pièce de réception unique. En effet, le manque d’espace obligea à rassembler salon et salle à manger. Cette solution rappelle non seulement les travaux anglais de contraction des fonctions spatiales142 mais aussi le plan de la maison « rustique » suisse, dont on redécouvrait alors la

142 Là encore, cette tendance vers la contraction des espaces et la nécessaire fusion fonctionnelle fut mentionnée, plus tard, par Muthesius, 1979 (1904-1905), 130.

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simple fonctionnalité à travers les grands travaux d’inventaire des alentours de 1900.143 À l’étage, un couloir transversal occupe presque ou entièrement la largeur de la maison et distribue les chambres. Alors que le confort du chalet Roussy, à la Belotte, se cantonne au cabinet, une petite salle de bain a pris place chez M. Hess.

Les plans des chalets Meylan et Meyer de Stadelhofen (groupe intermédiaire) sont formés sur le même modèle que les deux précédents. Etant cependant plus vastes, salon et salle à manger sont ici séparés pour former deux espaces distincts au rez- de-chaussée. Chez M. Meyer de Stadelhofen, il a semblé nécessaire de disposer d’un office. L’architecte le plaça tant bien que mal dans un étroit passage en surplomb. Il est permis de douter de la commodité de cette invention.

Les deux édifices sont agrémentés d’un balcon ou d’une véranda sur la façade jardin.

Parmi les exemples du deuxième groupe, nous trouvons le chalet Boissonnas-Pilet et le chalet Gagnebin, proches voisins au Grand-Saconnex. Tous deux son de taille moyenne et leurs plans sont presque identiques. Le premier édifice, plus vaste que les précédents chalets, est d’ailleurs l’aboutissement d’une recherche pendant laquelle l’architecte tâcha d’agencer au mieux la distribution de l’espace. Il en résulte un centrage de l’entrée et du hall-cage d’escalier. Celui-ci devient ainsi l’universel organe de distribution et reprend l’invention attribuée par Muthesius aux architectes anglais : cette pièce, ouverte sur toutes les autres, donne accès à la fois au premier étage et à l’extérieur, ce qui permet de réduire ingénieusement le nombre des « necessary evils » que sont les circulations.144 La solution est exactement reprise dans le chalet Gagnebin, où le hall distribue, côté jardin, les deux pièces de réceptions, et du côté de l’entrée, une cuisine et une bibliothèque isolée.

Les chalets Fatio et Métral, construits à presque quinze ans d’intervalle (1893-1894 et 1907), sont de plus grande taille.Les plans en sont très proches : une entrée centrée ouvrant sur un hall, puis un axe de progression vers la véranda avec accès au jardin et à la vue (lac ou mont Blanc). De part et d’autre s’organisent la salle à manger, en saillie, et le salon, tous deux dirigés vers la vue. Chez Fatio, la cuisine est isolée, placée en quasi-annexe. L’office, de rigueur dans ces grandes demeures, s’interpose entre la partie des domestiques et celle des maîtres. Une troisième pièce de réception se trouve à l’arrière, ouvrant sur le jardin. Elle est plus isolée chez Fatio,

143 Et d’abord dans Das Bauernhaus in der Schweiz, 1903, 6. 144 Muthesius, 1979 (1904-1905), 91.

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où il s’agit d’une bibliothèque. Le plan de la maison du bord du lac est cependant moins contracté, avec son vaste hall-cage d’escalier et le large passage vers l’avant. Le second escalier vers les étages, réservé aux domestiques, reprend la mode des grandes maisons anglaises, où les déplacements des maîtres et des domestiques doivent être nettement séparés.145

Le chalet de Frédéric Boissonnas, adapté à sa nombreuse famille, est vaste lui aussi. Sa particularité est le très original « vestibule », qui s’ouvre au centre de la façade d’entrée : il est unique dans la carrière genevoise de Fatio. Plus qu’un vestibule, il s’agit d’un hall complexe qui, sans être autre chose qu’un lieu de passage,146 englobe, dans un espace unique, diverses étapes de circulation avec un effet pittoresque de perspectives changeantes. En effet, il est fractionné à la fois horizontalement et verticalement. De plain-pied, le visiteur arrive dans une sorte de vestibule. Celui-ci communique par un premier escalier tournant à repos avec une galerie entresolée desservant les réceptions et les services du rez-de-chaussée ; à son tour, cette galerie sert de départ à l’escalier conduisant à l’étage. Pour le reste, les pièces s’organisent très régulièrement en U autour de cet espace central.

Le chalet Trafford (troisième catégorie), qui est nettement plus tardif, sort une fois de plus du lot. Comme nous l’avons appris par les souvenirs des propriétaires actuels, la conception du plan, déjà différente des plans habituels de Fatio, dut tenir compte du fait que le commanditaire était malade. 147 C’est ce qui explique probablement que la chambre à coucher principale se soit trouvée au rez-de-chaussée. Le hall, comme dans le chalet des « Mayens », reçoit un traitement particulier. Son mode est

145 Muthesius, 1979 (1904-1905), 94. Le théoricien y mentionne un troisième flux, qui est celui des enfants n’ayant aucune place dans les espaces réservés aux adultes. On ne voit aucune allusion à cette coutume à Genève, où les maisons ne sont probablement pas assez importantes pour contenir des nurseries. En revanche, nous avons vu des exemples de maisons zurichoises ayant une chambre des enfants au rez-de-chaussée, inspirés probablement par des exemples antérieurs en Allemagne ou, justement, en Angleterre. Schweizerische Bauzeitung, Villa à Dresde par les arch. Schilling & Gräbner, 1893, vol. I, 28 ; Villa Gessner-Heusser, à Wädensweil, Albert Müller arch., Schweizerische Bauzeitung, 1901, vol. I, 170 : un système complexe de circulations permet peut être un accès direct des enfants à l’escalier de service, tout en se trouvant à côté du Boudoir, la chambre réservée à la maîtresse de maison et qui doit être directement tirée du plan de la maison anglaise tel que décrit par Muthesius quelques années plus tard. 146 Voir ci-dessous le chalet Trafford. 147 D’après ces souvenirs, M. Trafford souffrait d’une maladie dont il finit par mourir. Elle devait du moins être suffisamment grave pour qu’il restât « sous jouissance paternelle de sa mère », d’après ce qu’on lit sur une note manuscrite de la copie d’extrait de cadastre se trouvant dans le dossier AEG Archives Privées 194/B/86. La « chambre des maîtres » indiquée sur les plans est située au rez-de- chaussée de cette maison suffisamment allongée pour y placer des chambres à coucher. La salle de bains attenante comporte une baignoire immense, particulièrement longue et profonde (197cm long, 88 cm large et 52 cm profondeur : doc. 69) dont on peut se demander si elle n’a pas été conçue pour un homme souffrant peut-être de difficultés motrices.

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à l’anglaise, centre de communication, mais cette fois-ci, véritablement « pièce à vivre » au sens de Baudin.148 Signe des temps autant peut-être qu’influence d’outre- Manche, les commodités y apparaissent comme un privilège important des « maîtres » qui entendent disposer de tout le confort : la salle de bains est grande, placée sur la façade du lac ; le garage est de plain-pied et communique directement avec la maison.

Façades

La façade principale est toujours celle du pignon, autorisant un plus grand nombre de baies. Nous avons vu plus haut que la forme de la parcelle avait rendu nécessaire un travail sur la toiture du chalet Trafford, pour dégager ce large pignon face au lac. C’est donc à cette face que l’architecte donne la meilleure orientation. L’autre façade est généralement dédiée à l’entrée. Un seul cas est un peu ambigu, c’est celui du chalet Métral. Son entrée est percée sous un versant, tandis que la vue des montagnes se trouve de l’autre côté149 et que le pignon est dirigé vers la meilleure orientation, le Sud-ouest.

La disposition générale de la façade principale répond à un type de base : le premier étage et les combles se dressent en surplomb latéral, élargi encore d’une galerie ouverte sur un rez-de-chaussée plus étroit. La toiture chapeaute le tout avec une forte saillie. L’illustration la plus pure de ce type est la façade lac du chalet Hess (cf. Cat. 6), dont les structures de bois forment un réseau symétrique et régulier, souligné par les cordons d’appuis et un cordon réunissant les linteaux des fenêtres du rez-de-chaussée.

Cette régularité, cette symétrie, sont en règle générale respectées sur la façade privilégiée, côté jardin, lac ou de la vue.150 Un élément y reçoit cependant une place notable qui est presque un droit dérogatoire à cette tendance : la véranda. Comme le balcon, qui se trouve souvent sur cette façade, elle forme la transition entre l’intérieur et l’extérieur. C’est un pont entre « l’abri, le foyer » qu’est une maison

148 Elle utilisée par les actuels propriétaires comme salon, ce qui devait être le cas déjà à l’origine, selon toute vraisemblance. 149 Le terrain est parfaitement orienté sur le Mont-Blanc mais il est difficile de juger aujourd’hui de la vue de l’époque : depuis, la maison a en effet disparu, remplacée par un assez grand immeuble construit sans art, tandis que tout le quartier a été loti et que les arbres conservés sont maintenant centenaires. Certes, des photos d’époque, conservées au CIG-VG, montrent que la zone se prolongeait vers l’Est par un champs. 150 Deux exceptions partielles : chalets Gagnebin et Métral, où le rez-de-chaussée présente une légère asymétrie. Ou encore chalet Meyer de Stadelhofen, où une travée est nettement plus large et mise en valeur par des doubles ou triples fenêtres jumelées.

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individuelle et le monde paradisiaque du jardin et de la campagne lointaine, voire de la montagne. Ce lien à la nature, pour Baudin, permet « de réaliser la vie intégrale, le juste équilibre physique et intellectuel indispensable aux travailleurs (…), qui tous ressentent un impérieux besoin de soleil, de grand air et de calme ».151

Sur les façades latérales, en revanche, la diversité règne : les supports verticaux encadrent des travées de différentes largeurs. Tandis que les balcons courent sur une portion variable de la façade, créant toutes sortes de déséquilibres, les baies sont centrées ou décalées librement. Les deux causes principales de « perturbation » du rythme des baies (décalant l’axe de la baie, réduisant son format ou causant même un mur aveugle) sont le parcours de l’escalier et l’insertion dans le plan d’un WC. Ces phénomènes, qui se produisent généralement sur les façades latérales, sont parfois reportés sur la façade d’entrée ou sont totalement absents.152 L’idée qu’une façade soit « sacrifiée » aux nécessités de l’éclairage est consommée chez M. Métral. La façade Nord de cette construction, très proche de la parcelle voisine, présente une solution extrêmement déséquilibrée – et malheureuse mais acceptée peut-être parce que celle-ci était visible surtout depuis la parcelle voisine. De plus, la maison semble n’avoir pas eu longue vie : à cause de son caractère peu orthodoxe ? (Cat. 9).

Le principe de base de la façade est interprété de façon monumentale dans le chalet Fatio : plus vaste, avec un appareil d’éléments décoratifs riche et des jeux d’ombre et de lumière dramatiques (deux vérandas, un autre porche et un balcon surmonté d’une sorte d’arc-diaphragme au sommet).

Un intéressant élément de variation est obtenu dans l’asymétrie de la toiture, que l’on voit clairement dans les chalets Métral et des « Mayens », dont l’un des pans est comme prolongé pour abriter toute une annexe plutôt que le simple balcon du type de base. Alors que chez le premier, on se contente d’abriter une véranda maçonnée, Fatio a développé chez Frédéric Boissonnas trois niveaux entiers sur une travée. Le traitement en est différencié en surface, tandis que, côté jardin, un escalier supplémentaire est ajouté ainsi qu’une porte-fenêtre donnant l’impression d’une entité séparée. Il s’agit certainement de l’évocation d’un modèle ancien illustré peu

151 Baudin, 1909, 17 et 13. 152 C’est le cas des chalets Gagnebin, Meyer de Stadelhofen. Le chalet Boissonnas-Pilet, au contraire, est parfaitement régulier sur toutes les façades et symétrique. C’est un exemple du genre.

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avant par Gladbach (cf. ill. 7 et 8)§153. Les irrégularités qu’il contient avaient été interprétées avec des arguments d’ordre sociologique qui reprenaient à leur compte l’intérêt manifesté depuis longtemps pour la croissance organique des édifices.

Les voliges horizontales forment l’écran de fond de la façade, égayé par des cordons ou lignes d’appui moulurés, parfois torsadés ou même ornés de rinceaux (chalet Fatio, Cat. 1). Très rarement, les voliges sont placées verticalement sur un champ, formant un contraste simple et intéressant (Roussy, Cat. 4 ; Boissonnas, Cat. 2).154 La sculpture du bois, si elle est toujours présente, figure des motifs divers mais simples. Ce sont des têtes de sablière ou de solive ; parfois des colonnes à base et chapiteau primitifs, aux balcons. Au vu des nombreux surplombs, les organes de décharge prennent une importance particulière : consoles profilées en talon et aisseliers tors ou à profil en zigzag, ou encore arcs-diaphragmes supportant un balcon ou une saillie de la toiture. Les garde-corps permettent de beaux effets d’ombre et de lumière, par la sculpture ajourée à motifs, souvent extrêmement simplifiés, de végétaux ou de formes géométriques. Les baies sont généralement simples, mais montrent parfois jambage chantourné et couronnement mouluré.

Des éléments de décor sont ajoutés par la suite et n’apparaissent pas sur les dessins de l’architecte, alors qu’ils contribuent grandement au décor des façades : ce sont les pittoresques volets ajourés155 et, dans un seul cas, une mise en valeur peinte en couleurs de quelques reliefs (Trafford, Cat. 10). Enfin, des gargouilles ajoutent une note particulièrement pittoresque en prolongeant encore les versants du toit.

Le chalet le plus tardif, celui de M. Trafford, montre une évolution dans le sens d’une simplification des décors : pas de surplomb sur la façade latérale, et de nombreux éléments évacués ou simplifiés (sablières visibles, cordons, têtes de solive, poteaux apparents). Le résultat en est une vision du chalet beaucoup plus épurée.

153 L’asymétrie d’un chalet de l’Oberland y est justifiée par la croissance sur plusieurs générations d’un seul chalet. Celui-ci se serait agrandi pour accueillir une nouvelle famille, ayant sa propre entrée. Gladbach, 1976 (1893), 5, 12 et fig. 17. 154 Sur les combles du chalet Roussy et dans la partie « annexe » dont nous avons parlé plus haut du Grand chalet Boissonnas. Dans les deux cas, la variation de l’« épiderme » (peut s’utiliser ainsi, dans ce contexte) différencie hiérarchiquement les zones de la façade en correspondance avec le plan. 155 On voit à cet égard Fatio céder à la tentation d’un « réflexe » illusionniste sur la façade antérieure du chalet Roussy. L’architecte faire alterner, à l’étage, les encadrements de deux paires de baies jumelées ; or celle de droite est fausse, une baie étant aveugle. Il en profite pour ajouter un volet fermé créant un effet « de vie ».

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7.3.6. Vers une nouvelle sobriété

Comme nous l’avons vu plus haut, le chalet suisse est un mode architectural ancien. Nous assistons probablement dans les premières œuvres de Fatio au chant du cygne de l’influence de l’ornated cottage sur l’architecture domestique. Le Régionalisme rural tel qu’il existait en Angleterre et avait été importé en Europe continentale n’était acceptable par les classes urbaines aisées que dans la mesure où il était orné.156 Dans le cas du chalet, l’allusion à la rusticité des maisons de montagnards devait être gaie, découpée et présenter tout un répertoire de motifs décoratifs certes inspiré de l’art traditionnel de la sculpture sur bois, mais poussé à un niveau plus grand de complexité. Ainsi, depuis 1827-1832 à Genève,157 le chalet se garnissait de balustrades, garde-corps compliqués, et surtout de toute une gamme de décors d’avant-toit ouvragés, qui distinguait la maison (bourgeoise) du chalet.158

Dans le cours des années 1890, ce goût pour le foisonnement ornemental fut sur le point de passer de mode.159 Fatio prit le pli de cette tendance peu après la construction du chalet de Guillaume Fatio (1893-1894). Déjà les maisons de Frédéric Boissonnas (1896) et du Dr. Roussy (1897) reviennent à davantage de simplicité. Les parties sculptées sont souvent limitées aux poteaux et éléments de décharge (aisseliers). Les programmes plus modestes ou plus tardifs, quant à eux, sont particulièrement épurés.

C’est peut-être le Village suisse de l’Exposition nationale de 1896 qui marqua ce changement d’esprit à Genève. Armand Brulhart souligne surtout l’augmentation quantitative des constructions depuis l’événement.160 Il est pourtant probable que la connaissance du patrimoine helvétique, tel qu’il existait dans les différents cantons, ait donné aux spectateurs de l’exposition, potentiels commanditaires et autres

156 Hitchcock, 1981 (1958), 371. 157 Le chalet construit dans la propriété de la Perle du Lac pour les Bartholoni est de ces années-là, ce qui en fait probablement le premier chalet construit sur le territoire genevois. Brulhart in. Desarnaulds, 1999, 140 ; ill. Campos in Desarnaulds, 1999, 174. 158 C’est ainsi que l’on voit Armand Bruhlart in : Desarnaulds, 1999, 156, appeler « villa-chalet » une maison semblant entièrement construite en maçonnerie avec pour seuls éléments de bois des garde- corps et décors d’avant-toit. 159 On voit déjà paraître ce tournant chez Gladbach, 1976 (1893), fig. 17, 44, 45, mais seulement à titre d’ébauche ; ce sont surtout les plus petites illustrations qui en témoignent, voisinant avec des dessins de chalets extrêmement ornés et des décors d’une richesse parfois fabuleuse. 160 Brulhart in : Desarnaulds, 1999, 145. L’auteur y lie le succès énorme des chalets « modernes », en territoire genevois, au retentissement de l’Exposition nationale et à son « village des chalets ».

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spécialistes de la branche, une sensibilité plus « archéologique ».161 Les chalets, se rendait-on compte dans le grand public, n’étaient pas seulement les opulents chalets de Graffenried et Stürler (1844).

7.3.7. Du rapport avec les modèles

Dès les constructions les plus anciennes de Fatio (Fatio, Boissonnas), on peut parler d’architecture savante, dont les motifs sont tirés directement des publications de Graffenried et Stürler,162 puis de Gladbach.

Le système si ingénieux et pittoresque du volet coulissant que l’on voit sur la façade arrière du chalet de Frédéric Boissonnas est certainement inspiré d’un chalet à Golderen (cf. ill. 9).163 Le chalet Fatio, quant à lui, semble devoir beaucoup à l’ouvrage de Gladbach, dont la publication est à peu près contemporaine. On voit clairement sur le plan la saillie plus importante du faîte du toit, fidèlement reprise par Fatio.164 De plus, nombreux sont les motifs que l’architecte a « transcrits » tels quels sur ces deux chalets: frise gravée du même motif d’enroulement végétal, très simple,165 disques gravés et peints, trouvés dans un chalet de la Forclaz;166 ou encore motif ajouré en forme de carotte qu’arbore certain volet de Fatio sont probablement tous tirés de cet ouvrage.167

Les modèles en question sont loin d’appartenir à une région ou même un type précis. Certains motifs sont proposés parmi une quantité de variétés, montrant bien l’attitude de l’architecte qui pêche ici et là des détails à appliquer sur ses chalets.

Dès le chalet Boissonnas, la volonté d’une crédibilité historique se fait jour et ira s’accentuant. Les modèles anciens seront alors mieux documentés en fonction de leur provenance et des idiosyncrasies « ethniques »168 : du sobre bâti valaisan à haut

161 Voir plus haut. On remarquera évidemment que ceci est affaire d’intention et d’apparence : on sait que le Village suisse était en grande partie construit en structures de bois très simples et staff. Voir à cet égard les illustrations du chantier du Village suisse, dans Mayor/ Genoud/ Baud-Bovy/ de Vevey, 1896. 162 Nous savons que l’ouvrage était dans sa bibliothèque. Voir Annexe 1. 163 Graffenried/ Stürler, 1844, pl. sn. 164 Gladbach, 1976 (1893), 15 fig. 55. 165 Ibid., pl. 10 et 12. 166 Ibid., pl. 5. 167 Ibid., 22 fig. 87 et 15 fig. 56. 168 Les professeurs Hunziker et Jecklin insistent fortement sur cet aspect, que le second expose le plus clairement dans le volume sur la maison grisonne, en s’appuyant sur les dénominations traditionnelles, dans les dialectes locaux. Hunziker/ Jecklin, 1900-1914.

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socle (Meyer de Stadelhofen),169 à l’édifice tessinois (Gagnebin), bien équilibrée, toiture à 45° et encadrement de balcons latéraux couverts.170

Fatio tire aussi des enseignements fonctionnels de ses modèles. Il place dans le chalet Hess (Cat. 6) une cuisine en maçonnerie dans un rez-de-chaussée de bois, idée tirée d’un chalet grison (cf. ill. 10),171 ou encore un petit porche latéral à auvent, repris pour le chalet Meylan.172

Cependant, le chalet du Dr.Roussy montre que Fatio s’est aussi inspiré des « Speicher », qu’on retrouvait sur le plateau suisse et dans les cantons dits « du Mittelland » (notamment Berne et Fribourg). Ces greniers n’avaient pas de fonction habitative et constituaient la dépendance d’un ensemble rural. Leur profil est plus étroit. Ils portent souvent des balcons latéraux, parfois aussi frontaux, et leur toiture est à demi-croupes. La pente prononcée des versants est sensée être mieux adaptée aux pluies173 et leurs égouts retroussés écartent le parcours de l’eau des façades (cf. ill. 11).174

Ces descriptions ont l’avantage de bien rendre compte du changement d’esprit qui a lieu autour du milieu des années 1890 et qui est, pensons-nous, fondamentaux. D’un goût historiciste pour l’accumulation des détails décoratifs sur une composition libre succède une conscience des modèles de structure globale et, surtout, une volonté d’y être fidèle.

Il n’empêche qu’il émerge de cet état de fait une contradiction. Les théoriciens admiraient dans l’architecture traditionnelle son adaptabilité à l’environnement et aux coutumes. Le paradoxe voulut que les architectes reprirent à leur compte des solutions qui n’avaient plus lieu d’être dans un autre contexte. On vit ainsi la construction au Grand-Saconnex de chalets destinés à supporter le poids de la neige du Pays d’En-haut, à Collonge-Bellerive une haute toiture inventée pour les

169 Son modèle semble avoir été trouvé chez Hunziker, 1902 (1900), vol. 1 – Valais, dans une maison à Chaley, 79, fig. 73 ou dans d’autres du même volume. 170 Hunziker, 1904, 51 fig. 48. On constate que ces balcons latéraux sont une constante de la maison rurale en bois, les régions de plaine comprises. 171 Jecklin, 1906, 117 fig. 126. 172 Jecklin, 223 fig. 235. 173 Alors que les toitures des chalets de zones alpines devaient avoir une toiture plus plate, protégeant de la neige, du moins ainsi l’a décrit G. Fatio dans ses fameux Les yeux ouverts !. Fatio, 1904, 26 s. 174 On voit chez Jecklin, vol. sur la maison du plateau suisse, 1909, de nombreux exemples qui tous pourraient avoir servi de modèle au chalet Roussy, si celui-ci n’était pas de plus de dix ans antérieur. Fatio aura donc trouvé son inspiration ailleurs et plus tôt. Toujours est-il que la définition géographique de son architecture est claire.

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pluies diluviennes du lac des Quatre cantons. Quant au matériau (le bois), il avait déjà été reconnu par Graffenried et Stürler175 comme approprié à la montagne qui en était fournie en abondance, mais qu’on retrouvait moins à Genève ou Zurich !

7.4. La villa « Heimatstil »

Les villas relevant du Heimatstil présentent toutes des constantes dans les techniques constructives, dans les structures et dans les motifs dérivés de la tradition vernaculaire. En revanche, les différences de plans et de volumes permettent de créer deux sous-groupes : d’une part, la villa « simple », d’autre part, la villa « complexe ».

- Villa simple

Asper (1900) ; Kündig (1900-1901) ; de Saussure (1901) ; Presbytère de Pregny- Chambésy et Grand-Saconnex (1907-1908) ; Badel (1910) ; Luthy (1910-1911) ; Mumby (1912) ; Ramelet (1920-1921)

7.4.1. Masse générale

Le groupe des « villas simples » présente des maisons au plan simple, au volume unique et à la sobriété du décor qui en fait des modèles de concision architecturale. Ayant un plan-masse rectangulaire, ces cubes de deux ou trois travées montrent une façade principale à pignon, en couverture, une large toiture à deux versants ou à discrètes demi-croupes. Si la maison à deux versants est d’une apparence très similaire à celle des chalets – mis à part les matériaux – on ne peut pas dire qu’elle ait été créée à partir de ce dernier : ses racines se trouvent dans l’ancienne maison rurale des plaines. Mais il est évident que les deux types ont une caractéristique en commun : l’admirable (et admirée) simplicité de l’habitat traditionnel. Enfin, la villa « simple » est généralement construite en maçonnerie enduite ou, plus probablement, crépie.

7.4.2. Répartition chronologique

Le premier exemple de ces « villas simples » apparut en 1900 (Asper, Cat. 12). Il fut rapidement suivi par d’autres qui s’égrenèrent au long de la première décennie du XXe siècle. C’est un genre qui sembla s’éteindre, comme celui des chalets, peu

175 Graffenried/ Stürler, 1844, 7.

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avant la Première Guerre mondiale (Luthy, Cat. 24) avec cependant une « retardataire » datant de 1920, qui clôt définitivement la série (Ramelet, Cat. 28).

7.4.3. Programme

Sous ses dehors de maison destinée à la famille de classe moyenne, la « villa simple » cache parfois une fonction différente. Dans un cas, il s’agissait en effet d’une villa locative dont chaque niveau présentait un appartement indépendant dont l’un était destiné au propriétaire (Luthy, Cat. 24). Dans un autre cas, la maison était destinée aux membres d’une famille patricienne. Cette demeure bien plus vaste, flanquée d’une large annexe, était destinée à être encore agrandie (de Saussure, Cat. 14). Ensuite, il y a aussi deux villas à fonction mixte privée et professionnelle : le presbytère de Pregny-Chambésy–Grand-Saconnex (Cat. 21) combinait (c’est toujours le cas) une fonction d'habitation à celle d'administration de paroisse, tandis que la maison occupée par Mlle Soldano (Cat. 27) était à la fois une petite maison d’été et un atelier.

A l’exception de cette dernière, au demeurant beaucoup plus petite que les autres, toutes paraissent avoir été des résidences principales.

7.4.4. Formes

Plan et distribution

Un certain type de distribution de rez-de-chaussée a été utilisé à plusieurs reprises, à quelques variantes près. L’élément caractéristique des petites maisons (Asper Cat. 12 ; Badel, Cat. 23 ; Presbytère, Cat. 21), dont le plan se rapproche du carré, est un vestibule situé au centre de la façade la plus longue, qui a une fonction de pivot. En effet, dans un espace relativement petit, il sert de pièce de circulation unique. Cette pièce fait le lien à la fois entre extérieur et intérieur, entre les pièces du rez-de- chaussée (salon, salle à manger, cuisine et pièce supplémentaire qui dans le cas du presbytère est un bureau destiné à recevoir les ouailles) et entre les étages, et sert de départ à la cage d’escalier. Ce mode de distribution est répété au premier étage et dans le comble.

Dans la maison Mumby (Cat. 26), le même vestibule central se développe en largeur, s’adaptant à un plan-masse plus rectangulaire. Dans la maison Kündig (Cat. 13), les proportions plus vastes permettent à l’espace central de s’épanouir encore plus. Toujours marqué par la présence de l’escalier, il est ouvert sur le salon, dont il n’est

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séparé que par des poteaux portant un arc-diaphragme ajouré (cf. ill. 12).176 Sur la façade d’entrée est percé un grand bow-window qui le qualifie comme «pièce à vivre » à l’anglaise, telle que préconisée par Baudin.177 Il y garde pourtant sa fonction distributrice essentielle entre pièces de réception, les services et les chambres à l’étage. La zone réservée aux maîtres est isolée de celle des domestiques : ces derniers ont leur propre escalier ainsi qu’un office formant tampon avec la salle à manger. Ensuite, la bibliothèque, les cheminées plus nombreuses et, surtout les importantes ouvertures sur le jardin (bow-windows et véranda régnant sur toute une façade latérale) soulignent le caractère à la fois plus important et plus champêtre de cette maison.

Les dimensions plus réduites de la villa Ramelet expliquent une organisation différente (Cat. 28) : le hall-cage d’escalier se trouve dans un coin et le salon a disparu – remplacé dans sa fonction par une salle à manger faisant office de pièce de réception unique. Elle est toutefois agrémentée d’un large bow-window à banquettes.

Passons ensuite à la villa de Saussure (Cat. 14). Bien que la construction nouvelle s’adosse à un édifice rural plus ancien dont elle tire parti en y logeant des espaces dépendants du corps principal, elle est apparentée aux villas « simples » par la forme générale du bâti. Ce n’est qu’au fil des ans, qu’elle obtint un visage plus complexe par les ajouts qu’on lui fit. La distribution du rez-de-chaussée en est originale et ne se retrouve dans aucune autre villa genevoise de Fatio. Elle est explicable en partie par le fait que les services sont logés dans bâtiment préexistant. On peut se demander si le corps central ne résulte pas, lui aussi, du remaniement d’un édifice plus ancien : son (large) couloir central fait penser à la distribution traditionnelle des maisons genevoises des XVIIe et XVIIIe siècles.178 Cet espace mène du porche d’entrée à une porte-fenêtre côté lac et sépare l’immense salon (env. 45 m2) et sa véranda latérale de la salle à manger. Quant à la cage d’escalier, elle se trouve ici au coin, près de la dépendance, à laquelle elle donne aussi accès. D’ailleurs,

176 La solution est admirée, à juste titre, par André Lambert dans son article sur L’Architecture contemporaine dans la Suisse romande, in : Schweizerische Bauzeitung, 1903, vol. I, 10. 177 Baudin, 1909, XVIII, XXII s. À remarquer cependant qu’il ne s’y trouve pas de cheminée, qui est un élément essentiel au côté accueillant des « pièces à vivre » dont parle l’auteur. La place, pour ceci, était trop rare. Mais on constate qu’un conduit était percé depuis le poêle de la salle à manger, dispensant tout de même à cette pièce la chaleur permettant de s’y sentir bien. 178 Voir Amsler, 1999, 31 : Château-Banquet ainsi que les exemples plus tardifs des campagnes Du Pan et Varembé, par exemple. Mais en l’absence de documents plus anciens dans le dossier de Saussure du Fonds Fatio (Archives Privées 194/D/85) ni aucune trace dans les archives des Travaux publics, il est encore impossible de l’affirmer avec certitude.

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l’architecte y développe un moyen plus économique de la séparation des parcours entre maîtres et domestiques. Seuls les départs sont distincts, se rejoignant à mi- parcours, sur un repos. Autre particularité de cette maison : un très vaste espace est placé dans une aile en retour de cette même annexe. C’est un fumoir bibliothèque, pièce généralement réservée aux hommes.

Nous arrivons enfin à deux maisons dont la différence de distribution est explicable par le programme original : la première (Soldano, Cat. 27) est une véritable « maison de poupées », prévue comme retraite estivale d’une artiste-peintre en annexe de la propriété de sa cousine, Mme Gagnebin.179 L’espace, très exigu, a été systématisé à l’extrême. Un porche, en partie dans-œuvre, conduit à une « pièce à vivre » concentrant les fonctions de hall d’entrée-cage d’escalier et de salon-salle à manger. Une cuisine y est accotée suivie d’une petite chambre prévue, bizarrement, pour deux domestiques. À l’étage, une autre pièce multifonctionnelle, l’atelier- chambre à coucher.

La seconde maison était une villa locative (Luthy, Cat. 24). Sa fonction ne permettait pas de donner à l’escalier une position centrale car il fallait s’assurer que les espaces indépendants soient bien séparés. Une entrée indépendante donne accès à l’appartement du rez-de-chaussée.180 Le départ de l’escalier pour les étages se fait à l’extrémité de la même façade et aboutit à un palier fermé. Au comble, deux chambres indépendantes se partagent un WC à l’étage alors que deux greniers sont mis à disposition des autres locataires.

Façades

Les façades de ce type de maisons sont fort simples, tout en présentant les caractéristiques essentielles de la maison « suisse ». Les baies sont en règle générale disposées de manière régulière, rectangulaires. Elles présentent un chambranle sobrement marqué par la pierre apparente. Parfois même, ce petit luxe est épargné pour faire place à un appui et/ ou un linteau de bois.

Quelques éléments égaient la sobriété de ce visage. Ce sont d’abord des corps en annexe : galeries latérales en surplomb au premier étage évoquant certains

179 La maison fut d’ailleurs vraisemblablement financée et gardée en propriété par celle-ci. Voir notice du catalogue. 180 Comme il semble l’usage dans ce genre de cas. On trouve la même solution appliquée à des villas locatives construites par des architectes européens dans la cité-jardin égyptienne d’Héliopolis. Conférence de Mme Mercédès Volait du 22 mai 2007 au département d’Histoire de l’art de la Faculté des Lettres de Genève.

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chalets181 (Asper, Cat. 12 ; Ramelet, Cat. 28), porches à auvent, vérandas protégées d’un appentis ou d’un prolongement de l’avant-toit qui créent une pittoresque asymétrie à l’extérieur tout en baignant l’intérieur de lumière (en particulier Kündig, Cat. 13 ; de Saussure, Cat. 14). Ensuite, le comble est souvent mis en valeur par des éléments de bois placés en applique contre le mur, dans un but purement décoratif. Tantôt il s’agit d’un simple lambrissage vertical (Mumby, Cat. 26 ; Ramelet) ; tantôt on recherche un effet d’imitation du pan-de-bois par un réseau de planches, dont la couleur contraste avec l’enduit clair du mur (Kündig ; de Saussure ; Presbytère, Cat. 21). Enfin, des lucarnes sont parfois percées dans un seul versant du toit, déséquilibrant ainsi sa silhouette (Kündig surtout ; mais aussi Presbytère et Badel, Cat. 23).

Le thème, si cher à l’époque, du bow-window est ici utilisé avec parcimonie : on ne le retrouve que dans les deux plus importantes maisons ainsi que chez M. Mumby, peut-être en raison de l’origine anglo-saxonne de ce commanditaire ?

Encore une fois, il faut faire une place spéciale à la villa de Saussure, qui, sur les façades, présente un luxe décoratif ne nuisant nullement à l’équilibre de son apparence. Amusant porche en croupe polygonale côté route, diversité des baies avec effet d’hiérarchisation, balcons centraux côté lac et belles galeries superposées au Sud, décor façon colombage, tous ces éléments confirment sa nature intermédiaire de « riche villa simple » !

- Villa complexe

Kummer (1898) ; Fatio-Amandolliers (1904) ; Hugo de Claparède (1904) ; Roux- Eggly (1904-1905) ; René Claparède (1905-1906) ; Gardy (1907) ; Coppier-Defer (1907) ; Brenné (1908) ; Carey au Clos-Belmont (1911)

7.4.5. Masse générale

Divers éléments permettent à l’architecte d’enrichir le visage de la villa simple. Parfois, il ne fait qu’ennoblir le module de base en y ajoutant des éléments en annexe (nombreux corps de bâtiment en saillie, tourelles, oriel). Mais le plus souvent, c’est un jeu sur les couvertures, rendues plus compliquées par la présence de divers éléments de toiture indépendants, qui permet de modifier l’allure des constructions pour en faire de véritables villa « complexes », aux volumes fragmentés.

181 Voir plus haut.

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7.4.6. Répartition chronologique

On trouve le premier exemple de la série en 1898 (Kummer, Cat. 11). Il pourtant faudra attendre 1904 (commande aux Amandolliers, de Marguerite-Hélène Fatio, belle sœur d’Edmond, Cat. 15) pour que les réalisations s’enchaînent à grande vitesse. Mais cet engouement déclina rapidement. Le dernier exemple (Carey, Cat. 25), datant de 1911, se trouve déjà à cheval entre cette catégorie et la suivante (la villa classique).

7.4.7. Programme

Ces maisons plus vastes sont généralement destinées à abriter la vie confortable d’une famille de la classe moyenne aisée, dont le pater familias exerce une profession libérale (Hugo de Claparède est avocat et professeur à l’Université ; Henri Carey est régisseur; Ernest Kummer est chirurgien possédant sa propre clinique) ou fait fortune dans l’industrie dont c’est la période de gloire (les Coppier sont actifs dans la céramique ; Auguste Gardy a une entreprise produisant des éclairages). Enfin, nous trouvons divers riches quidam dont le patricien et rentier René Claparède.

Certaines maisons ne sont, malgré tout, pas uniquement d’usage privé : il semblerait, en effet, que la villa Kummer ait accueilli un temps les patients du propriétaire. Quant aux villas Carey, elles forment un ensemble original, puisque l’une des maisons mitoyennes était le domicile du constructeur alors l’autre fut destinée à la location (cela n’a rien d’étonnant au vu de l’activité professionnelle de ce dernier, comme nous l’avons vu plus haut).

Enfin, la villa Roux est l’un des exemples, de plus en plus rares à cette époque, de maisons d’été.182 Quant à la maison des Amandolliers, on peut se demander dans quel dessein elle fut construite car les Fatio avait déjà une maison secondaire. Cette commande fut probablement faite pour valoriser une grande parcelle agricole devenue terrain à bâtir. La maison fut louée à Edmond Fatio lui-même de 1911 à 1919.

Le style de vie de ces personnes est différent de celui des propriétaires de villas simples. La vie « mondaine » qu’ils menaient leur rendait nécessaire à la fois une large zone de réception et une nombreuse domesticité disposant de lieux de travail

182 Cette particularité est clairement indiquée dans les annuaires, en l’occurrence l’Annuaire genevois, 1904, commune de Versoix. Le domicile hivernal du propriétaire se trouvait au quai du Mont-Blanc.

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et de couchage que nous allons détailler ci-dessous. L’aisance permettait en plus au maître de maison d’exercer une activité parallèlement à sa profession. On voit apparaître sur les plans d’origine une zone intime consacrée aux hobbies. On trouve par exemple des bibliothèques, parfois situées dans le comble (René Claparède en possédait une grande, réputée avoir occupé une vaste zone du comble,183 Cat. 18 ; Carey), tout comme il existait des ateliers photographiques dans les chalets Meylan et Gagnebin. Parfois, ce local est situé dans une annexe. Tel est le cas dans les maisons Kummer (Cat. 11) et Posternak184 ou encore chez M. de Saussure, qui y avait installé son billard.

7.4.8. Forme

Plan et distribution

Dans les programmes plus importants, il ne semble généralement pas y avoir de reproduction des schémas utilisés pour d’autres édifices – contrairement aux villas simples : il n’est en effet pas question d’économies.

Les pièces de réception prennent une place que nous avons déjà dite. Elles occupent presque tout l’« étage noble » (celui-ci est généralement le rez-de- chaussée, sauf dans le cas de la villa de M. Carey où les réceptions sont au premier étage), de telle sorte que les services, qui s’y trouvaient traditionnellement, en sont déplacés vers l’étage inférieur (René Claparède ou Brenné) ou encore horizontalement « poussés », à l’anglaise,185 vers des corps annexes (Hugo de Claparède ; Fatio-Amandolliers possède même toute une aile pour les domestiques avec chambres à l’étage). Dans les édifices particulièrement vastes, ceci ne semble pas avoir été nécessaire (Coppier-Defer, Cat. 19 ; Gardy, Cat. 20).

L’escalier se développe souvent contre les murs du hall d’entrée, qui a gagné en ampleur, allant jusqu’à occuper, dans le cas de la villa Coppier, une immense salle de presque 60 m2, au milieu de laquelle trône une cheminée monumentale. La villa Fatio aux Amandolliers ainsi que la villa Brenné connaissent une solution originale

183 Les plans du comble manquent au dossier, mais l’information provient des souvenirs de sa petite- fille et sont appuyés par la présence d’une grande et belle fenêtre jumelée sur le pignon Sud de cet étage. 184 Voir plus haut. Posternak, chimiste réputé, y avait son propre laboratoire. 185 Muthesius décrit cet aspect caractéristique de la maison anglaise de la fin du XIXe siècle et le vante, estimant que les Allemands devraient s’en inspirer – sans parler des autres continentaux ! Sa description intéressante des avantages d’une telle disposition tient en compte les récentes considérations sur une vie hygiénique, qu’il applique autant aux lieux de travail des domestiques qu’aux zones réservées aux maîtres. Muthesius, 1979 (1904-1905), 95.

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puisque l’escalier se trouve dans une tourelle d’angle (Cat. 22). Dans les programmes riches, il existe une pièce isolante, parfois construite hors-œuvre, garantissant la température dans le reste de la maison.

La disposition des pièces du rez-de-chaussée, dans l’imposante villa Coppier (Cat. 19), se ressent de la tradition française de l’enfilade : côté jardin, les réceptions, alignées, sont traversées par un axe continu de circulation ménageant l’effet de perspective visuelle cher à la tradition classique. Le plan de la villa René Claparède présente les mêmes axes de progression perpendiculaires. En revanche, dans tous les autres cas, il est plus complexe et plus dynamique. Le parcours s’y fait de façon tournante, ouvrant les pièces dans plusieurs directions.

Deux maisons présentent une situation exceptionnelle. La première, la villa Brenné, pour son plan raffiné. Son porche conduisait à un vaste hall d’angle, hexagonal, aux axes rayonnants (vers le vestiaire, l’office, le salon, le petit salon et l’escalier en tourelle, cités dans le sens horaire). Dans une position centrale, le salon était largement ouvert par un bow-window sur le jardin au Sud-ouest, tandis que la salle à manger « poussait » comme une plante vers le Sud-est, par où entrait la lumière. Le petit salon, jouissant d’une certaine indépendance avec niche à banquettes, se trouvait au Nord-ouest tandis qu’un office se trouvait sur la façade d’entrée, communiquant avec la cuisine au sous-sol par un passe-plats. Une grande véranda était accessible depuis le salon et la salle à manger.

La seconde, villa Carey, pour la répartition « verticale » des pièces. Paraissant destinée à la vie mondaine, elle était (avant transformation) composée de réceptions sur les deux étages inférieurs. L’escalier lui-même, dans sa fonction « officielle », a reçu un traitement particulièrement soigné dans les détails. Si la zone intime n’est composée que de deux chambres, celle du maître de maison est et de son épouse est assortie de conforts que l’on ne voit guère ailleurs, dans l’œuvre de Fatio : une garde-robe indépendante pour Monsieur et Madame, un cabinet de toilette et une salle de bains avec baignoire et WC. Cette commande est un exemple de luxe rare, caché sous des dehors relativement modestes.

Deux maisons parmi les villas complexes n’ont pas reçu un développement aussi important des réceptions, malgré la stature sociale de leur commanditaire. Il semble cependant que la carence fut ressentie, car toutes deux reçurent précisément des annexes, sous forme de vérandas pour élargir cet espace (Kummer et Roux-Eggly).

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7.4.9. Façades

Comme nous l’avons exposé plus haut, les villas de cette catégorie ont une emprise sur le sol plus large, un plan généralement plus développé et compliqué. Sur les façades, cette complexité s’exprime dans l’aménagement des volumes. À la multiplication interne des axes et la diversification des points de vue sur l’extérieur correspondent de nombreuses saillies, sous forme soit d’une annexe basse, soit de tout un corps de bâtiment et parfois même d’un surplomb. Ces éléments, rendus nécessaires par le plan, animent la forme extérieure, de manière à rompre la symétrie des façades et à créer des effets pittoresques.

La villa Carey présente certes une masse cubique régulière, mais il y apparaît le motif de l’oriel. Le profil du toit sur les longs côtés a la particularité d’être à croupe sur l’une des extrémités, à demi-croupes avec façade pignon sur l’autre. C’est une asymétrie soulignant, avec le traitement différencié des lucarnes, que le bloc est formé de deux entités.

Dans les autres villas, les saillies sont des plus diverses. Chez Gardy, elles prolongent sur une faible distance le très bas versant du toit à deux versants (services d’un côté, terrasse couverte et bow-windows avec tourelle de l’autre). Dans la villa René Claparède, il s’agit du bow-window semi-circulaire à consonance classique sur la façade jardin d’une composition régulière où les pignons transversaux sont bien centrés. Nous y avons d’ailleurs un exemple, unique dans le groupe, de toiture brisée.

Le schéma devient plus complexe au chemin Peschier, pour M. Brenné, où ces décrochements ont un, deux ou trois niveaux de hauteur. Une salle à manger y est en effet gagnée par l’ajout d’un corps de bâtiment bas, perpendiculaire. Adossée au salon, la véranda est surmontée d’un balcon protégé par une prolongation de l’avant-toit, tandis qu’un encorbellement surmonte le petit salon. Puis viennent les bow-windows du salon et du petit salon (celui-ci d’ailleurs en surplomb). Enfin, la composition est dominée par le motif caractéristique d’une tourelle polygonale de coin.

Plus simples, mais non moins plastiques apparaissent les villas Roux-Eggly et Kummer avec leur corps de bâtiment en « L » ou en « T » permettant des façades pignon sur trois côté avec des vérandas s’insérant dans l’angle. La villa Fatio- Amandolliers a une façade principale (vers le lac) similaire. À l’arrière, en revanche,

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elle se distingue des deux premières par une aile basse de service en retour et une tourelle dans l’angle rentrant.

Enfin, les villas les plus vastes et monumentales, celles de MM. Hugo de Claparède et Coppier-Defer, ont un noyau composé d’un corps central couvert d’une haute toiture à croupes retroussées d’où rayonnent toutes sortes d’ailes plus ou moins saillantes et plus ou moins hautes (corps rectangulaires à pignon et demi-croupe, à appentis, tour, vérandas).

Matériaux

Une place particulière doit être ici donnée aux matériaux qui obtiennent, dans ce groupe, un traitement bien plus pittoresque que dans tous les autres. Leur variété répond à celle des volumes. Si les soubassements sont, comme partout ailleurs, traités en bossage irrégulier et rustique, les contrastes sont variés entre maçonnerie enduite, pierre et bois. L’usage d’un pan-de-bois feint au comble ou au premier étage est courant. La maison Coppier, quant à elle, présente un épiderme particulièrement riche : sur un soubassement dont le bossage s’approche de l’appareil régulier, les murs sont en appareil irrégulier (ponctué de blocs en bossage) pour les corps en saillie et en moellons, tandis que les combles ont un colombage feint. Le procédé est moins lourd chez M. Brenné, mais tout aussi diversifié : sur le soubassement, les murs sont enduits et ornés de nombreux éléments en pierre (chaînes d’angle harpées, chaînes horizontales à une assise, chambranles et blocs décoratifs parsemant çà et là la surface). Encore une fois, les combles présentent un beau colombage, certainement feint.

Parmi les objets de notre étude, la villa Kummer forme, à cet égard, une exception. Elle est d’ailleurs une réalisation précoce de notre architecte : c’est le seul cas où celui-ci ait prévu une technique de colombages « structurels ». Ceux-ci sont visibles sur les plans, où l’on remarque l’épaisseur bien moindre des murs.

- Modèles internationaux…

Le rapport aux modèles locaux anciens n’est, comme nous avons pu le voir, que partiel : il se limite presque exclusivement aux façades. Les plans de la maison rurale étaient pourtant connus dès le milieu du XIXe siècle, puis systématiquement présentés et compris dès 1900. Or on constate que la seule inspiration que notre architecte ait pu en tirer est celle de la Stube, qui apparaît déjà en 1898 dans le chalet Roussy (cf. cat. 4), mais aussi, plus tard, dans les

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petites villas Soldano et Ramelet. Cette grande pièce de vie était présentée par les ouvrages théoriques comme typique des maisons paysannes. Les auteurs en admiraient la capacité de donner une qualité intime à la vie domestique.186 Mais ils ne soulevèrent pas son utilité pratique comme le fit par la suite Hermann Muthesius dans la présentation des plans les plus innovateurs de Voysey et Baillie Scott en Angleterre. Il y apparaît des pièces rassemblant en un espace plusieurs fonctions (manger, converser, lire, etc.).187 Edmond Fatio semble avoir été sensible à cet aspect : il l’appliqua dans les commandes modestes, lorsque l’exiguïté de l’espace demandait une résolution contractée des besoins.

Nous doutons donc que la maison rurale ait vraiment donné une impulsion nouvelle à l’organisation de la maison moderne créée par Edmond Fatio. L’autre grand modèle utilisé par les architectes du mouvement régionaliste suisse, la maison bourgeoise, n’eut certainement pas non plus d’influence à cet égard. Il n’était en effet pas question d’utiliser des schémas qui ne s’adaptassent pas à la vie de ceux pour qui l’architecte construisait. Ceux-ci, citadins dans une société industrialisée, riche et exigeante, n’avaient pas les mêmes besoins que le paysan ou même que le bourgeois des siècles précédents.

Dans les programmes simples, les quatre murs extérieurs de la maison genevoise « cubique » du milieu du XIXe siècle sont toujours de rigueur (cf. ill. 6).188 Cependant, dans le corset, tout bouge – sous l’influence de l’Angleterre. L’élimination du gros mur de refends, qui obligeait à l’alignement des pièces, et l’abandon de l’axe central permettent une distribution flexible. Le hall devient le cœur de l’espace d’habitation. Autour de lui, chaque pièce gagne une orientation propre, à l’égal des grandes maisons au plan organique, tout en conservant un plan-masse rectangulaire ! Dans les grands programmes, cette tendance à l’expansion organique du plan vers toutes les directions est rendue plus manifeste encore par la multiplication des saillies, des vérandas, des bow- windows qui accentuent la communion avec la nature environnante.

186 Voir en particulier Das Bauernhaus in der Schweiz, 1903, 6. 187 Muthesius, 1979 (1904-1905), 130. 188 El-Wakil, 1989, 109.

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Cependant, nous sommes loin du plan « agglutiné », totalement délié, des maisons de Norman Shaw. Même les compositions plus simples de la dernière génération d’architectes anglais du XIXe siècle paraissent encore trop s’étirer par rapport aux réalisations Heimatstil d’Edmond Fatio, qui gardent toujours un caractère centré.

À côté du modèle anglais, nous savons que notre architecte lut et appliqua fidèlement les principes de Viollet-le-Duc.189 D’autre part, il faut rappeler que les rapports familiaux du Genevois passaient aussi outre-Atlantique. Le projet d’une villa pour son oncle Henry Barbey-Lorillard le prouve. Peut-être accueillit-il par ce biais une connaissance du plan synthétique de la « maison de week-end »,190 tel qu’il fut développé aux Etats-Unis par l’architecte Bruce Price ?191

- … et nationaux !

L’aspect extérieur des maisons genevoises d’Edmond Fatio fut donc presque l’unique porteur de la ferveur nationale du tournant du siècle. Nous avons vu plus haut quels étaient les éléments généraux caractérisant l’apparence de ces maisons et dans l’analyse du genre, les détails. Un aspect de la question qui n’est jamais abordé systématiquement est celui du rapport avec les modèles nationaux.

Or dans un mouvement dont la composante « nationale » et le retour aux sources locales sont importants, il convient de comprendre ce qui dans l’héritage du passé fut choisi pour remplir cette fonction.

On constate d’emblée que les modèles genevois ne furent pas utiles à cet égard, ou très peu. La ferme genevoise, comme il a été souligné dans les inventaires anciens ou récents, fut forgée par les spécificités topographiques et par le vent qui y souffle, la bise. Il en résulta que ces maisons « présentent leurs murs

189 Cf. p. 38 et n. 113. 190 Muthesius, 1979, 124, en parle comme d’une fonction nouvelle pour les petites maisons de campagne, qui fait fureur dans le monde anglo-saxon. Il ne semble pas que cette façon de vivre ait encore touché Genève, cependant. 191 La maison Barbey fut construite à Tuxedo Park, lotissement fondé par Pierre IV Lorillard, frère de Mme Barbey. M. Lorillard employa Bruce Price pour la construction des premiers pavillons. Leur plan est admirablement compact, mais on ne peut pas à l’heure actuelle faire de rapprochement plus précis avec l’œuvre de Fatio. À propos de Price, voir Scully, 1971, 126. Kintrea, 1978, nous renseigne sur l’histoire de Tuxedo Park.

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pignons, habituellement peu ajourés ou aveugles, aux froides rafales de la bise ou de la pluie… [et] leur façade gouttereau le long de la voie ».192 Rien de tel n’apparaît chez Fatio, ni les « murs coupe-vent débordant du nu de la façade »,193 ni l’escalier extérieur menant au premier étage, ni encore la toiture à la pente particulièrement faible et ne présentant de saillie que sur le mur- gouttereau.194 Ce dernier aspect n’apparaît jamais sur une façade de maison individuelle chez Fatio. Or il nous semple symptomatique qu’il figure sur le projet d’Arnold Hoechel au concours de villas de 1910, marquant certainement un tournant dans l’appréhension de la villa régionaliste,195 ce d’autant plus que nous avons mentionné qu’Hoechel avait peut-être passé par le bureau de Fatio.

En revanche, les maisons bourgeoises de la campagne genevoise ont peut-être inspiré la villa simple de Fatio. On y trouve en effet dès 1760 des maisons sobres, cubiques, à toiture à demi-croupes comme on en voit chez notre architecte. Mais si l’on parcourt l’ouvrage de 1904 de Guillaume Fatio, on constate que le type apparaît partout et, surtout, que l’auteur considère que ces couvertures « sont franchement suisses ».196

Les maisons complexes tirent leur origine des zones les plus diverses, sans que l’on puisse les rapprocher de Genève. La multiplicité des formes semble plutôt être le résultat d’un voyage à travers la Suisse, où une apparence globale est inspirée d’une région en particulier mais combinée avec des motifs venant d’autres. Ainsi, on constate que la silhouette des villas simples à toiture à deux versants est proche de celle des chalets. La maison au toit si particulier de René Claparède, avec sa brisure et ses pignons recouverts d’une très faible saillie, vient directement du Nord de la Suisse, tout comme, en général toute maison présentant un haut mur-pignon.

La région du Plateau suisse fut un réservoir particulièrement riche. Plusieurs tourelles en sont probablement tirées. On peut les rapprocher des Amandolliers

192 Encyclopédie de Genève citée in : Roland (et al.), 2006, 82. 193 Roland (et al.), 2006, 110. 194 Fatio, 1904, 85. 195 Schweizerische Bauzeitung, 1910, vol. II, 323. 196 Fatio, 1904, 51.

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(où la tourelle sert de cage d’escalier), mais aussi de la villa Gardy.197 La villa Asper, quant à elle, est peut-être inspirée comme le chalet Roussy des « Speicher » de cette région (cf. ill. 11), tout en étant construite en maçonnerie.

Cependant, la zone du Nord-est de la Suisse (cantons de Saint-Gall, Thurgovie, Schaffhouse) sembla avoir plus inspiré encore les maisons Heimatstil de Fatio. Hunziker en décrit fort bien les caractéristiques fondamentales dans son volume sur la Maison souabe :198 la technique du colombage y était toujours présente sur tout ou partie du bâti, dans la maison vernaculaire. La toiture à très forte pente y dégageait de hauts pignons.199 Parfois, la partie haute des pignons était décorée d’un lambrissage vertical. On aperçoit là une forme générale que l’on retrouve soit chez M. Gardy, soit chez M. Claparède, dont la brisure du toit renforce l’allusion à cette région. Quant au colombage, c’est un motif récurrent de cette phase de Fatio. Elle n’était certes pas inconnue d’autres régions, mais pas aussi répandue et typique.200 Elle s’applique une fois sur tout le bâti (villa Kummer), mais plus souvent sur la partie haute soit de maisons simples à toiture en pente faible (de Saussure, Kündig) ou encore sur des pignons transversaux (Fatio- Amandolliers, Hugo de Claparède, Presbytère de Pregny, Roux). Le cas de la maison Brenné est peut-être une citation directe d’une maison thurgovienne à colombages avec sa tour d’angle polygonale et sa couverture bulbée.201

Le pan de bois existe aussi en Suisse romande, mais dans de très rares cas. En l’occurrence, un monument fameux des bords du lac Léman put inspirer notre architecte. Il s’agit du château de Blonay, qui fut illustré dans l’ouvrage d’Anheisser (cf. cat. 14).202 L’un de ses corps du bâtiment est une tour dont on peut supposer qu’elle fit l’objet d’une reprise directe pour un avant-projet non réalisé de l’agrandissement (en forme de tour) de la villa René de Saussure, en 1906. Dans un cas comme dans l’autre, des étages de maçonnerie sont

197 Barbey (et al.), 1982, 301, auxquels on doit la comparaison avec des « manoirs bernois ou argoviens ». Plusieurs exemples se trouvent illustrés dans la Maison bourgeoise du canton de Berne, 1914, en particulier pl. 73 où elle se trouve dans un angle. 198 Hunziker, 1910. 199 Voir en particulier les beaux exemples illustrés dans Fatio, 1904, 65. 200 Hunziker, Maison du Plateau suisse, 1909. 201 Anheisser, 1910 (1907), frontispice. 202 Anheisser, 1910 (1907), pl. 42. Cette publication est cependant plus tardive que certaines maisons.

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surmontés par un comble en pan-de-bois, tandis que la toiture est à demi- croupe, supportée par des aisseliers.

De la même région du Nord-ouest viennent les particuliers oriels à plan rectangulaires, dont on voit surtout de nombreux exemples en ville de Saint-Gall (Kündig, Brenné) (cf. ill. cat. 22),203 tout comme ce motif alternatif du haut du pignon en lambrissage vertical (cf. ill. 13).204

Dès les débuts du Heimatstil en Suisse romande, on souligna l’importance qu’avaient les toitures dans l’affirmation du caractère local. Lorsque Paul Bouvier construisit son Palais des Beaux-Arts à l’Exposition nationale de 1896, un critique affirmait de l’exposition que le « style vraiment suisse » que les architectes avaient développé empruntait aux vieilles villes du pays « leurs toits aux courbures multiples, leurs avant-toits, leurs tourelles, leurs charpentes multicolores et leurs galeries couvertes ».205 L’argument paraît aussi sous la plume de Guillaume Fatio dans son Ouvrons les yeux !, comme nous l’avons vu plus haut.

À vrai dire, l’usage de ces types de toitures, de l’ensemble des corps annexes utilisés et des éléments de détail, répondaient plutôt à un désir de Pittoresque que d’allusion à des modèles précis. Tout comme Guillaume Fatio concluait son ouvrage par une sorte de catalogue des toitures, décors de toit, porches, cheminées, « accessoires pittoresques » donnant « tout le cachet des maisons suisses », les édifices de son frère paraissent en avoir été, pour la plupart, une forme de pierre, de bois et de terre. Dans les formes générales ou la combinaison des motifs de détail de ces maisons, le même esprit éclectique règne, évoquant une réalité suisse n’ayant jamais vraiment existé.

Seule la très simple villa Badel (Cat. 23), d’ailleurs tardive par rapport à la série, est peut-être l’exemple d’une maison offrant une vision du Régionalisme purifiée de la citation des livres d’images.

203 Plusieurs exemples sont illustrés de nouveau dans Fatio, 1904, 63 et Anheisser, 1910 (1907), pl. 81. 204 Hunziker, 1910, pl. 9b. 205 Crettaz-Stürzel, 2005, 61 : elle cite le catalogue Genève 1896, cat. 2000, p. 93.

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7.5. La villa classique

Bastard-Sordet (1916) ; Bates (1916) ; Fatio-Petita-Vy (1929-1930) ; de la Rive (1930) ; Norrie (1936)

7.5.1. Délimitation et chronologie

Alors que les projets de chalets et de maisons Heimatstil s’étaient jusque-là alternés dans la carrière de l’architecte, la villa classique en était complètement absente. Il fallut attendre la première Guerre Mondiale pour qu’elle apparaisse dans ses plans. Cette période semble avoir été un point de rupture – bien que les autres formes fussent encore utilisées ponctuellement. La recherche du Pittoresque - parfois poussée très loin – laissa globalement place à un goût assagi. Sans doute ce changement de style correspondit-il aussi à un changement de mode. Toujours est-il qu’à partir de cette période, les plans et les façades de Fatio formèrent des compositions plus massées, plus équilibrées et présentèrent parfois même des éléments décoratifs typiques de la tradition classique. Les commandes dans cette veine, passées en 1916 puis à la fin des années 1920, ne furent pas très nombreuses. Il n’est pas impossible cependant que d’autres commandes aient été passées hors du territoire genevois, faisant le lien entre les plus anciens et les plus récents projets de cette série. Un dernier exemple, plus sobre encore et faisant apparaître pour la première et dernière fois des structures visibles en béton, vit le jour en 1936. Il s’agira alors de la dernière commande de villa faite à Fatio dans le canton.

7.5.2. Programmes

On a l’impression que pendant cette période Fatio travailla presque exclusivement pour son milieu d’origine, celui de l’ancien patriciat genevois : alors que M. Bastard- Sordet commanda une très vaste demeure (Cat. 29) sise au milieu d’une grande parcelle aux allures campagnardes, Mme Bates, veuve d’un membre de la famille Pictet puis d’un banquier américain (et belle-mère du frère d’Emilie Fatio-Naville), se fit bâtir une grande et luxueuse maison au bord du lac (Cat. 30). En revanche, la villa de la Petita-Vy (Cat. 31), nouvelle commande de sa belle-sœur, ou celle de la voisine de cette dernière, Mme de la Rive, aux Petits Châtillons (Cat. 32), ou encore celle de M. Norrie (cousin d’Edmond Fatio) sont un peu plus modestes (Cat. 33).

Ces maisons eurent toutes la fonction de maisons de campagne, destinées à des commanditaires aisés. Ces derniers reproduisaient encore dans la période de

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l’entre-deux-guerres le mode de vie traditionnel des familles privilégiées. Ils passaient ainsi de leur résidence hivernale située dans les beaux quartiers de la ville à leur maison d’été. M. Norrie, quant à lui, vivait à New York. On peut supposer qu’il se rendait en Suisse pour passer l’été, pour y retrouver ses cousins et profiter de la maison comme d’une retraite ou d’une villégiature. Seule la villa Petita-Vy fut peut- être louée comme résidence principale.206

7.5.3. Formes

Plan et distribution

Parmi les villas classiques, trois sont à rapprocher par leur plan très similaire (Bastard, Bates et de la Rive). Celui-ci se caractérise par deux murs de refends transversaux et parallèles séparant un corps central de deux ailes latérales. Leur faible saillie sur le jardin est comblée par une véranda. La distribution est assurée par un large hall sur lequel s’ouvre l’escalier. Une pièce de passage largement ouverte sur la véranda (dans le cas Bastard c’est un salon supplémentaire, plus profond) relie un très vaste salon à une salle à manger. Celle-ci, cependant, est raccourcie à cause des pièces de service à l’arrière. Seule la villa Bates comporte encore une aile de service à l’anglaise (voir plus haut), en retour d’équerre où se trouvent la cuisine, l’office et à l’étage les chambres de bonnes desservies par un escalier indépendant.

Aux étages, les grandes chambres sont placées dans les ailes latérales, sur la façade privilégiée. Mmes Bates et de la Rive (Cat. 30 et 32), deux riches veuves, disposaient d’un appartement qui leur était réservé (occupant toute l’aile chez la première), incluant salle de bains, toilette, petit salon, tandis que chez M. Bastard, les chambres sont plus nombreuses à diviser l’espace. Les bains prolifèrent. En 1930, Mme de la Rive installa même une salle de bains pour ses domestiques, située dans le sous-sol.

La villa Petita-Vy est différente. Non seulement, il s’agit d’un programme plus modeste, mais son plan-masse est original : le corps central de l’édifice, de forme rectangulaire, est relié à des annexes par des ailes basses, le tout disposé en éventail multipliant des axes rayonnants. Une véranda, orientée vers le Sud-est, est

206 Mais il faudrait encore documenter le cas, tout en gardant à l’esprit que la commanditaire, Marguerite-Hélène Fatio-Pictet était déjà propriétaire de nombreuses maisons sur le territoire communal : la propriété du Saugy, dont elle avait hérité de sa tante Mme de Saussure-Pictet, le chalet et les Amandolliers.

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reliée par un passage découvert au petit salon, tandis que la cuisine se trouve dans un passage couvert menant au Nord vers le garage et l’atelier. Ainsi les zones de service sont encore une fois séparées de la partie des maîtres, bien que les chambres de bonne soient dans le comble du corps central.

Le plan de la villa Norrie est organisé en « U » autour d’un vaste hall central, d’une manière très régulière et presque symétrique. Les pièces de réception sont ouvertes les unes sur les autres ou vers l’extérieur avec lequel elles communiquent par l’habituelle zone de transition formée par le bow-window, la véranda ainsi qu’une large terrasse. À l’étage, la distribution est très simple. Désormais, toutes les chambres reçoivent l’eau courante. Si ce plan est relativement synthétique, il reproduit les schémas utilisés au cours des années 1910 et 1920.

Le rapport au paysage joue un rôle important dans la majorité des cas décrits. Il dicte logiquement l’orientation des maisons et l’emplacement des pièces de réception et des chambres de maîtres.Dans le cas de la Petita-Vy, la solution adoptée est en revanche particulièrement recherchée, puisque la disposition générale a permis à l’architecte de moduler l’axe en fonction des besoins particuliers de chacun des corps : les services avec vue vers le Nord, la maison orientée vers le mont Blanc et la véranda plus au Sud pour profiter du soleil.

Façades

Les façades présentent deux types différents. Le premier (Bates, de la Rive) montre une silhouette basse se développant horizontalement, composée d’un étage sur rez- de-chaussée avec toiture à croupes assez basse. Le second type (Bastard et Petita- Vy) présente un corps plus massé et une toiture différente. Haute, ses égouts sont retroussés et surmontés de poinçons qui en accentuent la verticalité. Son amplitude laisse la place à un étage de combles éclairé par de grandes lucarnes ainsi qu’un comble perdu (chiens-assis dans le cas de Bastard).

Les villas des années 1910 se caractérisent par une ornementation sobre, géométrique et classique. Seule la villa Bastard présente quelques effets plastiques avec ses ailes latérales légèrement saillantes du côté de l’entrée, reliées sur deux étages par des galeries à portique, son petit porche latéral conduisant à la cuisine et aux vérandas de la façade postérieure. Des chaînes harpées décorent les angles. Quant à la villa Bates, elle présente un jeu subtil d’écartement des travées au premier étage, qui révèle la structure intérieure de la maison. L’effet de différenciation du corps central est repris dans la villa des Petits Châtillons, de façon

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inversée : les travées sont plus serrées au centre et soulignées par la présence de deux loggias superposées, sur un mur d’une grande nudité (une seule chaîne horizontale moulurée).

La villa Petita-Vy est plus sobre encore. Elle ne comporte en effet sur les murs que la saillie du porche d’entrée et des discrets balcons. La symétrie axiale est parfaitement respectée, les baies régulièrement espacées, la lucarne de chaque face centrée. Les rares éléments de décor sont classiques : deux pilastres encadrent la porte d’entrée et les lucarnes sont surmontées d’un fronton-pignon. L’effet n’est cependant pas sec, grâce à l’utilisation de chambranles en molasse, dont la couleur grise contraste avec l’enduit de la maçonnerie.

La villa Norrie est d’une certaine manière l’exemple le plus abouti de cette évolution dont elle constitue presque une épure. Le schéma des villas Bastard et Petita-Vy a été cependant conservé. Le simple cube est surmonté du toit à pente accentuée, croupes et égouts retroussés, orné des grandes lucarnes à fronton-pignon. Pour le reste, tout décor de surface a disparu alors que les parties annexes sont résolument modernes dans leur aspect orthogonal.

Matériaux

Le matériau, chez Mmes Bates, est luxueux et traditionnel : il s’agit de pierre de taille. Les autres maisons jouent sur le contraste entre la maçonnerie enduite et les détails en pierre (ou « taille artificielle », chez Mme de la Rive) des chaînes horizontales et verticales ou des chambranles. Le bois a disparu du décor des façades et est désormais cantonné aux huisseries des baies.

Le béton était déjà utilisé pour la construction de certaines dalles qui étaient destinées à supporter des objets particulièrement lourds (cf. la salle de bain Trafford, par exemple, Cat. 10). Il n’y a qu’à la villa Norrie où ce matériau est mis à profit pour l’ensemble de la structure du bâtiment. Il faut souligner cependant que si ce fait est visible sur le plan, puisqu’il permet de construire des murs beaucoup plus fins, il n’est pas mis à profit dans l’organisation de l’espace intérieur et ce n’est que lors de la construction des parties annexes qu’il fut utilisé de façon à créer de très larges ouvertures. Quant à l’épiderme, il est lui-même entièrement crépi, cachant soigneusement le béton brut.

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7.5.4. Des sources de la villa classique

L’une des sources d’inspiration pour le retour du Classicisme du début du XXe siècle fut le style qui fut appelé dans les milieux germaniques « Um 1800 ».207 Celui-ci fut présenté comme un modèle à suivre pour lutter contre les historicismes de la fin du XIXe siècle et créer une architecture contemporaine réformatrice. Les Allemands se firent les premiers hérauts des valeurs de sobre élégance de ce style.

Schultze-Naumburg, le premier, exprima la nécessité de créer une architecture qui fût non seulement moderne – tenant compte des possibilités des technologies contemporaines –, mais qui montrât une simplicité de bon ton sur son extérieur. Il tentait d’expliquer les dévoiements des historicismes de la fin du siècle par une rupture avec l’évolution naturelle des formes artistiques et avançait un remède : la reprise de ce développement au moment où la coupure avait été faite, juste après les styles Empire et Biedermeier.208 Au fil des publications successives, l’auteur développa son idée d’une architecture qui ne comprendrait « keines von den heute so sinnlos aufgeleimten Türmchen und Zinnen und Zacken, die vollkommen überflüssig sind, mit dem Bewohner in gar keinem Zusammenhang stehen und im Grunde nichts als eine kindische Protzerei (…) bedeuten ». Il mettait de côté le superflu, l’inutile et le prétentieux dans l’art de bâtir, faisant ainsi la promotion d’un « rationalisme » à la fois fonctionnel et esthétique. De plus, l’idée était accompagnée d’illustrations - qui devaient éduquer l’œil du public et montrer une série d’exemples et de contre-exemples209 - comme allait le faire, peu après, le Heimatschutz dans ses propres publications. Il se servit dans ce but des édifices du « Classicisme romantique » allemand de la fin du Siècle des Lumières.

Paul Mebes publia bien plus tard son ouvrage « Um 1800 », dont le titre allait donner son nom au style. Son interprétation de cette même architecture était encore plus essentielle, mettant en valeur la structure aux dépens du décor. Se plaçant dans la lignée d’Adolf Loos (quoique moins intransigeant), il résumait : « Doch wie eine schlicht gekleidete Frau ohne jeden Schmuck, allein durch die edle Gestalt und die Anmut der Haltung schön erscheint, so wird uns auch ein Bauwerk ohne Ornament vollauf ästhetisch genügen, wenn die Hauptbedingungen, nähmlich Grundriss, Aufbau und Durchführung glücklich gelöst sind ».210

207 Crettaz-Stürzel, 2005, 41. 208 Schultze-Naumburg, 1898. 209 Schultze-Naumburg, 1902, 11. 210 Mebes, 1918, 2.

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Nous avons vu plus haut comment ces idéaux et leurs modèles anciens avaient été diffusés en Suisse par André Lambert, qui travaillait en Allemagne et était apparemment au courant des derniers développements théoriques qui y avaient cours. En 1900 déjà, il faisait l’éloge de la production de l’école munichoise, qui depuis quelques années réinterprétait une sobre tradition classique.211 Quelques années plus tard, il illustra à son tour certains beaux édifices allemands et suisses de ce style dans un ouvrage dont on eut connaissance en territoire helvétique.212

À Genève, on dut attendre quelques années pour assister à la réception de ce courant. L’article, écrit par le même auteur sur l’Architecture contemporaine dans la Suisse romande, publié entre 1902 et 1903 dans la Schweizerische Bauzeitung, révèle en effet l’absence de constructions en accord avec la mouvance munichoise. Au contraire, Lambert soulignait le caractère « suisse », exprimé dans la manière Heimatstil, des édifices d’Edmond Fatio. Cependant, le théoricien préconisait déjà, pour des édifices à construire près du cœur de la ville de Calvin, un style local qui s’harmoniserait avec son environnement classique. Celui-ci aurait « le caractère des hautes maisons patriciennes qui bordent les terrasses de Beauregard et de la Tertasse, non pas une copie, mais un rappel de la vieille ville majestueuse et hautaine ».213 Or ce n’est que dix ans plus tard que les villas classiques d’Edmond Fatio n’allaient voir le jour.

On a fait un rapprochement entre le style classique de Fatio et les demeures bernoises campagnardes du XVIIIe siècle.214 Il convient de corriger ce propos. En effet, il existait à Genève un style propre de maisons de campagne et c’est de celui- ci que l’architecte tira son inspiration pour ses œuvres classiques.

Edmond Fatio était, avant tout, un architecte genevois et il connaissait fort bien le patrimoine de son canton natal. Dès la dernière décennie du XIXe, il a été prompt à défendre les anciens monuments de la ville. Mais il connaissait aussi le visage plus riant des maisons de campagne dont le territoire est parsemé.215 Par ailleurs, en

211 Schweizerische Bauzeitung, 1900, vol. II, 163 ss. 212 Lambert/ Stahl, 1903 et Schweizerische Bauzeitung, 1904, vol. I, 207. Le critique y fait allusion à l’argument de la continuité du développement historique naturel montrant que Lambert avait lu l’ouvrage de Schultze-Naumburg paru l’année précédente. 213 Lambert in : Schweizerische Bauzeitung, 1902, vol. II, 235. 214 Heimatschutz, 54e année, no. 2, p. 59 215 Ses relations de famille et de société les conduisaient naturellement vers ces havres où grands- mères et tantes accueillaient généreusement parents et amis. On voit notamment une belle photo de Guillaume Fatio avec ses cousins chez sa tante par alliance Adèle de Saussure-Pictet devant la façade classique du Saugy, en compagnie de Dora de la Rive, future commanditaire d’Edmond. Fatio, 1943.

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1912, peu avant les villas Bates et Bastard, paraît le volume genevois de la Maison bourgeoise en Suisse auquel Fatio participe en réunissant des photographies et des relevés. Nul doute qu’à ce moment, sa connaissance de l’architecture « bourgeoise » du canton soit très profonde.

Pensant aux demeures de plaisance genevoises, on appelle évidemment à l’esprit les exemples qui sont à la fois les plus luxueux et les plus influencés par la culture française, en particulier les châteaux construits autour de 1750. Il existait cependant en ce siècle, période phare de la maison de campagne genevoise,216 un genre beaucoup plus sobre, généralement dicté par des moyens financiers plus réduits, mais parfois aussi appliqué à de grandes commandes.217 Tandis que les vastes dimensions et le très riche décor des premières étaient inadaptés aux besoins et à l’esprit nouveau de la société du début du XXe siècle, la seconde au contraire fournissait un modèle idéal. Présentant un plan-masse rectangulaire assez ramassé, ses façades étaient composées elliptiquement de murs de maçonnerie enduite. Son décor était réduit à des chaînes d’angle et les chambranles, limités à un rectangle essentiel. Parfois, on y trouvait un cordon de niveau, placé à hauteur d’appui des baies du premier, ou une corniche. La toiture y était haute, à croupes et égouts retroussés, et agrémentée de discrets poinçons. L’un des plus sobres exemples, tiré de la Maison bourgeoise à Genève, en est la « Maison Trainant au Port-Noir », à Cologny (cf. cat. 29).218 Or telles sont exactement les caractéristiques que l’on admire surtout dans les villas Bastard et Petita-Vy, mais aussi dans les autres.

Cependant, dans ce retour au Classicisme, Fatio mit en évidence les valeurs du type genevois. Certains éléments, qui dans les édifices du XVIIIe siècle avaient trop manifestement été importés de la France et en particulier de Paris, furent évités : le ressaut central couronné d’un fronton (porté parfois par des pilastres, colossaux ou non), la toiture à la Mansart ou les décors de la baie (mascarons, larmiers, crossettes), les reliefs figurés ou géométriques, les corniches et les moulurations. Au contraire, une lourdeur que l’on pensait plus représentative de l’art de bâtir régional fut accentuée. La villa de la Petita-Vy montre que la perfection des proportions fut abandonnée au profit d’un « déséquilibre expressif ».

216 La maison bourgeoise en Suisse, vol. II, La maison bourgeoise dans le canton de Genève, 1912, 3. 217 La Gara, construite pour la riche famille de Thellusson, était à la fois une très importante et sévère maison de campagne. Amsler, 1999. 218 La maison bourgeoise en Suisse, volume II, Le canton de Genève, p. XLI, pl. 98 mais aussi de nombreux autres exemples dans le même volume, ou chez Amsler, 1999. On y voit notamment que le cas de la toiture à demi-croupes dégageant des murs-pignon existent dès les années 1760 mais sont assez rares.

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Le décalage existant entre l’apparition de ce tournant théorique et ses effets sur le style d’Edmond Fatio est étonnant, mais il peut être expliqué à la lumière des développements que connut l’ensemble de la mouvance régionaliste en Suisse romande. Deux de ses aspects nous concernent. D’une part, un peu plus de dix ans après la construction du Village Suisse, on commençait au sein des milieux littéraires, de revenir de l’enthousiasme qu’il avait suscité. Les deux promoteurs de l’esthétique nationale, Gonzague de Reynold et Georges de Montenach critiquèrent tour à tour, en 1909-1910 et en 1916, l’attitude « touristique » des organisateurs et des spectateurs de l’Exposition nationale, ainsi que le « décor de théâtre » qui en était résulté.219 D’autre part, on assista à une prise de conscience du problème de la définition de l’identité culturelle en Suisse.

La revue « La Voile latine » fut créée en 1904 par le même Gonzague de Reynold, les frères Alexandre et Charles-Albert Cingria ainsi que Ramuz. Comme l’association du Heimatschutz, elle avait pour but de favoriser un retour à la tradition locale. Cependant, elle devint rapidement lieu d’opposition entre ses membres. Certains prônaient un « idéal helvétiste », tourné vers la Suisse allemande. D’autres, au contraire, rejetaient l’idée des racines de la Suisse romande et désiraient renouer le dialogue interrompu avec Paris et, en général, la latinité.

Fatio se rallia au courant « latiniste ». Lui et ses commanditaires220 se firent doublement l’écho de la transformation de discours esthétique en abandonnant d’abord le type du chalet (après 1907), puis celui de la villa Heimatstil (après 1912). Le nouveau style se concrétisa au moment où le nationalisme ambiant se focalisa sur des spécificités plus régionales que nationales.

C’est d’ailleurs ce ralliement à une idée de région « romande » (au sens large, c’est- à-dire de Suisse héritière de la culture romane) qui permet d’expliquer la création, en 1916, d’une maison inspirée par le Tessin et l’Italie. La villa Bates en tire en effet la volumétrie allongée, la toiture basse. Cette référence fut exprimée plus clairement encore dans la villa des Petits-Châtillons, dessinée en 1930, où le motif de la loggia est une franche allusion à la culture transalpine (cf. cat. 32).221

219 Le Dinh, 1992, 64. 220 L’importance des commanditaires et en général du goût du public n’est en effet pas à mésestimer. Les commandes très tardives du chalet Trafford et de la villa Ramelet montrent suffisamment que l’architecte savait se plier à un goût dépassé, si on le lui demandait. Dans le premier cas, le commanditaire était en l’occurrence anglais et ne s’inscrivait par conséquent pas dans la logique du nationalisme helvétique ou genevois. 221 Foletti/ Martinoli/ Agustoni in : Crettaz-Stürzel, vol. II, 2005, 293. Le motif avait été utilisé au Tessin pour les mêmes raisons de lutte contre l’influence « étrangère » (germanique) et l’affirmation du

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8. Conclusion

Membre d’une jeune génération pleine d’idéaux, Fatio éprouva sans doute le même ressentiment que ses congénères à l’égard de la production architecturale contemporaine. Ce qui est certain, c’est qu’il adhéra ouvertement à la volonté générale de changement. Les débuts de la carrière de l’architecte montrent bien sa contribution aux réformes de l’époque. La création de la notion d’ « identité nationale » constituait un parfait tremplin pour rompre avec l’enseignement des maîtres et promouvoir un genre nouveau. Il se focalisa sur deux modes que Fatio s’empressa d’exploiter pour ses villas genevoises : le chalet et le Heimatstil. Quoique le chalet fût la persistance d’un genre ancien, l’architecte le reprit néanmoins car il représentait alors une alternative aux historicismes. La maison Heimatstil, quant à elle, constituait une réelle nouveauté. La provenance des modèles et le résultat en faisaient une création distincte du chalet, même si on y retrouvait l’habitude éclectique du rassemblement de motifs divers. Son originalité tint avant tout en ce qu’elle recherchait, par l’inspiration de sources trouvées dans tout le pays, à illustrer un mode d’expression proprement helvétique. Qu’il choisît l’un ou l’autre mode architectural, Fatio restait dans l’idée de faire de ses villas des constructions à vocation nationaliste.

Cette vocation fut bien vite ébranlée. Entre 1910 et 1914, les critiques du mouvement soulignèrent la caducité du nationalisme culturel en Suisse. Si le nationalisme culturel créa des conflits entre pays européens, en Suisse, il conduisit presque à l’éclatement. En effet, la « Nation suisse» pris vite conscience de sa fragilité lorsque des tensions, provoquées par l’imminence de la Première Guerre mondiale, opposèrent les cantons germaniques aux cantons latins, menaçant de plonger le pays en pleine guerre civile. L’unité culturelle, la « culture helvétique » telle qu’on voulut la présenter, était un montage artificiel. L’identité qu’on avait voulu créer se révéla être un échec. Fatio prit immédiatement acte de ce revirement : il abandonna tout élément d’ascendance germanique dans son architecture pour retourner à un classicisme « de bon aloi », qui ne dérangeât pas au sein d’un canton

rattachement à la culture italienne. Un édifice rural, dessiné à l’occasion de l’exposition de 1918 organisée pour la promotion d’une architecture régionale, pourrait avoir servi de modèle direct à la façade de la villa des Petits-Châtillons. Ibid., 299 s., fig. 14.

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renouant soudainement avec son passé francophile et rejetant l’« étranger » allemand.

Ce classicisme dut beaucoup à la culture architecturale locale, du moins telle qu’elle apparut dans le courant du XVIIIe siècle. Une comparaison avec la production contemporaine en Suisse montre cependant que les différences (avec le canton de Berne, par exemples) ne sont pas fondamentales. Dans le contexte historique, il est cependant à peu près certain que les villas classiques furent considérées par Fatio et perçues par le public comme une création purement locale, porteuse du message que la Patrie, c’est avant tout Genève, puis le monde latin et, enfin, la Suisse.

Il semblerait que les bouleversements idéologiques aient fini par être plus forts que les tendances à la réforme de la Wohnkultur. Elle permit une transformation de la structure intérieure de la maison, à laquelle Edmond Fatio participa. En revanche, au moment où l’architecte se convertit au classicisme du XXe siècle, il abandonna cette attention à l’« art d’habiter » au profit d’un ordre et d’un formalisme plus prononcés.

Dans la grande tradition classique continuée par les mouvements historicistes du XIXe siècle, l’attitude d’Edmond Fatio fut celle de l’architecte érudit. Si l’on voit une constante qui lie ses œuvres les plus diverses d’un fil rouge, c’est le plaisir de la citation. Sa riche culture et son goût pour la mémoire trouvèrent toujours le moyen de s’exprimer dans ses œuvres, qu’elles arborassent des dehors régionalistes ou classiques.

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9. Annexes

9.1. Annexe 1 : Bibliothèque Edmond Fatio « L’une des meilleures manières de recréer la pensée d’un homme : reconstituer sa bibliothèque ».

Marguerite Yourcenar222

9.1.1. Méthodes de recherche

La recherche des ouvrages d’architecture possédés par Edmond Fatio se fit en deux temps. Tout d’abord, en l’absence de catalogue dressé, on prit le parti de traquer des traces d’appartenance sous formes d’ex-libris. Ce mode de recherche fut utilisé en premier lieu lors de la consultation de notices d’inventaires de la BGE puis des bibliothèques universitaires suisses. La moisson, dans ce contexte, fut bien maigre : peut-être les ex-libris ne sont-ils pas toujours mentionnés dans les notices ? En revanche, les résultats furent plus importants grâce à une inspection de la toile.223 Des marchands de livres anciens mettent en effet en ligne les notices de leurs propres catalogues. Dès lors, on pouvait commencer d’établir les premiers linéaments de cette bibliothèque. Consciencieux et méthodique, Edmond Fatio avait marqué ces ouvrages de son sceau.

Ensuite, une autre hypothèse fut émise. Nous savons grâce à plusieurs publications et recensions d’expositions qu’Edmond Fatio collectionna et exposa des dessins d’architecture anciens. Il prévit lui-même224 la dispersion de cette collection qui eut lieu juste après sa mort dans une vente aux enchères, les 3 et 4 juin 1959.225 Or la maison qui s’en chargea était dirigée par l’antiquaire Nicolas Rauch, par ailleurs spécialiste de livres anciens. Il paraissait donc probable que les livres aient subi le même sort. Hélas, les catalogues conservés des environs de 1959 portent à croire que la vente ne se fit pas par ce biais – ou que les livres ne furent pas vendus du tout. Il était possible que certains ouvrages eussent suscité l’intérêt des héritiers de l’architecte – ce que confirma ensuite une communication orale de M. Olivier Fatio.

222 Marguerite YOURCENAR, Carnet de notes des Mémoires d’Hadrien, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1982, p. 524. 223 Par ex. : le 10.03.2007, recherche par Google avec les mots-clefs « Edmond Fatio » + ex-libris. 224 Souvenirs de la petite-nièce de l’architecte. Celui-ci est décédé le 3 mai 1959. 225 Voir Annexe 2.

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Et c’est quand on ne l’espère plus que la chance finit par sourire: nous devons à la diligence de Mme Michala Ugnivenko, que nous tenons ici à remercier, d’avoir mis la main sur un catalogue de vente de 1953 qui fut, apparemment, entièrement composé des ouvrages d’Edmond Fatio.

9.1.2. Ouvrages avec ex-libris Edmond Fatio

Architecture et décor d’architecture XVIIe et XVIIIe siècles

d’AVILER, Augustin Charles, Anhang zu der ausführlichen Anleitung der ganzen Civil- Baukunst, des J. Bar. de Vignola, welche von dem S[ieu]r A.C. Daviler, königlichem Französischen Baumeister herausgegeben worden, welcher die Vermehrungen an Kupfern sowohl als der Erklärung derselben, die in der neuesten französischen Ausgabe dieses Buches angetrofen werden, enthält / aus dem Französischen übersetzt, Augsbourg, Johann Georg Hertel, 1759.226 Il s’agit de la traduction allemande d’un ouvrage théorique de d’Aviler s’appuyant sur les œuvres de Vignole et de Michel-Ange.

CALLIAT, Pierre Victor (1802-1881), Hôtel de Ville de Paris.227 Mesure, dessine, grave et publie par V. C., inspecteur de l'Hotel de Ville. Avec une histoire de ce monument et des recherches sur le gouvernement municipal de Paris par Le Roux de Lincy, Crapelet, Paris, 1844 (+1859 supplément).228

DELAFOSSE, Jean-Charles, Recueil de suites de gravures, s. l., s. n., [vers 1770]. Ex-libris Edmond Fatio.229

DIMIER, Louis (1865-1943), Le style Louis XIV – L’hôtel Lauzun, décorations intérieures, panneaux sculptés et arabesques, Charles Eggimann, Paris, 1912.230 Portefeuille contenant une trentaine de planches représentant un hôtel particulier parisien du XVIIe siècle.

FÉLIBIEN, André, Sieur des Avaux et de Javercy, Description de la Grotte de Versailles oder Beschreibung der Grotten zu Versailles – mit zwantzig schönen

226 Conservé à la BGE, sous cote : BPU IA 2401/2. 227 L’hôtel de ville de Paris, d’abord installé dans édifice du XIVe déménagea ensuite dans un palais réalisé sur des dessins de l’architecte italien Boccador dès 1533. En 1871, les Communards mettent le feu à l’ancien hôtel de ville qui est entièrement détruit, mais reconstruit entre 1874 et 1882 par Ballu et Desperthes. Le texte et ses illustrations documentent donc le bâtiment de la Renaissance,y antérieur à cette destruction. 228 En vente chez Erasmushaus – Haus der Bücher, http://www.ilabdatabase.com/member/search.php3. 229 Catalogue d’une vente de Pierre Bergé, à Drouot, Paris, le 28.11.2006. 230 En vente chez Erasmushaus – Haus der Bücher. Voir ci-dessus.

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Kupffern den Kunst-Liebenden zu Nutzen an den Tag gegeben und verlegt durch Johann Ulrich Krausen, Kupfferstechern in Augspurg, Augsbourg, vers 1700.231

GAILHABAUD, Jules (1810-1888), L'architecture du Ve au XVIIe siècle et les arts qui en dépendent: la sculpture, la peinture murale, la peinture sur verre, la mosaïque, la ferronnerie, etc. Publiés d'après les travaux inédits des principaux architectes français et étrangers, Gide, Paris, 1858. Il s’agit ici d’une histoire de l’architecture accompagné de cinq volumes d’illustrations, allant des « Temps anciens » à la « Période moderne ».232

PFNOR, Rodolphe (1824-1909), Architecture, décoration et ameublement. Epoque Louis XVI. Dessinés et gravés d'après des motifs choisis dans les palais impériaux, le mobilier de la couronne, les monuments publics et les habitations privées, A. Morel, Paris, 1865.233

Architecture et décor d’architecture suisse

de GRAFFENRIED, Karl-Adolf/ de STÜRLER, Ludwig Gabriel Rudolf, Architecture suisse, ou choix de maisons rustiques des Alpes du canton de Berne, J. J. Burgdorfer, 1844, Berne.234

Autres

HAVARD, Henry, L'art à travers les mœurs, Paris, Decaux et Quantin, 1882.235

9.1.3. Catalogue de la vente aux enchères du 23 novembre 1953236

Ce catalogue nous montre qu’une partie de la collection de livres anciens de l’architecte fut vendue six ans avant sa mort. Mais les titres recensés plus haut n’y apparaissent pas.

Au vu de la très riche bibliographie (198 entrées) que ce catalogue offre, nous n’entrerons dans les détails. Le relevé des grandes tendances de cette collection sera néanmoins brièvement abordé.

231 Conservé à la BPU, sous cote : BPU IA 2405. 232 Le cinquième volume d’illustrations en vente chez Erasmushaus – Haus der Bücher. Voir n. ci- dessus. 233 En vente chez Erasmushaus – Haus der Bücher. Voir n. ci-dessus. 234 En vente chez Harteveld, catalogue n. 200, livre n. 100. 235 En vente chez Erasmushaus – Haus der Bücher. Voir n. ci-dessus. 236 NICOLAS RAUCH S.A., Architecture, Ornements, Décoration intérieure, Recueils de Vues, Bibliothèque de M. Edmond Fatio, catalogue de vente aux enchères, Genève, 1953.

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D’abord, des considérations géographiques et chronologiques : notons que plus de la moitié des livres furent publiés en France – sans compter les éditions françaises de traités italiens ou étrangers (Vitruve, Palladio, Vignola, etc.). Ensuite, les ouvrages répertoriés couvrent une large période allant du XVIe au début du XIXe siècle. La période de prédilection, du moins la plus représentée, est le XVIIIe siècle qui représente près de 2/3 des ouvrages. En dehors de ce siècle (dans le comptage duquel ont été exclus les rééditions de traités ou d’ouvrages plus anciens), se trouvaient une dizaine d’ouvrages du XVIe siècle, une trentaine pour le suivant et enfin seulement une vingtaine du XIXe siècle.

Concernant cette dernière période, il est à noter que seul le premier tiers du siècle est représenté, avec de rares exceptions. Ceci est d’autant plus surprenant que les titres cités plus haut sont en grande majorité de ce siècle. On s’étonne en particulier du manque de littérature suisse et anglaise.

Edmond Fatio, qui se documentait avec une telle passion, ne pouvait cependant pas avoir négligé de posséder des ouvrages traitant de l’histoire architecturale de son pays ou de sa ville. Seul la présence du Graffenried est attestée – et même pas dans la vente de 1953. De plus, qu’est-il advenu de l’abondante littérature qui vit le jour au XIXe siècle en Angleterre ? De ceux qui la diffusèrent sur le continent au début du siècle suivant ? Car c’est à des architectes et théoriciens d’outre-Manche que l’on doit en premier lieu la valorisation de la maison individuelle en tant que type architectural ainsi que sa réforme et son adaptation progressive aux nouveaux modes d’existence de la bourgeoisie.

Ces lacunes sont assurément à mettre au compte du désintérêt non pas de notre architecte mais plutôt du libraire et du marché : à la fois trop anciennes et trop récentes, ces publications étaient tout simplement passées de mode. Ou peut-être furent-elles léguées par Fatio à l’un de ses neveux ?

Enfin, remarquons encore que les ouvrages traitant d’architecture au sens étroit se partagent la bibliothèque à parts à peu près égales avec les livres sur les ornements, notamment intérieurs. On voit que les thématiques abordées sont nombreuses et diverses mais ont presque toujours un rapport avec le bâti. Les traités d’architecture côtoient des albums de modèles ou encore des relevés de monuments fameux (de l’Antiquité, de la France ou surtout de l’Italie). Certains livres sont très spécialisés : nous comptons à ce titre des manuels d’ingénierie des eaux, plusieurs titres consacrés à la serrurerie ou à la menuiserie ou encore des traités de perspective.

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Finalement, n’oublions pas quelques albums consacrés aux grandes mises en scènes des fêtes princières. Ce type particulier d’architecture fut très en vogue au XVIIIe siècle (comme en témoignait aussi la collection de dessins anciens de Fatio). Quelques recueils de gravures d’après des peintures ou tapisseries fameuses complètent le lot.

La villa dans la bibliothèque

Pour former cette catégorie, il convient d’en déterminer les critères. En effet, tous les ouvrages peuvent contenir, potentiellement, un élément se rapportant de près ou de loin à la maison particulière suburbaine ou de campagne.

Le critère sera celui : nous allons écarter tout ce qui ne traite pas exclusivement de la maison de campagne. Ainsi, en seront écartés les ouvrages concernant le décor en général, divers types de bâtiments ou encore les projets royaux. Les deux premiers groupes ne forment pas une littérature spécialisée ayant pour objet de définir mieux ce type particulier d’édifices. Le dernier groupe, en revanche, comprend des connotations dynastiques et politiques trop évidentes pour ne pas former une typologie originale, dont les problématiques sont tout différentes.

Restent ainsi :

- Jean-François Blondel, De la distribution des maisons de plaisance, 1737-1738.

- Briseux, L’art de bâtir des maisons de campagne, 1743.

- Grohmann, Recueil de dessins… contenant des plans de petites maisons de campagne, petits pavillons de jardins (etc.), 1805 (Venise).

- Le Mercier, Le Magnifique Chasteau de Richelieu, XVIIe siècle.

- Lugar, Villa Architecture : A collection of Views, with plans, of Buildings executed in England, Scotland, etc., 2nde ed., Londres, 1855. (Ajouté à ce lot : Thomson, Retreats ; et Robinson, Designs for Gate Cottages, Lodges, etc.).

- Malton, An essay on British Cottage Architecture, 1798. (Ajouté à ce lot : Papworth, Rural Residences… Cottages, small Villas, and other ornamental Buildings… Landscape Gardening, Londres, Achermann, 1818 ; et Lightoler, T., The Gentleman and Farmer’s Architect, Londres, Sayer, 1764.)

- Miller, The Country Gentleman’s Architecte, Londres, 1787.

- Percier et Fontaine, Choix des plus célèbres maisons de Plaisance de Rome et de ses environs, 1809.

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- Résidences- Représentations… de la Favorite de son Altesse Electorale de Mayence… des châteaux de Weisenstein et de Geubach… aux Comtes de Schönborn… de Marquardsbgourg… Résidences.. du Prince Eugène François, duc de Savoie, divers titres entre 1726 et 1731. Cet ouvrage, traitant des résidences campagnardes de princes allemands, a pour objet un type de château entre palais royal et maison aristocratique.

Nous constatons, à la vue de ces titres, que la littérature spécialisée en la matière est, proportionnellement à l’ensemble des ouvrages d’Edmond Fatio, peu représentée. Sur 198 lots, seuls 13 titres font partie de cette catégorie.

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9.2. Annexe 2 : Collection de dessins XIX et XXe siècles d’Edmond Fatio

Nous n’allons pas faire ici état de la collection de dessins anciens. Celle-ci fut en effet exposée plusieurs fois et cataloguée lors de sa vente aux enchères auprès de Nicolas Rauch S.A., peu après la mort de l’architecte, les 3 et 4 juin 1959.237

En revanche, il nous paraît intéressant de présenter une liste des dessins qui ne furent pas inclus dans cette vente. Ils avaient été placés (en partie collés) dans un grand album in-folio qui est aujourd’hui conservé par ses héritiers.238

Ces dessins étaient, pour la plupart, des dessins d’architectes ou d’illustrateurs. Seuls ces derniers nous intéresseront ici. Projets ou représentations d’édifices anciens – comprenant des chalets de montagne, des villas méditerranéennes, des maisons Heimatstil, une représentation de Notre-Dame de Paris – côtoient des édifices sur lesquels Fatio avait lui-même travaillé : transformation de la maison Naville à Conches, modification des immeubles de la rue du Perron, construction de la chapelle des Mayens-de-Sion.

Les esquisses avaient été demandées par Fatio à leur auteur, qui étaient parfois des camarades d’études à l’Ecole des Beaux-Arts (Debat ou Herscher) ou simplement des confrères en Suisse. Quelques lettres conservées dans l’album nous renseignent sur les demandes effectuées par Fatio. Des œuvres d’artistes, déjà décédés à l’époque de notre architecte, font aussi partie de la collection, notamment celles du peintre lucernois Schiffmann (1822-1883) ou de l’artiste français de Régny (1799-1881). Le collectionneur les acquit sans doute lors de ventes.

9.2.1. Dessins d’anciens élèves de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris

- « Debat, atelier Pascal », projet de concours d’émulation (oct. 1894, timbre du contrôleur « [ ?]iez », n. 13, 5 au crayon) pour un pavillon d’entrée. Deux éléments du projet : une feuille montrant plan, coupe et élévation, à l’encre de Chine ; un calque de l’élévation rehaussée au lavis.

237 Dessins anciens. Collection Edmond Fatio. Architecture, décoration, théâtre, particulièrement de l’époque baroque : vente aux enchères à Genève, mercredi et jeudi 3 et 4 juin 1959, Genève, N. Rauch, 1959. 238 Genève, Archives Privées.

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- Ernest Herscher (1870-1937 ou 39), Pile d’un Pont suspendu, concours Godboeuf, 1895, école des Beaux-Arts, aquarelle. Vue de Notre-Dame depuis le Pont de la Tournelle, pointe-sèche. Ces deux documents furent envoyés le 07.11.1937, accompagnés d’une lettre dans laquelle on voit poindre une certaine nostalgie des temps d’études à l’Ecole des Beaux-Arts : « … pour renouer par lettre, en attendant mieux, je l’espère, une vieille camaraderie, une vieille amitié tenace malgré la distance, malgré les ans ! », puis « leurs dizaines qui mettent un peu de brouillard (…) mais sans altérer aucunement le fond même de notre vie commune dans l’atmosphère de l’atelier de la rue Mazarine ».

- Louis Faure-Dujaric ou Faure-Dujarric (1875-1943), « perspective du vestibule », esquisse pour le vestibule du Musée des Beaux-Arts de Genève, concours, encre de Chine, 1902. L’architecte avait terminé son parcours à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en obtenant son diplôme en 1899, après s’être présenté au concours pour le Grand Prix de Rome. Le cas n’est pas si courant que cela. Fatio, notamment, quitta l’Ecole à la fin du premier cycle.

9.2.2. Confrères suisses

- Hans Bernouilli. Vue de fontaine parc de Schönbrunn, crayon. Vues d’Italie, crayon. Vue du château d’Ivernois (maison du XVIIIe), Môtiers, crayon. Lettre du 07.01.1944.

- Edmond Yung, dessin crayon d’un chalet de Dangio, val Blenio. Lettre du 3.08.1946, où l’on constate que les deux hommes entretiennent des rapports d’amitié – respectueuse de la part de Yung.

- Daxelhofer, vue de , Altes Museum. Sous forme de carte postale, envoyée de Berne en 1918.

- Rudolf Christ. Place d’Italie, gravure. Envoi avec lettre du 31.05.1946. Coupure de journal. Dessin en carte postale, maisons dans un environnement campagnard, encre, daté 1951.

- Max Jenny, architecte, Berne, vue de Apáno Meriá, Santorin, crayon, daté 1935. Vieux villages du Tessin, crayon, daté 1942.

- Hans Bracher, vue de Venise, crayon. Deux vues de Potsdam, Neues Palais, crayon. Lettre datée 1945.

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- Rodolphe Tièche, château Spittel à Sumiswald, sanguine, datée 1917. Selon l’artiste lui-même, le château était alors « encore très pittoresque », comme il en témoigna dans une lettre de 1918.

- Max Kopp, place classique avec palais et obélisque, encre de Chine et lavis, daté 1944. Lettre du 04.07.1945.

- Hans Klausen, Berne, vue d’un portail avec deux gros vases, crayon. Lettre de 1945.

9.2.3. Peintres et illustrateurs

- Ferrero, « peintre décorateur ». Vue au crayon de l’amphithéâtre de Vérone, 1930.

- Chauvet, Baalbek, crayon et aquarelle, 1948.

- Raoul de Wurstemberger : vue de la maison Lucien Naville, avant transformation, crayon ; portail de propriété Vieusseux, Genève, crayon. La transformation en question fut réalisée par notre architecte.

- Joseph Nicklaus Schiffmann, dessin du vieux Fribourg. Maisons en colombages, pittoresques, toutes courbes, penchant dangereusement vers l’avant avec tour de la cathédrale dans le fond, crayon, daté 1841.

- Max Lutz, maison de Biasca, esquisse sanguine, daté 1940.

- E. Hausser ou Hausler, Vue d’Amalfi, crayon et aquarelle, s.d.

- Jack Monod, lettre avec vue partielle du château de Blois, plume et encre, 1945.

- André Jacques, Eglise de Lémenes, Chambéry, Savoie, eau-forte, 1947.

- Camille Robida (illustrateur ayant travaillé avec Guillaume Fatio sur les Yeux ouverts !), plusieurs estampes représentant Genève, des détails de maisons, pointe-sèche. Notamment rue du Perron et maison Baulacre vue depuis la banque Lombard, où l’architecte avait travaillé à des restaurations. Deux aquarelles des deux chapelles des Mayens de Sion, datées 1903. La seconde avait été construite par Edmond Fatio en 1901 pour les Protestants – Anglais – de passage dans cet idyllique coin du Valais.

- Alfred de Régny : plusieurs dessins qui ont tous été retirés de l’album, probablement en raison de leur valeur marchande plus importante. On voit encore la légende sur l’album.

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9.3. Annexe 3 : Dessins anciens de la collection Edmond Fatio

L’état de la collection de dessins anciens d’Edmond Fatio est connu grâce à trois documents. Premièrement, le catalogue d’une exposition qui eut lieu à Zurich les 1-3 août 1946. Ensuite, celui d’une autre exposition, tenue à Florence deux ans à peine avant la mort de l’architecte, en 1957 et, enfin, le catalogue de la vente aux enchères des 3-4 juin 1959 pendant laquelle la collection fut dispersée.

9.3.1. Architektur- und Dekorations-Zeichnungen der Barockzeit aus der Sammlung Edmond Fatio, Genf, Zurich, du 1er juin au 3 août 1946

Dans les listes qui suivent, nous n’avons répertorié que les dessins attribués avec précision et ceci, en retenant l’attribution faite alors – les doutes des commissaires marqués par un « ? ». À noter que les lieux indiqués furent proposés par la publication en question et qu’ils prétendaient se référer aux lieux de travail des artistes exposés. L’ordre est celui du catalogue.

Italie

- Petrus ZARA (Italie Nord, 1ère moitié XVIII)

- Giovanni Francesco Barbieri, dit GUERCINO (Cento, Bologne, Rome, 1591 – 1666)

- Carlo RAINALDI (Rome, 1611 – 1691)

- Mauro TESI (Bologne, 1730 – 1766)

- Pietro GASPARI ? (Venise, 1720 – 1785)

- Francesco GUARDI (Venise, 1712 – 1793)

- Antonio Canale dit CANALETTO (Venise, 1697 – 1768)

- Giovanni Battista PIRANESI (Venise, Rome, 1720 – 1778)

- Giovanni Paolo PANNINI (Piacenza, Rome, 1691 – 1765)

- Giovanni Battista FALDA ? (Valduggia, Rome, 1648 – 1678)

- Père Andrea POZZO (Trento, Vienne, 1642 – 1709)

- Michelangelo COLONNA (Bologna, 1600 – 1687)

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- Flaminio MINOZZI (Bologne, 1735 – 1817)

- Vincenzo DAL RE (Naples, † 1762)

- Ferdinando GALLI DI BIBIENA (Bologne, 1657 – 1743)

- Giacomo TORELLI (Fano, Venise, Paris, 1604/08 – 1678)

- Antonio GALLI DI BIBIENA (Parme, Milan, 1700 – 1774)

- Giuseppe GALLI DI BIBIENA (Parme, Vienne, Berlin, 1696 – 1756)

- Carlo GALLI DI BIBIENA (Vienne, 1728 – après 1778)

- Fabrizio GALLIARI (Andorna, Vienne, Treviglio, 1709 – 1790)

- Pio PANFILI (Fermo, Bologne, 1723 – 1812)

- Luigi VAN VITTEL (Naples, Caserte, 1700 – 1773)

- Locovico POZZETTI (Reggio Emilia, 1782 – 1854)

- Pietro di GONZAGA (Longarone, Venise, 1751 – 1798)

- Giuseppe VALERIANI (St-Pétersbourg, 1751 – 1798) (7 identifiés et 17 attribués)

- Angelo CARBOBNI (Bologne, St-Pétersbourg, première moitié XVIII)

- Pietro RIGHINI ? (Parme, 1683 – 1742)

- Vittorio BIGARI (Bologne, 1792 – 1776)

- Raffaello Angelo SAVACE (Vénétie, seconde moitié XVIII)

- Francesco SOLIMENA, (Canale di Serino, Venise, Barra, 1657 – 1747)

- Domenico BOCCAFANI ?

France

- Pierre PUGET (Marseille, 1620 – 1694)

- Gabriel PERELLE (Vernon-sur-Seine, Paris, 1603 – 1677)

- Sébastian BOURDON (Montpellier, Rome, Paris, 1616 – 1671)

- Pierre MIGNARD II (Avignon, 1640 – 1725)

- Jacques de LAJOUE II (Paris, 1687 – 1761)

- Jean-Antoine WATTEAU ? (Valenciennes, Nogent-sur-Marne, 1684 – 1721)

- Jean-Baptiste OUDRY (Paris-Beauvais, 1686 – 1755)

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- Daniel MAROT I (Paris, La Haye, vers 1663 – 1752)

- Claude GILLOT (Langres, Paris, 1673 – 1722)

- Gilles-Paul CAUVET (Aix, Paris, 1731 – 1788)

- Nicolas PINEAU (Paris, St-Pétersbourg, Paris, 1684 – 1754)

- Gilles-Marie OPPENORT (Paris, 1672 – 1742)

- Isaac de MOUCHERON

- (1670 – 1744)

- Jacques-François BLONDEL (Rouen, Paris, 1705 – 1774)

- Jean-Louis DESPREZ (Auxerre, Stockholm, 1743 – 1804)

- Hubert ROBERT (Paris, 1733 – 1808)

- Honoré FRAGONARD ? (Grasse, Paris, 1732 – 1806)

- Lazare BRUANDET (Paris, 1755 – 1804)

- J. H. VOGELIN (seconde moitié du XVIII)

- Romain GIRARD (Né vers 1751 à Paris)

- Charles-Etienne BRISEUX (Baume-les-Dames, 1660 – 1754)

- Henri SALLEMBIER (Paris, vers 1753 – 1820)

- Pierre RANSON (Paris, 1736 – 1786)

- Jean PILLEMENT (Lyon, 1728 – 1808)

- Jean-Charles DELAFOSSE (Paris, 1734 – 1789)

- Jean-François FORTY (Paris, actif ? vers 1775 – 1790)

- Jean-Jacques LAGRENÉE le Jeune (Paris, 1739 – 1821)

9.3.2. Mercedes VIALE FERRERO, I disegni scenografici della raccolta Fatio, in : Critica d’arte, n. 23, 1957, pp. 370-395

En raison du nombre des objets de l’exposition, nous n’allons pas reproduire de liste. Nous pouvons toutefois noter que la quantité des dessins exposés, quand bien même cela fut à l’étranger, était bien plus grand qu’à Zurich : pas moins de 160 œuvres partirent ainsi pour Florence, où elles furent montrées au public à la « Strozzina ».

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Majoritairement composée d’artistes italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, dans une moindre mesure de dessins français de la même époque, l’exposition était aussi agrémentée de quelques beaux dessins du XVIe siècle. L’un d’entre eux, attribué à l’entourage de Bramante, représente la cour des palais du Vatican. Les autres sont des décors de Perin del Vaga et de Polidoro da Caravaggio. Les dessinateurs qui se suivirent ensuite illustrent parfaitement la monumentalisation de la représentation architecturale ayant cours et le développement illusionniste culminant dans les dessins de la famille Galli di Bibbiena. Les œuvres de ces derniers, largement représentées, produisent des effets spectaculaires et parfois même vertigineux.

Sont également représentés des artistes français, principalement du XVIIIe siècle et - comme perdus dans la collection - deux dessins hollandais.

9.3.3. Nicolas RAUCH S.A., Collection Edmond Fatio, Catalogue de vente, vente n. 21, 3-4 juin 1959, BGE Aa 33 22 années 1956 – 1960 n. 14 – 26

Cette grande vente des dessins d’Edmond Fatio, organisée juste après sa mort comprenait 251 lots. Certains d’entre eux étaient constitués d’albums entiers, ce qui nous permet de mesurer l’ampleur du nombre de dessins. Encore une fois, notre collectionneur achetait surtout des dessins italiens ou français du XVIIIe siècle. Les autres écoles sont très rarement représentées (école autrichienne et hollandaise). En revanche, des œuvres des XVIe et XVIIe siècles l’égayent, bien que moins abondamment. Enfin, le XIXe est beaucoup moins illustré et, surtout, l’art local en est presque absent.

Dessins du XIXe siècle des écoles

Citons ici les dessins du XIXe (et du XXe siècle) qui se trouvaient dans la vente – et qui ne furent exposés ni à Zurich, ni à Florence. Ils sont peu nombreux :

- Antonio BASOLI (1774 – 1848) : trois dessins, dont l’un daté 1840.

- Francesco COCCHI (1788 – 1865) : un dessin non daté. Scène théâtrale monumentale. S’inscrit probablement dans la tradition des Bibiena.

- Ecole française du XIXe siècle. Une scène de ruines et une scène dans un parc.

- Henri FRAISSE (1804 – 1848) : albums contenant des dessins. Croquis et relevés d’architecture. Datés 1826-1827.

- Léon GAUCHEREL (1816 – 1886) : une vue de la ville de Beaune, datée 1844.

- Gaetano GENOVESE (1795 – 1860) : dessin représentant des stalles d’église.

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- Henri-Joseph HARPIGNIES (1819 – 1916) : dessin d’un saint, daté 1893.

- Johan Barthold JONGKIND (1819 – 1891) : vue d’une ville de province.

- Gabriel LORY fils (1784 – 1846) : vue du Louvre. Daté 1809.

- Charles PERCIER (1764 – 1838) : projet d’un arc de triomphe. Pour la réception de l’impératrice Marie-Louise.

- Lodovico POZZETTI (1782 – 1854) : trois dessins, dans la tradition du décor de théâtre.

- Charles Nicolas RANSONNETTE (1793 – 1877) : un album contenant des paysages.

- Constant TROYON (1810 – 1865) : dessin représentant un sous-bois.

- Karl WEYSSER (1833 – 1904) : vues de Stein-am-Rhein, datée 1874.

Ecole suisse

Très rares dessins dans la vente. Ils se limitent à un dessin de Pierre-Louis de la Rive et d’un dessin de Moritz. Rappelons ici que le peintre Weysser, cité plus haut, dessine un paysage suisse.

- Pierre-Louis de la RIVE (1753 – 1817) : paysage champêtre.

- Fr. W. MORITZ (1783 – 1855) : vue d’une ferme bernoise.

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9.4. Annexe 4 : Edmond Fatio et les sources du Heimatstil

Comme nous l’avons vu plus haut, les architectes faisant partie de ce mouvement appelé Heimatstil, se servirent de modèles de l’architecture vernaculaire afin d’introduire en Suisse un genre nouveau d’architecture. Il se présenta comme une rupture avec les historicismes du XIXe siècle, l’éclectisme mais aussi l’Art Nouveau que l’on considérait comme des produits d’une culture globale n’ayant que peu de rapport avec la culture locale. Rejetés ou non, il n’en demeure pas moins que ces courants et les livres de modèles qui les dépeignaient marquèrent leurs générations d’architectes. L’influence de cette littérature sur Edmond Fatio est évidente, à en juger par son œuvre. Voici un tour d’horizon des ouvrages qui constituaient ses sources.

9.4.1. Débuts de l’histoire de l’architecture en Suisse

Blavignac et Rahn

Le XIXe siècle était friand des grands ouvrages sur l’histoire de l’art. Mais la production en Suisse n’y figurait souvent pas comme objet d’étude. C’est au Genevois Blavignac que revient la place de précurseur avec son Histoire de l’architecture sacrée (1853), suivi par le professeur Rahn (Geschichte der bildenden Künste in der Schweiz, 1876). Cependant, même si ces ouvrages rendaient ses lettres de noblesse à l’architecture de notre pays, seuls les monuments de l’Eglise et du Prince y étaient traités ; la maison privée, que cela soit celle des villes ou des champs, étaient restées à l’écart de tout intérêt et des recherches, pour n’être pas « spectaculaires ».239

9.4.2. Historiographie de la maison privée

C’est à Loudon que l’on doit la rédaction, en Angleterre, de l’un des premiers catalogues de maisons privées.

L’avènement d’une classe moyenne issue de l’industrialisation orienta l’intérêt du public en direction des possibilités de construction de sa propre maison. C’est ce qui incita l’Anglais à répertorier les maisons de plus ou moins grande importance

239 Crettaz-Stürzel, 2005, 42.

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que cette couche de la société en forte croissance pouvait et désirait se faire bâtir.240 De la maison « à construire », l’attention passa naturellement dans le domaine historique à la maison « à conserver ». Que cela soit en architecture ou en histoire de l’architecture, le déplacement du pouvoir d’une élite peu nombreuse à une classe moyenne importante provoqua de facto une réorientation des intérêts. Dès lors, on voulut connaître les origines de cette classe et l’on mit en valeur son patrimoine.

Si les maisons de « style suisse » étaient déjà présentes parmi les modèles de Loudon, leur caractère proprement helvétique –présence abondante de bois, toitures saillantes, parfois en chaumes - n’était évoqué qu’assez vaguement. Loudon, qui avait découvert la Suisse lors de ses voyages, estimait que la référence à ce pays y était évidente.241 Le mode constructif était analysé sans aucun romantisme : le caractère « approprié » étant critère essentiel pour le choix d’un type de construction, l’auteur ne conseilla ce dernier en aucun cas et pour aucun pays.242

Dès 1844 parut en Suisse l’ouvrage des architectes Graffenried et Stürler sur les chalets de l’Oberland bernois,243 promis à un succès européen. La faveur de cet ouvrage auprès du public s’appuyait sur le romantisme des montagnes et les chalets que Rousseau avait mis à la mode et qui avait été assimilé en premier lieu chez les fils d’Albion.244 Cet esprit était relayé dans le texte par Graffenried et Stürler, qui brossaient un portrait idéalisé des communautés au sein desquelles ces maisons avaient vu le jour. Ils en louaient les beautés avec un sens aigu du Pittoresque. La différence de point de vue avec Loudon est criante: Si l’Anglais qualifie les galeries latérales de « nuisance » à la « privacy » de l’individualiste société anglaise, elles furent au contraire inventées, dans l’esprit de nos deux auteurs, « pour l’agrément » (comprendre : pour jouir du paysage, comme le faisaient justement les touristes européens en visite dans la région).245 Bien plus, leur description des décors

240 John Claudius LOUDON, Encyclopaedia of Cottage, Farm, and Villa Architecture, Donhead Publishing, Shaftesbury, 2000 [1833 ; supplément, 1846]. 241 On lit en effet : « This Design assumes a decided character or style, which no one, who has been in , can doubt is in imitation of the timber-built dwellings of that country », IX, A Dwelling in the Swiss style, for a Married Couple and Family ; with a Cow-house and Pisty, Loudon, 2000, p. 44 – 48. 242 En effet, le risque d’incendie « is an objection for which no architectural or picturesque beauty can ever compensate ». Ibid. 243 Karl-Adolf de GRAFFENRIED, Ludwig Gabriel Rudolf von STÜRLER, Schweizerische Holzconstruktion – Maisons rustiques suisses : Architecture suisse, ou choix de maisons rustiques des Alpes du canton de Berne, J. J. Burgdorfer, Berne, 1844. Edmond Fatio en posséda un volume, voir Annexe 1. 244 Toepffer en témoigne dans son De l’artiste et de la Suisse alpestre, en 1837, cité in : Brulhart, 1999, 128 s. 245 Graffenried/ Stürler, 1844, 9.

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extérieur et intérieur présage d’une évolution du point de vue à l’égard des arts populaires : simples, ils sont pourtant « jolis et grâcieux [sic] » et « ne sont sûrement [sic] pas de simples copies prises çà et là au hasard [sic], mais bien des inventions heureuses ».246

Certes, les vues proposées par les auteurs suisses étaient représentatives de la région illustrée, bien qu’ayant fait l’objet d’une sélection en fonction de la plus grande richesse des maisons. Publiés sous le nom de Maisons rustiques suisses, ces modèles formaient néanmoins une sélection très partielle du patrimoine national, qui fut assimilé dès lors à la culture architecturale suisse, aussi bien à l’étranger que dans le pays, comme en témoigne le succès que connut par la suite le chalet comme « architecture suisse ». La publication des Bernois fut suivie, quelques décennies plus tard (1893), par l’ouvrage d’Ernst Gladbach247 Cette présentation offre l’avantage d’être plus riche, mais elle reste lacunaire lacunaire. Surtout, on regrette qu’elle n’ait pas été élaborée de manière plus scientifique248.

Promenades d’un dilettante : Guillaume Fatio ouvre ses yeux et les nôtres !

Les écrits émanant des milieux de la conservation du patrimoine autour de 1900 étaient d’une autre nature : ils n’étaient pas destinés à des spécialistes mais au grand public et se présentaient comme des campagnes de sensibilisation face à la destruction croissante des environnements naturels et culturels traditionnels. Le mode généralement choisi était la promenade à travers les habitats anciens. L’auteur en profitait pour partager la moisson de ses impressions avec le lecteur. Influents furent notamment les textes que rédigea infatigablement le banquier et écrivain Guillaume Fatio, dès 1897. Frère de l’architecte, il fut, comme lui, l’un des membres fondateurs de la Commission d’Art Public genevoise,249 ainsi que du Heimatschutz national en 1905.250 Son Ouvrons les yeux !, se voulait, en Suisse romande,

246 Ibid., 12. 247 Ernst GLADBACH, Charakteristische Holzbauten der Schweiz – vom 16. bis 19. Jahrhundert, nebst deren inneren Ausstattung – nach der Natur aufgenommen, Curt R. Vincentz Verlag, Hanovre, 1976 [d’après l’édition berlinoise de 1893]. Cet ouvrage suivait une publication sur le même thème, qui semble avoir été orientée par un souci de la compréhension des particularismes locaux et une méthode comparative. Der Schweizer Holzstyl in seinen cantonalen und constructiven Verschiedenheiten vergleichend dargestellt mit Holzbauten Deutschlands, 1868 et 1883. 248 Défaut souligné par Ernest Probst qui rédigea entre 1901-1904 l’introduction à Das Bauernhaus in der Schweiz. Voir plus bas. P. III. On reproche à cet ouvrage des erreurs de relevés ainsi que le manque de cohérence dans la définition des types. 249 Le Dinh, 1992, 18. 250 Le Dinh, 1992, 126. Il fait en effet partie de la liste des premiers signataires de l’appel du Heimatschutz, dans la section « Genève ». Son nom y est accompagné par ceux d’artistes (Maurice Baud, François Gos, Henri van Muyden, Alfred Rehfous, Otto Vauthier), de professeurs à l’Université

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l’instrument de propagande culturelle pour la revalorisation du patrimoine ancien, notamment de la maison privée jusque-là laissée pour compte par les historiens.251 On y découvrait, après le portrait de la campagne genevoise, un autre visage de la Suisse, dont la beauté était abondamment vantée.

9.4.3. Inventaires du XXe siècle

Inventaires des milieux d’architectes : de la maison rurale…

Dans le camp des architectes, un besoin de clarté et de méthode scientifique apparut à l’orée du siècle nouveau. En partie suscités par les associations professionnelles,252 des inventaires répondirent à cet appel : documentant d’abord la maison rurale, parurent presque en même temps Das Bauernhaus in der Schweiz (1901-1904)253 et l’assez monumental Schweizer Haus nach seinen landschaftlichen Formen und seiner geschichlichen Entwicklung dargestellt (1900-1914),254 par les professeurs zurichois Hunziker et Jecklin. Tous deux s’étaient fixé comme but d’analyser l’ensemble du patrimoine rural suisse sous un angle technique (forme, distribution, matériau) qui permit, ensuite, de définir une typologie de ces édifices et sa répartition géographique. Hunziker et Jecklin s’attachèrent, quant à eux, à ajouter à cette méthode une analyse linguistique grâce à laquelle ils prétendaient établir un lien entre culture architecturale et origine ethnique.255

… à la maison bourgeoise

On s’intéressa bientôt aussi à la maison bourgeoise.256 Cet inventaire, décidé lors de l’assemblée des délégués de la SIA du 13 mai 1906, fut pris en main par l’association.257 Il s’agissait d’une très grosse opération ayant vocation à l’exhaustivité et dont la réalisation se fit au niveau cantonal, sur des années. Le premier volume (Uri) parut en 1910, le dernier (Unterwalden) en 1937.

ou aux écoles d’art (Bernard Bouvier, Henry Correvon, Jules Crosnier), d’historiens d’art (Daniel Baud-Bovy), d’auteurs, de personnalités intéressées par le tourisme, de particuliers ou encore de Gustave Ador, appelé à devenir président de la Confédération. 251 Crettaz-Stürzel, 2005, 42. 252 La série de la Maison rustique et son développement historique puis celle de la Maison bourgeoise en Suisse sont des initiatives de la SIA. Voir ci-dessous. 253 Publié par la SIA : deux albums d’estampes avec court texte d’introduction par Eugen Probst. 254 Celui-ci fut traduit par l’architecte fribourgeois Frédéric Broillet : La maison rustique et son développement historique, Lausanne, 1902-1914. 255 Hunziker, 1902-1914, Vol. I, introduction, V. 256 Ce terme fait référence à la classe patricienne, autrement « bourgeoisie privilégiée », formant l’oligarchie gouvernant les principales villes suisses. Classe disposant donc du pouvoir politique, mais aussi, évidemment, du pouvoir économique. 257 Crettaz-Stürzel, 2005, 143.

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La lecture des introductions à ces publications, contemporaines des débuts de la carrière d’Edmond Fatio, nous confirme que les liens entre cercles du Heimatschutz et architectes étaient forts. On n’y dressait pas seulement un portrait du patrimoine architectural tel qu’il importait d’en sauvegarder au moins la mémoire – à défaut d’en sauver la présence physique. Il devait aussi clairement servir à l’éducation des architectes contemporains, de façon à leur permettre de trouver les termes d’un nouveau langage. Pour Hunziker, « Il est nécessaire de réagir (…) par une connaissance de plus en plus complète [des édifices anciens] et une culture renouvelée » contre le « cosmopolitisme actuel ».258 Probst, quant à lui, insistait sur la médiocre qualité artisanale du décor intérieur tout en rappelant que c’était la maison rurale que menaçaient le plus les constructions modernes259. Il s’adressait ainsi aux paysans, qui auraient bien mieux fit de s’inspirer du décor simple et gai de l’habitat traditionnel plutôt que d’accumuler du « Bazar à 50 centimes », produits bon marché et copiés cent fois, dont on décore « depuis 50 à 60 ans » les maisons ; car les temps sont ceux du « Nützlich, Billig, und Hässlich », de l’utilitaire, de l’économique et du laid ». En d’autres termes, l’intérieur devait avoir un « caractère propre » et « anders aussehen, als [es] heute aussieht ».260

Cet aspect de la dégradation de la qualité artistique locale par l’invasion d’une culture globale était un thème sempiternellement repris par les auteurs de cette décennie. L’un d’eux, Roland Anheisser, publia en 1907 une histoire de l’architecture ancienne en Suisse. Au discours esthétique, qui était au centre des préoccupations de la Ligue pour la Beauté de Marguerite Burnat-Provins, cet auteur ajouta un élément identitaire et nationaliste. Il y présenta en effet la culture cosmopolite, l’influence des grands centres européens, comme « universelle et nivelante » et nuisible au « spezifisch Volktümliche ». L’existence même d’une spécificité culturelle dont les différentes « races » suisses étaient dépositaires était mise en péril.261 En donnant cependant sa place à la maison privée dans une histoire de la construction en Suisse, cet ouvrage boucle pour ainsi dire la boucle entamée à la fin du siècle précédent.

258 Hunziker, 1902-1914, vol. 1, V. 259 Probst in : Das Bauernhaus in der Schweiz, 1901-1904, III. 260 Ibid., VI. 261 Roland ANHEISSER, Altschweizerische Baukunst, nouvelle édition, Verlag von A. Francke, Berne, 1910 (1907), 5.

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Edmond Fatio avait été directement impliqué dans l’élaboration de la série sur la maison bourgeoise : membre de la commission de surveillance de la SIA,262 il collabora même avec Camille Martin à la publication du volume sur Genève, paru en 1912, et dont il établit le matériel iconographique.263 En tant que membre de l’association, il est certain que toutes les publications auxquelles Camille Martin présida passèrent entre les mains de Fatio. Il n’y a nul doute qu’elles l’aient inspiré dans la création d’un langage architectural qui allait rompre ses attaches avec la tradition classique de l’Ecole des Beaux-Arts.

9.4.4. Documentation de l’âge baroque : livres et dessins

La documentation réunie par notre architecte n’était certes pas seulement tournée vers la production locale. On a dit plus haut qu’il possédait une importante collection de dessins anciens. Son contenu était très homogène, puisqu’elle était en grande partie composée des dessins baroques, à caractère architectural ou ornemental, d’artistes français et italiens. Les vues d’intérieurs de bâtiments y côtoient des paysages architecturés, caprices, architectures feintes, détails, et de nombreux éléments décoratifs (cartouches, trophées, quelques éléments de mobilier). Une partie de la collection fut exposée au Polytechnicum de Zurich en 1946,264 (voir Annexe 3), puis de nouveau à la Strozzina de Florence en 1958.265 Enfin, M. Hentsch se porta acquéreur d’une partie de la collection dispersée en 1959 pour l’offrir généreusement au Musée d’Art et d’Histoire de Genève.266

À cela s’ajoute un ensemble de documents peut-être moins glorieux mais surtout moins abondant, et qui en dit long sur les goûts de notre homme. Un bel album est en effet conservé aujourd’hui encore chez l’un de ses héritiers :267 il nous montre qu’Edmond Fatio s’attacha à rassembler des dessins de certains de ses contemporains, représentant autant des projets, typiques de l’école des Beaux-Arts (dans un style éclectique), que des vues de villes médiévales, de Suisse (Fribourg,

262 Marc J. SAUGEY, Edmond Fatio (1871-1959), in : Werk (…),Werk-Chronik, feuillet 10, pp. 215 s., année 46, 1959 263 Préface de la 1ère édition de La maison bourgeoise en Suisse, vol. II, La maison bourgeoise dans le canton de Genève, Société suisse des ingénieurs et architectes, Verl. Ernst Wasmuth, Zurich, 1912 264 Architektur und Dekorations-Zeichnungen der Barockzeit aus der Sammlung Edmond Fatio, Genf, catalogue d’exposition à la Graphische Sammlung du Polytechnicum de Zurich, 1.6. – 3.8.1946. 265 Mercedes VIALE FERRERO, I disegni scenografici della Raccolta Fatio, avec catalogue, in «Critica d'Arte», II, pp. 1-20. Mercedes VIALE FERRERO, I disegni scenografici della Raccolta Fatio, avec catalogue, in «Critica d'Arte», 23, pp. 370-395. 266 Dessins anciens d’architecte et de décoration Donation Gustave Hentsch ancienne collection Edmond Fatio, exposition au Musée d’art et d’Histoire, Cabinet des dessins, Genève, 15 février – 15 septembre 1979. 267 Archives Privées.

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Genève, villages tessinois) ou d’Italie (Vérone, Venise). Les modèles étaient de différentes époques (de l’Antiquité au début du XXe siècle) et l’on y voit les typologies les plus diverses : vues d’ensemble ou détails, modestes ou grandiloquents.

Une partie de la collection de dessins était concentrée sur les maîtres anciens, avec une prédilection particulière pour le XVIIIe siècle. Par ailleurs, les dessins des XIXe et XXe siècles trahissaient au contraire la personnalité d’un amateur particulièrement curieux, ne se limitant pas à quelques périodes précises de l’histoire ou à certains principes architecturaux, mais portant son attention sur toutes sortes de bâtiments, sans discrimination (Voir Annexe 2).

Ce trait de la personnalité intellectuelle trouve confirmation dans la liste des ouvrages que l’architecte a lus : nous avons pu identifier, en effet, un certain nombre de volumes qui firent partie de sa bibliothèque (voir Annexe 1). La partie de sa collection de livres, qui fut vendue en 1953, contenait des ouvrages d’architecture, de décoration et de diverses matières connexes, allant du XVIe au XIXe siècle. Des histoires de l’art et de l’architecture firent partie aussi de sa collection, bien qu’elles n’aient pas été vendues au même moment. Quant à l’histoire du bâti local, qui eut sur lui tant d’influence puisqu’elle formait creuset de référence pour toute sa génération, si elle fit certainement partie de sa lecture, on n’a réussi à attribuer qu’à l’ouvrage de Graffenried et Stürler une place documentée dans les rayonnages de sa bibliothèque.

9.4.5. Expériences de Fatio avec les édifices du XVIIIe siècle

En tant que défenseur des vestiges du passé autant que parent et ami des grands propriétaires du canton, Edmond Fatio eut naturellement une position privilégiée en tant que restaurateur de monuments anciens, notamment de châteaux, de maisons de plaisance et de villas. Le fonds Fatio témoigne de ces nombreux dossiers de travail sur le bâti ancien. Ces travaux approfondirent, peu à peu, sa connaissance des techniques constructives et de l’histoire des styles locaux. Oeuvrant autant sur des édifices très anciens268 que sur des constructions plus récentes, il finit par avoir une science dans le domaine de la restauration qui fut telle, que certains historiens de l’architecture de l’Ancien Régime, après son intervention, hésitaient parfois à

268 L’article nécrologique de Marc J. SAUGEY, mentionne cet aspect de son activité. Nous ne nous attarderons pas à des citations du fonds, qui serait trop nombreuses.

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attribuer certains éléments au XVIIIe siècle ou à l’époque contemporaine.269 En effet, Edmond Fatio s’évertuait à insérer ses ajouts de façon à conserver l’harmonie générale de l’édifice, même lorsque l’élément était anachronique.270

Un cas aussi original que fascinant consista dans le démontage d’une maison ancienne. Il s’agissait de la propriété actuellement nommée des « Grands Châtillons »271, située à l’origine aux Eaux-Vives, dans les abords de la ville. Cette zone avait connu un tel développement que l’environnement de la maison avait été entièrement dénaturé. Le type de l’édifice le rendait inadapté aux nouveaux besoins du quartier.272 La maison fut donc achetée par une riche particulière qui la fit démonter puis entièrement remonter à Genthod par Fatio. Ce travail témoigne du grand intérêt qui fut porté, de ce temps, à la maison de campagne. Intérêt tel qu’il l’emporta sur les considérations économiques. Il est indéniable que ce chantier contribua à accroître les connaissances de notre architecte, qui put les appliquer dès la décennie suivante dans la construction de ses villas « classiques ».

À la fin de sa vie, Fatio fut encore une fois directement confronté à la problématique des modèles du XVIIIe local. En 1948, il réalisa un rêve, une folie, comme l’exprima son épouse dans une lettre, mais en montrant tout l’intérêt qu’il portait à parts égales aux besoins de la vie moderne et au respect de l’intégrité artistique des bâtiments historiques :

« … nous avons fait la folie (à nos âges !!) d’acheter l’Elysée, à Céligny, ancienne maison Fatio, sortie de la famille il y a exactement cent ans, fermée depuis 20 ans, habitée auparavant par des Lyonnais très riches, mais très « rats » et qui n’y ont mis ni salles de bains, ni W.C. acceptables, ni eau potable ! et qui se sont bornés à orner les fenêtres de losanges en verre de couleur ! C’est vous dire qu’il y a beaucoup à faire et que, bien que nous ayons commencé les travaux le surlendemain de la signature de l’acte

269 Communication orale de Mme Amsler. 270 C’est le cas notamment de la construction de plusieurs balcons. Ceux-ci n’existaient pas sur les maisons de campagne du XVIIIe siècle. Pourtant, il en ajouta sur des propriétés de cette époque (Garengo, Le Reposoir, L’Elysée notamment) en imitant le style du bâti ancien. 271 AEG, Archives Privées, 194/E/31 bis. 272 Une tentative avait été faite de s’en servir comme école. L’expérience ne fut cependant pas convaincante, apparemment. Il est probable qu’elle n’offrait ni les commodités modernes, ni suffisamment d’espace.

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(mi-avril) nous ne pourrons pas nous installer avant juillet et encore… ».273

273 Lettre d’Emilie Fatio, 27 mai 1948, destinataire inconnu. Archives Privées.

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9.5. Annexe 5 : Dessins étrangers dans le fonds Fatio Architecte Typologie Maître de l'ouvrage Lieu Cote No. Doc. Bachofen, Jean Henri (1821-1889) Maison de Candolle Chêne-Bougeries AP 194/B/13 14 Fulpius, Frantz (1869-1960) Immeuble Scheurer (Bally) Genève AP 194/G/117 3 Gampert, Charles (1843-1899) Villa Martin, M. Vessy AP 194/H/10 1 Gavillet (?) & Marchand (?) Villa Hoerni Eaux-Vives AP 194/D/41 107 Gindroz, Francis (1822-1872) Maison Barbey, Henry Bellevue AP 194/D/66 23 Gindroz, Francis Maison Fauquet-Ferrier, Mlle Versoix AP 194/C/58 22 Goss, H./ Baudin, H. (1876-1930) & Villa Fleury, Louise Anières AP 194/B/69bis 95 Camoletti, A. (1873-1923) Goss, Henri Propriété De la Rive, Edmond Auguste Gaston Presinge AP 194/A/47 160 Goss, Henri Villa Lauck/Fleury Anières AP 194/D/22 56 Goss, Henri Maison Prevost, Mlle Satigny AP 194/D/94 20 Goss, Henri (attr.) Villa Bouvier Champel AP 194/F/98 8 Goss, Henri (attr.) Maison Lambert Versoix AP 194/B/15 25 Goss, Henri (attr.) Dépendance Roche, Mlle Grange-Canal AP 194/F/105 13 Goss, J.E. (1839-1921)/ Moynat, A./ Propriété Vernet, Paul Carra AP 194/E/20 107 Quaglino Goss, Jacques Elysée Monument Commune de Prangins Prangins AP 194/F/72 4 Goss, Jacques Elysée Dépendance Dominicé Genthod AP 194/D/91 206 Goss, Jacques Elysée Maison Fischer/ Fischer-Girond, Comte Petit-Saconnex AP 194/A/19bis 138 Goss, Jacques Elysée Villa Mottier Florissant AP 194/A/16 573 Goss, Jacques Elysée Propriété Necker Cologny AP 194/E/75 42 Goss, Jacques Elysée Campagne Nordtmeyer, O. (ex-winkler) Grand-Saconnex AP 194/A/68 32 Goss, Jacques Elysée Maison Nordtmeyer/Nordmeyer, Georges Henri Grand-Saconnex AP 194/A/67 89 Otto Goss, Jacques Elysée Campagne Prevost-Cayla Genève AP 194/A/15 4 Goss, Jacques Elysée Pavillon Ville de Genève? Genève AP 194/D/109 1 Goss, Jacques Elysée (attr.) Maison Necker Satigny AP 194/D/95 48

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Maurette, Jules (1875- ?) Villa Gallatin, comte de Valavran AP 194/E/84 15 Milleret, Emile Villa Boissier, Alfred "Le Rivage" Chambésy AP 194/D/27 28 Milleret, Emile Campagne Boissier, Alfred Chougny AP 194/E/60 7 Nouveau, P. Villa Deonna Cannes AP 194/E/101 Peyrot G. & Bourrit A. (1872-1961)/ Villa Aubert Ed./de Charmant Céligny AP 194/B/37 716 Rivoire A. (avec Fatio) Puthon (?) Villa Brachard-Campiche Grange-Canal AP 194/B/14 31 Reverdin, Emile (1845-1901) Maison Cramer, Ernest Pressy AP 194/E/43 22 Reverdin, Emile Immeuble Dupont, Eugène Genève ? Reverdin, Emile Maison Fatio, Paul Bellevue AP 194/C/38 60 Reverdin, Emile Immeuble Keller Genève AP 194/G/67 1 Reverdin, Emile Chalet Keller, Charles La Belotte AP 194/A/42 3 Reverdin, Emile Maison Lapalud, F. de Sécheron AP 194/E/82 191 Reverdin, Emile Propriété Marcet, W. Malagny AP 194/C/55 44 Reverdin, Emile Maison Métral Vésenaz AP 194/D/24 14 Reverdin, Emile Villa Odier, P. Céligny AP 194/E/32 21 Reverdin, Emile Maison Patry, Hermann Grand-Saconnex AP 194/C/41 5 Reverdin, Emile (attr.) Maison Ferrier, Henri Malagnou AP 194/E/69 ? Reverdin, Emile (attr.) Maison Godinet Vésenaz AP 194/E/68 10 Reverdin, E./ Goss, J.E./ Grange/ Propriété Vernet-Turrettini, M. Marsaz AP 194/E/21 ? Amoudruz274 Revillod G. (1877-1961) & Turrettini, M. Immeuble Corte Genève AP 194/C/62 15 (1878-1932) Rivoire, André (avec Fatio) Villa Longyear Céligny AP 194/D/35 93 Tempia (?) Propriété Byrde, Henri François Grand-Saconnex AP 194/D/39 43

274 Peut-être s’agit-il de Georges Amoudruz, technicien en Génie civil et vidangeur, qui vécut à Genève (1900-1975).

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10. Bibliographie

10.1. Sources d’archives

10.1.1. Archives de l’Etat de Genève (AEG)

• Annuaires genevois : années 1890 – 2000.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Enseignement, cote : 1992 va 32 carton 32.85.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Enseignement 4, cote : 1992 va 32 carton 32.87.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Palmarès 1876-1910, cote : 1992 va 32 volume 32.63.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Registre d’inscription des élèves selon leur date d’entrée Nov. 1879-Avril 1892, cote : 1992 va 32 registre 32.39.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Personnel, Listes et fiches 1920-1921 – 1927- 1928 – 1933/ fiches de traitement 1920-1932, cote : 1992 va 32 carton 32.72.

• Ecole des Beaux-Arts de Genève, Rapports [Ecole d’Horlogerie ; Ecole supérieure de Commerce ; Ecole des Beaux-Arts ; Académie Professionnelle] 1915-1926, cote : 1992 va 32 volume 32.61.

• Fonds Edmond Fatio, cote : Archives Privées 194.

• Registre des naissances : années 1871 ss. (AEG).

10.1.2. Manuscrits de la BGE

• Correspondance écrite par Edmond Fatio

Voir : Paul Mercier, Ms. fr. 7385, f. 30 ; famille Bernard, Ms. fr. 7361/3bis, f. 43 ; Droin de Morsier, Ms. fr. 6946, f. 36 ; Jean Martin, Ms. ffr. 4972, f. 25 ; Charles d’Eternod, Ms. fr. 4105, f. 82 ; Société auxiliaire des sciences et des arts, SIA, Bürgerhaus Kommission, Ms. fr. 1989, f. 169 ss. ; Archives Max van Berchem, 32/1, 9 f. 59-60 ; Henri de Ziegler, Ms. fr. 5216, f. 272 ; Société des Arts, rapports, correspondance et documents divers (1936 – 1945), f. 28.

• Correspondance écrite par Emilie Fatio

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Voir : Chenevard, Ms. fr. 1586/4 ; Association abolitionniste genevoise, Ms. fr. 4791, 58 ss. ; Henri de Ziegler, Ms. fr. 5216, f. 268 ss. ; Société des Arts, Rapports, correspondance et documents divers : 1936 – 1945, Ms. fr. 5230/6 ; Auguste de Morsier, Ms. fr. 6935, f. 77 ss. ; Valérie de Morsier, Ms. fr. 6945/1 f. 1 ss. ; Archives Baud-Bovy/16, f. 32 ss. ; Archives de Saussure 391, f. 215 ss.

10.1.3. Autres fonds d’archives publics

• Centre d’iconographie genevoise, section Vieux-Genève (CIG-VG).

• Centre d’iconographie genevoise, section Bibliothèques de Genève (CIG-BGE).

• Archives de la Direction du département de l'aménagement, des constructions et de la voirie (ACV) de la Ville de Genève.

10.1.4. Archives privées

• Archives Christiane Steck, Founex.

• FATIO, Edmond, Scrap Book : album de photographies.

• FATIO, Edmond, Documents personnels : album de photographies.

• FATIO, Edmond, Album de dessins modernes.

• Noce d’Edmond et d’Emilie Fatio-Naville à Bellevue, le 4 Août 1898.

10.2. Articles de revues

• Concours de villas 1908, in : Revue polytechnique et le moniteur de l’industrie, 1909, n. 235, pp. 71-73 et n. 236, pp. 88-90.

• Das Englische Haus de Hermann Muthesius, commentaire et illustrations in : Schweizerische Bauzeitung, 1905 I, pp. 73 ss.

• GRAEF, Paul, Neubauten in Nordamerika : article de présentation d’une publication de 1899, in : Schweizerische Bauzeitung, 1900 II, 59.

• LAMBERT, André, Die Abteilung « Privatarchitektur » an der deutschen Bauausstellung in Dresden, in : Schweizerische Bauzeitung, 1900 II, pp. 63 ss.

• LAMBERT, André, Die Ausstellung der Künstler-Kolonie in Darmstadt 1901, in : Schweizerische Bauzeitung, 1901 I, pp. 177 ss.

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• LAMBERT, André, Architecture contemporaine dans la Suisse romande, in : Schweizerische Bauzeitung, 1902 II, pp. 221 ss. et 1903 I, pp. 9 ss.

• MÜLLER, Albert (arch.), Banque à Schaffhouse, in : Schweizerische Bauzeitung, 1893 I, pp. 30 s.

• SCHILLING/ GRÄBNER (arch.), Villa à Dresde et Villa à Berlin, in : Schweizerische Bauzeitung, 1892 II, pp. 37 ss.

• STADLER/ USTERI (arch.), Villa Nabholz-von Grabow au parc Belvoir à Zurich, in : Schweizerische Bauzeitung, 1898 I, pp. 21 s.

• WAGNER, Otto, Moderne Architektur, in : Schweizerische Baukunst, 1900 I, pp. 282 ss.

10.3. Littérature

10.3.1. Fatio : vie et œuvre

• [Annonce de la vente Edmond Fatio], in : Burlington Magazine, 673, 1959, p. 160.

• Architektur- und Dekorations-Zeichnungen der Barockzeit aus der Sammlung Edmond Fatio, Genf, catalogue de l’exposition qui eut lieu à la Graphische Sammlung de la Eidgenössische Technische Hochschule de Zurich, 1.VI. – 3.VIII. 1946.

• Beaux documents des Archives d’Etat, didascalies de l’exposition tenue aux Archives d’Etat de Genève, mars-octobre 2000.

• BOISSONNAS, Frédéric, « Les Mayens », Editions d’Art Boissonnas, Genève, 1923.

• BOUVIER, Auguste, Rapport du président de la Société des amis du Musée d’art et d’histoire pour l’exercice 1959, in : Genava, VIII, 1960.

• BOUVIER, Nicolas, Boissonnas : une dynastie de photographes 1864-1983, Editions Payot, Lausanne, 1983.

• BRUN, Carl (éd.), Schweizerisches Künstlerlexikon, Vol. 1, Huber, Frauenfeld, 1905.

• Concours de villas, in : Patrie suisse, 512, 1913, pp. 113 s.

107

• DAVID DE PENANRUN, Louis-Thérèse / ROUX, Louis François / DELAIRE Edmond Augustin, Les architectes élèves de l’école des Beaux-Arts : 1793-1907, Monuments Editions du Patrimoine, Paris, 2004.

• Dessins anciens d’architecte et de décoration Donation Gustave Hentsch ancienne collection Edmond Fatio, exposition au Musée d’art et d’Histoire, Cabinet des dessins, Genève, 15 février – 15 septembre 1979.

• Edmond Fatio, in : Journal de Genève, 103, 1959.

• FATIO, Guillaume, Histoire de Genthod et de son territoire, Mairie, Genthod, 1943.

• FATIO, Guillaume, Bellevue, commune genevoise, Mairie de Bellevue, Bellevue, 1945.

• FATIO, Guillaume, Pregny, commune genevoise et coteau des Altesses, Mairie de Pregny, Pregny, 1947.

• FREY, Pierre A., Alphonse Laverrière, l’entrée en lice d’un protagoniste, in : Concours d’architecture et d’urbanisme en Suisse romande : Histoire et actualité, p. 61-74, Payot, Lausanne, 1995.

• Jeanne Soldano, article de : SIKART Dictionnaire et base de données, Institut suisse pour l’étude de l’art, 2006.

• LAUR, E., Edmond Fatio, in : Heimatschutz, 1, 1959, p. 59.

• MARTEAU, Jean, Les chemins de Genève, La Tribune de Genève, Genève, 1963.

• MOBBS, Robert, Swiss Architecture and the Work of Edmond Fatio, in : The Studio, 33, 1905, pp. 17-26.

• NAVILLE, Paul, Edmond Fatio (1871-1959), in : Art public, pp. 22 s., Genève, 1960. BAA PER 976.

• PICTET, Ernest, Aperçu historique de la Paroisse protestante de Pregny- Chambésy Grand-Saconnex, Paroisse de Pregny-Chambésy Grand-Saconnex, Genève, 1972.

• RAUCH, Nicolas, Architecture, Ornements, Décoration intérieure, Recueils de Vues : Bibliothèque de M. Edmond Fatio, Catalogue de vente aux enchères, Genève le 23 novembre 1953.

108

• RAUCH, Nicolas, Collection Edmond Fatio, Catalogue de vente aux enchères n. 21, Genève les 3-4 juin 1959.

• RUCHI, Isabelle/ HUBER, Dorothee, Architektenlexikon der Schweiz, Birkäuser, Bâle, 1998.

• SAUGEY, Marc J., Edmond Fatio (1871-1959), in : Werk (…),Werk-Chronik, feuillet 10, pp. 215 s., année 46, 1959.

• THIEME, Ulrich (et al. éd.), Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler : von der Antike bis zur Gegenwart, W. Engelmann/ E. A. Seemann, Leipzig, 1907-1950.

• Un concours, in : Patrie Suisse, 206, 1901, pp. 208 s.

• VIALE FERRERO, Mercedes, I disegni scenografici della raccolta Fatio, in : Critica d’arte, n. 23, 1957, pp. 370-395.

• XVIIIe exposition municipale des Beaux-Arts, 15 mai – 15 juin 1903, Genève, 1903.

10.3.2. Architecture suisse et européenne, culture

• AMSLER, Christine, Maisons de campagne genevoises au XVIIIe siècle, Domus Antiqua Helvetica Genève, Genève, 1999.

• ANHEISSER, Roland, Altschweizerische Baukunst, nouvelle édition, Verlag von A. Francke, Berne, 1910 (1907).

• BARBEY, Gilles, Inventaire suisse d’architecture 1850-1920, Société d’Histoire de l’Art en Suisse, Berne, 1984.

• BAUDIN, Henry, Villas et maisons de campagne en Suisse, Editions d’art et d’architecture, Genève, 1909.

• BLAVIGNAC, Jean-Daniel, Histoire de l’architecture sacrée du quatrième au dixième siècle dans les anciens évêchés de Genève, Lausanne et Sion, R. Weigel, Leipzig, 1853.

• BOISSONNAS, Frédéric, Souvenir du Village suisse, Genève, 1896.

• BRULHART, Armand, Les chalets dans la ville, in : DESARNAULDS, Serge, Le chalet dans tous ses états : la construction de l’imaginaire helvétique, pp. 123- 172, Les Editions Chênoises, Chêne-Bourg, 1999.

109

• BRULHART, Armand/ DEUBER-PAULI, Erica, Arts et monuments – Ville et canton de Genève, Société d’histoire de l’art en Suisse/ Benteli, Berne, 1993 (1985).

• CRETTAZ-STÜRZEL, Elisabeth (dir.), Heimatstil : Reformarchitektur in der Schweiz 1896 – 1914, Huber, Frauenfeld, 2005.

• Das Bauernhaus in der Schweiz, SIA, Verlag Hofer & Co, Zurich, 1903.

• Das Bürgerhaus in der Schweiz – La maison bourgeoise en Suisse : La maison bourgeoise dans le canton de Berne, vol. V., 2e édition revue et corrigée, S.I.A., Orell Füssli Verlag, Zurich, 1941 (1917).

• Das Bürgerhaus in der Schweiz – La maison bourgeoise en Suisse, La maison bourgeoise dans le canton de Berne, vol. IX., 2e édition revue et corrigée, S.I.A., Orell Füssli Verlag, Zurich, 1964 (1922).

• DREXLER, Arthur, The Architecture of the Ecole des Beaux-Arts, catalogue d’une exposition tenue au MOMA 29.10.1975-04.01.1976, The Museum of Modern Art/ MIT Press, New York/ Cambridge, 1985.

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FREDERIC PYTHON

EDMOND FATIO (1871—1959) : VILLAS GENEVOISES Architectures patriotiques

Catalogue

Université de Genève Mémoire de licence Faculté des Lettres Sous la direction de Mme Leïla El-Wakil Département d’Histoire de l’art Juin 2007 1 Chalet Fatio-Pictet, Guillaume et Marguerite-Hélène

Le Pavillon du lac Cote AEG AP 194/C/37

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 1857 18 904 Rue No. Lieu-dit Lausanne, route de 350 Les Rousses

Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire Guillaume Fatio (1865-1958) était le deuxième des cinq enfants d’Edouard Guillaume Fatio (1836 -1908) et frère d’Edmond. Il épousa en 1892 Marguerite-Hélène-Emilie Pictet (1870-1952), qui hérita de nombreuses propriétés sur la commune de Genthod, dont le Saugy. Ayant fait carrière comme banquier, il s’illustra aussi dans les lettres. Passionné de la conservation du paysage et du patrimoine bâti, il fit partie, des membres fondateurs du Heimatschutz et écrivit de nombreux ouvrages vantant la beauté de l’architecture ancienne de la Suisse. Historique: Située au lieu-dit “Aux Redendes”, d’après la forme découpée du rivage à cet endroit, la parcelle dépendait alors de l’ancienne propriété du Saugy, dont elle formait une portion séparée par le chemin de Genève à Lausanne. Le domaine appartint à divers propriétaires étrangers avant d’être racheté en 1854, par Eléonore Pictet-de la Rive, déjà propriétaire d’une propriété voisine. Elle la légua à sa fille, Adèle de Saussure. Celle-ci donna à sa nièce, Mme Fatio-Pictet, le terrain du bord du lac pour y faire construire une maison - mais elle exigea qu’on y construisit un chalet (souvenirs). Avant-projets: un document conservé dans le dossier des Archives de l’Etat de Genève, non daté, nous montre une phase d’avant-projet très peu dissemblable de ce qui fut réalisé. Il s’agit d’une belle page de papier épais présentant les plans au sol du rez-de-chaussée et du 1er ainsi que deux vues aquarellées des façades principales dans leur environnement naturel. Dates générales Autorisations de construire 1893-1894 1893-1901: ø - Autorisation de construire n. 109, accordée le 10.04.1907 à Edmond Fatio, pour le compte de G. Fatio pour la construction d’un mur le long du lac, parc. n. 591. - Autorisation de construire n. 69, accordée le 10.03.1911 pour la construction d’une loge de concierge, parc. n. 591. Conservation transformation Ajout d’une véranda en en 1913. Transformations à une salle de bains en 1938. À la mort de Guillaume Fatio, le chalet revient à son fils aîné, puis à sa petite-fille. Loué par cette dernière à une ambassade il fut à nouveau vendu et est utilisé aujourd’hui comme résidence. D’après des souvenirs, il eut quelques transformations extérieures et intérieures, ainsi que l’ajout de nombreuses salles de bain (pas visité). Description

Intérieur Propriété: parcelle large et peu profonde, bordant le lac sur une distance d’environ deux cents mètres. Sa surface devait être assez proche de deux hectares. Le chalet fut édifié à quelques dizaines de mètres du rivage, orienté sud-est vers le Mont-Blanc. Ayant été partagée à la mort des commanditaires, elle ne fut cependant jamais divisées par des barrières, de sorte qu’il reste encore une impression d’unité. (Souvenirs). Plans: les premiers documents datés portent le timbre de l’entreprise de construction Kuoni: ce sont un plan de caves et une héliographie du plan du rez-de-chaussée, datant de septembre 1893. On y voit un plan-masse est rectangulaire avec une saillie de 70cm sur les façades latérales. Perturbant la lisibilité de ce plan, une annexe forme une projection importante au nord-est, sur la façade arrière, pour loger la cuisine. À l’arrière, un degré mène au porche s’insérant dans un enfoncement de la façade. Tout droit, on accède au grand hall central à deux étages , à droite à un “service” desservant les cuisines. Le hall, rectangulaire est prolongé à l’avant. Il abrite un vaste escalier, ainsi qu’une cheminée, qui le qualifie comme pièce à vivre. On accède par là aux deux grandes pièces de réception tournées vers le lac, le salon et la salle à manger communiquant avec les cuisines, à la vaste véranda ainsi qu’à la bibliothèque sur l’arrière. Les accès au jardin sont nombreux et diversifiés: à l’avant, un degré à double volée, sur les côtés deux plus petits latéraux et un degré droit depuis la cuisine, où se trouve un escalier de service conduisant à l’étage. Au premier, l’étage du hall dessert les grandes chambres donnant sur le lac ainsi que deux chambres sur l’arrière. Au dessus de l’escalier de service, un autre conduit aux combles. Décors: À l’intérieur, de nombreux dessins prévoient le décor: portes, boiseries, plafonds et un buffet.

Extérieur Façades: en élévation, les plans et photographies anciennes nous montrent que les façades principales sont relativement symétriques de part et d’autre d’un axe central: un proche et un bandeau de trois fenêtres à l’entrée répondent à la véranda et au monumental balcon des combles de la façade du lac. Un versant du toit est légèrement prolongé pour abriter l’annexe de la cuisine et un profond balcon en surplomb au Nord. Au Sud, un autre balcon, plus étroit, se projette. Des jeux de pleins et vides mettent encore de la vivacité sur la façade lac, où s’ouvrent deux profonds balcons à balustrades. Les autres éléments décoratifs sont nombreux et riches: de délicats piliers, des consoles variant leur dessin, des aisseliers les remplaçant parfois ou soutenant les surplombs, une belle frise à motifs végétaux ajoutent encore à l’habituel jeu des horizontales et verticales formé par les têtes de solives, cordons, refends et consoles de la toiture. Dépendances 1910-11 Loge concierge, maison S.d. Dépendance,bain fontaine

Bibliographie

Inventaires: - Liste des bâtiments inscrits à l’inventaire, état avril 2006, 9 Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio - CIG-VG, Genthod - CIG-BGE, Villas Littérature: - Amsler, 2001 - El-Wakil, 1989, 149 ss. - Fatio, 1943. - Mobbs, 1905, 18 et 25 Plan du rez-de-chaussée. Elévation de la façade lac, bistre, datée 1894.

Vue ancienne depuis le Sud, CIG-VG, Vue ancienne de la façade entrée, CIG- Genthod. VG, Genthod. 2 Chalet Boissonnas-Pilet, Sophie

Cote AEG AP 194/E/56-2

Localisation

Détruit

Ancienne adresse Coudriers, chemin des Grand-Saconnex Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire (probablement) Sophie Pilet (1836-1918) épouse le 26 août 1857 Henri-Paul Boissonnas (1833-1889). Ce dernier était propriétaire d’un petit atelier d’émaillerie de montres. Il fit faillite en 1864: une grosse commande de l’Etat de Genève, destinée à marquer les fêtes du cinquantenaire de l’entrée dans la confédération, ayant été annulée pour cause de mouvements sociaux. Il se lança alors dans la photo, fondateur d’un atelier destiné à briller sur l’Europe entière. Historique: cf. Chalet Frédéric Boissonnas. Avant-projets et projets: deux projets très similaires furent proposés à Frédéric Boissonnas et à mère pour le chalet de cette dernière, le “Petit chalet” (Boissonnas, 1923). Le premier n’est pas daté, le second porte sur certains dessins les dates des 20/23.11.1896. Cependant, c’est le premier qui fut choisi, d’après ce que l’on peut voir sur une photo d’ensemble de la propriété Boissonnas vue depuis le Nord-Ouest. En effet, on aperçoit la principale modification: le degré d’accès au jardin se trouve sur les façades principales, non pas latérales. Dates générales Autorisations de construire 1896-7 1896-1901: ø

Description Intérieur Propriété: La maison fut commandée à Fatio puis construite en même que le chalet de Frédéric Boissonnas, sur la même grande propriété. Cf. Chalet Frédéric Boissonnas. Plans: Au rez-de-chaussée, un petit degré mène au perron, puis au vestibule-cage d’escalier assez étriqué. Celui donne accès aux réceptions côté jardin et au petit salon sur l’arrière, ainsi que sur la cuisine dans le coin Est. Une paroi longitudinale libère étrangement un espace moins profond pour les principales réceptions. Dans le coin Ouest, une véranda en saillie permet d’accéder au jardin. Le plan du premier étage n’est pas conservé. Décors: seulement un plafond pour le Petit chalet (ainsi qu’un beau dessin néo-Louis XV pour objet non identifié). Extérieur

Façades: Les dessins des élévations ne sont pas conservés. Bibliographie

Illustrations: - Archives Boissonnas Littérature: - Boissonnas, 1923, 20 - Bouvier, 1983, 100 Vue d’ensemble de la propriété des Mayens. Sur la crête on aperçoit, de gauche à droite, le chalet de Mme Boissonnas-Pilet, la maison ancienne occupée par M. et Mme Magnin (?), le chalet de Frédéric Boissonnas, la maison de son beau-frère M. Rozier et enfin, tout à droite, le chalet de Mme Gagnebin. À l’arrière, le superbe panorama du Mont-Blanc. Archives Boissonnas, photographie ancienne.

Plan du rez-de-chaussée. 3 Chalet Boissonnas, Frédéric

Les Mayens Cote AEG AP 194/E/56-1

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Grand-Saconnex 19 1 31 Rue No. Lieu-dit Parc-des-Mayens 11 Le Pommier Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire Frédéric Boissonnas (1858-1946), photographe genevois, était fils d’Henri-Paul Boissonnas (cf. cat. 2). Reprenant l’atelier paternel, il connut rapidement un vif succès, dès l’Exposition Nationale de 1896. Son manque de discernement en matière commerciale l’entraîna dans des entreprises hasardeuses. Sa ruine fut consommée en 1933, causée par la crise économique mondiale. Marié à Augusta Magnin et père de nombreux enfants, il délaissa cependant fréquemment Genève au profit de voyages au Proche-Orient et dans ces Alpes qu’il admirait. Historique et avant-projets: la propriété appartenait à la fin du XIXe siècle à M. Magnin, beau-père de Boissonnas. Elle était occupée d’une maison de maîtres du milieu du siècle et d’un rural. Elle fut cependant cédée à son gendre à l’issue d’une faillite, en 1896. La maison ancienne fut conservée et laissée à M. et Mme Magnin, alors qu’on parsemait la colline d’édifices: chalet des “Mayens”, (réalisation 1896-1897); “Petit Chalet” (1896-1897), habité par la mère de Boissonnas; aménagement de l’ancien rural pour une soeur; construction d’une maison pour une autre soeur, Mme Rosier, vers la même époque. Le plus ancien document est un avant-projet pour les “Mayens”, datant du 8 novembre 1896, qui fut à peine modifié. Le parc fut planté d’essences alpines, aménagé de plusieurs rocailles et on l’agrémenta de nombreuses dépendances. Un portail du 28 juin 1897. Les déboires financiers obligèrent F. Boissonnas à morceler et vendre en 1933. Dates générales Autorisations de construire 1896-7 1896-1901: ø Conservation transformation Si le terrain est maintenant réduit au minimum, le chalet est entièrement conservé, à l’extérieur. Ses décors sont intacts (communication orale des propriétaires actuels). Description

Intérieur Propriété: l’ancienne propriété formait un grand lot dans le Sud de la commune du Grand- Saconnex. Son entrée était située au chemin des Coudriers, qui formait la limite Sud. Les actuels chemins des Corbillettes, à l’Ouest, des Massettes et de la Charrue, côté Jura et Jacques- Attenville, à l’Est, circonscrivaient ce grand fonds, réputé former 12ha. L’ancienne maison de la propriété occupait le sommet d’une colline, allongée en suivant la même orientation que le Jura. Le chalet de Frédéric Boissonnas fut ajouté sur la crête, au sud-ouest. Alors que la ville approchait au sud-est, la vue était encore largement dégagée et agricole jusqu’au Jura, conditionnant l’axe de tous les édifices contemporains, dont la façade privilégiée était tournée vers le nord-ouest. Plans: les plans définitifs ne sont pas datés. Ils montrent que la pièce d’entrée est la plus originale de la maison: en effet, un vestibule de niveau avec le terrain est suivi par quelques marches donnant accès au rez-de-chaussée entresolé: une galerie ouverte sur le hall y dessert les pièces de réception et les services régulièrement placés autour ainsi que l’escalier portant aux étages. Un espace est largement privilégié: la salle à manger, sur l’axe principal, s’ouvre par un bow-window sur la vue du Jura et communique avec la profonde véranda d’angle et la bibliothèque. Dans l’angle Est s’épanouissent cuisine et office, accessibles par un escalier en bois indépendant (commençant sur une rocaille pittoresque). L’accès au jardin, sur la façade du couchant se fait par deux escaliers en bois symétriques, en surplomb, gracieusement soutenus par des aisseliers. Les circulations du 1er étage sont moins heureuses, plus étriquées: le hall d’entrée n’occupe qu’un étage et demi de hauteur, au lieu de deux et demi. Un couloir et un petit hall distribuent les chambres et l’escalier des combles. Les deux petites chambres de domestique se trouvent au- dessus des services. Une longue galerie court des coins Ouest à Sud, contournant celui-ci, tandis qu’on accède à un autre petit balcon du côté du couchant. Décors: Les dessins de décoration intérieure sont relativement peu nombreux: ils prévoient de simples boiseries moulurées et la cheminée du salon. Les photographies anciennes montrent en revanche partout un décor boisé. Les plafonds sont ornés d’un réseau géométrique (salon) ou montrent les régulières rayures des solives apparentes et biseautées. Cheminée avec banquettes dans un coin isolé par un arc-diaphragme de bois ajouré.

Extérieur Façades: on constate en élévation l’asymétrie des deux longues façades. Le faîte du toit décalé vers l’Ouest dégage un comble et une soupente couvrant la galerie; à l’Est au contraire, la toiture comprime la hauteur des chambres de bonne placées à l’étage des services. La composition des façades est faite d’une variation d’éléments de bois et de maçonnerie: un puissant soubassement en appareil rustique supporte les murs de la cuisine et du vestibule, alors que le reste des façades est de parois de planches de bois encastrées. Le réseau des parties saillantes des pièces d’assemblage, ses jeux d’ombres, forment le décor: têtes des poutres, des solives ou des refends; frise des appuis. Il est complété par de nombreux éléments sculptés: les poteaux de la véranda ou de la galerie ouverte du premier, les aisseliers ou encore les imposantes consoles, supportant le surplomb de la toiture; les encadrements de fenêtres sont chantournés; enfin, une note fleurie est ajoutée par les garde-corps ajourés de galerie et balcon. Les baies marquent la hiérarchie symbolique des zones: trois baies jumelées pour les pièces les plus importantes (salle à manger et chambre à coucher des maîtres), baies jumelées pour les autres pièces de réception et simples dans les services, les combles avec une exception, pour l’accès à la véranda, qui d’ailleurs comme lieu de jouissance de la vue est privilégiée. Enfin, sur les surfaces des ombres importantes sont portées par la forte saillie de la toiture, par les porches et avant-toits, jusqu’aux fantastiques gargouilles en fer forgé, se projetant loin en avant. Dépendances 1896 “Raccard valaisan” Acquis en 1896, démonté du Village Suisse. 1896(remont Mazot Mazot ancien de Haute-Savoie, démonté du Village Suisse. 1896 Tour “Cyclorama”, donnant point de vue pour jouir du paysage.

Bibliographie

Archives: - Archives Boissonnas, annonce de vente; plan de morcellement Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio - Archives Boissonnas, photographies anciennes de la propriété et de divers bâtiments Littérature: - Boissonnas, 1923 - Bouvier, 1983, 100 s. - Crettaz/ Michaelis, 1984, 130 - Gladbach, 1976 (1893), p. 5, fig. 17 et 20. (Modèle du chalet) - Mobbs, 1905, 20 Vue de la façade Mont-Blanc et d’une façade latérale avec membres de la famille Boissonnas. Peu après la construction du chalet (vers 1900?), le bois n’en paraît pas encore vieilli. Des sapins ont été plantés de toutes parts, imitant un environnement alpin. Archives Boissonnas, photographie ancienne.

Plan du rez-de-chaussée, réalisé à Vue en diagonale du hall d’entrée, l’encre. On y voit le hall d’entrée et son s’élevant sur un niveau et demi. La réseau complexe d’escaliers menant au progression vers la sphère intime rez-de-chaussée surélevé puis aux multiplie les arrêts! Archives étages. Nombreux accès à l’extérieur. Boissonnas, photographie ancienne. 4 Chalet Roussy, Louis

Cote AEG AP 194/G/60

Localisation

Détruit

Ancienne adresse Thonon, route de La Belotte, Cologny Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire Louis Roussy apparaît dans les annuaires des années 1900 comme chirurgien-dentiste ayant son cabinet à la rue Saint-Léger et vivant entre le quai des Eaux-Vives n. 8 et La Belotte. Dates générales Autorisations de construire 1897 Autorisation de construire n..191, accordée le 27.09.1897 à M. Roussy pour la construction d’une villa, parc. n. 956d. Conservation transformation Détruit. Le plan d’ensemble de la commune de Collonge-Bellerive, cadastre G (1997) montre déjà un immeuble à toit plat. Description Intérieur Propriété: plan de situation du 14.07.1897 et extrait du cadastre (autorisations de construire) du 25.09.1897. Sur une parcelle à peu près rectangulaire, en forte pente, se trouve la maison, près du milieu. Un portail est ouvert en haut sur la “route de Thonon à Genève” et l’autre sur un chemin vicinal en bas, le chemin des Pêcheurs. L’avant-projet de jardin montre un plan d’allées tortueuses accédant à ou contournant une esplanade sur laquelle est la maison. Sur les photos anciennes, ont voit que des essences alpines furent plantées près de l’entrée. Plans: datent du 26.08.1897 au 2.09.1897. Le plan-masse est rectangulaire, si ce n’est un léger décrochement. Un perron et une véranda forment une annexe au Nord. Le sous-sol est, du fait de la déclivité importante, un rez-de-jardin . Au rez-de-chaussée, un refend transversal sépare la cuisine et le petit hall-cage d’escalier en puits de la pièce de réception unique, occupant plus de la moitié de l’espace et orné d’un bow-window de plan triangulaire. À l’étage, un peu plus large du fait des surplombs latéraux, on retrouve le refend transversal que longe un petit couloir desservant les trois petites chambres et un cabinet - qui n’est peut-être pas un WC. L’escalier continue après le palier vers les combles, où se trouvent encore une grande chambre centrale avec balcon et des rangements. Extérieur

Façades: les dessins datent du 2 au 6.09.1897. Un soubassement en maçonnerie et rez-de- chaussée étroit supportent un étage à important surplomb sur les côtés, puis des combles en pignons sur les petites façades. La vaste toiture à demi-croupes et égouts retroussés. La façade d’entrée est la plus irrégulière, les travées du rez-de-chaussée étant inégales en largeur, chacune avec sa porte (pour le vestibule et la cuisine), mais celle de gauche est accotée d’une fenêtre. Sur le lac, symétrie axiale, soulignée par la présence du bow-window du rez-de-chaussée, en milieu de façade. Les façades latérales à deux travées d’inégale importance; têtes de refends attestant la majeure importance du salon et des chambres côté lac. Au Nord, perron couvert en annexe. Sur les balcons, des poteaux à aisseliers supportent l’égout. Deux lucarnes sur les hauts versants de la toiture. Le décor est constitué par l’habituel réseau des constructions de bois. À noter que l’alternance des voliges horizontales et verticales du lambrissage extérieur. Quelques sculptures: têtes des sablières-basses, simples larmiers des fenêtres, garde-corps et appui des balcons sculptés de motifs floraux ou de frises. Des volets ajourés de trèfles furent ajoutés ensuite.

Bibliographie

Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio - Archives Jean-Christophe Curtet, Genève, photographie ancienne - CIG-BGE, Villas Littérature: - Lambert, in: Schweizerische Baukunst, 17 janvier 1903, 25 - Mobbs, 1905, 17 et 25 Plan du rez-de-chaussée.

Elévation aquarellée. Façade entrée, photographie ancienne, Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio 5 Chalet Meylan, Edouard (?)

Cote AEG AP 194/B/60

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Carouge 698 38 B231 Rue No. Lieu-dit Charles-Polluzzi, rue 7 Pinchat Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire Le commanditaire fut probablement M. Edouard Meylan, régisseur (annuaires). Sa veuve, Louise Meylan, vécut jusque dans les années 1970. Avant-projets et projets: s.d. Avant-projet primitif sans véranda. 29.07.1903, deux avant-projets en maçonnerie avec colombages, présentant alternatives d’orientation de la toiture (qui est encore à croupes). 31.07.1903, avant-projet daté (plans rez-de-chaussée et 1er), repris le 07.08.1903 (plans sous-sol et combles), similaire au projet final. Différences: bow-window supportant balcon 1er, véranda déplacée vers l’Est, degré inversé (monte ensuite d’Ouest en Est, communication avec maison ). Différence légère aux combles avec suppression du balcon de la chambre centrale. S.d.: plans du rez et du 1er avec élévation avant et latérale: différence avec plans 31.07.1903: sdb, agencement lits, plus proches du définitif, mais véranda encore inversée. Dates générales Autorisations de construire 1903 Autorisation de construire n. 457, accordée le 25.08.1903 à Edmond Fatio pour le compte de M. Meylan pour la construction d’une villa, parc. 2040b. Conservation transformation Le chalet Meylan a été vendu par la veuve du constructeur à une famille qui en est aujourd’hui encore propriétaire. Il a été très peu transformé. À l’extérieur, rien n’a changé; à l’intérieur , fort peu. Au premier, la salle de bains a été modernisée dans ses murs d’origine, tandis que les circulations ont été très légèrement modifiées par la fermeture d’une porte et l’ouverture d’une autre . Les combles sont inchangés - même l’atelier de photographie est resté un atelier! Le décor - boiseries, cheminée, placards et meubles de paroi de la salle à manger sont en place. Description Intérieur Propriété: un extrait du cadastre du 20.08.1903 ainsi qu’un plan du jardin datant du 29.09.1903, avec axes de vue à dégager sur le Mont-Blanc et vers l’Ouest (”trous” dans les plantations du bord du jardin), nous montrent que la parcelle, bordant au nord-ouest le chemin Poluzzi n’a pas changé. Elle se trouve encore à une cinquantaine de mètres de l’ancien chemin devenu route de Pinchat. Plans: 21.08.1903, plans définitifs. Postérieure: suppression balcon combles avec fenêtres modifiées (s.d.). Construction de bois sur soubassement de maçonnerie, abritant les caves. Module 3 x 2 travées. Division en deux parties de profondeur inégale: côté jardin de plus profondes pièces de réception, à l’arrière les services et de plus petites pièces. Deux marches isolent le porche vitré en annexe. Celui-ci a un usage double: accès aux caves et à l’espace d’habitation par des escaliers. Le vestibule s’ouvre sur une belle cage d’escalier se resserrant ensuite en direction des combles. Il distribue un salon, une salle à manger plus vaste, une cuisine et un petit WC. La communication entre cuisine et salle à manger est intelligemment “encadrée” par le dressoir. Des pièces de réception, accès à la véranda communicant avec le jardin par un degré latéral. À l’étage, une salle de bains “mord” sur le vestibule. La chambre des maîtres se trouve au dessus du salon, à la salle à manger correspondent deux plus petites chambres, tandis qu’une quatrième se trouve à l’arrière. Le chauffage traditionnel, trois mas de cheminée pour le salon, vestibule et salle à manger, cuisine. À l’étage la chaleur est diffusée par deux poêles s’y raccordant et par le passage des tuyaux. Aux combles, une chambre d’amis s’ouvre au centre du pignon, côté jardin, tandis qu’à l’arrière se trouve un atelier de photographie. Les soupentes sont occupées par une petite chambre de bonne et des rangements. Décors: seuls décors dont on trouve trace: cheminée du salon et boiserie du porche (deux portes d’entrée à la cave et au rez-de-chaussée). Les meubles de la salle à manger se trouvent à l’endroit même indiqué sur les plans au sol. Il est étonnant qu’aucun dessin n’en subsiste, car Fatio a dû en être le concepteur. Extérieur

Façades: le soubassement est traité en appareillage rustique, supportant le rez-de-chaussée en maçonnerie. Çà et là, blocs de pierre à fins pittoresques. Au-dessus, parois composées de planches horizontales. Les têtes de solives sont saillantes et les appuis des fenêtres réunis d’un cordon. Le rythme, irrégulier du fait de la véranda décalée vers l’Est, sur le jardin, est rééquilibré à l’étage par la disposition totalement symétrique des baies alternant avec des panneaux de bois au premier et de la baie centrale encadrée de petites ouvertures aux combles. De part et d’autre, la soupente abrite une galerie couverte supportée par des aisseliers. L’arrière est plus asymétrique. Bibliographie

ø Plans et élévations.

Détail d’un poteau révélant la structure du bois, simple mais élégante, des balcons. Photographie récente. 6 Chalet Hess, M.

Cote AEG AP 194/C/16

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Corsier 3732 26 83 Rue No. Lieu-dit Corsier, quai de 22 Corsier-lac

Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire La parcelle est le fruit d’un morcellement de l’ancienne propriété Du Roveray. Le constructeur de la maison , M. Hess n’a pas laissé de traces dans l’annuaire, probablement parce qu’il se servait du chalet comme maison d’été, d’après le témoignage de son petit-fils. À sa mort, sa fille en hérita, mais le vendit pendant la Seconde guerre mondiale au père de l’actuelle propriétaire. Avant-projets: les documents sont très peu nombreux, pour ce chalet, portant à croire que l’activité de l’architecte fut réduite au minimum: situation sur le terrain et dessin d’ensemble, plus détails des emmarchements. Dates générales Autorisations de construire 1903 Autorisation de construire n. 528, accordée le 9.11.1908 à Edmond Fatio, pour le compte de M. Hess, pour la construction d’une villa, parc. n. 3656. Conservation transformation Un projet de transformation fut dessiné par les frères B. et D. Camoletti en 1972. Il prévoyait le prolongement du versant Sud du toit pour abriter, à la place de la véranda, une annexe en siporex contenant un salon et une chambre et salle de bains à l’étage. D’autre part, il entendait doubler toutes les façades de brique, au rez-de-chaussée, en changeant les baies de la salle à manger. Heureusement, seule la première partie du projet fut mise à exécution. Le chauffage fut installé l’année suivante. Description Intérieur Propriété: 28.09.1903: extrait cadastre propriété Du Roveray. 10.11.1903: croquis jardin avec canalisations et quai Corsier. La propriété se trouve à une centaine de mètres au Nord du port de Corsier. Du quai, la parcelle presque rectangulaire présente une pente douce montant en direction des Voirons. À l’arrière se trouve la maison, qui est orientée vers le lac. Une entrée moderne donne sur le quai, l’autre sur un petit chemin vicinal. Le plan de situation montre que la maison se trouve au centre d’une petite esplanade d’où partent deux allées en boucle vers le portail du quai et vers le Sud. Quelques arbres limitent la propriété et d’autres parsèment les pelouses. Plans: plans du 29.10.1903 au 3.11.1903. Le plan-masse rectangulaire (7.50x8.50) avec véranda en saillie au Sud et WC au Nord. Cuisine en pierre. Reste en bois. Rez-de-chaussée composé de la petite cuisine, vestibule-cage d’escalier et vaste salon-salle à manger sur toute la largeur de l’étage (sauf annexe). Le premier, du fait de zones en surplomb, est plus vaste. Un étroit corridor central disposé sur toute la largeur dessert 4 chambres à coucher et la salle de bains saillante. Au Nord et au Sud, des balcons. Aux combles, l’escalier mène à quatre petites chambres supplémentaires. Extérieur

Façades: faible soubassement en appareil rustique supporte une structure en plots de bois, sauf la cuisine, qui est maçonnée. La façade lac présente une symétrie relative (un côté est plus large), que rompt en partie la véranda. Latéralement, l’irrégularité est plus flagrante, composée de deux travées au Sud, de trois au Nord. À l’arrière, les deux travées sont tout aussi inégales, si ce n’est sur les combles. Le murs sont faits de mâdriers sur les parties en bois, dont les surfaces sont animées par l’habituel réseau de têtes de solives, cordons, poteaux lignes figurant les têtes des planches d’encastrement. La sculpture est simple: aisseliers, encadrements de fenêtres légèrement profilés et volets ajourés de coeur. Bibliographie

Plans: - Archives privées, P. CAMOLETTI, Affaire no. 285, plans 4741, 4742, 4796, 4797 Illustrations: - Archives privées, photographies anciennes Vue de la façade lac. La transformation opérée par le bureau Camoletti est parfaitement visible. Edifiée en béton, une annexe abritée sous un prolongement du toit a fait disparaître la véranda et le balcon sur le côté droit (Sud). 7 Chalet Meyer de Stadelhofen, M.

Cote AEG AP 194/B/26

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Détruit

Ancienne adresse 4, rue du Couchant Hermance Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Plusieurs membres de la famille Meyer de Stadelhofen vivaient à Hermance à la fin du XIXe et dans la première moitié du siècle suivant. Cependant, nous n’avons aucune information sur le constructeur du chalet. Marcel Meyer de Stadelhofen fut avocat, champion olympique, fondateur du Comité Olympique Suisse et son deuxième président. Il vivait au château, tandis que son frère Prosper était installé dans la dépendance de celui-ci. Avant-projets et projets: Un premier avant-projet, s.d., ne présente aucun rapport encore avec le terrain. Assez différent du projet définitif. Ensuite, deux projets “nuls”: modifications ensuite peu importantes. 08/06/1904 et 17/06/1904, avec plan des sous-sols du 25/06/1904. Différence: le balcon couvert du rez-de-chaussée, courant sur toute la façade jardin, est transformé en balcon partiel avec degré descendant latéralement au jardin. Dates générales Autorisations de construire 1904 Autorisation de construire n. 267, accordée à Edmond Fatio le 21.06.1904, pour le compte de M. Meyer de Stadelhofen pour la construction d’un chalet, parc. n. 281. Conservation transformation Détruit à une époque inconnue. Il fut remplacé par une maison dans un style vaguement gothique. Description Intérieur Propriété: extrait cadastre, parcelle 281, 02.06.1904. La parcelle se trouve en bordure de l’Hermance et de la frontière française. La maison fut construite à l’extrémité Nord-Ouest. Terrain en dévers. Chalet en contrebas de la voie publique. Une passerelle donne accès au rez-de- chaussée, perché sur un haut soubassement/rez-de-jardin. Plans: datent du 6-13.07.1904. Le plan du rez de chaussée est simple: un porche vitré conduit au vestibule-cage d’escalier, étroit espace distribuant d’un côté la cuisine, en face, la salle à manger, et de l’autre le fumoir. La particularité se trouve dans l’office, formé de deux étranges pièces allongées sur le côté. Au dehors de la salle à manger, trois portes donnent accès à un mince balcon d’où descend un escalier vers le jardin. Au premier, la distribution est la même: une grande chambre à coucher matrimoniale, et deux petites(à l’avant et à l’arrière). L’office est surmonté à l’étage par trois petits cabinets de toilette, séparés par des cloisons. Un agrandissement est daté de 1913: gagné en surplomb, supporté par des aisseliers fichés dans le soubassement, il apporte un espace supplémentaire au fumoir, transformé en chambre à coucher. Extérieur

Façades: en élévation, on voit depuis le jardin le haut soubassement en maçonnerie. Au dessus, l’asymétrie interne provoquée par le grand espace de la salle à manger est répercutée dans l’inégale largeur des travées, identique à l’étage. En revanche, la symétrie est retrouvée de part et d’autre de la paroi (?) faîtière au comble. Sur les deux façades latérales on a construit un surplomb sous toiture. Balcon au Sud, espace de l’office/ cabinets de toilette au Nord. La façade d’entrée est plus régulière, présentant cependant une paroi aveugle à l’emplacement de l’escalier, qui n’est pas éclairé directement. À noter que la toiture à deux versants est symétrique. L’asymétrie de la façade jardin est accentuée encore en 1913, par l’adjonction d’une annexe en surplomb, supportée par un prolongement des poutres et de beaux aisseliers sculptés. Le décor est très simple, constitué presque exclusivement par les jeux géométriques des éléments structurels de poteaux verticaux, les têtes des solives (saillantes au dessus du rez-de-chaussée sur les façades latérales, au dessus du sous-sol et du premier, sur les façades principales), par les poteaux porteurs, les aisseliers ainsi que par le lambrissage. Les garde-corps ont reçu un minimum de décor ajouré. Bibliographie

Illustrations: - CIG-VG, Hermance. Une vue lointaine prise depuis l’Hermance montre clairement la façade jardin du chalet Littérature: - Gladbach, 1976 (1893), p. 12-13, fig. 44: modèle d’un chalet de Frutigen, Oberland bernois Plans et élévations, présentant l’état d’origine du chalet. On notera d’abord l’accès qui se fait de par une passerelle reliant la route à un porche vitré en surplomb. Quelques années plus tard, le fumoir fut agrandi pour en faire une chambre supplémentaire. 8 Chalet Gagnebin-Lecoultre, Louise Suzanne

Le Pommier Cote AEG AP 194/D/10

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Détruit

Ancienne adresse Coudriers, 10ter ch. des/ Grand-Saconnex, chemin Grand-Saconnex communal du Historique

Commanditaire Entrepreneur Kuoni, Coire Louise Suzanne Lecoultre (fille d’un horloger de la Chaux-de-Fonds, elle-même nouvelliste), fut mariée à Paul Gagnebin (1840-1919/20?), et lui survécut neuf ans. Son nom cependant conservé jusqu’en 1943 dans les annuaires. Deux de ses filles non mariées restèrent dans la maison paternelle jusqu’à leur mort: Violette Gagnebin (1871-1939) et Elisabeth Louise Gagnebin (1866-25 janvier.1943). La maison fut vendue probablement par Suzanne Gagnebin-Gagnebin, veuve de Joé Gagnebin (1877-1938) et bru de la commanditaire, en 1951. Historique: la parcelle fut peut-être détachée de la propriété Boissonnas, dont elle était voisine. Les plus anciens avant-projets datés sont d’avril 1905, suivis de projets datés du 21 [ou 29?] avril. Ce ne sont pas des projets définitifs, cependant. Mais ceux-ci semblent manquer. En revanche, plusieurs héliographies sont conservées qui doivent y correspondre. Elles datent des mois de juillet et août et portent le timbre de l’entrepreneur Kuoni de Coire. Les modifications apportées concernent les baies des combles et quelques contours. Les mesures y sont plus détaillées. Les documents explicitent la collaboration entre architecte et entrepreneur, portant le timbre de l’entrepreneur et de nombreuses annotations de l’architecte. Dates générales Autorisations de construire 1905 1905-1908: ø. Conservation transformation La maison fut vendue à la famille Noverraz, puis à la famille Veyrassat. M. Paul Veyrassat vendit la maison à la mort de sa mère dans les années 1990. Elle fut alors détruite pour faire place à un lotissement de maisons mitoyennes. Description Intérieur Propriété: trois copies d’extraits cadastre s.d. Un grand dessin à échelle plus grande, un petit croquis plan situation en couleurs. Parcelle trapézoïdale, maison prévue près du coin Est (dégagement à cause de la déclivité de l’autre côté). À l’origine entouré par la grande campagne Boissonnas, parcelle voisine de celle de M. Rozier, beau-frère de Boissonnas. Huit projets de portail, non datés, attestent de l’importance que l’entrée à la propriété prit aux yeux de la commanditaire. Plans: le plan-masse est rectangulaire avec un coin rentrant à l’arrière, cependant comblé par une véranda liée par un degré au jardin. Les pièces privilégiées sont toutes tournées vers le Nord- Ouest, qui est le côté de la vue sur la campagne (voir chalets Boissonnas, Archives Privées 194/E/56). Le porche est en saillie conduit à un hall-cage d’escalier central. Celui-ci est espace unique de circulation au rez-de-chaussée. Lieu privilégié au point qu’un accès direct entre salon et bibliothèque est impossible. Les murs extérieurs de la cuisine sont en maçonnerie. Le reste en bois. Un degré indépendant permet d’accéder à la cuisine. À l’étage, les chambres reflètent plus ou moins la distribution du rez-de-chaussée, mais plus vastes, car en partie en surplomb. Un WC et une petite salle de bains. Les combles abritent un grand atelier, deux chambres de bonne et une chambre d’amis, ainsi que des rangements en soupente. Décors: Quelques éléments décoratifs, dont un plafond. Extérieur

Façades: la façade privilégiée, Nord-Ouest (déclivité vers le Jura, vue, dégagement). Gabarit: deux étages (incl. combes) sur rez-de-chaussée entresolé sur caves. Entrée, sud-est: Sur un soubassement de maçonnerie se dresse le rez-de-chaussée, accessible par quelques marches au centre. Le rez-de-chaussée est divisé en trois modules inégaux, porche au centre, ouverture rectangulaire à l’Ouest et cuisine maçonnée à l’Est ayant une baie cintrée à arc de pierre. Au premier et au second, quatre modules divisé par les lignes verticales symbolisant l’encastrement de planches de cloison. Les façades latérales, sud-ouest et nord-est, se divisent en un nombre de travées irrégulier, marquées par des supports verticaux apparents ou non. La façade Ouest est ennoblie par deux galeries couvertes superposées. La façade Nord-Ouest est la grande façade sur le jardin. Sa surface est plus sobrement traitée. Plusieurs baies jumelées donnent un surplus de lumière aux grandes pièces qu’elle cache. L’asymétrie est réduite au rez-de-chaussée, donnant à la composition un calme plus solennel. Au niveau des combles, un balcon dessert la pièce centrale. Sur les deux grandes façades, un réseau irrégulier de rectangles et trapèzes est formé par les horizontales des têtes de poutres, de la saillie des cordons et par les verticales des têtes de cloisons. L’important toit à deux versants, dont la forte saillie augmente au sommet. Il est couronné par deux souches de cheminées cultivant l’asymétrie: hauteur et emplacements différents, axe opposé. Les fenêtres et garde corps de galeries et balcons sont les seuls éléments purement décoratifs, sculptés simplements à contours chantournés et à motifs géométriques d’inspiration montagnarde. Modifications non datées: ajout d’un balcon au-dessus de la baie de la cuisine. Transformation d’un perron latéral en véranda (fermeture par vitres).

Bibliographie

Archives: - Archives Boissonnas, plan de morcellement Illustration: - Archives Boissonnas, vue d’ensemble de la zone Plan du rez-de-chaussée. 9 Chalet Métral, Ernest

Cote AEG AP 194/B/62

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Détruit

Ancienne adresse Pléiades, 3 chemin communal des Champel, Genève (Plainpalais) Historique

Commanditaire Entrepreneur Ernest Métral fut chirurgien-dentiste, ayant cabinet sur le quai de l’Île et professeur à l’Ecole dentaire de Genève. Son nom n’apparaît au chemin des Pléïades qu’en 1910, alors que l’autorisation de construite demandée par Fatio est accordée en septembre 1907 pour un chantier devant être terminé en juin 1908. Un édifice, s.n., est indiqué en construction dans l’annuaire de 1909. Avant-projets, projets: une “première esquisse”, datée juillet 1907, à l’encre, nous montre deux plans (rez-de-chaussée et premier) et deux élévations. Si le plan-masse rectangulaire et la distribution des espaces internes n’ont pour ainsi dire pas évolué, il n’en est pas de même des façades, et surtout de la toiture. Celle-ci est plus complexe à ce stade, présentant une toiture à demi-croupes sur l’étroit corps principal, tandis que l’aile perpendiculaire dispose d’une toiture propre, dont l’axe faîtier est au même niveau, mais perpendiculaire aussi, à versants plus bas. Dates générales Autorisations de construire 1907 Autorisation de construire n. 333, accordée le 4.09.1907 à Edmond Fatio pour le compte de M. Métral pour la construction d’une villa , parc. n. 4499. Conservation transformation Aujourd’hui, la parcelle est occupée par un petit immeuble, construit après 1992. Le chalet de Fatio fut très probablement modifié assez tôt. Une photographie ancienne transmise aimablement par le fils d’un propriétaire, datant d’entre les années 1950 et 1980, ainsi qu’un cliché du Centre d’iconographie genevoise datant de 1972 montrent un édifice en pierre qui ne correspond plus guère aux plans de Fatio, tout en se trouvant au même emplacement. La première maison fut-elle détruite par un incendie, déplut-elle ou ne fut-elle finalement pas construite, malgré l’autorisation de construire? Description Intérieur Propriété: une copie d’extrait de cadastre nous montre la petite parcelle bordant à l’Est le chemin, au débouché de l’ancien chemin Peschier. Le chalet en occupait le coin Nord-Ouest, dégageant une plus grande zone de jardin vers l’extérieur de la ville du côté d’une grande campagne. Plans: le plan-masse est presque rectangulaire, rendu irrégulier par la présence d’un décrochement, d’un garage en annexe basse et d’un coin rentrant. La distribution est compliquée. Un porche donne accès au vestibule. Il distribue une cage d’escalier largement ouverte qui s’ouvre sur sa droite, un petit salon à gauche et dans l’axe un grand salon. Le passage à la salle à manger se fait par le salon. Une autre circulation contourne le départ de l’escalier en traversant l’office. La cuisine se trouve à droite de l’entrée. À l’étage, le palier donne accès à aux chambres vers l’Est, le Sud et l’Ouest. salle de bains et WC flanquent la cage d’escalier, sur le Nord. Extérieur

Façades : sur le soubassement en appareil rustique, le rez-de-chaussée est maçonné, supportant l’étage et les combles en bois. Le dessin est d’une grande complexité. Les deux versants de la toiture sont d’inégale longueur, le faîte décalé. La symétrie est donnée seule à une partie de la façade Sud. Pour le reste, rares sont les axes des baies qui se répondent d’un registre à l’autre et les parties de pleins et vides ne se contrebalancent pour ainsi dire jamais. Une galerie ceinture la moitié Sud du chalet, surmontant la véranda sur un tronçon, en surplomb, porté par des aisseliers sur l’autre. Sa profondeur est variable. Une lucarne vient encore déséquilibrer la toiture en occupant le versant le plus court. Bibliographie

Illustrations: - Centre de documentation, Direction du département ACV de la Ville de Genève. - CIG-VG: chemin des Pléïades 3 Plans et élévations. On relèvera la différence technique dans la construction du rez- de-chaussée et du premier étage. 10 Chalet Trafford, Randolph

Cote AEG AP 194/B/86

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 830 20 344 Rue No. Lieu-dit Lausanne, route de 340 Les Rousses Historique

Commanditaire Entrepreneur Jean Spring, Genève Randolph Trafford, citoyen anglais, est attesté dans les annuaires dès l’année 1930. D’après les souvenirs du propriétaire actuel, dont la mère avait acquis la maison de la famille de M. Trafford, celui-ci souffrait d’une maladie incurable. Dans le sens de cette hypothèse, le fait que M. Randolph se trouvait sous jouissance paternelle de sa mère, Bettina Partridge (copie d’extrait de cadastre, inscription crayon), ainsi que la présence d’une baignoire immense au rez-de-chaussée, posée sur du béton: destinée à une personne dont la mobilité était réduite? Avant-projets et projets: les premières esquisses, non datées, non signées, sont certainement de la main de Fatio, d’après le style et la graphie. Ensuite, le 26.02.1926, on trouve un dessin de portail, signé Fatio. En décembre 1926, des plans de Fatio côtoient un rendu aquarellé signé “J.Spring- Arch-Constr-Genève”. Celui-ci subit des variations, les plans Fatio étant plus proches de la réalité. Par la suite, les plans de Fatio et de Spring alternent. Modification du sous-sol et rez-de-chaussée en janvier 1927, travaux sur les intérieurs dans les mois suivants. Un projet de bow-window, daté mai 1928 ne voit pas le jour. Collaboration entre architecte et entrepreneur: deux héliographies de calques de Fatio sont signés à l’encre “JSpring”, tandis qu’un calque de Fatio porte “remis un tirage à Mr Spring”. Dates générales Autorisations de construire 1926-1927 Autorisation de construire n. 46, accordée le 24.01.1927 à M. Randolph Trafford pour la construction d’une villa, parc. n. 830. Transmission à l’architecte Edmond Fatio. Conservation transformation Conservée, inchangée. Description

Intérieur Propriété: extrait cadastre, autorisations de construire, TP: 24.12.1926. Une copie d’extrait non datée montre la parcelle, trapèze allongé entre route Suisse et lac. Il existe deux autres plans, dont l’un fut tracé, d’une main tremblante avec légendes en anglais, par le commanditaire. L’autre par Achard et Dumarcey, paysagistes (?), s.d. Plans: le plan-masse est simple: un rectangle allongé avec deux légers ressauts (entrée et garage) et un coin rentrant isolant la véranda. L’axe central transversal de la maison est constitué par une entrée détachée par une cloison à porte du très grand hall occupant presque toute la profondeur de la maison. Il sépare la zone de réception (salle à manger, véranda) et des services d’une aile de chambres à coucher et salles de bains desservies par un couloir aboutissant au garage. L’étage n’occupe que la partie de la maison située en dessus des réceptions et cuisines. Un couloir y mène à deux grandes chambres, une petite à l’arrière et une salle de bain. Décors: divers dessins, escaliers (notamment boiserie), entrée, hall, salle à manger. Echantillons de papier-peint.

Extérieur Façades: en élévation, la maison se présente comme un corps principal à toit à deux versants se distinguant de celui d’une aile latérale, dont la ligne faîtière est plus basse et perpendiculaire. Ces façades sont cependant alignées. Le soubassement est en maçonnerie, peu découvert côté entrée, de la hauteur d’un étage côté lac. Au rez-de-chaussée, un alignement serré de baies rectangulaires se détache d’un fond en maçonnerie pour le corps principal et en planches de bois pour l’aile latérale, alors que l’étage supérieur est entièrement lambrissé. Décors simples, côté lac, de la balustrade en bois de la terrasse et d’un large balcon à garde corps ajouré occupant une grande partie du corps central; quelques aisseliers sobrement sculptés et présence des têtes de solives ou saillie verticale d’éléments d’encastrement. Quelques rehauts de couleurs sur de très discrètes frises. Dépendances S.d. Hangar à bateaux

Bibliographie

ø Plan du sous-sol et du rez-de-chaussée. Le hall d’entrée occupe presque toute la longueur de la maison, servant aussi de salon. À coté, la chambre à coucher du maître de maison et sa salle de bain en suite.

Façades route et lac. À la façon des Chalet du canton de Schwyz avec son chalets du Nord-Ouest de la Suisse, annexe latérale. La maison rurale en celui-ci présente un corps principal et Suisse, pl. Schwyz 1. Illustration de une aile basse à fonction (en partie) l’excellente connaissance des modèles utilitaire. En l’occurrence, s’y trouve un suisses par Fatio . garage. On remarquera que la toiture du corps principal est asymétrique côté lac, mais pas côté route! 11 Villa Kummer, Dr. Ernest Frédéric

Les Arolles Cote AEG AP 194/A/81

Localisation

Détruite

Ancienne adresse Champel, ch. 15/ Michel-Servet Champel, Genève (Plainpalais) Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Le Dr Ernest Frédéric Kummer, fils de Jacob, était “docteur-chirurgien” sur la place. Il avait ouvert une clinique chirurgicale, d’abord au boulevard de Plainpalais, puis au chemin de Champel, dans la maison qui nous concerne ici. Historique: Fatio a été occupé par plusieurs campagnes de construction sur la propriété du Dr Kummer. La première commence fin 1898 (voir autorisation de construire et élévation). Un projet d’ajout d’une véranda au Sud de la salle à manger n’aboutit pas (1911), car lors du chantier de transformation de 1916 elle n’apparaît plus. En revanche, ajout de deux vérandas surmontées d’un étage, à l’Ouest et au Sud - cette dernière remplace l’intéressante véranda en quart-de-rond. Dates générales Autorisations de construire 1898 - Autorisation de construire n. 276, accordée le 28.10.1898 à Edmond Fatio pour le compte de M. le Dr Kummer pour la construction d’une villa parcelle n. 3623. - Autorisation de construire n. 274, accordée le 4.08.1916 à Edmond Fatio pour le compte du même pour l’agrandissement d’une villa, parc. n. 3623.

Description

Intérieur Propriété: la parcelle de plus de 6800 m2 a une forme de rectangle irrégulier, allongé. L’un de ses petits côtés borde l’ancien chemin de Champel, au Sud du croisement avec le chemin Michel- Servet, qui longe le long côté. Un mur d’enceinte longe le terrain au Nord et à l’Ouest. Un portail y est percé, menant au garage. Aucune indication précise le lieu de l’entrée piétonne. Le terrain descend en pente assez forte du chemin de Champel en direction du chemin des Chalets, actuellement chemin Thury. À part la dépendance se développant contre le mur côté chemin Michel-Servet, un grand bâtiment et une dépendance donnent sur le chemin de Champel, tandis que la maison construite par Fatio est située en bas. Plans: plan à deux corps perpendiculaires en L. Entrée au Nord, un perron latéral mène à la porte principale, l’autre aux services. Porche commun. Couloir menant vers le perron à la façade jardin. Cage d’escalier centrale. Sur la façade Ouest, cuisine et office ainsi que salle à manger. Sur la façade Est, pièce à usage non identifié puis salon (sans communication entre les deux). Une véranda en quart-de-rond permet communication entre salle à manger et salon, reliant les deux corps. Aux étages, cinq et six chambres. Une salle de bains au premier, un WC au second. Deux murs épais de maçonnerie au centre de la maison. Les murs de façade sont fins. Structure en bois doublée de briques (cf. élévation). Extérieur Façades: 8.12.1898, belle façade Sud aquarellée, signée et datée de Genève. soubassement en appareil irrégulier, baies soupiraux des caves. Rez-de-chaussée en maçonnerie. Baies à arc surbaissé au chambranle mouluré, saillies: bow-window de la salle à manger, véranda en quart-de- rond, perrons, tous couverts d’appentis ou de croupes polygonales (bow-window et véranda). Aux étages, on voit la structure de bois (sablières, poteaux de fond, de fenêtre, décharges, appuis, aisseliers) derrière laquelle apparaît le doublage de grosses briques. Dans le coin nord-ouest apparaît un oriel soutenu par la saillie de la poutraison sur rez-de-chaussée. Baies rectangulaires au chambranle biseauté, parfois jumelées. Lucarnes. Jour des combles aux pignons. Balcon sur saillie des poutres au premier et au second. Couverture à deux toits, deux versants à forte pente, demi-croupes, égouts retroussés. Flèche à haut épi de faîtage sur l’oriel. Modification 07.1916: ajout d’un corps de bâtiment sur véranda. Pan-de-bois depuis le rez-de-chaussée. Dépendances 1903 Dépendance à usage Petit édifice avec buanderie, surmonté ensuite d’un étage. multiple

Bibliographie

Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio Littérature: - Lambert, in: Schweizerische Baukunst, 17 janvier 1903, 25 s. Vue des façades jardin. La maison présente ici son état originel, avant les transformations qui modifièrent la belle véranda en quart-de-rond que l’on voit au centre. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio.

Plan du rez-de-chaussée. La distribution Façade Sud. Rendu aquarellé, daté du des pièces au premier est presque 8 décembre 1898. identique. 12 Villa Asper, Hans

Cote AEG AP 194/D/107

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genève (Eaux-Vives) 1395 41 G317 Rue No. Lieu-dit Pins, chemin des 5 Florissant Historique

Commanditaire Entrepreneur Hans Asper, relieur et fabriquant de registres a deux adresses professionnelles à la place de la Synagogue 3 et rue Petitot 4 en 1901. En 1903, il déménage du boulevard de Plainpalais au chemin des Pins. Dans cet intervalle, un autre M. Asper, relieur aussi, décède. Héritage permettant au premier de construire sa maison, probablement. Dates générales Autorisations de construire 1900 Autorisation de construire n. 294, accordée le 27.09.1900 à Edmond Fatio pour le compte de M. Asper pour la construction d’une villa, parc. n. 2936. Conservation transformation Une demande d’autorisation de démolir n’a, pour l’heure, pas été accordée. La maison est en mauvais état, extérieurement (fissures). L’intérieur est conservé, notamment son bel escalier d’origine (communication orale). Description Intérieur Propriété: la petite parcelle bordant le chemin des Pins au Sud est demeurée presque inchangée, en forme de rectangle irrégulier. Sa surface actuelle est de 2170m2. L’environnement est aujourd’hui totalement transformé par la construction d’immeubles au Nord et à l’Ouest du chemin. Un petit garage donnant sur le chemin des Pins fut ajouté en 1957. Plans: module presque carré, 3 travées sur 3. Plan très simple de quatre pièces avec vestibule/ palier, sur un peu plus de la moitié de la profondeur, et escalier et un WC/ salle de bains. La cuisine au Nord, les réceptions à l’Ouest et au Sud, une chambre à l’Est. Une véranda court sur l’intégralité de la façade jardin, au sud-ouest. À l’étage, les chambres donnent sur des balcons en surplomb, courant sur toute la longueur des deux façades latérales. Combles habitables. Extérieur

Façades: les façades sont presque parfaitement symétriques. Sur un soubassement bas en appareil irrégulier avec jours, étages en maçonnerie enduite, sans aucun décor, faux chambranles en bois des baies rectangulaires; sur les pignons, balcon de la façade jardin et cordon à hauteur d’appui de la façade d’entrée. Un porche à auvent donne accès à la porte d’entrée du côté de la rue. Une véranda en annexe, sur soubassement, règne sur la façade côté jardin. Piliers de bois et garde-corps de planches supportent l’appentis. Balcons couverts identiques sur les deux façades latérales, soutenus par la saillie de la poutraison. La toiture à deux versants et demi-croupes en forte saillie est soutenue par les piliers des balcons et des aisseliers. Bibliographie

Actes administratifs: - Autorisation de démolition. Avis M 4597 (DP 17289) de la Direction du patrimoine et des sites, défavorable. Le bâtiment est classé en zone orange et se trouve à proximité d’une maison (bat. 318) en zone rouge, “soit une zone de classement” Littérature: - Baudin, 1909, 248 - Lambert, in: Schweizerische Baukunst, 3 janvier 1903, 8-10 Façade jardin, photographie ancienne en vue de publication. 13 Villa Kündig, C.

Cote AEG AP 194/D/68

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Chêne-Bougeries 510 15 B71 Rue No. Lieu-dit Jules-Cougnard, chemin 19 Chevillarde-Ermitage (très Historique

Commanditaire Entrepreneur M. C. Kündig, qu’il ne faut pas confondre avec les fameux imprimeurs (Wilhelm et Albert), est mal documenté. Il n’apparaît dans les annuaires genevois qu’entre 1903 et 1909. Historique, avant-projet: un premier avant-projet de “châlet” (sic) signé de Fatio. Plan rectangulaire 2x2 travées, une véranda au Sud et un étage en surcroît de combles sur rez-de-chaussée. S.d. L’avant-projet suivant est daté du 18.09.1900, présentant seulement de légères différences d’avec le projet réalisé. 21 janvier.1901, extrait du cadastre, maison - construite - en rouge. Dates générales Autorisations de construire 1900-1901 1900-1901: ø. Conservation transformation On ne connaît pas les passages de propriété entre les années 1910 et 1950. La maison fut cependant achetée ensuite, en 1959, par le Prof. Jean-Claude Rudler, chirurgien-chef à l’Hôpital Universitaire de Genève, qui commanda des travaux. Extérieurement, les transformations n’ont pas altéré le plan masse, mais totalement changé le caractère de la maison. Ainsi, la véranda a été murée en béton, pour supporter à l’étage une grosse lucarne à trois fenêtres. La logette de la façade d’entrée a été supprimée et les décors ajoutés en bois (faux colombages) enlevés ou repeints (chambranles et linteaux). À l’intérieur, l’escalier de bois a été détruit pour être reconstruit contre le mur extérieur, en dur. Pour le reste, les espaces sont restés inchangés, mais le décor de bois a entièrement disparu pour faire place à un arrangement datant de vers 1959 par la maison de décoration parisienne Jansen. Un garage occupe actuellement un coin de la parcelle. Description Intérieur Propriété: la petite parcelle trapézoïdale de 1528m2 est conservée à l’identique. À sa construction, la maison se dressait sur un terrain presque nu, composé de quelques carrés de pelouse et d’une allée de graviers circulaire, mais fraîchement planté de quelques jeunes arbres. Tout autour s’étendaient encore des champs (photo ancienne). Plans: l’accès se fait par le coin Nord. Un porche dans-oeuvre mène à la fois vers les services (cuisine et office) et à un grand hall d’entrée-cage d’escalier. Celui-ci est agrément d’un bow- window à banquettes et largement ouvert sur le salon dont il n’est séparé que par un léger arc- diaphragme ajouré. Au sud-est, il donne sur la salle à manger, disposant elle aussi d’un bow- window et communicant avec une bibliothèque dans le coin sud. À l’étage, la disposition des chambres est pour ainsi dire identique à celle des pièces du rez-de-chaussée. Les chambres côté sud-ouest sont éclairées de profondes lucarnes. Un escalier indépendant donne accès à la grande chambre de bonne. Une toilette et une salle de bains avec WC. Accès par un autre escalier à deux chambres supplémentaires dans le comble. cheminée, dont un de forme Art Nouveau, en arc outrepassé. Les photographies anciennes confirment que le décor fut réalisé dans un style rustique, en bois. Quelques détails Art Nouveau (tapisserie des coussins). Extérieur

Façades: la façade jardin, en maçonnerie enduite, présente au premier registre un beau motif de bow-window en surplomb, traité de façon pittoresque en colombages, couvert d’une croupe polygonale. Baies cintrées au rez-de-chaussée. Linteaux en bois au premier. Le pignon avec un faux pan-de-bois . Une galerie vitrée formant véranda est adossée sur toute la largeur sur la façade Sud, protégée par la saillie du toit qui est supportée par des colonnettes en bois et arcs surbaissés. Côté entrée, un bow-window marque la travée centrale, tandis que celle de gauche est caractérisée par le vide du porche. Une poutre y supporte le premier, en pan de bois véritable cette fois-ci, pour des raisons évidentes de diminution des charges. Sur les pignons, les sablières du toit et pannes déchargées par des aisseliers sculptés simplement. L’un des longs-pans ouvert de deux grosses lucarnes. La toiture à deux versants est asymétrique. Bibliographie

Archives: - Archives privées, descriptif de la propriété; plans de transformation, s.s.; photographies récentes Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio Littérature: - Baudin, 1909, 250 - Lambert, in: Schweizerische Baukunst, 3 janvier 1903, 9 s. - Mobbs, 1905, 23 s. La façade Nord-Est est, dans le cas de cette maison, privilégiée. Elle offre un mauvais ensoleillement, mais la vision du Mont-Blanc en constitue certainement une ample compensation. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio.

Plan du rez-de-chaussée. Dessin de l’une des façades latérales avec le beau rythme de l’arcature, sur la véranda. 14 Villa Saussure, René de

La Favorite Cote AEG AP 194/D/85

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Pregny-Chambésy 471 25 15b, 16b Rue No. Lieu-dit Lausanne, route de 240 Pregny-Parc

Historique

Commanditaire Entrepreneur ? René de Saussure (1867-1943) fit ses études à l’Ecole polytechnique de Paris puis à l’Université John Hopkins de Baltimore. Il resta aux Etats-Unis, où il fut nommé professeur de mathématiques à la Catholic University of America, à Washington de 1896 à 1899. Il rentra ensuite à Genève où il pour enseigner à l’Université (1904-1910), avant de terminer sa carrière à l’Université de Berne (1920-1925). Il est attesté dans les annuaires, à Genève, de 1903 à 1914. Frère d’Elisabeth Théodora de Saussure (cat. 32) et cousin germain d’Emilie Fatio-Naville. Historique: parcelle détachée de la Petite Pierrière, avec une écurie: ferronneries à motif de fer à cheval et fouet se trouvant sur l’ancienne porte d’entrée, conservée. Chiffre « L F » pour Léopold Favre, propriétaire de la Petite Pierrière entre 1882 et 1902, date de l’achat par René de Saussure. Celui-ci quitta “La Favorite” en 1913 ou 14 probablement (disparition des annuaires). Rachat par Paul Sarasin, propriétaire du château de Penthes, pour y établir sa fille. Location à Mlle Hartmann (pension de jeunes filles à la “Marjolaine” de 1937-1940), puis à M. Henry de Blonay, qui racheta en 1947 (Souvenirs). La maison appartint alors sans interruption à la même famille jusqu’en 2003. Elle fut alors vendue aux propriétaires actuels. Il existe deux premiers avant-projets: style Louis XV, toiture à la Mansart, ou style maison de campagne suisse XVIIIe à gouttoirs retroussés; puis un avant-projet en style Heimatstil, différent de la maison réalisée. Dates générales Autorisations de construire 1901-1922 Autorisation de construire n. 208, accordée le 28.05.1902 à Edmond Fatio pour le compte de M. René de Saussure pour l’établissement d’un portail et la construction d’un mur, parc. n. 1263. Conservation transformation Les transformations ont été nombreuses et faites en plusieurs étapes: 1A. Annexe à la salle à manger. Années 50? 1B. Nouvelle cuisine entre salle à manger et tour. 2. Comblement de la galerie du rez-de-chaussée? 3. Galerie entièrement vitrée au premier. 4. Construction d’un garage supplémentaire à l’arrière de l’aile basse. 5. Transformations intérieures récentes: voir plans de l’architecte. 6. Ajout d’une dépendance, à l’Est, en date récente: garage. Description

Intérieur Propriété: la parcelle (cf autorisation de construire), était alors plus étroite. En forme de rectangle irrégulier, son axe longitudinal orienté Nord-Sud, parallèle à la route, la façade lac donnant plein Ouest. L’aile en retour d’équerre avait front sur la route, tandis que les façades Nord étaient peu distantes d’un chemin communal portant au lac. Au Sud se trouvait la Petite Pierrière. Lors des travaux d’élargissement de la route de Lausanne, on fit passer son tracé plus à l’Est, dégageant une large bande et doublant ainsi la surface de la parcelle pour lui donner ses 6559 m2 actuels. Plans: projets 1-8.08.1901: contre l’ancien rural est adossée une grande villa rectangulaire. Sa façade longue, de front sur le lac, forme une importante saillie vers le Sud. Module de 3 travées sur 2 ou 3, deux refends longitudinaux. Au rez-de-chaussée, un porche à 45° dans l’angle formé par la nouvelle construction et l’ancienne. Il donne accès à un vestibule central, allongé. Ouvre à gauche sur la cage d’escalier et la salle à manger, dans l’axe sur un petit salon, à droite sur le très vaste salon, accoté d’une véranda sur toute la longueur. Sur les photos anciennes, une petite véranda vitrée ajoutée en annexe, au Sud. Les services sont situés au rez-de-chaussée de l’ancienne dépendance, inclus un petit WC. On y accède par une porte située sous la volée de l’escalier. Escalier à tour complet, repos contre le mur Nord où aboutit un escalier des domestiques, dont le départ se trouve dans l’annexe. À l’étage, un couloir transversal distribue les cinq chambres et une salle de bains équipée d’une baignoire, d’un tub et d’un WC. Au-dessus de la véranda, une galerie en partie vitrée. Un passage donne accès à l’étage de l’annexe : deux chambres de bonne et une aile en retour d'équerre avec long fumoir-bibliothèque. Dans corps principal, un étage de combles en surcroît (pas de plan). Transformation de l’annexe, surélevée en tour. Son aile en retour d'équerre est maçonnée et élargie. 09.04.1906, rectifié 15-16.11.1906. Un nouvel escalier, construit en annexe dans l’angle nord-est, relie le repos à l’ancien fumoir-bibliothèque. Une première pièce, bibliothèque, agrandie par le sacrifice d’une chambre, communique par deux larges passages avec le billard occupant tout le premier de l’aile en retour d'équerre; une saillie au Sud. L’accès au deuxième étage de la tour se fait par le palier du comble du corps principal. Un petit couloir y dessert lingerie et grande chambre. Au dessus, vaste comble occupé par le grenier d’étendage surmonté par un comble-perdu. 1911 : construction d’une nouvelle annexe agrandissant la salle à manger. 1922, projet de corniches pour M. Paul Sarasin Décors: nombreux dessins pour les décors intérieurs.

Extérieur Façades: corps principal : soubassement de faible hauteur, rez-de-chaussée et deux étages (dont un comble en surcroît). Façade antérieure moins lisible : l’annexe recouvrant la travée de gauche. Raccord réalisé par un porche à croupe polygonale, supportée par des poteaux. Large baie cintrée au rez-de-chaussée, baies rectangulaires au premier, comble avec trois baies jumelées au centre et petits jours latéraux. Toiture à demi-croupes ; saillie au Sud pour abriter une galerie (murée avec baie cintrée, à l’entrée) et une galerie au premier. Légère asymétrie sur la façade postérieure, côté lac, avec ses baies centrales au rez-de-chaussée et premier, décalées par rapport à l’axe faîtier. Sur les façades latérales, au Sud, saillie de la véranda sur la galerie du rez-de-chaussée, couverte d’un appentis ; au Nord, caves dégagées avec entrée. Baies de droite plus basses à cause de l’escalier. Le traitement épidermique compte un appareil irrégulier et rustique sur le soubassement, baies à couronnement cintré rustique avec clef passante ou à chambranles biseautés ; surtout, pan-de-bois feint sur le pignon. Mise en valeur de la travée centrale de la façade lac par la baie cintrée du premier et son balcon ainsi que par le balcon à garde-corps ajouré au comble et poteaux soutenant la saillie de la demi-croupe. L’annexe de 1901 est maçonnée au rez-de-chaussée ; pan de bois lambrissé de planches horizontales au premier. En 1906, elle est surélevée en forme de tour. 3 travées sur 1. Toiture à demi-croupes. Sur les murs-pignons, au Sud, une baie centrale par étage, deux baies jumelées au comble ; au Nord, baies jumelées au comble. Sur les façades latérales, baies rectangulaires simples ou jumelées, percées là où les murs sont dégagés. Blocs irréguliers et rustiques émergent çà et là de l’enduit. Chaînes d’angle à l’identique. Au comble, imitation d’un pan-de-bois, en léger surplomb. Agrandissement de l’escalier en annexe : imitation de pan-de-bois, supporté par large pile. Aile en retour d'équerre rectangulaire, toiture à demi-croupes dans le même axe que corps principal. Versant Sud plus bas, abritant des remises et percé d’une lucarne à demi-croupe. Traitement de surface identique à la tour. Baies cintrées. Dépendances Récent Garage Bibliographie

Souvenirs: - Communication orale d’une ancienne propriétaire Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. Littérature: - Fatio, 1947, 307-310 Plan du rez-de-chaussée.

Vue de la façade de l’entrée. On voit bien comment la tour fut ajoutée au corps principal. À droite, le bâtiment des services. On constate la fraîche peinture ornant les murs et donnant un aspect plus gai (si ce c’est plus fidèle à l’origine) aux façades. Projet de façade et toiture pour la tour. Agrandissement de 1906.

Vue du château de Blonay. Anheisser, 1910 (1907), pl. 42 15 Villa Fatio-Pictet, Marguerite-Hélène

Les Amandolliers Cote AEG AP 194/A/30bis

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 1810 6 160 Rue No. Lieu-dit Malagny, route de 22 Genthod

Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Cf. cat. 1. Historique: les terrains avaient appartenu au milieu du XIXe siècle à Mme Pictet-de la Rive, habitant Beau-Pré. Une partie en revint à sa petite-fille, Mme Fatio-Pictet. Cette dernière fit construire pour donner, plus tard, une maison à sa fille. La maison fut occupée d’abord par Edmond Fatio et son épouse. Puis elle fut de nouveau louée. La propriété devint ensuite propriété d’un promoteur immobilier (souvenirs d’un locataire) qui ne reçut jamais les autorisations attendues. Enfin, la société Franck Muller S.A. la racheta, fit restaurer et agrandir la maison de maîtres, la transforma en bureaux et fit construire en dépendances des usines à l’apparence “Néo-heimatstil” inspirée par l’architecture de Fatio. Dates générales Autorisations de construire 1904 Autorisation de construire n. 511, accordée à Edmond Fatio pour le compte de Mme Guillaume Fatio pour la construction d’une villa, parc. n. 493. Conservation transformation Transformée il y a quelques années: une aile est ajoutée en retour de l’aile de service. L’intérieur a été en grande partie transformé de façon à créer des espaces de bureaux, les vérandas, fermées.

Description Intérieur Propriété: extrait cadastre 29.11.1906 (projet d’élargissement partiel du chemin de Malagny). Surface totale: 3ha74. Forme presque rectangulaire, terrain allongé entre chemin Malagny et chemin fer Genève-Lausanne, orienté Ouest-nord-ouest - Est-sud-est. La maison se trouve près du chemin de Malagny, à l’extrémité occidentale au sommet du coteau descendant vers le lac. Plan: le plan-masse présente une emprise rectangulaire allongée perpendiculaire à l’axe principal du terrain, de façon à donner un grand nombre d’ouvertures à la vue privilégiée, avec une aile en retour d'équerre au Nord. À l’intersection côté cour se trouve une tour-escalier d’angle rentrant. Côté jardin, les réceptions sont organisées avec saillie centrale, comblée par des vérandas. Le hall central, est largement ouvert sur un salon situé dans l’axe de l’entrée. De part et d’autre se trouvent un fumoir et une salle à manger, communiquant avec l’aile de service. Dans cette dernière sont situées l’office, la cuisine, une salle de lessives et un garage. Un escalier indépendant mène aux chambres du personnel. Le premier est organisé de manière identique.

Extérieur

Façades: élévations 09.12.1904: façade arrière, côté du Jura et chemin de Malagny est celle de l’entrée. Le corps de bâtiment principal de développe librement aux 2/3 vers Genève: un porche d’entrée à avant-toit et une baie jumelée au rez-de-chaussée, deux belles baies couronnées d’un épais arc surbaissé au premier, puis des lucarnes aux combles, ouvertes dans la haute toiture à croupes. À l’angle avec l’aile, la tour-escalier présente cinq pans d’un octogone en saillie. Une petite porte cintrée y est percée, mordant sur le soubassement, tandis que de petites baies rectangulaires éclairent l’escalier. La façade arrière de l’aile est campée sur un petit soubassement en moellons avec étage unique percé de baie rectangulaire et d’un comble. Le traitement de la surface est différencié avec une frise de planches verticales donnant à ce corps un air rustique et le qualifiant comme annexe de service. La façade côté lac présente ses murs-gouttereaux ponctués d’un corps transversal à pignon. Les vérandas à portique de grosses colonnes sont quant à elles surmontées de balcons couverts. Garde-corps en bois ajouré. Tous les pignons décorés de faux pan-de-bois. Toutes les toitures à demi-croupes, hérissées de hauts poinçons. Une flèche s’élance vers le ciel au-dessus de la tour-escalier.

Bibliographie

Illustrations: - Archives Franck Muller, S.A., photographies récentes - BGE, département des manuscrits Littérature: - Baudin, 1909, 242 s. - Crettaz-Stürzel, 2005, vol. II - Fatio, 1943, 260 s. Plan du rez-de-chaussée de la maison de Montigny, dessinée par l’architecte E. Boeswillwald et publiée dans Viollet-le-Duc/ Narjoux, Habitations modernes , Paris, 1875-1877, pl. 102. Lüthi, 2004, 63.

Plan du rez-de-chaussée, de la villa des Amandolliers , reprenant le corps central de la précédente. Avec le développement de l’aile latérale, l’escalier finit par se trouver dans un coin rentrant. Vue de la façade lac. Photographie ancienne. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio.

Vue de la façade d’entrée. Photographie ancienne. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. 16 Villa Claparède, Hugo de

Cote AEG AP 194/B/71

Localisation

Détruite

Ancienne adresse Bizot (s. n.), chemin Florissant, Genève (Eaux-Vives) Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Hugo de Claparède (1870-?) était fils du fameux diplomate Alfred de Claparède. Avocat, puis professeur de droit à l’Université de Genève, il meurt dans les années 1940. Un avant projet, s.d., est assez proche du projet final. Les deux différences principales concernent le traitement du rez-de-chaussée, où une galerie suit le parcours du balcon couvert du premier étage, traité à l’identique. L’annexe de la cuisine y apparaît comme un corps de bâtiment plus saillant et couvert lui aussi d’une toiture à demi-croupe. Détails de certaines baies légèrement modifiés par la suite. Dates générales Autorisations de construire 1904 Autorisation de construire n. 250, accordée le 8.06.1904 à Edmond Fatio, construisant pour compte de M. de Claparède sur la parcelle n..1950B. Conservation transformation La maison, occupée par une pension dans les années 1950 est ensuite reconvertie en maison d’habitation privée, avant d’être détruite dans les années 1970. Description Intérieur Propriété: l’extrait du cadastre de la demande d’autorisation de construire ainsi qu’un plan de situation nous montrent la parcelle 1950B, en forme de rectangle irrégulier et allongé, se trouvant au bout d’un chemin, probablement le chemin Bizot. Son côté sud-est semble correspondre au parcours de l’actuel chemin Le-Corbusier - indication d’un projet de route pas exécuté. Le portail, décoré de rosettes tournantes, s’ouvrait à peu près à la moitié de la hauteur de la parcelle, sur un long côté. Le chemin était alors prolongé par une allée ensablée obliquant à gauche et longeant le bord de la parcelle pour arriver rapidement à une esplanade où se dressait la maison, au Nord. Portail: cf. projet pour la villa Roux-Eggly. Plans: la maison a un plan-masse de 3 sur 2 travées rendu plus complexe par de nombreuses saillies. Alors que la façade antérieure est droite (léger décrochement à gauche), une annexe est ajoutée au Nord, tandis que deux pièces forment avant-corps à l’Est et au Sud, outre une véranda hors-œuvre. Un petit degré protégé d’un appentis, plus ou moins au centre de la façade antérieure, donne accès à un vestibule-cage d’escalier, distribuant à gauche un fumoir et à droite, par un passage se faisant sous la volée de l’escalier, à l’office et à la cuisine en annexe. Les pièces principales se trouvent sur la façade Est : un grand salon donnant accès à la véranda et au jardin, ainsi que la salle à manger faisant saillie. Un petit WC se trouve entre office et cuisine. Au premier, le palier distribue les chambres et un salon ouvert sur la chambre des maîtres. L’étage de l’annexe quant à lui est occupé par un cabinet de toilette, un bain, placards et garde-robe. Le deuxième est réduit de la taille de l’annexe. Ce sont cinq chambres, dont deux pour les bonnes, qui l’occupent avec un WC. Le sous-sol, occupé par la chambre à lessives, le chauffage et les caves est accessible à la fois par un escalier indépendant de l’extérieur que par le hall d’entrée. Décors: les projets de décoration concernent de nombreuses boiseries simplement moulurées. Au salon, des panneaux aux moulures arrondies suggèrent un décor sobrement Louis XV. Ailleurs, généralement orthogonales. À la salle à manger, un meuble à rangement décoré de deux petits balustres. Le fumoir reçoit une belle cheminée dont les pans coupés sont ornés de consoles en volute. Un avant-projet pour le hall fait état d’un décor à panneaux arqués, étagères supportant vaisselle et crochets décoratifs, départ d’escalier dont la main courante est supportée par une jolie arcade. L’escalier réalisé est beaucoup plus sobre: balustrade et murs simplement lambrissés.

Extérieur

Façades: les élévations montrent un édifice aux nombreuses saillies s’organisant autour d’une masse centrale. Sur un faible soubassement s’élèvent des murs en moellons, décorés aux étages des saillies d’un réseau de voliges imitant le pan-de-bois. Un escalier extérieur mène à une partie dégagée du sous-sol, où se trouve un accès à la cave. Le corps central est couvert d’une haute toiture à croupes dont les égouts sont retroussés et largement saillants, recouvrant au Sud et à l’Est un balcon au premier étage, supporté par des aisseliers et ponctué de poteaux ouvragés. Les deux saillies ont une toiture indépendante à demi-croupes, dégageant le pignon (balcon à l’Est). L’annexe de la cuisine, qui n’a qu’un étage de hauteur, et la véranda sont couvertes d’un appentis. Plusieurs lucarnes rampantes et chiens-assis, la plupart cintrés, éclairent les combles. Au Nord, une lucarne à deux baies est bizarrement composée autour d’une souche de cheminée sous une coupe saillante. Les baies sont toutes rectangulaires, à l’exception de la grande porte d’entrée, couronnée d’un arc surbaissé ; parfois jumelées. Les appuis et linteaux sont marqués : ces derniers décorés, ici et là, d’un arc surbaissé. Vitres amovibles à la véranda. Garde-corps simplement ajourés des balcons. Une jardinière suspendue sous une fenêtre du deuxième étage. Les deux hautes souches de cheminée couronnées d’une mitre à deux registres.

Bibliographie

Illustrations: - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio - CIG-VG, VGP 933: une photographie ancienne, probablement utilisée en vue d’une publication (indications de mesure au dos). Vue du portail et des façades Ouest et Sud Littérature: - Marteau, 1963 Plan du rez-de-chaussée. Aspect relativement organique, cuisine au Nord, dans une annexe.

Vue de la maison depuis le portail. Façades nord-ouest et sud- ouest.Photographie ancienne de cet édifice qui fut détruit. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. 17 Villa Roux-Eggly, Louis

Cote AEG AP 194/E/86

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Versoix 6641 22 343 Rue No. Lieu-dit Suisse, route de 98 Versoix-le-Bourg/ Pont-Céard

Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Jules ou Louis Roux-Eggly est attesté à Versoix dès l’année 1904. La maison servait alors de résidence d’été, celle d’hiver se trouvant au quai du Mont-Blanc n.5. Il mourut dans les années 1920. Sa veuve y vécut encore pendant quelques années - à moins que cela soit dans la maison voisine, indiquée “maison Chaponnière” sur l’extrait du cadastre. Un Louis Roux fit partie des membres fondateurs de la Société d’Art Public de Genève et en fut le premier président. Il est fort probable qu’il s’agit du même homme. Historique: la parcelle, à l’origine, formait une bande étroite située entre la route cantonale de Lausanne et le lac. À cet endroit précis, la route quitte Versoix-Bourg. Arrivée au sommet d’une côte, dans un virage, elle change d’orientation pour repartir plein Nord. La maison se trouvait alors exactement dans l’axe de la parcelle, orientée Ouest-nord-ouest. Les limites de celle-ci ont été redéfinies en changeant l’axe légèrement. Depuis la route, une allée conduit en boucle à une proéminence sur laquelle est posée la maison. Le terrain redescend ensuite en porte assez forte vers le lac. Dates générales Autorisations de construire 1904-1909 Autorisation de construire n. 28, accordée le 8.06.1904 à Edmond Fatio, construisant pour le compte de M. Louis Roux, sur la parcelle n..1820. Conservation transformation Une modification fut apportée en 1908-1909 par la construction d’une véranda polygonale ouverte sur le salon. Très beau plafond à caissons géométriques. La maison est parfaitement conservée. Elle fut restaurée en avril 2004, par l’architecte Roland Martin, bureau MTM, Mies. Aux façades, les joints ont été refaits, la parties de bois repeintes de vert ou de jaune (voligeage de l’avant -toit). Les enduits refaits et repeints en jaune. Les boiseries ont été blanchies. Le sol du vestibule a probablement été changé: le carrelage d’origine a été remplacé par un revêtement en ciment peint . Description

Intérieur Propriété: la parcelle, de forme trapézoïdale, étroite, est légèrement surélevée par rapport à la route suisse. La maison est située au centre, sur une terrasse puis la déclivité conduit en forte pente vers le lac. Le portail est constitué de deux piles en appareil irrégulier présentant élargissement latéral jusqu’aux deux tiers et supportant petit toit à deux versants avec l’aide de corbeaux. Plans: tous les projets définitifs: 6-15 janvier.1905. Le plan-masse en T est composé d’un corps longitudinal, dans l’axe de la parcelle, et d’un corps transversal, adossé au premier. Dans les deux angles formés, à l’Est et à l’Ouest, de chaque côté, une véranda. L’entrée se fait sur la droite, à l’arrière du corps longitudinal. À l’intérieur, un vestibule long et étroit dessert à gauche une cuisine puis la cage d’escalier centrale, à droite la salle à manger qui a accès aux deux vérandas, tandis que le salon occupe le bout du corps longitudinal. Au premier, une chambre au-dessus du salon, une autre au dessus de la salle à manger, les deux ayant accès à un balcon occupant le premier étage de la véranda côté lac ; un WC, une salle de bains et une lingerie sont ouvertes sur la façade antérieure ou vers le Nord. Le comble est occupé par deux chambres de bonne à l’Est et une chambre d’amis dans le corps transversal. À l’arrière, une place d’étendage. L’espace passablement réduit par la soupente. Entresolé, accessible depuis le palier de l’escalier descendant au sous-sol, un WC pour le rez-de-chaussée. Au sous-sol se trouvent, à côté des traditionnels espaces destinés aux lessives, cave à vin, à charbon et bûcher un atelier de photographie. Décors: Un décor de boiseries a été dessiné, en particulier pour la salle à manger, entièrement lambrissée: décor simple de moulures, poêle de faïence ancienne, vaisseliers. Le plafond, reprenant le tracé des solives est particulièrement beau.

Extérieur Elévations: Sur un soubassement de faible hauteur en appareil irrégulier, formant léger ressaut, se dressent des murs en appareil très irrégulier : sortes de chaînes d’angle irrégulièrement harpées, ce sont ailleurs des moellons, ébauchés ou équarris. Les murs donnent ainsi une impression de rusticité assez finement différenciée. Aux combles, les pignons sont en maçonnerie recouverte de voliges imitant un pan-de-bois. Les baies sont couronnées d’un arc surbaissé au rez-de-chaussée, rectangulaires à linteau de pierre grise au premier et montrent seulement un chambranle de bois au comble. Une chaîne horizontale de pierre grise règne sur la façade d’entrée du corps longitudinal. Deux toits à demi-croupes perpendiculaires à égouts retroussés. La saillie assez importante de la toiture est montre de façon décorative les sablières et pannes dont les têtes sont supportées par des aisseliers, les chevrons et le voligeage, aujourd’hui élégamment peints de vert sur fond jaune. La porte d’entrée est encadrée par deux piles empattées, posées sur les murets bordant le degré, surmontées d’un arc en saillie sur le nu du mur. En couverture, un auvent à aisseliers. Les deux vérandas ont une base en maçonnerie dans laquelle sont fichés des poteaux supportant l’appentis. Fermée à l’arrière, celle du côté lac n’est que partiellement vitrée. Le balcon, au garde-corps simplement exécuté en planches verticales, est rythmé de deux paires de poteaux. Sous presque toutes les fenêtres des étages, un support de métal permettait d’y placer des fleurs. Dépendances Av.1906 Garage? Le bâtiment existe toujours, transformé.

Bibliographie

Illustrations: - CIG-VG, VGP 956 Littérature: - Crettaz-Stürzel, 2005 Vue de la façade lac. La véranda polygonale fut réalisée dans une seconde campagne de travaux. Elle présente un bel espace de vie supplémentaire plutôt qu’unj simple prolongement de la maison. Photographie récente.

Vue de détail du pignon latéral. Pris de Vue de la façade de l’entrée. sotto in su , ce cliché révèle la technique Photographie ancienne .Les travaux de bâti: le colombage est imité, non pas sont à peine achevés. structurel. L’ 18 Villa Claparède, René

Cote AEG AP 194/A/19

Localisation

Détruite

Ancienne adresse Champel, 11 chemin/ De Tournes, 11 bis chemin Champel, Genève (Plainpalais) Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Jean-Louis-René Claparède (1862-1928) naquit dans une vieille famille genevoise, très aisée, dont la « campagne » se trouvait aux portes de la ville, sur le chemin de Champel. Homme de lettres, il se passionna pour les causes humanitaires dont Genève depuis la seconde moitié du XIXe siècle était déjà l’une des capitales. Les coûts de cette vocation finirent par le ruiner. Historique: la parcelle appartenait à l’origine à la campagne de la famille Claparède. Une bande en fut été détachée au sud-est, bordant l’ancienne Odier. Elle fut elle-même divisée en trois. Une parcelle avait front sur le chemin de Champel ; une intermédiaire ; une troisième était bordée par le chemin Michel-Servet. Les deux premières appartenaient à Edouard Claparède, héritier de l’ancienne maison, qui fit faire par Fatio plusieurs projets de lotissement non réalisés. La dernière parcelle échut en partage à un frère aîné d’Edouard, René. L’aménagement se fit par étapes. Les projets montrent qu’à l’idée d’un chemin courbe succéda celle d’un chemin droit à l’Est, puis à l’Ouest, devant desservir un lotissement sur la parcelle du milieu et une villa unique au Sud ; cette dernière fut réorientée plusieurs fois. Quant au lotissement, il ne fut pas réalisé, pas plus qu’un projet de prolongement vers l’ancien ch. des Chalets, aujourd’hui chemin Thury. Dates générales Autorisations de construire 1905-1906 Autorisation de construire n. 353, refusée à Edmond Fatio pour une construction projetée, parc. n. 4460c. “Sur le tracé d’une voie” à construire. - Autorisation de construire n. 176, accordée le.18.05.1906 à Edmond Fatio pour le compte de M. René Claparède pour la construction d’une villa, parc. n. 5416. Conservation transformation Au moment de la ruine de René Claparède, son épouse, née Nelly Jaworovska (1864-1940), transforme la maison en pension. Les pensionnaires, venant parfois de grandes familles aristocratiques européennes, occupent les chambres du deuxième étage et dînent à heure fixe à la table d’hôte. À la mort de Mme Claparède, sa fille loue quelques années et vend finalement à l’Etat de Genève, qui comptait depuis longtemps acquérir tout l’îlot pour y construire la faculté de médecine. La maison ne disparaît cependant que dans les années 1960, après avoir été louée en dernier lieu à la Yougoslavie qui en fit son consulat. Description Intérieur Propriété: parcelle presque rectangulaire, orientée nord-est sud-ouest, desservie par l’étroit chemin De-Tournes, se terminant au coin Nord en un petit rondeau. La maison est située tout près, laissant le terrain, d’ailleurs exigu, dégagé à l’Est et au Sud. Il descend en pente vers le chemin Servet où se trouvait un portail (souvenirs Laurence Roussy). Avant-projets et plans définitifs: les membres de la famille Claparède semblent avoir été des clients difficiles de Fatio. Soit indécision, soit désaccords avec l’architecte ou problèmes financiers, chaque étape nécessite de nombreux dessins et des projets successifs qui sont poussés parfois très loin. Ainsi, nous trouvons, dans le cas de la villa de René Claparède, un avant-projet complet (s.d.), dessiné en grand format avec de nombreux détails de mesures. La façade n’est pas réalisée : il s’agit alors d’un simple rectangle de 3 travées sur 3 avec porche central couvert d’une toiture brisée à croupes. Si la distribution intérieure ne fut par la suite changée que dans les détails, les façades furent sensiblement modifiées. Les plans définitifs, bizarrement, ne sont pas conservés. D’après les plans de l’entreprise de chauffage Grunholzer : 01.06.1906. Un porche latéral conduit à une entrée, ouvrant largement sur le vestibule cage-d’escalier central. Le départ de l’escalier en équerre se développe contre la façade d’entrée. Depuis le vestibule, on accède au Sud à un petit vestiaire, au Nord à l’office communicant avec la cuisine du sous-sol par un monte- plats, tandis qu’à l’Ouest sont les trois pièces de réception : salle à manger, salon et fumoir. Le salon se développe vers le jardin par une saillie elliptique. On accède de là et du fumoir à une terrasse se développant vers le sud, où l’angle est occupé par une plateforme circulaire. Un degré mène ensuite au jardin en longeant la façade latérale. À l’étage, salle de bains et cabinet de toilette au Nord, deux chambres principales sur le jardin, dont l’une avec grand balcon, un cabinet d’étude et une petite chambre d’ami sur la façade antérieure. Pas de plans pour les combles. Extérieur

Elévations: Un assez haut soubassement d’appareil irrégulier éclaire un sous-sol entièrement dégagé au Nord, où se trouve l’accès au garage et un accès indépendant, ainsi que la grande fenêtre de la cuisine. Au-dessus s’élèvent des murs en maçonnerie enduite, présentant quelques pierres apparentes. La toiture est à deux pans, très haute, brisée et retroussée. Ses versants sont entrecoupés au centre par deux pignons transversaux, couverts à l’identique. L’alignement des baies de la façade antérieure est rendu irrégulier par la présence du porche à droite et par la travée centrale, où les fenêtres marquent les demi-niveaux de l’escalier qui s’appuie sur ce mur : là, elles sont d’ailleurs légèrement cintrées. Sur la façade postérieure, le mur-pignon central est marqué par l’avant-corps elliptique, mis en valeur par son parement en appareil régulier et surmonté d’un gracieux garde-corps en guirlande. Trois baies y sont percées au rez-de-chaussée et au premier. Au deuxième étage, le pignon est ouvert de fenêtres jumelées, deux lucarnes de part et d’autre. Bibliographie

Souvenirs: - Souvenirs de la petite-fille du commanditaire Illustrations: - Archives Christiane Steck, Founex Littérature: - Baudin, 1909, 249 Plans du rez-de-chaussée et du premier étage. Entreprise de chauffage Grunholzer

Vue des façades sud-ouest et sud-est. Vue de la façade Nord-Est depuis le On peut apprécier le profil de la toiture chemin de Tournes. Le projet de le ainsi que le motif de la baie jumelée relier au chemin des Chalets (auj. éclairant la bibliothèque du deuxième chemin Thury) ayant échoué, il resta un étage. Photographie ancienne. Archives très étroit chemin vicinal. Photographie privées, Documents personnels ancienne. Archives Christiane Steck, d’Edmond Fatio Founex 19 Villa Coppier-Defer, Mme

Cote AEG AP 194/E/89

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Carouge 3120 40 B248 Rue No. Lieu-dit Drize, route de 2 Grange-Collomb Historique

Commanditaire Entrepreneur ? L’identité des propriétaires a peut-être été décrite par M. Lob-Philippe dans un article auquel nous n’avons malheureusement pas eu accès: Sabine LOB-PHILIPPE, Villa Coppier-Defer , in: Dictionnaire carougeois, vol 3b, Carouge, 2001, pp. 397-399. La famille Coppier possédait à Carouge des ateliers de faïence. Le terrain appartenait à Mme Coppier, née Defer (on lit parfois Défer), qui avait des immeubles dans la même ville. Historique: la propriété fut construite sur une ancienne parcelle agricole dont les édifices ruraux ont été conservés. La bibliographie et les plans montrent que la construction fut une oeuvre conjointe de Charles Meysson, Architecte de la Ville de Lyon et d’Edmond Fatio. Nous ne connaissons pas les termes de cette collaboration, mais il ressort des documents que le dessin de base fut réalisé par Meysson, tandis que nous devons à Fatio les détails de façade, les intérieurs et les modifications faites en cours de chantier. Elle fut acquise en 1951au plus tard par la famille Duvernay qui la loua en 1974 à M. et Mme Graff, qui y fondèrent un commerce de meubles. Celui- ci est toujours en activité. Dates générales Autorisations de construire 1907 Autorisation de construire n. 336, accordée à Edmond Fatio pour le compte de Mme Coppier-Defer, pour la construction d’une villa, parc. n..1811.

Conservation transformation La maison, conservée, fait l’objet d’une procédure de classement depuis 2002. Description

Intérieur Propriété: la parcelle, “campagne” de la famille Defer, est un grand terrain de forme trapézoïdale sis entre la nouvelle et l’ancienne route d’Annecy, quelque dizaines de mètres après le rondeau de Carouge. Deux annexes le bordent du côté de l’ancienne route. L’entrée de la propriété se trouve au croisement du chemin de Grange-Collomb. Longeant la route, une étroite allée conduit aux dépendances, puis bifurque vers le centre du terrain. La maison y est placée dans une position bien en vue, sur une terrasse dominant la déclivité du terrain vers le nord-ouest. Elle est orientée vers le sud-ouest. Semblant inchangée aujourd’hui, elle mesure 48722m2. Plans: il existe trois séries de plans. Deux d’entre elles sont signées de Meysson seul, la troisième conjointement par Meysson et Fatio. Aucune d’entre elles ne semble avoir été réalisée telle quelle. La distribution cependant est restée peu changée. Séparation de deux lignes parallèles de pièces par un mur de refend longitudinal. Un porche maçonné donne accès au hall central, immense, sur un côté duquel part l’escalier. À droite, un dégagement donne accès à la cuisine et d’un service avec entrée indépendante. À l’avant, trois pièces de réception en enfilade. Deux saillies sont formées aux extrémités par la salle à manger avec bow-window et un autre bow-window plus profond, s’étirant en diagonale depuis le petit salon. Les deux saillies sont réunies par une terrasse d’où on accède par un degré au jardin. Un quatrième accès se fait depuis la cuisine. Au premier, l’organisation est identique. À l’avant, les chambres les plus belles, dont celle des maîtres formant suite avec une toilette et un cabinet de travail donnant sur l’arrière. Au-dessus du service et du hall se trouvent respectivement une salle de bains, un WC et une “chambre à donner”. Au comble, trois grandes chambres, quatre chambres de bonne et un bain et WC. Décors: très nombreux dessins pour les intérieurs. Boiseries, détails ainsi que même meubles ou objets décoratifs.

Extérieur Façades: Massive bâtisse rectangulaire présentant une saillie au coin Sud, une tourelle d’angle à l’Ouest ainsi qu’un porche hors-œuvre sur la façade antérieure. Elle s’élève sur un faible soubassement de bossage rustique assisé. Ses murs, au rez-de-chaussée et au premier étage, sont réalisés en maçonnerie de moellons de taille diverse. L’appareil du soubassement est repris sur certaines zones : à la base des angles et sur les parties en saillie (tour, salle à manger, porche). Les parties lisses sont animées d’autres reliefs : chambranles ou arcs en bossage (quelques beaux extrados en escalier), pierres angulaires disposées en saillie çà et là, corbeaux soutenant les aisseliers de l’avant-toit. D’autres éléments viennent s’ajouter sur les façades : un balcon couvert en surplomb sur des aisseliers, au sud-est, les toitures du porche (demi-croupe), de l’entrée de service (auvent) ainsi qu’un petit avant-toit régnant sur la façade postérieure et sur la tour. Haut toit à croupes et égouts retroussés, dégageant cependant trois pignons au sud-ouest, nord-ouest et nord-est ayant leur propre toiture à demi-croupes et dont les deux premiers sont traités en pan-de- bois feint. Lucarnes rampantes, à baies unique ou jumelées ouvrant sur les combles. La tour est couronnée par une très haute flèche polygonale à chiens-assis éclairant deux niveaux de combles- perdus. Une armée d’épis de faîtage dominent la composition. Dépendances 1909 Garage No. actuel bat.: B255. Portail et toiture demi-croupes.

Bibliographie

Illustrations: - CIG-VG, Carouge Littérature: - Baudin, 1909, 239-241 - Rapport de gestion du Conseil d’Etat, années 2002 à 2005, in: http://www.ge. ch/publications/rapport_de_gestion/, 2002-2005 Plan du rez-de-chaussée. Seules les héliographies ont été conservées. Celle-ci porte le timbre de l’architecte Meysson. Des trois séries, c’est celle qui fut réalisée.

Vue de la tour, depuis l’Ouest. Les réceptions et chambres les plus importantes donnent sur le sud-ouest. Photographie de 1975. CIG-VG, Carouge, Drize. 20 Villa Gardy, Auguste

Bel-Orme Cote AEG AP 194/C/11

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Chêne-Bougeries 3017 24 C136 Rue No. Lieu-dit Fossard, chemin de 57 Conches Historique

Commanditaire Entrepreneur Auguste Gardy (?) Auguste Gardy (1864-1930), ingénieur-électricien et industriel spécialisé dans l’éclairage. Il épousa Anna-Hélène Bachofen, fille de Jean-Henri Bachofen, cartographe puis entrepreneur et architecte genevois, qui se fit un nom dans la construction d’édifices publics, mais édifia aussi une maison de campagne, le Petit Vallon (un plan signé, cf. AEG, Archives Privées 194/B/13). Historique: quatre phases d’avant-projet: la première, rapidement esquissée au crayon, s.d. La deuxième, plus aboutie, elle aussi au crayon. S.d. La troisième est plus soigneusement dessinée au crayon et à l’encre, datée du 20 avril 1907 et non signée, bien que de graphie reconnaissable. La quatrième, qui n’est pas forcément plus tardive (deux esquisses rapides au crayon) est très proche des plans aboutis signés par Fatio et datant de fin avril-début mai. L’organisation du plan est établie dès le premier croquis, malgré quelques changements ultérieurs: une saillie de coin, à 45° est remplacée ensuite par la tourelle, d’abord entièrement dégagée, puis engagée, qui sera l’élément caractéristique de la façade sur jardin. À l’intérieur, les hésitations concernent le hall d’entrée, finalement conçu comme espace unique, et le grand salon en L, d’abord, lui aussi, prévu comme deux pièces indépendantes. Les élévations sont, pour l’essentiel, identiques au projet final. Dates générales Autorisations de construire 1907 Autorisation de construire n. 250, accordée le 16.07.1907 à Auguste Gardy pour la construction d’une villa. Conservation transformation Conservée (pas visitée). Description Intérieur Propriété: aux archives des TP: Située à l’intersection des chemins Fossard et Naville, la parcelle est demeurée presque inchangée. Il s’agit d’un lot de presque 8’000 m2. Sa limite Ouest est sinueuse. La maison est située sur un terrassement dominant légèrement le reste de la parcelle plate, à laquelle on accède par une allée ensablée et reliée au jardin par d’autres, circulaires. Plans: plans du rez-de-chaussée (27.04.1907, signé) et du 1er (7.05.1907), non signé, 1/50 sauf le rez du 27.04.1907, signé, 1/100 (incl. bleu et version propre à l’encre). Plan global: rectangulaire avec décrochement sur façade antérieure au niveau du porche, ainsi qu’à la façade postérieure, où deux saillies similaires se répondent de part et d’autre d’une véranda, celle du Sud étant une tour rectangulaire au rez-de-chaussée, octogonale au premier. Rez: le porche dans l’angle du décrochement conduit à un hall d’entrée central, à escalier tournant contre la paroi Nord. Celui-ci distribue circulairement une toilette et WC, les services au Nord, la salle à manger et le grand salon en L sur la façade jardin et un petit salon au Sud. Entre avril-mai et juin 1907, le porche à deux piles a été simplifié pour loger le cabinet du rez-de-chaussée et un couloir entre hall et services éliminé, rendant les circulations plus simples et plus lisibles. Un accès indépendant à la cuisine a été ajouté avec un petit porche. Un degré central relie la véranda au jardin. Premier: vestibule central, continuation escalier vers combles même sens. Gauche couloir avec WC. Une lingerie en soupente au Nord, cinq chambres et un bain sont accessibles depuis le hall. La chambre des maîtres jouit de la saillie de la tour côté jardin. Des rangements sont situés en soupente. (Vérifier dans les plans déposés aux TP : où est WC, si la lingerie existe encore, et les rangements). Au dessus, un comble. Occupé par quoi ? Habitable, chambres de bonne, rangement? Sous-sol: l’escalier aboutit à un grand espace central correspondant au hall d’entrée et distribuant les différents espaces, dont une «chambre à lessive» et un garage automobile (ce dernier probablement pas réalisé, car on ne voit pas d’accès sur les élévations des plans déposés aux TP). Autres : chauffage central, cave à vin, cave à provisions, charbon et bois. Deux terre-pleins sous véranda et porche.

Extérieur

Elévations: datées juin 1907, graphie géométrique, signées A. Gardy, échelle 1/50, quelques mesures. Forme globale : sur un soubassement en appareil irrégulier rustique sur lequel s’élèvent le rez-de-chaussée et deux étages de combles, le premier en léger surcroît, ainsi qu’un comble- perdu. Le très haut toit à deux pans a une forte pente, égouts légèrement retroussés, libérant des pignons latéraux. Il est prolongé pour couvrir les saillies côté entrée et côté jardin. Entrée/ Ouest: l’avant-corps présente deux paires de baies jumelées encadrées par un porche dans l’angle avec le corps principal et un porche secondaire, pour la cuisine. Curieuse corniche à frise d’oves. Le premier est couronné par un arc surbaissé en pierre. Une travée en retrait à droite, grande baie du petit salon. Les lucarnes à baies jumelées, hautes au premier, plus basses au second rythment régulièrement les trois travées. Jardin : La façade Ouest est totalement asymétrique. Au rez-de- chaussée, les deux saillies à plan rectangulaire, sont similaires mais différentes dans le détail (largeur, baie, couverture). Elles sont reliées par une véranda en arcade, dont l’espacement est irrégulier. La saillie de droite se prolonge au premier par une tourelle octogonale engagée, en léger retrait par rapport aux murs du rez-de-chaussée et couverte d’une flèche à égouts retroussés arborant un haut épi de faîtage à girouette. Cet avant-corps composite est couvert d’un appentis en prolongement de toiture à droite, d’un début de croupe cachant le retrait horizontal de la tour. Nord et Sud: Les façades latérales sont formées d’un haut mur-pignon couvert d’une légère saillie supportée par les têtes de sablières et pannes renforcées par des aisseliers. Les simples façades enduites de blanc sont décorées par le traitement décoratif des baies qui, comme sur toutes les façades, ont un chambranle de pierre biseautée, soit couvertes d’un arc très surbaissé avec clef passante, soit jumelées, soit simples avec pierre posée de chant aux deux tiers. Au Nord, un balcon sur la travée centrale du premier. Au Sud, fermeture latérale d’avant-toit lambrissée au- dessus du porche.

Bibliographie

Illustrations: - CIG-VG, Chêne-Bougeries Littérature: - Baudin, 1909, 245-247 - DHS, http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F32445.php , (fiche rédigée par Jean de Senarclens, 11.02.2005) - DHS, http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F42779.php? - PHPSESSID=25319923ded7ddd5d184c1acdc47f6ba , (fiche rédigée par Armand Brulhart, 11.02.2005) Plan du rez-de-chaussée.

Plan du rez-de-chaussée, CIG-VG, Genthod 21 Presbytère Paroisse de Pregny-Grand-Saconnex

Cote AEG AP 194/E/41

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Grand-Saconnex 355 26 688; 1959 Rue No. Lieu-dit Crêts-de-Pregny, chemin des 9 Les Blanchets Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Une société immobilière (S.I. Pregny-Grand-Saconnex) fut constituée le 25 octobre 1904 pour doter la paroisse des nouveaux bâtiments. Le premier bureau fut constitué par MM. Ernest Hentsch et Edouard Sarasin, maire du Grand-Saconnex. Historique: un terrain avait été donné début 1905 par M. Hermann Patry pour y construire la chapelle des Crêts-de-Pregny: les communes de Chambésy et Grand-Saconnex, traditionnellement catholiques, n’avaient pas encore de lieu de culte réformé. Le traité d’annexion des communes françaises à Genève prévoyaient qu’on l’on n’y construirait pas de temple. On y fonda donc une “chapelle”, qui fut inaugurée le 17 décembre 1905! En 1907, le suffragant, M. Delétra, officiant à la chapelle se fiance. On pense alors à la construction du presbytère. M. et Mme Ernest Hentsch achètent à M. Patry un terrain adjacent au premier pour 7.000.- et le devis de la construction est évalué par Fatio à 40.000.-, financés par les habitants. Le chantier commence en mars 1908. Dates générales Autorisations de construire 1907-1908 Autorisation de construire n. 218, accordée le 12.07.1901 à Edmond Fatio pour la construction d’une école du Dimanche (chapelle des Crêts-de-Pregny). 1902 -1909: ø. Conservation transformation Plusieurs transformations sont intervenues au cours du temps: à l’extérieure, la véranda a été détruite il y a quelques années, pour permettre d’adosser à la maison une annexe à un étage sur sous-sol. À l’intérieur, les réceptions sont aujourd’hui entièrement utilisées pour les affaires de la paroisse. La cuisine a été refaite. Une paroi a été construite pour isoler totalement le rez-de- chaussée du reste de la maison. Au premier, une cuisine a été installée dans une chambre, tandis que deux autres sont utilisées comme salle à manger et salon. La salle de bains est neuve. Les combles ont été rendus totalement habitables, avec une kitchenette (déjà ancienne). Description Intérieur Propriété: la parcelle se trouvant à l’intérieur d’un virage du chemin des Crêts-de-Pregny, est parallépipèdique et mesure 3125 m2. Elle est restée inchangée depuis la construction. D’après un plan de situation, on voit qu’à gauche du portail, une zone était réservée au potager, tandis qu’en face de la façade Sud deux allées courbes menaient à la chapelle. Plan: plan-masse rectangulaire de trois sur deux travées. Un mur de refend. L’accès se fait par un perron menant au vestibule où l’escalier, de pierre pour le premier et ensuite en bois, s’appuie sur la paroi de droite. Distribution des deux pièces de réception, du bureau du pasteur à droite, et de la cuisine à gauche. Au Sud, une véranda. À l’étage, le refend sépare deux chambres de chaque côté et un petit WC-salle de bains. Le comble, partiellement habitable à l’origine, a été augmenté de chambres par la suite, avec une cuisine supplémentaire, là où se trouvait le réservoir. Décors: sols en parquet à bâtons rompus (sauf sur le palier du 1er et dans les parties des combles non habitées à l’époque, où se trouve du plancher). Portes et placards moulurés. Corniches en stuc au rez-de-chaussée. Escalier maçonné jusqu’au 1er étage, puis en bois, belle balustrade. Un coffre à la place du garde-corps sur le palier du premier. Charpente apparente dans les combles. Extérieur

Façades: les façades sont composées d’un soubassement d’appareil irrégulier et rustique, quelques jours. Sur les façades principales, les baies rectangulaires sont régulièrement espacées. Les pignons sont ornés d’un faux pan-de-bois. Sur la façade latérale Ouest, un grand pignon latéral se détache de l’importante toiture à croupes. Chaînes d’angle et piédroits irréguliers donnent un air d’architecture rustique. La véranda en bois est vitrée au Nord.

Bibliographie

Littérature: - Pictet, 1972, 5-8 Vue de la façade sud-est où se trouvait la véranda qui, entre-temps, fut détruite. À gauche, la chapelle construite par Edmond Détails de l’appareil: chaînes d’angle Fatio en 1905. Photographie ancienne. harpées… Archives Paroisse Pregny- Chambésy–Grand-Saconnex

Soubassement en appareil rustique… Et chambranles. 22 Villa Brenné, Rudolph

Beau-Chêne Cote AEG AP 194/D/54

Localisation

Détruite

Ancienne adresse Peschier, 28 chemin Champel, Genève (Plainpalais) Historique

Commanditaire Entrepreneur ? M. Rudolph Brenné est attesté dans les annuaires dès 1910. Dates générales Autorisations de construire 1908 Autorisation de construire n. 122, accordée à Edmond Fatio pour le compte de M. Brenne pour la construction d’une villa, parc. n. 5788. Conservation transformation Après la mort du commanditaire dans les années 1930, sa veuve y vécut quelques années. Elle changea ensuite deux fois de mains, avant d’être abandonnée en 1990, être détruite puis remplacée par une école. Quelques éléments du jardin sont en revanche préservés. Bordant l’avenue Peschier des tronçons du mur et de la grille sont encore là, tandis que la fontaine s’est tue, tristement abandonnée à l’arrière d’un terrain vague. Description Intérieur Propriété: petite parcelle plate, en forme de rectangulaire irrégulier, front sur l’ancien chemin Peschier et bordée latéralement par une autre voie. La maison est isolée de la voie publique par un muret surmonté de piles reliant ponctuant la grille en serrurerie. Un beau portail, avec porte cochère et piétonnière, en fer forgé, conduit à la cour ensablée. Ses piles sont ornées de plaques en bas-relief, avec inscriptions calligraphiées du numéro et nom “Beau-Chêne”. Dégagement au Sud et à l’Est. Une petite allée circulaire au Sud, contournant une pelouse, des arbres aux coins. À l’Est, un potager avec fontaine bordé par une treille. Les photographies anciennes montrent que cette rue était bordée au Sud d’une série de terrains de taille similaire construits de villas. Au Nord, en revanche, de hauts arbres bordaient le parc Bertrand. Plans: plans de 17.03.1908, modifiés 30.04.1908. Plan rectangulaire de 2 travées sur 2 avec plusieurs saillies au rez-de-chaussée et une tour octogonale d’angle, engagée. Un porche hors- œuvre recouvert par un appentis mène au rez-de-chaussée, presque exclusivement occupé par les réceptions. Un grand hall de 30 m2 dans le coin nord-ouest dessert vers l’Est, le sud-est et le Sud respectivement une salle à manger, une très vaste salon et un petit salon, ayant chacun un accès vers le jardin (véranda pour les premiers, degré indépendant pour le dernier). La seule zone utilitaire se trouve au centre de la façade Nord, composée d’un petit office communiquant par un monte- plats avec les services du sous-sol, ainsi qu’un vestiaire avec WC. Une tour d’angle renferme l’escalier à vis, de plan octogonal qui mène du hall au premier étage. Les trois chambres y donnent au Sud et à l’Ouest. La zone de toilette au nord-est : une grande toilette pour la chambre des maîtres, ainsi que « garderobe », salle de bains et WC accessibles depuis le vestibule. Un balcon pour chaque grande chambre double. Les combles sont occupés par un grand billard au sud-est, le reste étant composé d’un petit atelier de photographie au Nord Ouest, de chambres de bonne, d’un petit WC et d’un débarras. Au sous-sol, se trouvent les services, occupant la moitié Nord et Est. Ils sont composés d’une grande cuisine et d’un premier office (communiquant avec celui du rez-de-chaussée par l’intermédiaire d’un monte-plats), une salle de lessives et de repassage. S’y ajoutent un bain pour le personnel et les caves proprement dites : orangerie, salle de chauffage, cave et provisions. Extérieur

Façades: s’élevant sur un soubassement en roche, la maison présente à l’entrée, côté Nord, une façade assez monumentale avec sa tour d’angle sur la droite. Le mur pignon est percé de nombreuses baies rectangulaires étroites, parfois jumelées. La tour est irrégulièrement éclairée par des des ouvertures échelonnées, évoquant la montée de l’escalier. À gauche, une annexe au rez- de-chaussée, sous une toiture à croupes. L’imposante toiture à demi croupes, particulièrement haute a des égouts retroussés. Un bulbe couvre la tour. Couronnant le tout de hauts épis de faîtage - sur la tour une girouette. Les autres façades sont plus irrégulières: au Sud l’excroissance d’un bow-window à droite répond au renfoncement abritant la sortie du petit salon, sous un balcon dans-oeuvre en encorbellement. À l’Ouest, ce sont les saillies inégales de la véranda et de la salle à manger. Au dessus de la première, un balcon couvert en retrait puis une lucarne aux combles; à droite, une toiture à croupes. Décor épidermique: au-dessus de la roche en appareil assez régulier du soubassement, des murs en maçonnerie enduite de blanc sont égayés par des chaînes d’angle harpées ainsi que par des blocs ponctuant irrégulièrement la surface nue des murs de la tour. Les chambranles sont simplement moulurés en roche au rez-de-chaussée ou au premier. Les combles, en revanche, on reçu un traitement de pan-de-bois feint, en fait appliqué sur les murs maçonnés.

Bibliographie

Littérature: Baudin, 1909, 234-236 Façade Sud. Vue perspective.

Plan du rez-de-chaussée. Frontispice représentant une maison du Nord-Ouest de la suisse. Anheisser, 1910 (1907), s.p. 23 Villa Badel, Louis

La Tuile Cote AEG AP 194/C/10

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Bellevue 2224 7 249 Rue No. Lieu-dit Chênaie, chemin de la 11 Les Grands-Champs

Historique

Commanditaire Entrepreneur ? M. Louis Badel, agent de change, est attesté dès 1915 à la commune des Tuileries. Il reste jusque dans les années 1930. La maison est alors vendue à une dame parente de la famille Guerne, installée sur la propriété rurale voisine. Celle-ci vend sa maison en 1969 au père des propriétaires actuels. Dates générales Autorisations de construire 1910 Autorisation de construire n. 116, accordée le 31.03.1910 à Edmond Fatio pour le compte de la S.I. de la Tuile pour la construction d’une villa et d’un portail, parc. n..1905b. Conservation transformation Un projet de transformation assez important avait été fait en 1969 par l’architecte Chervaz (destruction de la véranda, agrandissement de la surface habitable du comble). Les changements opérés ne furent finalement que mineurs: cuisine réaménagée, carreaux de céramique remplacés (hall, cuisine et porche). Enduits et papiers-peints refaits. Le fumoir transformé en salle à manger, les deux autres pièces devenant salon et séjour. À l’étage, un passage entre deux chambres condamné: adjonction d’un placard. La toiture a été restaurée. Rehaussement de quelques cm, insertion de papier goudronné, contre-planches. Voligeage refait. Des tuiles anciennes ont été placées. Description Intérieur Propriété: extrait cadastre du 14.03.1910. La parcelle, trapézoïdale, allongée, de 3404 m2 est restée inchangée de nos jours. Située à quelque deux cents mètres au Nord des anciennes Tuileries de Bellevue, sur le côté Ouest du chemin de la Chênaie. Parcelle détachée d’une ancienne propriété rurale dont il reste encore le coeur, à l’époque en pleine campagne, quelques grandes propriétés (Les Chênes, un peu plus au Nord) et quelques villas un peu plus tardives à l’Est. Première vague de lotissements après la construction de l’autoroute en 1964. Toujours en cours. À l’arrière de la parcelle, déclivité importante jusqu’à la fin des années soixante, comblée entre- temps. Ancienne carrière d’argile de la tuilerie. On ne jouit d’aucune vue depuis la maison: ni lac, ni Mont-Blanc. Plans: un perron à porche donne accès au rez-de-chaussée au hall d’entrée, en passant sous la volée de l’escalier, qui se développe autour d’un puits de lumière contre la façade Nord. Une cuisine et trois réception ainsi qu’une véranda s’inscrivent dans un plan presque carré - un léger décrochement. Pas de WC. Le palier du premier donne accès à 4 chambres à coucher, un WC et une salle de bains. Un escalier repart depuis le centre de la maison vers les combles, où se trouvent deux chambres - dont une pour la bonne au Nord. Décors et confort: sols de salon et salle à manger en chêne ou pitchpin, reste en pitchpin (mais probablement pas à l’étage de comble). À noter que l’électricité est présente depuis l’origine. Extérieur

Façades: le rez-de-chaussée surélevé sur un soubassement en gros appareillage irrégulier dégagé à l’Ouest: accès garage et cave. Le reste est en maçonnerie. Angle en roche au Sud. Baie large au Sud éclairant la véranda. La toiture à croupes, légèrement saillante, est percée d’une série de lucarnes sur deux niveaux: côté Ouest, elles éclairent le 1er, côté Est, elles éclairent les combles. Matériaux: certaines baies sont très larges. Linteaux métalliques recouvertes de bois décoratif.

Bibliographie

Littérature: - Patrie suisse , 1913, 113 s. Elévations et plans.

Plan du rez-de-chaussée, CIG-VG, Genthod 24 Villa Luthy, M.

Cote AEG AP 194/B/78

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Vernier 2057 16 A581; A1395 Rue No. Lieu-dit Vernier, route de 98 Châtelaine

Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Dans la période qui nous concerne, les annuaires recensent dans la commune de Vernier deux personnes qui ont un nom proche, mais dont l’orthographe est différente. En ville de Genève, il existe plusieurs Luthy, mais sans référence à une adresse à Châtelaine. Nous n’avons donc pas de renseignements, malheureusement. Un premier projet, datant de mai 1909, a été signé de la main de l’architecte genevois Rodolphe Thévenaz. Ce projet n’a pas été construit, mais le projet de Fatio en reprend semblerait-il globalement le plan-masse, malgré quelques différences de mesures. Le même refend longitudinal apparaît, bien que la distribution des pièces soit différente. Dates générales Autorisations de construire 1910-1911 Autorisation de construire n. 164, accordée le 27.04.1910 à Edmond Fatio pour le compte de M. Luthy pour la construction d’une villa, parc. 2322c. Conservation transformation Les transformations ont consisté à l’extérieur à l’ajout de deux grandes lucarnes à trois baies sur les long-pans. L’annexe a été élargie. À l’intérieur, nous n’avons pas pu visiter le rez-chaussée. Au dessus, un seul appartement en duplex: la distribution du 1e inchangée, tandis que tout a été refait au comble. Description Intérieur Propriété: la parcelle, longue et étroite, se trouve prise entre la route de Vernier et la voie de chemin de fer Cornavin-Cointrin/ La Plaine, d’une taille de presque 2.000 m2. La façade principale est tournée vers la route, au Sud. Plans: module rectangulaire de 2 sur 3 travées. Accès par un perron à l’Ouest à l’entrée du rez-de- chaussée, sur la travée centrale, et à un escalier commençant hors-oeuvre et se développant contre le mur Nord, qui mène aux étages. Au rez-de-chaussée, un tout petit vestibule sur lequel a été pris l’espace d’un WC distribue trois chambres à l’Est et une chambre (en partie sous la volée de l’escalier) et cuisine à l’Ouest. Une véranda s’ouvre au Sud: la moitié de son plan est en saillie. À l’étage, un petit palier et porte d’entrée de l’appartement. Vestibule donne accès à l’appartement. Distribution identique. Véranda remplacée par une terrasse sans saillie. L’axe de l’escalier vers les combles est longitudinal. Le palier dessert deux petites chambres, un WC et deux greniers. Un hangar en annexe court sur toute la façade arrière. Extérieur

Façades: façades simples, soubassement en appareil irrégulier et rustique. Ensuite, maçonnerie enduite avec quelques pierres angulaires. Le perron est allongé: deux marches conduisent à un repos d’où montent deux degrés vers l’entrée aux étages et au rez-de-chaussée. Il est limité par un gros mur et couvert d’un appentis supporté par un pilier. Les baies couronnées de façon variée: linteau en pierre ou en bois et un appui en pierre, saillant et rustique. Un triplet à l’étage, sur la façade Sud. La toiture à demi-croupes est saillante, reposant sur des consoles.

Bibliographie

ø Plans et élévations.

Façade côté route. Seules les lucarnes Détail de l’avant-toit et de son support. du comble ont été rajoutées il y a Photographie récente. quelques années. Photographie récente. 25 Villa Carey, Henri

Villa Tornalletaz/ Les Tamaris Cote AEG AP 194/C/75

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genève (Eaux-Vives) 1066 (5)/ 29 199(5);198 (7) Rue No.1064 (7) Lieu-dit Clos-Belmont 5-7 Belmont Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Les parcelles ont été constituées en sociétés immobilières (S.I. “Belmont Villa A” et “B”) le 10.03.1911 par M. Henri Carey, régisseur (mort dans les années 1930), et sa soeur Mme Marie- Louise Schaufelberg-Carey. Elles furent radiées du RC le 20.12.2000. Historique: Le plus ancien plan de situation du dossier n’est pas daté. Il montre les deux parcelles à vendre. Un premier projet d’aménagement date de fin février 1911, puis un extrait du cadastre de début mars de la même année. La “villa A” (ou “villa Tornalletaz”) fut construite pour devenir la résidence de M. Carey, puis par sa veuve jusque dans les années 1940. Après la mort de M. Carey, elle fut séparée en deux appartement, puis vendue à la mort de la veuve, enfin encore une fois en 1956 à un négociant d’alimentation. Louée pendant des années, la villa vient d’être revendue. La “villa B” (ou “villa Les Tamaris”) fut d’abord louée à un autre régisseur, M. Archinard puis à une succession de personnes. Elle était encore propriété de la famille Carey dans les années 1940, mais changea ensuite plusieurs fois de mains. Dates générales Autorisations de construire 1911 Autorisation de construire n. 106, accordée le 27.03.1911 à Ed. Fatio pour le compte des S.I. “Belmont Villa A” et “Belmont Villa B” pour la construction de deux villas, parc. 3952a et 3952b. Conservation transformation Extérieur: Des transformations un peu voyantes ont été faites aux parcelles par l’ajout. Du côté Nord, une grande structure a été construite au niveau du chemin vicinal, reliée à la “villa A” et composée d’un garage extérieur couvert et d’un garage intérieur desservant une cave à vins. À l’intérieur, des transformations ont été réalisées en janvier 1957 par Mme Anne Torcapel: en vue de la séparation en deux appartements, on créa des parois dans le vestibule, isolant un petit espace commun donnant sur la cage d’escalier réservée à l’appartement du 1er étage. On plaça une petite cuisine au rez-de-chaussée et au 1er étage, côté jardin. Des salles de bains furent ajoutées ou agrandies à chaque étage (sacrifiant une partie du palier au 1er). Au second, on aménagea deux alcôves avec lavabo au Sud, dont l’une est attenant à une chambre prise sur l’ancien cabinet de toilette et sa garde-robe. La resserre devint, elle aussi, une chambre. L’électricité et système de chauffage ont été refaits. (L’intérieur de la villa “B” n’a pas été visité). La grande chambre du 2nd n’a été divisée en deux que plus tard. Description Intérieur Propriété: la parcelle sur laquelle les deux maisons ont été construites n’est pas très grande: un peu plus de 1’000 m2, presque rectangulaire. Accotées l’une à l’autre par le petit côté, elles forment un rectangle parfait. Le bloc est parallèle au Clos-Belmont, sur le côté Sud, légèrement en retrait par rapport au centre, dégageant un étroit jardin au Nord. À l’Est, monte un chemin vicinal où se trouve le portail donnant sur l’allée ensablée menant aux entrées. Sur le Clos-Belmont se trouve un second accès à l’une des maisons: il s’agit d’un escalier aménagé dans le mur de soutènement du terrassement rachetant la pente assez forte du terrain. Plans: les deux maisons sont de simples rectangles de 3 travées sur 3, à façades alignées et mitoyennes par un mur latéral. Elles sont conçues de manière identique avec porte d’entrée centrale (légèrement désaxée dans la « villa B ») et degré central menant au jardin, au Nord. À l’intérieur, un épais mur de refends sépare de façon similaire les deux maisons en deux bandes transversales. Pour le reste, si la distribution intérieure est proche, la destination des pièces est différente, conçue de façon plus « cérémonielle » et originale dans la « villa A ». D’abord, l’escalier de la première s’ouvre largement sur la droite du vestibule, alors que dans la seconde il est compressé dans la travée centrale, passant au dessus de la porte d’entrée (dont le seuil a dû être décalé et placé plus bas pour garantir une hauteur suffisante) en s’appuyant sur la façade antérieure. L’espace « économisé » dans la « villa B » est occupé par un petit salon ; le vestibule distribue ensuite un éventail de pièces de réception (salon, fumoir, salle à manger) et la cuisine, à l’arrière. Dans la « villa A », seul un fumoir se trouve comme dans l’autre maison dans l’axe de l’entrée. Une grande chambre et une petite chambre se trouvent côté jardin, la chambre de bonne sur le côté, jouxtant la cuisine qui est à l’arrière, reliée au premier étage par un monte-plats. Les pièces de réception de la « villa A » se trouvent en effet toutes au premier étage : petite et grande salle à manger, celle-ci ouverte sur la saillie de l’oriel, côté jardin, ainsi que petit salon et salon. Le second étage est organisé comme une vaste suite pour les maîtres de maison : leur chambre, éclairée sur le mur-pignon communique avec une garde-robe et un grand cabinet de toilette. Depuis le vestibule, on accède encore à un bain et à un WC à l’arrière, à une grande bibliothèque en L, ouverte sur le second étage de l’oriel côté jardin. Au premier étage de la « villa B », l’espace est régulièrement partagé par des chambres ; à l’arrière, au-dessus de la cuisine, se trouvent un bain et un WC. Au second étage, trois chambres et un WC, l’espace étant réduit à l’Ouest par la descente de la croupe. Décors: la plupart des dessins concernant la décoration intérieure furent faits pour la “villa A”, traitée avec d’autant plus de soin qu’elle était destinée comme logement au commanditaire, alors que la “villa B” allait être louée. M. Carey s’occupa personnellement de commander des glaces à la société française Saint-Gobain. Extérieur

Façades: maisons rectangulaires de 3 travées sur 3. Sur un soubassement en appareil irrégulier et rustique de faible hauteur, percé de soupiraux couronnés de belles plates-bandes, s’élèvent les murs de maçonnerie, aujourd’hui crépis de blanc, avec pour seul décor les chambranles biseautés ou moulurés des baies de pierre jaune. Une pierre posée de chant y forme parfois un motif harpé. Au rez-de-chaussée et au premier étage, les baies sont régulièrement espacées, à l’exception de la porte d’entrée de la “villa B”, désaxée légèrement pour laisser passer la volée de l’escalier et donner place à une entrée indépendante à la cave; de même, l’ordonnance stricte est rompue à la “villa A” sur la façade du jardin par l’adjonction de la travée supplémentaire de l’oriel, aux étages, qui oblige à décaler les autres. Le second étage est un comble en surcroît, percé de grosses lucarnes centrales à deux baies ou de baies jumelées ou encore de deux plus petites lucarnes (façade d’entrée de la “villa B”), toutes couvertes d’une croupe. Deux lucarnes rampantes supplémentaires. La légère différence de largeur des deux maisons est soulignée par l’asymétrie de la toiture: le faîtage à épis se termine en croupe sur la “villa B”, alors que ce n’est qu’une demi- croupe dégageant pignon sur la “villa A”, donnant à celle-ci un plus grand volume au comble. Cette dernière est encore “monumentalisée” par l’oriel. Supporté par un cul-de-lampe à profil ondulé et mouluré, surmonté d’un registre de panneaux moulurés puis d’un réseau de chaînes horizontales et verticales, ces dernières ponctuées d’un pierre posée de chant formant harpe. Les chambranles sont soigneusement biseautés et entaillés en discrète accolade. Le tout est couronné d’une haute flèche octogonale à épi de faîtage. Les saillies sont discrètes : porte à appentis supporté par des aisseliers (plus petite devant la « villa B »), faible saillie de la toiture, avec fermeture d’avant-toit (différente du projet). Bibliographie

Archives: - Archives privées, actes notariés; plans de transformation Mme Anne Torcapel, arch., 1957; état des servitudes et descriptifs de la propriété au 26.08.1996 Illustrations: - CIG-VG. Photographies anciennes des intérieurs Vue partielle de la façade Ouest avec le Porche d’entrée de la villa occupée par pignon. Les ajouts modernes rendent la M. Carey, Clos-Belmont 5. On aperçoit photographie moins visible. le traitement différencié des détails de Photographie récente. pierre. Photographie récente.

Jour éclairant les caves. Beau détail du Oriel, sur la façade Nord de la villa soubassement en appareil irrégulier et occupée par M. Carey. Photographie ferronnerie. Photographie récente. récente. 26 Villa Mumby/Mumbey, Alexander

Cote AEG AP 194/D/69

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Cologny 1286 19 318 Rue No. Lieu-dit Capite, route de la 120A Bessinge - La Rippaz Historique

Commanditaire Entrepreneur ? On ne connaît malheureusement rien du commanditaire. Historique: Bâtie pour un commanditaire (certainement anglo-saxon) dont on ne sait rien, la propriété a été vendue probablement autour de 1926 à M. Hugh E. Alexander (1884-1957), Ecossais installé en Suisse depuis 1907. Fondateur de l’Action biblique. Il achète, grâce à des dons, deux parcelles “contiguës à [sa] villa” (annuaire: dès 1928) et fait construire ce qui sera l’Ecole biblique de Genève, ouverte le 11 janvier 1928. La bru de M. Alexander y vit actuellement. Dates générales Autorisations de construire 1912 1912-1914: ø. Conservation transformation Conservée. Description Intérieur Propriété: la parcelle, presque rectangulaire et d’une surface d’à peine plus de 4.000 m2, est restée inchangée. Une parcelle longue et étroite la relie à la route de la Capite - n. 1287. Le propriétaire est le même, actuellement. Il s’agissait certainement de l’accès depuis la route, puisque c’est de ce côté que se trouve l’entrée de la maison. À l’Est, la parcelle est bordé par le chemin de Bessinge. Plans: maison rectangulaire de 3 travées sur 2. Un bow-window en saillie. À l’intérieur, un mur de refend longitudinal sépare la maison en deux bandes inégales. Un perron, à l’Ouest, donne accès à la moins profonde: un vestibule-cage d’escalier distribue une double réception tournée vers l’Est, tandis qu’à l’arrière se trouvent cuisine et petit salon. Au premier, un vestibule allongé donne sur deux grandes et deux petites chambres à l’arrière, ainsi qu’une salle de bains avec WC. Dans le comble, petite partie habitable, le reste en greniers. La cave est partiellement habitable: une “chambre de travail” dispose d’un jour plus grand grâce à un dégagement. Extérieur

Façades: porte d’entrée décalée flanquée d’une fenêtre et protégée d’un petit porche. Un petit jour éclaire un réduit sous l’escalier. Disposition de se resserrant des simples baies rectangulaires. Façade sur le jardin avec le bow-window, fenêtres alignées, plus larges sur la droite. Les pignons sont décorés d’un voligeage jointif appliqué. Toiture à deux versants peu saillante, sans aucune lucarne. Bibliographie

ø Plans de tous les niveaux.

Vue de la façade donnant sur le chemin de Bessinge. Photographie actuelle. 27 Villa Soldano, Jeanne (Gagnebin, Mme)

Cote AEG AP 194/B/58

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Grand-Saconnex 4 1 5 Rue No. Lieu-dit Corbillettes, ch. 6 Grand-Saconnex-Marais Historique

Commanditaire Entrepreneur ? La propriété appartenait à Louise Suzanne Gagnebin (voir cat. 8), dont la mère, Louise Jacqueline Simone Lecoultre, était née Soldano. Mlle Jeanne Soldano (22.4.1855 -25.2.1943) devait donc être une cousine de Mme Gagnebin. Peintre et céramiste , son activité explique le type particulier de la maison, à la fois habitation et atelier. Mlle Soldano y vivait en été, ayant un appartement au 9, quai des Bergues où elle résidait en hiver (annuaire 1930). À sa mort, la maison fut vendue par le propriétaire, M. Pierre Gagnebin, petit-fils de Louise S. Gagnebin. Historique et projets: la parcelle est le produit du morcellement d’une parcelle plus grande, cadastrée n. 1297 au moment de la construction. Celle-ci appartenait à Mme Louise Suzanne Gagnebin (voir cat. 8). Dans une première phase, en 1909, deux projets de petite maison à étage unique, ne furent pas exécutés. Le second projet en revanche vit le jour. Ses dessins datent du 24 septembre 1912. Dates générales Autorisations de construire 1912-1916 Autorisation de construire n. 558, accordée le 11.11.1912 à Ed. Fatio pour le compte de Mme Gagnebin pour la construction d’une villa, parc. n. 1297. Conservation transformation Transformation intérieure: chambre de domestique séparée en deux pour laisser place à petite salle de bain. Au premier, paroi construite pour séparer l’atelier d’un petit couloir contre mur Nord et d’une salle de bains à l’Est. Une transformation extérieure: la galerie de l’ajout de 1916 fut vitrée et la baie au premier comblée, une autre étant pratiquée sur le pan de mur Est. Intérieur: les structures restées inchangées. Un garage fut construit plus tard. Description Intérieur Propriété: accès depuis le chemin des Corbillettes au petit terrain rectangulaire de 706 m2. Un début de chemin sortant du coin Nord ainsi que l’indication que la façade postérieure était celle de l’entrée, sur les plans, prouvent cependant qu’il se faisait par l’actuel chemin des Pruniers. La maison se dresse à quelques mètres de la limite nord-est du terrain. Au centre du terrain devait se trouver une pelouse rectangulaire encadrée d’allées et ponctuée de quelques arbres. Sur la bordure, étaient plantées quelques vivaces mais surtout des fruitiers. Plans: après le projet abandonné, un second projet vit le jour en 1912, 24.09. Idée de l’avant projet de 1909 agrandie pour former une petite maison à un étage de comble, sur rez-de-chaussée, entièrement excavée. Deux accès, au Nord et au Sud. Ouverture sur salle à manger, grand espace de vie. Dans le fond un escalier. À droite, passe-plats pour la cuisine, derrière laquelle se trouve la chambre de domestiques à deux lits. Le comble est composé d’un espace unique occupé par l’atelier où se trouve un lit. Dans les soupentes des rangements. Une trappe conduit au grenier. Un seul sanitaire au rez-de-chaussée et un lavabo dans l’atelier. L’édifice de 1912 fut agrandi selon un projet du 30.04.1916. Un corps en saillie est ajouté contre l’arrière de la maison, adossé à la façade. Il est composé d’une galerie ouverte au rez-de-chaussée, à laquelle on accède par un petit perron latéral, d’une pièce unique au premier et d’un espace supplémentaire aux combles. Extérieur

Façades: en élévation (24.09.1912), le plan simple à une travée sur deux se reflète au rez par un simple module rectangulaire, sur soubassement d’appareil irrégulier, percé de deux baies, sans aucun décor, surmonté par un mur pignon dégageant deux autres ouvertures plus rapprochées et par une baie unique au rez-de-chaussée sur les façades façades latérales. Un petit avant-toit règne sur la façade jardin. À l’arrière, asymétrie due à la présence de l’escalier à droite. Deux petites fenêtres au premier. Une lucarne donne le jour du côté Jura. L’agrandissement de 1916 nous montre un corps entièrement en bois, couronné par un prolongement du toit à deux versants. À la galerie ouverte du rez répond au premier une large baie horizontale à plusieurs panneaux et une petite ouverture carrée donnant jour au grenier. Les parois sont couvertes de planches verticales actuellement peintes en couleur marron sombre. Bibliographie Archives: - Archives Elisabeth Jobin, Grand-Saconnex, photographies récentes; recherche des servitudes au 20.06.1973; divers actes notariés - P.j.A. 367 (1943) - P.j.A. 1254 (1944) - P.j.A. 623 (1951) Littérature: - http://www.sikart.ch/page.php?pid=4&recnr=4026641 Plans du sous-sol et des étages. On constate la fragmentation minimale de ce très petit espace avec la « pièce de vie » au rez-de-chaussée et la chambre à coucher servant aussi d’atelier, au premier étage. Le dessin correspond à l’état d’origine, avant l’ajout d’une annexe à l’arrière, en 1916.

En rouge, la maison de Mlle Soldano. Au Vue récente de la façade Sud-Oueset. Nord, se trouvait celle de Mme Gagnebin, Le revêtement du premier étage, n’est de forme trapézoïdale. La seconde, riche pas d’origine. Il fut destiné cousine était propriétaire des deux probablement à protéger l’enduit de terrains. l’humide vent d’Ouest. Archives Elisabeth Jobin. 28 Villa Ramelet, Marius-Henri

Cote AEG AP 194/B/69

Localisation Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Vernier 4774 12 A350 Rue No. Lieu-dit De-Maisonneuve, chemin 24 Châtelaine Historique Commanditaire Entrepreneur ? Marius-Henri Ramelet, ferblantier. Son commerce est repris par ses fils, Edouard et Raymond, sous l’enseigne “E. et R. Ramelet, fils”, et situé au 14, rue Voltaire pendant les années 1950 et 1960. La maison est cependant vendue dans le courant des années 1930. M. Ramelet s’installe alors sur la route de Vernier. Historique: un premier projet datant du 15 décembre 1920 présente d’infimes différences dans les détails de mesure. Dates générales Autorisations de construire 1920 Autorisation de construire n. 726, accordée le 20.02.1920 à Edmond Fatio pour le compte de Marius Ramelet pour la construction d’une villa, parc. n. 2864. Conservation transformation L’extérieur a été conservé entièrement, apparemment. L’intérieur, d’après une communication orale, complètement transformé. Description Intérieur Propriété: la parcelle ancienne, située au coin Nord du croisement des chemins de Maisonneuve et de la Chesnay (aujourd’hui Chênaie) avait une forme trapézoïdale avec coin arrondi sur le croisement. Des 1373 m2 d’origine ne restent aujourd’hui que 893 m2, une bande ayant été détachée nord-est. L’entrée de la maison située côté Jura, la façade sur jardin orientée sud-est. Plans: il s’agit d’un simple module rectangulaire, de 3 sur 2 travées avec une saillie latérale sur le rez-de-chaussée et un porche en annexe à l’arrière. Un refend latéral divise irrégulièrement l’espace en deux. L’entrée s’ouvre sur un hall-cage d’escalier avec petit WC. Une marche vers l’Est conduit à l’escalier de la cave où se trouve un atelier et à une entrée indépendante desservant celle-ci. Une seule réception au Sud s’ouvrant sur un cabinet de travail. La cuisine à l’Est. À l’étage une chambre principale sur la réception pour les parents, une chambre pour les deux fils côté jardin et une pour la fille sur la cuisine. Pas de combles habitables. Extérieur

Façades: les façades, régulières, présentent sur un soubassement des murs très simples, décoration limitée. Les combles sont lambrissées de planches verticales. Toiture à demi-croupes, supportée par des aisseliers sur les pignons et particulièrement saillante sur les faces latérales où elles protège des balcons supportés par des têtes de poutres (ou solives) et aisseliers. Travée aveugle sur la montée de l’escalier à l’arrière (gauche), traitée symétriquement.

Bibliographie ø Plans des différents niveaux.

Façades-pignon. Façades latérales. 29 Maison Bastard-Sordet, Fernand et Jeanne

La Feuilleraie/ Grande Cote AEG AP 194/D/102 Feuilleraie

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Chêne-Bougeries 1557 27 C473 Rue No. Lieu-dit Conches, chemin de 13 Boucle de Conches Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Jeanne-Eugénie Sordet (~1864-?) épousa entre 1899 et 1900 Fernand Bastard, régisseur, puis commissaire, puis représentant général d’assurances. Celui-ci décède entre 1925 et 1930, tandis que sa veuve quitte la maison en 1956 pour s’établir au chemin Vieux-Chênes, où elle décède à son tour dans les années 1970. Historique: La propriété comprenait, au moment de l’achat en 1916, une ancienne maison et son rural (voir extrait cadastre et annonce pour la vente, en 1956). Dates générales Autorisations de construire 1916 Autorisation n. 220, du 24.06.1916, accordée à Edmond Fatio pour le compte de Mme Fernand Bastard-Sordet, pour la construction d’une villa, parc. n. 249. Conservation transformation Propriété vendue en 1957 à une S.I. qui morcela le terrain pour le lotir de villas. Dépendances détachées et transformées. L’un des actionnaires de la S.I. prit la maison à son compte. Modifications en 1973, séparant la maison en deux appartements et faisant construire un escalier indépendant à l’extérieur. Destruction dans ce but du porche de la cuisine ainsi que sacrifice de l’office au rez-de-chaussée et d’une salle de bains au premier. Au premier, une cloison sépare la partie Ouest, où les chambres sont sacrifiées pour être transformées en pièces de réception et cuisine (deux chambres réunies en salon). Les chambres de cet appartement se trouvent au deuxième étage. Description

Intérieur Propriété: l’extrait du cadastre (02.06.1916) fait état d’une vaste parcelle (22767m2 selon annonce vente par Bastard) en forme de parallélogramme, située au sommet du plateau de la boucle de Conches, situé dans un bras de l’Arve, en très légère déclivité vers le Sud. Elle est accessible à l’Ouest depuis le chemin de Conches par une bande de terrain et bordée à l’Est par le chemin Calandrini. Les plan du jardin (juin et novembre 1916) montrent qu’on y a ajouté une parcelle au Sud, pour y placer une vaste pelouse encadrée d’allées orthogonales. L’allée d’accès était plantée d’une rangée d’arbres; au Nord, un jardin potager et les dépendances; tout à l’Est, un tennis. La maison est dirigée vers le Sud-sud-est. Plans: un corps principal est flanqué de deux ailes en retour d’équerre, dont les saillies sont comblées sur la façade antérieure par un porche à colonnes supportant galerie ; par une galerie couverte sur la façade postérieure. Du porche, on accède à un grand hall-cage d’escalier central, séparé du hall par un mur de refends. Un WC est pris sur l’arrière de l’espace. À droite sont cuisine et office sur la façade antérieure et salle à manger vers le jardin. Toute l’aile de droite est en revanche occupée par un immense fumoir. Ces deux pièces étant prolongées, l’une par un bow- window polygonal, l’autre par une véranda de la même forme, ouverts sur la galerie. Sur chaque face, un accès au jardin, celui de la cuisine se faisant à travers un porche vitré en annexe. L’escalier à trois volées, tournant à droite, s’appuie contre la façade antérieure du corps principal, passant au-dessus de la porte d’entrée et donnant accès au premier étage, à un palier ouvert sur le hall. Un couloir transversal dessert deux chambres sur jardin dans le corps central ainsi que deux chambres dans les ailes, l’une sur jardin, l’autre sur entrée, séparées par une salle de bains. Des balcons ouvrent sur les façades latérales (sauf sur le porche de la cuisine). Le sous-sol par les habituelles caves, pièces de chauffage et de charbon ainsi que par deux salles dédiées aux lessives et au repassage. Sous la galerie du jardin, un local pour les plantes. Décor: nombreux dessins de Fatio pour la décoration intérieure. Boiseries à simples moulures de l’architecte. D’autres sont d’époque Louis XV remontées ici. Plafonds à solives apparentes, ou à décor de stuc (médiévalisant ou classique). Dans le fumoir, cheminée dessinée par l’architecte. Manteau traité en forme de coffre baroque architecturé: petits pilastres alternant avec des panneaux marquetés de motifs d’entrelacs et de rinceaux supportant frise inscrite à caractères à l’ancienne: « Kabal » avec date « 1681 » ou « 1685 » et pointes de diamant.

Extérieur Façades: sur très faible soubassement traité en appareil irrégulier, des murs en maçonnerie à chaîne d’angle et chaîne horizontale formant cordon, à hauteur d’appui au premier. Les trois travées du corps central rythmées par des colonnes toscanes à l’entrée: au premier, elles sont placées sur socle formant dé de garde-corps. Les baies y sont arquées, alors que toutes les autres sont rectangulaires à simples chambranles de pierre. Toiture à croupes et égouts retroussés, percée sur les longs-pans de grande lucarne centrale (triple côté jardin, double côté entrée) avec deux lucarnes latérales, sur les croupes de deux lucarnes simples, toutes à fronton-pignon. Un registre de petits chiens-assis. Les deux saillies côté jardin sont couvertes de croupes polygonales et réunies par la galerie dont l’auvent est supporté par des colonnes toscanes. Balustrade. Le porche de la cuisine formé d’un mur de maçonnerie portant structure en bois, sous appentis. Accès indépendant au sous-sol en partie dégagé à l’Ouest. Dépendances 1916 Dépendance Projet de transformation d’un ancien rural en dépendance avec garage, orangerie, buanderies et chambres du Bibliographie

Illustrations: - Archives privées, photographies anciennes; annonce de vente - Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio Sources: - Gladbach, 1976 (1893), p. 3 fig. 10-11; pl. 22-22 (modèles de la cheminée) Façade jardin. Dessin perspectif. La simplicité des façades locales comme nouvel idéal: l’exemple de la Maison Trainant, Cologny. La maison bourgeoise en Suisse, Canton de Genève, pl. 98.

Plan du rez-de-chaussée. Encre noire. Façade entrée. Photographie ancienne. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. 30 Villa Bates, Jeanne-Henriette

La Redande Cote AEG AP 194/B/49bis

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 805 7 Détruit Rue No.(actuelle) Lieu-dit Lausanne, route de 356 Le Creux-de-Genthod Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Jeanne-Henriette Baron (1858-1943), a été mariée deux fois. Une première fois avec Léonce Pictet (mort jeune), dont elle eut trois enfants, parmi lesquels le père de Nadège de Freire de Andrade- Pictet et Ariane Naville-Pictet, qui épousa en 1904 Jacques Lucien Naville, beau-frère d’Edmond Fatio. Par la suite, elle se remaria avec James Bates, fondateur de la Tribune de Genève et de l’Union Bank, qui la laisse veuve en 1914. Historique: au XVIIIe siècle, la parcelle se trouvait sur une grande vigne appartenant aux propriétaires de la maison du Saugy (Fatio, Genthod, 57), puis pertinents au château de Genthod, de Mme Pictet-de la Rive, appelée “En Redendes”. D’agricole, elle fut peu à peu occupées par des résidences, lors de la construction du Pavillon du lac des Fatio (1893, cf. cat. 1), d’un chalet de Léon Bovy (1905) et enfin de la villa de Mme Bates. À la mort de Mme Bates, c’est la fille de son fils aîné, mort extrêmement jeune, qui hérite de la maison qu’elle occupera jusqu’à sa propre mort en 1977. D’après ses dispositions testamentaires, la nurse de ses enfants y reste à son tour pendant ses derniers jours, après quoi les héritiers la vendent aux actuels propriétaires. Dates générales Autorisations de construire 1916-1917 Autorisation de construire n. 82, accordée le 15.03.1917 à M. Fatio pour le compte de Mme Bates pour la construction de deux murs, dont un longe la route cantonale, parc. n. 637b. Conservation transformation La maison subit des dommages lors des travaux d’élargissement de la route cantonale (communication orale). La petite-fille de Mme Bates décida alors de la détruire pour faire construire au même emplacement une maison plus petite à étage unique, sans conserver rien de la précédente. Description

Intérieur Propriété: la parcelle, inchangée aujourd’hui, est bordée par la route de Lausanne, forme une terrasse où est située la maison et descend ensuite en pente assez forte vers le sud-ouest jusqu’au lac. La maison était située dans l’axe longitudinal du terrain. Celui-ci reçut de Fatio lui-même un aménagement soigné: la terrasse, bordée de topiaires, est prolongée vers le lac par deux bras se terminant en un promontoire et enserrant une autre terrasse en contrebas, d’où des allées mènent au lac. À l’arrière, un petit jardin potager est adossé au garage. Plans: 02.09.1916, deux plans soignés à la plume. Plan-masse rectangulaire avec une aile en retour d’équerre vers la route, au Sud. Au rez-de-chaussée, un porche de faible profondeur mène au hall d’entrée, à la droite duquel se trouve le départ de l’escalier. Contre la façade antérieure un vestiaire et un cabinet de toilette avec WC. Il donne accès sur la façade lac à une galerie vitrée liant le vaste salon au Nord à la salle à manger qui se trouve au Sud. À l’arrière de celle-ci, dans le retour, se trouvent les services avec accès indépendant à l’étage, côté lac une galerie ouverte sur le jardin. Au premier étage, un couloir transversal donne accès au Nord à l’appartement de la maîtresse de maison, composé d’une grande chambre à coucher, d’une salle de bains, d’une garde-robe et d’un WC et petit salon attenant. Ensuite, trois autres chambres donnent toutes sur la façade lac. Une lingerie est à l’arrière, alors que les trois chambres de domestiques se trouvent dans l’aile en retour.

Extérieur Façades: placées sur un faible soubassement de pierre, les façades de pierre de taille présentent peu de décor. La régulière façade sur le lac est tripartite: au centre les trois travées du rez-de- chaussée sont marquées par le portique toscan derrière lequel apparaissent les grandes baies de la galerie vitrée. Au premier, trois simples fenêtres et trois lucarnes à fronton-pignon au comble. De part et d’autre, trois baies jumelées au rez-de-chaussée (formant bow-window au Nord) et deux portes fenêtres donnant sur un balcon au premier. Sur la façade antérieure, l’axe central est marqué par le porche à petit degré, colonnes et fronton percé d’un occulus ainsi que par une lucarne unique. Les travées latérales sont moins régulières, percées alternativement et avec un espacement symétrique mais variable de petites fenêtres jumelées au rez-de-chaussée, d’une porte de service, ou de plus grandes fenêtres rectangulaires à l’étage. L’arrière du salon est aveugle. L’aile en retour d’équerre est percée d’une grande porte-fenêtre donnant accès au jardin potager. Les deux corps de bâtiment sont couverts de toitures à croupes, celle de l’aile en retour plus basse pour respecter la parfaite symétrie côté lac. Dépendances 1918 Pavillon de bains 1922 Garage Bibliographie

Souvenirs: - Propriétaire actuel Illustrations: - CIG-VG, deux photos non classées dans “Genthod”,datées au verso “1918”, montrant la façade lac et la façade entrée - CIG-VG, photo non classée dans “Genthod” (négatif VG N9826): vue depuis la propriété Bovy de la maison Bates ainsi que du pavillon de la Comtesse Bruce dépendant autrefois du Saugy. Datée au verso “1949” Littérature: - Fatio, 1943 Façade lac avec jardin descendant en étages vers le rivage. Ce dessin fut l’objet d’un travail préparatoire de perspectives. L’architecte en réalisa ensuite une version au crayon, puis un grand dessin aquarellé. On notera l’aspect monumental de la maison qui est située sur un terrain de taille moyenne. Plan du rez-de-chaussée.

Plan du premier étage. Vue de la façade arrière. Photographie ancienne. CIG-VG, Genthod 31 Villa Fatio-Pictet, Marguerite-Hélène

La Petita-Vy Cote AEG AP 194/B/79

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 2022 6 426-429 Rue No. Lieu-dit Troiselles, chemin des 46 Genthod Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Cf. cat. 1. La parcelle avec ses bâtiments fut constituée en Société Immobilière (S.I. “La Petita-Vy”) Historique et avant-projets: la parcelle appartenait à l’origine au terrain des Amandolliers, dont elle fut détachée par la suite. Après avoir été occupée une saison par Mme Alfred Zoelly-Fatio (1899 -1990), fille de Guillaume et d’Hélène-Marguerite, elle fut soit louée, soit vendue. Elle appartient aujourd’hui à Chrono Immobilier, société en rapport avec Frank Muller S.A.

Dates générales Autorisations de construire 1929-1930 1920-1929: ø. Conservation transformation Pas de transformations extérieures apparentes. L’intérieur n’a pas été visité. Description Intérieur Situé tout au bout du chemin des Troiselles, le terrain se trouve placé sur une terrasse dominant la voie ferré de la ligne Genève-Lausanne et, au-delà, le lac. La maison occupe le centre de ce plateau rectangulaire. Des annexes plus anciennes se trouvent à gauche du portail. Plans: entre le 21 et le 28 janvier.1930 (correction du 2e le 21.08.1931). La maison est composée d’un corps principal rectangulaire de 3 travées sur 2, relié par des ailes basses à deux pavillons latéraux, le tout disposé en éventail. L’entrée, au centre de la façade Est, donne accès à un hall- cage d’escalier distribuant office petit salon au Sud, grand salon et salle à manger côté lac et office au Nord. Ce dernier est relié au pavillon Nord (garage et atelier et grenier) par la cuisine. Le petit salon est ouvert sur une galerie couverte aboutissant à la grande véranda. Au premier étage du corps principal, le palier dessert un WC sur la façade antérieure ainsi qu’un couloir menant à trois chambres sur l’avant, deux salles de bains sur les côtés ainsi que deux plus petites chambres sur l’arrière. Un balcon ou une terrasse sur l’axe central. Au-dessus de la cuisine, au Nord, une autre terrasse. L’escalier est prolongé jusqu’à un étage de combles. Celui-ci est éclairé par une lucarne sur chacune des façades. S’y trouvent une grande chambre, deux chambres de bonne ainsi qu’un bain et divers rangements. Enfin, un escalier amovible mène au comble-perdu logé sous la haute toiture. Quant au sous-sol, accessible par la cuisine, il est occupé par les habituelles caves, salles de chauffage et buanderies, ainsi que par un atelier. Extérieur

Elévations: 28 janvier.1930. Le corps principal, simple cube, est placé sur un soubassement de roche blanche. Ses murs sont aujourd’hui crépis de rose, régulièrement et symétriquement percés de baies rectangulaires dont les chambranles forment beau contraste en molasse grise couronnée par une corniche à tore (tore à profil semi-circulaire ou bandeau. La haute toiture à croupes et égout retroussé en forte saillie est percée de lucarnes simples, double ou triple à fronton-pignon. Fermeture d’avant-toit lambrissée. À l’entrée, un porche en annexe, pilastres corinthiens et corniche, percé d’une porte à arc surbaissé, clef saillante et fenêtres latérales, détails en molasse, supportant terrasse. Côté lac, porte-fenêtre centrale au rez-de-chaussée donnant accès au jardin, à un balcon au premier. Les pavillons similaires : deux portes cochères, à arcs surbaissés pour le garage qui est couronné par un toit en pavillon, égouts retroussés ; l’arrière de la véranda aveugle, couronnement par un toit à demi-croupes, égouts retroussés. Les deux petites ailes basses à baie unique, toit-terrasse. Côté lac, petites fenêtres à barreaux pour le garage et portique à colonnes toscanes très fortement décalées vers l’extérieur et libérant une large travée centrale.

Bibliographie

Souvenirs: - Descendant de la commanditaire Littérature: - Fatio, 1943, 260 s. Étonnamment, Fatio n’y parle par de la villa faite construire par sa femme au bout de l’ancien chemin de Grand-Champ, la “Petita-Vy” Plan du rez-de-chaussée.

Vue de la façade d’entrée. Prise depuis la terrasse des Un modèle genevois? Amandolliers. On devine, malgré la présence de la L’ancien château de végétation, la diversification des points de vue qu’a Vésenaz. La maison apportée la disposition des trois corps de bâtiment. Il est bourgeoise en Suisse , fort possible que celle-ci ait été plus dégagée il y a canton de Genève , 1960 septante ans. Photographie récente. (1912), pl. 84 32 Villa de la Rive, Elisabeth Théodora

Les Petits Châtillons Cote AEG AP 194/E/31-A

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Genthod 1105 6 192 Rue No. Lieu-dit Malagny, route de 14 Genthod Historique

Commanditaire Entrepreneur ? Elisabeth Théodora de Saussure (1863-1944). Sa famille était très anciennement installée sur la commune, puisque son père, Henri de Saussure, avait hérité de la propriété du Creux-de-Genthod. Elle était soeur de René de Saussure et propre cousine d’Emilie Fatio-Naville. Elle épousa Edmond de la Rive en 1883. Historique: la parcelle est le produit du morcellement d’une grande propriété agricole ayant appartenu à Mme Pictet-de la Rive, de Beau-Pré, à Genthod. À sa mort en 1887, la propriété fut progressivement morcelée. L’une des parcelles résultant de ces partages fut acquise par Mme Edmond de la Rive-de Saussure qui y fit transporter par Edmond Fatio une maison des Eaux-Vives promise à la destruction (1907). En 1930, une petite portion du terrain, donnant sur la route en est détachée pour y construire les “Petits Châtillons”. La grande maison est vendue à M. Robert S. Longyear en 1938, la petite à M. René Serrière à la mort de la commanditaire: pour ce dernier réalisés deux projets de garage (1945, 1953). Dates générales Autorisations de construire 1930 Conservation transformation Conservée. Description

Intérieur Propriété: plan partiel du jardin 25.10.1930 et extrait du cadastre du 28.11.1945 (au nom de M. René Serrière). La parcelle (2198 m2), mitoyenne de celle des Grands Châtillons, donne sur la route de Malagny, ses deux longs côtés perpendiculaires à celle-ci. Sa largeur diminue progressivement en direction du lac par décrochements. Cette irrégularité fut dictée par l’histoire de la propriété. Les grandes façades sont presque parallèles à la route, tandis que l’axe longitudinal est dirigé vers l’Est-sud-est. Le jardin fut dessiné par Fatio. La maison est placée sur un terrassement : une large cour donne accès au Nord à un garage ; autour de la maison, des terrasses au Sud et à l’Est. Au Nord, au contraire, les caves sont dégagées. Depuis la terrasse, deux degrés rachètent la différence de niveau avec le jardin où se trouve un réseau d’allées ayant fait originellement partie des Grands Châtillons. Le terrain descend ensuite en pente douce jusqu’au chemin des Troiselles puis à la voie ferrée. Plans: tous les plans, coupes et élévations de la maison 25-26.05.1930 . Plan-masse rectangulaire de 5 travées sur 3. En fait, un corps central encadrées de deux ailes latérales en retour d’équerre vers l’Est. Le renfoncement créé est occupé par deux galeries superposées. Deux refends longitudinaux marquent ces corps. Un porche dans-oeuvre occupe la travée centrale. Il donne sur un hall-cage d’escalier à l’arrière duquel se trouvent WC et lavabo. Au Nord, il accès à un office- lingerie et à la cuisine, sur la façade antérieure. Vers le lac, il est largement ouvert sur une galerie formant liaison entre le très vaste salon au Sud et la salle à manger au Nord, tous deux avec grande fenêtre sur le lac. Enfin, la galerie ouverte communique largement avec ces trois dernières pièces et donne accès par un perron à la terrasse. Au premier étage, le corps central est occupé à l’arrière par l’escalier et une chambre de bonne ouvrant sur le palier ; un couloir transversal conduit à deux petits salons côté lac et, de part et d’autre, aux ailes. Ces derniers sont occupées, presque à l’identique, par une grande chambre côté lac, une salle de bains éclairée sur la façade latérale et une plus petit chambre côté entrée. Au Nord, il s’agit d’une chambre de bonne et son lavabo avec WC extérieur. Un escalier accessible depuis le couloir mène à un comble. Un bain des domestiques complète les locaux habituels de la cave. Il est éclairé sur la partie dégagée du sous- sol, accessible indépendamment par l’extérieur. Décors: nombreux dessins de Fatio.

Extérieur Façades: les façades sont très sobrement traitées : sur un soubassement (de roche ?) de faible hauteur et percé de soupiraux s’élèvent les murs en maçonnerie enduite. Répartition des espaces intérieurs reflétés à l’extérieur, par le rapprochement des trois travées centrales et trumeau plus large les séparant des fenêtres extérieures, marquant la présence des refends. À l’entrée, un arc plein-cintre donne accès au porche et à la porte d’entrée cintrée. Les autres baies rectangulaires avec chambranle lisse en fausse pierre de taille (voir dossier). Côté lac, les travées centrales sont marquées par un portique en arcade au rez-de-chaussée et une loggia au premier. Les façades latérales présentent une répartition régulière des baies si ce n’est l’accès à la cuisine et une porte- fenêtre couronnée d’un arc surbaissé au centre de la façade Sud, pour permettre l’accès au jardin depuis le salon. Motif de trompe-l’oeil au premier, où une fenêtre est en partie aveugle, recouverte cependant d’un volet fermé. Chaîne horizontale portant bandeau à hauteur d’appui du premier règne sur les quatre façades. Toiture à croupes saillantes percée de petits chiens-assis. Hésitations concernant l’agencement de l’accès à la cave est manifeste au vu des deux projets alternatifs et du plan de jardin corrigé (1930 et 1945) qui propose une troisième possibilité. Cette dernière fut probablement réalisée. Dépendances 1945-53 Garage Trois projets. Deux avec logement. Pour René Serrière.

Bibliographie

Littérature: - Fatio, 1943, 260 s. Plan du premier étage.

Façade côté lac. Ce beau dessin Une inspiration pour Fatio? La villa montre les éléments d’origine tessinoise telle qu’elle est conçue par méridionale: développement les architectes Antonio Fogliardi et horizontal, toiture à faible pente et Giuseppe Amado lors d’un concours saillante, superposition de loggias. « Per la casa ticinese », 1918. Foletti/ Martinoli/ Agustoni in: Crettaz-Stürzel, 2005, vol. II, 301. 33 Villa Norrie, Lanféar Barbey

Cote AEG AP 194/D/64

Localisation

Commune actuelle Parc. Feuille Bât. Bellevue 3637 2 437 Rue No. Lieu-dit Collex, route de 15 Bellevue (Les Grands-Champs)

Historique

Commanditaire Entrepreneur Jean Spring, Genève Constituée en société immobilière “S.I. Bellevue Les Chênes” le 23.03.1934 (Registre commerce Genève) par l’ingénieur Lanféar-B. Norrie. Celui-ci est attesté dans les annuaires des années 1940 à 1950. Lanféar Barbey Norrie (1896-1977?) était petit-fils d’Henry Barbey-Iselin (et donc cousin de Fatio!), par sa mère, née Ethel Barbey. H. Barbey étant propriétaire de la maison voisine des Chênes, il est probable que M. Norrie reçut sa parcelle par héritage. Né aux Etats-Unis, celui-ci devint ingénieur minier en 1923, à Harvard, puis fit fortune et vécut toute sa vie à New-York. Historique et projets: la parcelle fut probablement détachée de la propriété voisine des Chênes . La genèse du projet passe par trois phases situées entre septembre et décembre 1936. Dans un premier temps apparaît une maison à deux corps, une aile en retour à saillie peu importante. Puis fin octobre, c’est un simple rectangle, auquel est adossé un corps bas de terrasses couvertes et bow-window sur les façades sud-ouest et sud-est. Quant aux deux toits perpendiculaires, ils sont remplacés par une toiture unique, à croupes et égouts retroussés. Dernières modifications apportées à un balcon et à l’aménagement des étages le 02.12.1936. Dates générales Autorisations de construire 1936 Conservation transformation Conservée. Description

Intérieur Propriété: À l’origine, appartenait peut-être à la propriété des Chênes, à Henry Barbey-Iselin, qui est voisine et dont le commanditaire semble avoir été le petit-fils. La parcelle actuelle forme une longue bande bordant la route de Collex au sud-ouest, entre la voie ferrée et le chemin de la Chênaie. La propriété, à l’origine, était peut-être plus petite, se limitant à la moitié Nord: (plans du jardin des 26.09.1936 et 27.10.1936). Plus probablement, seule une partie fut en fut dessinée ici. Un terrassement avait été formé au Sud de cette portion, sur lequel la maison fut construite. Le terrain est en effet en faible déclivité vers le lac. Un portail situé sur la route de Collex à des allées menant à la maison au Sud, à un garage au Nord. Les plantations semblent avoir été très peu nombreuses. L’axe transversal de la maison, légèrement différent de celui de la route, est orienté vers le sud-est, en direction du Mont-Blanc. Plans: la porte conduit d’abord à une petite entrée, puis à un large hall central, avec cage d’escalier qui est la grande pièce de circulation. Il est largement ouvert sur le grand salon et la salle à manger prolongé d’un bow-window à plan rectangulaire. Les deux occupent toute la largeur de la façade sud-est. La liaison avec le jardin se fait au sud-ouest par une véranda et au sud-est par une large terrasse couverte. Dans les deux travées latérales petit salon et cabinet de toilette/ WC au sud- ouest, cuisine et office au nord-est. Au premier, un large vestibule transversal distribue les chambres sur le pourtour, trois petites chambres sur la façade antérieure, trois plus grandes, avec accès sur la terrasse, sur la façade postérieure ainsi que deux bains latéraux et un WC. Le comble est occupé par six chambres supplémentaires avec bain unique et WC. Des greniers se trouvent dans les coins, sous les chevrons d’arêtier. Dans le sous-sol, les traditionnelles caves, locaux de chauffage et buanderies.

Extérieur Façades: la maison est construite sur un très bas soubassement où le couronnement des soupiraux émerge à peine. À l’entrée, un porche composé de deux colonnes supportant fin plateau de béton en surplomb. Il est encadré par deux petites fenêtres, tandis que la porte d’entrée, étroite, est elle-même flanquée d’une petite fenêtres éclairant le palier de l’escalier menant à la cave. Sur les extrémités, deux fenêtres latérales. Au premier quatre fenêtres rectangulaires régulièrement espacées. Sur les autres façades, trois travées de baies rectangulaires : les pièces de réception ainsi que les grandes chambres du premier communicant avec les terrasses par des portes- fenêtres, de même que l’office, qui a un accès indépendant. Terrasse, bow-window et véranda composés d’une structure orthogonale très simple appliquée, tournant autour du coin Sud. Au dessus, garde-corps composé d’un muret et simple barre de métal. La toiture, en légère saillie, est agrémentée d’une fermeture d’avant-toit. Éclairant le comble, une lucarne double sur chaque façade, à fronton-pignon. Le décor des élévations se limite aux chambranles lisses et à la corniche moulurée, se détachant sur la sobriété des murs de béton enduit. Dépendances 1936 Garage Le garage avec logement à l’étage. Agrandi 1937.

Bibliographie

Littérature: - El-Wakil, 1989, II, 144 s. (”Les Chênes”) - Ronda FRAZIER (et al.), Guide to Mining and Petroleum History Resources, American Heritage Center, University of Wyoming, http://ahc.uwyo.edu/documents/use_archives/guides/geology% 20nocolumnshighres.pdf, 2002 (1995), 88 - Frederick Philipse Family Tree. An Aristocratic Family from Bohemia, Czech Republic , http: //worldconnect.rootsweb.com/cgi-bin/igm.cgi?op=GET&db=mila2&id=I02462 ) - Gale HARRIS/ Donald G. PRESA, Murray Hill Historic District Extensions – Designation Report , http://nyc.gov/html/lpc/downloads/pdf/reports/mhillext.pdf , 2004, 20 - Notice généalogique sur Ethel Norrie-Jumilhac née Barbey: http://www.thepeerage. com/p17522.htm#i175217 Une maison en béton dont l’apparence est classique: seules les vérandas et le porche trahissent le nouveau matériau.

Plan du premier étage. Si le rez-de-chaussée ne présente pas vraiment de particularité, on voit sur celui-ci que l’eau courante a été installée dans presque toutes les chambres. En bas à droite, le timbre de l’entrepreneur Jean Spring. FREDERIC PYTHON

EDMOND FATIO (1871—1959) : VILLAS GENEVOISES Architectures patriotiques

Autres illustrations

Université de Genève Mémoire de licence Faculté des Lettres Sous la direction de Mme Leïla El-Wakil Département d’Histoire de l’art Juin 2007 Ill. 1: Maison Edouard Fatio, Bellevue. Construite vers 1874 par Emile Reverdin. Archives privées, Scrap Book d’Edmond Fatio.

Ill. 2: Façade de la maison Martin, Vessy, construite peu après 1880 par Charles Gampert. Relevé Edmond Fatio. AEG Archives Privées 194/H/10 Ill. 3: Plan pour un hôtel particulier, Jean-Louis Pascal, Prix de Rome 1866. Les Grands prix de Rome d’architecture (…), 1900.

Ill. 4: Plan du rez-de-chaussée de la maison des Ormeaux , par A.-A. Krieg, 1835. El-Wakil, 1989, 168. Ill. 5: Plan du 1er étage du chalet Hess (Cat. 6).

Ill. 6: Plan du rez-de-chaussée, maison Joly, 1838. El-Wakil, 1989, 110. Ill. 7: Façade d’un chalet de l’Oberland illustrée par Gladbach, 1976 (1893), fig. 17.

Ill. 8: Façade du Couchant du chalet Frédéric Boissonnas (Cat. 3). Ill. 9: Vue de détail de la façade d’un chalet à Golderen. On aperçoit dans le pignon deux volets coulissants. Graffenried/ Stürler, 1844.

Ill. 10: Chalet grison de Mels. A droite de l’entrée, la cuisine est en maçonnerie, alors que le reste du rez-de-chaussée est entièrement en bois. Hunziker, 1906, fig. 209. Ill. 11: « Speicher » traditionnel du canton de Berne. Hunziker, 1909, fig. 156.

Ill. 12: Vue intérieure du hall et du salon de la villa Kündig (Cat. 13). Photographie ancienne. Archives privées, Documents personnels d’Edmond Fatio. Ill. 13: Maison rurale du canton de St-Gall. Ici, trois techniques constructives différentes sont utilisées sur un même édifice: maçonnerie, colombage et bois. On remarquera en particulier le lambrissage vertical du pignon. Hunziker, 1910, fig. 9b.