Rochemaure, Gardienne Du Rhône. Histoire Générale
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ROCHEMAURE LUDOVIC CHABREDIER Rochemaure GardienneduRhône Histoire Générale Illustrée de 40 gravures originales de l'auteur. EDITIONS SUBERVIE RODEZ IL A ÉTÉ TIRÉ 75 EXEMPLAIRES SUR PAPIER OFFSET Z.R.C., NUMÉ- ROTÉS DE 1 A 75 ET DONT LES GRAVURES ONT ÉTÉ REHAUSSÉES DE COULEURS PAR L'AUTEUR. © Ludovic Chabredier et Editions Subervie, 1958. Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation, même partielle, réservés pour tous pays. INTRODUCTION GÉNÉRALITÉS SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE DU VIVARAIS La nation française a été constituée peu à peu par plu- sieurs peuples, qui, les uns après les autres, occupèrent le territoire. Dans la partie méridionale de la Gaule s'établirent d'abord les Ibères, puis les Ligures. Ces derniers durent, en 180 avant J.-C. se soumettre aux Romains, lesquels en déportèrent 47.000 dans les solitudes du Samnium. En 125 avant J.-C., Marseille (Massilia) devint colonie romaine. En 123, le consul Sextius fonda Aix-en-Provence (Aquæ Sextiæ) puis forma, en 120, une province comprenant toute la région enveloppée par le Rhône, du lac Léman à la Méditerranée, soit les anciennes provinces royales de Savoie, Dauphiné et Provence. Les habitants de l'Helvie tributaires des Arvernes, avaient pris place aux côtés des défenseurs de la 'Gaule lorsque se précisa l'invasion romaine, mais ils furent défaits en 121 avant J.-C. Narbonne (Narbo Martius) devint à son tour, en 118, une colonie romaine et dût veiller sur la Province, étendue alors à la ligne des Pyrénées-Orientales. Notons, en 106, la prise de Toulouse par les Romains ; en 103, la fameuse bataille dite d'Aix„ où le Romain Marius défit les Teutons. Afin de réprimer le soulèvement des Gaules, Jules César, rejoignant ses armées, franchit les Cévennes en 52, malgré plus d'un mètre cinquante de neige. César, en achevant de conquérir la Gaule lui donna ses frontières naturelles. C'est alors que, sur le plan de la linguistique, les idiomes celte et ibère se trouvèrent absorbés au profit du latin. Seu- les des traces de la langue ibère subsistent encore dans la langue basque. En 27 avant J.-C., l'empereur Auguste (Octave) conserva la Gaule narbonnaise comme province impériale, avec ses frontières de la Garonne à la Loire et au Rhône. Cette époque marque l'épanouissement d'Alba Helvorium (d'abord Alba Harviensis) qui prit le nom d'Alba Augusta et était la ville principale de l'Helvie. L'Helvie, devenue le Viva- rais, n'était pas une région telle que celle que nous connais- sons aujourd'ui. C'était une contrée fertile, boisée, riche de cultures variées. Le pays est devenu pauvre, désert parfois, transformé par la bestialité cupide des hommes qui se tra- duit par les invasions, les guerres, les carnages, les tortures. On peut dire que presque chaque mètre carré de terre viva- roise est imprégné de sang humain et de cendres. Alba Augusta devint rapidement une sorte de plaque tour- nante de l'art militaire et de l'économie romaine en Gaule narbonnaise. Elle permettait, en effet, à la domination romaine de rayonner sur tout le Massif Central et de s'assurer au-delà une pénétration de plus en plus marquée, tout en consolidant son pouvoir. L'actuelle bourgade d'Alba, à 13 km. de Viviers, sur la route du Puy, est en réalité le bourg d'Aps qu'il faut se garder de confondre avec la puissante ville gallo-romaine qui, effec- tivement, s'étendait sur la plaine à proximité. Aps vit son nom transformé en celui d'Alba, vers 1900, en raison des fréquentes erreurs postales se produisant entre les noms d'Aps et d'Apt (Vaucluse). Avant la guerre 1939-1945, des vases, des bijoux, des fon- dations, un amphithéâtre furent mis à jour sur l'emplacement de l'ancienne Alba. A l'heure actuelle malheureusement, les fouilles sont abandonnées. Au III siècle, Andéol qui prêchait la religion chrétienne aux Helviens, fut martyrisé sur le territoire du lieu qui est devenu Bourg-Saint-Andéol. Envahissant la Gaule en 406, les Burgondes (futurs Bour- guignons) s'établirent dans le bassin rhodanien. En 412, ce furent les Wisigoths qui en occupèrent la partie sud, de telle sorte que l'actuel département de l'Ardèche se trouvait à peu près coupé en deux. Après que les Wisigoths, sous la conduite de Chrocus, eurent rduite en cendres Alba Augusta, dont TOUS les habi- tants furent égorgés, Viviers devint la capitale de l'Helvie, contrée prenant dès lors le nom de Vivarais. Vers l'an 430, l'évêque Auxonne transféra à Viviers le siège épiscopal d'Alba établi à Melas, cité confinant aujourd'hui la ville du Teil. Par ses victoires de Dijon, en 500, sur les Burgondes et de Vouillé, en 507 sur les Wisigoths, Clovis fonda l'unité de la Gaule en un Empire Franc qui subsista jusqu'en 511. Le royaume fut ensuite morcelé de nombreuses fois. Après avoir conquis la Perse et l'Egypte, les Arabes, appe- lés alors Sarrazins ou Maures, soumirent, de 648 à 710, toute la côte d'Afrique du Nord ; de 710 à 718, ils occupèrent l'Es- pagne, puis pénétrèrent en Gaule et en occupèrent toutes les provinces méridionales, les dévastant plus ou moins et s'y retranchant le plus possible. Leur immense armée, sous la conduite d'Abdérame I s'avança vers la Loire où, en 732, entre Tours et Poitiers, elle fut décimée, avec 375.000 morts, par l'armée du duc Charles d'Austrasie, surnommé ensuite Charles Martel. Cette bataille, dite de Poitiers, mit fin à l'invasion des Arabes ; cependant, pendant près de quarante ans, diverses places restèrent sous leur domination. Ils tentèrent en 739, avec le concours du duc Mauronte, un regroupement à Avignon, mais subirent un échec total. C'est Charlemagne, le premier, qui créa un Comté du Viva- rais (Comes Vivariensis). Le 20 août 843, le traité de Verdun partagea l'Empire de Charlemagne entre ses petits-fils : Charles (dit le Chauve), Louis (dit le Germanique) et Lothaire. Ce dernier conserva le titre d'empereur et fonda la Lotharingie (d'où le nom de Lor- raine), territoire qui, limité à l'est, par la « Francia Orien- talis » et à l'ouest par la « Francia Occidentalis », englobait largement le Lyonnais, l'Ardèche, une partie du Gard, le Dau- phiné, la Provence et l'Italie du Nord. En 859, une troupe de Normands étant passée en Médi- terranée par le détroit de Gibraltar, pénétra dans l'embou- chure du Rhône et s'établit en Camargue, encore sujette aux incursions sarrazines. L'année suivante, les Normands remontèrent le fleuve en ravageant ses rives, jusqu'à Valence. Les villes de Nimes et Arles ,en particulier, furent dévastées au cours de cette expé- dition. En 879, Boson, beau-frère de Charles le Chauve se fit sacrer roi de Provence et le Vivarais passa sous sa dépen- dance jusqu'à la prise de Vienne, en 883, par les troupes de Carloman, seul roi depuis la mort de son frère Louis III. Cer- tains auteurs affirment que le détenteur du Vivarais ne fut point ce Boson, mais un autre Boson, comte de Provence. Le Bas-Vivarais, en 924, rallia le Languedoc, sous la férule des comtes de Toulouse, cependant que la Lotharingie devint, sous Othon le Grand, empereur en 936, le Saint Empire Romain Germanique. Cet état, qui s'étendait à l'est et con- servait ailleurs les frontières lotharingiennes, fut borné au sud-ouest suivant les limites approximatives de l'actuel département de l'Ardèche. Puis le Vivarais fut assujetti aux rois de la Bourgogne transjurane et, encore par eux, à l'Empire germanique (an- nexion de 1039). Toutes les influences étrangères retentirent énormément sur la linguistique. Outre des éléments arabes, normands, etc..., provenant des invasions, l'élément germanique apporté par les Francs s'étant introduit dans le latin vulgaire, la lan- que nouvelle dite romane, se divisa ensuite en deux idiomes distincts. suivant la prépondérance des influences : la langue d'oïl dans le Nord et le Centre, la langue d'oc dans le Midi. Cette dernière, qui fut celle des troubadours céda le pas, au cours des ans à la langue d'oïl, langue des trouvères. Plus tard la suprématie linguistique revint au dialecte « francien » parlé en Ile-de-France, par suite de la fixation du mouvement politique dans cette province. Néanmoins, de nombreux mots d'oc se retrouvent dans les patois méridionaux et le Vivarais, en partie du moins, en hérite. En 1229, la Régente Blanche de Castille annexa à la cou- ronne une partie du Vivarais, à la suite de la guerre reli- gieuse menée contre les Albigeois, et en raison du rôle joué par la contrée au cours de cette guerre ; le chef des Albigeois était le comte de Toulouse Raymond VI. Par la guerre contre les Albigeois, le clergé se vengea d'abord de la liberté d'expression, progressiste d'alors, prise par les troubadours ; elle lui permit d'établir les tribunaux d'Inquisition destinés, d'une part à renforcer par la terreur les privilèges acquis légalement ou non par l'Eglise, la puissance de cette dernière étant basée sur la foi populaire ; d'autre part, de réprimer les mouvements d'indignation provoqués par la corruption des mœurs du clergé ; enfin ce fut une tentative faite par le pouvoir royal, en vue d'étendre sa puissance sur la grande maison féodale de Toulouse, jalousement attachée à son indépendance. Les intérêts du clergé et de la royauté, quoique différents dans leur nature, étaient étroitement liés. La Croisade contre les Albigeois renferme dans sa complexité, certains éléments d'une lutte de classe.