Dominique Brunet L'Anguillée 86450 Pleumartin 06 71 23 80 91

à Pleumartin, le 29/06/2020

Mme La Préfète, Mme, Mr,

Installé depuis 1987 sur une ferme de 50 ha en polyculture-élevage caractérisé par la mention Agriculture Biologique, je suis avec un intérêt tout particulier, et depuis le début, le dossier concernant le projet d'installation d'une ferme-usine à -les-Bois.

Depuis le début de ce projet ( fin 2014), j'ai la conviction profonde qu'il ne s'agit pas d'un projet agricole mais d'un projet de type industriel , malgré le fait que le porteur du projet continue à vouloir faire croire à un projet agricole.

Si vous le voulez bien, je vais mettre en lumière ci-dessous les éléments factuels qui me permettent cette affirmation.

Tout d'abord, en 2014, le porteur de projet s'est présenté à le Chambre d'Agriculture de la pour obtenir un accompagnement de la part de ses services. Bien entendu, il se serait agit d'une prestation payante, comme pour tout agriculteur. De la bouche même d'un agriculteur, administrateur à l'époque au titre du syndicat des Jeunes Agriculteurs, la Chambre d'Agriculture a refusé de monter ce projet, arguant que ce n'est pas un projet agricole. Si vous me le demandez, et avec l'accord de l'intéressé, je pourrai vous fournir ses coordonnées .

Ensuite, et les associations Aspect et VGCA l'ont bien démontré, il est prouvé que ce n'est pas la SCEA Les Nauds qui porte financièrement le projet mais bien la SAS Liot qui fabrique l'aliment du bétail. La SCEA Les Nauds est dépendante de la SAS Liot pour les parties financière, administrative et commerciale. Nous pouvons en conclure que ce n'est pas un projet agricole mais bien industriel .

Toute la partie « montage technique » du dossier a été faite par un cabinet d'études non spécialisé dans le monde agricole. Les bâtiments couverts en photovoltaïque sont d'une seule pente. Il existe un manque flagrant d'aération pour les bovins. En lui même, le bâtiment n'est pas adapté : couloirs exigus ; pas d'emplacement repéré pour mettre les animaux en quarantaine, précaution indispensable ( tout éleveur sait cela) ; pas d'emplacement repéré pour entreposer les cadavres, pourtant obligatoire dans tout élevage ; pas de local vétérinaire pour entreposer les médicaments et permettre au vétérinaire de travailler dans de bonnes conditions ; et la meilleure : pas de locaux pour le personnel, car à ce jour, pas de permis de construire déposé.

Tout ceci nous démontre bien, à la fois que le porteur de projet à une démarche d'industriel et qu'il a fait appel à un cabinet d'études non compétent en agriculture. Mme la Préfète ; je voudrai faire un parallèle avec le projet de méthanisation de . J'ai compris que vous avez retiré le permis de construire, pourtant accordé à Biogaz précédemment, sous prétexte que ce n'était pas un projet agricole. De la même façon, et si mes arguments vous ont convaincu, je vous demande de ne pas donner d'autorisation d'exploiter à ce projet industriel, qui n'a rien d'agricole.

Ensuite, j'aimerai attirer votre attention sur le fait que le document complémentaire apporté par le porteur de projet est obsolète. L'association Aspect a porté à votre connaissance cette information en le démontrant. On se rend compte que le chiffre d'affaires de la SA LPC est de zéro à partir de 2017 et non de 1 400 000 euros comme affirmé ( voir courrier d'Aspect).

Autre élément très inquiétant : le porteur de projet donne les CV de 2 salariés pour démontrer la fiabilité du personnel. Soit. Ce personnel était présent en 2017, date de la remise du dossier complémentaire mais il s'avère qu'aujourd'hui ces 2 salariés ne sont plus dans la maison, au moins 1 des 2 ayant même été licencié. Ces 2 CV sont donc caduques. Comment peut-on être à ce point aussi « léger » dans un dossier qui requiert ( notamment la méthanisation) une grande compétence ? Le porteur de projet n'a aucune compétence personnelle dans ce process de méthanisation qui en requiert pourtant énormément. A aucun moment, il ne signifie avoir contractualisé avec une entreprise spécialisé dans ce domaine. Comment pourrait-on accorder une autorisation d'exploiter à un projet qui présente autant de lacunes, d'erreurs ( manifestes ou pas d'ailleurs) et d'éléments obsolètes à ce jour ?

Autre élément dont je ne comprend pas le raisonnement. Dans le projet initial, et par la suite dans le dossier complémentaire, les eaux pluviales sont mélangées avec les eaux de ruissellement des plate formes, des aires de lavage et des eaux issues des produits stockés comme le fumier, le compost, etc. et dirigées vers le bassin de décantation. Le commissaire enquêteur, lors de l'enquête publique, a pourtant prescrit un lagunage . Mais rien de tout ceci n’apparaît dans le dossier complémentaire. Le porteur de projet continue à penser que c'est possible alors que c'est interdit chez tout paysan de et de Navarre, que sa ferme soit petite ou grande !!!

Dernier point pour ma part, dans cette consultation. Le projet est prévu à proximité rapprochée du centre technique d'enfouissement, fermé depuis 2013 et dont les relevés des piézomètres montrent, d'année en année, une pollution grandissante. La nappe d'eau d'excellente qualité alimentant les communes de Coussay-les-Bois, de Lésigny et de Mairé est située à la verticale de ce centre technique et de la plateforme de compostage adjacente. Elle est à très faible profondeur ( 5 à 7 m). Le projet ne pourra pas se faire sans des bâtiments qui seront soutenus par des fondations qui perforeront obligatoirement la faible couche d'argile. Et enfin , le SCOT, adopté récemment suite à une enquête publique, situe l'emplacement du futur projet dans une zone PPE ( Périmètre de Protection Éloigné).

Dans une société où la recherche et la protection de la qualité de l'eau va devenir un axe essentiel de notre société de demain, je ne peut pas croire, Mme la Préfète, que vous serez insensible à cet argument. Je suis résolument hostile à l'installation de ce projet au lieu dit « Les Paturelles ».

Croyez, Mme, en l'expression de mes sincères salutations.

Dominique Brunet