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No 7. - JANVIER 1897

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DES ENVIRONS DE BRIVE

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M. Philibert LALANDE

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AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ

7, RUE DES RANDS-AUIiUSTIS, 7

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DES ENVIRONS DE BRIVE

(coRiÊzI.:)

Les grolles crcuses de main dhomme, dans le grès du trias pour la majeure partie, constituent une des curiosités archéolo- giques des environs de Brive Sans parler de groupes dxciirsionnistes conduits, les uhS par M. G. de Mortillet., dau Ires par M. Em. Carlailliac ; de la section Clermontoise du Club alpin français et, en 18U0, des membres du congrès tenu t Brive par la Société fiançuise darchéologie; les principales de ces grottes, celles de Lamouroux, ont rcç:1 la visite individuelle de bïn nombre darchéologues fiançais et étrangeN . Nommons parmi ces derniers, cl par unit e (le dat, le Suédois llclziums, litalien Pigorini, le Russe Ammoutchuric, FAmé- ricain Wilson, lAnglais Baring-Gould; je cite les visiteurs t qui jai fait les honneurs de ces grottes, soit seul, soit eu compagnie de M. E. Massénat; dautres ont bien pu sy faire conduire sans avoir recours & nous. Le mémoire que voici ma noue point la p - tentiomi de révéler lexistence de nos grottes artilieiellesl) ; niais on y trouvera de nouveaux aperçus, la description de petits grou p es restés inédits, et des ternes de comparaison dun iuitéit (IUC je crois réel.

() Ma1éiiauz pow lhistoire pii nilive et naturelle (15 1ho.nnie, 1878; résumé dun mémoire pMseulé pur M\1. E. lluri et 1h. LL.De au CuUgmS i1ii]iiLiOnl des sciences qâes p. 3S-32, pauc1ue. Bulletin uia,mu,ne,itui, 1879 ; p. 37- ilS. MmnUire plus détaillé (nombreuses figures dans le lexie, pur M.\1. E. lidjJ et lh. LL.ANDE. ijea. SUC. $ELE0L. N 7. 1. 1, Ja.j.., MÉMOIRES DE U, S OCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. 172)

Il convient tout dabord de rappeler que les environs de Brive ont été habités dès les temps quaternaires; plusieurs grottes naturelles, toutes ouvertes dans le grès du trias, offraient aux hommes de cette époque des refuges tout indiqués; la plus vaste, celle de Champ, na pas moins de 28 mètres de profondeur sur 20 mètres de largeur dans sa partie la plus renflée(). On peut attribuer leur formation à lévidement de vastes poches dargile, lorsque les grands courants de lépoque quaternaire ont creusé les vallées, ii peine indiquées jusquà cette période de lhistoire du globe. Je demande la permission de placer ici une petite digression géologique. Notre honorable et savant collègue, M. bianz Kraus, vient de publier dans un des journaux illustrés de Vienne(-) une fort intéressante notice sur nos grottes artificielles, en sinspirant (lii mémoire inséré (toc. cit.) dans le Bulletin monumental, de quelques-unes de mes lettres et des photographies que jai pu lui envoyer; je (lois même le remercier ici de la bienveillance avec laquelle il me nomme dans sou travail. Mais voici entre flOUS lin léger désaccord; il paraît que les géologues allemands ont adopté pour les terrains des subdivisions différentes des nôtres, de sorte que M. Kraus identifie le grès du trias dans lequel nos grottes sont creusées pour la presque totalité, avec le grès carbonifère. Notre grès, il est vrai, est fumé déléments empruntés aux terrains primitifs (bien voisins du Brive, au surplus; ruais, comme en maints endroits nous le voyons superposé (en stratification discordante) an grès permien supérieur bien caractérisé par des fossiles végétaux (entre autres, calamites gigas), il est évident que noirs sommes en présence dun poudingue des grès triasiques, formé surtout tic petits grains de quartz mêlés parfois de galets roulés assez volumineux. Cirez nOIrS, lâge de ce grès est nettement indiqué par la stratigraphie. Aux sauvages contemporains du mammouth et du renne, succé- dèrent dautres hommes mieux doués, et surtout mieux outillés. Nous ne pensons pourtant pas quil soit permis dattribuer le creusement de nos grottes artificielles aux hommes de la pierre polie (3). Eu toutcas, certains aménagements intérieurs ne sauraient

l iii dicrit ces grottes dans plusieurs revues scientifiques Moniteur de IAr- c/uastu juc : Malériau,v pour lhistoire de lhomme: Comptes rendus du congrès de Copenhague. Voir aussi V. Biiivr., ce qui a paru du i)ictionnoi,e archéologique de la Gaule, époque celtique. (2) Der Skin den lVeisen. (3 M. E. Cautaithac émet un avis différent, en anal y sant dans les Matériaux notre ni ai,ire déjà cité n Peut-étre ? inc permettront de dire MM. Iliipin et Lalande; on se se doute pas dordinaire de la puissance des ciseaux en roches dures polies et inéme en us pour exécuter un travail de ce genre! Note au bas de la page 3, toc. cil. (173) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE DRIVE. 5

être de leur fait; je reviendrai Sur ce sujet quand viendra la description de nos grottes. Elles souvrent comme des niches dans les escarpements qui bordent quelques-uns de nos vallons, sillonnés pour la plupart de cours deau tributaires de la Corrèze. Cest par exception que ces grottes sont isolées; elles forment ordinairement des groupes plus ou moins nombreux. Toutes sont eu général peu profondes, assez bien éclairées, exposées de préférence ait ou ait quand elles se trouvent disposées sur une seule linc et même échelonnées sur plusieurs étages en groupes indépendants ou dépendants les uns des autres, elles correspondent entre elles par des escaliers, par des ouvertures pratiquées soit dans le plafond, soit dans les parois latérales, 011 encore par une étroite corniche extérieure. Parfois cette corniche rocheuse nexiste pas; mais on remarque sur la paroi extérieure des entailles carrées qui servaient à enchâsser de fortes poutres destinées à soutenir des balcons; ceux-ci ayant depuis longtemps disparu, les grottes dont seuls ils permettaient laccès sont aujou dhu i inaccessibles( Les ouvertures (le ces antres sont généralement munies dune feuillure intérieure; les portes qui les fermaient devaient être renforcées par de fortes traverses de bois dont les mieux bouts pénétraient dans (les trous pratiqués de chaque côté de lembra- mire. Ces trous sont généralement ronds oit presque carrés; par- fois aussi terminés par un sillon fortement coudé ou demi-circu- laire, destiné à ftvoriser la pose de la traverse; nous les avons baptisés : 1ÏO1€S en Virgule. Nos grottes ont été creusées carrément; les plafonds, par consé- quent, sont toujours sensiblement horizontaux et les Parois Loti- jours verticales; la baie extérieure est légèrement cintrée lorsque la grotte a été creusée dans un abri naturel. Linstrument employé pour ce travail n laissé partout des traces; elles con- sistent en sillons étroits, les tins décrivant une parabole de 30 à 50 centimètres et se terminant par un trou circulaire de forme conique; les autres, plus courts et presque rectilignes. Le pic de nos carriers laisse des traces bien dilïéretites; jamais, en tout cas, un trou conique à lextrémité du sillon. Nos grottes ont dû être creusée à laide doutils ayant la forme dun ciseau à pointe triangulaire. Des trous carrés, ou de longues rainures disposées en lignes horizontales, à une certaine hauteur, sur les parois dun assez

(I) Saur, bien entendu, le cas oit lun se servirait de longues échelles appliquées de bas en haut. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (174)

grand nombre de ces antiques demeures, ont évidemment servi à létablissement de planchers les divisant en nu ou deux étages. On remarque, creusés dans lépaisseur des parois : des sièges, des étagères, des placards munis souvent dune feuillure destinée à assurer une fermeture exacte: des bassins emmagasinant les eaux dinfiltration au moyen de petits sillons parcourant oblique- ment les parties humides du rocher; à Larriouroux, même, III1C véritable citerne. Des trous creusés dans le plafond étaient des- tinés à suspendre des objets à laide dua bâton, dont les deux bouts pénétraient dans de petites cavités ménagées dans les parois verticales de ces trous(). Quelques-unes de nos grottes ont servi à la fois de demeure pour les hommes et dabri pour les bestiaux; ce que démontrent des mangeoires aménagées dans le roc. A. côté de ces mangeoires, se trouvent toujours des trous dattache, également en plein roc, destinés à recevoir les liens qui retenaient les animaux (2). Le simple bon sens indique suffisamment que ces divers amé- nagements intérieurs ne peuvent être dus aux Premiers occupants, aux troglodytes qui ont creusé ces grottes. Trous de suspension, mangeoires, étagères, ne caractérisent sans doute aucune époque. Mais on ne peut en dire autant de pilastres, dont les chapiteaux bien sculptés, aux Roches surtout, indiquent le xii 0 ou le xiiie siè- cle; des peintures murales qui existent encore à Lamouroux! bien abimées, il est vrai(, mais très visibles. Ce sont des dessins géométriques formant tiiie frise; çà et là au plafond de la même grotte et dune grotte voisine, quelques lambeaux (). Enfin, une date est. gravée sur le seuil des grottes de Siaurat je les visitais un jouit, il y a quinze ou seize ans, en compagnie dun jeune naturaliste marseillais, M. Pauzat, et de M. Rupin (liii

(t) Ils étaient pour nous une véritable énigme, lorsquun jour. en visitant le groupe DES ROCHES, encore habité, nous avons vu, M. Rupin et moi, les trous en question utilisés comme il est dit, 2) MM. Lartet et Christy ont signalé, près de la grotte paléulithiqun de Evzies (Dordogne), des mangeoires analogues, accostées de trous dattache (Cavernes clii Péri- gord, 1861, extrait de la Itevue archéologique). Jai vu, à mon tour, les Eya(es et jai pu constater que les mangeoires de Lamouroux SOUL mieux façonnées. M. Martel a eu lobligeance de minformer quon remarque des mangeoires analogues clans les sou- terrains de Naours (Somme) et dans les grottes de Jouas (Puy-de-tl.me. (3 ) Cest ici, plus que jamais, le cas de répéter Nomina a/ul/o,uin semper paitetcbus adann f. l Couleurs employées : rouge, jaune et gris. Leur analse par un linliile chimiste pourrait peut-être nous indiquer une date qui ne saurait, à mon sens, être bien reculée, attendu que le support est un vulgaire mortier et non un ciment; rappelons, toutefois, pour ne rien nêgtig"r, quon a observé des peintures murales de deux époques (la plus ancienne présentant un cachet Phénicien) dans la motte de Frégouvilte (Cern). Revue archsol. du midi de la Fronce, mais 1866, et Muleia,i.r, 1866 et 1867, P. 546 et 422. (175) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE ULUVE. 7 soccupait alors de cryptogainie. En voulant cueillir un échan- tillon de mousses bien fructifiées, M. Rupin arracha un épais tapis de verdure sous lequel nous lûmes, à notre grand étonne- ment, ce qui suit : I. D. 1585, lettres et date surmontées dune croix également gravée en creux, le tout encadré dans un car- touche rectangulaire à moitié effacé (). Ces grottes ont dû être occupées par un parti catholique, au temps des guerres de reli- gion )2). Après cet aperçu, passons à lénumération des différents groupes de grottes dont lensemble fait lobjet de cette monographie. Ces grottes se trouvant presque généralement voisines de cours deau, parcourons les vallées dont elles dominent le thalweg.

VALLÉE DE LA CORRÈZE.

A tout seigneur, tout honneur; visitons (labord les grottes- chapelles de Saint-Antoine de Padoue, à 1 500 mètres environ au sud de Brive et aux abords de la route nationale u° 20. Elles offrent à tous égards le Plus vif intérêt. Une tradition historique nous apprend en effet quen 122e le « semeur de miracles » sy retira pendant quelques mois(). Un couvent de Franciscains ne Larda pas à sélever au-dessus des grottes, qui devinrent lobjet dun pèlerinage (). Chassés par la révolution, les Pères ont été réintégrés dans leur ancien domicile en 1875, et depuis lors le monastère a été reconstruit beaucoup plus eu grand, avec adjonction dune belle église. Les grottes-chapelles, au nombre de quatre, sont alignées au- dessous de ces bâtisses. La première que lon aperçoit après avoir franchi la grille, est celle de Saint-François dAssise; cest un abri naturel, plutôt quune grotte ; mais dans un angle ou a creusé un petit bassin deau. Puis, vient la grotte de Notre-Dame Auxiliatrice, en partie naturelle, en Partie creusée. Cest dans la troisième, complètement artificielle, celle-là, et dont lentrée se

(1) La forme (les chiffres ne permet pas de mettre en doute Iautbeutieitt le ctte inscription niais depuis quils ne sont Plus garantis par la mousse tics injures de air et de la pluie, lettres et chiffres ont perdu de leur netteté; je men suis assuré tout récemment. (2) Dans tin vallon adjacent, jai remarqué treize croix de dimensions à peu prs sem- blables, gravées CUL un bloc de grès posé sur le sol. Cela veut-il dire, quaprès une escarmouche, treize catholiques ont éte enterrés aux abords de ce rocher??? (3) Saint ,4ntotne de Padoue et son pèlerinage aux grottes dc Ikive, par F. BoN- NÉLVE, curé de Saint-Serriin. Brive 1876. () Aujourdhui plus en faveur que jamais! (5) On ne la voit pas sur les gravures qui accompagnent cette description. 8 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (176) trouve à une certaine hauteur au-dessus du sol(), que saint Antoine avait établi sa demeure- Cette grotte communique au moyen douvertures latérales avec les grottes contigtis, situées eu contre-bas : celle de Notre-Dame Auxiliatrice et celle des Fon- taines, également creusée dans le grès et où (les réservoirs deau ont été aménagés. Jai vu dans mon jeune âge, ces bassins beau- coup plus rntiques quaujourdhui. Leau, très pure et Ltès abon-

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GnorTl.: s-C1IArLuLus 9F; SAINT-ANTOINE ne Daprès une photographie de M. Bonv. (Uomrnuniqué par la librairie Hartieben, â Vienne.) dante, est fournie par une source qui ne tarit jamais. (Grès du trias). [lie grotte isolée, fort peu connue, celle-ci, a été creusée de lautre côté du vallon, à quelques centaines de pas des grottes- chapelles. Ce nest assurément pas saint Antoine qui a creusé la grotte dont il a fait sa cellule, pas plus quil na agrandi les autres; elles

(I) On ne pouvait y parvenir quà laide dune échelle et le solitaire av trouvait donc à labri des attaques des animaux nuisibles; un double escalier y donne actuellement accès. Laire de cette grotte mesure 5 x 7 mètres. 177) LES ODOTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BR1VE. O

existaient déjà telles quelles en 1226, tout comme en Autriche celles de Salzburg, en 477, lorsque au temps de la persécution dOdoacre, elles servirent do refuge à saint Maximus qui y fut massacré avec cinquante de ses compagnons. Grfcc à la parfaite obligeance de M. Frauz Kraus, jai sous les yeux dintéressantes photographies des grottes . chapelles de Saint- Maximus; ce sont (le précieux éléments de travail, des termes (le comparaison dont je ne saurais trop remercier notre distingué collègue. Au lieu de présenter, comme nos grottes artificielles, des ouvertures carrées ou cri cintre très surbaissé, les grottes de Saint-Maximus sont éclairées par des baies fortement cintrées; mais M. Kraus a bien voulu me prévenir que les parties ciii trées sont des élargissements d une époque très peu ancienne. Une inscription commémorative est gravée sur une plaque de marbre fixée à la paroi verticale dune grotte qui cominiiniqiic par une ouverture latérale avec la grotte où se I couve lautel

ANNO DOM INI C000LXXVII ODOÀCER REX RllVllNORVM GEPPII)I GOTFII VNGAIII 1:1 IIERVLI CONTRA ECCLE SIAM DEI SEVIENTES BEATVM MxÇr CVM SOCIIS SVIS {)VINQVAGINTÀ IN 1-100 SPELEO LAJ11TNT1BUS OB CON&ESS10NEJ FIDEI TRVCIDATOs PRECIPITARVNT NORICORVM QVOQVE PROVINCIAM FERRO Et lUNE DEMOLITI SVNT.

Si elle nest pas contemporaine du martyre de saint Maximus, cette inscription, qui mavait été signalée tout dabord par M. labbé A. Bouillet , nen fait pas moins alhision t un fait absolument authentique. Elle flOuS prouve aussi quavant le VI siècle, il existait déjà (les grottes erensées de main dhomme en Autriche... tout comme en ; nous verrons plus loin quen Sardaigne ou remonte à une tout autre antiquité.

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GROTTES DE MALECROIX.

Au nombre de deux; au sud-est et à 1 500 mètres de Brive; trous pour clôtures; deux trous à suspension; trois placards sans feuillures. 10 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (178

GROTTE DE LABOLIIC.

A 1500 mètres environ au sud-ouest de Brive, et aux abords de la voie ferrée de Brive à Périgueux. Cest une chambre creusée

(, Et un peu irrégulier et qui peut être considérée comme le prototype des grottes artificielles. Sauf en effet un placard très primitif et sans feuillure, des trous carrés pour clôturer la seule issue, on ny remarque aucun des aménagements que jai précé- demment énumérés. A demi fermée de nos jours par un mur en maçonnerie, lentrée creusée carrément, mesure une largeur de 3ni ,10; cette largeur atteint jusquà 4,50 à lintérieur de cette grotte, dont la profondeur est de 6 1 ,70, avec une hauteur de 2 1 ,15 au-dessus du sol actuel. Quelques grottes naturelles avoisinent aussi le hameau de Laborie. Beau panorama sur la vallée de la Corrèze.

VALLON DU VERDANSON i

Au sud, et à 3 kilomètres de Brive, près du hameau de Chas- tanet, grottes dUes des Anglais, comme au reste quelques autres; ce qui évoque évidemment le souvenir dune occupation à une des époques les plus néfastes de notre histoire. Ait de huit, ces grottes sont disposées sur deux étages. La plus curieuse se fait remarquer par une cinquantaine de niches en forme de gueule de four, ayant à la base 0111 ,25 de largeur en moyenne et autant de profondeur. Elles sont creusées, soit dans une des parois verticales, soit dans la partie horizontale dun entablement ménagé dans le rocher. Un obscur couloir cintré, creusé peut- être bien après coup, fait communiquer cette grotte avec une autre, qui lui sert de vestibule; un trou ovale, pratiqué à une certaine hauteur, la mettait en communication avec une troisième chambre, creusée à un niveau plus élevé. La grotte aux niches est fermée sur le devant par un mur assez récent. Quelle pouvait bien être la destination des petites niches? Voudra-t-on les assimiler aux coluïéavia du caveau sépulcral des maisons romaines? Elles sont b i en exiguës et nauraient pu recevoir que de très petites urnes funéraires; dautant plus petites,

(1) Affluent r. g. de la Corrèze, son cours est seulement de quelques kilomètres; il traverse le sous-Sol do Brive par les égouts nu commencement de ce siècle, il coulait air libre, divisant ainsi la ville en deux parts. (179) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BRIVE, 11

quil étai t dusage den placer deux dans chaque niche(). Après bien des hésitations nous avons pensé, M. Rupin et moi, quil pouvait sagit ici diiii simple pigeonnier; le pigeon na-t-il pas- été domestiqué à une époque fort ancienne(2) Nous retrouverons (les niches analogues, mais en très petit nombre, aux grottes de Bouquet. Une étroite corniche conduit aux chambres du second étage;

I. c,TLE. IU:S ANJLALS (DU CkIASFAN]:FI Daprin une photographie de M. Ph. LAI.ANDC. (Coiriiiuriiqué par la librairie I[rtlben, à Vienne.) au rez-de-chaussée, autrement dit, à la base de la falaise, des appentis formant toitures ont dû sappuyer au rocher, grâce aux trous cariés quon peut encore y remarquer.

Les mangeoires observées près de la grotte des Eyzies( 5) ( loc. cit.) par MM. Lartet et Cliristy, étaient dans lorigine protégées par un appentis établi de la même façon.

(1) ATHÛY flicir, Dict. des antiquités romaines et glecque.e; V. Colwnbo.ria. 3. (2) DARWIN, De la variation des animaux cl des plantes, tome 1, p. 216-217. (3) P. 5, note au bas de la page. 12 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. 1KO)

VALLONS DU ItUISSIAU nEN vii. KF L)U iiUiSSEAi; ni: Pi , AU N.—F. 1)11 ri.11i)ANSON

Ces deux ruisseaux mêlent leurs eaux avant de se jeter dans la Corrèze, H. G. Dans le premier de ces vallons, se trouvent les grottes de Régnac, eu pallie naturelles, et celles de Riaurne (dites

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("IWTrES DES ANGLaiS DE llI.uMs:) Daprès lice photographie de M. Pli. i,Al,AEr,F. alis c i grottes des Anglais), où lon remarque des mangeoires, une citerne et une grande excavation creusée en turuiie (lalcôve à O m ,40 au-dessus du sol. Une porte cintrée fait communiquer intérieurement les deux grottes. De bas en haut, laccès des grolles (les Anglais est impossible, on y arrive du haut eu bas, au moyen dun escalier encore indiqué. Vis-à-vis, et de lautre côté du ravin, une grotte aujourdhui inaccessible ().

i) Ce nest pas lexcavation naturelle quon peut r-marquer ui la gravure, au çecoul plan. lSIr LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE DRIVE. 13

A. lextrémité supérieure du vallon quarrose le ruisseau de Pian (ou de Cosnac), quelques grottes sans grand intérêt sont éparses autour du hameau de Malepeyre. On passe de là, un peu plus à lest, dans la

\ALL1I DE LA LOYRE().

Sur un des versants de cette profonde et abrupte vallée, au lieu dit : les Roches (com. de Cosnac), des grottes artificielles sont encore habitées par deux familles de paysans. Un de ces braves gens prétend posséder des papiers fournissant la preuve dun habitat ininterrompu depuis plus de quatre cents ans! Depuis lépoque des guerres anglaises, alors! Mais hélas! ces paysans ont acquis une certaine aisance et fait tout récemment bâtir deux maisons qui masquent en partie les grottes ; cest ce que jai constaté en décembre 189i... à 111011 grand regret. On arrive aux grottes, air de quatre, par une corniche creusée dans le toc, vers la partie supérieure de lescarpement. Là, nous avons vu il y a dix ans, servant encore à des usages journaliers, la plupart des aménagements intérieurs mentionnés dans laperçu général; trous à suspensions doit pendaient des provisions de ménage ;n ma geoires; petits bassins ; ; et surtout nu balcon en bois soutenu au-dessus du vide pal des poutres maintenues dans de profondes entailles carrées, comme on en remarque dans (lautres grottes depuis longtemps désertes. Le plafond (le la plus grande de ces cellules est su ppoiLé pat tut large pilastre dune seule pièce et (lotit les deux extrémités adhèrent air ; on voit quon a ménagé cc pilastre cri creusant la grotte. La partie supérieure a été façonnée cii forme de cluapi- (eau roman, orné de qut;it te liglurines grossièrement sculptées. Cc chapiteau a-t-il été sculpté (le la sorte lorsquon a aménagé le pilastre, OU après coup? Si la première hypothèse est la bomurir, cette grotte ne remonterait pas au-delà du xi 5 ou du xne siècle. Revenons maintenant au sud de Bi-ive (Tans la jolie

I)t, PLANCFIE-TOIITE.

Elle sétend du 5.-E, à lO. de Brive, sur un parcours den- viron huit kilomètres et renferme un grand nombre de grottes

(1) Affluent de la Corrèze, r. g, en amont de Brivi. Une autre Loyre s jette dans la Vezre, à . (2) Ces bassins existent surtout sur la corniche daccès; des rigoles ont été creusées dans la paroi rocheuse pour en drainer les suintements et conduire ainsi goutte àgoutte leau aux petits réservoirs. Ce svsUiue fonctionne toujours. 14 MM0IRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (18) groupées ou isolées. Cest également là que se trouvent la plupart des grottes naturelles, à silex taillés, mentionnées au début de ce travail; nommons les grottes de Coumbo-Negro, de Champ, du Raysse, des Morts, de Teyssoniera, de Rotso-Prioundo. On voit à lentrée des deux premières (19 et 28 mètres de profondeur), des entailles ou trous pour cliures; preuve qu après avoir été uti- lisées par les sauvages troglodytes de lùge du renne, elles ont plus tard servi de refuges à dautres hommes; ceux qui ont creusé les grottes artificielles(). Enumérons, parmi celles-ci, et en remontant le ruisseau, tout dabord les grottes de Bouquet, situées à la jonction des vallées de la Corrèze et de Planche-Torte; celle (le Ressaulier-Bassaler dans un vallon voisin; et, à partir du lieu dit P1ww/e- Torte, une grotte sans nom vis-à-vis la Coumbo-Negro; les grottes de Babas- tin et de Dabaste sous le hameau de Marcillac, de Saint-Goudou, de Itellet, de Lauinond, et enfin sous Riaume, mais dans le ver- sant sud (les grottes des Anglais se trouvent sui le versant nord) une grotte que jai découverte en chassant; voisine dune grotte naturelle, cest une simple chambre carrée, sans le moindre aménagement et encore plus primitive que celle de Laboric ( y . suprà). On remarque, à Bouquet, un grand placard à feuillure dans lintérieur duquel un deuxième placard plus petit est aménagé, et surtout des niches analogues à celles des grottes des Anglais ,. dit Cliastanet); elles sont au nombre de sept. Mais au lieu dètrc au fond dune grotte, elles sont ouvertes ù lextérieur et sous un faible surplomb; la photogravure des « grottes de Bouquet» laisse apercevoir trois de ces petites niches dans le fond à droite. Elles étaient protégées par une clôture â claire-voie maintenue au moyen dune petite rainure et de trous espacés que lon voit encore. Cest â Bouquet, surtout, quon ne peut penser ai aux niches à idoles, ni aux columbaria funéraires. Rabastin, grotte isolée, était divisée en deux étages au moyen dun plancher reposant sur des poutres que maintenaient de pro- fondes entailles carrées; ces étages communiquaient par deux escaliers ménagés dans la paroi rocheuse et qui existent encore en partie. Bellet attire les regards pal ses escarpements majes- tueux où souvrent béantes quelques grottes larges, hautes, 1)011 profondes et parfois dun accès diftieile. Le hameau de Bellet est

(1) Une petite glotte naturelle, située tin peu en coutre-bau de la Couinho-Negro, et ou des sondages nont pas fait trouver le moindre silex, s servi de lu(fis à un ouvrier dorigine italienne, pendant les travaux de construction de la voie ferrée de Brive à Cahors, qui franchit en effet, par un assez beau viaduc, la vallée de Planche-Torte, tout près de la Coumbo-Negro, (183) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE I31(1VL. l près de la rive droite dii cours deau; presque en face (rive gauche) le groupe de Laumont est le p1tts important de cette vallée. 011 y compte Une douzaine de grottes échelonnées sur quatre étages. Ou ne pouvait accéder aux chambres supérieures que par un couloir extérieur offrant h lentrée de profondes rainures destinées à recevoir une barriére; quelques-unes de ces chambres

Gorri I)L, LOIJQL LI.

après une phoLograptiic d M. Pli. LAI.Aai,E. (Communiqué par la librairie IlirLieben. de Vienne.) ne pouvaient communiquer entre elles que pal un balcon supporté par de fortes poutres, placées dans de profondes entailles qui attirent le regard. Un banc est taillé à la base de la paroi dune des chambres et dans une autre salle, ou Ielflar(lUe un trou de forme presque cir- culaire (diamètre : 2 mètres; profondeur : I nnùtrc, et dont les parois verticales offrent de petites entailles symétriques. Le ruisseau de Planche-Torte a pour affluents les ruisseaux de Combe-Longue et de la Courolle. 16 MÉMOIRES DE L DE SPÉLÉOLOGIE. (184)

VALLON DE CONDE-LONGUE.

Cest dans ce vallon, sur la limite des communes de Bi-ive et de Noailles (tuais coinuittue de I3rive que se trouvent les glottes de La u io U 10 (IX.

IiL1 lE DES (DIOTTES DE L.l1OLlO1X

Dapriin une photorn pli ic de M. Ph. LALAOE. (Coin ni parla Iihriiic lIrlll:I Vinn).

Au nombre denviron quatre-vingt, malgré un éboulement sur- venu en 1837 et qui eu a détriiituiic partie, elles sont échelonnées vu cinq étages sur un parcours de 300 mètres. Un viaduc Brive-Cahors) les avoisine et des tènêtres de son wagon le voya- geur peut en voir la majeure partie. Laspect de la colline où est creusé ce village troglodytique est des plus pittoresques; de loin, on dirait une immense ruche. On trouve à Lamourotix des escaliers extérieurs, les inévitables trous à suspension, des placards, une série de mangeoires ou (I5) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE DRIVE. l auges avec trous (lattache pour retenir les animaux(), un grossier pilastre dans une des chambres; dans une autre, à côté de man- geoires, un silo rectangulaire creusé dans le sol rocheux( 2;; une profonde citerne située vers le milieu du troisième étage; enfin, justement lion loin de cette citerne, les restes de peintures murales dont il a déjà été question. Le 17 août dernier, je conduisais à Lamouroux mon parent, M. .1. de Brettes, lexplorateur bien connu de lAmérique du Sud. Son attention se porta tout dabord, au rez-de-chaussée, sur des trous cylindriques tient le diamètre est celui dun bâton ordinaire et qui senfoncent obliquement dans la paroi verticale. Ces trous ont dû être ménagés, me disait M. de Brettes, pour y enfoncer (les bâtons formant ainsi Ufl angle avec la paroi rocheuse ; à lex- do ces hâlons, ou pouvait dès lors suspendre une marmite au-dessus dun foyer, comme au campement. Cette hypothèse est dautant plus plausible, que ces trous oiit forés à lentrée des grottes ou ou les remarque, et cest évidemm ent à lentrée quon allumait les foyers. M. de Brettes considère nos grottes de Lmouronx comme une des curiosités de la France. Ce vallon (le Combe-Longue renferme aussi deux antres groupes beaucoup moins importants; celui del voc nere(3) sous le liuneali de Madelbos, et celui (]e Moutajoux, vis-à-vis Lamou- I onx, sur lautre rive. Les grottes de Monrajoux sont alignées sur une rangée unique au nombre (le six ou sept et à timie certaine hauteur an-ilessiis du sol; on arrive par le haut de la colline aux trois glottes de droite, et elles communiquent outre elles; muais les autres sont devenues absolument inaccessibles sans échelle. Ds abris naturels, comme au surplus à I umi1ouiroux, se voient encore au niveau du sol.

VALLON DE L5 COUROLLE.

Le groupe le plus important est celui (le Siaurat, dans une falaise de grès du trias, entre les hameaux de Siaurat et du Mas, à la partie supérieure dun petit vallon, affluent P. d. de celui de la Cou rolle. Ce groupe se compose dune quinzaine de grottes échelonnées

(I) cette destination nest pas douteuse: oa remarque en effet dans une de ces séries les peLits trous pratiqués pour létablissement du rutelier. (2) Leu paysans lapiellait lu cols., il I, Tunu la grotte li la Lus iv cette Cavité rectangulaoIli NSC ii-t l;iiteni I5, JCUIQl]JC peur avoir servi de tombeau. liii rocher mm is MÉMOIRES DE LA qociÉrL DE SPÉLÉOLOGIE. (186) en deux étigcs sur un parcours dune centaine de mètres; il se subdivise, comme à Mourajoux, cii deux sous-groupes qui ne communiquent pas entre eux. Les chambres dont ils se COtflpoSeIIt sont indépendantes et donnent toutes sur mmii corridor extérieur dont les extrémités pouvaient recevoir des clôtures. Nous voyons, au milieu du sous-groupe damont, une petite salle qui a du servir détable; ou y trouve encore une mangeoire accostée du trou dattache. Cest à lentrée de cette salle que nous avons découvert sous la mousse la date (158) dont il a été déjà fait mention. Un des bassins deau les mieux conservés se voit dans une chambre voisine. À la base de la falaise, une grotte et plusieurs abris naturels. En remontant la Courolle (r. d.), on arrive aux grottes de Puy- Labrousse; une delles, isolée du groupe principal formé de cinq ou six chambres, mérite de fixer notre attention. Elle souvre à pic sur la vallée à une assez grande hauteur, mais elle na daccès qua retro, par une petite ouverture ovale, précédée dmimi couloir étroit, masqué par dénormes rochers et qui pouvait être barricadé au moyen de fortes traverses; les entailles carrées destinées à les recevoir sont bien visibles. A Puy-Jarige, comme à Monrajoux, série de grottes alignées à une centaine hauteur, les chambres (le droite devenues inacces- sibles. Cest également par le haut quon peut arriver aux trois salles de gauche, où lon remarque des mangeoires. Une delle, masquée par un mur récent, est devenue un pigeonnier moderne. Abris sous roche, à la base de la falaise, et, parmi eux, une grotte naturelle, dont la fouille noms a fourni (Plie, Massénat et moi) des silex taillés du type magdalénien (tans un foyer non remanié et enfoui assez profondément; la couche supérieure recé- lait dinsignifiants tessons de poterie et im poinçon eu bois de cerf, portant des traces évidentes de travail. Ce groupe de Puy-Jarige est le seul qui nous ait offert, au milieu des grottes artificielles, une grotte puléolithiqueet qui pourrait bien avoir été réoccupée à lépoque néolithique comme celle du Puy de Lascannp, dans la vallée de la Corrèze. En remontant toujours le vallon de la Courolle, on rencontre (r. g.) les grottes du Long-Peuch et (r. di, sous le Puy-Laborie, près de la source, une rangée de trois ou quatre grottes inacces- sibles, au-dessus dun abri sous roche, dont le ruisseau naissant baigne la paroi. Les grottes du Long-Peuch, dun accès difficile, sont au nombre dune quinzaine. Dans un vallon sauvage, qui débouche sur la rive gauche, deux

grottes IDgéminées, voisines du hameau de Peyrebrune; la Combe (187) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BRIVE. 19 des fours, autre vallon (r. g.), possède les grottes de Tronche, ainsi nommées dun bandit qui y avait établi soit Elles comprennent deux ou trois chambres dans la falaise à pic (toujours le grès du trias) qui ferme la Combe; on ne peut y accéder quen se hasardant sur une étroite corniche aérienne surplombant le vide à une assez grande hauteur(). Nous en avons fini avec les grottes que recèlent les vallons rive gaucho de la Corrèze. Sur la rive droite, la vallée du Maumont seule nous montre les grottes de Grand-Roche au nombre de trois (commune de ), dun accès difficile et creusées dans le grès rouge (permien sup.). Signalons aussi dans cette même vallée, sous ce qui a été le château de Lentiihac, une grotte creusée à la superposition des deux grès (permien et triassique) dans le fond, souvre tin couloir obscur conduisant à une rotonde, également souterraine et où lon remarque quelques mangeoires (dans le grès rouge); de la, un autre corridor conduit à une salle carrée. Le souterrain de Lentilhac rentre donc, malgré la grotte extérieure qui le précède, dans la catégorie des souterrains refuges. Le Maumont se jette dans la Corrèze un peu en amont du confluent de la Vezère, qui, elle-même, reçoit à Objat la petite Loyre (le Lonyro), quil ne faut pas confondre avec la Loyre déjà mentionnée; je ne puis signaler, dans les coteaux de grès rouges qui séparent la Vezère de soit que les grottes voisines du hameau dAuxteyreix, qui domine la rive droite de la Vezère, non loin de de Saint-Viance, et, dans la vallée de la Loyre, les grottes de Rochebacou, en amont de . Je nai visité ces deux groupes (signalés par M. Louis de Nussac) quune seule fois, en compagnie de M. Rupin et par un mauvais temps. Malgré la distance qui le sépare de la Vezère, le puy du Chalard, distinct dlssandon par un simple col, fait partie du bassin de la Vezère (2). Une petite grotte naturelle existe dans le calcaire liasique dont est Ibr yné le sommet de ce puy (cote 294); dans le grès triassique Ou infraliasique sur lequel il repose, souvre au midi une petite grotte artificielle ; cest une chambre à peu près carrée dont la porte cintrée est large de Dimensions de la grotte longueur . rI16O largeur 2 11 ,59, hauteur 2,15; au fond, un banc; deux grands placards et deux petites niches complètent laménagement intérieur. (V. le plan, P• 123 ou (191.) s (1) (.e t dans les iu(tnes conditions quau gouffre de Bède (Abîmes, p. 06), on accède à la grotte fortifié dite cro:o èoslido (grotte b;ltie); on voit encore les ruines du mur qui en fprmait lentrée. (2) Des monnaies gauloises et romaines associées à dautres objets antiques. des puits funéraires, de nombreuses poteries, prouvent que les puys dlssundon et du Chalard ont été occupés dès laurore des temps historiques. 20 MÉMOIRES DE LA SOClTÉ DE SPlLOLOGlE. (188)

La Vezère entre dans le département de la 1)ordogue non loin de la jolie petite ville de rIr1lsOn nous ne sommes plus dans la Co rr èze, ruais si près que je tic crois pas devoir passer sous silence les grottes de Saint-Sour (dans le lias, assez voisines de la grotte paléolithique de Pouzet (; ; alaisées par la main de lhomme, elles servirent dasile au vi 0 siècle, à saint Sour et à quelques disciples que les miracles opérés par le saint ermite ne lardèrent pas à attirer eu ce lieu (2• flapprochous ce fait historique (le lliabi taLion par sai n t Maximus des grottes de Salzburg en 477, comme il a été déjà dit Passons maintenant de la Vtzère é la Couze, un de ses alluents. Les lecteurs des Abirnes( 4 savent déjà que celte curieuse petite rivière, après un parcours aérien de pliiie ii s kilomètres su r le grès du trias, arrive près de la station de Nuai les ( Va Brive- Cahors; aux terrains jurassiques, renconlie une faille cl disparaît peur se montrer de nouveau au Dlagow, lin peu cii amont du Soulier-de-Chateainx. Signalons deux grottes creusées de main dhomme, dans le bourg même du Soulier, et séparées lurne de lait tre pan la Couze. La 1)1115 curieuse souvre (r. é. près du sommet dune falaise jurassique absolument à pic, et ticst acces- sible, connuniiecelle de Puy-Labtousse ( y supra) que a retro ». Ijnt etroit sentier conduit é une oit verture ile dimensions exigtiés, pratiquée dans Je lafondp de la grotte; on y descend ait moyeu dune petite échelle. Béante sur le vide, cette grotte, dont laire petit avoi r 5 ou G mètres carrés, est en partie fermée par lin petit mur servant (le gal I e-lon A u-desotns, tin lange abri peu profond, bien carnéniieut creusé dans la falu se ; les paysans dit li I luisent pour abriter (les fourrages. Partout, à la base des falaises, on remarque des trous cariés qui ont dd jadis recevoir des poutres ou appentis for- inant toitures. Emifma une des habitations modernes nest autre

(I) \.5peLinca, t I", ii 0 2, p. ._N,tu au lias (le la page. 2) Lu vie de saut Suai, e,,ytjt,_ et Premier abbé de Teirassoa, par labbé Leti6oî, I83 3) Au risque Je passer pour un peu proJixe, je vais rapportai ici une tradition populaire sur itiigiute de Trrr;tssiit. Contras, roi (le Bourgogne vint un h,au jour demander à notre saint ermite la gué- risua dune cruelle maladie, [.es prières de saint Sour ayant éli, exaucées, le roi demanda sut cénobite ce quil pouvait faire pour lui ttmoignsr ail reconuaissanCe. Il fut convenu que le roi hàti tait un ittotiastète. Sur ce, le bon saint Sour bicha deux colombes qui partageaient sa solitude, cil Ciisiint : Quelles scuvuleiit, et le monastère sera buiti tin lieu ou elles se poserout. s les colombes finirent par toucher terre, là même où se dresse la vieille église, et toits les spectateurs sécrièrent « A terra soun à terra soun: » (elles sont à terre! ,;. Doù vint à ce lieu le nom de Teiua.sson (eu patois Ieirossoun;. Les Ab i,tt es, p. h-3ti i,

(189) LES 3flOTTES RTWIC1ELLES DES F.NVïflON DE BifiVE. 2 1 et icaqit. pal (1uLltIc grotte (le plain-pied avec le Sol titi min- percé dune poile et de feitetres. La grotte de la rive gauche ii. la forme doue chambre ovale eu

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GROTTE AU SOUTTF»a-DE-CH STFUX tYapres une photographie de M. Ph. I,ALANPE.

partie fermée par une paroi rocheuse ; tin abri, au niveau dit soi, est utilisé par les indigènes. De ce pittoresque bourg du Soulier un affluent. (r. d.). Lr Bui- charel, flOttS conduira SOUS le puy «Audan, près du chOEteati (le Moriolle. Nous voici revenus ait du trias, non sans côtoyer 22 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (190) au préalable, à la sortie du Soulier, une grotte naturelle peu curieuse et, sous Lesparse, une goule qui avale un minuscule ruisseau, souvent à sec en été. Aménagées par leur propriétaire, M. de Lépicay, les grottes dÂudan offrent aux visiteurs du château de Moriolle lin agréable but de promenade; elles sont au nombre de huit, en bel état de conservation et remarquables par leurs cloisons intérieures"" Ce groupe est précédé par une falaise peu élevée que couronne un bois de sapins; à la base, des sièges ont été taillés en plein roc. Revenons maintenant sur les bords de la Couze, en amont de la perle; cest une Thébaïde de verdure et, dans un vallon qui remonte vers Jugeais (r. g.), nous trouverons encore quelques grottes creusées de main dhomme. Une delles fut le théâtre, il y a de cela une quinzaine dannées, dun crime révoltant que son auteur, un nommé Taurisson, paya de sa tête sur une des places de ltille (21 Un peu plus en amont, sur la rive gauche de la Gonze, une grotte naturelle à silex taillés, dite « chez Bertrand ; plus en amont encore et toujours sur la rive gauche, une rangée de quatre grottes artificielles à côté dun abri naturel que balaye le cours deau. On accède aisément à la première grotte, à gauche; diffici- lement à la seconde ; quant aux deux dernières, un peu plus élevées au-dessus du ruisseau, des éboulements qui paraissent anciens en ont rendu laccès absolument impossible sans échelle. La Couze, le ruisseau de Plauclietorte, celui dEnval, prennent leurs sources sur le revers nord des coteaux de Monplaisir, que traverse un long tunnel (via Bmive-Capdenac); le revers sud voit naître un affluent de la Dordogne (r. d.).

LA TOURMENTE.

La partie supérieure de cette vallée (grès du trias), recèle une petite série (le grottes artificielles et de grottes naturelles; une de ces dernières, en partie fermée par un mur en pierres sèches, très moderne, laisse apercevoir à lentrée des trous pour clôtures, comme à Champs et à Coum ho-Negro. Les grottes artificielles de la Maurel et du bois de la Lune noffrent aucune particularité remarquable; il nen est pas de

(I) Il y avait là deux groupes bien distincts et sans communication entre eux; M. de Lépinay a fait percer dans la cloison une porte cintrée. (2) Ce misérable y avait assassiné une jeune fille après "y avoir violée. (191) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS l)E DRIVE. 23 mênie des grottes de Veyssel creusées ait dun coteau escarpé, sous le village de Gernes (commune de Turenne). Il y a là deux grottes artificielles que relie un abri naturel sou-

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Daprès en plan de Ni. Rtpm. vrant sur une étroite corniche (); la grotte (le gauche (de gauche, en regardant le groupe), et dont voici le plan par terre, copié sur un relevé de M. Rupin, diffère de tout ce que DOnS avons déjà vu.

(t) .ltcris ces lignes le lendemain dune nouve!Ie visite aux grottes de Veyssel, pour prendre ses dimensions précises.., et deux clichés. MIMO1RES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (t9

Elle est compartimentée, comme dautres au surplus, par deux cloisons peu épaisses; mais 011 V remarque, à la base des parois et façonnés dans le roc même, une cure cy lindrique et six bassins rectangulaires dont les bords dominent de U,40 à O°,!JO laire (le la grotte; deux autres auges sont creusres dans le sol même, à quelque distance du groupe des bassins (Voit le plan) (). Je viens de prendre des dimensions très précises, les voici Cuve cylindrique; diamètre, 1 111 ,30; profondeur, 0,(i. Elle est percée (entre les deux bassins de droite et de gauche) (lun trou de bonde (diamètre, 0111 ,05 pratiqué au niveau du sol de la grolle et débouchant, par conséquent, un peu au-dessus du fond de la cuve. Bassin n° I (à droite quand on tourne le (105 à la cuve cylindri- que, voir le plan 2 1 ,20 de longueur, 0",75 de largeur, 0",60 de pro fo n deti r. Bassin n°2 (à gauche de la cuve) : 21,20X0n,7001,60. Bassin n° 3 (paroi ouest dune des cloisons rocheuses) : 2m , 1 O >< O",70 >< CeCe bassin, en mauvais état de conservation, et mis en communication avec le n° 4 par nui trou ovale ((le 01,88 sur Om,50) pratiqué dans ladite cloison. Bassin n° 4 1,30 >< 0111 ,80 >< Bassin n° 5 (sur lautre paroi de la cloison; rasé jiiesctie au niveau du sol; 1,50 de longueur, 0",6( de largeur, profondeur mille. Bassin n° G. Le plus long; 2 111 ,80 >< 0,80 >< Négligeons les petits silos creusés dans le sol mème La profondeur actuelle de ces divers bassins «est pas la pro- fondeur primitive, à cause (le ]a terre et de la poussière. (désag- giégatioii lente de la roche, apport des vents) qui tapissent le fond. « Cest, une buanderie! » Telle fut notre exclamation lorsque nous pénétrâmes ensemble pour la première fois dans cette grotte, M. Rupin et moi. Dautant mieux que deux larges et profondes rainu ues, en apparence ménagées pour lécoulement des eaux, entaillent le - garde-fou - et sillonnent perpendiculairement la petite falaise qui rend celte grotte inaccessible de lace(). Une buanderie ! tuais alors, pourquoi les bassins ne commu- fliquent-ils pas entre eux au moyen de trous (le bonde, Et puis... leau de. la Tourmente se trouve un peu loin et ta pente du coteau

A) Uniquement plan par terre: pour donner une idée complète de la grotte, il audiaii, en outre, deux coupes. (iii verrait alors le petit garde-mu qui règne tout le long dune large baie ouverte sur un escarpement qui la rend inaccessible sans échelle. Lentrée (le plain-pied. ù louest, e»t basse et étroite. (2) Comme dans une des grottes de Lamournux, In rotso de in toumbo (V. suprû). (3) Ces deux brèches sont indiquées sur le plan. (193) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BRIVE. 2b est bien raide! Voici une autre hypothèse; le lecteur en fera ce quil voudra. La Clive cylindrique aurait servi à conserver une réserve deau le lou de bonde facilitait le nettoyage. Quant aux bassins rectan- giilaires, on pourrait y voir des couchettes dont le fond aurait été garni de feuilles ou de fougères sèches. Les habitants de la grotte de Veyssel étaient donc les sybarites de leur temps. Je ne tiens pas à faire triompher cette manière de voir en ce monde... lot capita, lot sensus! Eu général, si lon tient à imposer ses idées, ce nest pas uniquement pan amour pour la vérité, mais surtout pal simple satisfaction damour-propre. Eu tout cas, les gens du pays nont conservé aucune tradition pouvant fournir quelques éclaircissements, même sur le dernier habitat de cette étrange demeure. Pour se rendre à la seconde grotte, on soit de la grotte aux bassins par une étroite ouverture au sud; elle débouche sur une corniche qui conduit à cette seconde grotte eu côtoyant un abri naturel; truc cinquantaine de mètres sépale ces deux chambres. La seconde noffre dautres particularités que de simples cloisons rocheuses. Ses dimensions sont, à peu près, celles de la première. Je terminerai la nunienelature déjà bien longue, des grottes artificielles dont je puis parler de visu, en signalant (com. de S:iint-Juulien-Mauruiont, cant, de ) Io ïotsopotiou, creusée dans le grès (lu trias. Ovale irrégulier (le 9 mètres de longueur, 3111 ,0 et 1 111,70 de profondeur; I ,7 de hauteti r. Un placard simple et un placard à feuillure. Je ne lai vue quune fois, en compagnie de MM. Ermg. Borie et Rupin. Des vestiges de substructions romaines existent encore à très peu de distance. Disons aussi quune des grottes de Maleval, qui souvrent sur le versant O.-N.-O. du puy de Saint-Robert, dans le lias inférieur, a été élargie par la main de lhomme; elle plonge ensuite (tans le noir jusquà une profondeur dune soixantaine de mètres. Mais le vestibule, où les traces de loutil sur la paroi de droite sont encore bien visibles, forme une belle salle, fort convenable pour un habitat. Des fouilles y seraient peut-être fructueuses.

Les grottes artificielles dans le genre des nôtres ne sont certes pas une spécialité de larrondissement (le Brive ; peut-être sy montrent-elles plus groupées, plus nombreuses quailleurs. Citer en France tous les termes de comparaison que nous pourrions invoquer, nous conduirait un peu loin. Indiquons seulement, et dune façon très sommaire, les Ceules du département de lAisne, 26 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (194) décrites par M. Piette (1), les grottes de Saint-Marc, près dAngou- 1ème, étudiées par M. Alphonse de Rochehruue(2;, les nombreuses et fort intéressantes grottes de Jonas (Puy-de-Dôme, commune de Saint-Piciïe-Colamine) (3); les trous de Mesehers (Charente- Inférieure), grottes artificielles reliées à lextérieur par une rampe étroite (comme plusieurs des nôtres) et qui servirent de refuge UUX Protestants, au xvi0 siècle (4 ; plus près de nous, dans la Dordogne, dassez nombreuses grottes artificielles avoisinent les classiques stations préhistoriques du Moustiers, des Eyzies, de Lauigerie et plusieurs dentre elles apparaissent au voyageur quen- traïne la voie ferrée de Périgueux ii. Agen. Les grottes fortifiées quon trouve çà et là dans le Lot ont été, pour la plupart, amé- nagées sinon creusées de main dhomme. Rangeons également dans cette catégorie les demeures troglodytiques telles que le Boundalaou, Riou Ferrand, les Fadarelles, le roc dAucor, où M. Martel a constaté des traces du passage de lhomme et qui sont inaccessibles par les moyens naturels; elles doivent être attribuées à des falaisiers ou habitants des falaises. Nous y reviendrons un peut plus loin; ces falaisiers devaient être très proches parents des premiers occupants de nos grottes co rréz je ri ne s. A létranger, jai déjà cité les grottes-chapelles de Saint- Maximus, près de Salzbourg 5 ; M. Bariug-Gould a eu lobligeance de menvoyer deux photographies de grottes creusées dans le grès rouge (Shropshire) et je vois quun de ces groupes est encore habité, comme chez nous les Roches; dans un des numéros de SpelunCa, miss Owen nous parle des c Cyclone cellars , et des e dug ont s, cavernes artificielles dans lAmérique occidentale, et oit pense généralement quelles ont servi de demeure aux peuples les plus primitifs de cette contrée. Jinsisterai davantage sur les grottes artificielles de la Sardaigne. Voici ce quen dit Bâtissier(6): « Il existe en Sardaigne... un nombre considérable (le grottes taillées dans le roc; ces excavations ont été pratiquées dans les parois verticales des collines qui ceignent les vallées; ce sont des espèces de cellules à ouvertures carrées paraissant de loin comme une file de fenêtres. Chaque porte donne entrée dans de petits appartements composés de plusieurs chambres.

(I) Malériauj pour lhist. (le lhosassse, 1802, P. 121. (2) lieu, de la Soc. as-eh. et hist. de la Charenle, 1868. (3) Dict. géogr. el admisi, de la France, par PAU bANNE, V. Jouas (grottes de). () DicI. IAUI. Jossxc, r. Meschers (gravure). (5) Quil me soit permis de réparer ici une omission; jai oublié de mentionner la grotte-chapelle de Saint-Cybard, sous les vieux remparts dAngoulême. 1,6) histoire de lart sssonumental, p. 33l. D.piè uu phLogrdil;Je J a M. lI.S.I.I.ÉI

Extrait du Dctionua ire géographique et a 4 oiiidjlra(if de la Fraoce, p ar M. P. Jouri.

(Communiqué par M.M. HACHETTE et C".) MÉNIOIRLS DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (196)

Cette description pourrait parfaitement sappliquer à la plupart des habitations troglodytiqiies des enviions (le Brive. uestioniié sur les glottes de Sardaigne, lérudit et obligeant M. G. Vuillier me répond avoir effectivement vu des grottes creu- sées de main dhomme dans les environs immédiats de Cagliari mais comme elles ont été lobjet détudes techniques, M. Vuillier Den dit quun mot dans ses « lies oubliées s, le voici : Nous « errarnes des après-midi entiers dans le faubourg Saint-Aven- « (Irace, où se trouve la grotte de la Vipère, reste curieux de « lère Phénicienne s. Et M. Vuillier ajoute dans sa lettre « Eu effet, des inscriptions ciselées sur le fronton de la porte dentrée témoignent (le cette origine ().

Voici qui va nous permettre de hasarder quelques hypothèses sur la cause première de nos grottes creusées de main dhomme. Une date nous permet daffirmer que les grottes (le Siaurat V. supra) ont été occupées en 158, pendant les guerres de reli- gion ; le nom de - grolle des Anglais - donné à quelques groupes par les gens du voisinage, évoque le souvenir des terri- bles guerres qui terminent la période du moyen àge ; les grottes de Saint-Antoine de Padoue ont été habitées, par le célèbre thau- maturge en 1226, mais ce nest certes pas lui qui a pris la peine de les creuser on de les alaiset ; celles de Saint-Sour (toc. cil.) font parler delles dès nos premiers rois mérovingiens (2). Mais au delà de ces temps, déjà bien anciens, les témoignages de lhistoire ou de la tradition nous font complètement défaut. Nous avons alors interrogé le sol; nos récoltes ne peuvent élucider la question. Des fragments de tuiles à rebord ont bien été recueillis au milieu des éboulis de Lamouroux, mais ces restes de lindustrie gallo-romaine ne sont certes pas rares dans notre arrondisse- nient Nous espérions trouver mieux dans la vase de la citerne de Lamouroux et nous avons profité dune sécheresse pour la fouil- ler à fond, MM. Rupin, Elle Massémiat et moi; rien 1 sauf de petits blocs de pierre oolithique et de travertin. Or, comme les bancs de travertin sont loin de là et que, daprès Bâtissiei (ouvrage cité), les Romains couvraient le fond et les patois des puits, des

1) Un peu plus loin, M. Vuillier me dit : o Vous trouveriez des détails précis dans louvrage de La -Marmora sur la Sardaigne; niais où se procurer ces volumes rares? » Je lignore ii mon tour. (2) Pour lépoque Carolingienne, jai lu dans . je ne sais plus quel ouvrage que, pendant les invasions Normandes, les populations du Limonsiu se ré(ugireut dans les grottes naturelles ou creusées «le main dhomme. (197) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BRIVE. •29

citernes et des aqueducs avec un ciment dont Vitruve donne la composition et quon mélangeait de morceaux (le tuf, M. Rupin a pensé que la citerne tic Larnouroux pourrait bien avoir été enduite intérieurement de mortier (sgnfulem opus) à lépoque romaine; nos petits blocs de tuf (ou travertin) semblaient liridi- quer. Des tessons de poterie grisâtre, parfois non tournée et simple- ment séchée au soleil, ont été recueillis sous presque toutes nos grottes, notamment à Lainouroux, à Siaurat, à Puy-Jarigc: mais ils ne caractérisent pas une époque, sauf peut-être un gros frag- ment de lorifice dun vase grand et épais, ornementé (le dessins en creux très grossièrement faits et qui pourrait bien remonter à une époque anté-romaine. Jai moi-même trouvé ce débris àSiau- rat, dans une excavation naturelle qui souvre au-dessous des grottes artificielles. Là aussi, comme à la base des escarpements de Lamouroux, de Puy-Jarige, de Bellet, etc, jai ramassé des éclats de silex )yromaque. Cette substance minérale ne se trou- vant pas dans les grès, les moindre lames, les déchets eux-mêmes ont une signification; surtout quand on constate leur présence aux alentours dhabitations troglodytiques.

Daprès ces données, à quelle race humaine peut-on bien attri- buer le - creusement -- des grottes artificielles? Celles de la Sardaigne semblent avoir, on la déjà vu, une origine phéni- cienne.., à moins que linscription (le la Grotte de la Vipère ne Soit postérieure au premier habitat. Un (le fl05 archéologues cor- réziens, M. Gaston de Lépinay )loc. cit.) qui sest occupé avant moi de cette question passablement obscure, a lu pendant nue des séances du congrés archéologique de France )LVII O session, à Bi-ive, en 1890) un mémoire plein dérudition où il désigne les Ligures. Les hommes appelés podionomites par M. Roujou, pro- fesseur (le sciences à la Faculté de Clermont, et Falaisiers, par M. Martel seraient alors des Ligures, cette peuplade Aryenne qui a rayonné, sur lEspagne, la Gaule, lItalie du nord et la Grande-Bretagne entre le xvc et le xe siècles avant notre ère, pour me servir des propres termes de M. de Lépinay. .Je vois aussi dans le Dict. are1zéologque de la Gaule, Vo Ligures, quil est incontestable que les Ibères et les Ligures ont été connus des navigateurs phéniciens et grecs avant les Celtes. Antérieurement à la guerre de Troie, les Ligyens (ou Ligures) avaient chassé

(5) Voir suprz et Les Abîmes, p. 178, 183, 233, 31. 30 MÉMOIRES DE LA SOCIeTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (18) les Sicanes de la péninsule Ibérique et occupé la Sicile (V. DicI., loc. cil.). Bien quelle ne soit pas mentionnée par les auteurs anciens quénumère larticle dont jinvoque lautorité, la Sar- daigne nest pas très loin de la Sicile; Ligures et Phéniciens pour- raient donc y avoir pris contact. Mais, si elle est plausible, lhypothèse de M. de Lépinay nest quune hypothèse. Aux lecteurs de ce mémoire le soin de se faire telle opinion qui leur plaira, daprès les descriptions de nos grottes et les quelques gravures qui accompagnent mort Rappelons seulement ici que M. Cartailhac ne serait pas éloigné de faire remonter ces demcure antiques à lépoque de la pierre polie; il semble en outre évident que les hommes qui les ont creusées se sont inspirés des grottes naturelles après avoir tout dabord utilisé celles-ci. M. de Roehebriine a trouvé sous les grottes de Saint- Narc ( y . sujvà) un cimetière préhistorique), où cet archéologue a fouillé des tombes qui établissent un lien entre le mode de sépulture en gros blocs et le sarcophage a; puis, des ruines appar- tenant incontestablement à lépoque gallo-romaine; enfin, ces grottes ont servi de cellules à des ermites ait siècle. M. de Rochebrune, abstraction faite des traces laissées par les outils en fer du dernier habitat, croit que les grottes ont dù être creusées à làge du bronze. Pour ma part, avant de me faire une opinion bien arrêtée, je voudrais savoir si lon a découvert dans lAsie centrale, ce berceau des races primitives (1LIi ont sillonné lEurope dès lépoque néolithique, des grottes artificielles dans le genre des nôtres .

Il est hou, ce me semble, de terminer cette étude par un répertoire des communes (le Larrondissement de Brive oit nous avons examiné des grottes artificielles.

(1) Jaccompagnais M. AIph. de flochebrune, le jour oit quelques indices le mirent sur la voie de cette découverte intéressante. 2) Dautre part, une tes

Il sagit ici de Hautile, sur les bords de la Seine, près de la Roche-Guyon. J5 von- drais bien savoir si ces logis ci eusta dans le roc y existent encore (comme chez noue, aux Haches), et de quelle nature est ce roc qui cède et se coupe aisément. (199) LES GROTTES ARTIFICIELLES DES ENVIRONS DE BRIVE. 31

CANTON DE BI1IVE.

Conune de Brive. - Grolles de -airit-A Iit.nifle (le Padouc, de Malecroix, de Laborie, du Chastanet, de Bouquet, de Ressaulier- Bassaler, de Planche-Torte, de Saint-Gondon, de Habastin, de Dabaste, de Bellet, de Latirnont, (le Riaume (versant sud), de Sianrat, de Puy-Labrou , de Puy-Jarige, de Larnouroux. Commune (le Comme, - Grottes de Hiauine (versant nord), on des Anglais"), de Régnai-, de Malepeyre, (les hoches. Commune de Jugeais. - Les grottes de la vallée de la Haute- Couze. Commune de Noailles. - Grottes de Mourajoux, (le Madelbos (oit voc )ieg)-o) et grottes du versant Sud du Puy-Laborie. Commune d. Grotte et. souterrain-refuge (le Lentiihac.

CANTON I)ÀYEN.

Conne de Saint -Robet. - Une des grottes de Maleval. Commune d }ssa?ulon. - Grotte du puy du Chalard.

CANTON ui 1)0NZENAc.

Cwnmune de Dnuzenac. - Grottes de Grand-Hoche. Commune de Saint- Viance. - Grottes de flocluebacou et dtixteyreix.

CANTON I)E LARdE.

Commune de Chasleaux. Grottes du long Ieuich, de Peyre- brune, du Soulier. Commune de Lissac. - Grottes de Tronche et du pu y dAiudui (ou de Moriolles).

CANTON DE MEYSSAC.

commune (te Sairil-julien Maumoni. - G iolte dite Io uotso poutirOu. Commune de Turenne. - rottes du bois de la Lune, de la Maurel et de Veyssel.

(I i Je crois devoir rappeler que If-s grottes du Cliastanet et de Ressaulier sont égale- ment dites des Anglais. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE. (200)

Ne quittons pas nos grottes artificielles sans examiner un peu leur flore; quelques spéléologues ne peuvent-ils être également botanistes? La décoration végétale des grottes de Saint-Antoine est vraiment remarquable; négligeons toutefois les glycines et les roses grim- pantes, plantes cultivées, pour nous occuper plus spécialement des belles fougères (polyslicluon flUx mas, aikyrium flux Rnzina, aspienium adia)ztum nig;um, a. frichrnnanes) qui tapissent voûtes et parois; une jolie saxifragée, le c/rysosplenum opposUifolium dore au printemps les parois les plus humides. Dans presque toutes les autres grottes on retrouve les fougères déjà énumérées, plus aspienium lanceolalum, adian//mn Cap iUus vencris, pOlypO- dium vulgare, aspidiunz angulare, poiys(ich ion spimdosum et, surtout sous les grottes de Monrajotix, le rare grammitis lepto- pliylla qui accompagne en ce lieu une des plantes consacrées par la religion Druidique, samolus vaIea??di. Sous les grottes de la J laute-Couze, une autre rare fougère, Polypodium dryopieris. Quant à lombilic (umbilicus pe)iduUnus), presque toutes nos grottes le recèlent. Quil me soit permis, en terminant, de formuler un voeu ; plaise à Dieu que la lecture de ce mémoire nous vaille la visite de nombreux spéléologues. Ph. LALANDF:.

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