ENQUÊTE PUBLIQUE ENVIRONNEMENTALE

AUTORISATION UNIQUE IOTA AU TITRE DE LA LOI SUR L’EAU POUR LA CREATION D’UNE STATION DE PRODUCTION D’EAU POTABLE A

CONCLUSIONS ET AVIS DU COMMISSAIRE-ENQUETEUR

Enquête publique du 23/10/2017 au 22/11/2017 Commissaire-enquêteur : Catherine Ingrand

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SOMMAIRE

1. RAPPELS : OBJET, DEROULEMENT ET BILAN DE L’ENQUETE PUBLIQUE 3 1.1 Objet de l’enquête publique 3 1.2 Le projet présenté à l’enquête publique 4 1.3 Déroulement de l’enquête publique 5 1.4 Bilan de l’enquête publique 6 2. REPONSES AUX OBSERVATIONS 7 3. CONCLUSIONS MOTIVEES 20 4. AVIS DU COMMISSAIRE-ENQUETEUR 25

Conclusion et avis de l’enquête publique environnementale concernant la création d’une nouvelle usine d’eau potable à YVIAS (Côtes d’Armor) du 23/10/2017 au 22/11/2017 dossier E17000277/35 3

1. RAPPELS : OBJET, DEROULEMENT ET BILAN DE L’ENQUETE PUBLIQUE

1.1 OBJET DE L’ENQUETE PUBLIQUE : CONTEXTE DE LA CREATION DE L’USINE D’EAU POTABLE D’YVIAS

En 2014, ce qui était alors la Communauté de Communes de -Goëlo comptait 13 571 abonnés à l’eau potable. Le service eau potable de la communauté de communes dessert 11 communes (, , , L’ile de Bréhat, Paimpol, Plehedel, , Plouézec, , , Yvias), soit plus de 21 000 habitants en période normale et jusqu’à 30 000 habitants lors de la période estivale. Les volumes annuels d’eau potable mis en distribution s’élèvent environ à 1 300 000 m3 /an. Dans le cadre de ses compétences, GP3A doit faire les investissements nécessaires à la bonne gestion de la production et de la distribution de l’eau potable sur son territoire. GP3A dispose, sur le territoire de l’ancienne communauté de communes, de ses propres équipements :

 la prise d’eau superficielle sur le Leff dont l’eau est totalement traitée par l’unité de production actuelle, près du Moulin Bescond,  le forage de Pont Cariou dont l’eau prélevée fait l’objet d’un prétraitement par la station de Pont Cariou avant d’être remise à l’équilibre et désinfectée à l’usine d’eau potable.

L’usine actuelle, construite dans les années 60, montre depuis plusieurs années ses limites : . le dimensionnement technique est insuffisant pour produire la qualité d’eau nécessaire – il faut alors recourir à l’ajout de chlore : la filière de traitement doit donc être modifiée. . les locaux électriques ne sont plus aux normes. . il y a des problèmes de fissures et d’étanchéité. . l’unité de production d’eau potable, localisée en bordure du Leff, est dans une zone soumise au risque d’inondation. . Plusieurs incidents depuis 2010 ont entraîné l’arrêt de la production, et une (légère) pollution du Leff par le chlore.

La Communauté de Communes d’alors a voulu sécuriser et fiabiliser la production et la distribution d’eau potable : . Par l’aménagement de la prise d’eau existante et la mise en place d’une station d’alerte,

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. et la création d’une nouvelle usine d’eau potable, ainsi que la mise en place des réseaux de canalisations associés.

La communauté de communes de Paimpol-Goëlo a donc décidé, en 2013, d'engager une étude de faisabilité sur la modernisation ou le remplacement de l'usine de traitement des eaux. Cette étude a été présentée devant la commission eau-assainissement du 04/02/2014. Elle comportait quatre propositions de scénarios : 1. Réhabilitation de l’usine existante 2. Remplacement de l’usine existante par une nouvelle usine sur le même site. 3. Remplacement de l’usine existante par une nouvelle usine sur le site du château d’eau de la Petite Tournée 4. Remplacement de l’usine existante par une nouvelle usine sur le site de la Zone d’Activité de la Petite Tournée

Etant donné que : - le site actuel en bordure du Leff n’est pas adapté, au vu des contraintes existantes (zone inondable, difficile d’accès, et sol de zone humide peu adapté aux ouvrages de génie civil), - le site de la ZA de la Petite Tournée est plus éloigné que celui du Château d’eau de la Petite Tournée, - les surcoûts d’investissement et de fonctionnement pour la mise en place de membranes UF ne sont pas justifiés par les objectifs de qualité d’eau, la commission eau et assainissement a proposé que la CCPG (Communauté de Communes Paimpol-Goëlo) poursuive les études sur la base du scénario 3a : remplacement de l’usine existante par une nouvelle usine sur le site du château d’eau de la Petite Tournée avec désinfection UVc.

1.2 LE PROJET PRESENTE A L’ENQUETE PUBLIQUE

Il est prévu, à Yvias, de remplacer l’unité de traitement près du Moulin Bescond par une nouvelle usine d’eau potable qui sera construite près du château d’eau de la Petite Tournée. Celle-ci sera dimensionnée pour : . Une capacité de production journalière de 4 000 m3/j (fonctionnement sur 20 heures) . Un débit horaire de production de 200 m3/h

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1.3 DEROULEMENT DE L’ENQUETE PUBLIQUE A) Avant l’ouverture de l’enquête publique

a) Nomination du Commissaire-Enquêteur

Suite à la demande présentée par GP3A ( Paimpol Armor Argoat Agglomération), la Préfecture des Côtes d’Armor a sollicité de Monsieur le Président du Tribunal Administratif de Rennes la désignation d’un commissaire enquêteur pour conduire cette enquête.

Par arrêté préfectoral n° A16/235 du 29 septembre 2017 du Préfet des Côtes d’Armor et la désignation du 7 septembre 2017 de M. Le président du Tribunal administratif de Saint-Brieuc donnant délégation à M. Dominique Rémy, Vice-président, Mme Catherine Ingrand est désignée commissaire-enquêteur titulaire pour cette enquête (Dossier n° E17000277/35.)

b) Organisation de l’enquête et concertation préalable

L’enquête s’est tenue du 23 octobre au 22 novembre 2017. Le commissaire-enquêteur a tenu quatre permanences : à la mairie d'YVIAS (siège de l’enquête), le lundi 23 octobre 2017, à la mairie de PLEHEDEL, le vendredi 3 novembre 2017, à la mairie de QUEMPER-GUEZENNEC, le jeudi 9 novembre 2017, et à la mairie du FAOUET, le mercredi 22 novembre 2017.

Le dossier d’enquête était consultable sur le site internet des services de l’État en Côtes- d’Armor (www.cotesdarmor.pref.gouv.fr à la rubrique « Publications - Enquêtes publiques ») et de Guingamp-Paimpol Armor-Argoat Agglomération (www.cc- guingamp.fr/environnement/eau.htm), durant la même période. Un registre électronique était disponible sur le site internet de la DDTM des Côtes-d’Armor : [email protected] (les observations ou propositions ont été versées au registre d’enquête du siège de l’enquête).

J’ai personnellement, lors de ma visite des lieux et à chacune des permanences, vérifié l’affichage de l’avis d’enquête publique : j’ai constaté la présence d’affiches à la mairie d’YVIAS, au rond-point de PLEHEDEL, devant l’usine d’eau potable près du Moulin BESCOND, au bord du LEFF, et devant le château d’eau de la PETITE TOURNEE, site de la future usine. J’ai signé à Yvias le registre d’enquête et ai pu constater que l’affichage était en bonne place. Puis j’ai fait le tour des six autres communes concernées pour signer et parapher les registres. J’ai donc pu constater que l’affichage était également en place dans les six autres mairies : LE FAOUET, LANLEFF, PLEHEDEL, QUEMPER-GUEZENNEC, TREMEVEN et TREVEREC.

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Information et concertation préalables Il n’y a pas eu d’information ni de concertation préalable avec les habitants de la commune d’Yvias et des communes concernées, qui ont été tenus informés par la presse des difficultés de l’usine actuelle, puis du projet de création de la nouvelle unité de production d’eau.

Climat de l’enquête publique : l’enquête publique s’est déroulée dans des conditions satisfaisantes, dans les salles des Conseils municipaux des quatre mairies. J’ai reçu longuement une seule personne à deux reprises, représentant la SCI des Mille Pierres (Moulin Bescond) au cours de mes quatre permanences, dans un climat évidemment très calme. J’ai pu dialoguer avec M. le maire d’YVIAS, M.Jean-François GUILLOU, Mme le maire de PLEHEDEL Mme Anne DELTHEIL, et son prédécesseur, M. Yvon LE PUT. J’ai aussi rencontré Mme Josette CONNAN, maire de LANLEFF, et M. Marcelin LE CALVEZ, maire du FAOUET.

Tous ces élus avaient des idées sur le sujet, soit parce que leur commune faisait partie du périmètre de protection, avait une prise d’eau sur son territoire (LANLEFF, à Pont Cariou), ou parce qu’ils avaient fait partie de l’Agence de l’eau.

Les dossiers d’enquête et les registres ont été mis à la disposition du public aux heures d’ouverture des mairies pendant toute la durée de l’enquête, soit pendant 31 jours.

B) Après la clôture de l’enquête publique

• Clôture et signature du registre d'enquête le 22 novembre à 17h par le maire du FAOUET et le commissaire-enquêteur. Envoi d’un message aux secrétaires des six autres mairies pour demander à ce qu’ils/elles me renvoient les registres d’enquête. • Le 1er décembre, M. Hervé CORTEYN (GP3A) étant en congé, je ne lui ai pas remis le PV de synthèse en mains propres, mais le lui ai envoyé par mail. • Le 14 décembre, réception par le commissaire-enquêteur du mémoire en réponse de M. Hervé CORTEYN aux observations.

1.4 BILAN DE L’ENQUETE PUBLIQUE

L’enquête a peu mobilisé : seuls les voisins immédiats, concernés les uns par la baisse du débit du Leff et leur obligation de travaux de continuité écologique, les autres par le ballet annuel des gros engins d’évacuation des boues d’épandage, se sont déplacés, et ont formulé des observations. Les deux autres observations émanent, l’une de la Commission locale de l’Eau, l’autre de l’association: « Eaux et Rivières de Bretagne ».

A noter que le libellé de l’avis d’enquête « Création de l’usine d’eau potable de la Petite Tournée à Yvias » a pu faire croire que l’enquête avait pour objet unique la création de l’usine,

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2. REPONSES AUX OBSERVATIONS DU PUBLIC

N° 1- OBSERVATIONS DE M. MAURICE LE LUYER, YVIAS, TRANSCRITE AU REGISTRE D’ENQUETE D’YVIAS SOUS LE N° 1.

M. LE LUYER fait trois observations :

1. Actuellement l’eau traitée par l’usine est refoulée par une canalisation qui suit la route vers

le bourg d’Yvias, et alimente au passage les habitations situées le long de cette route. Comment se fera désormais l’alimentation pour ces maisons ?

Il serait bon par ailleurs de synchroniser les opérations pour ne pas creuser plusieurs fois cette route, nouvellement refaite. Réponse : Il est prévu de créer un nouveau réseau de distribution depuis le bourg d’Yvias qui alimentera en eau potable les quelques habitations alimentées aujourd’hui directement par la conduite existante de refoulement d’eau traitée située entre l’usine actuelle de Moulin Bescond et le bourg (le long de la route d’Yvias). Cette conduite datant de l’origine du réseau (environ 1960), aujourd’hui cassante, sera ensuite abandonnée. La route d’Yvias (enrobé récent) sera peu impactée par ces travaux. Appréciation du commissaire-enquêteur : dont acte.

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2. Concernant le problème de la vidange annuelle du bassin de décantation, c’est actuellement un ballet de gros engins qui vont, pendant dix jours, déverser les boues sur les terres de deux agriculteurs d’Yvias, à proximité de chez moi. Les nuisances sont importantes (boue sur la route, bruit, sécurité, pollution des champs d’épandage), et les riverains sont excédés. Cette usine de production d’eau étant un bien communautaire, ne serait-il pas équitable de répartir la charge de l’épandage sur les communes qui en profitent également ? Utiliser tous les ans les mêmes parcelles n’est sûrement pas sans conséquences ?

Réponse : La lagune de décantation au niveau de l’usine d’eau potable actuelle ne sera plus utilisée pour le traitement des eaux de process de l’usine. Le projet de création de l’usine d’eau potable de la Petite Tournée prévoit une filière de traitement des eaux de process sur le site de la nouvelle usine incluant une déshydratation des terres de décantation qui permettra de réduire fortement le tonnage de celles-ci par rapport à aujourd’hui, et par conséquent, les transports pour les évacuer. Ces terres de décantation feront l’objet d’un plan d’épandage de manière à assurer la répartition des terres de décantation sur les parcelles concernées et un suivi des quantités épandues afin de respecter les besoins des sols en intrants. Appréciation du commissaire-enquêteur : le rapport précise que 84 ha sont dévolus à cet épandage chez trois agriculteurs d’YVIAS et de PLEHEDEL. Sur ces 84 ha, 8 sont utilisés annuellement. Il y a donc rotation, et l’on n’utilise pas tous les ans les mêmes parcelles. Il conviendra bien sûr, vu le quadruplement des matières sèches produites (on passe de 17 tonnes/an à 72 tonnes/an), d’élargir les zones potentielles d’épandage, éventuellement en répartissant la charge de l’épandage sur les communes avoisinantes. GP3A ne répond pas à la suggestion de M. LE LUYER portant sur une répartition équitable de l’épandage de l’usine de production d’eau, bien communautaire. On peut penser qu’il serait coûteux de transporter les terres de décantation à distance de l’usine de production d’eau potable d’YVIAS.

2. Le dossier d’enquête fait référence à deux ruisseaux, affluents du Leff : « L’Yvias », et le « Kerhamon ». Ces noms sont tout à fait inconnus des habitants d’Yvias. L’Yvias est connu de tout le monde sous le nom de « ruisseau de Saint Judoce », en référence à une ancienne chapelle se trouvant près du cours d’eau. Pourquoi ne pas utiliser ce nom ? De même pour le Kerhamon, totalement inconnu localement. Les pêcheurs l’appellent le « Cordia », car il débute dans ce lieu-dit. On l’appelle aussi parfois le « ruisseau de Stankoulin », car il traversait un bassin de rouissage du lin. En tout état de cause, la référence à Kerhamon semble bizarre, car le ruisseau ne débute pas dans le lieu-dit éponyme.

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Réponse : Ces deux cours d’eau ne présentent pas de dénomination spécifique sur les cartes IGN. La dénomination de ces deux cours d’eau dans le dossier reprend alors celle employée par le SMEGA (syndicat de bassin versant) dans le cadre des suivis qualité des cours d’eau de son territoire comme illustré sur la carte suivante :

Appréciation du commissaire-enquêteur : l’erreur de GP3A, s’il y en a une, est de bonne foi : il faut être né à Yvias, ou y avoir vécu pour avoir cette précieuse mémoire des noms de lieux. Apparemment, le SMEGA (syndicat de bassin versant) ne connaissait pas ces noms, et on ne peut en tenir rigueur à GP3A. .

N°2A- OBSERVATION DE L’ASSOCIATION EAUX ET RIVIERES DE BRETAGNE, TRANSCRITE AU REGISTRE D’ENQUETE D’YVIAS SOUS LE N°2.

L’association Eau et Rivières de Bretagne note que le projet prévoit une augmentation des prélèvements dans le Leff, et attire l’attention du maître d’ouvrage sur la vulnérabilité du territoire,

N°2A- OBSERVATION DE L’ASSOCIATION EAUX ET RIVIERES DE BRETAGNE, TRANSCRITE AU REGISTRE D’ENQUETE D’YVIAS SOUS LE N°2.

L’association Eau et Rivières de Bretagne note que le projet prévoit une augmentation des prélèvements dans le Leff, et attire l’attention du maître d’ouvrage sur la vulnérabilité du territoire, et les incidences prévisibles du changement climatique pointées par l’Agence de l’Eau LoireBretagne, qui a récemment élaboré un plan d’adaptation au changement climatique. Il faut s’attendre, selon l’étude Explore 2070 (rapports sur le climat de la direction générale d’énergie et du climat), à :

Une hausse des températures de l’air de 0.8°C à 2°C Une hausse des températures de l’eau 1.1°C à 2.2°C

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Des précipitations probablement en baisse l’été Une hausse de l’évapotranspiration potentielle

Une augmentation de l’eutrophisation des cours d’eau et des plans d’eau

Une baisse des débits annuels des cours d’eau du bassin de Loire de 10 à 40% d’ici 2070

Une baisse de la recharge des aquifères

Une élévation du niveau de la mer d’au moins 26 cm d’ici la fin du siècle, voire jusqu’à

96 cm pour les prévisions les plus pessimistes, par rapport à la période 1986-2005 Une hausse du rendement de certaines plantes

Le secteur du Leff est considéré comme très vulnérable sur ces points par les projections de ce document de l’Agence de l’eau. (cf carte incluse dans la lettre). D’autre part, dans ce même document, l’évolution liée au changement climatique décrit également de la vulnérabilité du secteur du Leff concernant la biodiversité des milieux aquatiques.

Par ailleurs, il convient aussi, pour Eau et Rivières de Bretagne, de se pencher sur le SAGE Argoat-Trégor-Goëlo. Dans son diagnostic, il identifie une fragilité du milieu lors des étiages. Il indique notamment : « Les débits d’étiage observés en 2011 (plus faibles que les QMNA5) ont engendré des difficultés, sur une période de temps significative, pour le respect des débits réservés au 1/10ème du module à l’aval de certaines unités de production d’eau potable (notamment pour les prises d’eau sur le Leff et le Jaudy). »

Une nécessaire vigilance doit être appliquée sur le bon respect de la continuité écologique malgré une augmentation des prélèvements dans le cours d’eau et des étiages marqués.

D’autre part, le SAGE indique dans son orientation 26 : développer une politique d'économies d'eau, disposition 64 : Développer une politique d'économies d'eau par les communes et leurs groupements : « La Commission Locale de l’Eau demande aux collectivités et leurs groupements de développer au préalable de toute planification d’augmentation de prélèvement, les actions visant à réaliser des économies d’eau. »

Afin de respecter cette disposition du SAGE, nous demandons à ce que le maître d’ouvrage détaille un programme d’action à mettre en œuvre sur ce point, qu’il en précise le contenu, le calendrier ainsi que les gains attendus en termes d’économies d’eau.

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N°2B- OBSERVATION DE LA COMMISSION LOCALE DE L’EAU ADRESSEE PAR COURRIER DU 23/10/17

Réponse aux observations 2A et 2B : Il convient de préciser que le projet ne vise pas à augmenter les volumes d’eau prélevés dans le Leff, bien au contraire la nouvelle usine de la Petite Tournée permettra de réduire les volumes d’eaux de lavage utilisés pour le process et donc les prélèvements dans le milieu naturel pour un même volume de production que l’usine actuelle de Moulin Bescond. L’augmentation de la capacité de production de la nouvelle usine répond uniquement à un besoin de sécurité d’alimentation en eau défini dans le cadre du schéma directeur départemental à l’échelle de toute la côte du Goëlo. En effet, en cas de crise (comme celle connue en novembre 2011), cette usine peut être amenée (en complément des apports des usines du Rocher du Corbeau à et celle de Kerjaulez sur la presqu’île de Lézardrieux) à subvenir à l’alimentation en eau du sud Goëlo si l’usine de Saint Barthélémy (Saint-Brieuc) n’est plus en mesure d’alimenter ce secteur. Cette configuration ne serait que occasionnelle et n’aurait pas d’impact notable provoquant l’augmentation des volumes prélevés à l’année dans le Leff.

L’étude statistique des débits du Leff présentée dans le dossier indique que le QMNA5 du Leff correspond au débit de fréquence de non dépassement de 0.05, le débit du Leff est alors inférieur ou égal au QMNA5 selon une fréquence de 5%

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du temps d’une année. Cela correspond à des situations de sécheresse exceptionnelle pour lesquelles le préfet est amené à approuver un arrêté sécheresse règlementant les usages de l'eau en vue de la préservation de la ressource en eau.

Au-delà de ces situations exceptionnelles, Guingamp-Paimpol Armor-Argoat Agglomération effectue actuellement des actions visant à réaliser des économies d’eau. GP3A assure notamment une gestion patrimoniale de ces réseaux via le suivi des volumes produits, distribués (télérelève), consommés de manière à repérer les fuites et les réparer. Les rendements de distribution des réseaux augmentent chaque année grâce à cette gestion patrimoniale, ce qui permet de réduire de manière globale les pertes en eau et le volume global prélevé dans le milieu naturel. Une tarification haute saison a également été mise en place pour inciter les usagers à limiter leurs usages en eau.

Rendement de distribution : 2011 81 % 2012 81,5 % 2013 81,9 % 2014 84 % 2015 83,9 % 2016 85,2 %

N°3- OBSERVATION DE M. ET MME LE GOAS, SCI DES MILLE PIERRES (PERMANENCES DU 09/11/2017 A QUEMPER-GUEZENNEC, PUIS DU 22/11/2017 AU FAOUET).

J’ai reçu longuement madame Maryse LE GOAS à QUEMPER-GUEZENNEC tout d’abord le 9 novembre, permanence au cours de laquelle elle avait formulé des observations orales. Comme elle ne souhaitait pas faire d’observation sur le registre, mais prendre le temps de rédiger un document, elle m’a fait savoir qu’elle reviendrait le dernier jour de l’enquête, au Faouët. Elle est donc revenue porter la lettre de la SCI des Mille Pierres, à verser au registre, et a formulé à nouveau des observations orales. J’ai retranscrit en italiques certaines des observations orales qu’elle a faites en complément d’observations écrites.

M. et Mme LE GOAS (SCI des MILLE PIERRES) font cinq observations :

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Observation n° 1 : Il serait souhaitable d’utiliser le nom Moulin avec plus de discernement : en effet, plusieurs fois dans le dossier le nom Moulin Bescond est cité, sans que l’on sache s’il s’agit du Moulin que nous possédons et qui a été construit en 1647, ou de la station de pompage (exemple d’utilisation : « site du Moulin Bescond » pour le déboisement etc.)

L’utilisation de « station de pompage du Moulin Bescond » prête à confusion dans bien des cas, et de ce fait porte préjudice à notre gîte de Moulin Bescond, en égarant nos visiteurs qui utilisent leur GPS : lorsque l’on tape « Moulin Bescond », on aboutit au site de la station d’eau potable. [Observation orale en italiques, note du CE.]

Nous suggérons d’enlever le nom Moulin de la désignation de la station de pompage : ne serait-il pas plus judicieux d’avoir « station de pompage d’eau potable de Bescond » d’une part, et « Moulin Bescond » d’autre part ?

Cette proposition est faite dans un premier temps dans un esprit de conciliation, mais si nous n’arrivions pas à obtenir satisfaction sur ce point, avec un accord écrit et effectivement mis en oeuvre, nous demanderions à la Justice de se prononcer, car c’est un problème qui est pour nous essentiel. [Observation orale en italiques, note du CE.]

Nous tenons à rappeler que ces deux entités sont complètement différentes juridiquement.

Réponse : L’ensemble des références à l’usine de traitement d’eau potable actuelle dans le dossier se rapporte effectivement au site de Moulin Bescond. Le dossier reprend l’appellation historiquement utilisée par l’Etat dans les arrêtés préfectoraux s’appliquant à l’usine existante et qui n’a jamais fait l’objet de remarques de la part des propriétaires du Moulin Bescond attenant à l’usine existante depuis 1956. Il convient d’interroger les services de l’Etat si la dénomination de prise d’eau de Bescond et de station de pompage de Bescond peut être envisagée dans les futurs arrêtés préfectoraux.

Appréciation du commissaire-enquêteur : sur un tel sujet, qui sort du cadre de la présente enquête, seule la Justice pourrait se prononcer valablement – et durablement – par une décision opposable aux tiers.

Observation n°2 : suite à l’arrêté préfectoral du 16/07/2015 et comme indiqué à plusieurs reprises dans le dossier d’enquête publique, la station de pompage d’eau potable de Bescond en Yvias doit maintenir dans la rivière un débit réservé. Celui-ci ne pourra être inférieur au 1/10 du module moyen annuel, soit 0.269 m3 par seconde en aval immédiat de

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la prise d’eau. En cas d’étiage sévère sur les mois de juillet/août/septembre et octobre il pourra être ramené au 1/20, soit 0,134 m3/s.

Le Moulin Bescond étant une entité juridique différente de la station de pompage, et son seuil de répartition se trouvant au même lieu que la prise d’eau sera-t-il soumis aux mêmes règles?

Réponse

L’« Arrêté préfectoral fixant le débit réservé à restituer à l’aval de la prise d’eau du Moulin Bescond et les modalités de restitution et de contrôle de celui-ci à mettre en œuvre par la communauté de communes Paimpol-Goëlo » en date du 16/07/2015 ne s’applique qu’à la prise d’eau. Il convient d’interroger les services de l’Etat pour connaître les dispositions s’appliquant au Moulin.

Appréciation du commissaire-enquêteur : tout à fait.

Observation n° 3 : dans l’arrêté préfectoral du 16/07/2015 article 7 il est dit : « les droits des tiers sont et demeurent réservés ». - que signifie cet article ? - est-il en rapport avec le respect des droits d’eau du Moulin Bescond ?

Réponse : Il convient d’interroger les services de l’Etat pour répondre à cette question.

Appréciation du commissaire-enquêteur : c’est une formule juridique toute faite qui n’a d’autre sens dans ce contexte que de protéger les droits des tiers.

Observation n° 4 : les rejets de traitement de l’usine de la Petite Tournée seront rejetés dans le Kerhamon qui se jette dans notre canal d’amenée.

Le débit du Kerhamon va augmenter d’une façon significative soit plus un tiers : d’un débit annuel moyen de 122 m3/h il passe un débit de 169 m3/h. Cela peut-il avoir des conséquences ?

Réponse : Le rejet des eaux de process traitées de la future usine ne sera pas réalisé dans le ruisseau de Kerhamon mais directement dans le Leff en amont de sa confluence avec le ruisseau de Kerhamon. Le Leff présente à ce niveau un fonctionnement hydraulique régi par les ouvrages suivants :

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• le seuil de répartition sur le cours principal du Leff en aval de la prise d’eau de la station de traitement actuelle ; • le seuil de décharge en amont immédiat de la vanne usinière délimitant le canal d’amenée et le canal usinier (ou de fuite) du moulin. Ces seuils permettent un contrôle du niveau d’eau amont afin d’alimenter le canal usinier du moulin et de maintenir une cote compatible avec la prise d’eau de la station de traitement. Le surplus de débit du canal d’amenée en amont de la vanne usinière se déverse alors dans le bief de décharge. Ces ouvrages sont illustrés sur le schéma ci-dessous (source SMEGA).

Appréciation du commissaire-enquêteur : le Kerhamon étant un (petit) affluent du LEFF, vu son faible débit, et le sens du courant, il est physiquement impossible d’y rejeter des eaux de traitement.

Les apports du rejet de l’usine seront répartis au niveau du seuil de répartition entre le canal d’amenée et le Leff court-circuité. L’étude de restauration de la continuité écologique concernant les seuils en aval de la prise d’eau a permis d’estimer le débit moyen annuel dans le canal d’amenée à environ 1 m3/s (1 000 l/s). Le rejet en phase exploitation sera au maximum de 480 m3/j sur 10 h, soit environ 13 l/s. Le rejet en phase d’essais sera au maximum de 4 430 m3/j. Il sera lissé sur 20 h, soit environ 62 l/s. Le débit du rejet sera réparti au niveau du seuil de répartition, tout comme le débit du Leff. Mais en considérant la situation la plus défavorable avec l’ensemble du débit de rejet dirigé vers le canal d’amenée, il représenterait alors environ 1 % du débit moyen du canal d’amenée en phase exploitation et 6 % environ de ce débit en phase essais. Au regard de la part minime du rejet vis-à-vis du débit moyen du canal d’amenée, le rejet n’aurait pas d’incidences sur le fonctionnement hydraulique du canal d’amenée.

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Observation n°5 : dans le complément du 11/04/2017 question numéro 23 il est précisé dans la réponse que les ouvrages d’eau sont la propriété de la SCI des Mille Pierres, détenue par la famille LE GOAS Michel ;

Un dossier d’étude sur la continuité écologique des ouvrages d’eau du Moulin Bescond est actuellement en cours.

Si l’exécution de ces travaux de mise en conformité l’exige, une synchronisation des plannings d’exécution sera à mettre en place.

Le planning est-il établi ?

Réponse :

Le cas échéant, les travaux de mise en conformité des ouvrages hydrauliques sur le Leff (déversoirs, …) du Moulin Bescond, propriété de la SCI des Mille Pierres, ne pourront être réalisés qu’après les travaux de création de la nouvelle prise d’eau brute (approfondie) dans le Leff par GP3A. Le planning de réalisation de cette nouvelle prise d’eau n’est pas connu à ce jour.

Appréciation du commissaire-enquêteur : il serait utile d’établir un dialogue avec M. et Mme LE GOAS, propriétaires du moulin, qui sont très impactés par le projet et souhaitent être informés, voire rassurés : l’impression d’être le pot de terre contre le pot de fer est très prégnante.

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N°4- OBSERVATIONS DU COMMISSAIRE-ENQUETEUR

Observation n° 1 : Impact des nouveaux aménagements Concernant l’impact des nouveaux aménagements sur le fonctionnement du cours d’eau en amont, il est précisé (P.21 de la note complémentaire n°1) : « Les futurs aménagements au droit de la nouvelle prise d’eau ne sont pas de nature à impacter l’écoulement du Leff. Les futurs aménagements restent à proximité immédiate de la berge (avancée des aménagements de 1 m maximum par rapport à la berge) et le lit du Leff à ce niveau présente une largeur de 15 mètres. »

Certes, on trouve pages 50 et 51 du complément n°1 une vue générale et un schéma de la nouvelle prise d’eau (aux côtés de la prise d’eau existante). A cette échelle, et sans pouvoir visualiser la rivière du LEFF, il est difficile d’apprécier l’impact des futurs aménagements.

En tout état de cause, le LEFF, même fin octobre lorsque j’ai visité le site, ne semble pas faire 15 mètres de large au droit de la station.

Il y aura une procédure Loi sur l’Eau pour les aménagements en aval destinés à garantir la continuité écologique, mais la procédure concernant les aménagements en amont c’est l’enquête publique, dont c’est un des sujets annoncés par la DDTM : Prélèvement d’eau classique

Création d’une usine d’eau potable

Rejets Travaux d’aménagement

Le format A4 de la page 50 (complément n°1) étant peu lisible, pourrait-on voir les plans détaillés de ces travaux d’aménagement ? En tout cas une vue plus précise de la future prise d’eau et du LEFF que dans la réponse faite en avril 2017 par le maître d’ouvrage aux services instructeurs ?

Réponse : Une vue plus précise des aménagements et de l’implantation de la nouvelle prise d’eau est fournie ci-après.

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Observation n°2 : type des ouvrages prévus, et échéancier des travaux Concernant l’échéancier des travaux, qui est demandé par les services instructeurs, (Comp. N°1, p. 21) il est précisé qu’ils « ne pourront pas être réalisés avant le remplacement de la prise d’eau actuelle par la nouvelle prise d’eau approfondie. »

Le M.O. écrivait alors, en réponse aux services instructeurs : « Le site d’implantation de la nouvelle prise d’eau sera terrassé pour l’installation des nouveaux ouvrages. Au stade actuel d’avancement du projet, il n’est pas encore défini si les nouveaux ouvrages seront de type préfabriqué ou coulés en place. Ces éléments seront connus à l’issue de la consultation des entreprises. »

Le Complément n°1 datant d’avril 2017, avez-vous pu consulter les entreprises, et avez-vous maintenant une vision plus claire du type des nouveaux ouvrages prévus, (préfabriqués ou coulés en place), et de l’échéancier des travaux ? Réponse Les travaux de réalisation de la nouvelle prise d’eau seront réalisés dans le cadre du marché global de conception-réalisation de la nouvelle usine de production d’eau de la Petite Tournée à Yvias. Le planning prévisionnel de réalisation de cette nouvelle prise d’eau n’est pas connu à ce jour. Il pourra être précisé lorsque le marché global sera attribué.

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Observation n°3 : incident éventuel sur le site de la Petite Tournée Il est précisé dans le rapport (p.10) : «Le débit moyen interrannuel du ruisseau du Leff au droit de Moulin Bescond est de 2.72 m3/s, 9792 m3/h. »

Que se passerait-t-il lors d’un incident sur le site de la Petite Tournée, dans le cas où l’eau du château d’eau serait contaminée et où le M.O. serait contraint de vidanger rapidement dans le LEFF 3000 m3 d’eau contaminée, sachant que le débit moyen interrannuel cité cidessus n’est pas atteint la moitié de l’année, par définition ?

Certes, ces débits de rejets des eaux de process sont atteints ou dépassés en phase d’essais (4400 à 4430 m3/jour) mais il d’agit alors de débit de rejets/jour. Dans le cas d’un incident, la vidange du château d’eau devrait être bien plus rapide : Le site de l’usine actuelle est soumis au risque d’inondation par débordement du cours d’eau. Y aurait-t-il un risque d’inondation ?

On sait comme les eaux de rivière, et en particulier celle du LEFF, réservoir biologique, sont vulnérables aux pollutions. Le bon état écologique du cours d’eau et la protection des poissons migrateurs seraient-ils encore assurés ? Réponse : Le risque d’incident sur l’usine est limité par les dispositifs de suivi de la filière de traitement et des stockages de réactifs rappelés ci-dessous.

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Par ailleurs, si un incident venait à se produire malgré l’ensemble des démarches réalisées pour l’éviter, les eaux traitées étant tout d’abord stockées dans une bâche d’eaux traitées dimensionnée sur un volume correspondant à 2 heures de distribution de l’eau potable, l’exploitant disposerait d’un délai suffisamment long pour intervenir. Cette disposition évite de transférer vers le réservoir de la Petite Tournée des eaux contaminées. En tout état de cause, si une vidange du réservoir sur tour s’avère nécessaire, elle sera réalisée à débit régulé sur a minima une journée. Nous retrouverions alors des conditions similaires à la phase d’essais pour la mise en service de la nouvelle usine.

Appréciation du commissaire-enquêteur : dont acte.

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3. CONCLUSIONS MOTIVEES

MOTIVATIONS DU COMMISSAIRE-ENQUETEUR SUR LE PROJET DE CREATION DE L’USINE D’YVIAS :

ARGUMENTS EN FAVEUR DU PROJET

Au fil de l’enquête, des visites sur place, de la lecture du dossier et de mes échanges avec GP3A et les élus des communes concernées, j’ai réuni de nombreux arguments convaincants en faveur du projet. La création de l’usine d’eau potable d’Yvias est :

1) Un projet indispensable : - Les pannes sont répétitives (trois pannes majeures depuis 2010) - L’usine est vétuste et n’est plus aux normes - L’usine est sur une zone soumise à inondations - La sécurité sanitaire n’est plus assurée. 2) Un projet porté par la Communauté de Communes de Paimpol-Goëlo, et longuement muri depuis la première étude de 2011. 3) Un projet de construction d’une usine neuve pertinent économiquement, qui permettra une adaptation aux normes futures (perturbateurs endocriniens, par ex.) 4) Un projet pour lequel l’Agence régionale de Santé a émis un avis favorable : la nouvelle filière de traitement des eaux, et les contrôles sanitaires de l’exploitant permettront de fournir aux abonnés une eau respectant les normes de qualité réglementaires. 5) Un projet mesuré : les volumes de prélèvement sont fixés à 4400 m³ par jour soit 220 m³ par heure tout en respectant un débit réservé égal à 1/10ème du module. Ces prélèvements sont possibles toute l’année, sauf en période d’étiage, comme en témoigne l’examen du tableau de la page 93 du rapport. 6) Un projet qui garantit la sécurité de l’approvisionnement en eau : - d’une part la ressource exploitée est diversifiée (eau souterraine à Pont Cariou, et eau superficielle au Moulin Bescond). - D’autre part, le débit de prélèvement est assuré par la création de la prise d’eau en fond de rivière. Ainsi, même si le déversoir est ouvert, ou part avec une crue, il y aura continuité de la distribution d’eau potable locale. 7) Un projet qui permet d’économiser l’eau, comme le demande le SAGE : la quantité d’eau utilisée pour laver les filtres ne sera plus de 20% comme dans l’ancienne usine, mais de 5%. 8) Un projet d’usine dont les rejets (480 m3/jour au maximum) ne pollueront pas le LEFF, puisque l’eau rejetée aura les mêmes concentrations en métaux lourds, phosphore, fer, azote, etc., que l’eau brute prélevée. Par ailleurs, les caractéristiques du rejet seront suivies (pH, turbidité et débit). 9) Un projet qui prend en compte les accidents possibles sur une usine de production d’eau : risques mécaniques, biologiques, chimiques, mais aussi risques naturels, et risques liés à l’homme, en prévoyant des moyens de surveillance et d’intervention incluant une alarme anti-intrusion.

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10) Un projet abouti : les terrains nécessaires au passage des canalisations entre le site de la Petite Tournée et celui de l’ancienne usine ont été acquis, et les servitudes de passage signées avec la commune d’Yvias. 11) Un projet à long terme : il a été prévu une réserve foncière sur le site de la Petite Tournée, non seulement à cause de l’espace nécessaire pour la gestion des eaux usées (assainissement individuel des eaux usées domestiques), mais aussi pour un éventuel agrandissement futur de l’unité de production. 12) Un projet sûr car bien organisé : pendant la phase d’essais qui va durer trois mois, les besoins en eau des usagers sont assurés : le secteur qui correspond à la communauté de communes Paimpol Goélo sera alimenté en eau potable par le réseau d’interconnexion du SDAEP 22, en provenance de Saint-Brieuc et du secteur Kerjaulez Trieux. 13) Un projet qui a pris en compte le démantèlement de l’ancienne usine : il interviendra en période de faible pluviométrie, avec mise en place d’un système de collecte des eaux de pluies pour éviter leur ruissellement direct dans le LEFF. 14) Un projet qui aura, sur le milieu naturel, des impacts temporaires et peu marqués : les canalisations entre l’ancienne usine et la nouvelle passent sur à travers une forêt en pente (espace boisé non classé), sur le trajet d’une ligne à haute tension existante, dans une zone déjà déboisée. Par ailleurs, la seule haie arrachée, sur le site de la Petite Tournée, sera remplacée par une haie plus longue. 15) Un projet qui n’aura pas d’effet notable sur la qualité du milieu récepteur, ni d’incidence sur le site Natura 2000 « Trégor-Goëlo », au regard de la distance (2.6 kms au nord de la future usine, et 6 kms du site de l’actuelle usine). 16) Un projet compatible avec le projet de SDAGE Loire-Bretagne, et le projet de SAGE Argoat-Trégor-Goëlo, et qui a reçu de la commission locale du SAGE un avis favorable.

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OBJECTIONS AU PROJET

En revanche, après mes visites de terrain, mes échanges avec les élus et le maître d’ouvrage, la lecture du rapport et des fascicules complémentaires en réponse aux questions des services instructeurs, et les observations du public, j’ai quelques remarques à formuler, voire des réticences concernant les prélèvements dans le LEFF :

 ZONES HUMIDES : Pour avoir arpenté le site de l’usine actuelle fin octobre, le CE s’interroge sur la quasi absence de zones humides sur le site du Moulin Bescond, en bordure du Leff, sur la vue d’ensemble de la page 26 (note complémentaire n°1) : alors que tous les abords des cours d’eau de la commune sont classés en zone humide, seul le site de l’usine de Moulin Bescond ne serait pas en ZH. Il est vrai qu’il figure en bleu sur cette vue d’ensemble, afin de signaler le site de l’usine sur la carte – les zones rouges éventuelles ne sont donc pas très visibles, comme on peut le constater sur la carte.

 FAUNE AQUATIQUE : Il est à craindre que le réaménagement de la prise d’eau impacte la faune aquatique, en détruisant des zones de croissance et/ou d’alimentation.

 PLANNING DE REALISATION DES TRAVAUX Il faudrait un planning de réalisation des travaux pour permettre aux propriétaires du Moulin Bescond, particulièrement impactés par le projet, de savoir quand il leur convient d’engager les travaux de continuité écologique qu’ils doivent effectuer. Pour rappel, il était prévu qu’un échéancier serait établi courant 2017 (page 21 de la note complémentaire n°1).

 EPANDAGE En outre, en référence à l’observation de M. LE LUYER, on peut craindre que les lieux d’épandage restent un souci pour le voisinage. Souci qui, malgré les assurances du M.O., ne peut que s’aggraver au vu de l’augmentation des quantités de matières sèches à épandre ; la quantité de matières sèches est plus que quadruplée : on passera en effet de 17 tonnes de matières sèches par an actuellement à 72 tonnes pour la nouvelle usine. Après plusieurs mois de stockage sur le site de la Petite Tournée, il faudra bien les épandre. En extrapolant l’actuel plan d’épandage, alors qu’il faut actuellement 8 ha de champs d’épandage par an, il en faudrait 34 ha. On peut espérer dans ces conditions que le périmètre d’épandage soit étendu, et que ne seront plus seuls concernés trois agriculteurs sur les communes d’YVIAS et de PLEHEDEL.

 INCERTITUDE DES PRELEVEMENTS D’EAU A MOYEN ET LONG TERME Sur les prélèvements d’eau, le commissaire-enquêteur estime qu’il faut avoir une vision à moyen et long terme, comme le soulignent l’Agence de l’Eau et l’association « Eau et Rivières de Bretagne ». Il importe d’avoir à l’esprit l’évolution prévue du

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climat et donc du débit des rivières : ce qui peut apparaître comme un prélèvement équilibré dans le Leff aujourd’hui ne le sera sans doute plus dans dix ans. Le projet soumis à enquête publique prévoit une augmentation des prélèvements dans le cours d’eau, le LEFF. Or, l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne pointe la vulnérabilité élevée du territoire concerné par ce projet :

Extrait de « (Projet de) Plan d’adaptation au changement climatique du bassin Loire-Bretagne - Pour une dynamique partagée d’adaptation au changement climatique de la gestion des ressources en eau et des milieux associés sur le bassin Loire-Bretagne », Agence de l’eau Loire-Bretagne, page 5 : « Une baisse des débits annuels des cours d’eau du bassin de la Loire de 10 à 40% d’ici 2070 par rapport à la période de référence 1976-2005, avec une baisse encore plus marquée à l’étiage dans certains secteurs ». Le Leff apparaît comme très vulnérable sur ce point, comme il apparaît sur la carte ci-dessous :

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 DIFFICULTE, EN PERIODE D’ETIAGE, DE RESPECTER LA CONTINUITE ECOLOGIQUE

Dans ce même document, l’Agence de l’Eau décrit également l’évolution liée au changement climatique, avec une augmentation de la vulnérabilité du secteur du Leff concernant la biodiversité des milieux aquatiques.

A une échelle encore plus pertinente, le SAGE Argoat-Trégor-Goëlo identifie lui aussi, outre le déficit prévisible de fourniture d’eau aux usagers, une fragilité du milieu lors des étiages. Il indique notamment : « Les débits d’étiage observés en 2011 (plus faibles que les QMNA5) ont engendré des difficultés, sur une période de temps significative, pour le respect des débits réservés au 1/10ème du module à l’aval de certaines unités de production d’eau potable (notamment pour les prises d’eau sur le Leff et le Jaudy). »

Etant donné que les prélèvements vont augmenter, alors que les étiages sont de plus en plus marqués, il conviendra, dans ce contexte de risque pour la biodiversité, d’être particulièrement vigilant sur le respect de la continuité écologique.

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4. AVIS DU COMMISSAIRE-ENQUETEUR En dépit de ces objections, et même si l’on peut douter de sa viabilité à long terme, tant pour la quantité d’eau prélevée que pour la protection de la biodiversité en période d’étiage, le commissaire-enquêteur considère que le projet est utile à court terme, et permettra d’alimenter en eau plus de 21 000 habitants en période normale, et jusqu’à 30 000 habitants lors de la période estivale, dans des conditions de sécurité sanitaire optimales, ce que l’usine actuelle n’est plus en mesure de faire. La création d’une nouvelle usine de production d’eau à YVIAS est un projet pertinent économiquement, par rapport aux autres solutions envisagées. Il permettra une adaptation aux normes futures.

Il permet d’économiser l’eau et d’en sécuriser l’approvisionnement, et a obtenu de la Commission locale de l’eau du SAGE un avis favorable. Les prélèvements dans le LEFF seront mesurés, et les rejets identiques en concentration de polluants aux eaux brutes prélevées. Ce projet, longuement muri par GP3A, bien préparé et abouti, aura peu d’effets sur l’environnement. Il est à distance du site Natura 2000 « Trégor- Goëlo », et compatible avec le projet de SDAGE Loire-Bretagne, et le projet de SAGE Argoat-Trégor-Goëlo. La création de cette nouvelle usine est indispensable pour garantir la qualité sanitaire des eaux distribuées, et l’Agence régionale de Santé s’est prononcée en faveur de sa création.

Je donne donc un avis favorable à la création de la nouvelle usine d’eau potable d’YVIAS (Côtes d’Armor).

Avec les recommandations suivantes : 1) Malgré la position naturellement dominante du maître d’ouvrage en amont du moulin, il serait souhaitable, voire utile, de considérer les

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propriétaires du Moulin Bescond comme des partenaires, en dialoguant régulièrement avec eux pour les tenir informés de la mise en œuvre du projet, afin qu’ils se sentent inclus dans le projet, et sachent à quel moment ils devront remplir leurs obligations de continuité écologique. 2) Concernant les 72 tonnes de matières sèches qu’il est prévu d’épandre annuellement à la Petite Tournée (soit plus de quatre fois la quantité actuelle), il faudra disposer de 34 hectares de surface d’épandage par an, soit environ dix fois plus dans le cadre du plan d’épandage, pour permettre une rotation. Il serait bon dans ces conditions que le périmètre d’épandage soit étendu, et que ne soient plus seuls concernés trois agriculteurs sur les communes d’YVIAS et de PLEHEDEL, pour éviter que seuls les habitants de ces deux communes aient à supporter les nuisances des boues et des gros engins lors du transport et de l’épandage.

3) Face au risque pour la biodiversité que constituent des prélèvements accrus dans un contexte de diminution de la ressource et d’étiages de plus en plus marqués, il conviendra d’être particulièrement vigilant sur le respect de la continuité écologique.

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