Description du site

Un ensemble de quatre bâtiments : le haut fourneau, la forge et deux halles à charbon. A l’arrière des bâtiments subsistent deux étangs sur les trois qui alimentaient le site.

Actualité du site

Contacts pour une éventuelle visite

Mme Delory Michèle. Présidente de l’association de la Maison de la fonderie 405, rue le la Roche – 08330 VRIGNE-AUX-BOIS

Plan d’accès

1 La forge de Vrigne-aux-Bois

Sur un peu plus de 13 ha, à l’emplacement d’un ancien moulin, Jean-Nicolas Gendarme fait construire vers 1824 une ensemble industriel qui comprend, selon un inventaire du 15 juillet 1851 : - un haut fourneau au charbon de bois ; - un foyer d’affinerie au charbon de bois ; - deux fours à puddler à la houille ; - deux bocards ; - des machines soufflantes et des appareils pour étirage du fer et calibrage des objets en fonte moulée ; - une scierie. Cet ensemble se situe sur trois étangs, dont deux subsistent aujourd’hui, qui sont alimentés par les eaux de la Vrigne et de la Claire. Les bâtiments sont organisés autour du haut fourneau : à droite de celui-ci se trouve la forge, et à gauche une halle à charbon ainsi qu’une deuxième en retrait. Le bâtiment du haut fourneau a une façade en pierre de taille percée d’une très grande ouverture en plein cintre et de quatre fenêtres sur deux étages. La toiture en ardoise est agrémentée d’un oculus, marque distinctive des bâtiments Gendarme. Face à cet ensemble se dressent deux bâtiments qui servent de logements aux ouvriers de la forge. L’un des bâtiments comprend deux logements, l’autre appelé « La Caserne » en comprend seize entre le rez-de-chaussée et l’étage, ainsi que des greniers. En 1851, le haut fourneau consomme annuellement 1400 m3 de minerai de fer provenant des minières ardennaises proches et 5200 kilolitres de charbon de bois pris sur les propriétés boisées de la famille Evain-Gendarme. Il produit ainsi 800 000 kg de fonte moulée et de plaques : la fonte moulée sert à la fabrication des fers à repasser et des projectiles pour l’artillerie. Les plaques alimentent la forge. La forge consomme 1080 kglitres de charbon de bois et 850 000 kg de houille venant de Liège et de Charleroi. Elle transforme ainsi une partie de la production du haut fourneau en 1 300 000 kg de fer en barre de divers échantillons qui sont à leur tour laminés et fendus dans l’établissement inférieur de Vrigne au Bois. A partir de 1876, l’établissement est mis en location : d’autres industriels vrignois s’y installent. La totalité est rachetée à la famille Evain en 1965 mais l’activité cesse totalement en 1969. En 1991, les façades du bâtiment sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Aujourd’hui, la municipalité de Vrigne réfléchit à une réhabilitation du site.

Jean Garand, Jean-Nicolas Gendarme ( 1769 – 1845 ), SOPAIC 1988 Archives de la famille Evain-Gendarme, A.D.A. 17 J 47

2 Jean-Nicolas Gendarme (1769 – 1845)

Né de Jean-Barthélémy Gendarme (1733–1815) et de Marie-Jeanne Camion (1735–1772) fille de Jean Camion, maître ferronnier à Vrigne-aux-Bois, il est le seul fils du couple qui eut également quatre filles.

Jean-Nicolas est né à Vrigne-aux-Bois, il s’y marie avec Marie-Catherine Camion, sa cousine germaine ( 769-1845). Ils ont six enfants : • Marie Jeanne Gendarme (1789-1861), mariée à Charles Jean Baptiste Céleste Hannonet ; • Françoise (1790-1790) ; • Marie Marguerite (1794-1876) mariée à Florent Louis Evain ; • Jean-Pierre Nicolas (1797-1797) ; • Adélaïde (1797-1891) mariée à Pierre Camion ; • Charles Adolphe ( pas de renseignements ). Les membres des familles Gendarme, Potoine (deuxième épouse de Jean Barthélémy) et Camion qui unissent leur destinée sont du même niveau social : des bourgeois, commerçants et artisans, propriétaires de leurs biens. Au cours des générations suivantes, ces familles s’allient aux Cunin- Gridaine, Drumeaux, Devillez, Jardinier et Hannonet et font de la vallée de la Meuse et de quelques affluents de Sedan à , un chapelet de cités industrielles à dominante sidérurgique. Propriétaire de nombreux et importants établissements industriels, Jean-Nicolas est déçu de n’avoir que des filles. Il met donc tous ses espoirs dans ses trois gendres, mais seul Hannonet, maître de forges à Couvin est susceptible de lui succéder, or il sombre dans une faillite en 1833.

On sait peu de choses sur l’enfance et l’adolescence de Jean-Nicolas. Il ne dépasse pas l’école primaire, mais il est loin d’être sot : il est capable de tenir une conversation et d’écrire une lettre. Il est autodidacte et sait s’enrichir aux contacts des conseils techniques que lui procurent d’abord son père, puis son gendre Hannonet et son neveu Potoine qui sont en grande partie les artisans de sa réussite. Il sait en tout cas administrer et gérer son affaire, comme en témoigne son immense fortune. Il est dynamique : debout souvent à 3 heures du matin, il surveille personnellement les fabrications de ses établissements, parcourt les ateliers et détruit les pièces mal fabriquées. Jean-Nicolas Gendarme est aussi maire de Vrigne (1799-1845) et pendant un certain temps, capitaine de la Garde nationale grâce aux impôts qu’il paie. Il semble que ces occupations lui aient bien servi à obtenir quelques avantages locaux ! L’eau est la principale force motrice utilisable à l’époque : un des grands principes de Gendarme est donc d’empêcher ses concurrents de venir s’installer sur les ruisseaux ardennais où ils auraient pu, en y créant des retenues d’eau, construire de nouveaux établissements métallurgiques ou rénover ceux qui existaient déjà et avaient été abandonnés. Ainsi, entre 1809 et 1826, il achète une bonne douzaine de moulins parmi lesquels ceux de Vrigne-aux-Bois, , Rumel, , Maraucourt, , Poix-Terron ; Montigny sur Vence, Villers le Tilleul, Elan. Il utilise les mêmes procédés pour s’approprier les bois nécessaires au travail du fer et de la fonte : le maître de forges qui possède de vastes superficies boisées se trouve dans une situation privilégiée parce que les bois lui reviennent moins cher et parce que cette situation crée une rareté et rend la position des autres industriels difficile. Sa plus belle affaire est l’achat de la forêt de Mazarin (3500 ha). Les domaines achetés pour des raisons professionnelles (bois, moulins…) ou familiales (châteaux) comprennent aussi des fermes et des terres cultivables ; il les loue et les fait exploiter , ce qui lui rapporte beaucoup d’argent.

Charles Didier, époux d’Aglaë Hannonet (petite fille de Gendarme), affirmait que Jean-Nicolas était « le marquis de Carabas du département des ». On ajoutait par ailleurs que Gendarme pouvait traverser le département des Ardennes d’Est en Ouest sans passer sur le terrain d’autrui en partant de son fief de Vrigne-aux-Bois. D’après Henri Manceau, dans la région de , on ne disait pas « riche comme Crésus » mais « riche comme Gendarme » !

D’après Jean Garand, Un notable ardennais : Jean-Nicolas Gendarme (1769-1845), SOPAIC 1988

3 Les possessions de J.N. Gendarme

1806 Achat des forges des Mazures ou Neuves forges (dataient du XVI° s.) + deux moulins sur la Faux 1809-1838 Achat de moulins 1809 Achat du Moulin de Saint-Bâle à Vrigne qui devient « La Rabatterie » et un haut fourneau. 1811-1812 Création de la fonderie Saint Nicolas. Produit des boulets pour les armées de l’Empereur. 1813 Achat du bois de la Roche et du moulin du quartier (Vrigne) pour y installer un haut fourneau, une forge et deux halles à charbon ( 1820-1825 ) 1813-1826 Achat de terrains à Vrigne en vue de construire des usines et des habitations 1816-1820 Achat de la forêt et du domaine de la Duchesse de Mazarin (dont le château de la Cassine et le haut fourneau de ). 1817-1827 Création de l’association Gendarme-Evain-Potoine. Gendarme effectue la majorité des achats. 1818 Achat de la Grande Commune (forges) sur le territoire de Monthermé 1820 Construction du château de Vrigne 1821 Achat du domaine de Boutancourt (1 château, 2 hauts fourneaux, 3 forges, 1 fonderie, 3 platineries, des étangs, 3 moulins, des maisons) Création en 1830 d’une nouvelle usine « Alger » qui bénéficiera de l’eau de 3 ruisseaux. 1823 Achat du moulin de Maraucourt pour créer une fenderie et un laminoir 1827 Vente des établissements du Nord des Ardennes qui ont permis sa fortune mais qui sont trop éloignés de Vrigne. Achat du château de Donchery, Le Faucon 1828 Achat du château de et du cours d’eau de Boutancourt à Flize. Création d’une forge en 1835 (fours à puddler) 1836-1837 Achat des bâtiments de la manufacture d’armes de Charleville, de Mohon, de Nouzon La Cachette et du Moulin Leblanc, fermée en 1836 1843 Achat du laminoir de Donchery

4