Moonwalk, Éclaire Le Portrait D'un Artiste Qui Réfléchit Sur Son Travail Et Sur Sa Vie
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Publié par Doubleday une division de Bantam Doubleday Dell Publishing Group, Inc. New-York Copyright © 1988 Michael Jackson Tous droits réservés Préface Que peut-on dire de Michael Jackson ? C'est un des hommes de scènes les plus connus à travers le monde entier. C'est un auteur de chansons qui sait aussi danser d'une façon tellement originale qu'il semble défier les lois de l'équilibre, et que les plus grands de ses admirateurs, et de ses héros, ont pour nom Fred Astaire et Gene Kelly. Son public n'est peut-être pas conscient de l'étendue de sa conscience professionnelle. Il est rarement satisfait de son travail, c'est un perfectionniste qui se lance des défis permanents. Pour beaucoup de gens, Michael Jackson est un personnage insaisissable, mais ceux qui travaillent avec lui connaissent le vrai Michael Jackson : sensible, chaleureux, drôle, intuitif et clairvoyant. Le livre de Michael Jackson, Moonwalk, éclaire le portrait d'un artiste qui réfléchit sur son travail et sur sa vie. Jacqueline Kennedy-Onassis. Chapitre 1 Des mômes qui rêvent J'ai toujours voulu raconter des histoires. J'aimerais m'asseoir près du feu avec des gens autour de moi et inventer des contes, qu'ils arriveraient à voir en images, et qui les emmèneraient ailleurs, n'importe où, rien qu'avec des mots. J'aimerais les faire rire et les faire pleurer. Des histoires tellement émouvantes que leur âme en serait transformée. J'imagine ce que les grands écrivains peuvent ressentir, quand ils ont un tel pouvoir. Parfois, j'ai l'impression que je pourrais le faire aussi. C'est quelque chose que j'aimerais développer. Dans une certaine mesure, écrire des chansons demande la même habileté, provoque les mêmes émotions de joie et de tristesse. Mais une histoire est une esquisse. C'est du vif-argent. Il y a très peu de livres sur l'art de raconter, comment accrocher l'attention, comment rassembler un groupe de gens autour de soi et les amuser. Pas de costume, pas de maquillage, rien du tout, seulement vous et votre choix. Et avec ça, vous pouvez les subjuguer et transformer leur vie, l'espace de quelques minutes. Pour commencer, il y a une chose que j'aimerais dire aux gens quand ils me demandent de leur parler de mes souvenirs des Jackson Five : j'étais tellement jeune à l'époque, quand nous avons commencé à travailler ensemble que j'ai presque tout oublié. La plupart des gens peuvent s'offrir le luxe de commencer plus tard dans leur carrière, à un âge où ils peuvent se rappeler le moindre détail, les "pourquoi" et les "comment", mais ce n'est pas mon cas. Moi je n'avais que cinq ans à ce moment-là. Quand vous n'avez pas assez de maturité pour comprendre ce qui se passe autour de vous, les gens prennent les décisions à votre place quand vous avez le dos tourné et vous n'êtes au courant de rien. Je me souviens seulement que je chantais de tout mon cœur, avec ma voix la plus aiguë, que je dansais avec la plus grande joie et que je travaillais trop pour mon âge. Je sais aussi que les Jackson Five ont commencé à vraiment bien marcher quand j'avais huit ou neuf ans. Je suis né à Gary, en Indiana, par une chaude nuit d'été de 1958. J'étais le septième de neuf enfants. Mon père, Joe Jackson, est né en Arkansas et il a épousé ma mère en 1949. La famille de ma mère, Katherine Scruse, était de l'Alabama. Ma sœur Maureen est née l'année suivante et a eu la rude tâche d'être l'aînée. Jackie, Tito, Jermaine, LaToya et Marlon sont arrivés ensuite, puis je suis né avant Randy et Janet. Je me rappelle que mon père travaillait à l'usine de métallurgie. Il faisait un travail dur et abrutissant et il jouait de la musique pour s'évader. Ma mère, de son côté, travaillait dans un grand magasin. A cause de mon père, et de ma mère qui adorait la musique, on y était plongés du soir au matin. Mon père et ses frères avaient un groupe qui s'appelait les Falcons et ils jouaient du rythm and blues, dans la région. Mon père jouait de la guitare, et avec son frère, ils interprétaient les grands succès du blues et du rock'n roll, de Chuck Berry, Little Richard, Otis Redding et des autres. Tous ces styles étaient étonnants, et nous étions profondément influencés par cette musique, même si nous n'en étions pas conscients. Les Falcons répétaient dans la salle à manger de notre maison, à Gary, et moi, j'ai été bercé et nourri au rythm and blues. Comme mon père avait neuf enfants et mon oncle huit, la famille était une véritable colonie de vacances. La musique était notre activité commune et mon père avait un sens de la famille très développé. Les Jackson Five viennent de cette tradition familiale. Par la suite, nous sommes devenus les Jackson. Mais à cause de cette éducation musicale et de cet apprentissage, j'ai cherché à me singulariser et à créer mon propre son et mon propre style. Au fond, quand je pense à mon enfance, je ne me souviens que du travail, même si j'adorais chanter. Personne ne m'a obligé à monter sur les planches et à me faire entrer dans le show-business comme les parents de Judy Garland l'ont fait. Moi je l'ai fait parce que j'adorais ça et parce que c'était aussi naturel pour moi que de respirer. Je l'ai fait parce que j'étais poussé, non pas par mes parents ou ma famille, mais par une force intérieure qui m'entraînait dans le monde musical. Il faut bien que je dise pourtant qu'il y a eu des moments où, quand je revenais de l'école, j'avais tout juste le temps de poser mon cartable et de me préparer pour aller au studio. Là, je chantais jusqu'à une heure avancé de la nuit, et je rentrais me coucher. Mes camarades de classe dormaient depuis longtemps. Il y avait un parc juste en face des studios Motown, et il y avait souvent des gamins en train de jouer. Je les regardais, stupéfait de savoir que les autres enfants étaient libres de jouer. J'aurais aimé avoir la même liberté. J'aurais voulu m'évader et être comme eux. C'était des moments un peu tristes. Ceci est vrai pour tous les enfants-stars. Élizabeth Taylor m'a dit qu'elle avait éprouvé la même chose. Quand on est petit et qu'on travaille à l'âge où les autres enfants s'amusent, le monde peut vous paraître terriblement injuste. Personne ne m'a obligé à devenir le petit Michael, le chanteur soliste, je l'ai fait et j'ai aimé ça, mais c'était un travail dur. Quand on faisait un disque, on entrait parfois en studio juste après l'école sans avoir le temps de manger. Quand j'arrivais chez moi, et qu'il était onze heures ou minuit, j'étais tellement fatigué que je n'avais pas faim. C'est pourquoi je comprends complètement les gens qui ont travaillé très jeunes. Je sais à quel point ils ont lutté, et ce qu'il ont sacrifié. Je sais aussi ce qu'ils ont appris. Je sais que cela devient une sorte de défi quand on est plus vieux. Je me sens vieux, mais j'ai des bonnes raisons de l'être. J'ai vraiment le sensation que mon âme est vieille ; que j'en ai vu de toutes les couleurs. Et à cause de toutes ces années, j'ai souvent du mal à réaliser que je n'ai que vingt-neuf ans. Ça fait vingt-quatre ans que je suis dans le show-business. Il m'arrive même d'avoir l'impression que j'arrive à la fin de ma vie, que je vais avoir dans les quatre-vingt ans. Quand j’ai commencé à travailler avec mes frères, on nous appelait les Jackson. Puis, on est devenus les Jacksons Five. Plus tard encore, après avoir quitté Motown, nous sommes redevenus les Jackson. Chaque disque que le groupe ou moi avons enregistré a été dédié à ma mère, Katherine Jackson. Nous avons très vite pris notre carrière en main et nous sommes devenus producteurs de notre propre musique. Je me souviens quand ma mère me tenait dans ses bras en chantant : "You are my sunshine" et "Cotton field". Elle chantait souvent pour nous. Même si elle a vécu en Indiana pendant un certain temps, ma mère a été élevée en Alabama, et les Noirs, dans cette région, entendent autant de country et de musique western à la radio que de gospels à l’église. Elle aimait aussi Willie Nelson. Elle a toujours eu une voix magnifique. Je suppose que mon talent de chanteur vient d’elle, et de Dieu, bien attendu. Maman savait jouer de la clarinette, et du piano, qu’elle a enseigné à ma sœur Maureen, surnommée Rebbie. Ma mère a su très jeune qu’elle ne pourrait jamais jouer de la musique qu’elle aimait sur une scène, non pas parce qu’elle n’était pas douée, mais parce qu’elle avait eu la polio étant enfant. Elle avait surmonté sa maladie, mais elle boitait irrémédiablement. Elle n’avait pas pu aller à l’école aussi longtemps que les autres, mais elle s’estimait heureuse d’avoir survécu à une époque où beaucoup d’enfants en mouraient.