Le Trente-Huitième Bulletin De La Société D'histoire Naturelle De La Moselle
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LE TRENTE-HUITIÈME BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE LA MOSELLE par M. W. DELAFOSSE Le trente-huitième Bulletin de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, dernièrement sorti des presses des « Editions Le Lor rain », est un important ouvrage de 254 pages dont la table des matières montre la variété des sujets traités. Nous essayerons d'en donner une analyse aussi concrète que possible. Le Bulletin débute par une touchante notice biographique d'André BELLARD à la mémoire d'Elie Fleur, qui fut le dévoué secrétaire-trésorier et le doyen de la Société dont il était membre depuis 1905. Il fit partie de l'équipe qui, par deux fois, permit à la Société d'H.N. de la Moselle de survivre. Né à Morville-sur-Nied le 2 novembre 1864, sa surdité lui interdit de continuer ses études au Grand Séminaire de Metz. Attaché à la Bibliothèque municipale, érudit modeste, il fut l'historiographe de la Société et participa jusqu'au bout à son activité. C'est à l'école du savant abbé Friren que M. Fleur a été formé. En 1924, il fut élu membre titulaire de l'Académie nationale de Metz. Depuis le 9 mars 1957, il repose au cimetière de Novéant, au pied de ce mont Jouy qu'il aimait par courir en botaniste fervent. — Nicolas THÉOBALD, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Besançon, nous donne de très utiles renseignements pour interpréter les nouvelles cartes géologiques au 1/50.000 de Thion- ville, Waldwisse et Uckange, publiées par le Service de la Carte géologique de France. Ces feuilles s'ajoutent à celles de Forbach et Boulay et couvrent la vallée de la Moselle depuis Metz jusqu'au- delà de la frontière luxembourgeoise. L'auteur décrit d'abord la 72 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE structure géologique de la région affectée par l'anticlinal du Huns- riick de direction nord-est—sud-ouest, et formé des roches les plus anciennes de Lorraine, les quartzites du Taunus (dévonien infé rieur) dont la dureté les fit exploiter comme pavés. Ce sont « les roches rouges de Sierck ». Les grès à Voltzia, tendres et micacés, furent utilisés pour les encadrements de portes et fenêtres. Ils sont recouverts par des grès coquilliers du Trias moyen. Les marnes bariolées, autrefois utilisées pour la fabrication des tuiles, présentent des lentilles de gypse qui sont encore exploi tées par galeries à Mondorf. Une tegula, conservée au musée gallo- romain de la ville de Metz et portant une inscription en bas-latin, témoigne qu'il en fut ainsi à l'époque gallo-romaine dans les envi rons de Montenach. Ce sont les calcaires coquilliers du Trias moyen qui forment essentiellement le pays de Sierck, alors que les calcaires à entro- ques et les calcaires à Cératites constituent la puissante corniche de la côte lorraine. Les marnes irisées du Trias supérieur forment une grande partie du plateau lorrain, notamment celle des étangs, tan dis que les bancs de calcaires à Gryphées couronnent les replats des hauteurs de Vry jusqu'à Distroff. Les différents niveaux géologiques sont indiqués et précisés ; leur étude se continue par l'histoire géologique et la tectonique. C'est à partir du Lias qu'une mer peu profonde recouvre la région ; la série de dépôts se termine par les couches ferrugineuses du bas sin lorrain. L'élément tectonique important est l'anticlinal du Hunsrûck qui est une survivance hercynienne. Il est tronqué par le fossé de Thionville que limitent les failles de Kœnigsmacker et Hettange- Grande. L'émersion définitive a plus ou moins nivelé la région et, depuis la fin du Tertiaire, les rivières ont creusé leur réseau hydro graphique. L'article est suivi d'une importante bibliographie. — Jean NOIRE relate les observations qu'il a faites sur le terrain dans la région située au nord-est d'Epinal ; il remarque la présence de grès micacés dans le grès vosgien principal et dans SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE 73 le Conglomérat principal. L'auteur tente de trouver une explication satisfaisante à la présence de ces bancs peu épais de grès rouge brun à grain fin et argileux avec paillettes de mica blanc dans des couches qui en sont normalement dépourvues. — Gérard WILD, poursuivant ses études géologiques dans la région de Bayon (M.-et-M.) donne, à partir de coupes précises, des conclusions sur la Discontinuité du faciès grès à roseaux du Trias de Lorraine. Il pense à un passage latéral du « grès à roseaux » aux marnes gypseuses gris-vert qui seraient donc des terrains du même âge, mais de faciès différents. — Dans un travail de 22 pages, Pierre-L. MAUBEUGE nous donne Quelques observations sur le contact Lias moyen—Lias supé rieur dans le département de la Moselle. Spécialiste de la zone à Dactylioceras à l'extrême base du Toarcien, l'auteur a fait connaître les différentes faunes d'Ammonites qui caractérisent cet horizon paléontologique et étudié sa stratigraphie en France, en Allemagne, au Luxembourg... En ce qui concerne plus particulièrement la Mo selle, il a décrit entre autres les coupes de la marnière de Jouy- aux-Arches et de la route d'Arnaville. C'est entre Entrange et Kanfen que l'observation des tranchées de la conduite d'essence stratégique lui a montré des formes variées d'Ammonites dans la zone située entre les « schistes cartons » du Toarcien inférieur et les couches à Arrïâltheus margaritatus du Lias moyen. Il est frappé par la faible puissance apparente du « grès médioliasique » et pense que la cause peut être due à un fort pen- dage vers l'ouest plutôt qu'à une faille. Plusieurs affleurements sont étudiés au sud du point précédent, entre Œutrange et Beu- vange, en rappelant le travail de Hillard dans la région de Thion- ville. La rectification de la route Rombas-Metz a permis d'observer différents niveaux dans la région de Marange-Silvange. Une cer taine zone paléontologique de 2 mètres d'épaisseur au nord de Metz est absente au sud (par exemple à la tuilerie de Jouy-aux-Arches). Dans sa conclusion, l'auteur insiste sur la /ariabilité du contact avec le Toarcien en Lorraine septentrionale, confirmant ainsi l'existence de mouvements épirogéniques dans l'est de la France. Une note complémentaire précise l'existence de la zone variable à la sortie nord-ouest de Metz, à l'ouest du Coupillon. 74 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE La faille importante de Hay ange qui limite au nord-ouest la région affaissée du fossé de Thionville, est étudiée dans une note de THÉOBALD et HILLARD. Les auteurs suivent son trajet de Hettange- Grande à Hayange et précisent certains détails qu'ils mettent en évidence sur une carte au 1/50.000. Le rejet de la faille augmente du nord-est vers le sud-ouest jusqu'à Hettange-Grande où il atteint son maximum, soit 200 à 230 mètres, et sa diminution serait en rapport avec un dédoublement de la faille. — Dans sa Cinquième Contribution à la Préhistoire de Lor raine, André BELLARD nous décrit « le Chalcolithique au Bassin de Moselle » qui marque, après les derniers temps des âges de la pierre, l'apparition du métal en Europe occidentale, et forme le couronnement du néolithique ou néolithique tardif. C'est la civili sation de la céramique cordée. Le crâne de la Frasse de Novéant, découvert dans une diaclase en 1925, le squelette de Blory et diffé rents témoins métalliques, le vase de céramique cordée trouvé dans un jardin de Terville sur la rive gauche de la Moselle à 24 km au nord de Metz, appartiendraient au Chalcolithique de Moselle ; le gobelet de Marly, contemporain de l'alêne de Blory, rappelle le passage des gobelets caliciformes aux vases à céramique cordée, les deux types se trouvant parfois en association. Les haches polies en silex de Longeville-lès-Metz, avec traces du manche, montrent qu'elles étaient emmanchées obliquement. André Bellard attire l'at tention sur des haches à tranchant oblique dont il existe quelques exemplaires dans les collections du Musée de Metz ; toutes ces haches devaient être des haches de combat. L'auteur étudie, avec beaucoup de détails, les documents im portants en provenance des vallées de la Moselle et de la Seille, avec les pointes des flèches à pédoncule et à barbelures ; puis il décrit l'habitat et les enceintes au Chalcolithique, rappelant la va leur de la station typique du Rudemont avec son retranchement en éperon barré, et l'enceinte préhistorique à double vallum du Saint- Biaise. André Bellard envisage ensuite les relations commerciales qui pouvaient alors exister, en se basant sur la nature des silex em ployés ; d'abord les quartzites alluvionnaires recueillis sur place, puis les silex du Crétacé supérieur. SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE 75 Ce beau travail de 42 pages, illustré de nombreux dessins et photographies, complète les importantes contributions précédentes sur Les Mosellans d'avant l'Histoire. — Dans une Contribution à l'étude de la flore mycologique du département, Pierre CALAFAT relate les diverses expositions de champignons organisées par la S.H.N.M. pendant trente ans, de 1927 à 1958. L'une d'elles comprenait une petite champignonnière avec démonstration de culture et eut beaucoup de succès. Outre les expositions faites à Metz, citons celles qui furent organisées à Thionville, Jœuf (1946), Saint-Avold (1951-1953), Audun-le- Tiche... L'auteur attire l'attention sur quelques espèces rares pour la région. C'est le cas de l'Amanite des Césars, qui atteint sa limite septentrionale en Moselle, et d'Anthurus aseroiformis, d'introduc tion assez récente en France. Ce champignon, d'origine australienne, a été récolté pour la première fois en Moselle à Saint-Quirin en 1934 et, depuis, à Abreschviller, Harreberg et Hommert..