Fiche retour d’expérience

Caux vallée de Seine : l’ESS en pratique

Retrouvez le guide Economie circulaire, plan d’action pour les intercommunalités (AdCF, ADGCF, Veolia) sur www.adcf.org

EN QUELQUES MOTS

Enjeux

Recyclage et valorisation des déchets Réemploi, réutilisation Coût de la gestion des déchets pour les entreprises Création d’emplois et insertion professionnelle

Contexte

Initiée dès 2006 avec la Démarche entreprendre en coopérant (DEC) sous l’impulsion d’un portage politique fort, la dynamique d’économie circulaire sur le territoire de Caux vallée de Seine avise à articuler valorisation des ressources et création d’emplois. Depuis dix ans, la Communauté d’agglomération Caux vallée de Seine accompagne, finance et fait connaître des démarches à l’interface entre économie circulaire et économie sociale et solidaire. De nombreux projets ont ainsi vu le jour.

Rôles de la collectivité

Impulser, animer, financer, capitaliser, diffuser

Positionnement de la collectivité

Intérêt Marge de manœuvre Légitimité Volonté politique de Financement, négociation de Légitimité acquise tout au long faire avancer les choses des initiatives coordonnées conditions de prêts, aide à la depuis 2006 recherche de financement et de locaux

Synthèse des éléments à retenir

- Une conception sociale et solidaire de l’économie circulaire qui permet d’intégrer ces acteurs - La continuité d’un portage politique permet de multiplier les initiatives de coopération territoriale - Un positionnement de la collectivité en soutien des initiatives locales : accompagnement financier, portage de dossier de subvention, recherche de locaux à moindre coûts, écoute attentive des porteurs de projets, organisation de rencontres, coordination pour le montage d’offres communes…

Chiffres clés Création d’emplois depuis 2006 : 6 postes de chantier d’insertion dans le Bâtiment, 2 postes dans un atelier de conception/confection, 13 postes dans le secteur de l’environnement, 12 personnes formées en chantier-école, 7 ETP pour faire fonctionner la Ressourcerie, 31 entreprises mobilisées, 2 entreprises créées, 2 entreprises à l’étude

Transférabilité de l’initiative

Moyenne - Le lien entre « économie circulaire » et « économie sociale et solidaire » se développe dans de nombreux territoires mais suppose un portage politique fort.

1 ORIGINE DE L’INITIATIVE

La mise en place de la « Démarche entreprendre en coopérant » (DEC) en 2006 a été principalement motivée par la situation économique difficile dans laquelle se trouvait le territoire, avec de nombreuses pertes d’emploi et une progression du chômage plus forte qu’au niveau national qui touche particulièrement les seniors et les femmes. La Communauté d’agglomération Caux vallée de Seine (CVS), convaincue du fait que valoriser les ressources que sont les déchets est intimement lié aux enjeux de réinsertion professionnelle de personnes en rupture d’emploi, vise à travers la DEC à développer des filières créatrices d’emploi de faible qualification par la recherche de niches endogènes via la coopération entre structures de l’ESS et les entreprises locales à partir de ressources identifiées sur le territoire.

Périmètre

Mise en œuvre des dynamiques d’économie circulaire de manière privilégiée à l’échelle du territoire de l’EPCI tout en veillant à développer des connexions avec les territoires voisins (Communauté d’agglomération Havraise, Communauté d’agglomération de Fécamp…), à l’échelle de la Métropole, de la Région, mais également à l’échelle de l’Estuaire de la Seine.

ACTEURS

Porteurs du projet

§ Communauté d’agglomération Caux Vallée de Seine § Agence de Développement Economique Caux Seine Développement

Autres acteurs impliqués

§ Entreprises dont Naturalin, Normandie TLC… L’enjeu est d’intégrer progressivement les grands industriels présents sur le territoire (EXXON, ORIL, etc.) § Associations : Garage social Caux Sein, Jardins de Cocagne § Collectivités locales : Rives-en-Seine, , Port-Jérôme sur Seine, Gruchet-le-Valasse, , Fauville-en-Caux, Communauté de communes de Fécamp, Communauté d’agglomération du Havre § Partenaires institutionnels : CCI Seine Estuaire, Chambre des métiers, PNR Boucles de la Seine Normande, CCAS, Comité Local d'Insertion Professionnelle et Sociale (CLIPS), Région, Département,…

Focus sur la gouvernance de l’Agence de Développement Economique, Caux Seine Développement

Création d’une nouvelle agence de développement économique en 2017 : constituée sous la forme d’un guichet unique pour les entreprises, la nouvelle structure regroupera le développement économique, mais également l’emploi, la formation, l’économie sociale et solidaire et les nouvelles formes d’économie telles que le numérique, la transition énergétique et l’économie circulaire. Elle prendra la forme juridique d’une Société Publique Locale (SPL) afin de répondre aux exigences de réactivité et de rapidité exigées par le monde économique aujourd’hui. Les actionnaires de la SPL seront Caux seine agglo et les communes « centre » : Rives-en-Seine, Lillebonne, Port-Jérôme sur Seine, Gruchet-le-Valasse, Bolbec et Fauville-en-Caux. Les partenaires historiques, HAROPA et la CCI Seine Estuaire seront associés par un comité de partenariat.

PRINCIPALES ACTIONS MISES EN ŒUVRE

2006 : Lancement de la « Démarche Entreprendre en Coopérant » (DEC) – deux filières porteuses de développement économique et d’emploi ont été mises en évidence : la fabrication d’une matière polymère à partir de textiles synthétiques usagés et la fabrication d’une matière composite formalisée à partir de lin et de polymère vierge.

2008 : Fondation de l’entreprise NATURAULIN, entreprise d’insertion issue de la dynamique initiée par la DEC, qui a étudié, avec l’appui de Caux Seine Développement et de l’ADEME,

2 le développement d’une unité de recyclage des déchets de polystyrène qui viendrait créer une nouvelle filière de recyclage. Le projet consiste en la collecte (dans des supermarchés) et le compactage de déchets de polystyrène, puis en la revente des pains de polystyrène compactés soit auprès de négociants locaux soit directement auprès d’acteurs locaux spécialisés dans le recyclage de ce déchet (fabricants d’emballages, d’isolants thermiques, d’objets en polystyrène cristal tels que les boitiers de CD). Elaboration de l’agenda 21 local avec la création d’une fiche-action dédiée à l’écologie industrielle et territoriale

2013 : Lancement d’une étude pour la création d’une Ressourcerie

2014 : Etude pour la création d’une filière-bois à l’échelle locale

2015 : Implantation de la Ressourcerie dans des anciens locaux industriels de Saint-Eustache-la-Forêt : projet porté par l’association CLIPS Ressourcerie, il s’agit d’une structure qui a pour vocation de redonner usage à des objets à la base destinés au rebut. L’association récupère chez les habitants, sur simple demande, et à la déchèterie de Bolbec, des objets : mobilier, petit électroménager, vaisselles… puis les répare, les customise ou encore les détourne pour ensuite leur donner une seconde vie. Lancement du Programme National de Synergies Inter-entreprises (PNSI), désignation de la Région Normandie comme territoire d’expérimentation et de Caux vallée de Seine comme territoire pilote. Echange de vapeur entre TEREOS et l’usine de traitement des déchets Eco’stuair.

2016 : Inauguration de la Ressourcerie Premier atelier pour la recherche de synergies dans le cadre du PNSI (31 entreprises présentes, 215 ressources proposées et 248 synergies identifiées) Candidature aux fonds européens pour financer, à hauteur de 4,40 M€ un futur pôle d’économie sociale et solidaire, un projet visant à la fois à créer des emplois, servir de lien social et réutiliser des déchets. (La candidature n’a pas été retenue du fait du caractère trop rural du territoire).

PROCHAINES ETAPES / ACTIONS

§ Poursuite de la dynamique initiée par le PNSI : Spécialisation sur le domaine « récupération d’énergies fatales » : lancement d’une étude, prise de contact avec des partenaires privés potentiellement intéressés par un développement opérationnel – Engie a identifié le territoire comme un espace d’intérêt pour ce sujet.

Etude sur le potentiel de développement de nouvelles filières : récupération, réutilisation et valorisation des déchets de palettes (une première contractualisation entre deux acteurs locaux est déjà en cours), de gravats BTP, de déchets verts (notamment en lien avec la création d’un méthaniseur sur Port-Jérôme 2 pour traiter les déchets issus de l’agriculture)

§ Lancement, en 2017, du projet de création d’un pôle d’économie sociale et solidaire à Port Jérôme sur Seine, couplé avec une pépinière d’entreprises.

MOYENS DEDIES

Coût des projets

§ Volet économie circulaire

Dépenses : 47 000 € par an - Animation : ü En 2016, un atelier PNSI (animation, matériel) : 4 000 €. Pour 2017, 2 ateliers programmés par an, soit 8 000 € de budget prévisionnel. ü 1 équivalent temps plein soit 36 000 €/an (qui inclut les temps partiels de chargé de mission et de l’assistante)

- Communication : 3 000 € par an.

Recettes : 132 000 € sur 3 ans de l’ADEME, soit 44 000 € par an. 3

§ Volet économie sociale et solidaire

Politique de soutien à l’économie sociale et solidaire en Caux vallée de Seine :

- Projet Entreprendre en coopérant 2008-2012 destiné à identifier des filières et des niches d’activité dans le domaine de l’ESS : 80 000 € au titre de l’accompagnement par un cabinet conseil - Filière textile structurée autour de l’association COTEXI : financement pour la R&D à hauteur de 30 000 € plus une aide à l’investissement de 30 000 € pour l’expérimentation et une mise à disposition gratuite d’un bureau. - Entreprise Naturalin : accompagnement du réseau Entreprendre financé par la collectivité via l’agence de développement économique à hauteur de 8 000 €. L’entreprise a également bénéficié d’une avance remboursable à taux zéro de 20 000 €. - Ressourcerie : cofinancement de l’étude de faisabilité 5 000 € ainsi qu’une aide au démarrage de 46 000 € en 2015 et 46 000 € en 2016. - Jardin d’insertion : un financement de l’étude de faisabilité à hauteur de 15 000 €. - Garage social : un financement de l’étude de faisabilité à hauteur de 15 000 €.

Par ailleurs la collectivité a une politique d’aide aux Structures d’insertion par l’activité Economique à hauteur de 1 000 € par poste de travail hors bénéficiaire du RSA. A cela s’ajoute des facilités pour l’accès aux locaux. Le montant engagé en 2016 est de 32 000 €.

Subventions

Fonds européens, Programme TEPOS, Programme PNSI

Participation financière de la part des acteurs territoriaux

§ Etude (diagnostic, identification de nouvelles filières) : - Etude DEC : Caisse des dépôts, Région, Communauté d’agglomération de Caux Vallée de Seine - Etude de faisabilité de la Ressourcerie : Communauté d’agglomération de Caux Vallée de Seine, CLIPS, Région

§ Animation, mise en réseau - Ateliers Economie circulaire : PNSI, Communauté d’agglomération de Caux Vallée de Seine - Pôle ESS : Communauté d’agglomération de Caux Vallée de Seine, Région, Département

§ Mise en œuvre : - Création de Structures d’Insertion par l’Activité Economique : Dirrecte, Conseils départementaux (Seine Maritime) - Fonctionnement et investissement de la Ressourcerie : DIRRECTE, Région, Département, Communauté d’agglomération de Caux Vallée de Seine

« L’idéal serait d’arriver à ne plus avoir besoin de fonds publics » (Marie-Françoise Loison) : tant pour l’économie circulaire que pour l’économie sociale et solidaire, l’objectif est d’arriver à un équilibre du budget au bout de 3 ans.

Animation

Il existe de nombreux outils de sensibilisation et de concertation à l’œuvre sur le territoire qui abordent les sujets d’économie circulaire et d’économie sociale et solidaire (club RSE, ateliers PNSI, ateliers DEC, etc.). La nouvelle Agence de développement économique aura pour objectif d’harmoniser ces outils en vue de mutualiser au mieux ces rencontres. En outre, l’acquisition de la compétence d’animation des ateliers de recherche de synergies PNSI en interne permettra une réplication de ces ateliers sur le territoire.

BILAN ET ENSEIGNEMENTS

Résultats concrets

4 Il n’existe pas à proprement parler d’indicateurs permettant d’évaluer les retombées économiques, environnementales et sociales des initiatives menées par la Communauté d’agglomération. Un recrutement devrait permettre de travailler globalement sur l’évaluation des politiques publiques. § Retombées de la DEC en 2011 : 6 postes de chantier d’insertion dans le Bâtiment, 2 postes dans un atelier de conception/confection, 13 postes dans le secteur de l’environnement, 12 personnes formées en chantier-école § Retombées de la Ressourcerie en 2016 : 7 ETP

Leviers / facteurs de succès

Un portage politique indispensable Des acteurs locaux convaincus de l’intérêt de la démarche La cohérence du territoire régional permettant une bonne articulation entre les différentes collectivités

Freins / difficultés

Manque de connaissance et de reconnaissance des initiatives : découverte tardive de projets qui auraient pu être aidés par la collectivité.

REFERENCES

Sources

Entretien avec Marie-Françoise Loison et Marc-Antoine Tetrel, le 30 novembre 2016. http://rtes.fr/IMG/pdf/FicheCaux_vallee_de_Seine.pdf http://rtes.fr/IMG/pdf/CCVDSEntreprendre_en_cooperant_fiche_descriptive.pdf http://www.cauxseine.fr/news.php?num=568 http://www.cauxseine.fr/news.php?num=713

Contact clé

Marie-Françoise LOISON Vice-présidente chargée de l’emploi et de la formation Adjointe au maire de Port Jérôme sur Seine [email protected]

Damien RESTOUX Caux seine Développement [email protected]

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