ISBN 2-906992-63-1 @ EDITIONS KELTIA GRAPHIC - 29540 SPEZET - 1996 Tous droits réservés CHARLES FLOQUET

BELLE-ILE HOU AT ET HOEDIC AU COURS DES SIÈCLES

NOUVELLE ÉDITION AUGMENTÉE

EDITIONS KELTIA GRAPHIC SPEZET / SPEIED (BZH) A la mémoire de Monsieur Michel Lotte, maire de de 1977 à 1987 qui avait approuvé l'idée de ce livre... LES TROIS ILES

BELLE-ILE Belle-Ile-en-Mer s'appelait VINDILIS au temps de l'occupation romaine. Son nom breton est GWEZEL, GUEDEL ou GUERVEUR. Elle est située à 13 km au Sud de la pointe de la presqu'île de , et est habitée par 4 506 Bellilois. Longue de 17,3 km, sa largeur varie entre 3 et 9,1 km et sa superficie est de 8 461 hectares. Elle est constituée par un plateau de schiste et de mica-schiste durcis par la cristallisation, dont l'altitude moyenne est de 35 mètres et le point culminant - Borvran en - atteint 71 mètres. C'est la plus importante des îles de la côte bretonne et une des plus belles de l'Atlantique. Elle a environ 48 km de circonférence (85 km de côtes), dont 8 à 10 km de « côte sauvage » (la plus pittoresque de la Bretagne) dont les rochers dominent l'océan de 40 à 50 mètres. On peut y débarquer - en plus des ports aménagés de et Le Palais - dans une soixantaine de petits havres auxquels aboutissent autant de vallons. L'île et ses alentours sont bien équipés de phares.: grand phare au centre à Goulphar en Bangor ; à la pointe de Kerdonis à l'Est ; à la pointe des Poulains à l'extrémité Ouest ; aux entrées des ports de Palais et de Sauzon - le phare des Grands Cardinaux, à l'Est de l'île ; le phare de la Teignouse, entre et Qui- beron ; le phare des Birvideaux, à l'Ouest de l'île. Belle-Ile est divisée en quatre communes : Le Palais (chef-lieu), Bangor, Locmaria et Sauzon - et 130 hameaux. Le climat est particulièrement agréable. La pluie n'atteint l'île qu'environ 155 jours par an ; l'ensoleillement moyen est de 2 000 heures (200 heures de plus qu'en Bretagne intérieure) ; il y gèle moins de 15 jours par an (la températu- re minimale est de 22.) Les sites touristiques et curiosités naturelles sont nombreux et variés : Plages de sable fin (Ramonette, Castoul, Saint-Julien, Grands Sables, etc.) ; fjords et grottes (dont la célèbre Apothicairerie) ; falaises de la côte sauvage (avec Port- Coton et ses aiguilles, et la roche percée, effondrée en 1975) ; puits de Baguen- Hir (ou de la Baillonnaire), près de Deuborth (abîme ouvert dans le sol de 145 mètres de circonférence et de 30 mètres de profondeur) ; trou Vazen ; landes par- semées de tumulus, de tombelles et de fleurs sauvages... Les principales ressources sont l'agriculture (4 600 hectares cultivés) - l'éle- vage (taurillons, génisses, chevaux, moutons) - la pêche (sardines, coquilles Saint-Jacques sur le banc des courreaux) - et, en premier lieu, le tourisme. L'accès est aisé par mer (depuis l'île d'Yeu, Noirmoùtier, Pomichet, , , Quiberon...) et par air ; les hôtels, restaurants, campings, nombreux et de qualité. Tous les sports et les distractions sont disponibles sur l'île. Aussi la population augmente-t-elle considérablement en été... « Qui voit Belle-Ile voit son île... » Les armes de Belles-Ile sont : « Parti le premier d'azur à trois fleurs de lys d'or, deux et une ; le deuxième de gueule à une orle de chaîne d'or passée en croix et en sautoir ». HOUAT L'île de Houat (ou plus exactement de HOUAD, mot breton signifiant «canard») a porté le nom de SIATA à l'époque de l'occupation romaine. Elle est située à 60 km au Sud-Est de , à 12 km au Sud-Est de Quibe- ron et à 12 km au Nord-Est de Belle-Ile, entre cette île et la presqu'île de Rhuys. Elle est habitée par 390 Houatais. Longue d'environ 4,3 km, sa largeur varie entre 400 et 1100 mètres ; sa superficie est d'environ 293 hectares. Son altitude moyenne est de 27 mètres. (Le point culminant - 31 mètres - se trouve au Sud du village.) L'accès se fait depuis Quiberon (service régulier quotidien) au port de Saint- Gildas, situé sur la côte Nord de l'île. Un petit phare, placé au port, en facilite l'entrée. L'île ne possède pratiquement pas d'arbres, à l'exception de quelques figuiers et tamaris. On y trouve deux menhirs et quelques dolmens, plus ou moins ruinés, à Beg-Lagad, Croh-er-Bley, Bod-Lann-Bihan, Porlouis, Portguen et Coh-Castel. Quelques coffres de pierre existent à proximité du bourg. On peut voir également les ruines d'un fortin à Beg-er-Vachif et les ruines du fort (qui a bien souvent servi de carrière). On conserve à l'église Saint-Gildas une vieille statue du Saint et un beau Christ du XVIe siècle provenant de l'ancienne chapelle. Les principales activités sont la pêche, l'élevage des crustacés et le tourisme.

HOEDIC L'île de Hoedic (ou plus exactement HOUADIC, mot breton signifiant « petit canard », « caneton ») a porté le nom d'ARICA à l'époque de l'occupa- tion romaine. Elle est située à 68 km au Sud-Est de Lorient, à 19 km au Sud-Est de Quibe- ron, à 12 km à l'Est-Nord-Est de Belle-Ile et à 7 km au Sud-Est de Houat. Elle est habitée par 136 personnes. Hoedic est séparée de Houat par une chaîne de récifs, dite « chaussée de l'île aux chevaux » et par le passage des Sœurs. Longue d'environ 2,5 km, sa largeur varie entre 800 et 1300 mètres ; sa superficie est d'environ 206 hectares. Son altitude moyenne est de 25 mètres. Le sol est granitique, recouvert d'une couche de terre et de sable. L'accès se fait depuis Quiberon (service régulier quotidien) via Houat. Le port d'Argol est situé sur la côte Nord. Au Sud de l'île se trouve Len Vras (le Grand Etang) ou étang du Paluden. C'est une grande pièce d'eau douce, avec des roseaux, de plus de 2 km de cir- conférence. Les maisons, aux façades parfois incrustées de coquilles Saint-Jacques, sont principalement groupées autour de la rue principale du bourg (40 mètres de large). Il existe un menhir christianisé, les débris d'un dolmen... L'ancien fort est complètement délabré. Les principales ressources sont, comme à Houat, la pêche des crustacés et le tourisme.

LES ORIGINES LES TEMPS PREHISTORIQUES Les spécialistes de cette lointaine époque pensent que la montée des eaux de ce qui est aujourd'hui l'Océan Atlantique a dû, à la fin de la dernière période gla- ciaire (vers 6000 / 5500 avant Jésus-Christ), séparer Belle-Ile, Houat et Hoedic de la côte de l'actuel . Aux alentours de l'an 2000 avant Jésus-Christ survient la civilisation mégali- thique. Bien qu'il n'existe probablement actuellement qu'une infime partie de l'ensemble préhistorique édifié durant cette période, les vestiges sont cependant importants sur les trois îles. A Belle-Ile subsistent de nombreux tumulus : - au Bois Trochu, à Bruté ; -àBorderun ; - à Runello (actuellement arasé) ; - à Borvran ; - sur la lande du Semis, entre Borderun et Bordelan : - sur la lande du Narho, à l'Ouest de Ster-Ouen ; - au Lanno ; - à Kervarijon ; - à Borlagadec ; - au Nord-Est de l'aérodrome ; des menhirs : - un couché à Kervarijon ; - à Kerlédan en Sauzon, presqu'au centre de l'île, les deux plus connus, pla- cés à 250 mètres l'un de l'autre : Jean de Runello, en quartz, et Jeanne de Runel- lo, en granit. (Ce dernier est couché et brisé, mais quoique mutilé, sa présence reste mystérieuse, car il n'y a pas de granit sur l'île. Il a donc du être importé du continent, malgré ses huit mètres et ses 25 tonnes...) ; divers autres monuments : - trois galeries sous tumulus à 2 km au Nord de Bangor ; - une galerie souterraine à Kerdanet (à 2 km de Le Palais) ; - une galerie souterraine à Kerspern ; - deux dolmens ruinés prés du moulin de Runédaol : - une nécropole d'une vingtaine de tombes à Bordelan ; - une pierre branlante près du moulin de Gouch, à 2,5 km à l'Est de Bangor. Notons encore : un petit retranchement à Loctudy et un dépôt d'objets à l'âge du bronze final à Calastren. A Houat on trouve cinq menhirs, trois dolmens à galeries et un tumulus ; un gisement mésolithique comprenant huit sépultures ; des coffres de pierres près du bourg ; le dolmen de la Croix et des dolmens ruinés à Beg-Lagad, Croh-er- Bley, Porlouis, Portguen et Coh-Castel. Hoedic conserve deux menhirs, l'un dit « de la vierge », car christianisé, mesure 4,10 mètres de haut - le second mesure 3,50 mètres.

L'OCCUPATION ROMAINE On pense généralement qu'avant celle-ci les Vennetais étaient seigneurians de l'isle de Bel-Isle et tiraient tribut de tous les vaisseaux passagers dans ses ports. Les romains, après avoir battu les Vénètes sur mer, près du Golfe du Morbi- han, en l'an 56 avant Jésus-Christ, occupent les trois îles qui, à compter du règne d'Octave (27 avant Jésus-Christ) font partie de la province Armoricae. Le géographe grec Ptolémée (11° siècle avant Jésus-Christ) rebaptise les trois îles : Belle-Ile devient VINDILIS (CALONESUS en grec) - Houat devient SI ATA et Hoedic ARICA. Les nouveaux noms sont portés sur la carte des Gaules et sur l'itinéraire maritime d'Antonin (138-161). Ptolémée parle de Vindilis comme de « la plus belle des îles vénétiques ». Les traces de l'occupation romaine sont assez rares : à Belle-Ile, un retran- chement sur l'îlot Er Hastellic, à 2 km à l'Ouest de Sauzon, et un oppidum en éperon barré nommé « Camp de César » à la pointe du Vieux-Château (Coh Castel). D'autres existent à Pouldon, à Port-Kérel et à Porh-Puns (Né-Nesque- ren). A Hoedic, l'occupant élève une tour sur le bord du grand chenal (Er Houh Castel) pour protéger la pointe Nord-Ouest de l'île. Malgré l'absence de fouilles systématiques, divers objets de cette période sont parvenus jusqu'à nous à la suite de découvertes fortuites : des tuiles sont mises au jour à Logonnet, Kerguech, Bortrion, Magorlec, Runello, Bourhic, Trion-Guen, Bangor, Bordevech, Jerzo, Borvran - à Bangor on découvre un puits funéraire contenant des tuiles et du fer - à Le Palais, en creusant pour les travaux de fortification et pour la construction de l'écluse, on récupère des débris d'armes, des bijoux, des vases (aiguière en bronze), des poteries, des monnaies et médailles au effigies de Jules César, Vespasien et Trajan - à la pointe des Pou- lains on recueille briques, tuiles, poteries, monnaies. D'autres monnaies viennent des Grands Sables (Trajan), de Lanno et Port-Guen (Valentinien), de Bruté (Constantin II) et de Hoedic (Vespasien et Adrien). Pendant cette occupation romaine (vers l'an 280) Belle-Ile aurait été attaquée et pillée par des pirates saxons. LES BRETONS ET SAINT-GILDAS Ce sont des Bretons venus de la Grande Bretagne qui, durant la seconde moi- tié du V° et au début du VI° siècle, débarquent en Armorique et dans les îles proches. Ils y apportent le christianisme et y imposent leur langue (qu'on y parle encore). Ils fondent une église à Locmaria de Belle-Ile et, vers 442, un monastère dans un lieu qu'ils nomment Bangor (nom provenant, selon les différents points de vue des divers auteurs qui ont traité de cette fondation, du nom d'un grand établissement monastique du Pays de Galles, sur les rives du Dée, dans le Comté de Flint - d'un siège épiscopal au bord de la mer dans le comté de Caernarvon - de l'évêché « suffragant » de Cantorbéri ou d'un immense monastère proche de Belfast, en Irlande, qui aurait hébergé jusqu'à 4 000 moines). En tout état de cause, ce nom désigne encore actuellement trois localités en Pays de Galles et deux en Irlande. Son attribution à un lieu de Belle-Ile y rappelle certainement le souvenir de la patrie perdue. Les Bretons nomment la future Belle-Ile : ENES EUR GUERVEUR (ou encore GOADEL, GWEZEL, GUEZEL, GUEDEL) ou « île de la ville capitale », qui est alors Vannes. Plus tard, en latin, on l'appelera tout simplement BELLA INSULA. La tradition (assez contestable au plan purement historique) nous apprend que, parmi ces Bretons, figure un homme actuellement connu sous le nom de Gildas le Sage. Certains spécialistes fixent sa naissance en Ecosse à l'an 493 ; d'autres disent 510 et à Dumbarton, sur les bords de la Clyde. On pense qu'il fit ses études au monastère de Lan-Iltut, au Pays de Galles, avec Saint-Samson et Saint-Paul de Léon. Surnommé Badonicus, il serait arrivé à Houat en 524 (ou en 538), après avoir fondé un prieuré à Saint-Clément de Quiberon. Désireux de vivre dans la solitude, il établit son ermitage dans un petit vallon nommé Lenn er Hoet (l'étang du bois), proche du refuge des barques de pêche de Groh-, et de la fontaine que lui est dédiée : Feutenn an Veltas. Il vit là, éloigné de toute consolation humaine et d'autant plus consolé par -Esprit. La lecture de l'Ecriture Sainte, la prière, la méditation, constituent son unique occupation. Quelques pêcheurs de l'île, charmés de ses discours, le font connaître des habitants des côtes voisines. On se groupe bientôt autour de lui. Pour satisfaire ceux qui sont avides de ses instructions, vers 528, 536 ou 538, il se rend dans la presqu'île de Rhuys et y bâtit un monastère (resté fameux et qui porte son nom) aidé de Guerech 1er ou Waroch, chef des émigrés bretons au Pays de Vannes (Gwened). Recherchant à nouveau la solitude, Gildas se retire un moment dans une grot- te, sur les rives du Blavet, au Sud de , dans l'actuelle paroisse de Bieuzy. Puis il revient à Houat. A ce moment déjà les monuments mégalithiques, nombreux dans la région, posent problème à l'Eglise. En l'an 567, le Concile de Tours recommande au Clergé de chasser de l'Eglise quiconque sera vu faisant devant certaines pierres des choses qui n'ont rien de commun avec les principes de ladite église. Plus tard, en l'an 658, le concile de Nantes demande que les pierres, que des gens, trompés par les ruses des démons, vénèrent dans les lieux ou ruines et dans les forêts, y faisant des voeux... soient enfouies profondément et qu'on les jette dans un lieu tel que jamais leurs adorateurs ne puissent les trouver... Quelques auteurs affirment que Saint-Gildas est mort à Houat, au milieu des religieux venus de Rhuys pour entendre ses dernières volontés, le 29 janvier 565, à l'âge de 71 ans. D'autres penchent pour 567 ou 570, mais toujours un 29 jan- vier. L'année importe peu. C'est toujours un 29 janvier qu'on le fête... D'autre part, la légende veut que, sentant sa fin prochaine, Saint-Gildas ait convoqué ses disciples pour leur donner ses derniers conseils. Il prévoit alors qu'on se disputera la possession de la dépouille mortelle ; aussi a-t-il soin d'ajou- ter : Lorsque mon âme aura quitté mon corps, placez celui-ci sur un bateau, attachez-y cette pierre qui m'a servi d'oreiller pendant ma vie ; poussez le tout en pleine mer, laissant l'esquif flotter dans la direction où Dieu voudra ; le Sei- gneur choisira ainsi le lieu de ma sépulture. Les religieux de Rhuys accomplis- sent de bonne foi cette dernière recommandation de Gildas, mais conservent l'espoir de posséder un jour les reliques ; ils s'imposent dans ce but trois jours de prières et de jeûnes. L'esquif disparaît, mais trois mois après, l'un d'entre eux apprend, par révélation, que le corps se trouve près d'une petite chapelle nom- mée « Eroest » (ou maison de la croix) située au Crouesty, en . Les reli- gieux l'y trouvent en effet et le transportent pieusement dans l'abbaye de Rhuys, le 11 mai, jour où l'on célèbre l'anniversaire de cette translation. LES INVASIONS NORMANDES Le problème des monuments mégalithiques se repose au Ville siècle et, en 789, Charlemagne ordonne la destruction des pierres vénérées par les popula- tions. Nombreux sont les menhirs et dolmens qui disparaissent alors. Un peu plus tard, en l'an 835, les Normands apparaissent sur les côtes de la petite Bretagne. Pendant un siècle, ils vont les attaquer à de multiples reprises. Après la mort de Salomon ln - dernier roi de Bretagne - en 874, les princes bretons se partagent la succession du défunt. Dans ce partage, le comté de Vannes échoit à Pasquetin, gendre de Salomon, et par conséquent Belle-Ile et les autres îles de Rhuys, de Quiberon, de Houat, de Hoedic et de ... Par la suite les héritiers se disputeront la souveraineté bretonne, durant environ 80 ans... De 905 à 910, Belle-Ile est envahie par les pirates normands. Le Cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé confirme les malheurs de l'île, que les nor- mands ont dévastée à ce moment, et indique qu'ils ont forcé les habitants à s'exiler. La première église de Locmaria est détruite à cette époque. Houat et Hoedic souffrent également du fait de l'envahisseur. Les moines y sont, soit tués, soit chassés, ainsi que la majeure partie de la population. Vers 919, les religieux de Rhuys, craignant à leur tour une incursion des pillards, emportent le corps de Saint-Gildas à Bourg-Dieu-sur-Indre, près de Chateauroux. Puis, grâce à l'intervention d'Alain-Barbe-Torte, l'envahisseur est obligé de s'éloigner en 940 et les îliens peuvent enfin rentrer chez eux. Ils sont peu nom- breux et M. de La Touche affirme : « Les noms de famille indiquent que l'île a été repeuplée après les invasions normandes, par des celtes venus de Basse-Bretagne et par des français venus de Croisic, où les habitants de Locmaria ont longtemps conservé des relations de parenté. Ces familles primitives ne sont pas au-delà d'une vingtaine : d'où il résulte que tel nom patronymique est porté par quatre ou cinq cents individus. » Vers l'an 980 (d'autres disent 990) Belle-Ile, jusque là soumise à l'autorité des comtes de Vannes est donnée en dot, avec le pays de Belz, à la princesse Gui- noeden, lors de son mariage avec Benedic, Comte de Cornouaille. Belle-Ile est donc désormais propriété de la Maison de Cornouaille. SAINT-GOUSTAN Goustan est né en Cornouailles britannique en l'an 974. A l'âge de 18 ans, il fait parti d'une bande de pirates qui l'abandonnent sur nos côtes. Il y rencontre Saint-Félix, restaurateur de l'abbaye de Rhuys, se convertit et se fait moine convers. Il obtient de se retirer dans la solitude d'Hoedic, en compagnie du frère Rioc (qui, lui, est prêtre). Albert de Morlaix affirme qu'en ce temps-là, l'île était déserte et non habitée à cause de sa stérilité. Pour la repeupler, on y transporte alors des familles des environs de Rhuys. Encouragés par les moines - et par les miracles de Goustan (qui fait souffler des vents favorables aux marins en danger ou fait arriver providentiellement des provisions en période de disette) - les nou- veaux habitants défrichent et cultivent leur nouvelle petite patrie. A ce moment, Saint-Félix envoie également quelques colons et quelques reli- gieux à Houat. Ils y édifient une chapelle (dont quelques vestiges subsistaient encore vers 1930) et un prieuré. (Plusieurs siècles plus tard, quand l'île deviendra paroisse, l'abbé de Saint-Gildas en restera curé primitif.) Goustan demeure plusieurs années à Hoedic. Il s'y adonne à la pêche, au défrichage, mais surtout à la prière et à la pénitence. Après avoir enseigné le peuple, construit un oratoire et un petit prieuré, il est rappelé à Rhuys, puis envoyé à Beauvoir. C'est là qu'il mourra le 27 novembre 1048. Son corps sera ramené à l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. Les religieux se placeront sous sa protection et lui dédieront leur chapelle. Il y a peu d'années, les épouses et les fiancées d'Hoedic l'imploraient encore en ces termes : Saint Goustan, notre ami, Ramène nos maris, Saint Goustan, notre amant, Ramène nos galants. UNE ILE BENEDICTINE LES BENEDICTINS DE REDON Une pierre de l'église de Bangor porte la date de 1002. On en a déduit que cette église romaine avait été consacrée à ce moment par Guirec, évêque de Nantes et fils d'Alain Canhiart, alors Comte de Cornouaille. Une autre pierre du même édifice est datée de l'an 1011 - ce qui laisse planer le doute sur la date exacte de la nouvelle consécration de l'édifice. Ce qui est plus certain, c'est qu'en l'an 1006 (on a également cité les dates de 992 et de 1004) une charte du duc Geoffroi 1er (qui s'est emparé des biens d'Alain Canhiart) donne « Bella Guedel » aux moines de Saint-Sauveur de Redon, à charge pour eux d'y attirer des habitants et de fournir des religieux pour leur administrer les sacrements : Geoffroy, fils de Conan le Tort, duc et prince de toute la Bretagne... par l'ins- piration de Dieu et l'avertissement du moine Catvallon... a donné et concédé à jamais à Saint-Sauveur (de Redon) et à ses serviteurs, l'île de Guédel entière- ment, sans charge ni devoir, comme il la possédait par droit d'héritage... Un peu plus tard, l'abbé Mainard envoie Catvallon (frère du duc Geoffroy) à Belle-Ile. Celui-ci y regroupe quelques religieux. Leur prieuré est situé au lieu- dit « le Potager », au fond d'un havre proche de la ville (qui deviendra Le Palais). D'autres sources parlent de son installation à Bangor. Cependant les Bénédictins prennent le gouvernement de l'île. Dès son arri- vée, Catvallon s'associe aux solitaires qui vivent séparément dans des ermitages qu'ils se sont bâtis, pour faire avec eux le service divin. Ces moines ne sont pas Bénédictins. Mais bientôt Dom Catvallon les engage à vivre selon la règle de Saint-Benoit et, les trouvant disposés à embrasser cette règle, il leur donne là- dessus toutes les instructions nécessaires. Le Nécrologue de Sainte-Croix de Quimperlé indique que c'est vers l'an 1010 que l'église de Locmaria est reconstruite par Guirec, évêque de Nantes et frère de Benoit, abbé régulier de l'abbaye de Quimperlé, tous deux fils d'Alain Canhiart, comte de Cornouaille. Dans le transept de cette église on retrouve trois arceaux formés de faisceaux de demi-colonnettes s élevant en ogive sur de gros fûts ronds sans chapiteau. Sur l'un des arceaux, posé de biais, on voit un blason à quatre fasces surmonté de trois lys ou hermines dont on ignore l'origine et qu'on a rencontré par ailleurs dans les anciennes églises de Bangor et de Sauzon. Le père Le Gallen pensait que tout cela datait des comtes de Cor- nouaille. Quelques années plus tard - en 1026 - le duc Alain III (fils de Geoffroi 1er) confirme la donation de Belle-Ile, faite par son père à l'abbaye de Redon. Au même moment, Mainard, abbé de Redon meurt. La communauté se réunit capitulairement pour élire son successeur. Les moines assemblés supplient Judi- caël II, alors évêque de Vannes, le duc Alain, fils du duc Geoffroi 1er et les barons de Bretagne qui sont présents, de donner leur avis sur le choix du sujet, et tous, d'une commune voix, élisent canoniquement pour abbé de Saint-Sauveur, Dom Catvallon, alors prévôt de Belle-Ile. Le duc lui envoie aussitôt des députés pour l'informer qu'il a à se rendre incessamment à Redon. Le prévôt de Belle-Ile (qui y œuvre depuis une vingtaine d'années) obéit immédiatement : nommé abbé de Saint-Sauveur le 22 mars, il quitte l'île peu après, y laissant ses moines.

LES BENEDICTINS DE QUIMPERLE Alain Canhiart vit alors en exil, à la cour du roi de . Cependant il vou- drait bien rentrer en Bretagne. A ce moment (1029), le duc Alain III désire épou- ser Berthe, fille du comte de Chartres. Le roi, Robert II Le Pieux est opposé à cette union. Canhiart intervient aussitôt par la force : il enlève la jeune fille et la conduit au duc de Bretagne. Le mariage d'Alain III et de Berthe peut ainsi avoir lieu à Rennes, en grande pompe. A cette occasion, et en signe de gratitude, le duc restitue à Canhiart ses terres, ses villes, ses forteresses, l'île de Guédel ou Belle-Ile et celle de Groix. Alain Canhiart peut enfm rejoindre la Cornouaille, mais il tombe gravement malade au château de Anaurot, au confluent de l'Isol et de l'Ellé. Peu après, miraculeusement guéri, il veut témoigner sa reconnaissance à Dieu en fondant, le 14 octobre 1029, l'abbaye bénédictine de Sainte-Croix de Quimperlé, à laquelle il fait don de Belle-DLe jour de l'exaltation de la Sainte-Croix, le comte fit dres- ser les actes pour l'assurance du temporel, et donna Belle-Ile, libre de toutes charges et devoirs, après en avoir retiré ses officiers... Orscand, responsable de l'évêché de Quimper (dont l'île relève) accorde à l'abbé de Quimperlé et à ses successeurs la juridiction épiscopale sur l'île. Il bénit également le premier père abbé, Gurloès. Les moines de Quimperlé rem- placent alors ceux de Redon, par la force, disent certains, à la suite d'une tran- saction amiable, prétendent d'autres. En tout cas, la contestation s'engage entre les deux abbayes de Saint-Benoit... C'est alors que les nouveaux venus édifient un prieuré Saint-Nicolas à Sau- zon, tandis que l'un d'entre eux dessert désormais Bangor, avec le titre de Prieur. Une vingtaine d'années plus tard, l'évêque de Quimper n'a plus aucun pou- voir sur Belle-Ile, puisque la bulle du pape Léon IX, adressée à Catvallon en 1050 précise que Belle-Ile est reconnue à Rome et ailleurs, pour être sous la juridiction de l'église romaine, et indépendante de tout diocèse. Par la suite, Gré- goire VII (en 1078) et Urbain II (en 1091) confirmeront à leur tour cette impor- tante décision. En 1070 est fondée la paroisse de Locmaria (qui doit son nom au patronage de la Vierge Marie et au pèlerinage marial qui y rassemble, chaque année, la population de l'île.) La nef et les deux bas-côtés de cette époque subsistent enco- re. Une légende se rattache d'ailleurs à l'édifice. Elle affirme qu'en ce temps-là, un navire étranger, démâté par la tempête, réussit à se réfugier dans Port-Maria. Désireux de remplacer leur mâture, les étrangers abattent un bel ormeau appar- tenant à l'église. A peine l'arbre est-il à terre qu'il se tort de telle sorte qu'il devient impropre à l'usage auquel on le destinait. Ce fait merveilleux attribué à la Vierge, patronne de la paroisse, inspirent alors aux habitants de Locmaria la pensée d'en perpétuer le souvenir en lui donnant le nom de « Notre-Dame du Bois-Tort ». Huit ans après, c'est la naissance, en 1078, d'une paroisse à Sauzon (ratta- chée à l'origine au prieuré Saint-Nicolas du même lieu). A ce moment, le prieuré du Potager prend le nom de prieuré de Pallae ou de Pallay, cependant que la capitale de l'île siège de la prévôté, est Bangor. Quelques années plus tard, Morvan, évêque de Vannes, prétend que Belle-Ile lui appartient en propre par héritage et réclame son annexion à son diocèse. En mars 1096, le pape Urbain II se trouve à Tours, où il assiste au Concile tenu pen- dant le Carême. Morvan apporte quelques semblants de preuves, jugés insuffi- santes. Ce qu'ayant entendu les prélats adjugent, par sentence canonique, l'île à l'abbé de Quimperlé. Lequel jugement bien rendu, il le rapportent au Seigneur pape Urbain, qui l'entend, le loue et le confirme. UN LITIGE DE PLUS D'UN SIECLE Cependant la contestation ne s'arrête pas là. Nous savons que, dès 1029, lors du don de l'île à Sainte-Croix de Quimperlé par Alain Canhiart, Saint-Sauveur de Redon s'était insurgée contre cette décision. Dans son Histoire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, écrite au XVIIe siècle, le duc déclare à ce sujet : Belle-Ile a aussi été assez belle pour donner de la convoitise à des personnes sacrées... Je crois impertinente la dévote plainte d'Hervé, abbé de Redon, qui exposa que le comte Alain avait injustement enlevé Belle-Ile à son monastère en chassant ses religieux et faisant carnage de 120 hommes. Il fallait que les reli- gieux lui opposassent d'autres choses que des prières s'ils le portèrent à cette extrémité, ou s'il est vrai que l'on ait fait ce massacre, les religieux avaient l'esprit guerrier, et sans doute avaient-ils fait un bataillon de 120 hommes pour empêcher au comte la descente de son île ; ce qui est si ridicule qu'il se détruit de lui-même. En effet, en 1111, Hervé, abbé de Saint-Sauveur, rappelle au Duc de Bretagne la donation de Belle-Ile à son abbaye en l'an 1006. Un très long procès va s'ensuivre et opposer - pendant plus d'un demi siècle - les deux abbayes sœurs. L'année suivante, le duc Alain IV Fergent, gravement malade, abandonne le duché à son fils, Conan III le Gros, et se retire à l'abbaye de Redon. Hervé profi- te de la présence d'Alain Fergent, devenu son religieux, pour tenter de récupérer Belle-Ile, dont il prétend avoir été dépossédé par la violence. Ses pressions res- tent inefficaces. A la fin de l'année 1116, il s'adresse à Gérard, évêque d'Angou- lême et légat du pape pour l'Aquitaine, la Touraine et la Bretagne. Les vieilles thèses réapparaissent : il demande la restitution de l'île, affirmant que le comte Alain de Cornouaille en avait expulsé ses religieux, en en tuant plus d'une cen- taine. Gérard convoque les deux abbés. Hervé ne peut prouver ses affirmations et la cause est renvoyée au milieu du Carême 1117. Mécontent, Hervé envoie des troupes à Belle-Ile. Le verdict tant attendu confirme la possession de Sainte-Croix de Quimperlé et demande le retrait immédiat des troupes de Redon. Soutenu par le duc de Bre- tagne, Hervé n'obéit pas. Bien au contraire : il utilise les soldats ducaux pour tenter de s'imposer dans l'île - d'où il chasse les officiers de Quimperlé. Il enlève même quelques-uns des religieux de cette abbaye. Nouvelle menace : sous peine d'interdit, Hervé doit rendre Belle-Ile à Sainte Croix dans le délai d'un mois. Nouvelle désobéissance. Le légat écrit alors à l'évêque de Quimper et lui ordonne de lancer l'interdit sur toutes les terres de son diocèse qui relèvent du duc de Bretagne. L'abbé de Redon n'obtempère tou- jours pas. L'interdit qui le frappe ne le fait pas fléchir. Plus, il n'en tient aucun compte. L'affaire s'aggrave. Le légat écrit alors à tous les évêques de Bretagne pour les informer que l'abbé rebelle doit être tenu pour schismatique et excommunié et les prier d'avertir le Duc d'avoir, dans le délai de trente jours, à réparer l'usurpation de Belle-Ile, s'il ne veut pas voir tirer le glaive du Saint Esprit contre lui et tout son duché. Il rend également compte des événements au pape Pascal II qui, en décembre, réagit par une lettre de mise en garde adressée au duc Conan III : Pascal, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à notre bien aimé fils Conan, illustre comte de Bretagne, salut et bénédiction apostolique. Vous devez savoir, notre cher fils, qu'il n'est point de puissance qui ne vienne de Dieu. Ayant donc reçu de lui votre puissance, ne veuillez pas dresser contre lui la hauteur de votre cœur, ni attaquer son église ; mais pensez plutôt à sa toute puissance, et observez avec humilité les commandements de l'église. Nous avons appris que l'abbé de Redon, méprisant le respect qu'il doit à notre vicaire, l'évêque d'Angoulême, s'est emparé de Belle-Ile, par la violence de votre puissance. C'est pourquoi, méprisant d'obéir au jugement de notre vicaire, il a été interdit par lui de toutes les fonctions d'abbé et de prêtre et toute l'abbaye privée de la célébration des offices divins. Mais il méprise encore cet interdit avec une témé- rité opiniâtre. Nous donnons donc avis à votre bon naturel et nous vous com- mandons comme à un enfant de l'église de ne pas prendre de part à son arro- gance, mais de l'obliger vous-même à accomplir le jugement de l'église. Autrement nous confirmerons, de l'autorité de Dieu, quelque sentence que l'on donne contre vous à cause de cette faute. Donnée à Trévane, le II devant les Calendes de Décembre. La duchesse Ermengarde, mère du duc Conan, fait alors savoir au légat que son fils consent à soumettre l'affaire aux évêques de Bretagne, et promet de s'en rapporter à leur jugement. Cité par le légat du pape au Concile qui se réunit à Angoulême la seconde semaine du Carême 1118, Hervé ne se présente pas. Devant la menace papale, le duc Conan infléchit sa position et, ayant réuni les évêques bretons à Redon, il décide de faire justice à Quimperlé : Au nom de la Sainte et indivisible Trinité, moi Conan, humble duc de Bre- tagne, avec ma sœur Havoise et ma mère Ermengarde, je donne et accorde pour le salut de mon âme et de celles de mes parents, au monastère qui est bâti à Quimperlé, en l'honneur de la Sainte-Croix, la terre appelée Belle-Ile, avec tous ses revenus, comme l'avait fait mon père Alain et mon grand'père Hoël et mon bisaïeul Alain, car nous avons connu que l'action que ceux de Redon ont susci- tée... était fausse et injuste... J'ai aussitôt tiré du cloître de Redon le religieux que l'abbé de Redon avait enlevé de la dite île, et emmené avec lui, et l'ai fait rendre à sa demeure... Cette fois, Hervé doit céder, mais, bien que Sainte-Croix récupère Belle-Ile, il refuse de rendre compte des revenus perçus dans l'île. L'abbé de Quimperlé se plaint à nouveau au pape. Le 3 août 1119, celui-ci écrit à Hervé pour le sommer de faire entière réparation ou de se trouver au Concile qui doit s'ouvrir à Reims le 20 octobre suivant, pour y exposer les motifs de son refus. Hervé assiste au Concile mais, prévoyant la sentence il disparaît avant qu'elle ne soit rendue. Par une bulle papale datée du 8 novembre, Calixte II lui enjoint d'obéir avant l'octave de l'Epiphanie suivante (début 1120) et déclare prendre le monastère de Quimperlé sous sa protection apostolique, tout en confirmant sa possession de toute l'île qui s'appelle Guédel ou Belle-Ile et de tous les autres biens et possessions qui paraissent appartenir à présent audit lieu... Rien n'est toutefois réglé. Le litige reparaît en 1122. On en reparle toujours un quart de siècle plus tard et, le 6 septembre 1146, Conan III, dit le Gros, duc de Bretagne, étant à Vannes, doit, une fois de plus, confirmer la fondation de l'abbaye de Quimperlé, et sa possession de Belle-Ile, à condition que l'abbé soit tenu de servir à la guerre, de faire porter une charge de pain à son armée et d'y célébrer l'office divin. Vingt ans après, en 1166, c'est l'évêque de Quimper qui tente, sans succès, de substituer son autorité spirituelle à celle de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé sur la grande île. Enfin, en 1172, après 61 années de procès et 143 de contestation, une déci- sion du Concile réuni à Avranches met fin à la querelle entre Saint-Sauveur de Redon et Sainte-Croix de Quimperlé. Une transaction est signée par les deux pères abbés en présence du légat du pape Alexandre III. Par cet accord Redon abandonne toute revendication sur Belle-Ile, cependant que Quimperlé lui cède, à titre de dédommagement, ses droits sur le prieuré Notre-Dame, que Sainte-Croix possède dans la ville de Nantes. Désormais, les moines de Quimperlé vont se consacrer aux fidèles de l'île et les aider à défricher les terres, attirant même quelques familles du continent. Pour se mettre à l'abri d'une surprise de la part des écumeurs de mer qui infes- tent les côtes, ils font construire au village de Rozcrière, où habite leur prévôt, un fort (ou plutôt « une mauvaise redoute ») dont une voûte et une partie de la façade existent encore. Sainte-Croix perçoit des taxes sur les « sécheries » de poisson installées à Belle-Ile. Elle y détient également le droit de bris. Celui-ci est contesté, en 1184, après le naufrage de Geoffroy du Maine, dont le prieur de Bangor fait saisir l'épave. Ce capitaine s'insurge et dénie ce droit aux moines. Mais, fin septembre, Constance, duchesse de Bretagne et comtesse de Richemond, confirme l'abbaye de Quimperlé dans tous ses biens, ainsi que dans son droit de bris. L'abbé de Sainte-Croix demeure bien le seigneur temporel de Belle-Ile. Une autre tentative de supplanter celui-ci se situe en 1250. Elle est le fait de l'évêque de Quimper, Hervé de Landeleau, qui veut récupérer les droits épisco- paux aliénés jadis par son prédécesseur Orscand. L'affaire est tranchée le troisiè- me jour devant les Ides de mai, l'an du Seigneur 1250, par le pape Innocent IV. Il confirme les bulles des années 1050, 1078 et 1091, qui indiquaient que l'île de Guezel se trouve en dehors de tout diocèse et réellement nullius et ajoute : Pour ce qui est des droits épiscopaux que l'évêque demande sur ladite île, nous en avons rendu absous par sentence le dit procureur du monastère au nom du même monastère, et ledit monastère, imposant un silence perpétuel à l'évêque de Quimper touchant cela... UNE ERE D'INVASIONS ET DE PILLAGES En bâtissant un premier fort pour résister a un envahisseur éventuel, les craintes des moines étaient fondées. Les invasions et les pillages vont se succé- der pendant plusieurs siècles. La première « descente » importante est le fait de pirates venus d'Angleter- re. Elle a lieu en 1313. Les trois îles sont investies. A Houat, le prieuré de Saint- Gildas et à Hoedic celui de Saint-Goustan, sont dépouillés de leurs calices, ciboires, livres d'église, de leurs meubles et de toutes leurs provisions. Les cha- pelles et de nombreuses maisons sont démolies. A Belle-Ile, les prieurés de Sau- zon, de Notre-Dame de Guédel (Locmaria) et de Le Palais, sont également pillés. Les Anglais enlèvent même quelques habitants et des religieux dépendant de Quimperlé. Le 20 octobre, le Roi de France, Philippe IV le Bel (qui, dès 1295, avait tenté d'annexer la Bretagne à son royaume et s'intéresse de près au sort de Belle-Ile) proteste auprès du roi Edouard II d'Angleterre en ces termes : Philippe par la grâce de Dieu, roi de France, au Prince magnifique, notre très cher fils Edouard, par la même grâce roi d'Angleterre, duc de Guyenne, notre fidèle, salut et heureux succès selon ses désirs. Etant arrivé, ainsi que nous avons appris par la plainte qui nous a été portée de la part de nos biens aimés l'abbé et couvent de Sainte-Croix de Quimperlé, du diocèse de Cornouaille, qui sont en notre garde spéciale, que quelques malfaiteurs de votre royaume ont abordé depuis peu à une certaine île desdits religieux, nommé vulgairement « Belle-Ile », et qu'ils ont enlevé des biens qui étaient dans la dite île et qui appartenaient aux mêmes religieux, et aux habitants de ladite île, et qu'ils ont pris quelques-uns des religieux de ladite abbaye, et des habitants de la dite île et les ont emmenés par force avec eux, l'on ne sait où, et font souffrir sans cesse aux mêmes habitants, et aux moines qui servent Dieu dans ladite île, des vio- lences et des pertes, nous requérons votre grandeur royale et la prions de faire dire par un avis public dans tous les ports de votre royaume, et autres lieux remarquables de votre royaume, que nul, sous peine de punition corporelle et confiscation de biens, ne fasse aucune peine et dommage dans ladite île, aux habitants et aux religieux qui y sont, et que vous renvoyiez sous fidèle et sûre garde ceux que vous connaîtriez avoir commis les violences susdites, pour être punis selon qu'ils le méritent. Donné le vingtième d'octobre, l'an du Seigneur 1313.

A la fin du XIVe siècle, Belle-Ile est la proie des pirates charentais, sainton- geais, anglais et hollandais. De ce fait, elle porte alors un moment le surnom d'île aux larrons : En l'an de grâce 1405, Don Pedro Nuno doubla avec ses galères Belle-Ile, dont les habitants ne portent pas d'armes, assurés qu'ils sont de par le Pape, lequel frappe des foudres de l'excommunication quiconque leur voudrait faire du mal... Les pirates descendent également à Houat, ruinent le couvent et sa chapelle. Les moines qui ne réussissent pas à s'échapper vers Rhuys sont exécutés sans pitié. Les ruines de l'ensemble monastique seront fouillés à l'époque moderne. Dans les restes de la chapelle, assez vaste, on découvre de nombreux squelettes inhumés la tête tournée vers l'Est. Quant à la maison prieurale, elle avait environ 26 mètres de long et les vestiges des murs de la clôture contenaient approximati- vement deux à trois hectares. A Hoedic, les sévices sont identiques. La chapelle est quasiment détruite. On ne la relèvera pas, mais on en édifiera une autre, sur un point plus élevé, qui sera dédiée à Notre-Dame des Neiges ou Notre-Dame la Blanche (nom qu'elle porte encore aujourd'hui). Informé, le pape excommunie les coupables par une bulle qui est conservée aux archives de Rhuys jusqu'à la fin du XVII e siècle. Peu après, en 1408, une importante décision est prise par Benoit XIII (pape d'Avignon) : il annexe la prévôté de Belle-Ile et les prieurés de Locmaria, Sauzon, Le Palais et Bangor à la mense abbatiale de Sainte-Croix de Quimperlé. C'est son abbé qui nommera désormais le prévôt ou l'official et le commandant - qui assureront la direction spirituelle, la défense des côtes, le maintien de l'ordre et la gestion du temporel de l'île.

En 1454, Belle-Ile demeure une escale maritime importante, mais également un refuge permanent pour les pirates qui créent bien des soucis à la population. Une nouvelle bulle (encore une ! Les papes se sont beaucoup intéressés au sort de l'île...) de Nicolas V les frappe d'excommunication - sans que les for- bans soient le moins du monde intimidés. Bien que le « grand routier de Ferrande » signale l'existence de bons ports à Le Palais et à Sauzon, la navigation n'est pas plus sûre. C'est la raison pour laquelle, le 16 novembre 1464, le duc de Bretagne, Fran- çois II, décide que pour éviter aux insulaires le danger de tomber entre les mains des pirates en se rendant à la barre d'Auray, ils ne pourront, sans lettres sous le sceau ducal, être désormais assignés hors de la juridiction de l' île. LA BRETAGNE FRANCAISE Après la mort du duc François II, sa fille, Anne de Bretagne, épouse, en 1491, le roi de France Charles VIII. Veuve quelques années plus tard, elle se remarie avec son successeur, Louis XII, en 1498. Désormais, même si cela n'est pas encore tout à fait officiel, la Bretagne est française, puisqu'elle appartient en propre au dauphin de France. En 1532, les Etats de Bretagne demandent le rattachement de la province (donc, également, de Belle-Ile, Houat et Hoedic) au royaume de France. Cette incorporation - ou cette annexion - devient définitive et irrévocable en 1547, lors de l'avènement du roi Hemi II. UNE PERIODE CALME Le calme est en effet revenu vers la fin du XVe siècle. Bien que relatif, il va être mis à profit pour panser les plaies, et relever les ruines. On s'occupe tout d'abord de l'église Notre-Dame de Locmaria. Des travaux de réfection du choeur et des croisillons sont effectués en gardant l'ancienne structure, en particulier la nef du XIe siècle. Et Gustave Duhem précise l'état moderne de l'édifice : L'église, orientée, comprend une nef avec bas-côtés, un transept et un choeur à chevet plat. La nef communique avec les bas-côtés par de grandes arcades en plein cintre reposant sur des piliers carrés, massifs, à impostes. Il n'y a pas de fenêtres au-dessus des grandes arcades, mais des petites fenêtres très ébrasées éclairaient les bas-côtés. Le croisillon Nord, percé, comme le chevet, d'une fenêtre en tiers-point, ouvre sur le carré par des arcades en tiers-point pénétrant dans des piles cylindriques du XVe siècle. A l'Ouest et au Sud, porches romans en plein cintre sans décoration ; les contreforts adhérents sont hauts et peu saillants. Sur le porche occidental s'élève une tour carrée, massive, percée de petites baies romanes et amortie d'une flèche en ardoises.

Puis on s'inquiète de l'église de Bangor, qui a pour titulaires Saint-Pierre et Saint-Paul. Il semble que ce soit en 1520 que débute le chantier de restauration. (Un pilier, ajouté à une construction plus ancienne, porte cette date.) En 1534, on en est à la cloche - qui est fondue cette année-là et qui porte le nom de Saint-Colom- bier.

Au même moment des textes indiquent que le prieuré Saint-Nicolas de Sau- zon existe toujours : Il y a au Port Sauzon une église qui est tout bas rangeant l'eau et est du côté devers l'Ouest du Havre ; par le dedans du havre et au-des- sus d'elle il y a plusieurs maisons...

Pas un mot du prieuré du Potager, ni d'une église à Le Palais... DE NOUVELLES TEMPETES ET UN DEBUT DE FORTIFICATION Au début de 1536, la guerre reprend entre la France et l'empereur Charles Quint. La Bretagne ne paraît pas à avoir à en souffrir. Cependant Belle-Ile est à nouveau menacée. Le roi François 1er, n'ayant pas la possibilité de la défendre et de protéger ses habitants contre les corsaires espagnols qui sévissent sur la côte, prend la décision de faire évacuer la population : François par la grâce de Dieu roi de France, usufructuaire de Bretagne, aux gouverneurs et à nos lieutenants généraux en pays de Guyenne et de Bretagne, salut. Pour ce que nous avons été avertis que les vaisseaux de nos ennemis sont venus et viennent par chacun jour ou souventes fois prendre le rafraîchissement de vivres, munitions, équipages et autres provisions en nos îles de Belle-Ile et de l'île Dieu, et encore soit par cràinte, profit ou commodité les habitants des dites baillent et portent vivres, munitions et marchandises aux dits ennemis. Nous vous mandons que vous fassiez faire exprès commandement de par Nous, à son de trompe et cri public à tous et à chacun des habitants des dites îles, de quelque état et conditions qu'ils soient, sous peine de confiscation de corps et de biens, et d'être réputés envers Nous rebelles et désobéissants, que dedans quinze jours après la publication des présentes, ils aient à se retirer avec leurs biens, denrées, marchandises, bétail et autres choses aux plus proches villes en terre ferme ou autres lieux de notre obéissance, que bon leur semblera pendant les guerres et divisions, et sans qu'il soit loisible aux dits habitants ou autre quelconques de retourner et aller aux dites jusqu'à ce que par Nous en soit autrement ordonné. Donné à Chantilly le 7février 1536 (1537 N.S.) et de notre règne le 23 ème. Mais le transfert de 2 à 3 000 personnes et de leurs biens, avec les moyens de l'époque, pose un problème quasiment insoluble à résoudre - et l'ordre royal reste sans suite... Quelques années plus tard, en 1545, les habitants de Belle-Ile sollicitent une réduction du fouage, car les Anglais y sont encore de présent, prennent et empor- tent nos biens et mettent partie de nous à rançon.

En 1548, une flotte anglaise, composée de 24 vaisseaux de ligne et de 12 fré- gates, paraît sur les côtes du Morbihan. Elle attaque , Houat et Hoedic, où les marins incendient de nombreuses maisons. Les Anglais font une tentative sur le port du Palais à Belle-Ile, mais le canon de la petite garnison les force à s'éloigner. André de Sourdeval rend compte, depuis Vannes, des événements au duc d'Etampes, gouverneur de Bretagne : Monseigneur, je crois que vous avez été averti comment les Anglais ont des- cendu à Locmariaquer, et comment ils ont brûlé la plus grande partie des mai- sons qui y étaient, et en ont fait autant à Houat et à l'île de Hoedic, et de là s'en sont venus à Belle-Ile, pensant y entrer, et ont entré jusque dedans le havre, et en ont été chassés. Ils étaient au nombre de 24 grands navires, et bien douze autres moyens. Ils ont pris la valeur de 20000 écus en vin, et n'ont jamais trouvé navire qui se soit défendu, sauf un qui était de Pouldavy, qu'ils ont combattu par deux jours, et à la fin l'ont pris, qui n'a été sans grand meurtre. Ils ont été trois jours après une flotte qui s'est rangée sous le frol, que j'ai sauvée à coups de canon. J'étais sorti de Belle-Ile, pensant vous aller trouver, pour vous faire entendre les incommodités que j'ai en l'île. De Vannes, ce 21 de février 1548. (1549 NS) Le roi Henri II prend alors une décision importante : il supprime la fonction de capitaine de Belle-Ile (dont la nomination était faite par l'abbé de Quimperlé), décide de le remplacer par un gouverneur et de faire édifier un nouveau fort à Le Palais, à l'emplacement du « château des moines ». Du Paz écrit à ce sujet : L'an 1549, sur la remontrance qu'on fit au roi Henri II que plusieurs pirates et écumeurs de mer, ennemis de Sa Majesté, faisaient chaque jour descente à Belle-Ile, pillant les habitants sujets de Sa Majesté, le roi ordonna que l'on y bâtit un fort pour repousser les ennemis et leur empêcher l'entrée de l'île afin que les habitants y fussent en sûreté de leurs personnes et de leurs biens. Il en donna la commission à François de Rohan, seigneur de Gié, son chambellan ordinaire, et son lieutenant général en Bretagne, qui s'y transporta avec un ingé- nieur du roi, y fit porter les matériaux propres à bâtir un fort, et en choisit le lieu. Mais ne pouvant s'arrêter à cette exécution à cause qu'il devait se trouver aux Etats de la province qui se devaient tenir à Vannes le 8 de septémbre, et qu'il était chargé de plusieurs affaires du roi en l'absence du duc d'Etampes, gouverneur de la province, il crut qu'il fallait mettre en sa place quelque person- ne de valeur et de fidélité, pour travailler au bâtiment du fort et du gouverne- ment de l'île ; et le temps ne lui permettant pas d'en prendre les ordres du roi ou du gouverneur de la province, il établit en sa place Robert d'Avaugour, cheva- lier, seigneur de Tromeur, panetier ordinaire du roi, et capitaine de 26 hommes de guerre, ordonné pour la défense du fort, par ses lettres du 13 août 1549, jusqu'à ce qu' autrement en fut ordonné par le roi, pour défendre et gouverner la dite île, y faire ce qu'il trouverait nécessaire pour le service du roi, et le soulage- ment des habitants ; avec pouvoir, appelant avec lui les commissaires et contrô- leurs, ordonnés par ledit seigneur de Gié, sur le fait de ladite fortification de faire payer par M. Florimond Le Charron, trésorier et receveur général des finances de Bretagne, tous les frais et les dépenses qu il faudrait faire pour la construction du fort. Le chantier s'ouvre alors sous la direction de Robert d'Avaugour. (Notons qu'en 1550, le roi fait abattre 200 journaux de bois dans la forêt de Lanvaux « dont le produit va servir aux fortifications ».) Malgré les efforts, les travaux vont se poursuivre lentement...

Puis les hostilités reprennent contre Charles-Quint et, en juin 1553, Belle-Ile est de nouveau menacée. Le 23 juin les nobles du diocèse de Vannes, commandé par le seigneur d', s'assemblent à en vue de la défense de l'île, après avoir reçu l'ordre suivant : Suivant la commission envoyée par Monseigneur le Gouverneur de ce pays au dit capitaine et auxquels est fait commandement sous peine de saisissement de leurs héritages, et autres peines corporelles, en cas de défaut de se trouver à Hennebont le pénultième jour de ce présent mois, armés et montés selon l'injonction qui leur est faite le 21ème jour de juin l'an 1553 prochain venant. Ils sont 110 à répondre à cette convocation de l'arrière-ban, et parmi eux on relève les noms des Sieurs de Coëtcandec en Grandchamp ; Guillaume Le Floch, sieur de Kerboutier, près Pontivy, sieur du Roscoët, sieur de La Haye ; sieur de Lantivy de Talhouët, etc.

Le 31 janvier 1557, la guerre recommence avec l'Angleterre et l'Espagne. L'entrée en scène de l'Angleterre vient, une fois encore, rendre le conflit plus dangereux pour la Bretagne. Une lettre adressée le 29 avril par les bourgeois du Croisic à Jean de Brosse, gouverneur de Bretagne, nous apprend que, peu aupa- ravant, les espagnols ont tenté sur Belle-Ile une descente infructueuse. D'ailleurs, le 25 avril, le roi a signé à Villers-Cotteret des lettres pour le sire d'Avaugour, gouverneur de Belle-Ile. Elles lui confirment qu'il doit remettre sur pieds ses 200 hommes de guerre pour la garde du fort, puisque la trêve avec les espagnols et les flamands est rompue. (Pendant cette trêve, la garnison avait été réduite à 20-25 hommes.) Le 29 juillet 1558, 7500 Anglais attaquent la Bretagne et ravagent Plougon- velin, Saint-Mathieu, Le Conquet et Lochrist. On craint à nouveau pour Belle- Ile... Henri II décide alors de faire démolir les vestiges du château d'Auray et d'en transporter les pierres de granit à Belle-Ile pour améliorer le fort, situé à Arrenté (emplacement de l'actuelle citadelle). Les travaux reprennent, mais toujours lentement. Les crédits manquent et les moines ont des revenus trop maigres, affirment-ils, pour pouvoir couvrir la dépense. Du 5 au 23 février 1560, la flotte anglaise croise encore aux abords de Belle- Ile, Houat, Hoedic et Le Croisic - et la guerre ouverte reprend avec des britan- niques en 1563. En septembre/octobre, 27 navires ennemis se trouvent dans les parages tandis que 600 Anglais envahissent Houat. Le traité de Troyes, signé le 11 avril 1564, met fin au conflit, cela n'empêche pas, trois ans plus tard, les espagnols de piller Belle-Ile, où le fort n'est toujours pas achevé...

Auteur de plusieurs monographies concernant les villes du Morbihan : Pontivy, Quiberon, Saint-Pierre- Quiberon, , Noyal-Pontivy, Pluméliau, Locminé, Malguénac, Charles Floquet nous conte ici la longue et passionnante histoire de Belle-Île, Houat et Hoëdic, depuis les origines et la lointaine époque de saint Gildas et de saint Goustan jusqu'à nos jours. ? Toutes les grandes étapes de révolution de Belle- île sont évoquées/: Itie bénédictine, la maison de Gondi, la maison de Fouquet, les invisions normande et anglaise, I'îie royàle, les occupatfiwi.Malaise et, allemande, la prison d'Etat, l'époque moderne, ainsi que le fabuleux essor touristique des dernières années." Parallèlement, l'histoire et la vie des îles de Houat ' et Hoëdic - toujours très n6:es à ccLes de leur graine sœur - racontées r'' hfève, Suîvez, au jour îe ^ r c e * " "u. '-'-t IVrîîraî cj * <. ' » * -v ziban, de i, d? i «. << 1 '• ' * ^ ,r aussi de Daudet, de .. ■ * . / * . O-wJc fvloni, *, u > , î11 C > f ■ d'Aï â-tly... Le succès i] ' ">'v -4 • \r i 1;00, a la « i ■ • • * o *r *~*v- y-. " ' ' ' ■

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