Henry Purcell Jeremiah Clarke
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SON OF ENGLAND HENRY PURCELL JEREMIAH CLARKE LES CRIS DE PARIS LE POÈME HARMONIQUE VINCENT DUMESTRE MENU › TRACKLIST › TEXTE FRANÇAIS › ENGLISH TEXT › DEUTSCH KOMMENTAR › SUNG TEXTS SON OF ENGLAND JEREMIAH CLARKE (1674-1707) ODE ON THE DEATH OF HENRY PURCELL 1 I. OVERTURE 3’30 2 II. COME, COME ALONG FOR A DANCE AND A SONG 2’30 3 III. MR. CLARKE’S CEBELL 1’32 4 IV. HOLD, SHEPHERDS, HOLD! 3’48 5 V. NO MORE THIS LING’RING BLOW 2’03 6 VI. OH, DISMAL DAY! 5’58 7 VII. AND SEE, APOLLO HAS UNSTRUNG HIS LYRE 1’42 8 VIII. MR. PURCELL’S FAREWELL 1’26 9 IX. ALL’S UNTUNED, BUT YOND DIVINER SPHERE 2’53 HENRY PURCELL (1659-1695) FUNERAL SENTENCES FOR THE DEATH OF QUEEN MARY II 10 I. THE QUEEN’S FUNERAL MARCH SOUNDED BEFORE HER CHARIOT 2’46 11 II. MAN THAT IS BORN OF A WOMAN 2’27 12 III. IN THE MIDST OF LIFE 1’31 13 IV. YET, O LORD, MOST MIGHTY 2’44 14 V. CANZONA 2’09 15 VI. THOU KNOWEST, LORD 2’30 › MENU WELCOME TO ALL THE PLEASURES Z 339 16 I. SYMPHONY 1’59 17 II. WELCOME TO ALL THE PLEASURES 1’58 18 III. HERE THE DEITIES APPROVE 4’44 19 IV. WHILE JOYS CELESTIAL 3’12 20 V. BEAUTY, THOU SCENE OF LOVE 3’08 21 VI. IN A CONSORT OF VOICES 1’06 TOTAL TIME: 55’44 KATHERINE WATSON SOPRANO NICHOLAS TAMAGNA ALTO JEFFREY THOMPSON TENOR GEOFFROY BUFFIÈRE BASSE LES CRIS DE PARIS LE POÈME HARMONIQUE VINCENT DUMESTRE LES CRIS DE PARIS GEOFFROY JOURDAIN ANNE-MARIE BEAUDETTE, ADÈLE CARLIER*, ELLEN GIACONE, CÉCILE LARROCHE, MARIE PICAUT, AMANDINE TRENC SOPRANOS CÉCILE BANQUEY, ANNE-LOU BISSIERES, JOSQUIN GEST, STÉPHANIE LECLERCQ, WILLIAM SHELTON ALTO S ALBAN DUFOURT, ANTOINE JOMIN, MATHIEU JUSTINE, EDOUARD MONJANEL, STEPHAN OLRY, RANDOL RODRIGUEZ TENORS EMMANUEL BOUQUEY, ANICET CASTEL, MATHIEU DUBROCA, ALAN PICOL, ALVARO VALLES BASSES *Soloist (track 19) LE POÈME HARMONIQUE VINCENT DUMESTRE CONDUCTOR FIONA EMILIE POUPARD CONCERTMASTER DAVID CHIVERS, TIPHAINE COQUEMPOT, ANTHONY MARINI VIOLIN 1 GILONE GAUBERT JACQUES, JORLEN VEGA, CATHERINE AMBACH VIOLIN 2 PIERRE VALLET, LIKA LALOUM, JUSTIN GLORIEUX VIOLA JULIEN HAINSWORTH CELLO* LUCAS PERES BASS VIOL* KEIKO GOMI BASS VIOLIN ELODIE PEUDEPIECE VIOLONE ELISE CHRISTIAENS DOUBLEBASS ELSA FRANK, JOHANNE MAITRE OBOE, FLUTE JEREMIE PAPASERGIO BASSOON PIERRE MELIZ, BRUNO FERNANDES TRUMPET ADRIEN MABIRE CORNETT CYRIL BERNHARD SACKBUT SAMUEL DOMERGUE TIMPANI ELISABETH GEIGER HARPSICHORD, ORGAN* SARA AGUEDA HARP* ERIC BELLOCQ THEORBO* * Continuo › MENU SON OF ENGLAND PAR LUCA DUPONT-SPIRIO En 1659, l’Angleterre vit l’un des moments les plus critiques de son histoire. L’année précédente s’est éteint Oliver Cromwell, Lord Protecteur d’une république qui a chassé la monarchie en 1649, après l’exécution de Charles Ier. Son fi ls et successeur Richard Cromwell, loin de posséder sa main de fer, chancelle sous les pressions de l’armée et du parlement, qui obtient son abdication. Dans le chaos conséquent, Charles II, héritier du trône exilé en Flandres, voit l’occasion de reconquérir son royaume. Avec l’appui du général George Monck, il obtient la restauration de la monarchie et se fait rappeler à Londres. Accueilli triomphalement par la foule le 29 mai 1660, Charles est couronné le 23 avril 1661, en la fête nationale de la Saint-Georges. C’est dans ce contexte troublé, en cette année 1659 où se joue le sort de son pays, que naît Henry Purcell ; comme si le destin avait donné à l’Angleterre son fi ls le plus musicien au moment où elle avait le plus cruellement besoin de lui. Dès 1642, la guerre civile opposant forces parlementaires et royalistes avait suspendu la vie musicale et fait fuir de nombreux artistes vers le continent. À l’avènement du Commonwealth – nom anglais de la République –, la religion puritaine incarnée par Cromwell avait banni les chœurs des églises et interdit les spectacles. En accédant au trône, Charles II, sans doute conscient du lustre que la musique peut apporter à une couronne encore instable, reforme immédiatement la chapelle royale, malgré l’urgence des nombreux défi s politiques, économiques et militaires. Si le haut fonctionnaire Samuel Pepys rapporte d’abord, dans son célèbre Journal, des productions piteuses, qui font rire le Roi lui-même – chanteurs et musiciens n’ont pas répété depuis près de vingt ans –, la musique reprend peu à peu sa place dans les rites et les plaisirs du royaume. Toutefois, c’est Purcell qui donnera à l’Angleterre une voix digne de sa renaissance glorieuse et de ses ambitions grandioses. 12 › MENU Et l’Angleterre le lui rendra. À sa mort, causée par un refroidissement funeste, le 21 novembre FRANÇAIS 1695, les funérailles de Purcell sont célébrées en grande pompe à Westminster, et son corps enterré dans l’abbaye, honneur exceptionnel, aux frais de la couronne. Un déluge d’hommages poétiques et musicaux salue le plus grand musicien du pays, parmi lesquels l’ode de Jeremiah Clarke, Come, come along, a été injustement oubliée. De ce dernier, on sait seulement qu’il fut page de la chapelle royale dans les années 1680 puis organiste du Winchester College dans les années 1690, avant de rejoindre à Londres la cathédrale Saint-Paul, puis de nouveau la chapelle royale. Sa mort en 1707, prématurée comme celle de Purcell, serait un suicide accompli par dépit amoureux. Come, come along se présente comme un opéra pastoral en miniature – le manuscrit en mentionne d’ailleurs une représentation mise en scène au théâtre londonien de Drury Lane. Dans une trame qui n’est pas sans rappeler l’Orfeo de Monteverdi, les bergers célèbrent la paix et la douceur des bois lorsqu’une messagère vient annoncer la mort de Stréphon, chantre des forêts arcadiennes et double évident de Purcell. Le récit, qui suscite la désolation générale, renvoie lui-même aux procédés du premier baroque italien, les mots douloureux étant notamment entrecoupés de silences. Plus loin, quand l’un des spectateurs réagit à la nouvelle en affi rmant qu’Apollon a « décordé sa lyre », les temps forts du motif obstiné qui l’accompagne sont muets, signalant l’état bancal où la musique se trouve réduite. Et lorsque le chœur déplore que Stréphon-Purcell soit « parti pour ne jamais revenir », Clarke entoure le mot « never » de graves silences, comme le faisait le compositeur défunt dans les dernières mesures de Didon et Énée. Cet éloge funèbre exprime le lien métaphysique unissant Purcell à son pays, que ses œuvres expliquent par leur génie, mais aussi par leurs circonstances de création. Reconnu de son vivant comme le plus illustre compositeur du royaume, il avait souvent associé son art aux divertissements et à la pompe monarchiques. L’un de ses hommages les plus bouleversants à la couronne est composé peu avant sa propre mort. Décédée le 28 décembre 1694, la reine Mary II, nièce de Charles II, est sincèrement pleurée par un peuple qui la préférait à son époux, l’austère William III. Le 5 mars 1695, après de longs préparatifs, son immense cortège funéraire 13 traverse les rues de Londres bordées de toile noire. À Westminster – où il était organiste –, le cercueil est porté devant l’autel au son d’une marche de Purcell, aux harmonies douloureuses, aux carrures imposantes. C’est vers la fi n de l’offi ce qu’on entend, conformément au canon liturgique, les trois Funeral Sentences tirées des Écritures. Méditations sur la vanité de la vie humaine, elles inspirent au musicien certaines de ses pages les plus déchirantes, tour à tour dissonantes ou lumineuses, selon que le texte évoque la misère de l’homme mortel ou l’espoir de la rédemption en Dieu. Si la participation décisive de Purcell au destin de son pays est manifeste lors de cette cérémonie offi cielle, elle ne l’est pas moins à considérer certains thèmes qui parcourent sa production vocale. En 1683 est créée la « Musical Society », qui honorera chaque année sainte Cécile, patronne de la musique, en sa fête du 22 novembre. C’est la même année, pour la première de ces célébrations, que notre compositeur produit son ode Welcome to all the pleasures. Ponctuée par des chœurs solennels, dont le dernier fait disparaître les voix une à une, l’œuvre est célèbre pour l’air « Here the deities approve », construit sur une basse obstinée – répétée en boucle – au souffl e aussi ample que poignant. Véritable dithyrambe, le texte loue dans les concerts les délices qu’ils procurent, mais aussi la concorde qu’ils refl ètent : la « grande assemblée de la race d’Apollon » est comparée à « l’arche de l’harmonie universelle ». Gloire, réjouissance, unité : tout est dit du rôle attribué à la musique dans l’Angleterre de la Restauration et de l’amour que celle-ci pouvait porter au fi ls béni dont l’art lui avait rendu sa grandeur. 14 › MENU SON OF ENGLAND BY LUCA DUPONT-SPIRIO In 1659 England experienced one of the most critical moments in its history. The previous year had ENGLISH seen the death of Oliver Cromwell, Lord Protector of a republic that had abolished the monarchy in 1649, after the execution of Charles I. Cromwell’s son and successor Richard, far from possessing his father’s iron hand, caved in to pressure from the army and Parliament, which obliged him to renounce power. In the ensuing chaos, Charles II, the heir to the throne, who was living in exile in Flanders, saw the opportunity of reconquering his kingdom. With the support of General George Monck, he obtained the restoration of the monarchy and his recall to London, where he enjoyed a triumphal reception from the populace on 29 May 1660.