Le Creusot Montceau Les Mines Mission Du Patrimoine Ethnologique
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Ecomusée de la Communauté Ministère de la Culture Le Creusot Montceau les Mines Mission du patrimoine ethnologique LE PAYSAGE A L'EPREUVE DES TRANSPORTS INTERURBAINS REALITE ET REPRESENTATIONS Rapport fínal Agnès PORTIER Patrice NOTTEGHEM Le Creusot novembre 1992 SOMMAIRE INTRODUCTION p.1 CHAPITRE 1 : L'organisation formelle du paysage en périphérie-est de la Comniunauté Urbaine Le Creusot Montceau les Mines p . 3 A. Une campagne banale traversée par de multiples voies de communication : localisations et caractéristiques dominantes p.3 B. Un paysage composite p. 5 CHAPITRE 2 : Histoire des facteurs économiques et sociaux qui ont contribué à façonner le paysage p . 1 0 A. L'ouverture du Canal du Centre et la création de la Fonderie Royale p.ll B . L'essor industriel autour du Creusot et de Montceau les Mines p . 1 4 C. La fin des grands investissements et le déclin progressif de l'activité industrielle p.18 D. Le cas de la commune d'Ecuisses, situation et évolution p.21 Conclusion : Deux siècles d'histoire industrielle et rurale p.25 CHAPITRE 3 : Les représentations sociales du paysage au sein de la zone d'enquête p.26 A. Questions de méthode p.26 B . Les traits saillants du paysage et leurs significations p.29 C. Des points de repère ignorés p.48 D. Image collective et expérience personnelle p. 51 Conclusion : L'intérêt de la maquette comme outil d'investigation p.56 CHAPITRE 4 : Incidence des voies de communication sur les pratiques et les représentations de 1 ' espace et du paysage p.58 A. Incidence des voies de communication sur les pratiques spatiales des Ecuissois p.58 B. Incidence des voies de communication sur la pratique des agriculteurs et des chasseurs p.62 C. L'éclatement de la dichotomie rural /urbain p.68 CONCLUSION p.74 NOTES p.76 BIBLIOGRAPHIE p.78 INTRODUCTION Le présent rapport réalisé pour la Mission du Patrimoine Ethnologique dans le cadre de l'appel d'offres "Dynamique des paysages, représentations, usages et conflits d'usages", a pour but de mettre en évidence les apports de la démarche anthropologique à l'étude des paysages d'une part, et de faciliter la prise en compte de l'analyse paysagère dans les opérations d'aménagement, à une période où des changements importants surviennent. A la différence de nombreuses réponses aux appels d'offres successifs de la Mission du Patrimoine Ethnologique, qui traitent de l'évolution et du devenir des paysages ruraux, en liaison avec les conséquences de la Politique Agricole Commune, en particulier des phénomènes de "déprise", notre domaine d'investigation porte sur l'impact de la politique des grands travaux (autoroutes, TGV, lignes à haute et moyenne tension, etc.), sur le paysage rural. La zone d'enquête retenue se situe dans le périmètre de la Communauté Urbaine du Creusot Montceau les Mines. Il s'agit d'un paysage rural de vallées bocagères qui a connu des transformations importantes en raison de l'implantation de multiples infrastructures de transport, depuis la fin du 18e siècle. Celles-ci étant à mettre en parallèle avec le développement industriel de la région à compter de cette même période. L'intérêt de ce terrain est multiple. Tout d'abord il présente une grande variété de voies de communication (routes, voie express, canal, lignes de chemin de fer, lignes à haute et moyenne tension, TGV) qui se trouvent concentrées dans un périmètre très restreint. Ce qui devrait permettre de mesurer l'impact de ces voies prises isolément, puis globalement sur l'organisation formelle du paysage d'une part, et du point de vue des représentations sociales d'autre part. Ces voies de communication sont-elles perçues positivement ou non par les gens du lieu ou au contraire comme génératrices de nuisances ? Et pour qui ? Pour quelles catégories d'usagers de l'espace ? Autrement dit, quels sont les facteurs susceptibles d'expliquer l'acceptation ou le rejet de ces infrastructures ? Ceci renvoie au second intérêt de ce terrain, à savoir sa dimension historique. L'effet du temps est-il un élément, parmi d'autres, susceptible de favoriser le rejet ou l'intégration de ces infrastructures dans le paysage ? Enfin, l'un des intérêts majeurs de cette recherche, directement lié à la coexistence de multiples liaisons interurbaines dans un secteur à dominante rurale, est de poser de manière explicite la question de la ruralité du paysage. Dans quelle mesure ces infrastructures, qui sont généralement associées au milieu urbain, ne remettent-elles pas en cause la dimension rurale du paysage ? Un paysage n'existe pas comme une entité en soi, dépourvu de représentations ou de subjectivité, à la manière dont certains géographes ont cherché à l'appréhender dans le but de parvenir à un objet de recherche authentiquement scientifique. Un paysage existe aussi par rapport aux hommes qui le perçoivent et l'investissent au travers de pratiques quotidiennes. C'est le résultat de cette combinaison entre des éléments physiques, biologiques et humains qui fonde les paysages. Après une analyse purement descriptive de la réalité qui intègre les principaux éléments structurants, nous nous attacherons à situer le paysage dans son histoire en prenant en considération l'ensemble des déterminants économiques et sociaux, pour nous interroger ensuite sur le vécu des individus et des groupes sociaux, leurs affects, qui déterminent en grande partie leur manière de se représenter le paysage. CHAPITRE I L'ORGANISATION FORMELLE DU PAYSAGE EN PERIPHERIE EST DE LA COMMUNAUTE URBAINE DU CREUSOT MONTCEAU LES MINES Le premier volet de cette recherche a pour but d'appréhender le paysage d'un point de vue purement descriptif, un peu à la manière de K. Lynch, dont l'analyse consiste à répertorier les éléments concrets directement perceptibles, dans la perspective de mesurer l'impact de la forme sur les représentations sociales de l'espace (1). Il s'agit en quelque sorte d'une approche "photographique" de la zone, où l'on privilégie la perception visuelle, à ceci près toutefois que les différents sens (odeurs, bruits, etc..) sont également pris en compte. On rejoint ainsi les critères définis par C. Avocat dans la constitution d'une grille d'analyse du paysage, fondée en partie sur une approche dite "sensorielle" (2). Si cette description axée autour de différents critères empruntés tantôt aux géographes, tantôt aux urbanistes, tend vers une certaine objectivité, elle n'en comporte pas moins une dimension subjective, celle de l'enquêteur, qui analyse ce paysage en fonction de ses propres referents et schémas culturels. A. Une campagne banale traversée par de multiples voies de communication Localisations et caractéristiques dominantes Le secteur d'enquête retenu se situe en Bourgogne, dans le département de Saône-et- Loire, à une distance d'environ 35 kms au sud-ouest de Chalon-sur-Saône. Localisée aux confins de plusieurs régions agricoles, dont l'Autunois au nord-ouest, le Charoláis au sud-ouest, la côte chalonnaise à l'ouest, la zone d'enquête, incluse dans le périmètre de la Communauté Urbaine Le Creusot Montceau-les-Mines, ne présente pas de dénomination particulière. Elle correspond sensiblement aux limites territoriales de la commune d'Ecuisses, auxquelles il faut adjoindre les lisières des communes limitrophes situées à l'est : Montchanin, St-Laurent d'Andenay, Torcy. C'est précisément aux confins de ces différentes bourgades que se superposent un ensemble de voies de communication, qui font de cet espace un lieu singulier. La zone d'enquête retenue présente trois caractéristiques essentielles. Elle est fortement marquée par son caractère rural tout d'abord. Nous sommes en pays de bocage, dans une zone vallonnée, où l'élevage prédomine largement. N'oublions pas que la région du Charoláis est toute proche. Les données chiffrées extraites du Recensement Général de l'Agriculture (3) traduisent l'importance de l'activité agricole dans la commune d'Ecuisses. La Surface Agricole Utilisée (SAU) représente encore 50% de la superficie communale, auxquels s'ajoutent 16% de bois et de forêt. Néanmoins, à côte de ce paysage rural, coexistent des espaces urbanisés, largement déterminés par les voies de communication multiples qui traversent ce secteur. En effet, la seconde grande caractéristique de cette zone tient précisément à la superposition de plusieurs voies de communication sur un espace restreint. Par ordre chronologique, on recense, outre un réseau de chemins ruraux et de chemins de desserte : le Canal du Centre, implanté à la fin du 18e siècle. C'est un canal à point de partage avec deux versants : le versant Océan en direction de la Loire, et le versant Méditerranée orienté vers la Saône. Le point de partage étant inclu dans la zone d'éhide, la voie de chemin de fer PLM, construite en 1860, et qui relie Nevers à Chagny. A cela il faut ajouter la gare de triage de Montchanin, la route départementale 974 implantée sur la digue du canal dans les années 1930, la route express qui relie la Communauté urbaine à la ville de Chalon-sur- Saône, réalisée en 1960, la ligne TGV Sud-Est achevée en 1981 avec une gare (une des deux seules gares entre Paris et Lyon). La voie TGV est sensiblement parallère à la ligne de partage des eaux (Océan- Méditerranée) à la différence des voies précédentes qui toutes coupent cette ligne sur le territoire de la commune d'Ecuisses, et enfin, les lignes à haute et moyenne tension qui transportent l'énergie électrique acheminée depuis des centrales de production alpines vers une station de transformation implantée sur le territoire d'Ecuisses, destinée à approvisionner la Communauté urbaine en courant électrique, ainsi que la ligne TGV. Outre ces voies prises isolément, il faut également signaler les croisements, les "noeuds" induits par la superposition de ces multiples infrastructures de transport dans l'espace.