Conservatoire botanique national de Brest Pôle inter-régional de compétences sur les habitats

Typologie des végétations de l'Anse de Catteville (, ) s humides s rie rai

Novembre 2011

Marais et p et Marais Vincent COLASSE

Référence bibliographique à citer : COLASSE V., 2011 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) . Conservatoire botanique national de Brest / Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de BasseNormandie, 32p..

Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche)

Antenne régionale de Basse-Normandie

Parc Estuaire Entreprises Route de Caen 14310 VILLERSBOCAGE Tél. : 02 31 96 77 56 Courriel : cbn.basse[email protected] Internet : http://www.cbnbrest.fr/

Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche)

Novembre 2011

Relevés phytosociologiques : Vincent Colasse, Loïc Delassus Analyse des données et rédaction : Vincent Colasse Relecture et conseils techniques et scientifiques : Loïc Delassus, Marie Goret, Catherine Zambettakis

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Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 1

I. PRESENTATION GENERALE DU SITE D ’ETUDE ...... 1

A. Localisation de l’anse de Catteville...... 1 B. Climat ...... 1 C. Géologie, pédologie...... 2 D. Usages passés et présents...... 2

II. METHODOLOGIE ...... 2

A. Démarche adoptée ...... 2 1. Inventaire phytosociologique des végétations présentes...... 2 2. Intégration des relevés à la base phytosociologique du CBN de Brest ...... 3 3. Interprétation des relevés phytosociologiques...... 3 B. Nomenclatures utilisée pour les habitats et les espèces...... 4 C. Fiches de description des végétations ...... 5

III. RESULTATS ET ANALYSES ...... 8

A. Présentation générale des végétations ...... 8 1. Evolution des végétations depuis 1982...... 8 2. Interprétation phytosociologique...... 8 3. Valeur patrimoniale...... 10 B. Fiches de description des végétations ...... 12 Prairie hygrophile acidiphile oligotrophile à Cirsium dissectum et Scorzonera humilis ...... 13 Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile appauvrie à Agrostis canina et Juncus effusus ...... 16 Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile à Juncus acutiflorus et Cynosurus cristatus ...... 19 Prairie mésohygrophile eutrophile à Trifolium repens et Ranunculus repens ...... 22 Mégaphorbiaie eutrophile à Phalaris arundinacea ...... 25 Fossé tourbeux à Carex rostrata et Potentilla palustris ...... 27

CONCLUSION ...... 30

BIBLIOGRAPHIE ...... 31

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

TABLE DES CARTES Carte 1 : localisation du site d’étude ...... 1 Carte 2 : localisation des relevés phytosociologique...... 3

TABLE DES FIGURES Figure 1 : Schéma relationnel des végétation de l’anse de Catteville ...... 11 Figure 2 : Valeur patrimoniale des végétations de l’anse de Catteville...... 10

TABLE DES TABLEAUX Tableau 1 : Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis ...... 15 Tableau 2 : BC Agrostis canina Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ]...... 18 Tableau 3 : Junco acutiflori - Cynosuretum cristati ...... 21 Tableau 4 : Trifolio repentis - Ranunculetum repentis ...... 24 Tableau 5 : Convolvulion sepium ...... 26 Tableau 6 : Caricetum rostratae ...... 29

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INTRODUCTION Dans le cadre de la réactualisation de la cartographie des végétations de l’anse de Catteville, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de BasseNormandie (DREAL BN) a sollicité le Conservatoire botanique national de Brest pour réaliser une typologie des végétations présentes sur ce site. L’objectif de ce document, en plus de contribuer à l’amélioration des connaissances sur les végétations, est de fournir un outil adapté d’aide à la cartographie des végétations du site. Il dresse également, à partir des cartographies et données floristiques antérieures, une synthèse sur l’évolution des végétations.

I. PRESENTATION GENERALE DU SITE D ’ETUDE

A. Localisation de l’anse de Catteville L’anse de Catteville est localisée dans le département de la Manche (50), à l’ouest du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, sur la commune de Doville (carte 1 ). Le site, d’une superficie d’environ 51 hectares, est inclus dans le périmètre de la Réserve naturelle nationale de la Sangsurière et de l’Adriennerie. Comme l’ensemble de la Réserve, l’anse de Catteville est située dans la vallée du Gorget qui s’étend sur environ 5 kilomètres, sur une largeur ne dépassant pas un kilomètre. Le site est limité au sud par le ruisseau du Gorget et est ceinturé par plusieurs bras de ce même cours d’eau.

Carte 1 : localisation du site d'étude

B. Climat L’anse de Catteville, comme l’ensemble du département de la Manche, est soumis à un climat océanique marqué, caractérisé par des températures moyennes avec une très faible amplitude

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 1 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) saisonnière, un nombre de jours de gel très faible, des précipitations moyennes bien réparties sur l’année et la prédominance des vents d’ouest.

C. Géologie, pédologie Sur le plan géologique, les marais de l’anse de Catteville, comme l’ensemble des marais de l’Isthme du Cotentin, se sont établis sur des sédiments déposés par les nombreuses transgressions marines entre la fin du Pliocène et le début du Quaternaire. Ceuxci ont comblés le fossé d’effondrement ouvert à la fin du Paléozoïque qui divise le Cotentin en deux. L’installation de la tourbière débute à l’Holocène, il y a environ 8000 ans (LAPLACEDOLONDE 1992 cité par BINET 2011). Elle s’est formée grâce à la présence d’un plancher argileux et d’un seuil à l’aval de ayant permis l’accumulation d’eaux douces. Les sols de l’anse de Catteville sont ainsi constitués de tourbe reposant sur un plancher argileux. Le profil de sol est de type « tourbe dégradée en surface : sol mixte épais à tendance limono organique sur les premiers décimètres » (LAPLACEDOLONDE et al. 2001 cité par BINET 2011). A la périphérie du site, le long des cours d’eau, des formations limonoargileuses se superposent à la tourbe. Ces bourrelets de berges sont formés par l’accumulation des matériaux issus du curage des cours d’eau.

D. Usages passés et présents Au cours des dernières décennies, ce secteur des marais de la Sangsurière a subit des aménagements lourds ayant profondément modifié sont fonctionnement. En 1973, la rectification du tracé et le recalibrage du Gorget qui entourait l’anse de Catteville par le nord pour le faire passer directement par le sud a déconnecté cette partie du marais du reste de la tourbière. Ces travaux hydrauliques ont eu un effet drainant très important sur le marais avec la quasidisparition des inondations hivernales (BINET 2011) et un assèchement estival prononcé. En 1981, sur décision de la commission syndicale de la Sangsurière, des travaux de valorisation agricole sont effectués. Le marais est divisé en 25 parcelles de 1 à 2 hectares délimités par un réseau de fossés de 60 centimètres de profondeur et d’écartement moyen de 70 mètres. Ces aménagements sont associés le plus souvent à une fertilisation. Pour assurer l’accès aux parcelles, un chemin central de 3 mètres de larges sur membrane est créé (BINET 2011). Actuellement, les parcelles sont fauchées, ou fauchées et pâturées par des bovins (rarement quelques chevaux) avec des chargements instantanés parfois importants (jusqu’à 78 UGB/ha pendant quelques semaines) (BINET 2011). L’anse de Catteville est le secteur de la Réserve où l’agriculture est la plus intensive. Les surfaces contractualisées pour des mesures agro environnementales visant à l’extensification sont très faible (moins de 9 %) en comparaison avec le reste de la réserve, notamment avec l’Adriennerie également parcellisée.

II. METHODOLOGIE La méthode adoptée pour réaliser cet inventaire est la méthode standard pour ce type d'étude précisée cidessous.

A. Démarche adoptée L'étude s'est déroulée comme suit :

1. Inventaire phytosociologique des végétations présentes Les végétations ont été caractérisées selon la méthode phytosociologique sigmatiste (voir « quelques rappels sur la phytosociologie », ciaprès). Le site a été parcouru de juin à juillet 2011 afin de réaliser des relevés phytosociologiques à la période optimale de développement des différentes

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 2 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) végétations. Les végétations dominantes ont fait l'objet d'au moins un relevé phytosociologique. Ainsi, 16 relevés ont été réalisés et localisés par GPS pour cette étude (carte 2 ).

Carte 2 : Localisation des relevés phytosociologiques

2. Intégration des relevés à la base phytosociologique du CBN de Brest La phytosociologie est une science basée sur la comparaison des relevés phytosociologiques. L'accumulation d'un maximum d'entre eux permet d'apprécier au mieux les rattachements au synsystème. Ainsi, dans le cadre du Pôle habitats du CBN, une base de données phytosociologique a été mise en place pour réunir et organiser l'ensemble des relevés réalisés sur le territoire d'agrément du Conservatoire. La mutualisation de ces données a pour objectif de développer une connaissance affinée sur la diversité des végétations et de leurs relations. Les relevés effectués lors de cette étude ont été intégrés à cette base de données.

3. Interprétation des relevés phytosociologiques Chaque relevé a ensuite été comparé à la bibliographie et rattaché, lorsque cela était possible, au synsystème, au rang de l’association, voire de la sousassociation ou variante. Parfois, il n’a pas été possible de les rattacher jusqu’à ce niveau de précision. Dans ce cas, ils ont été rapprochés d’une unité de rang supérieur. Les variations locales éventuelles ont été mises en évidences à partir des données de terrain.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 3 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche)

Quelques rappels sur la phytosociologie : La phytosociologie est l'étude des communautés végétales du point de vue floristique, écologique, dynamique, chorologique et historique. Rappelons en quelques principes : la phytosociologie étudie des formes appelées "individus d'association" qui décrivent les ensembles de plantes réunis en une station donnée (ne pas confondre avec association végétale) ; l'individu d'association est caractérisé par un relevé phytosociologique. Bien que tous différents, ces individus présentent un certain nombre de caractères communs (floristique, écologique, génétique, physionomique ou chorologique) qui permettent de les regrouper sous une même appellation, une même forme. L’ensemble de ces formes est regroupé dans un système hiérarchisé appelé synsystème ; l'unité de base du synsystème est l'association végétale. Plusieurs définitions de l’association végétale ont été proposées dont celle de FLAHAUT & SCHÖTER (1910) qui a marqué un point de départ de la phytosociologie moderne : " Une association végétale est un groupement végétal de composition floristique déterminée, présentant une physionomie homogène et croissant dans des conditions également uniformes. "; chaque association végétale est définie par un ensemble d'individus d'association présentant une certaine homogénéité ; chaque élément du synsystème est appelé syntaxon ; les unités hiérarchiques du synsystème sont : classe (etea), ordre (etalia), alliance (ion), association (etum), sousassociation (etosum) et éventuellement d’autres sousunités de chacun des rangs (sousclasse, sousordre, sousalliance …). Le code de nomenclature phytosociologique compile une série de définitions, de principes, de règles et de recommandations destinées à favoriser l'emploi des noms phytosociologiques. Le code de nomenclature en vigueur actuellement est celui de WEBER et al . 2000.

B. Nomenclatures utilisée pour les habitats et les espèces

Les relevés phytosociologique ont été rattachés au synsystème sigmatiste. Pour les niveaux jusqu'à la sous alliance, le synsystème suit le Prodrome des végétations de (BARDAT et al . 2004) et ses récentes contributions (de FOUCAULT 2010a,b, de FOUCAULT & BIORET 2010). Pour le niveau de l'association, le synsystème suit le Référentiel typologique des habitats naturels et semi naturels bretons, basnormands et des PaysdelaLoire (version «à paraître»). Ce référentiel est consultable sur le site du CBN de Brest ( http://www.cbnbrest.fr/site/Refer_typo/habit0.php ). Les sousassociations et autres variations rattachées au synsystème proviennent de la bibliographie consultée pour l’étude. Pour la flore vasculaire (Ptéridophytes et Spermatophytes), la référence utilisée est la Base de Donnée Nomenclaturale de la Flore de France (BDNFF version 4.02) (BOCK et al . 2005).

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 4 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) C. Fiches de description des végétations Chaque végétation présentée dans cette typologie a fait l'objet de la rédaction d'une fiche de description. Cette fiche s'organise de la manière suivante : Nom français de référence de la végétation Numéro de tableau (nombre de relevés) Syntaxon Rattachement phytosociologique CORINE Biotope EUNIS Rattachement aux divers codes européens Habitat générique Habitat élémentaire Statut Statut de la végétation selon la Directive HabitatsFauneFlore Code couleur utilisé pour cet encart : en coloré les végétations rattachables à un habitat d'intérêt communautaire ; en blanc les végétations non rattachables à un habitat d'intérêt communautaire.

SYNSYSTEME Rattachement au synsystème selon le référentiel typologique des habitats naturels et seminaturels bretons, basnormands et des PaysdelaLoire (version «à paraître»).

LOCALISATION DES RELEVES

Localisation des relevés se rattachant à la végétation concernée sur le site d’étude (la localisation est donnée à titre indicatif, elle ne permet pas de recenser toutes les localités de la végétation concernée sur le site d’étude).

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique (théorique, habituellement tel qu’il est définit dans les tableaux princeps) En gras : la combinaison d’espèces caractéristiques. En normal : les espèces fréquentes (présentes dans au moins 50 % des relevés).

Physionomie, structure et floristique Aspect et composition floristique de la végétation.

Caractéristiques écologiques Description des conditions écologiques de développement de la végétation.

Variabilité Enumération des variantes de la végétation rencontrées sur le site.

Dynamique de la végétation Liens dynamiques et topographiques de la végétation décrite avec les autres groupements végétaux présents ou potentiels sur le site (voir également figure 1 ).

Discussion Discussion autour du rattachement phytosociologique de certains groupements.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 5 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) Confusion Description des confusions possibles avec d'autres végétations sur le site et critères de différenciation.

Période optimale d'observation Période optimale d’observation de la végétation

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Pour chaque végétation, la valeur patrimoniale régionale a été indiquée suivant le tableau suivant : Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N.

Les valeurs attribuées sont tirées de la liste hiérarchisée des végétations de BasseNormandie (DELASSUS & ZAMBETTAKIS, 2010).

a) Infl.anth : Influence anthropique (d'après CATTEAU, DUHAMEL et al. , 2009) L’influence anthropique se base sur l'évaluation de l'influence de l'Homme dans le développement de chaque habitat. Celleci sera déclinée en plusieurs valeurs : N Habitat à peine influencé par l'Homme * influence humaine : nulle ou quasi nulle (cueillette, promenade, pêche ou chasse sans installation) * influence "nature du substrat et du climat" : fondamentale Exemples : tourbières actives, falaises, paysages côtiers quasi-naturels (dunes, estuaires). F Habitat faiblement influencé par l'Homme Fd : habitats liés à un usage extensif de l’espace sans modification du milieu et sans intrants, à un blocage de la dynamique à un stade donné (fauche, pâturage, taille des arbustes), sans modification des caractéristiques du milieu Fm : habitats spontanés susceptibles, dans d’autres situations, de se développer sans influence de l’homme, mais liées sur le site à une modification ancienne ou légère des caractères du biotope (création de plan d’eau, coupe à blanc, etc.) * influence humaine : peu importante * influence "nature du substrat et du climat" : fondamentale Exemples : Forêts faiblement exploitées, prés marécageux et pelouses maigres utilisés de manière très extensive, plans d’eau, coupes à blanc. M Habitat modérément influencé par l'Homme * influence humaine : fondamentale * influence "nature du substrat et du climat" : déterminante Exemples : Forêts exploitées, eaux plus ou moins polluées, prés et pâturages utilisés comme prairie permanente, végétations des cultures extensives. H Habitat hautement influencé par l'Homme * influence humaine : fondamentale * influence "nature du substrat et du climat" : importance secondaire Exemples : prairies intensives, champs avec flore sauvage, friches, plantations d’arbres. X Habitat extrêmement influencé par l'Homme * influence humaine : fondamentale * substrat : profondément influencé par l'Homme * influence "nature du climat" : importance secondaire

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 6 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) Exemples : Végétations rudérales sur substrat allochtone ou fortement perturbé, végétations surpiétinées, champs et jardins avec des mauvaises herbes résistant aux herbicides. ? Habitat présent en BasseNormandie mais dont l'influence de l'Homme ne peut être évaluée

b) Rar. : Rareté Six valeurs de rareté ont été retenues : NSR habitat non signalé récemment sur le territoire TR habitat très rare sur le territoire R habitat rare sur le territoire PC habitat peu commun sur le territoire C habitat commun sur le territoire ? rareté inconnue sur le territoire

c) Tend. : Tendance Quatre valeurs ont été retenues pour ce critère : D habitat non revu récemment P habitat en progression S habitat apparemment stable R habitat en régression ? tendance inconnue

d) Men. : Menace Cinq valeurs sont donc retenues pour ce critère : EX éteint : un habitat est présumé éteint lorsque des études exhaustives n'ont pas permis de noter la présence d'un seul individu. EN en danger : habitats en passe de disparaître ou dont la survie est peu probable si les facteurs responsables de leur raréfaction continuent d'agir. VU vulnérable : habitats dont on estime qu'ils entreront dans la catégorie en danger si les conditions ne changent pas. LC préoccupation mineure DD données insuffisantes

e) B.N. : Hiérarchisation des végétations de Basse-Normandie Hiérarchisation des végétations pour la région BasseNormandie : EX syntaxons éteints IP Syntaxons d'intérêt régional prioritaire IR Syntaxons d'intérêt régional Po Syntaxons d'intérêt potentiel AU Syntaxons autres DD Insuffisamment documenté

Menaces Activités ou facteurs potentiellement dommageables à la végétation sur le site d’étude.

BIBLIOGRAPHIE Références bibliographiques utilisées pour réaliser la fiche de description.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 7 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche)

III. RESULTATS ET ANALYSES

A. Présentation générale des végétations

1. Evolution des végétations depuis 1982 L’analyse des cartographies antérieures (PROVOST 1982, MAHLER & ZAMBETTAKIS 1994) permet d’analyser l’évolution des végétations de l’anse de Catteville depuis son aménagement agricole en 1981. En effet, cette partie du marais de la Sangsurière a subit d’importants travaux de valorisation agricole qui l’ont profondément modifiée : mise en place d’un chemin central sur membrane, création de parcelles délimitées par un réseau de fossés de drainage de 60 cm de profondeur, associée ou non à une fertilisation (voir également p. 2). Dans la cartographie de 1982, la majorité du site est indiquée comme « marais tourbeux » correspondant à des prairies sur sol tourbeux riches en espèces turficoles. La partie sud du site est cartographié comme « tourbières alcalines » et « bois tourbeux », catégories correspondant à des fourrés tourbeux à Myrica gale et des saulaies marécageuses. Tout le site est entouré de « marais banals », c’est à dire des prairies hygrophiles sur sol principalement minéral apparentées aux Agrostietea stoloniferae . Il apparaît également que déjà en 1982 l’intérêt floristique était moindre que sur le reste des marais de la Sangsurière et qu’aucune espèce rare n’y était signalée. La cartographie de 1994 montre une forte régression des prairies tourbeuses au profit de prairies appauvries en espèces turficoles. Les prairies tourbeuses les plus diversifiées subsistent de part et d’autre du chemin central, secteur fauché annuellement. Le bois tourbeux et le fourré à Myrica gale sont toujours présents mais ont sensiblement diminué en surface. Actuellement, il apparaît que la régression des prairies tourbeuses se poursuit avec une nette dominance des graminées prairiales ( Anthoxanthum odoratum , Holcus lanatus ) et la raréfaction des espèces turficoles ( Carex nigra , Carex panicea , Carex viridula subsp. oedocarpa , Carum verticillatum ) faisant l’intérêt de ces groupements végétaux. Cette tendance avait déjà été mise en évidence dès 1988, grâce à un suivi agronomique des effets de l’aménagement agricole de l’anse de Catteville (VIVIER & BAUDRY 1988). Elle s’explique notamment par la minéralisation des horizons tourbeux superficiels du sol suite à l’abaissement du niveau de la nappe depuis la mise en place du drainage. Ceci est, de plus, accentué par la fertilisation et la pression de pâturage parfois inadaptée. La bande de prairies tourbeuses bordant le chemin central ayant été intégrée aux parcelles agricoles adjacentes, les végétations qui apparaissaient comme encore bien conservées en 1994 ne subsistent qu’à l’état relictuel. Le secteur de saulaie et de fourré à Myrica gale au sud de l’anse a complètement disparu par suite des travaux agricoles récents d’abattage, de défrichement et de mise en pâturage. Seuls quelques saules isolés et quelques haies subsistent sur le site. Ainsi, la perte de la diversité des végétations de l’anse de Catteville se poursuit alors que le bilan agronomique est mitigé : « le milieu conserve ses particularités et ses limites et il n’apparaît pas d’espèce d’un très haut intérêt fourrager » (GUILLON 1988 cité par BINET 2011).

2. Interprétation phytosociologique D’une manière générale, ce qui frappe dans l'étude des végétations de l'anse de Catteville est l'appauvrissement général du cortège floristique. En effet, si on retrouve des espèces s'exprimant généralement bien dans les basmarais, seules les espèces ayant une assez large tolérance écologique dominent le milieux ( Agrostis canina , Anthoxanthum odoratum , Holcus lanatus , etc.). Les espèces plus strictes dans leur besoins sont quasiment absentes. Or, ce sont justement ces espèces qui caractérisent le mieux la végétation et donc le milieu. Ce phénomène a bien été décrit par KOPECKÝ et HEJNÝ (1974) lorsqu'ils développent le concept de Communautés Basales (BC). Une communauté basale est une communauté végétale dans laquelle les espèces caractéristiques d'associations ont disparu (seules les caractéristiques d'unités supérieures subsistent). Ils relient ce phénomène à deux causes :

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 8 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) soit un facteur extérieur (naturel ou d'origine anthropique) affecte l'expression des espèces à faible amplitude écologique au sein d'une communauté déjà en place ; soit à la dynamique végétale sur un site anthropique nouvellement créé sur lequel les espèces ayant un certaine plasticité écologique arrivent en premier. Dans le cas de l'anse de Catteville, l'appauvrissement spécifique des communautés s'explique par les perturbations d'origine anthropique (voir paragraphe « usages passés et présents », p. 2). Cette étude a permis de mettre en évidence la présence d’au moins 6 groupements végétaux différents sur le site. Ceuxci s’individualisent selon un gradient trophique et topographique (figure 1). Les plus bas niveaux inondés une grande partie de l’année en contexte mésotrophe sont occupés par une végétation à Carex rostrata et Potentilla palustris rattachable au Caricetum rostratae Rübel 1912 ex Osvald 1923 (p. 27). Cette situation correspond sur le site à quelques fossés de drainages. Au niveau topographique supérieur, trois groupements prairiaux hygrophiles peuvent être distingués. Dans les situations les plus oligotrophes, il est encore possible d’observer une prairie tourbeuse relevant du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis de Foucault 1981 (p. 13). Elle est actuellement relictuelle sur le site et se cantonne à quelques rares endroits de l’ancienne bordure le long du chemin central et de certaines parcelles. En situation tourbeuse toujours assez pauvre en nutriments, sur de grandes surfaces, se développe une prairie appauvrie en espèces dominée par Juncus effusus et quelques graminées ( Agrostis canina , Anthoxanthum odoratum , Holcus lanatus ) (p. 16). Les espèces caractérisant les substrats plus riches en éléments nutritifs y sont absentes. Les secteurs à trophie plus élevée sont occupés par une prairie relevant du Junco acutiflori Cynosuretum cristati dans sa sousassociation scorzoneretosum humilis caractérisant les situations mésotrophes (p. 19). Enfin, les niveaux topographiques les plus hauts correspondent aux bourrelets de curage des fossés entourant l’anse de Catteville et à la bordure du ruisseau du Gorget au sud. Sur ces secteurs mésohygrophiles, on trouve des végétations eutrophiles sur sols présentant une large dominance d’alluvions : une prairie du Trifolio repentis - Ranunculetum repentis Catteau 2006 prov. (p. 22) et une mégaphorbiaie rivulaire à Phalaris arundinacea du Convolvulion sepium Tüxen in Oberdorfer 1957 (p. 25) correspondant à l’évolution dynamique de la praire précédente après abandon. Cette situation eutrophe peut s’expliquer d’une part, par l’apport régulier d’alluvions provenant du débordement régulier du cours d’eau et par un stationnement plus important des animaux sur ces zones agronomiquement plus favorables. L’originalité des marais du Cotentin et du Bessin est de posséder des végétations à la charnière entre les systèmes acides armoricains et les systèmes alcalins. Cette particularité, qualifiée de système intermédiaire, est liée à la présence d’une nappe phréatique aux eaux neutroalcalines. Les végétations les plus acidiphiles se développent alors dans les stades de maturation de la tourbière, en s’isolant de l’influence de la nappe par exhaussement, tout en gardant une bonne alimentation en eau grâce aux pluies fréquentes et régulières. A l’anse de Catteville, il semble que les espèces neutro basiphiles ( Juncus subnodulosus , Carex hostiana , Schoenus nigricans …) caractérisant habituellement ce système en mélange avec des espèces plus acidiphiles soient absentes. Il est fort probable que l’abaissement de la nappe consécutive aux travaux de rectification du Gorget en 1973 et au drainage mis en place dans les années 80 soit à l’origine d’une acidification des horizons de surface du sol.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 9 Typologie des végétations de l’Anse de Catteville (Doville, Manche) 3. Valeur patrimoniale Parmi les 6 groupements végétaux identifiés sur le site, 4 sont rattachables à un habitat d’intérêt communautaire et 3 peuvent être considérés comme d’intérêt patrimonial à l’échelon régional (figure 2).

Natura Valeur patrimoniale régionale Végétation 2000 Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. Prairie hygrophile acidiphile oligotrophile à Cirsium dissectum et Scorzonera humilis 64106 Fd R R VU IR [Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis de Foucault 1981] Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile à Juncus acutiflorus et Cynosurus cristatus Fd R€? R VU IR [Junco acutiflori - Cynosuretum cristati Sougnez 1957] Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile dégradée à Agrostis canina et Juncus effusus M ? ? ? ? ? [BC Agrostis canina-Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ]] Prairie mésohygrophile eutrophile à Trifolium repens et Ranunculus repens [ Trifolio 64106 M(H) C€? ? DD AU repentis-Ranunculetum repentis Catteau 2006 prov. ] Mégaphorbiaie eutrophile à Phalaris arundinacea [ Convolvulion sepium Tüxen in 64304 M(N,Fm) C C LC AU Oberdorfer 1957] Fossé tourbeux à Carex rostrata et Potentilla palustris [Caricetum rostratae Rübel 1912 71401 N R R VU IR ex Osvald 1923] Figure 2 : Valeur patrimoniale des végétations de l’anse de Catteville Cet intérêt patrimonial peut apparaître comme intéressant mais si on le compare avec celui du reste des végétations de la Réserve Naturelle, il devient faible. En effet, d’un point de vue floristique et phytocoenotique, l’anse de Catteville représente probablement la partie la moins intéressante de la Réserve naturelle en raison essentiellement du drainage et des pratiques agricoles plus intensives.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 10 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

Remarque : les encadrés grisés correspondent à des végétations potentielles non contactées sur le site.

Figure 1 : Schéma relationnel des végétations de l’anse de Catteville

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 11 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

B. Fiches de description des végétations

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 12 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Prairie hygrophile acidiphile oligotrophile à Cirsium dissectum et Scorzonera humilis Tableau 1 (3 rel.) Syntaxon Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis de Foucault 1981 CORINE Biotope 37.312 Prairies à Molinie acidiphiles ( Junco-Molinion ) EUNIS E3.51 [Molinia caerulea ] meadows and related communities Habitat générique 6410 Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilolimoneux (Molinion caeruleae ) Habitat élémentaire 64106 Prés humides et basmarais acidiphiles atlantiques Statut Habitat d'intérêt communautaire

SYNSYSTÈME MOLINIO CAERULEAE - JUNCETEA ACUTIFLORI Br.Bl. 1950 Molinietalia caeruleae Koch 1926 Juncion acutiflori Br.Bl. in Br.Bl. & Tüxen 1952 Caro verticillati - Juncenion acutiflori de Foucault & Géhu 1980 Cirsio dissecti Scorzoneretum humilis de Foucault 1981

LOCALISATION DES RELEVES

Remarque : sur le site, les individus les plus caractéristiques peuvent être observés ponctuellement de part et d’autre du chemin carrossable central.

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Agrostis canina , Carex ovalis , Cirsium dissectum , Ranunculus flammula , Scorzonera humilis Carex panicea , Carum verticillatum , Centaurea jacea s. nigra , Galium palustre , Juncus conglomeratus , Juncus acutiflorus , Lotus pedunculatus , Myosotis scorpioides , Ranunculus repens , Silene flos-cuculi et des espèces prairiales.

Physionomie, structure et floristique Végétation prairiale le plus souvent dominée par Juncus acutiflorus qui structure une strate supérieure. La strate inférieure est marquée par une combinaison plus riche associant des espèces de basmarais acides ( Agrostis canina , Carex ovalis , Carex panicea , Carum verticillatum , Cirsium dissectum , Juncus conglomeratus , Ranunculus flammula , Scorzonera humilis ) et des espèces mésophiles ( Ajuga reptans , Centaurea jacea subsp. nigra , Hypochaeris radicata ).

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 13 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Caractéristiques écologiques Le Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis se développe sur des sols hydromorphes dont l’horizon supérieur est minéral à faiblement organique. Le caractère oligotrophe de la végétation peut notamment s’expliquer par des conditions édaphiques asphyxiantes liées à une diminution de la porosité des horizons supérieurs du sol par tassement.

Variabilité Aucune variabilité mise en évidence sur le site.

Dynamique de la végétation Sur le site, cette végétation dérive très probablement de la prairie du Junco acutiflori - Cynosuretum cristati (p. 19) par oligotrophisation. Le Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis se trouve à la charnière dynamique entre le Junco acutiflori - Cynosuretum cristati et la prairie tourbeuse du Caro verticillati - Juncetum acutiflori Oberdorfer in Oberdorfer 1979 (non contacté mais potentiellement présente sur le site) vers laquelle elle évolue si l’accumulation de matières organiques se poursuit. L’abandon des pratiques agricoles peut entraîner une évolution du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis vers une saulaie (non présente sur le site).

Confusion possible De par sa position intermédiaire entre le Caro verticillati - Juncetum acutiflori (non contacté mais potentiellement présent sur le site) et le Junco acutiflori - Cynosuretum cristati (p. 19), le Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis est proche de ces deux associations. Il se distingue du Caro verticillati - Juncetum acutiflori par l’absence ou la rareté des espèces turficoles qui caractérisent cette association ( Anagallis tenella , Carex echinata , Epilobium palustre , Eriophorum angustifolium , Scutellaria minor , Viola palustris , Wahlenbergia hederacea ) et par la présence d’espèces plus mésophiles. Il se distingue du Junco acutiflori - Cynosuretum cristati par la présence d’espèces des basmarais acides (Carex nigra , Carex panicea …) et la participation moindre des espèces prairiales.

Période optimale d'observation Mai à juillet

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. Fd R R VU IR Végétation d’intérêt patrimonial fort, rare et en régression à l’échelon régional. Elle caractérise l'habitat d'intérêt communautaire 6410 Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo limoneux ( Molinion caeruleae ).

Menaces Végétation relictuelle sur le site et fortement menacée de disparition à plus ou moins court terme en raison des pratiques agricoles trop intensives qui sont menées de manière générale sur le site. De plus, l’intégration récente des bords du chemin central aux parcelles latérales et ainsi, l’abandon de la fauche annuelle exclusive qui y étaient pratiquée, risque de dégrader voire de faire disparaître les individus les plus caractéristiques du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis du site.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 14 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

BIBLIOGRAPHIE DELASSUS, 2008 de FOUCAULT, 1981, 1984

Tableau 1 : Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis

Table number 5 9 11 Surface du relevé (m2) 12 30 30 Recouvrement total (%) 95 100 90 Richesse spécifique 24 24 19 Combinaison caractéristique Cirsium dissectum 33 12 +1 Agrostis canina s. canina 22 22 44 Ranunculus flammula s. flammula 22 22 22 Carex ovalis +2 Bas-marais oligotrophes à mésotrophes des SCHEUCHZERIO PALUSTRIS - CARICETEA FUSCAE Carex panicea 22 +1 11 Carex viridula s. oedocarpa 12 11 r Carex nigra 11 22 Carex rostrata r +1 Potentilla palustris +1 Luzula multiflora r Carex echinata r Prairies hygrophiles à mésohygrophiles, oligotrophes à mésotrophes des MOLINIO CAERULEAE - JUNCETEA ACUTIFLORI Juncus acutiflorus 22 22 Hydrocotyle vulgaris 11 22 Carum verticillatum 22 Molinia caerulea s. caerulea +2 Prairies hygrophiles mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLONIFERAE Juncus effusus 12 22 Lotus pedunculatus +1 r Cardamine pratensis r +1 Galium palustre s. palustre r +1 Ranunculus repens +1 Potentilla anserina s. anserina +2 11 Trifolium dubium r Prairies mésophile à hygrophiles, mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLO. et des ARRHENATHERETEA ELAT. Anthoxanthum odoratum 22 22 22 Holcus lanatus +1 22 11 Ranunculus acris s. acris +1 21 Trifolium pratense r 1 Trifolium repens r 11 Cirsium palustre r r Hypochaeris radicata r +1 Cynosurus cristatus 22 Rumex acetosa +1 Taraxacum gr. officinale 11 Plantago lanceolata r Autres espèces Festuca gr. rubra +2 33 +2 Danthonia decumbens 11 11 Festuca arundinacea s. arundinacea +1

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 15 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile appauvrie à Agrostis canina et Juncus effusus Tableau 2 (4 rel.) Syntaxon BC Agrostis canina Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ] CORINE Biotope 37.312 Prairies à Molinie acidiphiles ( Junco-Molinion) EUNIS E3.51 [Molinia caerulea ] meadows and related communities Habitat générique 6410 Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilolimoneux (Molinion caeruleae ) Habitat élémentaire 64106 Prés humides et basmarais acidiphiles atlantiques Statut Habitat d'intérêt communautaire

SYNSYSTÈME MOLINIO CAERULEAE - JUNCETEA ACUTIFLORI Br.Bl. 1950 Molinietalia caeruleae Koch 1926 Juncion acutiflori Br.Bl. in Br.Bl. & Tüxen 1952 BC Agrostis canina Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ]

LOCALISATION DES RELEVES

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Agrostis canina , Anthoxanthum odoratum , Holcus lanatus , Juncus acutiflorus , Juncus effusus , Ranunculus flammula

Physionomie, structure et floristique Prairie paucispécifique à strate supérieure structurée par les joncs ( Juncus acutiflorus , J. effusus ), Anthoxanthum odoratum et Holcus lanatus . La strate inférieure, est composée de quelques espèces des basmarais acides ( Agrostis canina , Ranunculus flammula ).

Caractéristiques écologiques Prairie hygrophile acidiphile, sur substrats mésotrophes riche en matières organiques mal décomposées. Végétation ayant probablement subit une perturbation non clairement mise en évidence (modification du fonctionnement hydrologique ?) à l’origine d’une forte diminution du nombre d’espèces mais apparemment sans modification de la trophie.

Variabilité Aucune variabilité mise en évidence sur le site.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 16 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Dynamique de la végétation Sur le site, cette végétation dérive probablement de la prairie oligotrophile du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis (p. 13). Peu d’éléments permettent de mettre en évidence vers quelles autres végétations évoluent cette prairie en cas d’abandon ou d’intensification des pratiques agricoles.

Discussion Cette végétation pauvre en espèces peut être rapprochée de l’alliance des prairies hygrophiles atlantiques sur sol mésotrophe paratourbeux du Juncion acutiflori . Il n’est cependant pas possible de la rattacher à un rang inférieur plus précis du synsystème, faute d’espèces caractéristiques. Ce groupement peut néanmoins être nommé selon le concept de groupement basal (KOPECKÝ & HEJNÝ 1974) : BC Agrostis canina Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ]. Un groupement basal est une communauté dans lesquelles seules les espèces caractéristiques des unités supérieures et à large amplitude écologique sont présentes. Une nomenclature a été proposée pour de tels syntaxons : les deux lettres B C (pour Basal Community), le nom d’une ou deux espèces significatives suivi de l’unité hiérarchique de rang minimal à laquelle on peut le rattacher. Le faible niveau trophique de cette prairie et les potentialités de restauration probablement élevées permettent de la considérer comme caractérisant encore l’habitat d’intérêt communautaire 6410 Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilolimoneux ( Molinion caeruleae ) dans une forme dégradée.

Confusion possible Cette végétation se différencie surtout de la prairie oligotrophile du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis (p. 13) et de la prairie mésotrophile du Junco acutiflori Cynosuretum cristati (p. 19) par un faible nombre d’espèces. Elle se différencie plus particulièrement du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis par l’absence des espèces de basmarais acides ( Carex panicea , Carex viridula subsp. oedocarpa , Carex echinata …).

Période optimale d'observation Juin à août

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. M ? ? ? ? ? Végétation issue de la dégradation d’une prairie oligotrophe plus diversifiée. La trophie du substrat semble néanmoins non modifiée et la dégradation provient d’une autre perturbation telle que la modification du fonctionnement hydrologique. Elle possède ainsi un intérêt patrimonial limité mais les potentialités de restauration vers une prairie plus diversifiée sont fortes.

Menaces

BIBLIOGRAPHIE

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 17 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

Tableau 2 : BC Agrostis canina - Juncus acutiflorus [ Juncion acutiflori ]

7 13 2 6 Surface du relevé (m2) 25 50 20 25 Recouvrement total (%) 100 100 100 75 Richesse spécifique 10 12 8 6 Bas-marais oligotrophes à mésotrophes des SCHEUCHZERIO PALUSTRIS - CARICETEA FUSCAE Agrostis canina s. canina 33 33 34 11 Ranunculus flammula s. flammula r 22 +1 11 Carex nigra 23 Prairies hygrophiles à mésohygrophiles, oligotrophes à mésotrophes des MOLINIO CAERULEAE - JUNCETEA ACUTIFLORI Juncus acutiflorus +1 22 11 Prairies hygrophiles mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLONIFERAE Juncus effusus 13 33 13 23 Agrostis stolonifera s. stolonifera v. stolonifera +1 +1 Ranunculus repens 12 11 Cardamine pratensis r Prairies mésophile à hygrophiles, mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLO. et des ARRHENATHERETEA ELAT. Anthoxanthum odoratum +2 11 22 55 Holcus lanatus 33 33 22 23 Ranunculus acris s. acris r 11 Trifolium repens 11 Dactylis glomerata +2 Autres espèces Cirsium palustre +1 Cirsium vulgare r Taraxacum sp. r

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 18 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Prairie hygrophile acidiphile mésotrophile à Juncus acutiflorus et Cynosurus cristatus Tableau 3 (3 rel.) Syntaxon Junco acutiflori - Cynosuretum cristati Sougnez 1957 CORINE Biotope 37.22 Prairies à Jonc acutiflore EUNIS E3.42 [Juncus acutiflorus ] meadows Habitat générique Pas de correspondance Habitat élémentaire Pas de correspondance Statut Végétation non concernée par la Directive HabitatsFauneFlore

SYNSYSTEME ARRHENATHERETEA ELATIORIS Br.Bl. 1949 nom. nud. Trifolio repentis - Phleetalia pratensis Passarge 1969 Cynosurion cristati Tüxen 1947 Cardamino pratensis - Cynosurenion cristati Passarge 1969 Junco acutiflori Cynosuretum cristati Sougnez 1957

LOCALISATION DES RELEVES

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Cynosurus cristatus , Juncus acutiflorus , Juncus effusus , Lotus pedunculatus , Ranunculus flammula Agrostis stolonifera subsp. stolonifera , Anthoxanthum odoratum , Cardamine pratensis , Carex hirta , Holcus lanatus , Lolium perenne , Potentilla anserina , Ranunculus repens , Silene flos-cuculi , Trifolium repens

Physionomie, structure et floristique Prairie à strate supérieure structurée par les joncs ( Juncus acutiflorus , J. effusus ) et des poacées prairiales ( Anthoxanthum odoratum , Holcus lanatus ) et à strate inférieure composée principalement d’espèces stolonifères et rampantes ( Agrostis stolonifera subsp. stolonifera , Ranunculus repens ).

Caractéristiques écologiques Prairie hygrophile acidiphile, sur substrats mésotrophes à mésoeutrophes liés à la présence d’une nappe phréatique subissant de fortes variations au cours de l'année. Elle est dépendante d’un pâturage plus ou moins extensif et supporte des amendements ponctuels.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 19 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Variabilité Cette prairie du Junco acutiflori - Cynosuretum cristati est présente sur le site dans sa sousassociation scorzoneretosum humilis de Foucault 1981, différenciée par Agrostis canina , Carex ovalis , Carum verticillatum , Juncus conglomeratus , Succisa pratensis , sur substrat acide mésotrophe enrichi en matières organiques.

Dynamique de la végétation Sur le site, cette végétation dérive de la prairie oligotrophe du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis (p. 13) par eutrophisation. Cette relation dynamique est par ailleurs attestée par la présence d’espèces de basmarais caractérisant la sousassociation scorzoneretoszum humilis . Sur le site, en cas d’abandon des pratiques agricoles, elle évolue probablement vers une saulaie (non présente sur le site) en passant par une mégaphorbiaie non identifiée.

Confusion possible Cette végétation ne doit pas être confondue avec la prairie oligotrophe du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis . Elle s’en différencie par la rareté des espèces des basmarais acides ( Carex nigra , Carex panicea …) et l’abondance des espèces prairiales.

Période optimale d'observation Juin à juillet

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. Fd R ? R VU IR Végétation présumée rare et en régression à l’échelon régional. Elle possède un certain intérêt patrimonial même si elle est issue de la dégradation trophique de prairies plus oligotrophes d’intérêt patrimonial bien supérieur ( Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis ).

Menaces Végétation résultant d’un pâturage assez intensif. La restauration d’un pâturage extensif pourrait permettre l’expression d’une flore beaucoup plus diversifiée.

BIBLIOGRAPHIE CATTEAU, DUHAMEL et al. , 2009 de FOUCAULT, 1984

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 20 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

Tableau 3 : Junco acutiflori - Cynosuretum cristati

8 1 4 Surface du relevé (m2) 20 25 20 Recouvrement total (%) 100 100 100 Richesse spécifique 14 15 18 Combinaison caractéristique Juncus effusus 3 22 11 Ranunculus flammula s. flammula +1 +1 +1 Lolium perenne 22 r +1 Lotus pedunculatus +1 +1 Juncus acutiflorus +1 Différentielles de la ss-association scorzoneretosum Agrostis canina s. canina 33 22 22 Carex ovalis +2 Cirsium dissectum r Prairies hygrophiles mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLONIFERAE Bromus racemosus s. racemosus +1 11 11 Cardamine pratensis r +1 +1 Ranunculus repens 22 22 Alopecurus geniculatus s. geniculatus 11 Galium palustre s. palustre r Trifolium dubium +1 Prairies mésophile à hygrophiles, mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLO. et des ARRHENATHERETEA ELAT. Anthoxanthum odoratum 22 22 32 Holcus lanatus 33 32 32 Ranunculus acris s. acris +1 21 22 Trifolium repens 2 11 Poa trivialis 11 22 Trifolium pratense r Cerastium fontanum r Rumex acetosa +1 Taraxacum gr. officinale r Dactylis glomerata +1 Autres espèces Hydrocotyle vulgaris r

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 21 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Prairie mésohygrophile eutrophile à Trifolium repens et Ranunculus repens Tableau 4 (2 rel.) Syntaxon Trifolio repentis - Ranunculetum repentis Catteau 2006 prov. CORINE Biotope 38.1 Pâtures mésophiles EUNIS E2.1 Permanent mesotrophic pastures and aftermathgrazed meadows Habitat générique Pas de correspondance Habitat élémentaire Pas de correspondance Statut Végétation non concernée par la Directive HabitatsFauneFlore

SYNSYSTÈME ARRHENATHERETEA ELATIORIS Br.Bl. 1949 nom. nud. Trifolio repentis - Phleetalia pratensis Passarge 1969 Cynosurion cristati Tüxen 1947 Cardamino pratensis - Cynosurenion cristati Passarge 1969 Trifolio repentis Ranunculetum repentis Catteau 2006 prov.

LOCALISATION DES RELEVES

Remarque : cette prairie a été observée ponctuellement sur les bourrelets de curage des fossés en périphérie du site.

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Alopecurus pratensis , Cardamine pratensis , Cirsium arvense , Lolium perenne , Ranunculus repens Cerastium fontanum , Holcus lanatus , Poa trivialis , Ranunculus acris , Rumex acetosa , Rumex crispus , Rumex obtusifolius , Trifolium repens , Taraxacum gr. officinale ,

Physionomie, structure et floristique Prairie pâturée basse, monostrate, assez peu diversifiée et dominée par un faible nombre d’espèces : Alopecurus pratensis , Holcus lanatus , Lolium perenne , Poa trivialis , Ranunculus repens , Trifolium repens .

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 22 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Caractéristiques écologiques Prairie mésohygrophile, sur sols eutrophes riches en argiles. Elle est dépendante d’un pâturage intensif et supporte des amendements assez conséquents. Sur le site, cette prairie a été observée ponctuellement sur les bourrelets de curage des fossés.

Variabilité Aucune variabilité mise en évidence sur le site.

Dynamique de la végétation Végétation relativement stable tant que les pratiques agricoles en place persistent. Sur le site, cette végétation se développe sur les résidus de curage des fossés, elle se situe donc à un niveau topographique supérieur aux prairies hygrophiles précédentes. En cas d’abandon, elle évolue vers une mégaphorbiaie eutrophile du Convolvulion sepium (p. 25).

Confusion possible Cette végétation eutrophile ne doit pas être confondue avec la prairie oligotrophile du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis . Elle s’en différencie par la rareté des espèces des basmarais acides (Carex nigra , Carex panicea …) et l’abondance des espèces prairiales.

Période optimale d'observation Mai à juillet

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. M(H) C ? ? DD AU Végétation actuellement méconnue mais présumée commune à l’échelon régional. Sa valeur patrimoniale est probablement assez limitée en raison de son niveau trophique élevé.

Menaces Végétation résultant d’un pâturage intensif. La restauration d’un pâturage extensif pourrait permettre l’expression d’une flore beaucoup plus diversifiée.

BIBLIOGRAPHIE CATTEAU, DUHAMEL et al. , 2009

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 23 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

Tableau 4 : Trifolio repentis - Ranunculetum repentis

10 14 Surface du relevé (m2) 30 35 Recouvrement total (%) 100 95 Richesse spécifique 12 13 Prairies pâturées eutrophes Lolium perenne 32 44 Ranunculus repens 22 22 Cirsium arvense +1 Cardamine pratensis +1 Prairies hygrophiles mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLONIFERAE Agrostis stolonifera s. stolonifera v. stolonifera 22 22 Trifolium repens 11 22 Juncus effusus +2 +2 Alopecurus geniculatus s. geniculatus 22 Prairies mésophile à hygrophiles, mésotrophes à eutrophes des AGROSTIETEA STOLO. et des ARRHENATHERETEA ELAT. Holcus lanatus 22 22 Poa trivialis 22 r Ranunculus acris s. acris +1 Rumex acetosa +1 Cerastium fontanum r Espèces nitrophiles Rumex obtusifolius 11 Cirsium vulgare 12 Autres espèces Bromus hordeaceus s. hordeaceus +1 Stellaria media s. media r Taraxacum sp. 22

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 24 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Mégaphorbiaie eutrophile à Phalaris arundinacea Tableau 5 (2 rel.) Syntaxon Convolvulion sepium Tüxen in Oberdorfer 1957 CORINE Biotope 37.715 Ourlets riverains mixtes EUNIS E5.411 Watercourse veils (other than of [Filipendula]) Habitat générique 6430 Mégaphorbiaies hydrophiles d'ourlets planitiaires et des étages montagnard à alpin Habitat élémentaire 64304 Mégaphorbiaies eutrophes des eaux douces Statut Habitat d'intérêt communautaire

SYNSYSTEME FILIPENDULO ULMARIAE - CONVOLVULETEA SEPIUM Géhu & GéhuFranck 1987 Convolvuletalia sepium Tüxen 1950 nom. nud. Convolvulion sepium Tüxen in Oberdorfer 1957

LOCALISATION DES RELEVES

Remarque : cette mégaphorbiaie se développe ponctuellement le long du ruisseau du Gorget à l’extrémité sud du site et le long d’un fossé interne.

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Calystegia sepium , Oenanthe crocata , Phalaris arundinacea , Symphytum officinale , Urtica dioica

Physionomie, structure et floristique Mégaphorbiaie à aspect de roselière à cause de la dominance de Phalaris arundinacea. Végétation dense et assez haute (1 à 1,5 m) à développement le plus souvent linéaire le long des cours d’eau et des fossés du site.

Caractéristiques écologiques Végétation eutrophile, sur sols de texture surtout minérale et soumise à des inondations périodiques.

Variabilité Aucune variabilité mise en évidence sur le site.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 25 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Dynamique de la végétation Végétation transitoire à permanente en fonction de la gestion des berges et des pratiques agricoles. Elle est dépendante des activités humaines qui conduisent à un enrichissement excessif des eaux et des sols. Mégaphorbiaie pouvant provenir de l’abandon de la prairie eutrophile du Trifolio repentis- Ranunculetum repentis (p. 22) qui se développe sur le site dans les mêmes conditions.

Discussion Le rattachement de cette mégaphorbiaie nitrophile à un rang plus précis que l’alliance du Convolvulion sepium apparaît ici comme compliqué car cette végétation est peu représentée sur le site et car la distinction des nombreuses associations décrites dans cette alliance est souvent difficile.

Confusion possible Pas de confusion possible.

Période optimale d'observation Juin à août

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. M(N,Fm) C C LC AU Végétation commune à l’échelon régional se développant au détriment d’autres végétations tourbeuses floristiquement plus intéressantes. Bien que caractérisant l’habitat 6430 Mégaphorbiaies hydrophiles d'ourlets planitiaires et des étages montagnard à alpin, sa valeur patrimoniale est assez limitée en raison de sa large répartition en France.

Menaces

BIBLIOGRAPHIE

Tableau 5 : Convolvulion sepium 12 3 Surface du relevé (m2) 40 15 Recouvrement total (%) 100 100 Richesse spécifique 8 3 Mégaphorbiaies eutrophiles du Convolvulion sepium et unités supérieures Phalaris arundinacea 55 55 Calystegia sepium r Symphytum officinale +1 Oenanthe crocata +1 Urtica dioica 33 Autres espèces Poa trivialis 11 Holcus lanatus +1 Lolium perenne +1 Dactylis glomerata +1 Agrostis stolonifera s. stolonifera v. stolonifera r

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 26 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Fossé tourbeux à Carex rostrata et Potentilla palustris Tableau 6 (1 rel.) Syntaxon Caricetum rostratae Rübel 1912 ex Osvald 1923 CORINE Biotope 54.532 Tourbières tremblantes basiclines à Carex rostrata EUNIS D2.33 [Carex rostrata ] quaking mires Habitat générique 7140 Tourbières de transition et tremblantes Habitat élémentaire 71401 Tourbières de transition et tremblants Statut Habitat d'intérêt communautaire

SYNSYSTEME SCHEUCHZERIO PALUSTRIS - CARICETEA FUSCAE Tüxen 1937 Scheuchzerietalia palustris Nordhagen 1936 Caricion lasiocarpae Vanden Berghen in Lebrun, Noirfalise, Heinemann & Vanden Berghen 1949 Junco acutiflori - Caricenion lasiocarpae (Julve 1993 nom. inval. ) Royer stat. prov. Caricetum rostratae Rübel 1912 ex Osvald 1923

LOCALISATION DES RELEVES

Remarque : cette végétation se développe dans quelques petits fossés de drainage internes au site.

CARACTERES DIAGNOSTIQUES DE L 'HABITAT

Cortège floristique Carex rostrata Potentilla palustris

Physionomie, structure et floristique Végétation hélophytique à développement linéaire couvrant de faibles surfaces. Végétation faiblement diversifiée, dominée et structurée par quelques espèces des basmarais ( Carex rostrata , Potentilla palustris ).

Caractéristiques écologiques Végétation acidiphile, mésotrophile, très hygrophile que l’on rencontre dans les niveaux topographiques inférieurs du site, au niveau des petits fossés de drainage tourbeux. Végétation peu influencée par les activités humaines.

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 27 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville Variabilité A noter la présence dans la partie sudouest du site, d’une ancienne mare dominée par Potentilla palustris et actuellement colonisée par des espèces de roselières et de mégaphorbiaies : Galium palustre , Juncus effusus , Oenanthe crocata , Scutellaria galericulata , Solanum dulcamara , Typha latifolia . Cette mare en cours d’atterrissement constitue ainsi une mosaïque de plusieurs groupements végétaux. Cette végétation de bas niveau résulte probablement de l’évolution d’un Caricetum rostratae mais apparaît actuellement comme difficilement caractérisable.

Dynamique de la végétation Végétation probablement maintenue par la fauche mais susceptible d’évoluer progressivement vers un fourré tourbeux (non présent sur le site) en cas d’abandon. Végétation sensible à la dégradation trophique du milieu, au drainage et au pâturage intensif la faisant évoluer vers une végétation prairiale.

Discussion Cette végétation à Carex rostrata a été rattachée pour cette étude au Caricetum rostratae mais il apparaît que d’autres associations parfois très proches existent dans la bibliographie. Une étude plus approfondie de ces végétations à l’échelle régionale serait nécessaire afin d’éclaircir leur classification dans la nomenclature phytosociologique. Le Caricetum rostratae peut caractériser plusieurs habitats d’intérêt communautaire en fonction de sa situation (7140 Tourbières de transition et tremblantes ou 7110* Tourbières hautes actives). Dans le cas présent, cette végétation doit être considérée comme une communauté se développant en contexte de dépression au sein d'une tourbière d'accumulation (basmarais) et en transition entre le bas marais alcalin et le bas marais acide. Elle doit donc être rattachée à l’habitat 7140 Tourbières de transition et tremblantes.

Confusion possible Pas de confusion possible.

Période optimale d'observation Juin à juillet

PATRIMONIALITE

Valeur patrimoniale Infl.anth. Rar. Tend. Men. B.N. N R R VU IR Végétation rare et en régression à l’échelon régional. Elle caractérise l’habitat 7140 Tourbières de transition et tremblantes. Même si sur le site cette végétation occupe des surfaces très restreintes, sa valeur patrimoniale est élevée en raison de sa rareté et de sa forte régression en lien avec la disparition continue des milieux tourbeux l’abritant.

Menaces Végétation relictuelle sur le site et fortement menacée en raison des pratiques agricoles trop intensive (drainage, pâturage intensif, entretien des fossés) qui sont menées de manière générale sur le site.

BIBLIOGRAPHIE BENSETTITI (coord.), 2002

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 28 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

Tableau 6 : Caricetum rostratae 15 Surface du relevé (m2) 10 Recouvrement total (%) 100 Richesse spécifique 3 Combinaison caractéristique Carex rostrata 44 Bas-marais oligotrophes à mésotrophes des SCHEUCHZERIO PALUSTRIS - CARICETEA FUSCAE Potentilla palustris 55 Eriophorum angustifolium 12

Conservatoire botanique national de Brest – Antenne BasseNormandie 29 Typologie des végétation de l’Anse de Catteville

CONCLUSION Cette étude a permis de mettre en évidence la présence de 6 groupements végétaux à l’anse de Catteville. Les plus intéressants correspondent à la prairie oligotrophe du Cirsio dissecti - Scorzoneretum humilis , association la plus diversifiée du site, qui ne subsiste actuellement qu’en quelques rares endroits et la végétation mésotrophe des basniveaux à Carex rostrata et Potentilla palustris qui occupe les fossés tourbeux les moins dégradés. Le reste des végétations résulte de l’assèchement et de l’eutrophisation de l’ancienne tourbière et la présence de bourrelets de curage limonoargileux eutrophes. D’une manière générale, les végétations de l’anse de Catteville apparaissent comme très dégradées en comparaison avec celles présentes à proximité, dans le reste de la Réserve Naturelle. En effet, les aménagements hydrauliques et agricoles de la fin du XX ème siècle ont profondément et durablement modifié le milieu. L’intensification agricole (apport de fertilisants, pression de pâturage élevée, déboisement) a également contribué et contribue toujours à cette dégradation du marais. La gestion actuelle n’apparaît ainsi pas en adéquation avec l’objectif de conservation des espèces et milieux que confère le statut de Réserve Naturelle Nationale. La restauration de la diversité phytocoenotique de l’anse de Catteville nécessiterait en premier lieu une gestion hydraulique appropriée favorisant l’immersion hivernale du marais afin de stopper la minéralisation de la tourbe. Une extensification des pratiques agricoles pourrait ensuite permettre de remettre en état le milieu. La cartographie qui fera suite à l’établissement de cette typologie permettra, par comparaison avec les cartographies antérieures (PROVOST 1982, MAHLER & ZAMBETTAKIS 1994), de préciser géographiquement les évolutions observées et les enjeux de restauration. Ce pourra également être une base pour la mise en place d’opérations de restauration des fonctionnalités écologiques du site, de suivi et de gestion agropastorale.

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