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Séquences La revue de cinéma

En gros plan Robert-Claude Bérubé

Cinéma américain Number 37, May 1964

URI: https://id.erudit.org/iderudit/51863ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this article Bérubé, R.-C. (1964). En gros plan : Sidney Poitier. Séquences, (37), 29–31.

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SIDNEY POITIER

R.-C. Bérubé

Le cinéma américain lui a con­ tien qui continuait l'emploi tradi­ féré l'honneur le plus convoité ; tionnel réservé aux gens de cou­ Sidney Poitier a été reconnu par ses leur dans les films américains d'a­ pairs le meilleur acteur de l'année vant-guerre : celui de subalterne. 1963 pour son interprétation dans Combien en a-t-on vu alors de ces Lilies of the Field. Ce qui donne domestiques de comédie, au sou­ plus d'importance à cette récom­ rire éclatant et au dévouement in­ pense c'est que Sidney Poitier est lassable dont le prototype demeure noir, et qu'il devient le premier re­ Eddie Anderson, surnommé Ro­ présentant de sa race à être ainsi chester, qui fut le valet radiopho- honoré. Bien sûr, l'actrice noire nique, cinématographique et télé­ Hattie McDaniels a reçu aussi un visuel du comédien Jack Benny. Oscar en 1940 pour son rôle de Sidney Poitier, pour sa part, a fait nounou de Gone With the Wind, éclater cette image conventionnelle; mais c'était pour un rôle de sou­ son prix, il se l'est mérité pour un

MAI 1964 29 film où il tient la vedette de la comme meneur d'hommes, c'est là première à la dernière image, in­ une révolution dans le cinéma amé­ dépendant mais dévoué, gouailleur ricain, une victoire sur les préjugés. mais délicat, un film où il joue de Sidney Poitier pour sa part a eu la toutes les ressources de son corps, chance de ne jamais avoir à remplir de son visage et de sa voix pour un rôle médiocre et même de par­ faire du personnage d'Homer Smith ticiper à maints films importants un représentant éminemment sym­ qui examinèrent avec acuité les pathique de sa race sans que soit problèmes raciaux aux Etats-Unis jamais soulevé le spectre de la dis­ et ailleurs. L'honneur qui lui échoit crimination. rejaillit sur d'autres acteurs noirs qui manifestèrent un égal souci de représenter dignement leur race à Dans Lilies of the Field, Sidney l'écran, tels James Edwards (Home Poitier est ouvrier menuisier, un of the Brave, The Manchurian Can­ ouvrier fier du travail de ses mains didate), Juano Hernandez (Intru­ et qui entreprend ce qui lui sem­ der in the Dust, Trial), Harry Be- ble être l'oeuvre de sa vie, la cons­ lafonte (Odds Against Tomorrow) truction d'une chapelle, avec l'ar­ et Brock Peters (The L-Shaped deur des bâtisseurs de cathédrale. Room, To Kill a Mockingbird). Au long de sa jeune carrière, puis­ qu'il ne débuta au cinéma qu'en 1950, il a tenu des rôles importants Il est curieux cependant que Sid­ rarement confiés jusque-là à des ney Poitier soit celui qui ait incar­ interprètes de couleur. Il fut méde­ né le mieux la noblesse et les aspi­ cin dans No Way Out, psychiatre rations du Noir américain, car s'il dans Pressure Point et dans plu­ est Américain lui, c'est par l'effet sieurs des films où il fut couplé d'un hasard. Issu d'une famille de avec un acteur de race blanche, fermiers des îles Bahamas, il doit c'est lui qui prenait la première sa citoyenneté américaine au fait place, lui qui était la force sur que sa naissance coïncida avec un laquelle l'autre s'appuyait, comme voyage de ses parents en Floride. dans Edge of a City ou The Defiant Il grandit donc dans les Antilles, Ones. Qu'un Noir soit présenté se montra de caractère plutôt diffi-

SÉQUENCES cile er partit à l'âge de quinze ans matique ; s'il s'imposa d'abord par faire fortune aux Etats-Unis, fort le magnétisme de sa personnalité, de son titre de citoyen. Pendant il a su affiner son jeu et faire son plusieurs années, il occupa une profit des indications de ses divers série d'emplois variés mais peu ré­ metteurs en scène. Aujourd'hui âgé munérateurs jusqu'au jour où il de trente-sept ans, il vit heureux eut l'idée de s'engager comme fi­ avec sa petite famille, loin de Holly­ gurant à l'American Negro Theater. wood, dans un appartement de la Avant d'accéder à un rôle impor­ 79e rue à New York. Il s'y essaye tant, il dut discipliner lui-même au métier de dramaturge en écri­ sa voix, par l'imitation servile du vant une pièce à résonance sociale. ton des commentateurs de nouvelles Sidney Poitier est arrivé aujour­ à la radio. Sidney Poitier est un d'hui au sommet de sa carrière et autodidacte qui n'a jamais suivi de il semble que son talent l'y main­ cours réguliers d'interprétation dra­ tiendra encore longtemps.

FILMOGRAPHIE

1950 •— No Way Out (La Porte s'ouvre) Joseph L. Mankiewicz 1951 — Cry the Beloved Country (Pleure, mon Pays bien-aimé) Zoltan Korda 1952 — Red Bail Express (Les Conducteurs du diable) Budd Boetticher 1953 — Go, Man, Go (Vas-y mon gars) James Wong Howe 1954 — (Graine de violence) Richard Brooks 1955 — Goodbye my lady (Adieu Lady) William Wellman 1956 — Edge of the City (L'Homme qui tua la peur) 1957 — (Le Carnaval des dieux) Richard Brooks — Band of Angels (L'Esclave libre) Raoul Walsh 1958 — Mark of the Hawk (La Marque du vautour) Michael Hudley — (La Chaîne) 1959 — Porgy and Bess — Otto Preminger 1960 — All the Young Men (Les Marines attaquent) Hall Bartlett 1961 — — Martin Ritt — A Raisin in the Sun (Un Raisin au soleil) Daniel Pétrie 1962 — Pressure Point — Hubert Cornfield 1963 — Lilies of the Field (Les Lis des champs) Ralph Nelson 1964 — The Long Ships — Jack Cardiff

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