Revue archéologique de l’Est

Tome 61 | 2012 n° 184

Le dépôt gallo-romain d’objets métalliques de Soulce-Cernay ()

Jean-Pierre Mazimann

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rae/7094 ISSN : 1760-7264

Éditeur Société archéologique de l’Est

Édition imprimée Date de publication : 1 octobre 2012 Pagination : 117-131 ISBN : 978-2-915544-20-6 ISSN : 1266-7706

Référence électronique Jean-Pierre Mazimann, « Le dépôt gallo-romain d’objets métalliques de Soulce-Cernay (Doubs) », Revue archéologique de l’Est [En ligne], Tome 61 | 2012, mis en ligne le 17 septembre 2013, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/rae/7094

© Tous droits réservés LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS)

Jean-Pierre MAZIMANN *

Mots-clés Agriculture, chaudron, coutre, dépôt, faucille, gallo-romain, hipposandale, métal, sonnailles, tarière. Keywords Agriculture, cauldron, coulter, hoard, sickle, Gallo-Roman, hipposandal, metal, bells, auger. Schlagwörter Landwirtschaft, Kessel, Sech, Depot, Sichel, gallo-römisch, Hufschuh, Metall, Kuhglocken, Stangenbohrer.

Résumé La découverte fortuite d’un dépôt d’objets métalliques à Soulce-Cernay (Doubs) apporte un nouvel éclairage sur les pratiques agricoles pendant l’Antiquité tardive. Constitué d’outils pour la plupart fonctionnels, ce dépôt qui se caractérise par son homogénéité, nous livre un aperçu du travail d’une famille d’agriculteurs en moyenne montagne à cette époque. Abstract The chance discovery of a hoard of tools at Soulce-Cernay (Doubs) sheds a new light on agricultural practices during late Antiquity. Mainly consisting of tools that are still usable, the hoard gives a glimpse into the work of a country- man’s family living in a low mountain range at that time. Zusammenfassung Die zufällige Entdeckung eines Metalldepots in Soulce-Cernay (Département Doubs) wirft neues Licht auf die Arbeit in der spätantiken Landwirtschaft. Dieses überwiegend aus funktionellen Gegenständen bestehende Depot zeichnet sich durch seine Einheitlichkeit aus. Es gewährt einen Einblick in die Arbeit einer Bauernfamilie dieser Zeit im Mittelgebirge.

CIRCONSTANCES DE LA DÉCOUVERTE Mais le dépôt se situe surtout à proximité (350 m) d’une vaste cavité bien connue des archéologues et malheu- C’est au cours de l’année 1996 que fut découvert, à reusement souvent pillée, la grotte du Château de la Roche, 614 m d’altitude, le dépôt de Soulce-Cernay, Doubs (fig. 1). sur la commune de Chamesol, près de Saint-Hippolyte. Il était enfoui sur une terrasse boisée située sur le versant Singulière par le passage d’une rivière au fond de la cavité nord-ouest d’une petite crête qui domine de quelque 200 m et occupée depuis la Préhistoire, cette grotte fit l’objet de le cours du Doubs. Rassemblé dans et autour de deux chau- plusieurs campagnes de fouilles avant publication finale drons emboîtés, l’ensemble constitue un dépôt métallique (AIMÉ, LOUIS, 1982). d’époque romaine de 32 éléments (GRUT, 2003). Ces outils À l’époque romaine, l’aménagement interne de la cavité ont été achetés par le musée de Montbéliard où ils sont ne fait aucun doute : il y est matérialisé non seulement par déposés depuis novembre 2009, après restauration par le des trous de poteau et des épandages cendreux, mais sur- CREAM de Vienne (Isère) (fig. 2). tout par des fragments d’enduits peints, de céramiques, de tegulae, d’imbrices et par des clous de charpente. Ces ENVIRONNEMENT ARCHÉOLOGIQUE vestiges, selon les auteurs précités, témoignent de struc- tures d’habitation : en effet, ce type d’aménagement soigné Dans la moyenne vallée du Doubs, Soulce-Cernay est plaide en faveur d’un habitat troglodyte quasi permanent, un village dont le nom évoque les sources salées, exploi- car comment y expliquer autrement la présence de fresques tées surtout aux XIIe et XIIIe siècles. Il se trouve le long de murales ? la rivière sur la voie de passage Saint-Ursanne – Saint- L’arc chronologique des vingt-quatre monnaies retrou- Hippolyte. Il n’est pas très éloigné (25 km) de l’agglomé- vées dans la grotte permet d’en préciser la période d’occupa- ration antique de avec laquelle il pouvait sans tion, qui s’étend de La Tène finale au milieu du quatrième doute communiquer, bien qu’aucune voie fiable n’ait été siècle (terminus Magnence), avec toutefois une lacune de repérée à ce jour entre ces deux lieux (JOAN, 2003). Commode à Constantin inclus.

* Professeur honoraire de l’Éducation Nationale, 41 rue Carnot, 90300 Valdoie. [email protected]

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 206 Jean-Pierre MAZIMANN

Citons enfin la découverte, tout près du dépôt, d’une fibule de type Nertomarus (RIHA, 1979, type 4.3.1, surtout première moitié du Ier s.). Nous ne nous hasarderons tou- tefois pas à la rattacher à cet ensemble, l’endroit ayant été largement fréquenté pendant toute l’époque gallo-romaine.

AGENCEMENT DU DÉPÔT

Il était enseveli en pleine terre, dans un sol marneux, à faible profondeur, une érosion de la couverte végétale n’étant toutefois pas à exclure. Le rebord du petit chaudron se trouvait à environ 40 cm sous le niveau de sol actuel, la base du gros chaudron se situant quant à elle à 70 cm. Les objets le constituant avaient été enfouis sur trois niveaux, apparemment de manière ordonnée, bien qu’au- cune trace de toile ou autre protection n’ait été remarquée, pas même pour la verrerie. Ils s’agençaient comme suit : le petit chaudron, dans lequel étaient disposées six clochettes de même taille, était installé à l’intérieur du gros. À l’ouest de ce dernier et pre- nant appui sur son bord s’empilaient, au niveau supérieur, les six faucilles sur lesquelles avait été déposée une louche

Fig. 1. Localisation de Soulce-Cernay (M. Lame).

Fig. 2. Le dépôt de Soulce-Cernay (cliché J. Fauquet).

Fig. 1.

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 207

(fig. 3), flanquée d’une grosse clochette. En dessous et de En premier lieu l’agriculture : la culture proprement bas en haut sur la photographie (fig. 4), se répartissaient une dite est ici bien représentée, avec un coutre (d’araire ?), un boîte de moyeu, une tarière, un coutre, un aiguisoir, une aiguisoir et surtout six faucilles à moissonner correspondant hache, enfin les quatre hipposandales coiffées de deux cou- à six bras, donc six foyers, ou trois si les femmes parti- pelles en verre. Sous ce dernier ensemble et dans un ultime cipent aux travaux des champs, fait souvent avéré (RÉMY, niveau apparaissaient les chaînes, une deuxième louche ainsi MATHIEU, 2009, p. 102). Quant aux quatre hipposandales qu’une coupelle en céramique retrouvée écrasée. et à la boîte de moyeu, elles évoquent, avec les chaînes, la traction par le cheval. Les hipposandales peuvent s’expli- quer par le terrain local marneux et pentu, les rainures en chevrons sous leur semelle servant à « procurer une meil- leure adhérence et à prévenir les glissades » (COULON, 1990, tome 1, p. 55). Suit l’élevage, avec les sonnailles qui traduisent, par leur taille, la présence d’un petit cheptel de bovins plutôt que d’ovins, destiné à la consommation et/ou la production de lait et de fromages. Vient ensuite le travail du bois, avec la hache pour l’abattage – le débardage se faisant avec cheval et chaînes – mais aussi la construction (à mi-bois par exemple). La mèche-cuillère de tarière sert à forer les trous de chevilles pour les assemblages, tant dans la construction que dans la charronnerie. Il est tout naturel aussi, dans cet environne- Fig. 3. État supérieur du dépôt (cliché H. Grut). ment, d’envisager la production de charbon de bois. Pour ce qui concerne l’activité culinaire, l’usage d’une cheminée murale ou plutôt ici d’un foyer-plaque avec potence, de deux chaudrons destinés soit à la réalisation de bouillies de céréales avec du millet ou du panic, base alimentaire du paysan gallo-romain, soit à celle de fromages. Les deux louches retrouvées en association peuvent d’ail- leurs se référer à l’une ou l’autre nourriture. Les deux coupes en verre, incongrues dans cet inven- taire, semblent être la seule concession au « luxe » de l’ensemble, plutôt que la petite coupelle en terre sigillée d’imitation, par ailleurs peu banale et dont le lieu de pro- duction reste à préciser (Portout ?). La fonction de ces derniers récipients a pu être diverse : verres à boire et/ou sauciers. Le service de table pouvait être partiellement en bois, mais la grotte a livré beaucoup de vaisselle en terre Fig. 4. État inférieur du dépôt (cliché H. Grut). cuite et tout particulièrement des cruches, servant vraisem- blablement à puiser l’eau du ruisseau qui y passait.

Nature et composition du dépôt APPROCHE CHRONOLOGIQUE

Le dépôt est constitué pour l’essentiel d’objets métal- Elle est ici difficile. En effet, les objets constituant le liques de bonne qualité, pour la plupart fonctionnels, aux- dépôt sont dans leur majorité difficilement datables, quels ont été adjoints trois éléments de vaisselle de table en leur forme n’ayant que peu évolué « de La Tène finale au verre et céramique. XIXe siècle » (GUILAINE, 1991 p. 96). 32 éléments le composent (fig. 2) : Le chaudron 271, par exemple, se réfère à un type ancien - un coutre, six faucilles, un aiguisoir, une boîte de moyeu, déjà présent à La Tène. Il présente de nombreuses traces de trois chaînes, quatre hipposandales, sept sonnailles ; réparation témoignant de son long usage. À Neupotz, on le - une hache, une tarière ; retrouve dans un ensemble daté du Ve siècle (KÜNZL, 1993). - deux chaudrons, deux louches, deux coupes en verre, une Le chaudron 26, rapiécé lui aussi, est largement diffusé coupelle en céramique à revêtement argileux. dans l’est des Gaules et attesté plutôt au IIIe et au IVe siècle. Le coutre (d’araire) ne fait pas l’unanimité sur sa date d’ap- Activités induites par le dépôt parition.

À travers les constituants de ce dépôt transparaissent les diverses activités pratiquées en moyenne montagne par une 1. Les numéros renvoient à l’inventaire qui suit et non aux numéros cellule familiale élargie ou une petite communauté agricole. d’inventaire du musée (sur les figures).

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 208 Jean-Pierre MAZIMANN

Les récipients de verre ou de céramique peuvent-ils Sans doute représentaient-ils en quelque sorte des nous permettre d’affiner la date d’enfouissement ? Les deux nécessaires d’autonomie, « kits » que se constituaient et coupes en verre Isings 115 (ISINGS, 1957) ne semblent pas sans doute se transmettaient les agriculteurs. Caton – qui des marqueurs fiables. Leur usage est attesté à Augst, selon conseille quatre faucilles pour une exploitation moyenne B. Rütti (RÜTTI, 1991), de l’époque tibérienne jusqu’au – puis Palladius, en donnent d’ailleurs des listes types, tou- IVe siècle. Et c’est bien de ce dernier siècle que ces coupes tefois plus adaptées au climat méditerranéen (FERDIÈRE, sont datées à Autun (Autun-Augustodunum, 1985) ou à 1988, II, p. 56). On retrouve du reste, preuve de leur Poitiers (SIMON-HIERNARD, DUBREUIL, 2000). importance, ces outils miniaturisés dans des tombes d’en- Reste la coupelle en céramique dont l’état de frag- fants (ibid., p. 48) ou même portés en colliers, comme dans mentation rend l’identification aléatoire. Sa forme carénée la nécropole de Pontarion, Creuse (Instrumentum n° 14, semblerait la rattacher elle aussi à des productions tardives, décembre 2001, cliché p. 3). comme celles signalées dans le nord des Gaules (BRULET, La survie en milieu rural en dépendait, permettant une 1990) ou dans l’atelier de Portout (PERNON, PERNON, autarcie relative, loin des vici, tout particulièrement lors 1990), nettement datées du Ve siècle. Il s’agit dans le cas des estivages. Quand on sait à quel point les outils étaient présent d’une terre sigillée d’imitation, en céramique à revê- systématiquement récupérés sur les villae (GUILAINE, 1991, tement argileux, d’origine indéterminée. p. 97), on ne pourra qu’apprécier l’importance que repré- L’apparente discordance chronologique de l’ensemble sentait un tel dépôt pour une petite communauté rurale. ne doit pas trop surprendre, ces objets passant de génération en génération. Les seules datations convergentes étant celles DÉPÔT VOTIF, DÉPÔT DE FORGERON du chaudron 26, de la verrerie et de la coupelle, c’est par OU DÉPÔT AGRAIRE ? conséquent vers un enfouissement tardif, au plus tôt fin IVe siècle ou courant Ve siècle, que nous nous orienterons. En l’absence d’un proche sanctuaire connu et malgré Datation qui pourrait être corroborée par la présence, dans le jet rituel de monnaies constaté dans la résurgence de la la grotte, de céramique d’Argonne dans les niveaux gallo- rivière de la grotte, à quelque cent mètres en contrebas, romains tardifs, l’absence de monnaies pouvant s’expliquer peut-on attribuer une fonction votive à ce dépôt ? Cette par l’interruption des frappes de bronze fin IVe siècle. dernière, si elle n’est pas totalement à exclure, n’est en tout cas pas avérée dans le cas des grands dépôts connus – DÉPÔTS COMPARABLES Tarquimpol, Maclaunay, Gettenau. En effet, le volume et la valeur tant pécuniaire qu’utilitaire des objets dont dépendait Bien qu’assez peu communs, plusieurs dépôts gallo- la vie d’une cellule familiale semblent logiquement l’infir- romains ont déjà fait l’objet de découvertes (FERDIÈRE, mer. D’ailleurs, la rareté des découvertes de tels dépôts ne 1988, II, p. 56). Ils sont souvent considérés comme des s’explique-t-elle pas par la récupération systématique de tout cachettes de forgerons, car ils contiennent de nombreux outil (agricole ou non), sur les sites d’habitats ? objets hors d’usage, fragmentaires ou à réparer, comme à Avec un chaudron percé, l’autre à réparer, le coutre Alspach (Haut-Rhin), par exemple, ce qui ne semble pas être cassé, tout comme l’est une louche, la soie d’une faucille bri- le cas du dépôt de Soulce-Cernay. Toutefois sa comparaison sée, soit moins du tiers des objets abîmés, s’agirait-il d’« une avec trois autres dépôts connus et contenant sensiblement cachette de forgeron » comme le pense A. Ferdière (1988, le même nombre d’objets – 31 à Tarquimpol en Moselle, II, p. 56) dans le cas de Tarquimpol ou de Maclaunay ? 38 à Maclaunay dans la Marne et 32 à Zweibrücken-Isheim Nous ne saurions l’affirmer, beaucoup trop d’objets restant en Rhénanie-Palatinat (KÜNTZL, 1993, t. 1 p. 356) – est fonctionnels. des plus intéressantes. Il s’en dégage en effet une évidence : Le dépôt pourrait avoir été, comme à Las Ermitas en ils présentent de fortes analogies et beaucoup d’objets en Espagne (FILLOY NIEVA, 2000), une cachette temporaire commun. Les sonnailles, les coutres (socs ou reilles) et les d’outils agricoles : en effet, ici point de vrac mais un certain chaînes se retrouvent dans les quatre dépôts, les haches et soin dans le rangement, peut-être pour en faciliter la récu- tarières dans trois dépôts sur quatre, les boîtes de moyeu, pération. Mais alors pourquoi l’avoir caché sans davantage les chaudrons ainsi que la vaisselle, dans deux dépôts sur de protection et non emporté ? quatre. Les mêmes activités y transparaissent : élevage, Sa profondeur relativement faible pourrait traduire une céréaliculture, travail du bois et alimentation, même si cer- certaine hâte. L’enfouissement – et ce malgré son agence- taines autres activités ne sont pas à exclure, viticulture à ment – aurait alors été motivé par l’imminence d’un danger, Tarquimpol (DELORT, 1951) ou tonnellerie et travail du survenant probablement par l’axe de passage de la vallée du cuir à Maclaunay (LANTIEK, 1947 ; Rome face…, 1993, Doubs, si proche du site. Cette dernière hypothèse semble p. 142, fig. 72.07). la plus plausible, étant la seule, selon M. Feugère, à pouvoir De surcroît, surtout dispersés dans l’est des Gaules expliquer la présence des coupes en verre, tous les biens de part et d’autre du Rhin (KÜNTZL, 1993, t. 1 p. 358, étant ainsi à l’abri. fig. 5), ils sont enfouis dans une période chronologique « …Capital à préserver » (FEUGÈRE, 1997, p. 144) et tardive difficile à préciser en l’absence de monnaies : IIIe/ frein à une fuite éventuelle, il était de toute manière préfé- IVe siècles pour celui de Tarquimpol et IVe siècle pour celui rable de le cacher plutôt que de l’entreposer dans la grotte, de Maclaunay auquel est associée de la céramique à molette habitat probable (temporaire ?) de ses propriétaires, où il d’Argonne. aurait pu être, tôt ou tard, « récupéré » par quelque pillard.

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 209

Ce dépôt se rangerait alors au côté de ceux, nombreux INVENTAIRE au Ve s. (KÜNTZL 1993, t. 1, p. 358, fig. 5), qui trouvent leur explication dans l’insécurité engendrée par les raids A. Élevage des Alamans, Soulce-Cernay étant en effet situé en limite sud-ouest de l’aire d’expansion actuellement connue de ce Clochettes ou sonnailles (fig. 5) peuple. « …en fer recouvert de façon assez homogène d’une couche de cuivre » (CREAM 2009). De forme pyramidale, CONCLUSION six sont de taille sensiblement identique et l’une un peu plus grosse. Le battant, quand il est conservé (sur quatre L’existence d’un dépôt d’outils agricoles, non loin de exemplaires), présente une extrémité tronconique. la grotte du Château de la Roche, pourrait attester de la Traditionnellement attribué aux troupeaux d’ovins, leur présence locale, peut-être en estive, d’un petit groupe (en usage chez les bovins n’est toutefois pas à exclure (GUILAINE, cellule familiale ?) d’agriculteurs capables, avec six faucilles, 1991, p. 65). Leur dimension, ici conséquente, confirme de moissonner, selon les estimations de Caton, plus de 240 cette dernière assertion. jugères, c’est-à-dire 60 hectares ! (ROBERT, 1985, p. 236), Très répandus, ces objets sont abondamment attestés surface paraissant démesurée en moyenne montagne. dans les villae de nos régions. La longue saison d’estive, nécessitant un habitat semi- 1- Hauteur 10,5 cm, base 8,6 cm par 6,6 cm ; avec permanent, explique les aménagements intérieurs de la vaste battant. grotte qui s’y prêtait par ses dimensions, 45 m de long par 2- Hauteur 11,2 cm, base 8,8 cm par 6,8 cm ; avec 15 m de large et 10 m de haut, par l’eau qui y coulait en battant fonctionnel (fig. 6). permanence et par le confort qu’elle procurait. 3- Hauteur 10 cm, base 7 cm par 6,5 cm ; avec battant Alentour devaient se dérouler des activités diverses : (fig. 7). culture, traite, tonte, filage, fabrication de fromages, bou- 4- Hauteur 9,6 cm, base 7,5 cm par 6 cm ; avec battant. cherie, travail du bois. Certaines n’excluent pas le travail 5- Hauteur 12 cm, base 7 cm par 6 cm ; sans battant. féminin ; en effet, « à la campagne, la femme prenait sa part 6- Hauteur 10 cm, base 7,5 cm par 6,5 cm ; sans bat- aux divers travaux saisonniers » (RÉMY, MATHIEU, 2009, tant (fig. 8). p. 95). 7- Hauteur 14 cm, base 10,7 cm par 7,6 cm ; le battant Comme aujourd’hui encore, pâturaient des vaches est détaché (fig. 9). plutôt que des ovins car selon Varron, la saison d’été est plus favorable dans les pays de montagne (nous sommes ici B. Agriculture à 614 m d’altitude), en raison de l’abondance du fourrage (ROBERT, 1985, p. 213). Hipposandales (fig. 10) Cette routine annuelle fut un jour interrompue, puis- Quatre exemplaires en fer au type dit à attache en anse que personne ne revint reprendre les précieux outils, soi- de panier. La semelle présente sur la face interne une légère gneusement rangés et cachés. Une incursion barbare le long côte médiane et des stries en chevrons sur la face externe. du Doubs, après l’invasion de 406, en serait-elle respon- L’avant du sabot est bloqué dans l’anse et l’arrière maintenu sable ? à l’aide d’une courroie passant par un crochet. Ce type est Les propriétaires étaient pourtant très attachés à leurs d’usage courant (VIGNERON, 1968, type G, pl. 13). outils : ils représentaient leur gagne-pain, ils étaient coûteux, 8- Longueur 16,5 cm, largeur max. 11,4 cm, hauteur donc systématiquement récupérés. Ces paysans2 étaient-ils 7 cm. libres ou dépendaient-ils du villicus d’un propriétaire ter- 9- Longueur 17,1 cm, largeur max. 13,3 cm, hauteur rien ? Nous ne saurions répondre à cette question, aucune 7 cm (fig. 11). villa voisine n’ayant à ce jour été repérée, les vestiges gallo- 10- Longueur 15,5 cm, largeur max. 12,2 cm, hauteur romains les plus proches hormis ceux de la grotte étant à 8,4 cm (fig. 12). Pont-de-Roide, à environ huit kilomètres à vol d’oiseau. 11- Longueur 14,7 cm, largeur max. 12,2 cm, hauteur Selon les maigres données chronologiques conver- 7,5 cm. gentes que nous fournissent le verre, la céramique et un chaudron de type Festland probable, et bien qu’« une chute Coutre (d’araire ?) des indices d’activités agro-pastorales et une recolonisation En fer. Cet instrument fait l’objet de discussions. Il forestière soient observables » à cette époque (GAUTHIER, peut en effet appartenir à un araire, à l’avant duquel il est 2003, p. 128), ce n’est vraisemblablement pas avant la fin situé. Il sert alors à fendre la terre verticalement, avant le du IVe siècle après J.-C. ou la première moitié du Ve siècle passage du soc. Mais, il peut aussi appartenir à un autre ins- que ce mobilier fut caché, pour les motifs que nous avons trument, le « coutrier », servant à la préparation du champ évoqués. avant l’utilisation de l’araire (FERDIÈRE et alii, 2006, p. 91). D’un modèle connu, il semble répondre au type « simple » d’A. Marbach (2007). Il trouve des parallèles dans le dépôt 2. Deux boutons de cingulum à effigie d’empereur, provenant sans de Gettenau (Hesse), avec cinq exemplaires (GUILAINE, doute de l’atelier de Besançon (FEUGÈRE, 1985), ont curieusement été retrouvés dans la grotte. Attestent-ils du passage d’un soldat ou de sa 1991, III.3, p. 83). A. Marbach (2001, p. 135) en signale reconversion en tant qu’agriculteur ?

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 210 Jean-Pierre MAZIMANN

Fig. 5. Les sonnailles (cliché J. Fauquet).

2008.12.06 2008.12.07 2008.12.08

6 7 8

2008.12.11

Fig. 6. Clochette 2.

Fig. 7. Clochette 3.

Fig. 8. Clochette 6.

Fig. 9. Clochette 7.

(Clichés J. Fauquet)

9 5 cm

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 211

Fig. 10. Les hipposandales (cliché J. Fauquet).

Fig. 11. Hipposandale 9 2008.12.02 (cliché J. Fauquet).

5 cm

Fig. 12. Hipposandale 10 2008.12.01 (cliché J. Fauquet). 5 cm

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 212 Jean-Pierre MAZIMANN

Fig. 13. Coutre 12 (cliché J. Fauquet).

2008.12.19 10 cm

huit simples de type massif qui sont « tous, sauf un, localisés du manche, une rondelle de fer en bas. La soie est matée dans l’est des Gaules entre la Moselle et le Rhin ». (fig. 15). 12- Incomplet : la tige est cassée ; 31,5 cm de longueur 17- Cassée, longueur conservée 33 cm, largeur 30 cm ; conservée dont 18,5 cm pour la lame ; poids 1319,5 g. soie d’emmanchement incomplète, une virole conservée. Cet objet présente de « très belles traces de fabrication » 18- Longueur 53,2 cm, largeur 40,6 cm, longueur de la (CREAM 2009) (fig. 13). soie d’emmanchement 14 cm, rondelle en alliage cuivreux au rebord festonné. Soie matée. La pointe de la faucille Faucilles (fig. 14) présente curieusement un renflement conique, peut-être Six exemplaires en fer, du type dit en point d’interroga- destiné à empêcher que la pointe de l’outil ne se fiche en tion. Leur longue lame étroite (entre 2,6 et 3 cm de largeur terre (fig. 16). au maximum) est coupante sur deux-tiers environ, le tiers Une virole, retrouvée séparément, appartient à l’une terminal affectant une section passant de carrée à circulaire. des faucilles étudiées. Leur soie, pratiquement à angle droit par rapport à la lame, s’insère dans un manche disparu, bloqué des deux Aiguisoir côtés par une virole d’emmanchement. Celle-ci, principa- En fer. Il possède un corps légèrement fusiforme dont lement en alliage cuivreux, est parfois consolidée en bas du la section circulaire va s’amoindrissant vers la base. Il pré- manche par une contreplaque ronde du même métal ou en sente dans sa partie supérieure une boucle en fer plat rabat- fer, avant matage de la soie. tue contre le corps qui semble avoir été martelée, comme Ces longs outils ont une double fonction : faucilles à l’indiquerait son plan de frappe légèrement incliné, pourvu moissonner par leur tranchant, mais aussi faucilles à gerber, d’un trou (pour en permettre l’attache ?). Il convient sans comme en témoigne la section circulaire de leur extrémité. doute de l’associer aux faucilles et à leur affûtage. L’une d’entre elles (n° 18), vu le fil de sa lame, semble avoir Deux exemples proches, quoique plus longs, sont appartenu à un gaucher. inventoriés dans l’ensemble de Neupotz (type NH 34 ; Pour des parallèles, voir FERDIÈRE, 1988, II, p. 59, KÜNZL, 1993, t. 4, pl. 602). Un autre, malheureusement nos 16 et 20. sans échelle, figure dans le dépôt de Forbach (ibid., t. 1, 13- Longueur 57 cm, largeur 41 cm, longueur de la p. 349, fig. 1, n° 9). soie d’emmanchement 14 cm, munie d’une rondelle en fer. 19- Longueur totale 29,5 cm, diamètre maximum 14- Longueur 46,5 cm, largeur 36,5 cm ; la soie d’em- 1,5 cm (fig. 17). manchement est cassée, une virole en fer est conservée. 15- Longueur 52,1 cm, largeur 40,1 cm, longueur de Boîte de moyeu la soie d’emmanchement 14,5 cm ; une virole incomplète. En fer. Cet objet présente des ergots extérieurs opposés 16- Longueur 54 cm, largeur 39,4 cm, longueur de permettant l’emboîtement dans le bois. Il évoque la char- la soie d’emmanchement 14 cm ; viroles en haut et en bas ronnerie : il se fixe à l’intérieur d’un moyeu de roue (emboî-

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 Fig. 13. Coutre 12 (cliché J. Fauquet).

LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 213

Fig. 14. Les faucilles (cliché J. Fauquet).

2008.12.24

Fig. 15. Faucille 16 (cliché J. Fauquet). 10 cm

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 214 Jean-Pierre MAZIMANN

Fig. 16. Faucille 18 (cliché J. Fauquet). 10 cm

2008.12.18

5 cm

Fig. 17. Aiguisoir 19 (cliché J. Fauquet). 2008.12.17

5 cm Fig. 18. Boîte de moyeu 20 (cliché J. Fauquet).

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 215

Fig. 19. Chaîne 21 (cliché J. Fauquet).

Fig. 20. Chaîne 22 (cliché J. Fauquet).

2008.12.12 10 cm

ture) pour renforcer le passage de l’essieu. L’ensemble de Neupotz, où il figure sous le type NF5, a livré de nombreux exemplaires semblables (KÜNZL, 1993, t. 4, pl. 400- 408). Leur diamètre intérieur oscillant entre 9,5 cm et 13 cm, la boîte 20 se situe donc dans la fourchette haute. Deux pièces assez proches ont été recueillies au fanum de Genainville (MITARD, 1993, pl. V, n° 93 - n° 117). 2008.12.13 10 cm 20- Diamètre max. 15 cm, diamètre intérieur 11,5 cm, hauteur du cerclage 3,9 cm (fig. 18).

Chaînes C. Travail du bois Au nombre de trois, en fer. Elles ont pu avoir des fonc- tions multiples. Toutefois, la robustesse de leurs maillons Hache subrectangulaires évoque l’équipement du chariot, la trac- En fer. Vu son poids, il s’agit plus vraisemblablement tion ou le débardage. Toutes trois possèdent un anneau piri- d’une hache à fendre que d’une hache d’abattage. D’un type forme à une extrémité, deux d’entre elles sont munies de commun, elle est largement répandue. manilles destinées à éviter une torsion pouvant engendrer 24- Longueur 18 cm, largeur maximum du tranchant la rupture. 8 cm, poids après restauration 1217,4 g ; œil de forme ova- 21- Longueur 198 cm. La taille de certains maillons (DUVAUCHELLE, 1990, type 1B p. 15, fig. 6) (fig. 21). peut atteindre 10 cm. Elle est pourvue d’une manille du type Neupotz NF 57 B, d’un anneau piriforme Neupotz Mèche-cuillère de tarière NF 58 à une extrémité et d’un crochet Neupotz NF 59 En fer bronzé, « peut-être pour améliorer la résistance à l’autre (KÜNZL, 1993, t. 1, p. 312-314 et fig. 20-21) à la corrosion » (CREAM 2009). (fig. 19). Cet outil, au manche perpendiculaire à la mèche, était 22- Longueur 194 cm, avec une manille et terminée utilisé en menuiserie, en charronnerie et par les sabotiers. par un anneau piriforme (fig. 20). Il servait à faire des trous de chevilles et des mortaises. Déjà 23- Longueur 43 cm ; sans doute fragmentaire, elle ne présent à La Tène ancienne, il est largement attesté sur les comporte plus que quatre anneaux robustes et un anneau sites du Haut-Empire (HARNECKER, 1997) mais aussi plus piriforme à une extrémité (fig. 2, en bas). tardivement, comme à Niederbieber (GAITZSCH, 1980)

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 216 Jean-Pierre MAZIMANN

Fig. 21. Hache 24 (clichés J. Fauquet).

2008.12.15 5 cm

a

10 cm

b

2008.12.16 5 cm

Fig. 22. a. Mèche-cuillère de tarière 25 ; b. détail de la cuillère (clichés J. Fauquet).

ou à Avenches (DUVAUCHELLE, 1990). Il est ici de grande comme le suggère N. Legendre, indiquerait une mesure dimension et présente une large cuillère. Cette tarière, selon standard pour ce type de récipients (fig. 23a et b). le dernier auteur, ne serait pas antérieure au « milieu de En tôle d’alliage cuivreux, ce petit chaudron présente l’Empire », de par la grande dimension de sa cuillère, ici un fond concave et une panse légèrement carénée. Il a été précisément de deux digiti. largement rapetassé comme en témoignent les nombreuses 25- Longueur totale 43,6 cm ; tige de section carrée à plaques rapportées et rivetées qui en tapissent principale- angles arrondis terminée par une soie d’emmanchement ment le fond. Son rebord d’1 cm de large est rabattu à plate et lancéolée de 10,5 cm ; largeur restituable de la cuil- l’horizontale vers l’extérieur. Une de ses attaches d’anse est lère environ 3,7 cm, soit deux digiti (0,0185 x 2) (fig. 22a cassée. L’autre, d’origine, est une prolongation de la tôle et 22b). du chaudron du bord duquel elle a été écartée et remise en position verticale par double pliage. De forme triangulaire, D. Consommation elle est percée d’une fente tirelire verticale, accostée de part et d’autre d’un petit trou. Chaudrons Il pourrait s’agir, bien que sa carène soit peu marquée, 26- Hauteur 16 cm, diamètre 33 cm, poids après res- d’un bassin de type Festland, comme à Neupotz (KÜNZL, tauration 1541,7 g. Type Eggers n° 14, pl. 3. Ces dimen- 1993, t. 2, type NE 5, pl. 22), Colmar ou Alspach, dont le sions correspondent bien à celles des trois exemplaires de la dépôt contenait quatre exemplaires (LEGENDRE, 1996). Il série de Neupotz ainsi qu’à celles de la série d’Alspach. Ceci, serait dans ce cas datable du IIIe ou du IVe siècle.

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 217

Fig. 23. Petit chaudron 26 ; a. cliché J. Fauquet ; b. dessin J. Gelot.

a

5 cm

b

27- Hauteur 27 cm, diamètre max. 55 cm, à l’ouver- Louches ture 48 cm, poids après traitement 3900 g. Type Eggers 28- En fer ; longueur 51,5 cm, diamètre 16 cm, pro- n° 6, pl. 2 (EGGERS, 1951), type Neupotz NE 1 (KÜNZL, fondeur 3,5 cm. Elle est munie d’un long manche plat qui 1993, t. 2, pl. 22). D’un type ancien, il est déjà attesté à La est élargi côté cuilleron et coudé à angle droit vers l’arrière, Tène III (fig. 24a, b et c). à l’autre extrémité, pour former crochet. Ce dernier se ter- En tôle d’alliage cuivreux. Il est réalisé en deux par- mine en imitation de tête de canard, pouvant remplir la ties, le fond concave étant riveté à sa panse cylindrique. fonction de grattoir (fig. 25). Son rebord est « renforcé à l’aide d’un jonc en fer » (GRUT, Des parallèles à Neupotz (KÜNZL, 1993, t. 2, type 2003). Comme le petit chaudron, il a fait l’objet de nom- NE 26, pl. 19) ainsi qu’à Augst (FURGER, 1985, p. 174, breuses réparations au moyen de plaquettes fixées à l’aide fig. 7, n° 6). de rivets avec plaque et contreplaque. Sa base est lacunaire 29- En fer ; longueur 54,5 cm, diamètre 17,5 cm, pro- et une de ses attaches d’anse à disparu. L’autre attache est fondeur 4 cm. Abîmée au niveau du crochet et du cuille- constituée d’un cylindre orné de moulures verticales qui ron, elle semble d’un type proche de celui de la précédente est riveté sous le jonc et dans lequel coulisse librement un (fig. 26). anneau en fer de 8,5 cm de diamètre intérieur. Un anneau du même type, avec un même support en cylindre mais Coupes détaché de son chaudron, est répertorié à Neupotz (KÜNZL 30- Hémisphérique, en verre translucide ; diamètre 1993, t. 3, pl. 273, E 63). 8,7 cm, à l’ouverture 7,8 cm, hauteur totale moyenne

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 218 Jean-Pierre MAZIMANN

a

5 cm

b

Fig. 24. Grand chaudron 27 ; a. cliché J. Fauquet ; b. dessin J. Gelot.

4,5 cm. Elle est de couleur bleu-vert (Pantone 319), avec 31- Autre coupelle hémisphérique, retrouvée fragmen- de rares bulles mais des filandres abondantes. Son bord est tée ; diamètre 8,1 cm, à l’ouverture 7,2 cm, hauteur 4,6 cm. replié vers l’extérieur. Le récipient présente une trace de Bien que légèrement différente car moins évasée, elle est pontil à l’extérieur du fond pourvu d’un anneau porteur. Il rattachable au même type Isings 115 (fig. 28). appartient à la vaisselle domestique (fig. 27). Type Isings 115, A.R 109.2 (ou 1 ?). Récipient présent Coupelle carénée du Ier au IVe siècle. Parallèles à Autun-Augustodunum (1985, 32- Céramique à revêtement argi leux ; diamètre à p. 144, n° 236a, IIIe ou IVe siècle ; n° 236b, IVe siècle), à l’ouverture 8 cm, hauteur conservée 3,5 cm. La pâte est Poitiers (SIMON-HIERNARD, DUBREUIL, 2000, p. 223-224, beige orangé et l’engobe rouge orangé est de très mauvaise n° 187, IVe s., et n° 188). qualité. Le fond concave présente des cercles concentriques

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 219

5 cm

Fig. 24. c. Grand chaudron 27, détail du fond extérieur (cliché J. Fauquet).

2008.12.27 10 cm

10 cm

Fig. 25. Louche 28 (cliché J. Fauquet).

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 220 Jean-Pierre MAZIMANN

Fig. 26. Louche 29 (cliché J. Fauquet).

2008.12.2810 cm

10 cm

2008.12.36

10 cm

2008.12.35 5 cm

Fig. 27. Coupe 30 (cliché J. Fauquet). 2008.12.35 dus au tournage ainsi qu’un grafitto en X (fig. 28, bas). Jalon chronologique important avec les coupes en verre pré- cédentes, cette coupelle tardive trouve, sous l’appellation « tasse hémisphérique à col droit sans baguette », un paral- lèle dans le numéro 417, figurant pl. 3, p. 407 (BRULET, 1990), « ainsi que dans la forme P 30, pl. XIV de l’atelier de 2008.12.34 Portout, Savoie (PERNON, PERNON, 1990), d’un diamètre d’ouverture comparable. Selon ces auteurs, ces céramiques sont à classer parmi les imitations de sigillée. EIles sont respectivement datées du Ve siècle pour R. Brulet et du dernier quart du IVe ou du début Ve pour J. et C. Pernon. Remarquons que la présence – si tel était bien le cas – d’une céramique provenant de l’atelier de Portout ne saurait surprendre ici, leur diffusion étant attestée sur le site de Fig. 28. De haut en bas, coupe 31, coupe 30, coupelle 32 Mandeure (BARRAL et alii, 2007, p. 423). (dessins J. Gelot).

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 LE DÉPÔT GALLO-ROMAIN D’OBJETS MÉTALLIQUES DE SOULCE-CERNAY (DOUBS) 221

Remerciements Notre gratitude va aussi à Hervé Grut qui nous a signa- Nous remercions ici vivement le Musée des Ducs de lé ce dépôt, à Jean Gelot pour ses dessins ainsi qu’à Michel Wurtemberg de Montbéliard, particulièrement Hélène Feugère, Jean-Paul Guillaumet, Sylviane Humbert, Jean- Grimaud, pour nous avoir facilité l’accès à ce dépôt ainsi François Piningre et Annick Richard pour leurs précieux que Jonathan Fauquet pour sa documentation photogra- conseils. phique.

BIBLIOGRAPHIE

AIMÉ G, LOUIS G., 1982, « La grotte de la Roche à Saint-Hippo- FILLOY NIEVA I., 2000, « Una ocultacion tardorromana de herra- lyte (Doubs) : histoire et archéologie », Bull. de la Société mientas de hierro en el asentamiento rural de Las Ermitas d’Émulation de Montbéliard, 105, p. 43-88. (Espejo, Pais Vasco, Espagne) », in : BERTRAND I. dir., Actua- lité de la recherche sur le mobilier romain non céramique, Actes Autun-Augustodunum : capitale des Éduens, 1985, Ville d’Autun, du colloque de Chauvigny, Vienne (), 23-24 oct. 1998, Musée Rolin, Catalogue d’exposition, mars à octobre 1985, Chauvigny, Ass. des publications chauvinoises, p. 129-147. 411 p. FURGER A.-R., 1985, « Vom Essen und Trinken im römischen BARRAL Ph., BOSSUET G., KUHNLE G., MARC J.-Y., MOUGIN P. , Augst », Archéologie Suisse, 8.3, Augst, p. 168-187. ARCAY D., BATAILLE G., BLIN S., BRIDE A.-S., BURGEVIN A., CAMERLYNCK C., DABAS M., DUMONT A., FORT B., GUIL- GAITZSCH W., 1980, Eiserne römische Werkzeuge : Studien zur LAUMET J.-P., JACCOTTEY L., JEUNOT L., JOLY M., MARMET römischen Werkzeugkunde in Italien und den nördlichen E., MAZIMANN J.-P., MOUTON S., PICHOT V., SCHÖNFELDER, Provinzen des Imperium Romanum, Oxford, 2 vol. : 410 p. et M., THIVET M., VANNIÈRE B., 2007, « Epomanduodurum, 74 p. (B.A.R., Internat. ser., 78) une ville chez les Séquanes », Gallia, 64, p. 353-434. GAITZSCH W., GEISSEN A., MEIER-ARENDT W., PÄFFGEN B., BRULET R., 1990, La Gaule septentrionale au Bas-Empire : occupa- QUARG G., SCHAUERTE G., STEINER A., 1984, « Ein Verwahr- tion du sol et défense du territoire dans l’arrière-pays du Limes fund des 4. Jahrhunderts aus dem Königsforst bei Köln », aux IVe et Ve siècles, Trier, éd. du Musée de Trèves, 431 p. (Trie- Bonner Jahrbücher, 184, p. 335-477. rer Zeitschrift für Geschichte und Kunst des Trierer Landes und GAUTHIER É., 2003, « Dynamique des activités agropastorales seiner Nachbargebiete, 11). gallo-romaines en moyenne montagne : le Jura (France) », in : COULON G., 1990, Les Gallo-Romains. T. 1 : Les villes, les cam- MIRAS Y., SURMELY F. dir., Environnement et peuplement de pagnes et les échanges, Paris, A. Colin, 217 p. (Coll. Civilisa- la moyenne montagne du Tardiglaciaire à nos jours, Actes de tions). la table ronde internationale de Pierrefort (Cantal), du 19 au 20 juin 2003, Paris, imp. Jouve, p. 123-133 (Annales littéraires CREAM 2009, Rapport du Centre de Restauration et d’Études de l’Université de Besançon, 799). Archéologiques ‘Gabriel Chapotat’ de Vienne, adressé au musée de Montbéliard le 13-11-2009. Lot 2008-039. GRUT H., 2003, Rapport de prospections au sol, à vue et avec détec- teur de métaux, Besançon, Service régional de l’Archéologie, DELORT E., 1951, « Découvertes récentes à Tarquimpol (sculp- 151 p. tures, monnaies, ustensiles de cuisine) de l’époque gallo- romaine », Les Cahiers Lorrains, 3, p. 41-48. GUILAINE J., 1991, Pour une archéologie agraire, Paris, éd. Armand Colin, 575 p. DUVAUCHELLE A., 1990, Les outils en fer du musée romain d’Aven- ches, 118 p. (Bull. de l’Association Pro Aventico, 32). HARNECKER J., 1997, Katalog der römischen Eisenfunde von Haltern aus den Grabungen der Jahre 1949-1994, Mainz, Ph. von EGGERS H.G.,1951, Der römische Import im freien Germanien, Zabern, 111 p., 92 pl. (Bodenaltertümer Westfalens, 35). Hambourg, Hamburgisches Museum für Völkerkunde und Vorgeschichte, 212 p., 56 cartes (Atlas des Urgeschichte, 1). HENNING J., 1985, « Zur Datierung von Werkzeug- und Agrar- gerätefunden im Germanischen Landnahmegebiet zwischen FERDIÈRE A., 1988, Les campagnes en Gaule romaine : 52 av. J.-C.- Rhein und Oberer Donau (der Hortfund von Osterburken) », 486 ap. J.-C., Paris, éd. Errance, 2 vol. : 301 p. et 284 p. Jahrbuch des RGZM, 32, p. 570-594. (Coll. des Hespérides). ISINGS C., 1957, Roman glass from dated finds, Groningen, éd. J.B. FERDIÈRE A., MALRAIN F., MATTERNE V., MÉNIEL P., NISSEN- Wolters, VIII-185 p. JAUBERT A., 2006, Histoire de l’agriculture en Gaule : 500 av. J.-C.-1000 ap. J.-C., Paris, éd. Errance, 231 p. (Coll. des JOAN L., 2003, Le Doubs et le Territoire de Belfort, Paris, Acad. des Hespérides). Inscriptions et Belles-Lettres, 561 p. (Carte Archéologique de la Gaule, 25 et 90). FEUGÈRE M., 1985, « Nouvelles observations sur les cabochons de bronze estampés du cingulum romain », in : BISHOP M.C. dir., KÜNZL E., 1993, Die Alamannenbeute aus dem Rhein bei Neupotz : The production and distribution of Roman military equipment, Plünderungsgut aus dem römischen Gallien, 4 vol. : Untersu- Proceedings / of the Second Roman military equipment research chungen, 563 p. ; Katalog, 223 p ; Tafeln 1-365, Tafeln 366- seminar, Sheffield, 1984, Oxford, p. 117-141 (B.A.R., Inter- 702, Mainz, Römish-Germanisches Zentralmuseum. nat. ser., 275). LANTIEK R, 1947, « Note additionnelle à la communication du FEUGÈRE M., 1997, « Les petits objets », in : BARBET G., GANDEL chanoine P. M. Favret », « Cachette de ferronnerie à Maclau- Ph. dir., Chassey-lès-Montbozon : un établissement rural gallo- nay (canton de Montmirail, Marne) », in : Compte-rendu romain, Paris, Les Belles-Lettres, p. 139-180 (Annales litté- des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, raires de l’Université de Franche-Comté – Série Archéologie, 42). p. 128-132.

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012 222 Jean-Pierre MAZIMANN

LEGENDRE N., 1996, « Technique de formage des chaudrons RÉMY B., MATHIEU N., 2009, Les femmes en Gaule Romaine : gallo-romains en alliage cuivreux : les découvertes d’Alspach Ier siècle avant J.-C.-Ve siècle après J.-C., Paris, éd. Errance, (Haut-Rhin) et d’Hettange-Grande (Moselle) », R.A.E, t. 47- 239 p. 1996, p. 67-77. RIHA E., 1979, Die römischen Fibeln aus Augst und Kaiseraugst, MARBACH A., 2001, Recherches sur les instruments aratoires et le travail Augst 222 p., 78 pl. (Forschungen in Augst, 3). du sol en Gaule Belgique : catalogue des pièces métalliques d’instru- ROBERT J.-N., 1985, La vie à la campagne dans l’Antiquité ments aratoires de la Gaule, Thèse de doctorat d’histoire, Metz, romaine, Paris, Les Belles Lettres, 320 p. (Coll. Realia). Université Paul Verlaine, Centre de Recherche Histoire et Civi- lisation, 297 p. Rome face aux barbares : mille ans pour un empire, 1993, Catalogue d’exposition, Abbaye de Daoulas, avec la coll. de la Biblio- MARBACH A., 2007, « Essai de classement typo-technologique des thèque nationale, 207 p. araires à partir des pièces métalliques découvertes en Gaule romaine en vue de leur reconstitution », Revue archéologique du RÜTTI B., 1991, Die römischen Gläser aus Augst und Kaiseraugst, Centre de la France, t. 45-46, 2006-2007, en ligne. Augst, Römermuseum, 2 vol. : Text. 370 p., 5 pl. ; Katalog und Tafeln, 212 p., 221 pl. (Forschungen in Augst, 13/1 et 13/2). MITARD P.-H., 1993, Le sanctuaire gallo-romain des Vaux-de-la- Celle à Genainville (Val-d’Oise), Guiry-en Vexin, Centre de SIMON-HIERNARD D., DUBREUIL F., 2000, Verres d’époque recherches archéologiques du Vexin français, 449 p. romaine : collection des musées de Poitiers, Poitiers, Musée Sainte-Croix, 424 p. (Coll. Regards sur les collections). PERNON J., PERNON C., 1990, Les potiers de Portout : productions, activités et cadre de vie d’un atelier au Ve siècle ap. J.-C. en VIGNERON P., 1968, Le cheval dans l’antiquité gréco-romaine (des Savoie, Paris, éd. du CNRS, 220 p. (20ème suppl. à la Revue guerres médiques aux grandes invasions) : contribution à l’histoire Archéologique de Narbonnaise). des techniques, Nancy, Berger-Levrault, 338 p. et 105 pl.

Revue Archéologique de l’Est, t. 61-2012, p. 205-222 © SAE 2012