Cahler Nantais n° 32, pp. 45 - 55 45

CHALLANSET MACHECOUL: ETUDE COMPAREE

.T. AUGER Institut de Géographie de l'Université de Nantes

RESUME: Machecoul , capitale historique du en Loire-Atlantique, et , capitale du Pays de Monts en Vendée : deux petites villes distantes de 16 km , situées toutes deux au contact du bocage et du marais et qui deviennent très tôt des marchés importants. Pourtant depuis 40 ans leur développement a été inégal tant au ni­ veau démographlque qu'économique : le dynamisme challandais qui se manifeste bien avant la crise, a bénéficié de l'encouragement des élus locaux , de l'esprit d'entreprise vendéen , des retombées du tourisme littoral , mais aussi de la main d'œuvre disponible à proximité et du relatif éloignement de la métropole nantaise .

ABSTRACT : Machecoul (the historical capital of the Pays du Retz in Loire-Atlantique) and Challans (the capital of the Pays de Monts in the department of the Vendée) are two small towns only to 16 kilometres away. Both are situated near to the bocage and the·fenlands, and are rapidly becoming market towns. Hewever, their develop­ ment has been uneven for the last 40 years , both from a demographlc and economic point of view. The dyna­ mic nature of Challans (evident from well before the recession) has benefitted from the encouragement of local representatives , from the Vendée mentality, from the spin-off from coastal tourism, but also from a readily available workforce and the relative distance of the Nantes metropolis .

MOTS-CLES: Challans, Machecoul, petite ville, aire d'influence .

KEY WORDS : Challans, Machecoul, small town , sphere of influence.

L'une se dit «capitale du Marais de Monts », l'autre se nomme «capitale historique du Pays de Retz ». La première est connue pour son équipe nationale de basket-ball et pour ses acti­ vités avicoles, le «poulet de Challans » ayant succédé au «canard nantais». A 16 kilomètres de là , hantée par le souvenir de Gilles de Retz, Machecoul, en Loire-Atlantique, demeure le berceau des cycles Gitane.

Chefs-lieux de cantons de part et d'autre de la limite départementale, au Sud-Ouest de la Loire-Atlantique et au nord de la Vendée, ces deux bourgades ont longtemps partagé le même destin, établissant entre-elles des relations de rivalité. Si Machecoul semble dominer paisiblement les campagnes environnantes de ses deux clochers visibles à plusieurs kilomètres , Challans reste le lieu de ralliement de plusieurs cantons les jours de foire et de marché . Encore rurales par beau­ coup de leurs aspects, ces deux communes de l'Ouest ont pourtant vécu différemment les quarante dernières années : là, leurs chemins se sont séparés ...

I - INTERROGATIONSLIEES AU SUJET

L'étude comparative de deux petites villes aussi diverses que Challans , 13 060 habitants en 1982, et Machecoul, 5 353 habitants, soulève plusieurs interrogations à propos des méthodes à utiliser . MACHECOUL ET CHALLANS ENTRE MARAIS ET BOCAGE

1111 1 1 1 Si e.- Pazanne

PAYS OE RETZ

Bourgneuf-en-Retz 1111111 St-Cyr-en-Retz 1 1 1 1 1 Fresnay-en.-~etz •27

St.-Etienne-de-Mer-Morte

11 11 1 Touvois

OCEAN

ATLANTIQUE

0 10 km '======~-

--:::::t- -

Cote d' alt itude Escarpements

___,.,,- Cours d'eau """""""Lo "RIVE", limite est du marais

Littoral rocheux Plaine sédimentaire ( calcaire lutét ien , Littoral sableux sables et orgi les c~nomoniens)

Limite ouest du bocage •••••• Pinèdes littorales ~ ~ Forêt de feuillus dominants Anciens marais salants mmBos bocage ( micaschistes) Zone de marais Agglomération

Polders

Carte s topoçraplliques Cllollans et MacMcoul IGN

Cahiers Nantais N°18 Jui n 1980 d 'apr,!s J .AUGER J.-P PINOT : "Le Morais de Monts" 47

La différence d'échelle existant actuellement entre Machecoul et Challans pose en pre­ mier lieu un problème de définition. Un litige existe en effet en ce qui concerne le terme de «petite ville», englobant des caractéristiques économiques , sociologiques , spatiales. Dans sa thèse intitulée «les petites villes», Jean-Paul Laborie (1) limite cet ensemble aux communes de 5 000 à 20 000 habitants , tandis que Pierre Limouzin (2) appelle «petite ville» une commune de 10 000 à 20 000 habitants . Si Challans semble appartenir sans conteste à cette catégorie, la question demeure plus délicate pour Machecoul. Quoi qu'il en soit , les deux communes ont , concrète­ ment , été considérées comme susceptibles de connaître les avantages et les difficultés inhérents à l'ensemble des petites villes.

Sujet limite entre géographie urbaine géographie rurale , la comparaison de deux petites villes comporte de multiples possibilités. Les développements respectifs des deux communes peuvent être confrontés, thème comprenant, entre autres, des aspects démographiques , urbanis­ tiques , économiques. Cette question peut être étudiée de façon dynamique en vue d'analyser les étapes successives de la croissance urbaine , ainsi que son évolution à venir. L'impact de chaque petite ville sur l'espace rural proche, sa situation dans la hiérarchie du réseau urbain , constituent autant d'orientations supplémentaires pour une telle étude.

Une adaptation à l'espace étudié , prenant en compte le déséquilibre entre les deux communes, s'est révélée nécessaire . Ayant longtemps entretenu des relations de rivalité justi­ fiant le choix du sujet , Machecoul et Challans se situent respectivement à quarante kilomètres de leurs capitales départementales . Au contact de terroirs complémentaires , bocage et Marais Breton , ces deux petites villes bénéficient de situations physiques analogues , à l'Est des anciens golfes de Challans , (Marais de Monts) et de Machecoul (Marais de Bouin et Bourgneuf-en -Retz) . Cette diversité de terroirs a conféré aux deux communes une fonction première de villes de mar­ ché , évoluant , au cours des quarante dernières années, en rôle commercial et de services, phéno­ mène commun à de nombreuses petites villes de l'Ouest. Cette période de mutations socio­ économiques a constitué , de surcroît , une étape de différenciation entre Challans et Machecoul. De 1946 à 1982 , la petite ville Vendéenne est en effet passée de 5 634 à 13 060 habitants , mani­ festant une croissance exceptionnelle, et devenant la quatrième ville de son département (3). En Loire-Atlantique , le développement Machecoulais est demeuré assez modeste , de 3 443 ha­ bitants à l'issue de la dernière guerre, à 5 353 personnes récemment. L'objectif central de l'étu­ de considérée a donc été de découvrir les raisons de cette distorsion.

II - BILAN DES DEVELOPPEMENTSMACHECOULAIS ET CHALLANDAIS

Au cours d'une première partie , un cliché du développment actuel de chaque commu­ ne a été établi , en incluant , dans la limite des sources disponibles , des aspects évolutifs, afin de mieux analyser les étapes successives de la croissance depuis l'après-guerre. Ce sujet incluant de nombreux domaines, un choix a été effectué, comportant des critères de comparaison démo­ graphiques , sociologiques , urbanistiques et économiques.

En matière d'évolution de la population , les résultats des recensements generaux délivrés par l'INSEE, consultés depuis 1962, ont permis d'illustrer la différenciation des deux rivales, malgré quelques difficultés pour définir l'origine des flux migratoires , et quelques impré­ cisions concernant Machecoul en 1982.

Challans manifeste un dynamisme démographique exceptionnel , la population ayant plus que doublé entre 1954 et 1975 ( de 5 288 à 11 794 habitants) . Au cours de la même pé­ riode , la capitale historique du Pays de Retz n'a pas accru sa population de 1 000 personnes. La croissance Challandaise est liée à une forte vitalité naturelle et à un excédent migratoire im­ portant , notamment de 1954 à 1975 , tandis que les soldes d'accroissement Machecoulais sont demeurés réduits. Plus encore que sa rivale, Challans a été capable d'attirer une population

(1) «Les petite s villes», Jean.Paul Laborie , thèse d'état , éditions du CNRS , 1979 , (Centre Régional de Publication de Toulous e, CNRS) .

(2) «Le dynamism e des communes rurales Françaises », Pierre Limouzin , thèse d'état , 1982 .

(3) Nous disposons pour Challans d'une excellente mise au point des facteurs de croissance et de dynamism e de cett e petite ville par P.H. Emangard et P. Limouzin : Challan s, le cité et sa région , CEAS-Vendée , 1976 , 60 p. EVOLUTION DEMOGRAPHIQUEDE CHALLANS ET MACHECOUL DEPUIS 1800

Population ions doubles comptee

13 000 12 845 / 12 000 11 794 /'

11000 i --- - -CHAL.LANS I 10 000 ---MACHECOUL I 9000 I / 8558 8000 i / 7000 / ~972 / / 6000 /'·-.... - · ,,.....~--- . ...-~15a2e ------. ../ - - - - 5634 1 &060 5000

4000 3757 :

3000

2000

1000

0 '----~-~---'--~---'----'---'-----'---'--~-~---'----'--~-~~~-----'-----' 1800 1850 1900 195 1980

Croissance de nombre d'habitants de 1962 à 1982 : Chollons + 84 ,2 % ~ Machecoul + 27,7% R~c~n8~m~nts g~niraux de /o population depui1 TBOO ( INSEE)

COMPORTEMENT DEMOGRAPHIQUE DES COMMUNES ENVIRONNANT MACHECOUL ET CHALLANS DE 1968 c 82

E\l'.llUtion de 1968 à 1975

nn•• de-Mer-Morte

N 0 10km t

-du- Ligneron Le

solde noturtl

"réHrvoir de populatio D" communH en croiuance

R.G. P ! 968 à !982 I.N . S. E. E

aolde migratoire +I 11 communu tn voie de dévttoliMJtion

11111i,I d 'oprtis JAUGER 49

issue de tout le territoire national. De plus, entourée de communes alors en proie à l'exode rural , et où la densité de population était supérieure, Challans a su fixer , par 1'emploi , des mi­ grants souvent venus du Marais de Monts. Lors des années cinquante et soixante , de nombreux jeunes actifs originaires des cantons voisins n'ont pas hésité à s'installer dans la capitale du marais , rehaussant ainsi le taux de natalité Challandais . Ce phénomène n'a pas atteint dans les mêmes proportions la capitale historique du Pays de Retz , environnée de campagnes moins peu­ plées.

Les conséquences socio-économiques de la croissance démographique s'expriment dans le paysage par une urbanisation aisément maîtrisée à Machecoul : construction de 39,8 logements par an , équipements scolaires, hospitaliers , aménagement de la zone industrielle de la Croix Besseau, route de Challans. Plus importante, l'urbanisation de la petite ville Vendéenne s'est effectuée au rythme de 13 7 habitations par an en moyenne , de 1968 à 1983. La politique municipale a privilégié dès 1955 les logements H.L.M., les équipements ( cité scolaire Jean Yole , Lycée François Truffaut , centre hospitalier , complexe sportif) , mais surtout les entreprises , avec l'aménagement d'une zone d'activité aux Ecobuts , et d'une zone industrielle, route de Cholet.

La disproportion entre les deux petites villes se manifeste également à travers les acti­ vités économiques. Difficile à définir , compte-tenu de la précarité de la situation économique , le nombre d'emplois , mais surtout le nombre d'entreprises , leur importance et leur secteur d'ac­ tivité , ont été étudiés . Le fichier SIRENE , disponible à l'INSEE , a été particulièrement précieux , et une comparaison a été effectuée entre 1977 et 1986. Des compléments concernant l'artisanat ont été obtenus auprès de la Chambre Régionale des Métiers.

En 1982 , d'après l'INSEE , le nombre d'emplois Challandais était estimé à 6 183, tandis que Machecoul en comptait 2 722. Le secteur primaire , vivace malgré un nombre d'em­ plois en régression , est en partie orienté vers l'aviculture à Challans et le maraîchage à Mache­ coul. Si la prédominance du secteur tertiaire est évidente dans les deux communes , les commer­ ces et les services Challandais sont plus denses, plus diversifiés et plus spécialisés. En matière d'activités secondaires, les entreprises artisanales dominent, notamment à Challans et dans ses environs où les artisans du bâtiment prolifèrent. Dans chacune des deux petites villes, l'entre­ prise type est une P.M.E., d'origine endogène , dont l'activité reste traditionnelle , l'agro-alimen­ taire étant cependant mieux représenté dans la capitale du marais. Plus rares , les grandes entre­ prises sont actuellement symbolisées par MICMO-Gitane à Machecoul et la menuiserie Huet et Fils à Challans .

Le bilan effectué permet de supposer que la capitale du marais est au moins deux fois plus développée que sa voisine. La croissance de la petite ville Vendéenne s'est amorcée dès les années cinquante , pour atteindre son paroxysme entre 1968 et 1972, date où débute l'expansion Machecoulaise. La capitale historique du Pays de Retz a donc connu une croissan­ ce plus modeste et plus tardive , freinée par la crise économique , en particulier de 1975 à 1980 .

III -IMPACT DES DEUX PETITES VILLES SUR L'ESPACE RURAL PROCHE

Témoignant de l'importance des communes-centre , mais aussi de leurs possibilités de croissance , la délimitation des aires d'influence de deux petites villes permet également de mieux cerner l'impact de ces dernières sur les campagnes environnantes . Les thèmes choisis pour traiter ce sujet correspondent aux activités les plus importantes économiquement pour les petites villes elles-mêmes, ainsi que pour l'espace rural proche. La fréquentation des équipements sanitaires et scolaires a tout d'abord été étudiée . En matière de rayonnement hospitalier , il conve­ nait toutefois de tenir compte de la carte sanitaire , et de distinguer la clientèle «passive», ne choisissant pas son lieu d'hospitalisation. Pour ce qui est de l'influence scolaire de chaque petite ville, une enquête a été réalisée auprès des établissements d'enseignement secondaire , afin de connaître le lieu de domicile des élèves. L'aire de chalandise commerciale des deux communes a été plus difficile à définir , en particulier à Challans, le commerce étant un milieu assez fermé , aux relations concurrentielles. Une enquête a pu être réalisée auprès de quelques commerçants Challandais , mais les résultats obtenus restent approximatifs , la définition d'une zone d'influence L'IMPORTANCE DES EMPLOIS CHALLANDAIS ET MACHECOULAIS POUR L'ESPACE RURAL PROCHE

BASSIN D'EMPLOIS DE MACHECOUL

ST- MARS-0 Toux d'actifs travaillant hors de leur commune

ITO 15 à 21,9% DJID 22 à 27,9 %

28037 ,4%

37 ,5 à 46,4% '' - ' '' mn 46,5 à 56,9 % ' - m plus de 57%

',,,____ ~_ASSIN D'EMPLOIS DE CHALLANS Flux de sortie importants 1 ll11 111111,,ï,,·,------, 20 act ifs 1 60 act ifs ------...... ,

100 act ifs

D

Différence entre le nombre d'entrées et de sorties 1/~ron

~ --- ·10 0 ~ ---- - 225 ( /i,s nombri,s corri,spondonts sont prtk:isis )

SI-Je d&-Mon

1111111111111111 Sourçe _.f1ch 1er MI RABELLE 0 5km

d'après J.AUGER 51

commerciale étant elle-même subjective. Enfin , les bassins d'emplois et la péri-urbanisation autour de Machecoul , et surtout Challans, ont pu être traités en parallèle , grâce à différentes sources officielles , telles que le fichier MIRABELLE de l'INSEE , les fiches prud'hommales , les dossiers de permi s de construire délivrés par les subdivisions locales de 1' équipement.

Il a été possible de définir de la façon suivante les aires d'influence géographique respectives de Machecoul et Challans :

Machecoul:

Saint-Même-le-Tenu , Fresnay-en-Retz subissent plus particulièrement l'influence Machecoulaise , , , Saint-Etienne-de-Mer-Morte appartenant également à l'aire d'attraction principale de la capitale historique du Pays de Retz. Secondairement , Saint-Cyr­ en-Retz , à six kilomètres , qui a fusionné avec Bourgneuf-en-Retz , Sainte-Pazanne et Saint­ Mars-de-Coutais au Nord , Saint-Lumine-de-Coutais et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu à l'Est , subis­ sent l'attraction Machecoulaise. Occasionnellement , Machecoul peut rayonner , en demi-cercle , sur une bonne partie du Sud-Loire , vers Saint-Hilaire-de-Chaléons , Chéméré , Arthon-en-Retz , Saint-Père-en-Retz. Notons que Saint-Mars-de-Coutais , inclus dans le canton de Machecoul a peu de relations avec son chef-lieu. Rayonnant sur environ 43 000 habitants , Machecoul n'appa­ raît cepedant pas, dans les faits , comme la capitale du Pays de Retz , titre historique utilisé à des vues touristiques , à propos d'un pays lui-même historique.

Challans :

La Garnache , Sallertaine et Soullans , dont les agglomérations sont situées à quatre kilomètres du centre ville Challandais , sont directement vouées à l'attraction des services de la petite ville Vendéenne et à sa péri-urbanisation . Outre ces trois communes , la zone d'influence principale de Challans rappelle le «pays Challandais », avec Châteauneuf , Bois-de-Céné, Froidfond , le Perrier , Saint-Urbain , Saint-Christophe-du-Ligneron , Saint-Gervais, l'inclusion de Falleron et Commequiers dans cette zone demeurant en suspens. L'influence Challandaise se manifeste d'une manière moins intense sur l'Ouest du marais , les îles de Noirmoutier et d'Yeu pour les­ quelles la petite ville constitue la porte du continent , ainsi que sur l'Ouest du canton de Palluau jusqu'à Apremont , le Nord de celui de Saint-Gilles jusqu'à Coëx . Ce rayonnement se prolonge au-delà de la limite départementale , englobant en partie les cantons de Legé, Machecoul et Bourgneuf-en -Retz attirés par les commerces locaux . Challans mérite donc largement son titre de «capitale du marais », bénéficiant de la clientèle potentielle de 80 000 à 100 000 habitants .

L'étude de l'impact de chaque commune sur l'espace rural proche confirme le rôle central des deux petites villes. Si une certaine complémentarité géographique s'est établie en ma­ tière d'équipements sanitaires et scolaires , la prédominance Challandaise sur sa rivale est à souli­ gner dans le domaine commercial.

IV - COMPARAISON DES APPAREILS DE PRODUCTION MACHECOULAIS ET CHALLANDAIS

Les auteurs ayant traité le thème des petites villes soulignent les difficultés d'indus­ trialisation de ces dernières , liées à des caractéristiques économiques , géographiques , sociales. Le développement du secteur secondaire , plus faible dans les deux communes étudiées , appa­ raît nécessaire à la promotion de l'emploi et à la survie des services et du commerce . Il s'avère pourtant que les industries Challandaise et Machecoulaise ont dû affronter de graves problèmes depuis une dizaine d'années. Malgré l'action d'une municipalité composée , en grande partie , de chefs d'entreprise depuis 1959 , les activités de production Challandaises ont été réduites depuis la chute , en 1977 , de la SICA-SAVA, spécialisée dans l'abattage des volailles. De même , en 1982, l'E.C.T .P. (Entreprise Challandaise de Travaux Publics) a procédé à une baisse d'effec­ tifs , passant en quatre ans de 410 à 113 employés . La prédominance de quelques entreprises dirigées par une équipe restreinte de personnalités , ayant dû s'adapter à la croissance de leurs établissements , a entra îné une certaine fragilité de l'industrie Challandaise . En Loire-Atlantique , la capitale historique du Pays de Retz a longtemps misé sur la seule présence de MICMO-Gitane, IMPACT GEOGRAPHIQUE DES MATERNITES DE MACHECOUL ET CHALLANS

HÔPITAL DE MACHECOUL 1985

N t 0 5 10 15km

Naissances enreg istrées dons choQue hôpital, comparées au total de naissances domiciliées

mmde 0 à 9,9 % de 10 ci 19,9 % Dili de 50 à 64 ,9 % • outre s centres de maternité - de 20 à 34,9% de 65 6 79 ,9 % [IIlil de 35 à 49,9% - - de 80 à 100%

HÔPITAL DE CHALLANS 1985

St.­ -de-

'Yeu

N St- 0 5 10 15 km t

Hôpitaux de Cho/Ions ~, Moch~coul- INSEE

d'après ol.AVGER ZONE DE PRODUCTIONDU SYLAC (syndicat des labels avicoles chai landais)

Cholet• Limite de la zone de label

Abattoirs agrée,

POURCENTAGE• D'ELEVEURS PAR COMMUNE

mmmoins de 0,9 . % St de 1 à 1,9 % -Ill de 2 d 3,4 % - mmde 3,5 él 5,4 % St.-Gill Croix-d Ill de 5,5 à 7 ,4 % OIi de 7,5 0 10,5 %

pourcentage établ i sur f43 éleveurs

Source , SYLAC et SYPRAV/C-Cllollons f987

INFLUENCE COMMERCIALE DE CHALLANS ET MACHECOUL ST.-NAZAIRE • PAIMBŒUF •

Centres urbains principaux • Centres commerciau x secondaires @• Petits centres commerciaux locaux • Chefs-lieux de contons ruraux .,.------outier-en- l'lle

Apport touristique notable

Zone d1ottroction commerciale principa le

Aire d'influence secondaire

IIIIIIIIIIlZone de chevauchement des aire, de chalandise

Le Poire

Syr,tllèse cfes enou~tes cfi verses f987

0 5 10km

LA ROCHE/ YON

cJ' apri,s J. AUGER 54 spécialisée dans la fabrication de cycles. Des problèmes ont peu à peu affecté cet établissement , revendu à une entreprise de Saint-Hilaire-de-Riez , et en restructuration depuis 1985.

Connaissant les difficultés essuyées par les appareils de production Machecoulais et Challandais , il est apparu nécessaire d'aborder avec plus de précision la situation actuelle de l'industrie dans chaque commune , l'expression «industrie » étant considérée au sens large du terme. La comparaison entre les deux petites villes dans ce domaine nous a conduit à tenter d'établir une typologie selon la solidité apparente de chaque entreprise . Un questionnaire a donc été élaboré en vue de connaître le développement , les conditions de création de chaque établis­ sement , ainsi que son rayonnement géographique ou son isolement . Concernant les établisse­ ments de plus de dix salariés, qui exercent principalement une activité de production , l'enquête a été effectuée auprès de 17 entreprises Challandaises et 15 Machecoulaises. Les réponses ont été traitées graphiquement à l'aide d'un «fichier-image », l'évolution récente des effectifs ayant plus particulièrement orienté les classements. Une entreprise est un système complexe sur lequel jouent de nombreux facteurs et toute classification demeure grossière ; sept catégories ont toute­ fois été distinguées.

Sur quinze entreprises Machecoulaises interrogées , 7 ont réduit leurs effectifs et 7 les ont accrus , bilan moins favorable qu 'à Challans , où seulement 3 établissements sur 17 ont avoué avoir diminué leurs effectifs , 7 d'entre-eux les ayant augmentés. Parmi les principaux thèmes de différenciation abordés , figurent les problèmes de succession des petites entreprises familiales , les difficultés des établissements exerçant des activités tradtionnelles , la nécessité d'adaptation aux marchés , l'accueil des collectivités locales.

Les conclusions des études réalisées nous ont permis d'observer une certaine renaissan­ ce du tissu industriel Challandais par la création récente de P.M.E. aux activités nouvelles (fabri­ cation de moules en acier , construction de bateaux de plaisance) , tandis que les établissements Machecoulais parviennent juste à se maintenir , hormis quelques exceptions en expansion. Quoi­ qu 'il en soit , les créateurs d'entreprise semblent plus attirés par la capitale du Marais de Monts. Diverses raisons peuvent expliquer ce phénomène.

Depuis quarante ans , la Vendée s'est urbanisée et industrialisée de manière spectacu­ laire et Challans a participé à ce mouvement , favorisé par l'action de la SODEV (Société d'Econo­ mie Mixte pour l'aménagement et le Développement de la Vendée ) et du Comité d'Expansion départemental. Outre les aides accordées par ces organismes dont bénéficie également Mache­ coul grâce au CODELA (Comité d'Expansion de la Loire-Atlantique) , la municipalité Challan­ daise a mis en œuvre , de façon précoce , une politique d'accueil des entreprises par l'aménagement de zones adéquates dès 1966. Toutes ces aides ont permis à la petite ville Vendéenne d'acquérir une avance importante sur sa rivale, dont l'industrie , peu diversifiée était restée basée sur MICMO­ Gitane . Tardivement , en 1977 , les Machecoulais ont pris conscience de la nécessité de promouvoir la création d'entreprise , à une époque où l'esprit d'initiative se trouvait ralenti par la crise écono­ mique. Autrefois ville de foires et de marchés , Challans a su orienter son industrie vers l'agro­ alimentaire et le para-agricole , avec la construction , en 1956 , des abattoires municipaux , avec la SICA-SAV A, en train de conna ître une certaine renaissance grâce au SYPRAVIC (Syndicat de Production Avicole Challandais ). De son côté , Machecoul n'a pas exploité les activités para­ agricoles qui correspondraient à des spécialités locales récentes telles que le maraîchage , par exemple.

Si de nombreuses autres raisons peuvent exister , les aspects sociaux doivent être soulignés en ce qui concerne la situation actuelle du secteur secondaire. * * *

Une étude de comparaison géographique peut comporter de nombreux aspects très divers. Certains domaines auraient pu être étudiés différemment ou avec plus de précision. Quo i qu'il en soit , les critères justifiant la supériorité du développement Challandais sont multiples. 55

Parmi les explications le plus souvent évoquées figurent les motifs sociologiques. La rumeur parle du «dynamisme des Challandais », question ambiguë qui demeure en suspens , mais qui n'exclut pas l'idée de l'efficacité Machecoulaise . Les comportements électoraux locaux res­ tent conservateurs , notamment en ce qui concerne la constitution des conseils municipaux : les responsabilités communales sont assumées, d'un mandat à l'autre , par les mêmes personnes , et l'influence de la bourgeoisie , dans les deux cas, doit être soulignée .

Toujours entourés d'un certains respect , les notables Machecoulais sont , de longue date, des propriétaires terriens dont l'influence est , aujourd'hui encore, flagrante. Ces derniers ont apporté de nombreux avantages à l'agriculture en concrétisant l'aménagement hydraulique du Sud-Loire, en défendant l'élevage et le maraîchage. Conscients du rôle tertiaire, certain , de Machecoul, les conseils municipaux successifs ont aidé à l'agrandissement des établissements scolaires et hospitaliers . D'un autre côté , l'urbanisation et l'industrialisation , trop rigoureuse­ ment contrôlés , se sont peu développés , la réussite de MICMO-Gitane apparaissant comme suffi­ sante dans ce domaine.

En revanche , depuis 1959 , les élus de la petite ville Vendéenne sont en majorité com­ merçants , chefs d'entreprises. Leurs intérêts sont de promouvoir l'esprit d'initiative , de susciter l'expansion des établissements dont ils sont eux-mêmes responsables : cela leur permet aussi de mieux maîtriser le développement Challandais . Partagé avec la majorité de la population , ce but commun a permis à la capitale du marais d'enrayer , à son profit, l'exode rural , empêchant ainsi les campagnes de se désertifier et de se vider vers Nantes ou la Roche-sur-Yon .

Outre ces aspects sociologiques , les motifs géographiques gardent leur importance. La situation de Challans dans le réseau urbain est plus favorable : plus éloignée de Nantes que sa voisine, Challans apporte à la population une certaine variété de commerces et de services, sans que les habitants soient obligés de s'adresser systématiquement à la Roche-sur-Yon. Au contraire, les activités tertiaires Machecoulaises sont plus exposées à la concurrence Nantaise .

La proximité du Pays de Monts a constitué un avantage fondamental pour Challans. Dans les années cinquante , le marais a connu une nouvelle vague d'exode rural qui a déferlé sur Challans, offrant à l'époque des emplois. Plus peuplé que les environs de Machecoul , le Marais de Monts a contribué au dynamisme de la petite ville Vendéenne. L'essor du tourisme sur la côte de Monts a renforcé le rôle tertiaire de la capitale du marais, devenue centre relais du litto­ ral. De nombreux autres motifs , hlstoriques , économiques , voires psychologiques , méri­ teraient d'être évoqués à propos d'un thème qui pourrait être traité de façon pluridisciplinaire.

Quoi qu'il en soit , si le dynamisme exceptionnel de Challans est souvent cité en exem­ ple, il n'en reste pas moins que le Marais de Monts est un espace rural en crise, tandis que l'avenir Machecoulais apparaît morose. Découvertes récemment en tant qu'ensemble géographique à part entière , les petites villes, solidaires du monde rural, constituent une réponse adaptée aux problèmes qui touchent les campagnes : «seule l'urbanisation est susceptible de sauver l'espace rural » (Pierre Limouzin). La survie des petites villes est donc nécessaire.