Challans Et Machecoul
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Cahler Nantais n° 32, pp. 45 - 55 45 CHALLANSET MACHECOUL: ETUDE COMPAREE .T. AUGER Institut de Géographie de l'Université de Nantes RESUME: Machecoul , capitale historique du Pays de Retz en Loire-Atlantique, et Challans, capitale du Pays de Monts en Vendée : deux petites villes distantes de 16 km , situées toutes deux au contact du bocage et du marais et qui deviennent très tôt des marchés importants. Pourtant depuis 40 ans leur développement a été inégal tant au ni veau démographlque qu'économique : le dynamisme challandais qui se manifeste bien avant la crise, a bénéficié de l'encouragement des élus locaux , de l'esprit d'entreprise vendéen , des retombées du tourisme littoral , mais aussi de la main d'œuvre disponible à proximité et du relatif éloignement de la métropole nantaise . ABSTRACT : Machecoul (the historical capital of the Pays du Retz in Loire-Atlantique) and Challans (the capital of the Pays de Monts in the department of the Vendée) are two small towns only to 16 kilometres away. Both are situated near to the bocage and the·fenlands, and are rapidly becoming market towns. Hewever, their develop ment has been uneven for the last 40 years , both from a demographlc and economic point of view. The dyna mic nature of Challans (evident from well before the recession) has benefitted from the encouragement of local representatives , from the Vendée mentality, from the spin-off from coastal tourism, but also from a readily available workforce and the relative distance of the Nantes metropolis . MOTS-CLES: Challans, Machecoul, petite ville, aire d'influence . KEY WORDS : Challans, Machecoul, small town , sphere of influence. L'une se dit «capitale du Marais de Monts », l'autre se nomme «capitale historique du Pays de Retz ». La première est connue pour son équipe nationale de basket-ball et pour ses acti vités avicoles, le «poulet de Challans » ayant succédé au «canard nantais». A 16 kilomètres de là , hantée par le souvenir de Gilles de Retz, Machecoul, en Loire-Atlantique, demeure le berceau des cycles Gitane. Chefs-lieux de cantons de part et d'autre de la limite départementale, au Sud-Ouest de la Loire-Atlantique et au nord de la Vendée, ces deux bourgades ont longtemps partagé le même destin, établissant entre-elles des relations de rivalité. Si Machecoul semble dominer paisiblement les campagnes environnantes de ses deux clochers visibles à plusieurs kilomètres , Challans reste le lieu de ralliement de plusieurs cantons les jours de foire et de marché . Encore rurales par beau coup de leurs aspects, ces deux communes de l'Ouest ont pourtant vécu différemment les quarante dernières années : là, leurs chemins se sont séparés ... I - INTERROGATIONSLIEES AU SUJET L'étude comparative de deux petites villes aussi diverses que Challans , 13 060 habitants en 1982, et Machecoul, 5 353 habitants, soulève plusieurs interrogations à propos des méthodes à utiliser . MACHECOUL ET CHALLANS ENTRE MARAIS ET BOCAGE 1111 1 1 1 Si e.- Pazanne PAYS OE RETZ Bourgneuf-en-Retz 1111111 St-Cyr-en-Retz 1 1 1 1 1 Fresnay-en.-~etz •27 St.-Etienne-de-Mer-Morte 11 11 1 Touvois OCEAN ATLANTIQUE 0 10 km '===========~- --:::::t- - Cote d' alt itude Escarpements ___,.,,- Cours d'eau """""""Lo "RIVE", limite est du marais Littoral rocheux Plaine sédimentaire ( calcaire lutét ien , Littoral sableux sables et orgi les c~nomoniens) Limite ouest du bocage •••••• Pinèdes littorales ~ ~ Forêt de feuillus dominants Anciens marais salants mmBos bocage ( micaschistes) Zone de marais Agglomération Polders Carte s topoçraplliques Cllollans et MacMcoul IGN Cahiers Nantais N°18 Jui n 1980 d 'apr,!s J .AUGER J.-P PINOT : "Le Morais de Monts" 47 La différence d'échelle existant actuellement entre Machecoul et Challans pose en pre mier lieu un problème de définition. Un litige existe en effet en ce qui concerne le terme de «petite ville», englobant des caractéristiques économiques , sociologiques , spatiales. Dans sa thèse intitulée «les petites villes», Jean-Paul Laborie (1) limite cet ensemble aux communes de 5 000 à 20 000 habitants , tandis que Pierre Limouzin (2) appelle «petite ville» une commune de 10 000 à 20 000 habitants . Si Challans semble appartenir sans conteste à cette catégorie, la question demeure plus délicate pour Machecoul. Quoi qu'il en soit , les deux communes ont , concrète ment , été considérées comme susceptibles de connaître les avantages et les difficultés inhérents à l'ensemble des petites villes. Sujet limite entre géographie urbaine géographie rurale , la comparaison de deux petites villes comporte de multiples possibilités. Les développements respectifs des deux communes peuvent être confrontés, thème comprenant, entre autres, des aspects démographiques , urbanis tiques , économiques. Cette question peut être étudiée de façon dynamique en vue d'analyser les étapes successives de la croissance urbaine , ainsi que son évolution à venir. L'impact de chaque petite ville sur l'espace rural proche, sa situation dans la hiérarchie du réseau urbain , constituent autant d'orientations supplémentaires pour une telle étude. Une adaptation à l'espace étudié , prenant en compte le déséquilibre entre les deux communes, s'est révélée nécessaire . Ayant longtemps entretenu des relations de rivalité justi fiant le choix du sujet , Machecoul et Challans se situent respectivement à quarante kilomètres de leurs capitales départementales . Au contact de terroirs complémentaires , bocage et Marais Breton , ces deux petites villes bénéficient de situations physiques analogues , à l'Est des anciens golfes de Challans , (Marais de Monts) et de Machecoul (Marais de Bouin et Bourgneuf-en -Retz) . Cette diversité de terroirs a conféré aux deux communes une fonction première de villes de mar ché , évoluant , au cours des quarante dernières années, en rôle commercial et de services, phéno mène commun à de nombreuses petites villes de l'Ouest. Cette période de mutations socio économiques a constitué , de surcroît , une étape de différenciation entre Challans et Machecoul. De 1946 à 1982 , la petite ville Vendéenne est en effet passée de 5 634 à 13 060 habitants , mani festant une croissance exceptionnelle, et devenant la quatrième ville de son département (3). En Loire-Atlantique , le développement Machecoulais est demeuré assez modeste , de 3 443 ha bitants à l'issue de la dernière guerre, à 5 353 personnes récemment. L'objectif central de l'étu de considérée a donc été de découvrir les raisons de cette distorsion. II - BILAN DES DEVELOPPEMENTSMACHECOULAIS ET CHALLANDAIS Au cours d'une première partie , un cliché du développment actuel de chaque commu ne a été établi , en incluant , dans la limite des sources disponibles , des aspects évolutifs, afin de mieux analyser les étapes successives de la croissance depuis l'après-guerre. Ce sujet incluant de nombreux domaines, un choix a été effectué, comportant des critères de comparaison démo graphiques , sociologiques , urbanistiques et économiques. En matière d'évolution de la population , les résultats des recensements generaux délivrés par l'INSEE, consultés depuis 1962, ont permis d'illustrer la différenciation des deux rivales, malgré quelques difficultés pour définir l'origine des flux migratoires , et quelques impré cisions concernant Machecoul en 1982. Challans manifeste un dynamisme démographique exceptionnel , la population ayant plus que doublé entre 1954 et 1975 ( de 5 288 à 11 794 habitants) . Au cours de la même pé riode , la capitale historique du Pays de Retz n'a pas accru sa population de 1 000 personnes. La croissance Challandaise est liée à une forte vitalité naturelle et à un excédent migratoire im portant , notamment de 1954 à 1975 , tandis que les soldes d'accroissement Machecoulais sont demeurés réduits. Plus encore que sa rivale, Challans a été capable d'attirer une population (1) «Les petite s villes», Jean.Paul Laborie , thèse d'état , éditions du CNRS , 1979 , (Centre Régional de Publication de Toulous e, CNRS) . (2) «Le dynamism e des communes rurales Françaises », Pierre Limouzin , thèse d'état , 1982 . (3) Nous disposons pour Challans d'une excellente mise au point des facteurs de croissance et de dynamism e de cett e petite ville par P.H. Emangard et P. Limouzin : Challan s, le cité et sa région , CEAS-Vendée , 1976 , 60 p. EVOLUTION DEMOGRAPHIQUEDE CHALLANS ET MACHECOUL DEPUIS 1800 Population ions doubles comptee 13 000 12 845 / 12 000 11 794 /' 11000 i --- - -CHAL.LANS I 10 000 ---MACHECOUL I 9000 I / 8558 8000 i / 7000 / ~972 / / 6000 /'·-.... - · ,,.....~--- . ...-~15a2e --- --- . ../ - - - - 5634 1 &060 5000 4000 3757 : 3000 2000 1000 0 '----~-~---'--~---'----'---'-----'---'--~-~---'----'--~-~~~-----'-----' 1800 1850 1900 195 1980 Croissance de nombre d'habitants de 1962 à 1982 : Chollons + 84 ,2 % ~ Machecoul + 27,7% R~c~n8~m~nts g~niraux de /o population depui1 TBOO ( INSEE) COMPORTEMENT DEMOGRAPHIQUE DES COMMUNES ENVIRONNANT MACHECOUL ET CHALLANS DE 1968 c 82 E\l'.llUtion de 1968 à 1975 nn•• de-Mer-Morte N 0 10km t -du- Ligneron Le solde noturtl "réHrvoir de populatio D" communH en croiuance R.G. P ! 968 à !982 I.N . S. E. E aolde migratoire +I 11 communu tn voie de dévttoliMJtion 11111i,I d 'oprtis JAUGER 49 issue de tout le territoire national. De plus, entourée de communes alors en proie à l'exode rural , et où la densité de population était supérieure, Challans a su fixer , par 1'emploi , des mi grants souvent venus du Marais de Monts. Lors des années cinquante et soixante , de nombreux jeunes actifs originaires des cantons voisins n'ont pas hésité à s'installer dans la capitale du marais , rehaussant ainsi le taux de natalité Challandais . Ce phénomène n'a pas atteint dans les mêmes proportions la capitale historique du Pays de Retz , environnée de campagnes moins peu plées. Les conséquences socio-économiques de la croissance démographique s'expriment dans le paysage par une urbanisation aisément maîtrisée à Machecoul : construction de 39,8 logements par an , équipements scolaires, hospitaliers , aménagement de la zone industrielle de la Croix Besseau, route de Challans.