Couverture : le château des Mottes-Coupoux (Photo Studio Y - ) Histoire de La Chapelle-Saint-Laurent DU MÊME A UTEUR . SOIRS DOLENTS. Poèmes (Editions de l'Action Inteijectuelle, 1936). . N.-D. DE PITIE — SON HISTOIRE ET SES LEGENDES avec 24 photos en héliogravure. Lescuyer, Lyon, 1939. Nouvelle édition 1987. . NOTES DE FOLKLORE POITEVIN. « Le Pays Thouarsais ». . MERCIER DU ROCHER ET LES MEMOIRES DE MADAME DE LA ROCHEJAQUELEIN, 1944. . ET LA REVOLUTION DE 1948. . PARTHENAY ET LA GATINE EN CARTES POSTALES ANCIENNES. Société Française du Livre, 1975. . PARTHENAY ET LE QUARTIER SAINT-JACQUES Gîtes d'Etape sur la route de Compostelle avec 8 dessins de Maurice Caillon (S.I. de Parthenay). . LES FAIENCES ET LES FAIENCIERS DE PARTHENAY. (S.I. de Parthenay). . L'IMPRIMERIE DU CONSEIL SUPERIEUR DE L'ARMEE CATHOLI- QUE ET ROYALE A CHATILLON-SUR-SEVRE EN 1793 (avec trois fac- similés et deux illustrations) - Bureau de Recherches Historiques et Archéolo- giques du Mauléonais - 1980. . UN POETE DU DESSIN - PAUL GELLE. (Costumes Poitevins et Scènes Paysannes) avec 150 lithographies, vignettes et dessins) - D. Brissaud, Poitiers - 1981.

Projet Editions : . LE PAYS DU BOCAGE (1982). . LE PAYS MELLOIS (1982). . LE VAL DE SEVRE ET PAYS MENIGOUTAIS (1983). . LE PAYS NIORTAIS (, , Coulonges / 1982). Aux Editions du Terroir : . LE PAYS DE GATINE. . LE PAYS THOUARSAIS (1985). Aux Editions Michel Fontaine : . LE PAYS NIORTAIS (Beauvoir, Frontenay, Mauzé). . Entre Gâtine et Bocage. HISTOIRE DE LA CHAPELLE-SAINT-LAURENT des origines à nos jours. MAURICE POIGNAT

Entre Gâtine et Bocage

La Chapelle Saint-Laurent Des origines à nos jours

C!JWichel ,Tontaine,, éditeur « Au moment où la sempiternelle accéléra- tion de l'histoire métamorphose le temps et l'espace, peut-être est-il plus vital qu'on ne le pense de se pencher sur les sources de notre mémoire, à la fois si proches et s'éloignant si vertigineusement de nous ». G.E. Clancier

Ouvrage édité avec le concours de la commune de La Chapelle-Saint-Laurent PRÉFACE

Depuis de nombreuses années, les Chapelaises et les Chape- lais attendaient le livre de Maurice Poignat sur notre commune. Mais on en parlait comme de l'Arlésienne de Daudet. Certains doutaient même de sa publication, d'autant que l'auteur s'em- ployait à faire paraître les huit tomes de sa remarquable Histoire des Communes des Deux-Sèvres. Suite à mon intervention pressante, à partir de 1986, Maurice Poignat a revu les notes accumulées depuis des dizaines d'années, fouillé les archives départementales, communales, paroissiales, notariales et familiales. La notoriété, l'autorité reconnue de notre journaliste et his- torien, le fait d'être lui-même un enfant de la commune, lui ont ouvert bien des portes. Il a su obtenir le concours des secrétaires de la mairie, de Monsieur le Curé, de Maître Leclercq, notaire. J'en oublie sans doute... Que tous soient ici remerciés de leur contribution. J'exprime aussi ma gratitude toute spéciale à Maurice Poignat qui publie une œuvre importante pour tous les Chape- lais, une œuvre qui lui a demandé beaucoup de temps et d'efforts. Je tiens à souligner qu'il mérite d'autant plus cette gratitude qu'il publie ce livre en abandonnant ses droits d'auteur, voulant ainsi marquer sa reconnaissance envers sa terre natale. Je ne doute pas que les habitants de La Chapelle-Saint- Laurent, et ceux qui en sont issus, seront très nombreux à accueil- lir son ouvrage comme il se doit, marquant ainsi leur intérêt pour l'histoire de leurs ancêtres. Jean-Louis POTIRON Maire

CHAPITRE 1 LE MILIEU GEOGRAPHIQUE

La Chapelle-Saint-Laurent, Capella Saint Laurencii, Pouillé Grand- Gauthier, en 1300, Chapelle Saint Lorans 1724, Archives de la Vienne, dépen- dait au XVe siècle de la châtellenie de Bressuire (1). La commune appartient à la Gâtine, du point de vue géographique bien que s'étant parfois montrée plutôt proche du Bocage idéologiquement (2), au can- ton de Moncoutant et à l'arrondissement de Parthenay. Erigée en châtellenie au XVIe siècle, la paroisse fut réunie au comté des Mottes-Coupoux créé en 1650. Après avoir fait partie de l'élection de Parthenay au XVIe siècle, elle fut rattachée à celle de (3). e A la limite du diocèse de Poitiers, La Chapelle-Saint-Laurent dépendait de celui de La Rochelle. De 1629 à la Révolution, elle fut le siège de l'archiprêtre de Parthenay (4). Le vocable sous lequel est placée son église témoigne de son antiquité. Saint Laurent, le diacre de Rome qui fut très populaire en Gaule est, dans le diocèse de Poitiers, le patron principal de dix églises.

La nature du sous-sol de la commune se devine avec la présence, en divers endroits, de rochers arrondis, dénommés « chirons », appartenant à la famille

(1) Rôles des tailles 1434-1490. (2) Sur les limites de la Gâtine : Belisaire Ledain. La Gâtine Historique et Monumentale, Cante, Parthenay 1897 — Robert Bobin, La Gâtine, étude de géographie, Niort, Chiron, 1926 — Louis Merle La Métairie et l'évolution agraire de La Gâtine Poitevine - Paris, S.E. V.P.E.N. 1958. (3) A laquelle elle versait en 1772, cinq mille cinq cent quarante livres pour le principal de la taille et impositions jointes. (4) Voir plus loin. des granites qui composent surtout cette partie du massif armoricain. Plus précisément, il s'agit là de diorite quartzique s'étendant sur une trentaine de kilomètres, d'ouest en est, depuis la Vendée jusqu'à . Sa largeur ne dépasse pas huit kilomètres. On l'appelle massif de Moncoutant. Il vient buter contre celui, granitique, de Neuvy-Bouin.

La Chapelle-Saint-Laurent est séparée : de Chanteloup, au nord-ouest, par le ruisseau dit du Coudray dans lequel se jette celui des Bouges ; de Pugny, au sud-ouest, par le ruisseau de Courberive ou des Révollées ; de , au sud-ouest, par le ruisseau de l'Ouine et celui de la Ménar- dière (venant de l'étang des Mothes, l'Ouine, par un bief étroit, gagne le Charruau dont il alimentait jadis la réserve d'eau du moulin) ; de Boismé, au nord-est par le Thouaret dans lequel se jette le ruisseau de Chenully, et par les ruisseaux de la Bouillère et de la Davière ; de Clessé, au sud-est, par le ruisseau de la Fontaine de la Touche ; de Neuvy-Bouin, par le ruisseau de la Mare-aux-Canes.

Le point le plus élevé de la commune, 232 mètres, se situe route de Moncou- tant (près du Timbre aux Chats) au carrefour du chemin de Pugny. L'altitude de Pitié est de 221 mètres, celle de La Fremarière de 215 mètres et celle du bourg de 183 mètres.

Deuxième commune du canton quant à la superficie, après Largeasse, La Chapelle-Saint-Laurent s'étend sur 2 884 hectares 98 ares 42 centiares, y compris 103 hectares de bois et 27 hectares de landes. Les étangs des Mothes et de l'Olivette occupent chacun 16 hectares. La superficie de l'étang Briant est de 1 ha 06, celle de l'étang de la Chenulière de 87 ares 60.

La commune est traversée, en ligne droite, presque en son milieu et en laissant à l'ouest une partie de son territoire plus importante qu'à l'est, par la route de Niort à par Bressuire, d'est en ouest par la route de Parthenay à Moncoutant. Elle est sillonnée par tout un réseau de voies communales desservant hameaux et villages. Sur la route de La Chapelle à Boismé, le Thouaret se franchissait à gué jusqu'en 1815, année au cours de laquelle fut construit un pont de bois, rem- placé par l'actuel pont à une arche lors de l'aménagement à partir de 1835, de la route de Niort à Angers. La route de La Chapelle-Saint-Laurent à Parthenay passait jadis par la Chenulière. e La route de Saumur par Foussais, Puy-de-Serre, l'Absie passait à Pitié d'où elle gagnait Thouars puis Saumur par Boismé et Faye-l'Abbesse (5). Dans les dernières années de la Révolution « les chemins de nos cantons étaient si mauvais que, pendant des mois entiers, les communications demeu- raient interrompues, même de bourg à bourg » (5). Ce déplorable état de choses occasionnait le plus grand préjudice au commerce et empêchait la circulation des denrées « 500 000 livres ne suffiraient pas — lit-on dans un rapport transmis au ministre de l'Intérieur — pour rendre les seules communi- cations de la Gâtine praticables en toutes saisons » (6). 80 charrois de pierre, en 1808, furent utilisés pour la remise en état des chemins. En 1810, le Conseil Municipal de La Chapelle-Saint-Laurent décida que 156 journées de travail seraient affectées à la réfection de quelques autres chemins vicinaux et consacrées à l'extraction de la pierre et de sa mise en place. Il était octroyé 1 franc 25 pour une journée d'homme, 1 franc pour l'utilisa- tion d'une paire de bœufs et un franc pour une charrette. En 1813, on procéda au réaménagement de la route de La Chapelle à Lar- geasse, depuis Pitié jusqu'au Pas-de-la-Vierge et depuis l'embranchement du chemin de Largeasse à Pitié, jusqu'à la croisée de l'Aubier et de ce carrefour jusqu'au chemin de l'Olivette.

En 1715, La Chapelle-Saint-Laurent comptait environ 1 375 habitants. Ils étaient 1 252 en 1821, 1 410, 1 659 en 1861, 2 181 en 1881, 2 247 en 1856 (chiffre qui ne fut jamais dépassé par la suite), 2 185 en 1901, 2 132 en 1911, 1 673 en 1931, 1 643 en 1954, 1 639 en 1962, 1 561 en 1968, 1 905 en 1975, 1 682 en 1982. Le chiffre de la population, en 1989, est d'environ 1 760 habi- tants.

(5) René Mémain, Les chemins en Bas-Poitou, Bulletin de la Société des Antiquaires de lOuest - Premier trimestre 1939. (6) Jules Richard, Histoire de l'Administration Supérieure du département des Deux-Sèvres, 1790-1830, Niort, Robin, 1846, p. 44. CHAPITRE II DES TEMPS PREHISTORIQUES AUX GALLO-ROMAINS

Des hommes ont vécu à La Chapelle-Saint-Laurent dès les temps préhisto- riques comme l'atteste la découverte de nombreux outils, généralement dans la moitié est de la commune. Ont été recueillis, entre autres : Un racloir bi-face moustérien (30 000 à 35 000 ans avant J.C.) dans un champ proche de la Barbère, un autre, en moins bon état, près du moulin des Mothes. Une hache de bronze à douille de l'âge du bronze final (750 avant J.C.) près du Bocage (1). Trois haches de l'âge de la pierre polie (4000 à 1800 avant J.C.) dans les champs avoisinant le tumulus proche du château des Mottes-Coupoux. Une hache, également de l'âge de la pierre polie, trouvée près du Gazon. L'ENIGME DU PAS-DE-LA-VIERGE Le Niortais Charles Arnauld, vingt-trois ans avant l'abbé Albarel, premier historiographe du pélerinage de Pitié avait signalé l'existence de cet insolite affleurement de granit (2).

(1) Cette hache (ma collection) m'a été remise par feu M. Arsicaud, du Bocage. Elle a été reproduite et décrite par Georges Germond dans son étude Découvertes Inédites de l'âge du bronze dans les Deux-Sèvres, publiée dans le buHetin de la Société Préhistorique Française, Tome 73, 1976. (2) Charles Arnauld. Monuments Religieux, Militaires et Civils du Poitou, Niort, Robin et Cie, 1843. Le rocher du Pas-de-la- Vierge.

« Le Pas-de-la-Vierge — écrit Guy Pillard — est un immense rocher de cent trente-cinq mètres de circonférence, qui émerge du sol environnant de un mètre cinquante environ dans sa plus grande hauteur, mais qui apparaît d'au- tant plus saillant qu'il épouse la déclivité du terrain. Vers le milieu de la table rocheuse, se trouve un creux en forme de pied humain, orienté à peu près ouest-est. Il mesure, au niveau supérieur de la cavité, vingt-quatre centimètres de long sur huit centimètres de large. Il va en se rétrécissant vers le fond, si bien qu'il convient à toutes les pointures. Les pélerins viennent y poser leurs pieds pour se préserver ou se guérir des infirmi- tés ou des maladies des membres inférieurs. Le premier miracle était d'ailleurs, à leurs yeux, de voir tous les pieds, les grands et les petits, s'ajuster dans l'empreinte » (3). Pour le Docteur Marcel Baudouin de Croix-de-Vie, ancien secrétaire de la Société Préhistorique Française qui lui a consacré une étude détaillée de trente-cinq pages (4), l'empreinte pédiforme du rocher est une sculpture préhis- torique et le rocher « un très important centre cultuel de l'époque néolithique, consacré au soleil levant ».

(3) Guy Pillard, Mythologie des Deux-Sèvres, Brissaud, Poitiers, 1978. (4) Docteur Marcel Baudouin, Le Rocher du Chiron de la Vierge à sculpture pédiforme, de Pitié, commune de La Chapelle-Saint-Laurent (Communication au neuvième congrès. Préhistori- que de , en 1973, à Lons-Le-Saunier) Paris, Société Préhistorique Française, 1914. Dans son Inventaire des Mégalithes des Deux-Sèvres, Georges Germond (5), dont les travaux font autorité, est d'un avis différent. « Quoi qu'en ait dit le Docteur Baudouin — écrit-il — les cuvettes, bassins, rainures (griffes du diable) trous irréguliers que l'on remarque dans le rocher, ne sont pas plus le fait des hommes que de la Vierge ou du diable comme le veut la croyance populaire, tout au plus peut-on voir, dans la légende attachée au rocher, le thème ancien de la jeune fille poursuivie, ou la survivance d'un culte pré ou protohistorique » (6).

LES PIERRES-A-DIEU Deux mégalithes figurent au cadastre sous les appellations de « Grand Péradieu » et « Petit Péradieu ». Ce dernier, dont les vestiges s'aperçoivent de la route, au milieu d'une pièce de terre faisant face à la ferme du Gazon, aurait été détruit, à s'en rapporter à la tradition, parce qu'il était l'objet d'un culte superstitieux. Mais « Le Grand Péradieu » ou Pierre-à-Dieu subsiste intact, dans l'angle droit du champ. Cet ensemble mégalithique est constitué de plusieurs rochers dressés et accolés sur lesquels on discerne quelques cuvettes ou rainures sans doute naturelles. Deux autres lieux-dits figurant au cadastre « Les Pierres Folles » ou « La Pierre Plate » semblent marquer l'emplacement de rochers disparus. LA PREMIERE HABITATION DU BOURG Au nord-ouest de l'agglomération chapelaise, « La Ville » (dont l'histoire est contée par ailleurs) marque l'emplacement de la villa gallo-romaine autour de laquelle ont été bâties les premières maisons du bourg. La découverte de monnaies à cet endroit renforce cette hypothèse et, plus encore la mise à jour tout près de là, en 1982, au Bas-Puydéri (sur le territoire de la commune de Chanteloup), dans un pré appartenant à Jean-Luc Croisé,

(5) Georges Germond, Inventaire des Mégalithes de France (Deux-Sèvres) Editions du CNRS, 1980. (6) Parmi les autres préhistoriens ou folkloristes ayant traité du Pas-de-la- Vierge citons : Henri Gelin : Noms de lieux susceptibles d'indiquer un monument préhistorique, Imprimerie catho- lique, Beyrouth, 1934. 8 Docteur Boismoreau, Coutumes Médicales et Superstitions Popu- laires du Bocage Vendéen, Paris, Honoré Champion 1911. 8 Claude Seignolle, Les Evangiles du Diable, Paris, Maisonneuve et Larose 1964. • Léo Desaivre, Revue des Traditions Popu- laires, Tome IV, page 330. 8 N. Gabillaud, Rochers à cupules, cuvettes et bassins de la Sèvre Niortaise et des Pays Voisins, l'Homme Préhistorique, Paris, 1910. 9 H. Gelin, Le Pittores- que dans les Deux-Sèvres, Le Pays d'Ouest 1913. Paul Sebillot, Le Folklore de France, Paris, Tome 1, 1904. 8 Léo Desaivre, Petites légendes locales, Revue des Traditions Populaires, 1858. 8 Le Forestier, Le Diable et la Vierge, « La Terre Vendéenne » 1907. 8 Le Pays Poitevin 1899. 8 Guide de la France Mystérieuse, Tchou, Paris 1966, Tome II. 8 Les ouvrages des abbés Albarel et Drochon et du chanoine Verger. 8 Les empreintes de pieds humains gravés sur des rochers ne sont pas rares. On en connaît plusieurs dans les Deux- Sèvres et, à Pouzauges, dans Le Bois de la Folie, la colline inspirée du Bocage Vendéen. Annuaire de la Société d'Emulation de la Vendée, 1926, le Docteur Boismoreau, dit en avoir dénombré une trentaine dans sa région. des substructions d'une villa gallo-romaine, au voisinage d'un ruisseau et d'un indispensable point d'eau dit « la fontaine au loup ». De rapides et sommaires sondages, toutefois effectués avec soin — et en attendant un jour peut-être des fouilles systématiques confiées à des spécialistes — ont permis la mise à jour de nombreux vestiges, notamment d'un beau plat décoré, en poterie sigillée, recueilli presque intact. DES MONNAIES ROMAINES Plusieurs monnaies romaines ont été trouvées à la Ville et dans les pièces de terre avoisinant le Bocage (7) : bronze de Constantin I, sarmatia deviata (306- 337) et sesterce en laiton d'Hadrien. e En 1475, on découvrit dans le bois des Mothes, non loin du camp, cent- vingt-trois pièces d'argent, probablement romaines. LE CAMP DU BOIS DES MOTHES Dans la partie ouest du bois des Mothes subsistent, dissimulés par d'épais taillis, les vestiges d'un camp gallo-romain ceint de fossés. Cette vaste levée de terre s'étend sur environ cent cinquante mètres de long et soixante-dix de large. DES SOUTERRAINS-REFUGES Un souterrain refuge a été exploré à La Championnière en 1972. e Au cours de la séance du 21 juin 1854 de la Société des Antiquaires de l'Ouest, fut donnée lecture d'une communication de l'abbé Courteaud, curé d', décrivant un souterrain-refuge découvert à La Chapelle-Saint- Laurent (8). Des souterrains-refuges ont également été mis à jour dans des pièces de terre proches de La Goumandière. UN VIEUX CHEMIN Très fréquenté, le chemin de Thouars à Marans dont l'origine est probable- ment gallo-romaine, passait à Pierrefitte, Faye-l'Abbesse, et non loin de La Motte-de-Chiché. Du Bocage, il gagnait L'Aubier, Le Pas-de-la-Vierge, La Guittonnière et La Charoullière via Largeasse (9).

(7) Compte de 1475, rendu à Commynes par le receveur de La Motte-Coupoux. Belisaire Ledain La Gâtine Historique et Monumentale, p. 206. (H) Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest. 2e trimestre 1854, p. 435. L'endroit où ce souterrain avait été mis à jour n'est pas mentionné et il est probable que le Père de la Croix ne vint jamais l'explorer comme le président de la société en avait manifesté le souhait. (9) Belisaire Ledain. Histoire de Bressuire, Landreau, 1880. UNE MOTTE FEODALE La butte de terre du Bocage, « la mottée » comme l'appellent les gens du pays qui y voient le tombeau d'un chef gaulois, suscite depuis longtemps la curiosité (10). Dans le voisinage de la vieille forteresse des Mottes-Coupoux et proche de l'ancien chemin de Thouars à Marans, au nord de terres cadastrées dites « Le Grand et le Petit Chatelet » et « La Grande Noue Ravaud » se dresse, dissi- mulé par des arbres et une épaisse végétation, un tertre circulaire haut d'envi- ron six mètres, entouré d'un profond fossé et surmonté d'un sommet plat. S'appuyant sur l'appellation du lieu-dit : « Chatelet » ou « Chatelier » et sur la découverte, aux alentours, de fragments de tuiles à rebord, l'historien Belisaire Ledain pensait qu'il s'agissait du poste d'observation d'un camp romain ("). Cette hypothèse n'est pas celle de Georges Germond (12), correspondant départemental de la circonscription archéologique Poitou-Charentes et pas celle non plus de Maurice Marsac, ancien Conservateur des Fouilles à la Direction Régionale des Antiquités Historiques des Pays de Loire. Ce dernier écrivait en effet, en 1973 : « Cette butte, entourée d'un fossé, rappellerait plutôt une motte féodale. On retrouve un peu partout des structures de ce genre qui, généralement, ne comportaient qu'une motte de terre surmontée, le plus souvent d'une construction en bois dont il ne reste rien, sauf quelquefois des fondations en pierres. (Les pierres taillées visibles dans le fossé pourraient en être des restes). Quelquefois, également, un souterrain constituant une sortie de secours partait du centre vers l'extérieur (13).

(10) Journal des Deux-Sèvres, an XIV, page 192. • Jouyneau des Loges dans Les Affiches du Poitou, an XIV. 0 Guide de la France Mystérieuse, Tchou 1966. (11) Belisaire Ledain, La Gâtine Historique et Monumentale, Parthenay, Cante 1897, p. 18. Du même auteur : De l'origine et de la destination des camps romains dits châtelliers en Gaule, principalement dans l'ouest. Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1894 (La thèse de Ledain suscita d'assez vives contro- verses). " (12) Georges Germond, Inventaire des mégalithes de France, Deux-Sèvres, Editions du CNRS 1980. (13) Lettre du 28 novembre 1973. Maurice Marsac, lors de sa visite du site, s'est montré surpris par son état de conservation. CHAPITRE III LES ANNEES SOMBRES DU MOYEN AGE

L'histoire n'a pas gardé le souvenir précis des événements qui se déroulèrent dans la paroisse au cours du Moyen Age, époque à propos de laquelle on ne possède que de très rares archives. La population vécut des années noires, alors que les loups affamés hurlaient à la corne des bois, que l'on s'effrayait de la présence des diables, que l'on redoutait le pouvoir des sorciers ; années souvent marquées par le passage de soudards des grandes compagnies et de soldats anglais, errant dans les cam- pagnes au temps de la guerre de cent ans. Les Chapelais, dès le XIIIe siècle, accueillirent parfois quelques pèlerins isolés, vêtus de bure, pérégrinant hors des itinéraires traditionnels, vers Saint- Jacques-de-Compostelle. Hébergés à Parthenay ou à Bressuire, ils l'étaient, plus près encore, dans les paroisses voisines, à Boismé, au Prieuré Saint- Pierre-de-Puyrajou et à Clessé, au Prieuré Sainte-Marthe-de-la-Verrie ('). L'époque féodale était proche qui allait voir se reconstruire les châteaux, défricher de vastes terres incultes et s'amorcer la lente évolution sociale du monde paysan. MISERES DES TEMPS Permanente au Moyen Age, la pauvreté, malgré maintes généreuses initia- tives persista, comme un mal endémique, tout au long des siècles suivants. Dans le bourg aux maisons basses, et non loin de l'église, existait un petit bâtiment « l'hôpital » où l'on soignait les malades les plus démunis. C'était un spectacle accablant que celui du nombre des mendiants. « Nos chemins sont, en tout temps, couverts de femmes, d'enfants, de vieillards, et

(1) M.-L. Fracard, Gîtes d'Etapes pour Pélerins sur quelques chemins des Deux-Sèvres en direc- tion de Compostelle, Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, ler trimestre 1965. parfois même d'individus robustes, qui courent surtout pendant les temps les plus rigoureux de l'hiver, cherchant quelques morceaux de pain, arrachés le plus souvent à l'importunité, car, outre que les gens appelés riches ne sont pas toujours forts à l'aise, la bienfaisance et la charité ne sont pas les vertus les plus pratiquées, quoi qu'étant celles dont on parle le plus et dont on fait même parade (2) ». w Les registres paroissiaux, en des temps plus proches de nous, témoignent de l'inhumaine dureté de ces années de misère. Tels ces trois actes de naissance dressés, le premier par l'archiprêtre Louis Jolivard, les deux autres par Mathu- rin Chédevergne, son successeur. e « Le 20 mai 1922, j'ai baptisé Xavier, qui m'a été apporté par Marie Renou, matronne (3) de la ville de Bressuire, laquelle a refusé de dire le nom de la mère qui a accouché dans le grand chemin de cette paroisse et dont le père est également inconnu. Ont été parrain et marraine Louis Blaiseau, de la paroisse de Boismé, qui s'est engagé, avec sa femme, Françoise Billy, à nourrir l'enfant jusqu 'à ce qu 'il leur ait été retiré au bout d'un mois par la mère, ce qu 'a promis la dite Marie Renou et la marraine Marie Gauffreteau qui ont déclaré ne savoir signer ». • « Le 3 octobre 1754, est né en la métairie de la Motte de cette paroisse, et a été baptisé, René, fils de Charles Guilbault, mercelot (4) et ci devant cardeur et de Jeanne Bernard, qui se disent mariés sans avoir le certificat de leur mariage, ni aucun passeport et être de la paroisse de Saint-Porchaire de Poi- tiers où ils assurent avoir été mariés par le sieur Bonnet, prêtre desservant, en janvier 1753, et être sortis de la Saint Martin, dernière à cause de la cherté des vivres, pour faire le métier de mercelot, en allant de paroisse en paroisse, saris avoir séjourné en aucun endroit et avoir fait leur paquet à Mortagne. Les parrain et marraine ont été René Bisleau et Marie Courjault, dudit village de La Motte qui, avec ledit Guilbault père, ont déclaré ne savoir signer ». • « Le 28 juin 1742 a été baptisée, en cette église, Marie, laquelle nous a été présentée par Catherine Broux, matrone de cette paroisse, qui nous a dit que ladite Marie était née d'aujourd'hui d'une femme logée en la métairie de La Chenulière, en cette paroisse. Et à l'instant, a comparu un soldat qui se nomme Jean de , natif de la paroisse de Savigny, en Poitou, lequel nous a dit être marié à la femme dont il est question et qu'elle se nomme Anne d', native de Port-Royal, en Martinique, et qu'ils ont été mariés à Port- Louis, de la paroisse de Riant, évêché de Vannes, en Bretagne, au mois de juillet 1736. Le parrain a été Charles Dutemple ». Autre acte relevé sur les registres : « Le 29 février 1740 a été inhumé dans la portion du cimetière, réservée aux étrangers, le corps du nommé François, garçon maréchal, arrivé dans le bouti- que de Nicolas Godeau, maréchal dans ce bourg, le 19 de ce mois, où il est tombé malade, est mort le 28 en bon catholique, ayant reçu les sacrements de l'église. L'enterrement a été fait en présence du dit Godeau, qui ne sait le nom de famille du dit François, mais qu'il s'est dit natif de Moulins, près Châtillon

(2) J.-G. Gallot, Essai sur la topographie médicale du Poitou, Annuaire de la Société d'Emula- tion de la Vendée, 1871, p. 119. (3) Sage-femme. (4) En argot : mercier ambulant. ou Mauléon. Il ne s'est trouvé muni d'aucun certificat, il avait des Heures (livre de piété) sur lesquelles est écrit François Courgeon, demeurant à Saint- Hilaire » (5). Et encore : « Le 20 décembre 1734 a été inhumé, François Morisseau, pauvre mendiant, de son métier fileur de laine, veuf de Marie Gravier, mort au village de l'Au- bier, Jean Geffard et Louis Roy ont assisté à son enterrement. Roy a signé. Geffard a déclaré ne savoir le faire ». On mourait aussi parfois sur les routes : « Le 29 septembre 1780, a été enterré dans le cimetière de La Chapelle- Saint-Laurent, le nommé Guyot, dit Canemalaye, condamné aux galères, âgé d'environ trente-cinq ans que l'on conduisait à Saumur ».

(5) Archives municipales. Natif de La Chapelle-Saint-Laurent et Parthenaisien depuis plus d'un demi-siècle, Maurice POIGNAT, Journaliste honoraire (trente-six ans au « Courrier de l'Ouest ») a publié de nombreuses études d'histoire locale et collaboré à diverses revues régionales. Il est chevalier des Arts et Lettres et Officier de l'Instruction Publique.

ISBN 2-904-237-14-8 Prix : 150 F

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