Guts Of Darkness

Les archives du sombre et de l'expérimental

septembre 2007

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Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/132 Les interviews

Page 3/132 BETHLEHEM - (interview réalisée par pokemonslaughter, Yog Sothoth)

1/ Salut Jurgen, merci de répondre à ces quelques questions. Bethlehem a traversé les époques et maintenant devenu un groupe “culte”, particulièrement les premiers albums. Ca fait quoi d’avoir fait parti de la scène extrême du début des 90s et d’être devenu une influence majeure pour de nombreux groupes d’aujourd’hui ? Jurgen : Je n’aurais jamais pu imaginer ça, en fait dans les années 90s personne ne s’intéressait à notre manière de faire du Metal Extreme.. Je me souviens que quand « Dictius te necare » est sorti, il avait un peu choqué tout le monde. On a eu pas mal de chroniques où les gars disaient qu’on était des psychopathes ou des trucs du genre. C’est principalement aux USA et au Canada qu’on a eu les meilleurs retours, je me souviens par exemple de pompiers à New York qui écoutaient ces chansons sur la route avant les interventions. Mais ici en Europe, c’était vraiment restreint aux vrais fans de musique extrême et tu peux me croire, ils n’étaient pas très nombreux à l’époque. Enfin peut-être pour le Black Metal traditionnel, mais surement pas pour ce genre de Dark Metal extrême et suicidaire. On s’y fait, particulièrement après les rumeurs qui circulaient durant la période «Dark Metal », où on ne pouvait pas jouer live et où on a eu pas mal de soucis avec la police et les pouvoirs publics. Enfin, cette histoire est assez connue… En particulier, des gros magazines comme Rock hard et Metal hammer nous ont toujours détestés : ils ne nous ont jamais pris au sérieux et nous ont toujours massacrés dans leurs chroniques. On a lu pas mal de fois qu’on était trop extrêmes, et on s’est toujours demandé comment c’était possible. Je veux dire, comment la musique extrême pourrait-elle être trop extrême ? Tous les groupes underground devraient être aussi extrêmes que possible, les groupes comme Metallica sont pour le grand public alors que nous on voulait atteindre les gens qui ont toujours quelque chose à dire… Cela dit, les choses ont beaucoup changé et comme je le disais plus haut, on ne se serait jamais attendu à ça. Alors bien sûr, c’est un grand honneur pour nous d’être appréciés par autant de gens et d’influencer d’autres groupes. C’est franchement génial, et tout ce qu’on peut faire, c’est vous remercier du fond du cœur. 2/ Pour quelle raison avez vous pris le nom de Bethlehem ? Pourquoi avoir choisi de pratiquer un style aussi lent et sombre avant de devenir ce groupe totalement hystérique ? Jurgen : Pour moi, choisir ce nom était une pure provocation vis-à-vis des Black metalleux de l’époque où on a commencé. A l’époque, la mode était plus aux noms comme Impaled nazarene, Rotting christ et autres… C’est pour ça qu’on s’est dit que ça choquerait les gens d’utiliser un nom purement chrétien, le lieu où tout a commencé, c’était vraiment quelque chose d’inattendu de la part d’un groupe de Dark Metal extrême. Je voulais aussi provoquer un peu les juifs et ça a plutôt bien marché. Le fait qu’un groupe allemand tire son nom de leur lieu le plus sacré, ça doit être le blasphème absolu pour toute personne impliquée dans le Christianisme… particulièrement les juifs. La troisième raison était que Bethlehem est le lieu de naissance de nombreux mythes utilisés par quasiment tous les groupes de Black Metal. On n’a jamais suivi de religion, même si nous avons utilise des symboles religieux et les clichés bien connus de la scène Metal. Les groupes de Black Metal ont toujours voulu être anti chrétiens mais aucun d’entre eux n’a jamais réalisé qu’ils ne faisaient que suivre un mysticisme stupide et qu’ils étaient devenus une part de la machine… On a toujours voulu rester des anarchistes, et surtout ne suivre aucune idée politique ou religieuse. Enfin, ça a carrement bien marché ! Pas mal de gens ont été complètement dégoutés par l’utilisation de ce nom, particulièrement au sein de la scène “Black Metal”. Tu peux me croire, cette question on me l’a posé dans toutes les interviews depuis les débuts en 1991… ça veut tout dire. 3/ Qu’est ce que tu penses de groupes comme Funeralium, Shining ou Mourning dawn qui sont très influencé par tes premiers travaux ? Jurgen : J’adore vraiment, particulièrement Shining et Forgotten tomb, et beaucoup d’autres. Je connais Niklas (132 – leader de Shining) depuis des années et il semble que nous allons bosser ensemble bientôt. J’ai remixé l’album SUIZID et Niklas souhaite chanter ces chansons en Suédois, ça serait vraiment bon… J’ai aussi demandé à Jo d’Ataraxie (132 – également chanteur de Funeralium et Hyadningar). J’ai écouté leur partie du split avec Imindain, et ça m’a complètement soufflé… Je n’aurais jamais imaginé quelque chose comme ça – idem pour Klaus Matton –, ils ont complètement capté l’atmosphère et tu ne peux pas savoir à quel point on est honoré par ce truc. C’est génial ! On n’aurait jamais imaginé que Jo pouvait avoir une voix aussi extrême et comme le prochain album sera à nouveau beaucoup plus extrême, on aimerait vraiment qu’il y participe. A part ça, mon album « Bethlemien » préféré est le « Death, pierce me » de Silencer. J’ai du écouter ce truc un bon

Page 4/132 millier de fois et l’atmosphère à la fois sombre, froide et suicidaire de ce disque me captive vraiment… j’adore vraiment cet album ! Notre batteur, Steve Wolz, a enregistré la batterie sur ce disque et même si j’étais dans le studio durant tout l’enregistrement, je n’ai pas fait la basse sur ce disque, et ça me fait vraiment chier de ne pas l’avoir fait (nd YS : tu m’étonnes…). Enfin dans tous les cas, ça reste pour moi le meilleur disque de Black Metal de tous les temps, fait par d’authentiques fans de Bethlehem, et ça représente beaucoup pour moi. 4/ Comme tu le sais, il y a projet de tribute à Bethlehem avec Ataraxie et Imindain qui doit sortir dans les mois à venir. Qu’est ce que tu penses de ces groupes et de projet ? Jurgen : Ouais, j’ai déjà un peu répondu à ça, je suis un peu rapide, hein ? Je ne peux pas vraiment décrire ça, c’est vraiment important. J’en ai pas mal parlé avec Klaus Matton ces derniers temps et on est vraiment honorés par ça. Quelque part, c’est un peu comme une renaissance, comme quelque chose de vieux et presque oublié qui nous reviendrait avec une nouvelle intensité. On remercie vraiment ces 2 groupes, c’est vraiment quelque chose que l’on apprécie. 5/ Avant de parler du présent et de l’avenir du groupe, j’aimerais revenir un peu sur le passé. Tu es le seul membre originel du groupe. Qu’est ce que tu penses de son évolution, et particulièrement entre « SUIZID » (1998) et « Schatten aus der Alexander Welt » (2001), qui était vraiment beaucoup plus expérimental ? Jurgen : « SUIZID » était définitivement plus expérimental que « Schatten… », parce que Matton et moi avons essayé beaucoup plus de nouvelles choses, et les sessions de chant se sont révélées particulièrement surprenantes car rien n’avait été planifié / répété avant. Tout a vraiment été très spontané en studio, et les chanteurs, qui venaient d’Allemagne, de Hollande et d’Australie n’ont rien répété et ont fait ce qui leur passait par la tête. On a pris pas mal de drogues durant cette session aussi… en fait tout le processus d’enregistrement du chant et le mixage ont été largement influencés par les drogues… chose que je ne referai jamais et n’ai jamais refait, d’ailleurs. La musique et la drogue, ça ne marche pas très bien et je suis sûr que l’album aurait été bien meilleur sans tout ça. « Schatten… » était un disque totalement contrôlé, j’avais organisé le moindre détail longtemps avant d’entrer en studio. C’était la première fois que je travaillais avec des acteurs et des gens du théâtre, qui faisaient les narrations pour les personnages. Ce double CD avec toute l’histoire a uniquement été réalisé en digipack pour le marché allemand. On a été massacrés par la presse, qui n’a pas compris la démarche derrière ce disque et nous a comparé avec des opéras Rock comme « Tommy » des Who, en insistant bien sur le coté amateur de notre disque. J’ai jamais compris parce que les Who ont définitivement dépensé beaucoup plus de temps et d’argent sur leur disque que nous ne pourrons jamais le faire… D’autre part, je ne comparerais pas « Tommy » et « Schatten aus der Alexander welt », il y a une énorme différence entre ces 2 albums. Je suis resté en studio pendant 6 semaines, et c’était la première fois que je produisais un album de Bethlehem, et même si je ferais les choses différemment aujourd’hui, j’étais à) l’époque plutôt satisfait du résultat. Particulièrement parce que pour la première fois, un album de Bethlehem avait été planifié longtemps à l’avance. C’était aussi la première fois que bossais avec Olaf Eckhardt, qui remplaçait Klaus Matton, qui a quitté le groupe avant d’entrer en studio pour des raisons que j’ignore encore aujourd’hui. Eckhardt est l’un de mes plus vieux amis, je le connais depuis plus de 25 ans, et il a réalisé le logo du groupe, les artworks de “Dark Metal” et “Dictius te necare”. C’est un super bon guitariste, aussi. 6/ De nombreux chanteurs sont passés dans Bethlehem au fil des années, et certains sont devenus des légendes dans la scène Doom. Est-ce que tu penses que ce « turn-over » des chanteurs a eu une part important dans l’évolution du groupe ? _Jurgen__ : Non, pas vraiment. J’ai toujours écrit toutes les paroles et en fait, la musique et la parole étaient « dans une seule main ». Après, il est certain que certains chanteurs avaient de très bonnes idées et ont réalisé des performances vocales franchement extrêmes, mais d’un autre coté, ils ont toujours globalement suivi mes instructions, ma vision de la façon dont les albums de Bethlehem devaient sonner... A l’exception de « SUIZID » qui a été réalisé sans que je ne suive aucune règle. Personnellement, je préfère Landfermann parce qu’il a été interprété mes paroles de façon très intelligente et quelque part, c’est exactement ce que j’espérais. C’était également agréable de travailler avec Mayer de Voltaire, même si on a du réécrire certaines de mes paroles, que je n’aimais pas trop. Evidement, je ne peux pas vraiment les comparer les uns aux autres, chaque chanteur était nécessaire pour les atmosphères que je voulais créer sur les albums… Pour moi, le principal n’a jamais été le chanteur, mais plutôt l’atmosphère véhiculée par chaque album, l’ambiance globale du disque.

Page 5/132 7/ A propos de Suicide radio : quel était l’objectif avec cette sortie, qui est plutôt étrange..? Jurgen : Franchement, je ne sais pas pourquoi je l’ai fait. C’était un peu pour le fun, mais ça a vraiment été un projet énorme qui m’a pris des mois pour tout programmer. Normalement, le logiciel que j’ai utilisé sert pour les présentations CD-Rom des grosses compagnies et n’a surement jamais été utilisé pour des productions underground. C’est vraiment trop cher et ne peux surement pas être payé par un label underground. Je travaillais avec ce logiciel à MediaSchool (132 – école en multi média) et par la suite j’ai acheté une vieille licence. L’idée derrière “Suicide radio” était de faire une espèce de présentation de Bethlehem qui comprendrait des videos, des images, de la musique et des animations, avec un design vraiment perturbant. Seulement pour les PCs. Evidement, pas mal de gens ont essayé de l’utiliser de leur lecteur CD, même s’il était précisé dessus que cela ne pouvait être lu que sur un PC. Ce disque contient mon point de vue artistique, ça n’avait jamais été avant et ce n’est pas quelque chose que je referais. 8/ Les artworks ont toujours été très étranges, comment les choisis tu, et qui les réalise ? Jurgen : Le dessin pour « Dictius… » a été réalisé par Olaf Eckhardt, comme je le disais, j’avais une vision très particulière pour ce loup et il était la seule personne que je connaissais qui pouvait concrétiser cette idée. C’est un très bon dessinateur et il a également réalisé l’artwork pour le « Death, pierce me » de Silencer. L’artwork de « SUIZID » a été réalisé par un dessinateur des USA qui avait été choisi par RedStream. L’idée du cheval assis et se regardant dans un miroir venait de moi, et a été parfaitement mise en image par ce gars. Toutes les idées de bases pour les artworks de Bethlehem viennent de moi, mais comme je ne suis pas vraiment un bon dessinateur, j’ai toujours préféré les laisser faire par d’autres personnes. La pochette de « Reflektionen… » a été réalisée par une autre dessinatrice aux USA, je voulais un style un peu bande dessiné et j’ai téé vraiment impressionné par son travail. Depuis “Schatten…”, j’ai fait les artworks moi-même, comme je l’avais fait à l’époque de « Thy pale dominion », mais il est certain que s’il doit y avoir un nouvel album de Bethlehem, on utilisera surement un nouveau dessin d’Eckhardt. A mon avis, c’est vraiment le meilleur pour ce boulot. 9/ Cela fait 3 ans que “Mein weg” est sorti. Avec le recul, pense tu que ce disque véhiculait le même feeling que les précédents ? Comment ont été les réactions pour ce CD ? Jurgen : La presse et les medias en ont parlé comme du meilleur album de Bethlehem. On a eu pas mal de couvertures de zines dans plusieurs pays comme la Chine, la Grèce, les USA, l’Angleterre, etc… et on a été n°1 sur quelques stations radio. Normalement, les medias pourrissent nos albums, mais « Mein meg » est devenu notre plus gros succès médiatique. Ils ont adoré… mais pas les “fans”! On s’y attendait après avoir lu tous ces commentaires dans la presse. C’est comme ça que marche l’underground, j’imagine (rires). "Mein Weg" s’est mal vendu et malgré l’accueil de la presse, pas mal de fans on t été déçu par ce disque. J’ai pas trop compris en fait, parce que l’atmosphère de ce disque est parfaitement identique à celle des autres disques. Il n’y a pas de changement et l’ambiance me rappelle « Dark Metal » ou SUIZID. Encore une fois j’ai produit l’album moi même et ça sonnait plus “gros” et puissant que les anciens disques, même si l’atmosphère des chansons n’a pas vraiment changé. J’écris les chansons de Bethlehem à ma manière et ça ne changera pas. Les gens me demandent tout le temps pourquoi j’ai changé de concept ou pourquoi j’écris des chansons plus modernes, et je ne vois vraiment pas quoi répondre parce que pour moi, rien n’a vraiment changé dans la manière de fonctionner, et tout marche encore de la même manière qu’à l’époque de « Thy pale dominion ».C’est toujours la même atmosphère étrange, bizarre, dépressive et solitaire que je retranscris dans les compositions. Ca n’a jamais changé. Enfin, c’est ok pour nous, je veux dire, les gens doivent décider par eux-mêmes ce qui leur plait ou pas, ça ne nous regarde pas vraiment. On n’a jamais fait d’albums pour le public, et on aime encore tout ce qu’on a fait. Si certains n’aiment pas où trouve ça « différent », pas de soucis, on se changera pas à cause des mauvaises ventes ou autres. Ca ne serait pas Bethlehem. 10/ Au sujet du prochain album. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus à ce sujet ? Des rumeurs parlent d’un retour à l’esprit originel du groupe et même du retour d’anciens membres… Jurgen : Ouais. On ne refera pas d’album comme “Mein weg”, on a tout dit avec celui là et je n’ai vraiment pas envie de me répéter. J’aimerais mieux écrire des chansons plus perturbées parce que là, je le sens comme ça. C’est l’envie du moment et comme, évidement, ça ne sonnera pas comme ce qu’on a pu faire par le passé, ça sera différent des albums précédents. Mais ça va seulement rester un rêve pour le moment car alors que je pensais pouvoir composer un nouvel album, la réalité m’a rattrapé et je vais devoir attendre avant de me remettre sur ce projet.. Je ne sais pas combien de temps ça va me prendre, on verra bien. J’ai démarré un autre

Page 6/132 projet dans le domaine artistique / créatif, qui n’aura rien à voir avec la musique.. Tu verras surement ça un jour sur Internet. Ca va me prendre tout mon temps pour le moment, c’est pourquoi j’ai stoppé tous mes projets musicaux. 11/ Tu peux nous dire qui chantera sur ce disque ? Jurgen : J’aimerais définitivement avoir Jo d’Ataraxie, mais comme je le disais, tout ça va devoir attendre… 12/ Ces dernières années, Bethlehem semble avoir fait une pause. Qu’est que tu as fait durant cette période et as-tu des side projects en cours ? Jurgen : J’en ai quelques-uns. Depuis 98, j’ai démarré un side project nommé Stahlmantel, que j’ai créé pour mon plaisir personnel et pour exploser des directions que je n’aurais jamais pu suivre avec Bethlehem. Du coup, j’ai fait quelques démos (la première « Krieg total Totaler Krieg » est parue en 1999), principalement pour moi et quelques amis qui apprécient les trucs plus EBM / Industriels / Hardcore. Depuis 2003 et la sortie de la démo « From snuff…”, les choses ont beaucoup évoluée, et j’ai joué de plus en plus souvent dans des clubs industriels en Allemagne. De plus en plus de gens semble rentrer dans le truc. On dirait que les filles aiment bien héhéhé. En 2005, j’ai réalisé mon premier enregistrement avec R. Tiedemann qui fut notre premier roadie en 1992 et qui avait fait les claviers sur “Schatten”. Même s’il s’agit avant tout d’un disque industriel, à la fois dur et perturbant, c’est également influencé par des choses plus « dansantes ». J’ai fait toutes les voix pour ce disque, mais à priori les gens n’aimaient pas trop… L’album s’appelle "Opus Abgott" et à part"Biomechanische Stahlgeburt" (Biomechanical Steel Birth), qui est parue sur des samplers Nazi/Neo Folk (je vois pas vraiment pourquoi), ça n’a pas été aussi bien reçu que « From snuff...". En 2006, j’ai commencé à bosser avec un vieil ami, Nihilist, de Seattle, qui était le chanteur de Wraithen et qui joue maintenant dans In memorium et Abazagorath. J’ai toujours adoré ses vocaux extremes et depuis qu’on a fait un split 7” Bethlehem / Wraithen, on a toujours voulu travailler sur ensemble sur notre propre projet. Du coup, Nihilist a écrit tous les textes aux USA et je me suis chargé de la musique de Satan Snuff Machine. Cet album est plus influencé Metal car j’ai utilise des riffs de beaucoup plus lourds combinés à une atmosphère bien tarée… Eckhardt de Bethlehem a fait certaines guitars sur celui là. Du coup, c’est devenu à la fois trop heavy pour la scène Eletctro et trop décalé pour la scène Metal, du coup on est resté un peu le cul entre deux chaises avec ce disque.C’est un peu une malédiction avec moi… «Satan snuff machine » a été réalisé par Dying art productions en Chine et sera bientôt réédité par Metalrulez prod en Pologne. Une autre sortie est prévue pour Halloween sur « Dark forest prod », mais je ne suis pas encore sûr de trouver le temps de faire quelque chose… Aux USA, on a pas mal de gens qui nous suivent, c’est là que tout avait démarré pour Bethlehem, et en Europe ça commence à venir, de plus en plus de gens se mettent à suivre ce qu’on fait, particulièrement en Scandinavie. Je ne sais pas vraiment quand il y aura de nouvelles sorties de SM dans le future, comme je le disais, tout ça va devoir attendre un moment, et je ne peux pas avancer sur mes projets musicaux , les choses ont beaucoup changé pour moi 13/ Merci pour tes réponses, les derniers mots sont pour toi… Jurgen : Je voudrais remercier tous les gens qui nous supporté au cours des années. Je sais que vous attendez de nouvelles sorties, mais il va falloir être patients, même s’il y aura surement d’autres enregistrements de Bethlehem et de Stahlmantel… un jour… « Keep the black flame burning ». Vous pouvez nous joindre via www.myspace.com/bethlehemasylum ou www.stahlmantel.com

Sur le site de Stahlmantel, il y a un forum dédié aux fans de Bethlehem…

Page 7/132 LUGUBRUM (version française) - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)

Donnons la parole à un groupe excellent et déjanté de la scène black metal actuelle. Entrevue avec Midgaars, guitariste et fondateur de Lugubrum. 1. Sur le premier album “Winterstones”, Lugubrum proposait un bon black metal cru assez influencé par la scène scandinave et principalement Burzum. Quel est ton opinion sur cet album paru en 1995? Je tenais à parler de ce premier album puisqu’ensuite, avec le split avec Sudarium et le troisième album “De Totem”, tu as trouvé le son Lugubrum. Le duo est devenu un véritable groupe et ta musique a commencé à évoluer vers quelque chose de plus personnel et de plus étrange. Peux-tu nous parler de l’évolution du son et des compositions de Lugubrum? Vous avez presque abandonné l’anglais dans vos textes suite à ce premier album (excepté pour “Heilige dwazen”)…

M: Je pense que nous avons trouvé une certaine direction avec ‘Gedachte & Geheugen’ en effet. Nous avons commencé à ajouter des éléments thrash, blues, des samples obscures et un thème rural dans nos paroles. Globalement, nous nous sommes dirigés vers une approche plus humoristique que par le passé, aidés en ceci par l’alcool et un point de vue de plus en plus cynique. De plus, le Black Metal commençait à devenir une parodie de lui-même et je me suis mis à écouter d’autres choses. Les deux premiers albums ont des qualités selon moi, bien qu’aujourd’hui, je souhaiterais y avoir consacré plus de temps et d’efforts. On a toujours été paresseux et on avait aucune idée de ce qu’on faisait à l’époque; cependant, c’est le charme de ces oeuvres en quelque sorte et on peut l’étendre à tous nos disques. C’est ce qu’il y manque qui les rend uniques. En fait, ce sont de bons titres mais je n’arrive plus à les écouter sans que quelque chose me gêne. D’un autre côté, les reprises (comme celle de Aardmannen par Fluisterwoud) sont mieux jouées et ont un meilleur son mais ne parviennent pas à égaler l’atmosphère des titres originaux. Nous avons commencé à utiliser le néerlandais sur ce premier album et avons continué ainsi. Je pense que ça fonctionne bien de cette manière et que cette langue correspond à l’obscurité de notre travail.

2. J’aime parler du passé d’un groupe lors d’une interview afin de suivre une certaine progression. La première fois que j’ai écouté “De Totem” (j’ai découvert Lugubrum avec cet album), je me suis dit: “C’est quoi ce truc?”. Je crois que je n’étais pas encore prêt pour ça. Après plusieurs écoutes, j’en suis venu à la conclusion que “De Totem” est un excellent disque, une bouffée d’air frais dans la style tout en proposant un black metal comme on devrait en avoir plus souvent: cru, violent, vicieux. L’enregistrement a du être quelque chose de particulier, raconte-nous cette période. Qu’est ce que “De Totem” représente dans l’histoire de Lugubrum qui depuis était devenu un groupe, contrairement à “Winterstones” et “ Gedachte & Geheugen “ sur lesquels vous étiez un duo. L’album correspond également à la naissance du logo “Beer us or die” avec la bouteille et la carotte entre des bras cloutés. Les true black metalleux pourraient se sentir choqués tu sais? As-tu déjà reçu des menaces de mort par la si puissante black metal mafia?

M: On a reçu pas mal de mauvaises critiques à l’époque, contrairement à celles que nous avons eu pour la réédition. Pour la plupart des gens, cet album représentait un pas en avant trop marqué, le son cru, le côté

Page 8/132 primitif de l’enregistrement, l’utilisation du banjo, les samples bizarres et l’imagerie. Les titres sont très bons pourtant et je pense que c’est un de nos albums les plus appréciés en fin de compte. Je ne me rappelle pas grand chose de l’enregistrement, sauf que nous buvions beaucoup trop et passions beaucoup de temps au bar. On ne pensait pas beaucoup à nos actes, c’était des journées folles passées à l’extérieur en train de gueuler et de saccager. Le logo avec la bière et la carotte a été présenté lors de notre premier concert en 1998 et a été un succès immédiat. Nous n’avons jamais reçu de menaces… toute tête de cheval à l’intérieur de nos lits y a été déposée par nous-mêmes…

3. Où as-tu trouvé l’extrait sado-masochiste en français pour l’outro de l’album “De Totem”, “Oui maître”?

M: Je ne peux pas te citer le titre du film car nous avons malheureusement perdu la cassette. C’est tiré de la collection privée de Barditus qu’il a vendu pour s’acheter de la bière. J’aime toujours ce passage. Peut-être qu’un de tes lecteurs le reconnaitra…

4. Tu parlais parfois de Lugubrum comme étant du “Boersk blek metle”. Tu peux nous en dire plus?

M: ‘Boersk’ est une référence à nos vieilles techniques d’enregistrement - ou l’absence d’enregistrement. Ca vient du fait que nous vivions dans une zone rurale et que nous passions beaucoup de temps dehors. Les fenêtres de notre studio étaient toujours ouvertes et l’odeur de crottin remplissait souvent la pièce. Ca m’est égal que les gens utilisent toujours ce terme puisqu’il correspond bien à notre position d’outsiders, de personnes décalées. Cependant, nous enregistrons et répétons en ville aujourd’hui.

5. 2004 marque la parution de l’album “De vette cuecken”. On peut y trouver une superbe pochette peinte par tes soins, je trouve que tu as beaucoup de talent. Tu as déjà pensé à une carrière d’artiste? Cette fois, Lugubrum va encore plus loin que ce que vous faisiez par le passé. Le résultat est toujours cru et violent mais il y a une atmosphère latente de malaise et de dégoût. Comment est venue l’idée d’introduire du banjo et du saxophone dans un black metal déjà plutôt particulier?

M: Je ne peins pas autant que je le devrais ou le voudrais. Il semblerait que l’inspiration ne vienne que lorsque je travaille pour Lugubrum… d’une certaine façon, je suis attaché à ce groupe comme un boulet à sa chaîne. Ma famille ne comprend pas pourquoi je continue à créer ces oeuvres misérables, peut-être ai-je besoin de surmonter un sévère traumatisme lié à mon enfance…. Je ne sais pas vraiment. J’en serais peut-être libéré un jour afin d’être capable de peindre des choses que les gens pourraient acheter ou mettre dans un musée mais je serais probablement devenu fou d’ici là et peindrais avec mes couches crasseuses, ou bien mort.Comme je le disais avant, on réfléchit pas beaucoup à ce qu’on fait. A l’époque de “De Totem”, j’apprenais à jouer du banjo et ça m’a semblé logique de l’utiliser pour Lugubrum. Quand nous répétions pour “De vette cuecken”, Bhodidharma habitait pas loin. Il est venu un jour pour déconner et ça a bien fonctionné. En fait, la plupart des

Page 9/132 choses arrive par hasard avec Lugubrum, que ce soit une chance ou un malheur, l’un mêne à l’autre de toute façon.

6. En 2005/2006, l’album “Heilige dwazen” sort. Avant d’en parler, j’aimerais revenir sur une période maudite lors de laquelle Blood Fire Death (également créateur du groupe Krieg) a disparu de la surface de la terre. L’album était pressé mais indisponible pendant longtemps à cause de la disparition/de la paresse du label (j’ai du lutter pendant 2 ans pour obtenir le pressage de “Heilige dwazen” estampillé Blood Fire Death suite à de nombreux mails sans réponse jusqu’à ce qu’un beau jour, je reçoive ce gros paquet). Tu souhaites parler de cette période?

M: Tu as raconté la majorité de l’histoire dans ta question, je n’ai pas envie d’en dire plus tout simplement car il n’y a pas grand chose à dire. Je n’ai jamais reparlé avec cette personne depuis la supposée sortie de l’album. Subitement, j’étais débordé de mails de la part de fans frustrés… jusqu’à ce que cette frustration me gagne.

7. Aujourd’hui, on peut considérer ça comme un virage important puisque le point positif de ces mésaventures est la création de ton propre label Old grey hair records (tiré d’un titre de l’album “Bruyne Troon”). Ce label te sert uniquement à produire les albums de Lugubrum il me semble. Qu’est ce que la création de ton propre label, donc l’auto-production de ton groupe Lugubrum, a changé? Qu’est ce qu’il t’est maintenant possible comparativement à avant? Y aura-t-il d’autres groupes sur OGH un jour?

M: Maintenant au moins, je peux sortir un album à la date prévue et nos fans peuvent l’obtenir directement auprès du groupe. Cependant, ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air; obtenir une distribution en étant un petit label qui fait uniquement de la vente n’est pas chose facile et ça prend beaucoup de temps. De plus, beaucoup de gens commandent des disques en grande quantité sur des gros magasins en ligne, ce qui peut se comprendre afin d’économiser sur les frais de port. Ca prendra du temps, mais au moins, j’ai une complète liberté et peut-être qu’un jour, je sortirais d’autres groupes. Je garde un oeil ouvert mais il faudrait que je sois vraiment passionné par ce que fait ce groupe avant que je le signe…. Et je n’a pas envie de perdre de l’argent sur quelque chose qui plairait uniquement à moi-même. Nous verrons ce que le futur nous réserve.

8. Revenons à l’album Heilige dwazen. Lugubrum a pris une direction plus psychédélique avec cette oeuvre, bien que vous ayez commencé à prendre ce chemin sur “De vette cuecken” à mon avis. Même si les catégories sont emmerdantes parfois, je dirais que de continuer à enfermer Lugubrum dans la case “Black metal” devient un peu réducteur. Ce faisant, on passe à côté d’une dimension important de la musique de Lugubrum. Es-tu d’accord? Est-ce que les titres des morceaux forment une phrase unique? J’ai eu cette impression à plusieurs reprises: “« Holy fools embodied the kiss on the anus at the base of their tail. Though chained, we slyly sucked on stolen bread on anemone meteorites ».

M: Tu as tout à fait raison. Les titres forment une phrase dotée d’un sens. J’ai vu les météorites anemone de mes propres yeux; flottant dans l’espace couvertes de petites tentacules bleu clair, très belles. La catégorie dans laquelle on nous met n’a aucune importance… Je pense que le nom Lugubrum parle pour lui même aujourd’hui; vous pouvez vous attendre à l’inattendu et à un album difficile à digérer. A chaque fois qu’un

Page 10/132 nouvel album voit le jour, les gens disent qu’ils préfèrent le précédent. Tant qu’ils continueront à dire ça, ce sera bon je crois, il faut juste du temps pour s’y habituer.

9. Suite à cet album, vous avez sorti votre premier album live. Le bon black metal en live se fait rare mais c’est une tentative réussie à mes yeux, même si le passage au banjo lors de “Ratteknaeghen” de l’album “De totem album” me manque. Est-ce que vous avez préparé l’enregistrement ou l’idée est venue spontanément quand vous vous êtes rendu compte qu’il était possible de le faire? Parlons de Lugubrum sur scène. J’y assisterai un jour, je n’ai pas encore pu. Jusqu’ici, Lugubrum a beaucoup joué dans des pays tels que la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas mais peu de dates hors de cette zone. Tu me disais que vous n’aviez jamais joué en France (j’aurais vraiment voulu vous avoir pour la date avec Nuit Noire et Peste Noire à Lyon, mais ce n’était pas possible). Y a-t-il un problème, est-ce que vous ne recevez pas de propositions assez sérieuses ou peut-être vous ne pouvez pas partir en tournée pour plusieurs jours? J’ai l’impression que les concerts de Lugubrum sont des événements assez isolés, vous ne faites pas de tournée…

M: Nous enregistrons toujours nos concerts mais le son est pourri la plupart du temps. Le staff du Paradiso (le lieu où Lugubrum a enregistré son album live, NDLR) est très expérimenté et a fait du bon travail, on a jamais eu un aussi bon enregistrement live. En plus, j’avais la possibilité d’utiliser l’enregistrement entier, les pauses comprises, et ça m’a beaucoup plu. On a directement envoyé les bandes au mastering. Le banjo n’est pas un instrument très approprié pour les concerts; je l’ai fait une fois et on n’entendait rien, on devrait faire un set acoustique peut-être. Lugubrum n’est pas vraiment un groupe de tournée, je crois que deux ou trois concerts dans une même semaine serait très difficile pour nous, généralement, on les fait sur un an. Cependant, si nous devons voyager loin pour un seul concert, c’est un peu du gâchis également. Mais les choses pourraient changer; nous traversons une période bizarre et désagréable en ce moment, un feuilleton médical en quelque sorte…Nous sommes traités par une équipe de docteurs et de psychiatres avec un nouveau traitement, des amputations et un régime strict. Barditus n’a plus le droit de boire de l’alcool pour le reste de sa vie … (!) donc je n’ai pas vraiment besoin de te dire ce que ça va créer chez lui; une nouvelle dimension probablement… L’alcool est son meilleur ami depuis l’enfance, il va donc falloir qu’il en trouve un autre. Mais il y a du positif: Stain est de retour à la basse, au moins pour le nouvel album et quelques concerts. Si notre condition mentale et physique se stabilise voire s’améliore, on sera en forme pour d’autres concerts avec le line-up idéal, on pourrait même faire une mini-tournée qui sait!

10. Parlons du septième album de Lugubrum paru en 2007 et intitulé “De ware hond”: le chien gris je crois. Tu peux nous parler du titre de l’album pour commencer? Une nouvelle fois, on trouve une de tes superbe peinture qui colle bien au contenu musical de l’oeuvre. Il s’agit de l’album le plus psychédélique de Lugubrum à ce jour, quatre longs titres, partant dans tous les sens, avec de l’orgue, du saxophone, des tablas. C’est un chef d’oeuvre à mes yeux, Lugubrum s’éloigne toujours plus de la musique moderne que nous recevons en grande quantité aujourd’hui (même dans le Black metal), ce qui implique que les gens s’intéressent peu ou pas assez à mon goût à ce que vous faites. Lugubrum est un groupe sous-estimé à mes yeux, tu es d’accord ou tu t’en fous?

M: Hehe non, ça veut dire ‘le vrai chien’, l’idole des philosophes grecs cyniques, Cerbère, gardien de l’entrée des enfers. (excuse mon néerlandais!, NDLR). La pochette est une peinture inspirée d’une scène de ‘Auch Zwerge...’ de Herzog qu’on regardait pendant l’enregistrement de l’album. (‘Auch Zwerge haben klein angefangen’ du réalisateur allemand , titre français: ‘Les nains aussi ont commencé petits’, NDLR). Je suis assez satisfait de l’album en fin de compte, bien qu’il m’a fallu du temps pour m’y habituer… c’est le résultat que tu obtiens quand tu enregistres live, tu ne peux pas vraiment anticiper la direction

Page 11/132 musicale. J’ai été très surpris par les bonnes critiques que nous avons reçu dès le début, j’imaginais que la presse n’approcherait même pas cet album avec un bâton. Les fans ont beaucoup apprécié également, je pense qu’on en a même gagné quelques nouveaux. Quelques fans de la première heure se plaignent mais je suis certain qu’on les a perdus depuis quelques albums déjà. Nous avons essayé quelque chose de nouveau et le résultat est plutôt unique…et on le refera! Parfois, je suis d’accord avec le fait que nous sommes un peu sous-estimés, surtout quand je vois un groupe adulé et que je me rends compte encore une fois que c’est une merde médiocre… Mais je connais quelques jeunes musiciens talentueux et professionnels qui vivent pour leur musique et dont personne n’a entendu parler… ils le méritent bien plus que nous.

11. Explique nous l’idée d’enregistrer la moitié de l’album avec un équipement numérique et l’autre moitié avec un équipement analogique?

M: Les choses ont pris cette tournure, tout simplement… nous nous servons des cartes que le destin nous a distribuées et on en cache quelques unes dans nos manches.

12. Je voulais aussi te parler de la pochette arrière de l’album. La lumière de cette photo, ainsi que de celle du livret, est naturelle? C’est tellement jaune qu’on pourrait penser qu’elles sont modifiées. Tu tiens ta jambe en arrière sur cette photo, ce qui confère un aspect très malsain à l’image, quel était l’effet recheché avec cette position, on dirait vraiment que tu n’as qu’une jambe? Dans quel coin ces photos ont-elles été prises?

M: Ces photos ont été prises par h. dans les Ardennes (à Stavelot), la forêt derrière notre chalet pour être précis. Ce sont des photos argentiques, elles n’ont pas été modifiées à l’aide d’un ordinateur, l’effet jaune a été obtenu grâce à une lentille de couleur. Il y avait du brouillard ce jour là et la lumière naturelle était fort étrange. Pour l’autre photo, je suis tombé par hasard sur cet énorme os vert dans la forêt et je l’ai essayé comme une prothèse.

13. Comme tu le sais, “Winterstones”, “Gedachte & Geheugen” and “Bruyne Troon” ne sont pas très faciles à trouver de nos jours. Penses-tu à les rééditer? J’ai vu que tu pensais à un projet de collection vinyle, c’est à dire tous les albums pré-“De vette cuecken” en format vinyl. Tu peux nous en dire plus?

M: On prévoit une collection vinyle limitée et un t-shirt en effet. Les cinq premières oeuvres en feront partie. Une réédition en format cd n’a pas de charme pour moi… Je n’en vois pas le but aujourd’hui en fait. On va faire ça pour les vrais fans. On aimerait aussi créer une bière Lugubrum unique à cette occasion tout en commémorant le fait que Barditus ne pourra même pas y goûter, ce qui est assez bizarre quand j’y pense. On pourrait tout aussi bien boire toute la cargaison nous-mêmes juste devant lui sans la partager avec les fans. Mais le projet est d’organiser deux concerts exclusifs où l’on vendrait cette bière et la collection vinyle… J’imagine que ce serait un gros festin.

Page 12/132 14« In 2008 Lugubrum plan to re- capture Belgian Congo... with Boersk Blek Metle! The band’s 8th full length (follow-up to the widely acclaimed ‘de ware hond’) entitled ‘ALBINO DE CONGO’, will be another daring expedition into the heart of brown-ness and is scheduled for live- recording in a Kinshasa based studio, late 2007. » Cette news est tellement Lugubrum. Tu peux nous parler un peu de ce prochain album et peut-être de sa direction musicale? Vous allez faire quelque chose d’encore plus psychédélique cette fois? J’imagine que tu blagues, vous allez enregistrer en Belgique n’est ce pas? (on sait jamais avec vous, et c’est ça qui est bon!).

M: Notre grand roi Leopold II a donné le Congo à la Belgique, donc oui, on enregistrera sur le territoire belge. Notre passé colonial est tellement Lugubrum… Je n’aurais jamais pu créer une histoire comme celle-ci, même dans mes rêves les plus fous. La barbe de Barditus nous a été enlevée par les docteurs, mais il est toujours la réincarnation de notre grand roi. Quands nous pénétrerons dans la forêt d’Ituri, ce sera la folie une nouvelle fois. (l’Ituri est un district de l’Est du Congo, NDLR). On voyagera léger; on aura à peine besoin de la moitié de porteurs habituels maintenant que Barditus n’a plus le droit de boire. (ce qui me rappelle que je dois rapidement vendre mes parts dans Interbrew). Bon, la musique… ça devient plus concret maintenant que Stain est de retour, on finalise les nouveaux titres à l’heure actuelle. Il y a toujours de la place pour l’improvisation mais ce sera plus structuré, avec moins de parties instrumentales et plus de variations de tempos et d’humeurs. On pourrait dire qu’on va emmener “De ware hond” à un stade antérieur, ce qui est notre façon de travailler en fait: après un saut dans un territoire inconnu, on revient à la source et on recommence tout…c’est de cette manière qu’on maintient la touche Lugubrum intacte je crois.On verra quand le projet sera terminé, ce sera peut-être notre dernier album si on rencontre d’autres difficultés, si l’un d’entre nous meurt ou est interné…Dernièrement, j’ai juste envie de vieillir dans mon rocking-chair en jouant du blues sur ma guitare sèche, en contemplant un joli bout de nature depuis mon porche pendant que mes 3 femmes Pygmées préparent le diner et que mes fils chassent l’hippopotame dans la rivière…

15. Question bonus. En tant que fin connaisseur des brevages belges, conseille nos lecteurs sur les meilleures marques de bières belges. Tu devrais vraiment créer une bière avec le logo “Beer us or die”…

M: Comme je l’ai dit avant, on y travaille…La bière ou n’importe quel breuvage ou nourriture est quelque chose de très subjectif. Par exemple, tu as des gens qui mélangent la bière avec du coca, ou qui préfèrent les bières douces et fruitées… (On vit dans une démocratie, mais je les fusillerai un jour). Je ne bois rien d’autre que de l’eau, du thé, du café, de la bière et du vin, je n’aime pas les bières sucrées. Toutes ces bières brunes caramélisées sont peut-être un succès mais je n’en bois pas. J’aime la bière au miel (Barbar, Bière de Miel), la Gueuze amère aussi (Boon), Duvel, Achel, Orval, Westfleteren...les bières bio (Saison Dupont, Kikbier) ...La plupart des grandes marques (Interbrew) contiennent beaucoup de produits chimiques, j’en bois seulement en cas d’urgence (c’est à dire quand on m’en offre une, ce qui arrive souvent). Il existe en fait trop de marques pour que je puisse toutes les goûter; certaines disparaissent et d’autres sont inventées, tu devrais en goûter le plus possible et faire ton choix…

16.Je te laisse conclure ….

M: Merci pour l’interview, j’espère qu’on se recontrera en France l’année prochaine.

Lugubrum Old Grey Hair Records

Page 13/132 Old Grey Hair Records sur Myspace

Page 14/132 LUGUBRUM (English version) - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)

Let's focus on one of today's most weird and great black metal outfit. Interview with Midgaars, guitarist and founder of Lugubrum. 1. On Lugubrum’s debut album « Winterstones », you displayed some good harsh black metal quite influenced by the Scandinavian scene and mainly Burzum. What is your opinion on that album released in 1995? I wanted to talk to you about this debut album since afterwards, starting with the split with Sudarium and the third album « De totem », you found the Lugubrum sound to my eyes. The duo became a real band with several members and the music evolved towards something more personal and more eerie. Can you talk about this evolution in the Lugubrum sound and compositions ? You also almost completely dropped the English language in your texts after that debut album (except on “Heilige dwazen”)…

M: I think after ‘Gedachte & Geheugen’ we found a certain direction, yes. We started adding thrash elements, blues, obscure samples and the rural theme in our lyrics... mainly we went for a more humoristic approach than before, under influence of alcohol and an increasingly cynic point of view. Also Black Metal was becoming a parody of its former self and I started listening to other music. The first two albums have some qualities in my opinion, although I now wish we would have spent more time and effort on them. We’ve always been lazy and back then we had no idea of what we were doing, but in a way that’s also the charm of those works, indeed of all Lugubrum material, what it lacks makes it unique. Basically they’re good songs but I can’t listen to those recordings anymore without getting annoyed. On the other hand covers, like Fluisterwoud did of Aardmannen, may be much better played / recorded but still lack the atmosphere of the original. We started using Dutch lyrics on that first album and continued using them, as it works just as well and fits the obscurity of it all.

2. I like to talk about the past of a band when doing an interview, to follow some sort of progression. When I first listened to «De totem » (I discovered Lugubrum with this album), I said to myself : «What is this ? ». I think I was not ready for the shock. Several listenings later, I came to the conclusion that « De totem » was an excellent record, a breath of fresh hair while displaying some black metal as it should be : raw, violent, vicious. The recording session must have been something wicked, tell us about that period, and what does « De totem » represent in the history of Lugubrum which had become a band by then, as opposed to « Winterstones » and « Gedachte & Geheugen » where it was a duo. It also marks the birth of the « Beer us or die logo » with the bottle and the carrot held between spiked arms. True black metallers would be shocked at that you know? Have you ever received death threats by the oh-so-mighty black metal mafia ?

M: We got a lot of bad press at the time (which was very different with the re-release); for most people it was a bridge too far, the crude sound, primitive recording, use of banjo and weird samples and imagery. The songs are very good though and in the end it became perhaps our most popular album to date. I don’t remember much of the recording, except that we drank too much and spent a lot of time in our local bar. These were wild days spent oudoors shooting and looting, we didn’t spend a lot of time thinking about our actions.The beer / carrot logo we introduced at our first live show in ’98 and was an instant succes.We never received any kind of

Page 15/132 threat...any horse heads in our beds were left there by ourselves...

3.Where did you get that sado-masochistic excerpt in French on the outro of the De totem album « Oui maître » ?

M: I can’t name you the title of the film unfortunately as we lost the tape, but it was taken from Barditus’s former private collection, which he sold to buy beer. I still love that bit. Perhaps one of your readers will have recognised it...

4.You sometimes referred in the past as Lugubrum being « Boersk blek metle ». Care to talk about this ?

M: ‘Boersk’ referred to our old recording techniques – or lack of- and the fact we operated in a rural area and spent a lot of time outdoors, the windows of our studio were always open and often manure smell filled the room. I don’t mind if people still use the term as it fits our postion as outsiders, even though we rehearse and record in the city now.

5.In 2004, the « De vette cuecken » album got released. It displays a great artwork made by yourself, I gotta to say you’re really talented at it. Have you ever thought about a career in pictural art haha ? This time Lugubrum explores way beyond what had been done in the past of the band. The result is still raw and violent but there is an overall feeling of unease and disgust. How did the idea of introducing banjo and saxophone into somewhat unusual black metal came to you ?

M: I don’t paint as much as I should or would like to; inspiration seems to come mainly when I work for Lugubrum... in a way I’m stuck to this band like to a ball and chain. My family don’t understand why I keep creating these miserable works, but I need it to overcome some severe childhood trauma perhaps... I don’t know. Maybe I’ll be freed from it someday and be able to paint stuff people would want to buy or put in a museum, but probably I’ll be demented by then and start painting with my filthy diapers, or dead.As I said before we don’t think much about what we are doing, at the time of ‘De Totem’ I was learning to play the banjo and it seemed logical to use it on our recordings. When we were rehearsing ‘DVC’, Bhodidharma was living close by and he came in to jam one day and it worked rather well. With Lugubrum most things happen by chance, bad luck or good, one thing leads to the next.

Page 16/132 6.In 2005/2006, you released the Heilige Dwazen album. Before talking about in in details, I’d like to come back to this fucked-up period where the owner of Blood Fire Death (also creator of Krieg) disappeared from the face of the earth. The album was released but unavailable for some time, due to the owner’s disappearance/laziness (I had to struggle for 2 years to get the Heilige Dwazen album, the Blood Fire Death version, with many mails that were unanswered until I got this package with lots of stuff). Care to talk about this ?

M: you told most of the story in your question, I don’t want to go further into it simply because there isn’t much to tell. I’ve had no word from the man since the album was supposed to be released. Suddenly I was being swamped with mails from frustrated fans... until I got frustrated myself.

7.As I said, this seemed to have been a turning point since the positive thing coming out of this is the creation of your own label Old grey hair records (from the name of a song on Bruyne Troon). The label is destined to release Lugubrum stuff and related projects only it seems. What has the creation of your own label, thus auto-producing and releasing your stuff changed ? What does it enable you to do that you were not able to before ? Will there be releases from other bands/projects on OGH one day ?

M: At least now I can get a release out on the day I planned for it and the fan can order it straight from the band. However it’s not so easy as it seems; to get distribution deals being a small label selling only one band isn’t easy and takes time. Also many people order cd’s in large quantities from big e-stores, understandebly to save on postage. It’ll take time, but at least I have complete freedom to do what I want and perhaps one day I’ll take on other bands. I’m keeping an eye out but before I sign someone the music will have to be something I am really passionate about... and I don’t want to loose money by releasing something no one but me will be able to get into... time will tell.

8.Ok, back to the “Heilige Dwazen” album per se. You took a more psychedelic approach with this one, something you started doing with “De vette cuecken” in my opinion. Even if labels and categories are annoying sometimes, I’d say that to call Lugubrum « Black metal » with that album is an understatement. If you do, you miss a very important dimension of the Lugubrum art in my opinion. Do you share this too ? Are the titletracks of each songs to be read as one sentence haha ? I had this impression several times : « Holy fools embodied the kiss on the anus at the base of their tail. Though chained, we slyly sucked on stolen bread on anemone meteorites ».

M: You are very right, the titles form a sentence which makes perfect sense. The anemone meteorites I’ve seen with my own eyes; floating in space entirely covered with short, light blue tentacles, quite beautiful. I don’t care what label people want to stick on it... I think the name Lugubrum says plenty by now; you can expect the unexpected, an album that is not easily digested. Every time a new album comes out people say they preferred the previous work, as long as they keep saying that it’s ok I guess, it just takes time to get used to.

9.After that album, you released your first live album. Considering that good black metal live albums are scarce, this was a really good attempt, even if I missed the banjo part on Ratteknaeghen from the De totem album(what the fuck ?). Was the recording prepared or the idea came out quite spontaneously when maybe you saw that it was possible to record from the soundboard of the venue ? Let’s talk about Lugubrum live. I’ll witness the live experience one day, I haven’t for now, but I will for sure. For now, Lugubrum has played a lot in countries like Belgium, Germany and the Netherlands but few dates out of that area. You were telling me you never played in France (also I really wanted to have you on the Lyon date with Nuit Noire and Peste Noire). What is the problem,

Page 17/132 is it because you don’t receive serious offers for tours or because you can’t leave for many days, because of your job maybe. It seems to mee the Lugubrum live dates are quite isolated, I mean they’re not part of a 2-week tour for instance. Tell us.

M: we always record our shows, but often sound is crap. The Paradiso crew (comment: the venue where Lugubrum recorded its live album) is very experienced and made a very good mix, we’d never had such a good live recording. Plus I could use the entire recording including breaks, which I liked a lot. We just took the tape straight to mastering. Banjo is tricky live; I did it once and it was hardly audible, we’d have to do an acoustic set I suppose. Lugubrum is not a touring band, I guess two or three gigs in a week will be difficult, that usually takes us a year. But if we have to travel far playing just one gig would be a waste I guess. Anyway things will probably change; we’ve been going through a weird and unpleasant phase lately; a medical soap of sorts... we’re being treated by a team of doctors and psychiatrists, resulting in new medication, amputations and strict diets.Barditus has been banned from drinking any alcohol for the rest of his life... (!) so I don’t have to tell you what this will do to him; he’ll enter a whole new dimension... Alcohol has been his best friend since childhood, so he’ll have to find a new one. On a positive note; Stain is back on bass, at least for the new album and live shows. If our physical / mental conditions stabilise or improve we will be in good shape to play live again with a perfect line- up, we might even do a mini tour!

10.Now, let’s have a word about the 7th full-length album of Lugubrum, released in 2007, entitled « De ware hond » : the grey dog. Care to explain the album title as a start ?Again it displays great art by yourself, perfectly matching the album musical content. This is the most psychedelic Lugubrum album to date, four long tracks, going everywhere at a time, with organ , saxophone, tablas. It is a masterpiece as far as I’m concerned, you’re so away from modern music we are over-served with these days (even in black metal) that only a few people relate to what you do, well, at least this is how I see it. Lugubrum is criminally under-rated in my opinion, do you feel this way too, or you just don’t care ?

M: hehe no, it translates as ‘the true dog’, the idol of the greek cynic philosophers, Cerberus, the watch dog. (comment: excuse my Dutch!). The cover I painted after a scene from Herzog’s ‘Auch Zwerge...’, which we watched during the recordings. (comment: ‘Auch Zwerge haben klein angefangen’ by German film director Werner Herzog). In the end I am fairly pleased with the album, although it even took me sometime to get accustomed to... that’s what you get when you record live, not really knowing where things are going. I was also very surprised by the critical acclaim from the very start, I had imagined the press wouldn’t touch the album with a stick. Then the fans were very positive too, we even won quite a few new ones I think. Some old fans complain but I am sure we lost them a few albums ago. Anyway we tried something new and the result is quite unique...that’s that done with and on to the next! Sometimes I agree we are underrated, especially when I notice another band being hyped, discovering once again it’s mediocre crap... But then I know a lot of great young professional musicians who live for their music and who no one has heard of or is interested in... they deserve it much more than we do.

11.Explain us the idea of recording one half of the album on digital equipment and the other half with analog equipment ?

Page 18/132 M: this is just the way things turned out... we play with the cards fate deals us and tuck some up our sleeves.

12.I also wanted to talk to you about the back cover picture which is just great. Is the light on that picture as well as the light in the booklet picture natural ? It’s so yellow that one could think it has been modified. You hold your leg in your back on that picture, which gives a very wicked meaning to the image, what was the point behind that position, it really looks like you’re one-legged. Where were these pictures taken ?

M: These pics were taken by h. in the Ardennes (Stavelot), the forest behind our chalet to be precise. They’re analogue photos and were not modified with computer, the yellow effect was obtained with a color lense. There was some fog that day and the natural lighting was weird to begin with. I happened to stumble upon this huge, green bone on the forest floor and tried it on as prothesis.

13.As you know, “Winterstones”, “Gedachte & Geheugen” and “Bruyne Troon” are hard to find these days. Do you think of re-releasing them ? I also read about a Lugubrum vinyl collection, meaning all the pre-De vette cuecken albums on vinyl format. Care to tell us more about this ?

M: we are planning for a limited vinyl collection and a shirt, yes. Included will be the first five works. Re-releasing on cd format has no charm for me... I don’t see the point anymore right now. We’ll be doing this for the real fans. There are also plans to create a unique Lugubrum beer for this occasion, and to commemorate the fact Barditus won’t be allowed to sample it, which is quite bizarre if you think about it. However we might just drink the whole supply ourselves in front of his eyes and not share with the fans. But plan is to organise a couple of exclusive live shows where this beer and collection will be sold... I imagine it will be quite a feast.

14.« In 2008 Lugubrum plan to re- capture Belgian Congo... with Boersk Blek Metle! The band’s 8th full length (follow-up to the widely acclaimed ‘de ware hond’) entitled ‘ALBINO DE CONGO’, will be another daring expedition into the heart of brown-ness and is scheduled for live- recording in a Kinshasa based studio, late 2007. » This news is so Lugubrum. Can you tell us more about that new album and maybe the musical direction of it all ? Going even more psychedelic this time ? Can you also talk about the concept of the album. You must be joking, you’ll be recording this in Belgium right ? (you never know with you guys, and that is what’s good).

M: Our great king Leopold II ‘donated’ Congo to Belgium, so we will be recording on Belgian territory, yes. Our colonial past is so Lugubrum... I could not have come up with a history like this in my wildest fantasies. Barditus’s beard may have been taken from us by doctors, but he is still the re-incarnation of our greatest king. Once we enter the Ituri forest the thing will start growing like mad again (comment: Ituri is an Eastern district of Congo). And we will travel light; we will need but half the number of porters now that B. can’t drink anymore.( which reminds me I urgently have to sell my Interbrew shares). Bon, the music... it’s becoming more concrete now that Stain is back, we are completing the songs now, there’s still room for improvisation and free parts, but it’ll be a more structured affair, with smaller instrumentation, but more tempo and mood changes. You could say we took ‘de ware hond’ back to an earlier period, which is basically our way of working; after a leap into unknown territory we re-group at the source and start all over again... that’s how we keep the Lugubrum vibe intact I guess.We will see after this project is finished, perhaps it’ll be our last if we encounter more setbacks,

Page 19/132 one of us drops dead or is institutionalised... lately I just want to get old sitting in a rocking chair strumming blues on my acoustic , overlooking a nice patch of nature from my porch while my 3 Pygmee wives are cooking dinner and my sons are out hunting hippo on the river...

15.Bonus question . As fine connoisseur of Belgian beverages, advise the reader on the best brand(s) of Belgian-made beer(s). You should really invent one with the « beer us or die » logo brand on it…

M: as I said before, we are working on it... Beer or any beverage or food depends on personal taste. For instance you have people who mix beer with cola, or who are into sweet fruity beer... (We live in a democracy, but I would have those morons shot) I don’t drink anything but water / tea & coffee, beer and wine, so I don’t like beer with a lot of sugar in it. Al those caramalised dark beers may be a succes, I don’t drink them. I do like honey beer (Barbar, Biere de Miel). Also bitter Gueuze (Boon), Duvel, Achel, Orval, Westfleteren... biological beers (Saison Dupont, Kikbier) ... Most of the large brands (Interbrew) have loads of chemicals in them, so I drink them only in emergency (i.e. when I’m offered one, which is often enough). There are in fact more brands than one can sample in a lifetime, as some disappear and new ones are invented, you should try as many as you can and decide for yourself...

16.I let you conclude….

M: thanks for the interview, hopefully we will meet in France next year.

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Page 21/132 13TH FLOOR ELEVATORS : The psychedelic sounds of the 13th floor elevators

Chronique réalisée par dariev stands

Evoquer les 13th Floors Elevators sans avoir pris de LSD soi-même, c'est une entreprise assez délicate, il faut en convenir. Mais comme je me trouve sur un site ou l'on chronique allègrement du Death metal sans pratiquer le démembrement de victimes innocentes, voire du Space Rock sans être allé sur la lune, je passerai outre. C'est que ce premier album est un véritable concentré de prosélytisme, ce qui en 66, au Texas, avait quelque chose de courageux. Oui, vous avez bien lu la date : 1966. Car si le titre sonne assez basique voire suranné, c'est tout simplement parce ces texans en chemises à carreaux étaient les premiers ! Les premiers à utiliser le mot "psychedelic", et à parler ouvertement de LSD ! Début 66, Hendrix est encore un sideman pour Curtis Mayfield ou autre, les Beatles n'en sont pas encore à Revolver, et Jim Morrisson est encore en train de répêter « My Eyes Have Seen You » avec les futurs Doors avec une voix d’adolescent ! Il faut pourtant bien l'admettre : s’il y a des inventeurs du psychédélisme, ce sont eux. Bien que les Byrds ou Love soient également à prendre en considération, eux qui la même année, mettent de l'acid dans leur folk. Mais les 13th Floor Elevators, comme semble le crier leur nom venu de nulle-part, ne font pas de demi-mesure. Leur rock - à la base sorte de création mutante à la croisée des très brutaux Them (qui traumatisent beaucoup de monde à l'époque, les Doors en premier), pour la rythmique frappadingue, la voix écorchée et l'harmonica kamikaze, la Surf Music pour la gratte western et d'Otis Redding (Splash 1 aurait pu être immortalisée par le Soul Funk Brother et vendre par camions) - fait le lien entre l'Irlande, Memphis et la Californie (là ou leur musique aura le plus d'influence). Ajoutez à cela une petite originalité : un des membres du groupe, Tommy Hall, a inventé un instrument appelé la jarre électrique, un truc qui glousse comme un dindon sous trip tout le long du disque sans interruption quoi qu'il advienne. Comme si cela ne suffisait pas à les faire passer pour les pire freaks de la galaxie, les mecs en rajoutent une couche avec une pochette d'album hallucinante et un verso qui monte encore un cran au dessus (s'appellent pas les Ascenseurs pour rien) avec un texte assez long qui révèle tout le concept de l'album - ah oui j'ai oublié, premier album concept, et c'est beaucoup plus vrai ici que pour Sgt Pepper - orné d'un œil et d'une pyramide qui feraient presque penser à un tract de secte vaudou. Et il dit quoi, le concept ? Regardez plus haut pour juger vous même mais en gros : prenez tous du LSD (rappelons que c'est encore légal à l'époque), vous allez voir ça tue, toutes nos chansons parlent de ça. C'en était trop pour l'état du Texas, le plus conservateur du pays, dont les autorités avaient déjà repéré le groupe bien avant la sortie du disque, et finiront par avoir vraiment la peau du chanteur (vous connaissez "Vol au dessus d'un nid de coucou" ?). Pourtant les 13th Floors, dans la vraie vie, ne sont pas vraiment des sauvages. Le véritable instigateur de la pensée du groupe étant Tommy Hall, Erikson n'est qu'un excellent chanteur blanc de rythm'n'blues. Bon, il faut l'avouer, musicalement, on est proche de la crise épileptique à tout moment. Ecouter pour la première fois "You're gonna miss me" (véritable majeur tendu de la jeunesse fugueuse américaine vers une nation de parents conservateurs) fait trembler, tant cette voix semble déterminée, menaçante, débridée. On n’est pas chez Dylan, ça va sans dire. "Je ne rentre plus à la maison" devient une phrase politique, qui symbolise tout à fait la quête de ce groupe sacrifié pour avoir été trop visionnaire... Et il y a,"Splash 1", une véritable chanson, ou Roky prend le temps de chanter pour de bon, et c'est tout simplement la plus grande chanson sur l'amour jamais écrite, et probablement la meilleure description de la chose qu'on puisse trouver. Le reste du disque est en roue libre totale, on est au milieu du grand canyon, et des gerbes de lumière slalomant entre les cactus nous

Page 22/132 passent à 3 centimètres des oreilles en sifflant, s'écrasant contre les rochers en produisant force étincelles. Chaque roulement de batterie équivaut à un coup de tonnerre, qui frappe la roche rouge en déclenchant des éboulements. Dire du son qu'il est sec et acide, ou bien encore que ces chansons sont subversives reviendrait à dire que le piment rouge mexicain, c'est un peu relevé. La face B reprend les hostilités de plus belle : une sirène retentit, Stacey Sutherland soutire des contorsions pyrotechniques de sa guitare, tordant et gondolant les canons de la Surf Music tandis qu'Erikson inflige les pires sévices à ses cordes vocales... Ce disque suite l'acide par tout les pores, il transpire les psychotropes et fait bouillonner le cerveau. Et lorsque vient le fun "Monkey Island", qui voit Erikson se moquer de l'Amérique pudibonde, on ne peut s'empêcher de penser au jeu vidéo du même nom, perle de crétinerie et de non-sens, ou tous les personnages sont débiles. Et selon le "concept", c'est le sentiment qu'ont ressenti les membres du groupe quand ils ont pris du LSD : on est entouré de singes ! Et Erikson d'imiter des cris simiesques... à noter que tous les lyrics sont passionnants, bien que la plupart soient introuvables sur internet (censure ?). C'est bien entendu un 6/6 franc et massif que récolte ce disque à la bizarrerie étouffante, le premier de cette faste décennie avec Rubber Soul de vous savez qui.

Si vous ne connaissez pas mais que vous avez aimé le film "Blueberry", c'est le moment...

Note : 6/6

Page 23/132 SCHROEDER (Robert) : SphereWare

Chronique réalisée par Phaedream

Cette nouvelle galette de Robert Schröeder risque de plaire bien plus que son moelleux album retour Brainchips, paru en 2005. SphereWare est tissu avec le nouveau synthé/séquenceur Synthis qui procure une ambiance à la croisée des sonorités analogues, même avec de l’équipement digital. Et dès les premiers souffles de Access to Dream, on constate l’efficacité de ce nouveau logiciel musical. Une intro flottante aux pulsations réverbératoires, qui propulsent les arcs sonores, comme un doigt multiplie les ondes d’une eau tranquille, aux confins des stratosphères cosmiques. Habilement, ayant appris de Schulze, Schröeder amplifie ses sonorités sur un douillet passage spatial où les pulsations deviennent aléatoires sur de doux violons mellotronnés. Les premiers amateurs de Schröeder ne tarderont pas à faire un lien entre les atmosphères nébuleuses de Galaxy Cygnus-A et cette intro à SphereWare, ainsi que sur Illuminated Signs.. A Quarter of an Hour offre un tempérament près de Double Fantasy avec son mouvement groovy et sa guitare flottante. Un beau titre qui réconciliera les amateurs de Schröeder, période Computer Voice et Brain Voyager, tout comme le mielleux Dancing Clouds. D’ailleurs c’est l’essence même de cette œuvre, Robert Schröeder retourne à ses rythmes électroniques souples et mélodieux qui ont précédés sa période ambiante et Berlin School, avec 9 compositions aux tempos hétérogènes, mais soutenus comme Data Stream, un des bonnes pièces sur ce cd, et Solar Panels. Deux titres très contemporains dont les effets sonores se moulent aux structures rythmiques sur mellotron flûté ou pulsations électro métallique. 100% Synthetic est à crever avec une intro planante qui se mue sur un rythme placide qui croise un soft techno aux mouvements langoureux. Truffé d’effets sonores, le titre est irrésistible et accroche aux premières vapeurs. Décidément, Schröeder est en grande forme. Flying Saucers se moule à son titre avec une approche spatiale sur chœurs mellotronnés et souples solos d’un synthé cosmique. Les percussions résonnent avec un pluralisme structuré, façonnant une contre temps très efficace. La pièce titre s’arrime à une structure similaire, mais le rythme est plus conquérant sur des percussions cadencées au moulage techno modéré. Encore une fois, les effets sonores sont jouissifs et ne sont pas gages de panne d’inspiration. Ceux qui pensaient que Brainchips serait le chant du cygne de Robert Schröeder devront se raviser. SphereWare est une œuvre titanesque. Un album bourré d’atmosphères où les tempos fusionnent allègrement, sans attaches restreignantes, sur des effets sonores forts ingénieux. De la MÉ actualisée où chaque écoute est gage de nouvelles surprises auditives à assimiler, témoignant d’une œuvre impressionnante qui croisse à mesure qu’on la découvre.

Note : 5/6

Page 24/132 ARTESIA : Chants d'Automne

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Deux jolies demoiselles aux cheveux longs et en robe noire dans les bois, signées chez Prikosnovénie : on sait d’ores et déjà que ce n’est pas un promo de brutal death. Mais comme il fallait bien une âme charitable pour parler de ce ‘chant d’automne’, c’est donc moi, chroniqueur de gentilles ballades médiévales, qui m’y colle. Alors Artesia c’est du dark-heavenly, à la Arcana et Dark Sanctuary comme le dit le feuillet promo ; et il est vrai que l’on retrouve chez Artesia la grandiloquence du premier et les fautes d’orthographe du second. Donc la musique se veut porteuse d’un charme oublié, celui de Brocéliande et de ses mystères. Techniquement, le son est irréprochable, le chant et la musique sont très maîtrisés malgré une répétition dans les ambiances qui ont tendance à un peu tourner en rond. Mais ce qui m’embête plus, c’est plus ce ‘revival’ médiéval qui paraît (et ce malgré tous les efforts fournis) artificiel et beaucoup plus ancré dans notre temps et dans l’heroic-fantasy fée/forêt/elfes/ruines que dans les vraies musiques du moyen-âge. Là où Arcana sait trouver un chemin personnel, là où Dead Can Dance savait sublimer les compositions plus que centenaires (je pense à ‘Aion’ et ‘The Serpent’s Egg’), là où Sequentia nous fait l’effort d’immortaliser une fois de plus des partitions anciennes (Ces ‘Chants de l’Extase’ de Hildegard von Bingen…), Artesia (tout comme Dark Sanctuary, d’ailleurs) rame parfois dans le pompeux post-tolkienesque qui me fait dire qu’une fois la mode passée, on entendra surtout le son d’une ère (devrais-je dire d’une mode ?) et pas celui de notre ‘âge sombre’. Les amateurs de heavenly tranquille y trouveront leur compte (et encore une fois, sur ce point rien à redire) ; les chercheurs d’or creuseront plus loin. 3,5/6

Note : 3/6

Page 25/132 SHIKARI : Robot Wars

Chronique réalisée par Powaviolenza

Shikari, groupe désormais défunt de hardcore Néerlandais d'obédience brêmoise. Tu sais, Acme, Systral, Mörser, Aclys... Shikari, ou comment condenser ce qui se fait de mieux en matière de hardcore sombre et germanique des années 90 en quatorze ridicules petites minutes du nom de "Robot Wars" - leur première sortie. Tu prends Acme, Rubbish Heap, Converge, tu mélanges, tu accélères le tempo... Voilà, t'as Shikari, en gros. Rapide (à la limite de la powerviolence niveau rythmique), suintant la haine et la vengeance par tous les pores ; Mark vomit ses tripes, façon fastcore, les riffs (brêmois) sont MECHANTS de chez méchants (putain, "Post Student Syndrome"), la prod' (brêmoise) est méchante de chez méchante aussi, abrasive au possible. Donc voilà, Shikari, c'est carrément la guerre, à l'allemande, mais en plus c'est beau et triste, avec des riffs qui font chialer, des accalmies sublimes... BREF, c'est absolument incontournable, pour peu que vous aimiez le hardcore rapide et MALSAIN, celui qui a des tripes et qui fait pas semblant. En plus, bande de veinards, c'est réédité par Level Plane sous forme de discographie sous le nom de "1999-2003" - durée de vie plus qu'éphémère de ce défunt combo - la suite de leur disco est terrible aussi, mais bien moins haineuse que ce

"Robot Wars", brûlot ultime du style.

Note : 6/6

Page 26/132 : Prowler In The Yard

Chronique réalisée par Powaviolenza

La discographie de Brutal Truth et de Discordance Axis est déjà sur Guts : je vais donc boucler la boucle "élite du moderne" en m'occupant de celle du trio ricain Pig Destroyer, descendant direct des deux groupes précités de par sa fraîcheur, sa brutalité et son approche « différente ». Après un "38 Counts Of Battery" énorme mais toujours relativement conventionnel (même si les prémices du génie sont là), les PD reviennent avec ce qui restera comme leur meilleur album jamais pondu : "Prowler In The Yard". A la fois le plus personnel et le plus profondément violent, où l'apparente abrasivité cache une beauté insidieuse. Pig Destroyer affirme ici sa personnalité musicale : melting-pot d’influences violentes bien digérées (mêlant grindcore extrême, riffs death tordus et malsains, et grosses mosh-parts thrashcore) rejouées de façon noisy et déstructurée, mais toujours cohérente. La batterie surpuissante de Brian Harvey est absolument parfaite, extrême mais tout en finesse ; la voix hurlée dans les mediums de JR Hayes suinte la haine et la tristesse ; les riffs de Scott Hull côtoient la perfection, tout comme sa prod , organique et tranchante… On touche au génie tout au long de l’album, que ce soit dans la violence ("Evacuating Heaven", "Sheet Metal Girl", le duo "Junkyard God" / "Piss Angel") ou dans la beauté ("Hyperviolet", ULTIME). Et surtout, l’ambiance est là, grasse (même sans basse : "Starbelly"), dansante ("Trojan Whore")… Non, vraiment, s’il n’y avait qu’un seul album à retenir de la disco de Pig Destroyer, ce serait bien lui. Dans le panthéon du grindcore moderne et intelligent, aux côtés de "Jouhou" et "Sounds Of The Animal Kingdom", trône ce skeud inégalé et parfait, absolument incontournable.

Note : 6/6

Page 27/132 PIG DESTROYER : Terrifyer

Chronique réalisée par Powaviolenza

Difficile de donner une suite à un chef-d’œuvre tel que « Prowler In The Yard » ; sans pour autant surpasser son illustre prédécesseur, « Terrifyer » en est la digne suite. Sûrement moins jouissif car plus mature / poli (la prod ne varie plus entre chaque morceau), et certes moins surprenant aussi. Plus précis et tranchant dans l’approche, moins frais, au sens littéral comme figuré : un arrière-goût de décomposition tenace émane de l’ambiance de cet album, bien plus malsain / Steve Austin que « Prowler » dans l’approche générale. Un peu le « When Forever Comes Crashing » de Pig Destroyer... « Terrifyer » le bien nommé est riche en crasse / samples ultra malsains, et en riffs beaux / glauques (« Towering Flesh » et son solo grandiose et bien placé, « Verminess » / « Torture Ballad », « Terrifyer »), et se paye même le luxe d’être accompagné d’un DVD Bonus d’une seule piste audio en 5.1, « Natasha », long et douloureux hymne sludge / dark ambient à la sauce Pig Destroyer. Malsain et beau au possible – la putain de grande classe. Mais dans « Terrifyer », Pig Destroyer n’oublie pas de faire du grindcore, et pond par la même occasion ses morceaux les plus violents (« Scarlet Hourglass », « Soft Assassin ») et quelques hymnes ultra-dansants (« Crippled Horses », « Carrion Fairy » / « Downpour Girl », « Gravedancer ») dont eux seuls ont le secret. Pas un seul titre à jeter, une ambiance de mort omniprésente, des harmonies magnifiques - en gros : ce disque est une énorme tuerie, presque aussi indispensable que « Prowler

». 5,99/6

Note : 5/6

Page 28/132 PUBLIC IMAGE LIMITED : First issue

Chronique réalisée par Twilight

Tournée américaine des Sex Pistols...Johnny Rotten en a marre, marre de ce cirque, marre du punk, marre de son escroc de manager, marre de son junkie de pote, marre de son image...Il finit par tout plaquer pour revenir là où personne ne l'attendait, avec un nouveau groupe. Alors que McLaren tente de faire de Sid Vicious une star pour exploiter les cendres des Sex Pistols, il lui faudra batailler ferme pour faire comprendre au public et aux médias que Rotten est mort mais que Lydon est bien vivant. Voilà pourquoi ce premier opus est si noir, c'est un disque de cassure, de rejet, de colère, d'affirmation. Tout démarre avec le glauquissime 'Theme', un titre lent et long soit l'anti-thèse de ce que prêchait la philosphie musicale punk. Rythmique pesante et lourde, guitares torturée, limite cacophoniques typiquement gothiques et un Johnny Lydon qui hurle plus qu'il ne chante. 'Religion I et II' sont un crachat à la face de l'Eglise Catholique (notre homme a des racines irlandaises), tout d'abord de manière acapella comme une prédication froide, puis de manière musicale dans un style sans pitié mêlant cold wave et post punk avec des touches de piano dissonantes vers la fin, tandis que, immuable, la basse égrène en boucles ses quelques mêmes notes. Plus rapide et moins hypnotique, 'Annalisa' semble renouer avec le punk rock, sauf que là aussi la chanson dure près de six minutes et que les constructions sont bien différentes, chaque instrument semblant jouant indépendamment des autres. Du punk rock, c'est sur l'excellent 'Public image' (le titre le plus accessible) qu'on en retrouve; rien d'étonnant, Lydon y règle ses comptes avec son ancien manager ainsi qu'avec son public. 'Low life' et 'Attack' sont plus ambigus, les racines punkoides semblent évidentes pourtant un feeling un brin différent s'en dégage. D'ailleurs quand vient l'ultime pièce, 'Fodderstompf', on comprend vite qu'ils étaitent surtout là pour nous endormir sur nos lauriers. Assurément le plus expérimental et inattendu du disque, il se présente comme une parodie de disco et des extended mixes de l'époque. Le beat est ultra binaire, la ligne de basse totalement funk/dub tourne en rond de manière hypnotique tandis qu'en arrière-fond des vocaux débiles semblent se perdre dans les échos, tout ça pendant plus de huit minutes ! Celà dit, même si Johny Lydon prétendait prendre le contre-pied du rock, ce n'est pas sur cet album qu'il ira le plus loin dans la démarche. Malgré une cassure évidente, 'Public Image' reste fortement rock et même impreigné des stigmates du punk. Celà ne l'empêche pas de témoigner de la forte personnalité de Lydon et de sa créativité; véritable affirmation d'une liberté retrouvée, le disque pousse l'ironie jusqu'à présenter une couverture arrangée comme un magazine de mode...Quand, comme moi, on a découvert

P.I.L. par le 'Live in Tokyo', cet opus-ci ne pouvait qu'être une belle baffe ! 4,5/6

Note : 4/6

Page 29/132 TOWNSEND (Devin) : Ziltoïd The Omniscient

Chronique réalisée par Powaviolenza

Dur dur de ne pas se lasser du père Townsend, ne produisant principalement plus que des bouses depuis quelques années - autant j'ai supporté les derniers S.Y.L, autant j'aurais tendance à partager l'avis de la mère Simone au sujet de "Synchestra", qui était gay et chiant. Et pour cause : Devin en a ras le cul, il déprime, et plutôt que de continuer à produire des bouses en société, il préfère s'enfermer dans sa maisonnette avec sa petite famille et exprimer son profond mal-être en solo, accompagné du plus bath des batteurs virtuels - Ezdrummer de Toontrack. Alors il enregistre deux albums qu'il n'aurait pas pu faire autrement que tout seul : l'un totalement ambient et minimaliste ("The Hummer"), et l'autre au concept totalement délirant basé sur un projet de spectacle de marionnettes pour sa fille (qu'il avait en tête depuis quelques années), "Ziltoïd The Omniscient", épopée galactique d'un alien débilo-caféinomane totalement halluciné. Hum. Mais que donne donc musicalement la "midlife crisis" musicale de papa Townsend? Est-ce de la poudre aux yeux guignolesque pour masquer son récurrent manque d'inspiration? Ou est-ce un coup de génie, Devin se réinventant artistiquement et retrouvant par la même occasion l'inspiration de ses vertes et folles années? Bin aucun des deux en fait. A mon goût, c'est juste l'album le moins laid que Devin aie pondu depuis "Terria", sorte de melting-pot bien gaulé de son passé musical : une grosse louche de Strapping Young Lad (pour la violence), une pincée de Punky Brüster (pour la légèreté), et un soupçon de Terria (pour la beauté) - une sorte de "Physicist" space-operatique sous forme de concept album et sans morceaux d'Infinity. Rien de vraiment nouveau donc, juste un skeud agréable et fluide alternant compos de heavy / thrash cybernétique aux riffs cosmico-burnés d'anthologie (la fin de "By Your Command", le refrain de "Ziltoïdia Attax", la beauté étrange de "N9".. des pures tueries) et accalmies progressives éthérées et sublimes dont Devin a le secret. L'histoire de Ziltoïd, de ses débuts conquérants et guerriers jusqu'à son dénouement rédempteur à l'ambiance légère mais infiniment triste ("The Greys"), nous fait donc définitivement passer un bon moment de Townsend; sans pour autant nous faire grimper aux rideaux secoué d'orgasmes compulsifs (c'est du réchauffé, et y'a quelques longueurs au milieu, "Planet Smasher" / "Color Your World"). Je sais que beaucoup n'y voient qu'une tâche de plus dans la discographie du Canadien quasi-chauve ; personnellement, ça m'a réconcilié avec Toto, et donné bon espoir pour la suite des évènements, quand Dédé aura fini sa petite crise.

Note : 4/6

Page 30/132 L.E.A.K. : The Old Teahouse

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Une fois de plus la réalité s’est éloignée de moi, de peur de se faire happer par la noirceur sans fond de mes traumatismes psychologiques. Ceux-ci suintent par tous les pores, deviennent son, deviennent musique. Ils se réalisent et s’accomplissent dans l’air, devenant tour à tour abominables nuages poussiéreux, angoisses ineffables, ou chutes cataleptiques dans d’insondables gouffres desquels surgissent parfois d’étonnantes pulsations volatiles. Mes troubles prennent forme, deviennent chair et peau, s’effilochent autour de mon corps, mutent en horreurs palpables qu’il aurait mieux fallu ne jamais laisser entrer en moi. Je ne suis plus que bouteille de Klein, à la fois émetteur et récepteur, je marche dans mes propres chimères, je piétine mes synapses en remodelant ma folie à l’infini, tel un chef d’orchestre abandonné dans un amphithéâtre, où chaque siège vide aurait laissé place à un miroir. Quand je me serai lassé de me chahuter, je chercherai refuge, quelque part au plus profond de ma mémoire, peut-être le lit de mes parents lorsque j’étais nourrisson, peut-être mon berceau ; alors je pourrai cesser de faire semblant d’exister et je me laisserai happer par mon inconscient, qui attendait patiemment de reprendre le dû que je lui avait arraché le jour où je suis né.

Note : 5/6

Page 31/132 COMPILATION DIVERS : Goth Box

Chronique réalisée par Twilight

J'ai souvent dû répéter cette rengaine, Cleopatra, c'est le label capable du pire comme du meilleur. Là, en l'occurence avec cette compilation, on approche même de la grande classe; 'Goth Box' ce n'est rien de moins que quatre cds groupant chacun près de quinze formations deathrock, gothic rock, batcave et autres. On y trouve bien sûr des artistes américains et anglais mais également français, allemands, australiens, scandinaves, le choix est vaste. Les plus grands noms comme Christian Death, Bauhaus, Alien sex fiend, Mephisto Walz côtoient les inconnus et les raretés ainsi l'excellent 'Below' de Bell, book and candle qui troquera ensuite son gothic rock inquiétant pour un rock variété sans intérêt, 'Tigerlilly' de Beat Mistress alias Linda Le Sabre, batteuse et chanteuse des excellents et trop rares Deathride 69 ici présents avec leur classique 'State of decay' ou encore Seraphim Shock qui livrait ici son premier titre sur cd. La vague goth anglaise du début des 90's est bien représentée avec les Die Laughing, Rosetta Stone, Nösferatü et autres Children on stun mais les anciens ne sont pas oubliés ainsi Play Dead et Skeletal Family... On nous propose également une touche plus heavenly avec Love is colder than death, Die Form, Black tape for a blue girl ou Aria. Il y a bien quelques faiblesses comme The Last Dance, Patricia Morrison (meilleure derrière une basse qu'un micro) ou David J mais sur l'ensemble c'est fort peu, surtout que les pièces proposées sont plutôt soigneusment sélectionnées. Qui plus est, le livret fournit des informations et des images pour chaque groupe présent. Pour compléter le pack, un autocollant et un poster pour décorer sa chambre; 'Goth box', y a pas à dire c'est un classique de la compilation goth.

Note : 5/6

Page 32/132 SEX PISTOLS : SexBox

Chronique réalisée par Twilight

Mais qu'il est beau cet objet ! La 'SexBox' est un petit livre richement illustré accompagné de trois cds. Le premier propose l'intégralité des enregistrements studio du groupe, soit l'album 'Never mind the bollocks' avec en bonus une bonne poignée de titres démo capturés en mai 1976 dont certains ont fait office de faces B ('No feeling'). Signalons notamment une version enragée et brute de la reprise de 'No fun' avec un Johnny Rotten au timbre très rocailleux, un 'Satellite' crasseux à souhait ou un 'Problems' curieusement épuré, comme extrait d'une répétition. Le deuxième offre d'autres versions démo saisies pour la plupart la même année ainsi que quelques curiosités comme une version instrumentale de 'No feelings' ou une interprétation rejetée de 'Anarchy in the UK' un brin plus molle dans sa production que l'enregistrement final, reprise dans une version plus 70's sous le titre de 'No future'. Le dernier se concentre sur les enregistrements live avec son lot d'inédits, notamment le superbe 'Belsen was a gas' capturé à Dallas, composé à l'origine par Sid Vicious pour son premier projet nommé...'Flowers of romance' et qu'il reprendra plus tard en solo, ainsi qu'un titre baptisé 'Flowers of romance' (tiens tiens) qui sera remanié et transformé par John au sein de P.I.L....Il est clair que beaucoup des enregistrements et multiples versions de la même chanson ont avant tout un intérêt d'archive pour les fans du groupe qui y découvriront parfois de surprenantes facettes de leurs héros. A noter que le livret est fort bien agencé puisqu'il fournit des infos sur le groupe, les morceaux ici compilés, des paroles de chanson, les dates des concerts des Sex Pitols, la discographie ( ça c'est vite fait) ainsi que nombre de magnifiques photos...L'objet parfait pour les collectionneurs, plus anecdotique pour ceux qui n'apprécient que moyennement nos quatre fauteurs de trouble.

Note : 5/6

Page 33/132 SEX GANG CHILDREN : The Wrath of God

Chronique réalisée par Twilight

Je suis fan de Werner Herzog, son 'Nosferatu' compte parmi mes films favoris et j'apprécie aussi 'Fitzcaraldo' ou 'Aguirre' (il faut dire qu'avec un acteur comme le grand Klaus Kinski...). Visiblement, ce petit farceur d'Andi SexGang qui se fait appeler ici 'Barbarossa' aussi puisqu'il a voulu écrire un album hommage au metteur en scène. Peu connu du public, ce disque se place dans une optique assez différente du son habituel du groupe puisqu'il est entièrement instrumental et que la première partie se situe dans un registre plutôt ambient. L'intention était certes louable mais je reste mitigé quant au résultat. Ca démarre plutôt efficacement avec un 'Aguirre' qui sonne complètement comme le Ain Soph du début: une musique obscure et occulte avec des coups de basse sous-terrains, des grincements de guitare, des bruits inquiétants. Sans coupure, on passe à 'The enigma of Kaspar Hauser' qui s'enrichit de petits tintments lugubres tout en conservant l'aspect organique et rampant. 'Nosferatu' s'inscrit dans la même optique mais en plus maladroit, le jeu de clochettes est cheap, les descentes de basse assez naïves...s'il reste un fond d'atmosphère, on s'ennuie vite face à cette interpértation d'amateur que même le jeu de cordes distordues de la seconde partie ne dissipe pas entièrement. '' rompt ces climats, nous voici revenus à une forme de batcave assez proche du Sex Gang Children de l'époque de 'Medea'...pas pour longtemps, 'Wings of hope' nous replonge dans un ambient expérimental à coups de boîte à musique, de grincements de guitare et autres sonorités bizarres, presques enfantines; c'est malsain mais vite ennuyeux, n'est pas Virgin Prunes qui veut. Plus éléctronique, 'Fata Morgana' agace de par ses sonorités aigües un brin R2D2 et on s'en retrourne allègrement à 'Heart of glass', en réalité une version instrumentale quasi pompée de 'My Cicero'. 'Where the green ants dream' oscille entre post punk et rock de session, on a l'impression d'écouter un exercice et c'est vite ennuyeux. Encore une plongée dans l'ambient avec '', sans retrouver l'efficacité des premiers titres et c'est avec soulagement qu'on termine par un 'Scream of stone' plus gothic rock saturé. Bref, un disque étrange sorti du néant et qui, quant à moi, peut bien y retourner. Dommage, l'un des rares faux pas de Andi SexGang, sur une bonne idée qui plus est. Je vous parle du titre fantôme ? Non...

Note : 2/6

Page 34/132 REVEREND GLASSEYE : Happy end and begin

Chronique réalisée par Twilight

Mon amour pour Sixteen Horsepower m'a conduit à découvrir qu'il existait aux USA une frange d'artistes produisant une musique qu'on pourrait qualifier de 'gothique redneck', certains d'entre eux étant eux-mêmes de sacrés personnages. C'est le cas du Reverend Glasseye, sorte de faux prêcheur allumé à la tête d'un big band qu'on croirait sorti des bas-fonds de la Nouvelle-Orleans, à moins que ce ne soit d'un bar new-yorkais ou peut-être même recruté dans une fête de village au fin fond du Dakota, allez savoir...Maniant l'humour noir et l'imagerie mystique, notre homme conduit une musique mêlant des influences cabaret, fanfare, country, blues avec une touche de rock, le tout assemblé de manière décalée et passionnante. La rythmique s'affirme comme colonne vértébrale du tout, discrète mais solide, qu'elle soit valsée, rapide, roulante, mutine, complétée par un jeu d'orgue oscillant entre mysticisme et psychédélisme; pas mal de touches de cuivre également d'où cet aspect fanfare mentionnée précédemment. Mais n'allez pas croire que tout ça est unifié, chaque morceau présentant une atmosphère différente. Ainsi, 'Sins of Portsmouth' interprété au banjo uniquement, tout le contraire du chef-d'oeuvre de ce mini, '3 ton chain', ballade de pendus sur fond de roulements de batterie, de montées de cuivre, de notes folles d'orgue et de cliquetis de xylophone, à la fois poignante et décadente. 'Last standing man' débute avec une rythmique psychobilly avant des envolées de trompette très 'ensemble mexicain' et un virage plutôt valse et cabaret et des pointes plus appuyées. Niveau vocal, Adam Glasseye saute volontiers d'un ton grave à des accents plus passionnés pour glisser l'air de rien vers quelque chose de vaguement ironique; pas évident d'ailleurs de deviner si tout ça n'est qu'une facade ou si l'homme prend ce mysticisme au sérieux. En tous cas, c'est loin d'être inintéréssant et l'ensemble est maîtrisé, mené de main de maître. Qui sait ? Si Tom Waits et Nick Cave avaient eu un frère un peu fantasque, prêcheur dans l'Ouest, c'eût pu être ce fameux Reverend Glasseye...4,5/6

Note : 4/6

Page 35/132 PLAY DEAD : The first flower

Chronique réalisée par Twilight

A l'instar de bien des formations de la première vague gothique, les débuts de la discographie de Play Dead se résument surtout à une poignée de maxis. Leur premier véritable 'album' (et encore, il s'agit d'un mini) nous est ici présenté dans une édition cd groupant les six morceaux de base enrichis de dix chansons supplémentaires extraites des divers maxis. J'ai personnellement toujours apprécié Play Dead pour la passion obscure que l'on trouve dans leur composition, un sentiment entre rage, désespoir et une forme d'enthousiasme quasi lyrique. Si 'Time' démarre le disque de manière relativement 'tranquille' (malgré une batterie roulante et des guitares torturées), peut-être à cause des arrangements épurés et du chant plus ou moins contenu, en revanche, avec 'Tenant', on gravit un échelon dans la noirceur...Guitares lourdes et glauques, rythmique puissante, vocaux passionnés et profonds, dans une lignée qui peut évoquer de vagues échos de Theatre of hate...et ça n'arrête plus, 'Propaganda', 'Sin of sins' oeuvrent dans la même lignée...'In silence' opte pour une rythmique un brin plus rituelle avec des attaques de guitare hâchées et une basse cold wave qui me font parfois songer à certaines chansons des débuts de Mission mais en plus brut. Cet aspect rituel est maintenu sur 'Don't leave without me' comme support d'une démarche plus expérimentale avec un chant étiré en bribes torturées épaulé par des gémissements de guitare. Les morceaux bonus qui suivent permettent, bien qu'ils soient placés dans un ordre chronologique plutôt aléatoire, de mesurer l'évolution de Play Dead depuis les titres de 1981 ('TV eye', 'Final epitaph', 'Introduction') avec un son toujours mieux maîtrisé, toujours plus pêchu et plus sombre au fil des années et d'une production plus pointue. J'insisterais particulièrement sur le chant, élément primordial selon moi, qui évolue en parallèle et y gagne en passion et en noirceur. Une drôle de manière de faire le mort, pas vrai ?

Note : 5/6

Page 36/132 PLAY DEAD : Resurrection

Chronique réalisée par Twilight

Pour découvrir Play Dead, 'Resurrection' me semble le disque parfait. Il compile en effet des titres des albums 'From the promised land ' et 'Company of justice', soit, à mon avis, la meilleure période du groupe qui, après le prometteur mini 'First flower', se trouve désormais en pleine maîtrise de son style. Celà implique une efficacité accrue au niveau de la production et plus de noirceur et de passion dans les compositions. Rien d'étonnant, dès ses débuts le groupe s'est rapidement distancé du punk pour axer sa démarche sur l'atmosphère de ses chansons, atmosphère bien sombre ma fois, taillée à coup de guitares tendues et torturées, de basse lourde bien marquée au mixage et d'une batterie aux accents tribaux. 'Resurrection' propose donc une collection de pièces aux mélodies tranchantes dont l'énérgie obscure et flamboyante rappelle parfois Killing Joke; il suffit pour s'en convaincre de jeter une oreille aux classiques que sont devenus les excellents 'Pleasureland', 'Solace', 'Pale fire' ou 'Isabel' dont certains sont présentées dans des versions remixées assez réussies, pêchues à souhait. En plus des treize chansons de base, l'auditeur trouvera une version live de 'Sin of sins' ainsi que des versions alternatives de 'Solace', 'Holy holy' et 'Bloodstain pleasures', pas forcément indispensables. Le reste, par contre, l'est.

Note : 5/6

Page 37/132 SPETÄLSK : Spetälsk

Chronique réalisée par Nicko

Spetälsk, bien que formé en 2000, est un nouveau venu sur la scène internationale. Ils nousviennent de Norrköping en Suède et ils jouent du black metal. Tout est réuni pour un nouveau clone de Dark Funeral, Setherial ou Marduk (et si on regarde la pochette, une ressemblance avec Sigrblot apparait !). Je me dis, ok, c'est du calibré. Et au départ, je ne suis pas loin de le penser, ça blaste fort, le riffing fait vachement penser à The Legion avec de surcroit un batteur au moins aussi épileptique qu'Emil !! Je pensais donc être bon pour un album solide, sans surprises, sorte de nouveau groupe dans la (très) nombreuse légion des groupes de brutal black metal suédois. Et puis voilà, plus l'album avance, plus les riffs se font thrashisants ! Ca commence avec "No more life" et ça s'emplifie. Le chant démoniaque (mais non hurlés) allié à quelques soli de guitares (plutôt rares dans le black) font tomber la deuxième partie de cet album dans un thrash/black très australien (!!), bien pêchu, se rapprochant de ce fait de Deströyer666, Gospel Of The Horns et autres Urgrund ! Alors même si le groupe ne réinvente rien, il tient bien la route et maitrise à fond son sujet (comme souvent chez les suédois d'ailleurs). On se retrouve donc avec un album un peu curieux, mélangeant du black typique "à la suédoise" avec des atmosphères et des rythmiques thrash bien speed. Pas commun, pas révolutionnaire non plus, mais loin d'être mauvais. A suivre...

Note : 4/6

Page 38/132 OUTBURST : Fair and balanced

Chronique réalisée par Nicko

Outburst, groupe batave (à ne pas confondre donc avec les français de THE Outburst...), joue du gros thrash/war metal moderne. Il n'y a pas grand chose à dire sur cet album tant il est banal. Ca bastonne sec, c'est ultra-inspiré des vieilles gloires du thrash des années 80 avec un son plus moderne et un chant bien aggressif. Ca enchaine mid-tempo avec deci-delà quelques vocaux clairs faisant presque passer le CD pour du speed metal ! Des parties mélodiques agréementent le tout et ce n'est pas un mal, ça permet d'avoir un peu de diversiter. Le riffing est plutôt du genre saccadé, mais le rythme est fluide et l'album s'écoute facilement. Les solos de guitares sont du genre bien sympas et typiques. Après, qu'est-ce qui fait qu'on va s'intéresser particulièrement à Outburst plutôt qu'à un autre groupe de thrash moderne ? Pas grand chose, peut-être ce côté mélodique, et encore... Je vois plutôt ce "Fair and balanced" comme un disque honnête qui plaira aux fans die-hard de thrash. Pour les autres par contre...

Note : 3/6

Page 39/132 EARTH : Extra-capsular extraction

Chronique réalisée par dariev stands

Dylan Carlson, guitariste et membre principal du groupe Earth, est un type assez étrange. Déjà, alors que quasiment toute Seattle se fait signer sur une major dans les années 90 grâce à Nirvana, lui et son groupe restent en berne. Pourquoi ? Lui qui porte le titre lourd à porter de « meilleur pote de Kurt Cobain ». Eh bien c’est simple : Earth n’est pas un groupe vendable. Il fait partie de ces défricheurs oubliés qu’on copie, puis qu’on réhabilite une fois la guerre terminée. Car Earth a inventé un style : le Drone (ou Drone/Doom pour éviter toute confusion). Courageusement repris par Boris en 1998 sur « Absolutego », puis décliné à l’envi par Sunn0))), le tout sans que Earth ne rencontre jamais le quart du succès des formations précitées. Pourtant, il les écrase. Le diptyque infernal « A Bureaucratic Desire For Revenge » a ceci de génial qu’il ouvre sur un gigantesque panorama dévoilant une armada de nains forgerons qui cognent en rythme sur leurs enclumes en une transe rituelle tandis que les guitares déploient leurs interminables ailes de plomb, élargissant la voûte du ciel qui n’en finit pas de flamboyer durant deux fois 7 minutes. Et le voyageur hébété, sans doute attiré en ces lieux ancestraux par la présence déjà sépulcrale d’un Kurt Cobain très fraîchement starifié, ne peut que contempler, du haut de la colline qui surplombe la scène, cet immense cérémonial primitif, engoncé entre des gerbes de magma en fusion et des fumerolles toxiques. Au milieu de la seconde partie la cérémonie prend tout son sens tandis que les nains se mettent à psalmodier, invoquant une sorte de créature ancestrale surgie de la terre, interrompant ainsi le martèlement . Lorsque ce chant incantatoire se termine, ce martèlement reprend, comme pour clore la cérémonie, dont l’écho résonne en un long larsen. Le titre « Ouroboros is Broken » n’est pas anodin : il signifie bien l’abolition des règles temporelles… Une sorte d’apocalypse lente étalée sur plus de 18 minutes d’agonie sursaturée. Car Ouroboros, dans une majorité des mythologies de l’antiquité, n’est autre que le serpent qui avale sa propre queue, une des plus vieilles allégories du temps inventée par l’humain. Et c’est justement là que Carlson a voulu nous emmener en inventant le Drone : une faille temporelle. Sous nos yeux ébahis, la cérémonie, qui n’était en fait qu’une préparation, débouche sur l’ouverture d’une brèche terrifiante : le morceau stoner/doom archi-lent perd sa colonne vertébrale rythmique, comme un crocodile qui muerai en serpent en direct sur 18 minutes, mais en laissant non pas sa peau mais son squelette derrière lui… Ne reste que l’essence du riff saturé, qui revient indéfiniment. Le crocodile, devenu serpent, se mort la queue, et forme une boucle infinie. Une chose est sure : si Cobain, avec Nirvana, représentait le versant le plus pop des fiers « sabbathiques » de Seattle (le grunge, tout ça…), en apparaissant sur le premier disque de son poto, il fait un sacré grand écart puisque voici là l’autre bout du prisme : le coté le plus expérimental et quintessenciel du riff sabbathien, et – allez osons – l’aboutissement vers lequel tendaient tous les groupes de

Seattle sans oser se l’avouer.

Note : 5/6

Page 40/132 JENKINS (Mark) : This Island Earth

Chronique réalisée par Phaedream

Mark Jenkins est un musicien Anglais fortement inspiré de l’univers de Mike Oldfield et de , des années 70. Fondateur de label Amp, il privilégie une musique qui s’inspire de l’univers électronique et progressive. À cet égard, il qualifie This Island Earth, son 14ième album, comme étant un mélange de Cluster et Tangerine Dream. Enregistré tant en Europe qu’aux Etats-Unis, This Island Earth est divisé en 3 étapes et se veut, pour son auteur, un survol des méthodes de compositions et d’enregistrements qui ont fait évoluer l’art électronique, depuis les premiers balbutiements analogues. Composé entièrement sur un Lat Top Apple/Cuba, New Jersey Shore ouvre sur une séquence hybride, nappée d’un synthé flottant aux atmosphères tièdes. Les séquences virevoltent doucement, formant une harmonie qui se mélodie sur un synthé plus souple. Le rythme s’anime et on peine à croire toutes les possibilités qui émanent d’un Lap Top. Fort mélodieux, avec un synthé flûté, le titre augmente en intensité, avant de frapper une vague plus atmosphérique sur Metuchen. Quoique le mouvement s’anime, il est plongé dans une ambiance spectrale légère, toujours arrimé à des séquences nerveuses, saccadées mais attirées par un sens d’uniformité. Le ton est léger, les effets sonores sont bien arqués et le rythme constant, tout comme la finale de cette 1ère partie qui se veut plus agressive et progressive. Mark Jenkins ne casse rien, mais je ne crois pas que cela soit son idée. Il veut plutôt démontrer les capacités d’une musique en constante évolution qui sert autant la pop moderne que la techno tel qu’on l’a connaît. À cet égard, New Jersey Shore est une belle réussite. This Island Earth sonne autant sci-fi que son titre. Un mélange d’équipement analogue et digital, Jenkins œuvre dans les sphères d’une techno intelligente aux sonorités très actuelles. L’ambiance est survoltée sur des synthés très symphoniques et des percussions débridées. Les riffs de guitares mangent un rythme qui croise le funk et groovy, dans une ambiance de fête électronique. Plus spatial, sans pour autant perdre d’intensité, Exeter's Challenge & Building The Interocitor se moule sur un superbe séquenceur, nuancé d’une guitare vaporeuse et de solos de synthé torsadés. Le titre plonge dans une stratosphère plus cosmique vers la mi temps, pour s’imbiber des élans retenus d’un monde sans gravité. Riche et onctueuse, les nappes flottantes inspirent un monde futuriste qui plane dans un univers multicolore comme à la belle époque des années 70. Psychédéliques et enivrant, Jenkins atteint son but en offrant un voyage sci-fi aux arrangements orchestraux fiévreux, Crash Landing Earth, démontrant les immenses possibilités de la MÉ, dans un contexte très harmonieux. La dernière partie est plus conventionnelle, étant enregistré au Festival Hollandais d’Alfa Century en 2002. Très analogue, l’intro est flottante et se mouve sur des mellotrons orchestraux et une percussion à la marche autoritaire. Fuyant les facilités des progressions planantes, Jenkins saute au rythme progressif instantanément avec The Swords Of Truth qui cadence sur un bon séquenceur modulaire et un synthé symphonique. L’atmosphère est tamisée de boucles musicales intemporelles qui modulent la progression du tempo vers une marche plus étroite, et plus concise. Un superbe morceau qui progresse continuellement, sans plafonner, pour offrir une créativité constante sur de belles séquences rythmées et un synthé aux solos agiles.

Page 41/132 Vous trouverez sur le net des critiques peu flatteuses sur ce dernier opus de Mark Jenkins, et je suis tout en fait en désaccord avec ces dernières. Bien au contraire, le synthésiste Anglais a admirablement réussi son analyse de l’évolution des composantes électroniques, tout en livrant un opus fort coloré qui gravite autour de ces

évolutions. Moi j’ai trouvé ça très bon, mais faut dire que c’est en plein le style que j’affectionne.

Note : 5/6

Page 42/132 IRM : Untitled (Red Album)

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Premier album pour IRM et pas sur n’importe quel label ! Une entrée fracassante avec cette pochette écarlate qui annonce clairement la couleur (huhu). Le duo frappe très fort avec toutefois quelques influences visibles ; entre le grain dégueulasse de Suicide et les pilonnages de Haus Arafna (‘Soulcleaner’), une voix hurlée de très grande qualité et un décor apocalyptique, machinal et sanguinolent (‘Powerdrill’, ‘Katharsis’). On est à mi-chemin entre une haine viscérale, un désir d’exhortation et une certaine idée du renouveau, de la ‘renaissance’ à la Otto Muehl ou Hermann Nitsch. Et des têtes, mes amis, ça en dévisse. La recette est connue : drones sismiques, boucles suintantes et saturées, rythmiques hachées à la, et hurlements dévoyés et ultra-réverbérés qui donne un aspect épique à cette fresque industrielle et qui fera vite une des marques de fabrique du duo. Du très gros power electronics donc, où les titres s’enchaînent sans se ressembler, pachydermiques et crasseux, dans un format on ne peut plus approprié. Ils prouveront par la suite qu’ils maîtrisent aussi bien les formats plus longs, s’adaptant ainsi à leur propre énergie démentielle. Que vous ayez envie d’économiser sur vos travaux de rénovation du plancher ou simplement pour donner des envies de suicide à vos voisins, ce terrible objet est pour vous.

Note : 5/6

Page 43/132 PLAY DEAD : Company of justice

Chronique réalisée par Twilight

'Company of justice' représente le zénith de la carrière de Play Dead qui splittera hélas peu après. Fidèle à un son pêchu et flamboyant, le groupe n'a eu de cesse de l'affiner pour le délivrer ici dans sa version la plus pure. Moins torturé dans ses sonorités de guitare, il y gagne une touche de mélancolie écorchée qui se couple à merveille avec une rythmique qui n'a pas renié sa fougue et ses inspirations tribales. Je songe parfois aux Chameleons pour l'aspect flamboyant et passionné mais en plus sombre dans le feeling général; ce sont parfois des échos de The Danse Society qui s'élèvent comme sur le beau 'Chains' mais avec des guitares un brin plus incisives. Avant tout, Play Dead reste lui-même, les ajouts de clavier et le timbre moins rageur de Rob ne sonnent pas comme une trahison mais comme une évolution qui renforce encore le potentiel de mélodies réellement superbes et puissantes. Il suffit d'écouter 'Celebration', 'This side of heaven', 'Witnesses', 'Sacrosanct' (méconnaissable par rapport à la version sur 'Resurrection') ou 'Last degree' (ces riffs, cette basse, raaah...) pour se laisser gagner par la passion noire qui hante cette musique. Faut-il regretter le split du groupe ? Pouvait-il mieux faire encore ? Pas évident de répondre; reste ce pur joyau de musique gothique en guise de testament.

Note : 6/6

Page 44/132 IRM : Four Studies for Crucifixion

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Les obsessions de Martin Bladh vont définitivement de pair avec les peintures de Francis Bacon. Ces chairs sanguinolentes, ces oratoires pervertis que l’on pourrait aussi associer aux ‘Orgien-Mysterien Theater’ d’Hermann Nitsch trouvent une bande-son on ne peut plus appropriée ; folle et cathartique à travers ces quatre variations sur le même thème (donné à travers les paroles, toujours noyées dans un mysticisme troublant, ici faisant office de pochette) . Les sonorités sont proches du ‘Red album’, grinçantes et viscérales, lourdes, saupoudrées de clochettes évanescentes, comme des glaçons plongeant dans de la lave en fusion. Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent ; un excellent ajout aux deux premiers albums, sans leur être forcément indispensable.

Note : 4/6

Page 45/132 IRM / SKIN AREA : (split)

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Martin Bladh n’est pas monogame ; et ce très bon split est là pour nous présenter à la fois ses deux partenaires et ses deux rejetons. D’abord un IRM plus lent et pesant que d’habitude, préfigurant les éprouvants passages drone-ambient du double album ‘Virgin Mind’ puis Skin Area qui n’avait alors pas convaincu avec ‘New Skin’ et qui nous revient ici avec un très surprenant ‘Red eruption/red discharge’ en deux parties : d’abord noise turbulente puis virant à une session d’improvisation type jazz chaotique qui part dans tous les sens ; comme si le raccord entre les deux univers se ferait au moyen des myriades de variations soniques, follement enthousiasmées à l’idée de nous faire bouillir le cerveau. Un split intéressant, précurseur des sonorités à suivre pour les deux facettes de Bladh ; l’une cherchant l’efficacité, l’autre cherchant à repousser ses limites.

Note : 4/6

Page 46/132 SKIN AREA : Muzak EP

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Ce maxi aux titres alléchants est surtout là pour nous faire saliver en attendant l’extraordinaire ‘Journal Noir/Lithium Path’. Toujours entre deux eaux (noise ambient et expérimentations diverses), Skin Area précise tout de même ses sonorités et ses structures, notamment à travers ‘Muzak From Your Local Crematory’ où les grincements bruitistes se déposent sur des cordes microtonales. Pourtant, on continue à s’ennuyer un peu (‘Muzak For Your Local Gaschamber’ n’est qu’un long drone en progression lente), le son n’ayant que peu évolué depuis ‘New Skin’. Impossible de déceler le coup de génie de l’album suivant ici. Bernadette Soubiroux doit sûrement être mieux renseignée que moi…

Note : 3/6

Page 47/132 BONE (Richard) : Infinite Plastic Creation

Chronique réalisée par Phaedream

Il arrive dans la vie, où nous avons besoin de douceur, de tendresse. Et c’est à ces instants que l’on remarque le vrai du faux. Sans être une MÉ totalement pure, style Berlin School ou progressive, Infinite Plastic Creation est un album intensément intelligent et immensément poétique. Et pourtant, j’avais le sourire narquois en lisant la fiche descriptive de ce dernier opus de Richard Bone; il y aura des pièces de musique qui hanteront l’auditeur. Combien vrai est cette citation. Délivrant ses émotions retenus sur Serene Life of Microbes, Richard Bone offre 11 titres, tous aussi savoureux les uns des autres, avec une dévotion libératrice. Comme si l’auteur tirait un trait sur un passage douloureux. Ryder Adrift fait parti des titres où l’ambiant toise l’émotion à fleur de peau. Brume légère vaporeuse avec de fines notes qui flottent sur des modulations sombres, teintées d’éclats sonores plus limpides. De tels mouvements, bourrés d’une émotion éclatée se retrouve aussi sur le très beau Imperial Glide, un titre d’une dense mélancolie, Kharmacom avec ses envoûtantes modulations synthétisées qui se détachent en boucles hypnotiques et la pièce de fermeture Indiga, Once Again où les sombres intonations s’entrelacent à un piano rêveur et un synthé aux souffles blessés. Richard Bone explore intelligemment les beautés d’un monde tribal aux harmonies enchanteresses. Comme Toward Amitaf, Elastic Sahara et Father of Pearl où les flûtes tribales éveillent une nature aux aguets. Les rythmes deviennent plus aérés avec de fines percussions séquencées, style tablas, et de lointains pipeaux qui s’harmonisent sur des rythmes claniques sur de beaux arrangements orchestraux moulants. Where Stars Await you est d’une sensibilité crevante. Le tempo est doux, sur un synthé au souffle lunaire qui parcourt une route étoilée d’harmonies vaporeuses aux douces réverbérations. Un titre pour dormir, rêver et même pleurer. (You Are) Essence of Diamond est une perle qui accroche instantanément avec son beat à la soft techno et son piano qui s’y love avec un acharnement mélodieux. Un synthé langoureux survole le mouvement, installant ses souffles violonés d’une langoureusité amante, comme les caresses d’une bien aimée. Un titre aux arrangements d’une subtilité monstre où les chœurs lancinants se mêlent à des orchestrations bétonnées. Après un Momentary Flux très ambiant, The Last Soul of Sophia Sinn renoue avec cette lourdeur spécifique qui surplombe Infinite Plastic Creation. Le tempo est mou, mais invitant avec une touche incoercible qui attire les sens, sur des notes aérées qui se perdent dans un synthé moulant. Richard Bone soumet une oeuvre des plus personnelle, qui transcende les territoires d’une MÉ conventionnelle pour embrasser les douces nuances d’un New Age sur des rythmes tribaux d’une tribu d’esseulés. À la croisé d’un très sombre et d’un poétique, Infinite Plastic Creation est un opus qui s’entend avec toute l’émotion d’un passage tourmenté et qui, effectivement, vous hantera pour quelques heures.

Note : 5/6

Page 48/132 UNTOTEN : Die Blutgräfin

Chronique réalisée par Twilight

La panne d'inspiration ne semble pas faire partie du vocabulaire Untoten; à peine terminée la trilogie 'Grabsteinland' que le duo nous livre un double album consacré à la vie de la Comtesse Bathory. Le thème est on ne peut plus cliché mais de la part d'un groupe qui n'a eu de cesse de s'intéresser au vampirisme, il ne surprend pas. Encouragés sans doute par les influences cabaret développées sur les trois derniers travaux, les Untoten ont souhaité renforcer encore cet aspect en traitant le sujet comme une opérette. 'Die Blutgräfin' fait donc la part belle aux atmosphères, aux sonorités néoclassiques, aux parties de guitare sèche, de piano ('Unheimlich')...le climat général est moins éléctrique, plus doux, plus poétique, même si quelques chansons rythmées trouvent leur place ('Blutmond', le bon 'Die Jagd', le final 'Die Stat des Bösen') et David A. Line prête sa voix en intervenant masculin de temps à autre (notamment sur le très gothic rock 'Koste das Blut'). Fin du premier cd; le second débute par le mélodramatique instrumental 'Lustgarten' suivi d'un 'Ficzko' lui aussi orienté gothic rock avec guitares éléctriques, ambiances inquiétantes...Le ton s'orienterait-il donc vers quelque chose de moins cabaret sur cette seconde partie ? 'Die Grube und das Pendel' de par sa touche dark wave rythmée le laisserait supposer mais 'Die Zeit steht still', ballade au piano tendrait à prouver le contraire. En réalité, le second cd est effectivement plus rythmé dans la plupart des morceaux, même si de temps à autre, quelques interludes instrumentaux et pièces plus calmes s'en mêlent. Le ton est plus sombre, le groupe mise moins sur son côté opérette, ce qui n'est pas un mal car si la recette prend, certains passages sonnent un peu cheap (Blutrot, die Liebe'). Même si j'aime beaucoup Untoten, je ne puis m'empêcher de songer qu'ils ont vu un peu trop grand. Un double cd, c'est long, surtout que plusieurs instrumentaux courts, même s'ils sont très corrects, semblent destinés à une fonction de remplissage. L'orientation cabaret peut être très efficace ('Die Grüft') mais la plupart des morceaux crédibles restent selon moi ceux qui sont les plus rythmés (le final 'Staat des Bösen' et ses bons riffs corroborerait mes dires). Le duo a failli louper son coup à vouloir trop en faire et les différences de climat tout au long de ce travail peuvent se révéler déstabilisantes. 'Die Blutgräfin' reste un opus très correct mais j'espère que pour le prochain consacré aux nonnes de Loudun, nos Allemands se dissiperont moins.

Note : 4/6

Page 49/132 UNTOTEN : Best of

Chronique réalisée par Twilight

Après dix albums (presque un par année), il devenait logique pour les Allemands de Untoten de sortir leur best of et c'est chose faite désormais. Voici dix-sept morceaux, dont deux inédits. Si chaque disque est représenté, force est de constater que l'accent a tout de même été porté sur les derniers travaux, soit la triologie 'Grabsteinland' et 'Blutgräfin'. D'ailleurs, il me semble dommage que l'un de leurs chefs-d'oeuvre, 'Schwarze Messe', ne soit représenté que par un interlude instrumental ('Freundlose Gasse') alors qu'on aurait pu attendre 'Church of Littleton' ou 'Zeraphine'; pareil pour 'Kiss of death', où est 'Lord of the flies' ? Et je ne parle pas de 'Blood countess' pour 'Vampire book'. Heureusement, quelques incontrournables sont bien là comme 'Gothic years', 'Sperm fingers' ou 'Alexanderplatz'. Je ne puis qu'être surpris néanmoins par la sélection qui certes cherche à présenter une cohérence d'atmosphère mais fait l'impasse sur pas mal de chansons majeures, surtout qu'Untoten a mélangé tant de styles, du punk au cabaret en passant par l'éléctro, la new wave, le gothic rock ou la pop...Et les inédits ? 'Morbid lover' est un titre de l'époque 'Vampire book' vaguement orienté Siouxsie et donc fort agréable. 'Angel' présente beaucoup d'intérêt car il s'agit d'une composition de Red 33, le tout premier groupe de Greta et David ! Musicalement, c'est très rigolo, comme une version trash des Cardigans, avec arrangements rock et petits orgues; assez pauvre musicalement mais assez marrant comme pièce d'archive. Dix albums et un duo qui ne semble pas prêt d'arrêter...

Note : 4/6

Page 50/132 THE ADICTS : Rollercoaster

Chronique réalisée par Twilight

'Dis, papa, les groupes punks qui vieillissent vont-ils en enfer ?', 'Pas sûr, fiston, certains ont l'air de s'éclater toujours plus'...Les Adicts semblent bel et bien appartenir à cette catégorie si j'en juge par ce 'Rollercoaster' sorti en 2004 et plutôt surprenant quant à ses atmosphères. On y trouve certes du bon punk rock old school, rapide, éléctrique, plein de coeurs punky ('Let's have a party', 'Hello farewell goodbye')...Parfois, la tentative est moins fructueuse, ainsi 'Do it to me' qui sonne un peu trop comme sonneraient quelques formations peu recommandables contemporaines...On retrouve bien un peu de l'humour cher aux Adicts mais il a pris des rides ('Bad girl'). Signe des temps ? La chanson douce-amère 'Youth' ('I never wanted to conform, I never wanted a uniform...Youth, I wish I was forever young...'). Le joker Adicts n'a pourtant pas abattu toutes ses cartes, il surprend encore par une sorte de samba ('Cheese tomato man'), un 'Men in black' mêlant racines punky, bruits éléctroniques et vocaux transformés version indus, du rock'n'roll qui tache (passablement raté d'ailleurs) pour 'Something you need' ou un 'Daydreamers night' curieusement mélancolique qui pourrait évoquer le spectre des Damned période 'Black album'. Alors qu'en penser ? On est loin de l'époque glorieuse malgré les guitares flamboyantes de 'Rollercoaster', la pêche de 'Let's have a party'...Les années passent et une forme d'amertume se fait sentir. D'un autre côté, les Adicts sont toujours ensemble vingt ans après, tournant avec le même line-up (enrichi d'un violoniste), vêtus encore et toujours en droogs et mené par Monkey qui n'a jamais laissé tombé son masque de joker; ils semblent s'éclater toujours autant et c'est déjà pas si mal...Voilà le charme de ce disque, cette touche 'bittersweet' entre déconnade et sens du temps qui passe mais inutile de cacher que ce charme ne fait pas le poids face aux travaux plus anciens...

Note : 3/6

Page 51/132 FLESH FOR LULU : Roman candle

Chronique réalisée par Twilight

Je sais pourquoi les Flesh for Lulu n'ont jamais pondu de hit véritablement marquant, Mick Marsh a un type de chant et d'écriture trop rock'n'roll pour ça; le feeling est là, l'éléctricité aussi, manque juste la mélodie qui tue...Seulement voilà, le rock est une musique taillée pour la scène et quand le groupe y pointe son nez, on comprend tout soudain leur place entre deux mondes. Flesh for Lulu sort du milieu batcave, c'est évident, et pas seulement à cause du look, ce live enregistré au Camden Palace Theatre de Londres en témoigne. Mille et un détails dans les sonorités, le timbre de la voix, l'attitude, et l'atmosphère générale en témoignent. D'un autre côté, les influences rock'n'roll sont omniprésentes, celà se sent dans certains riffs bien tranchants, qui en live dévoilent toute leur efficacité. Le son est bon, le groupe semble heureux de jouer et ne le cache pas, ce qui débouche sur quelques bons moments: 'Roman candle' et son riff, la version plus sombre de 'Death shall come', 'Cat burglar', 'I may have said you're beautiful but you know I'm just a liar' et surtout le final sous forme de reprise de 'I feel alright' des Stooges où Nick finit pantalon baissé en se jetant dans le public...Bref, sans être le concert du siècle, ce DVD permet de passer de fort bons moments tout en révélant le meilleur d'un groupe qu'on a décidément du mal à ne pas trouver sympathique...4,5/6

Note : 4/6

Page 52/132 THE MARIONETTES : Ave Dementia

Chronique réalisée par Twilight

The Marionettes (ex-Screaming Marionettes; les collectionneurs possèdent sans doute le maxi 'Like Christabel' sorti sous ce nom...) livrent avec ce premier opus un de ces albums qui font honneur au goth anglais du début des 90's. Evitant soigneusement le plagiat 'Sistersien' pourtant très en vogue, nos lascars s'inspirent de Play Dead, The Mission et New Model Army, ralentissent les tempi, alourdissent les guitares et optent pour des vocaux oscillant entre Peter Steel (Type O Negative) pour les parties graves et Justin Sullivan pour les claires. Quelques touches ésotériques (les cloches de 'Damien', les paroles en latin et les choeurs de 'Ave Dementia') s'en viennent corser le tout et les mélodies font le reste. En effet, si par la suite The Marionettes peineront à retrouver cette magie, force est de constater qu'elle fonctionne pleinement ici. Sean chante bien et son timbre grave développe une touche sensuelle qui lui permet de conférer une dimension émotionelle prenante, renforcée par des choeurs efficaces. Les temps forts de ce disque ? Les excellents 'Like Christabel', 'Ave Dementia' et 'Damien' mais également 'Play Dead', plus tranquille mais poignant. Oui,'Ave Dementia', c'est du rock gothique, du vrai, capable de dégager des émotions, celui qui a su digérer le post punk de Play Dead et la froideur des Sisters et qui cherche à se tailler une place au coeur des 90's (hélas, l'avenir lui donnera tort, en Angleterre du moins). Un album qui à défaut d'être un classique demeure un achat indispensable pour les amateurs du genre.

Note : 5/6

Page 53/132 THE NUNS : The Nuns

Chronique réalisée par Twilight

The Nuns se formèrent vers 1976 à San Francisco devenant ainsi l'une des premières formations punk de Californie; ils ouvriront d'ailleurs pour les Sex Pistols lors de leur tournée américaine. Jusque là, rien d'extraordinaire, combien de groupes se montèrent-ils de cette manière à la fin des 70's ? Certes, mais quand on écoute ce premier album, on réalise que The Nuns n'est pas juste un combo punk comme les autres. On pourrait le décrire comme une entité bicéphale; le chant est en effet assuré en alternance par une charmante demoiselle du nom de Jennifer Miro et deux mâles...Là non plus, rien de particulier, ils ne sont pas les premiers à l'avoir fait. Disons alors que les atmosphères changent totalement selon la personne derrière le micro. Lorsque Richie ou Jeff se chargent du chant, l'atmosphère est très punk rock mais un punk rock original et sombre, enrichi d'un piano à la Jerry Lee Lewis; on note même un titre plus baroque (avec son de clavecin) et férocement baigné d'humour noir, 'Suicide child'. Bien que la comparaison ne soit pas forcément pertinente, je songe aux Stranglers du début (pour l'esprit icônoclaste du moins) avec des influences Stooges en plus. Les morceaux interprétés par Jennifer évoluent dans des climats différents, on passe ainsi du rock gothic vaguement influencé Blondie de 'Savage' ou de l'excellent 'Wild' (une perle !) au rock 50's baroque de 'You think you're the best', sans parler de 'Lazy', véritable pièce de cabaret allemand. Les mélodies sont fantastiques, les atmosphères prenantes et rythmées. Le plus drôle est que le groupe avait splitté à cette époque et qu'il se reformera juste pour enregistrer ce disque sur l'insistance de deux membres et du producteur...Ouf, il aurait été regrettable que cette galette ne voit pas le jour !

Note : 5/6

Page 54/132 GARDEN OF DELIGHT : Enki's temple

Chronique réalisée par Twilight

'Enki's temple' débute ce que les Allemands de Garden of Delight ( hé, vous avez vu ? Ca donne G.O.D.) voulaient comme une oeuvre mystique basée sur le thème des religions et des anciennes légendes: sept albums de sept titres enregistrés en sept ans puis le split. A l'écoute de ce premier essai, la première constatation qui s'impose est que c'est très très influencé par les Sisters of Mercy: boîte à rythmes sèche, vocaux caverneux, basse sous-terraine...le kit du parfait petit Sistersien est ici utilisé. Où le groupe affirme quelque peu sa différence, c'est en jouant davantage sur les atmosphères que sur le rythme et la mélodie. La guitare est d'ailleurs pratiquement absente, l'édifice reposant principalement sur la basse et le jeu de clavier (exception faite de pièce comme 'The watchtower' qui se veut inspiré du '1969' des Stooges !)...Il faut dire qu'à cette époque, Garden of delight n'est encore qu'un duo. C'est justement là le problème, face à son concept ambitieux, il dispose de moyens assez limités, la production est faible, le personnel restreint. Si au niveau des ambiances, c'est une réussite de par son climat général plutôt noir, sous-terrain, dépouillé, et dépourvu de lumière, de par certaines mélodies pas désagréables ('Behind the false god', 'Inanna' ou 'Summerian Haze'), ça reste mou et plutôt linéaire. Heureusement la durée limitée du disque permet de profiter pleinement des qualités sans trop souffrir des défauts (mais on s'ennuie un brin quand même); il n'en demeure pas moins que

'Enki's temple' est un essai laborieux, truffé de défauts de jeunesse et pas forcément très original.

Note : 3/6

Page 55/132 DEEP PURPLE : Made in Japan

Chronique réalisée par Chris

N'y allons pas par quatre chemins, ce live capturé à Osaka et Tokyo sur trois soirées consécutives durant le mois d'août 1972 représente à mon sens la quintessence de Deep Purple. On y trouve en concentré tout ce qui fait la force du groupe. Tout d'abord une set-list de folie avec regorgeant de compositions légendaires telles que "Highway star", "Child in time", "Strange kind of woman", "Smoke on the water" pour n'en citer que quelques unes. Ensuite une envie de jouer incroyable : le groupe composé du même line up que sur l'album précédent "Machine Head" fait à nouveau preuve de tout son savoir faire mélodique et nous arrose de giclées de guitares et de claviers toutes plus juteuses les une que les autres, érigeant Blackmore et Lord en rois tout puissants... Miam... Une véritable orgie de riffs top savoureux... slurp... Un vrai régal ! D'autant que Deep Purple prend un malin plaisir à dynamiter les morceaux studio allant par exemple jusqu'à porter "Space truckin' à presque vingt minutes ! Les titres du groupe sont transfigurés et en deviennent pour la plupart carrément épiques ! C'est une sorte de sauvagerie jouissive qui s'abat sur nous, à l'instar de l'intro de "Highway star", préfigurant ainsi de l'avenir du rock et du heavy metal britannique. Iron Maiden n'est finalement pas si loin... Le live est de plus servi par une excellente production, avec un son énorme qui détache parfaitement chaque instrument. "Made in Japan" a déjà 35 ans, mais je puis vous assurer qu'il ne sent à aucun moment le renfermé ou la vieille raie ! On pourrait parler pendant des heures du fait que Deep Purple est un groupe probablement surestimé, on pourrait en dire des tonnes sur les éructations et autres vagissements de Ian Gillian, bref on pourrait bref on disserter sur le cas "Made in Japan" toute la nuit. Pour ma part je ne vous dirais qu'une seule chose : achetez ce disque, c'est du nectar !

Note : 6/6

Page 56/132 GARDEN OF DELIGHT : Epitaph

Chronique réalisée par Twilight

Bien qu'un projet personnel à la base, The Garden of Delight commence à s'affirmer peu à peu comme un groupe puisque pour ce second essai, Arthaud Seth s'est associé à un nouveau membre qui se révélera un pilier fidèle au cours des années, Th.O'Connell. On remarque aussi une production bien meilleure et un enrichissement des textures musicales. Si la boîte à rythmes et la basse restent des composantes essentielles, le clavier partage son temps avec la guitare qui voit son rôle s'accroître de manière plus significative. Ce n'est certes pas ça qui va personnaliser le son du duo puisque les influences Sisters of Mercy sont plus que jamais présentes mais reconnaissons que, à défaut d'originalité, Garden of Delight fait montre d'une certaine efficacité dans les mélodies; les quatre premiers morceaux sont vraiment bons, particulièrement 'Insight' qui mêle adroitement rythme sec, basse lourde, guitares lointaines et quelques bruits inquiétants et 'The white goddess' plus mélancolique dans ses sonorités de par une approche plus dépouillée. La version de 'Shallow ground' est efficace par rapport à celle présentée sur le premier volume des samplers Dion Fortune, quant à 'Christendom', elle tient la route malgré une touche que je trouve plus légère pour ma part. Le premier point noir vient de 'The epic of the Sumer of Ziusudra', long morceaux de remplissage bien peu varié entièrement au clavier avec juste des voix noyées d'écho en arrière-fond. Le problème est qu'il est suivi d'un instrumental au piano, 'Epitaph', fort correct mais ce manque de rythme casse pas mal l'atmosphère sans séduire vraiment. Il faudra l'ultime pièce (malgré une intro trop longue) et sa touche torturée pour permettre à la sauce de reprendre quelque peu mais la musique manquant néanmoins de pêche, difficile de ne pas s'ennuyer un peu. C'était plutôt bien parti mais cet agencement maladroit gâche quelque peu le plaisir et si c'est avec bonheur que l'on goûte à ces climats secs et noirs, je ne puis m'empêcher de ressentir une forme de mollesse vers la fin du disque...Allez ! On se secoue, nom d'un chien !

Note : 4/6

Page 57/132 BARDINI (Gregorio) : Sentinelle del Mattino

Chronique réalisée par Wotzenknecht

L’ennui avec les CDs promos, c’est que notre façon de les appréhender musicalement se trouve bien souvent biaisée par leur simple nature. On les regarde du coin de l’œil sans trop savoir à quoi s’attendre ; on le met une fois, deux fois dans la platine sans trop comprendre, et on le repose… on l’écoute en se disant « qu’est-ce que je vais pouvoir dire dessus ? » sans pouvoir rentrer dedans. Comment faire alors pour modifier notre perception ? L’écouter bourré, crevé, dans le noir, tout à la fois, mais dans un état qui ne nous permet plus de penser à autre chose, pardi ! Ce sympathique objet présenté comme une lettre format A5 traînait là depuis un moment, et attendait quelques nuits de torpeur pour se révéler. S’ouvrant comme un « Rossz… » de Venetian Snares, puis libérant moultes charmes nostalgiques et tendres à travers de nombreux instruments plus ou moins habituels, ‘Sentinelle del Mattino’ se révèle riche en couleurs et variations où seule une flûte et un aspect ambient mélancolique donnent un fil directeur. De là viennent se greffer énormément de choses (piano, saxophones, pulsations électroniques, samples de vieilles radios, voix multiples…) telles d’infinies saveurs autour d’un même thème, qui pourrait être une ballade dans une Italie ou une Allemagne uchronique ; ou encore un récit imaginaire dans ces paysages sans contextes, présentés sous forme de photographies noir et blanc dans le packaging. Mention particulière au très beau ‘La bottega dell’orifice’ qui voit un hurlement de saxophone accrocher une énergie singulière à une partition de piano. Une bien surprenante journée orchestrée par le touche-à-tout Gregorio Bardini, que l’on pourrait vaguement rapprocher du ‘Lupus in Fabula’ de

Sanctum, tout aussi surprenant et dépaysant.

Note : 5/6

Page 58/132 SOKO FRIEDHOF : Blutrünstiges Mädchen

Chronique réalisée par Twilight

Je suis fan d'Untoten, nettement moins du side-project de David A.Line, Soko Friedhof. J'ai toujours souhaité le voir décoller mais aucun des trois premiers opus ne dépassait le stade de l'album correct; motif: plein d'idées mais beaucoup de remplissage et de déchets. J'avoue qu'il m'a fallu un minimum d'écoutes pour vous parler de celui-ci, simplement parce que j'ai dû prendre sur moi de franchir le morceau éponyme, horrible mélange de techno pouet pouet et de voix féminines enfantines...une horreur ! Heureusement, ça s'améliore dès la seconde pièce, un morceau de dark electro chanté en duo par David A.Line et Greta Csatlos (sa partenaire dans Untoten), et 'Ave Satan Dominus' confirme cette impression positive. Quand Soko Friedhof laisse tomber son aspect horror techno facile noyée de samples, de bonnes chansons sont au rendez-vous. Les sons sont certes modernes mais le feeling est bon, le rythme légèrement langoureux, et pour ma part, j'aime le timbre grave de David; bref, parfait pour les dancefloors. 'Die Zeremonie' incarne le côté que j'apprécie le moins, un beat technoide, un collage de samples, quelques sons...je sature vite et ce n'est pas 'Burn in hell' qui me fera changer d'avis, à nouveau une bouillie sonore, répétitive et ennuyeuse, mixée à la diable...pfff. Beaucoup plus sombre, 'Welcome darkness now' renoue avec l'aspect dark wave efficace dont est capable Soko Friedhof; je reprocherais pourtant le côté facile de la composition qui oeuvre par superposition de sons d'où un aspect saturé et brouillon d'où émerge le chant. 'Töte sie' change totalement d'atmosphère en louchant du côté de l'EBM mais personnellement, je trouve ça réussi et la voix modifiée sied bien au climat du morceau, c'est pourtant faiblard par rapport à 'Drache132lut' qui explose totalement dans le même registre; pas original mais jouissif de par sa pêche communicative et dansante. Cette note positive est vite dissipée par 'Tödlich beledigt' qui renoue avec l'aspect technoide. Et le final ? Encore une sorte d'EBM bien banal mais passable...Bon, une fois de plus, le constat est le même: des bonnes idées, quelques titres réussis mais pour le reste ça reste un beau merdier. Vu la vitesse à laquelle David compose pour Untoten, rien de surprenant à ce que Soko Friedhof fasse figure de parent pauvre à côté...J'ai beau savoir que ce projet se veut récréatif, je trouve ça moyen. 3,5/6

Note : 3/6

Page 59/132 BIG JOHN BATES : Take your medicine

Chronique réalisée par Twilight

Aaaah Big John Bates...Tout un personnage ! Et sa musique...ouaw ! La rencontre des Cramps et de Little Richard ? Un psychobilly bluesy parfumé d'effluves gothiques ? C'est en tous les cas un cocktail explosif et détonnant à base de contrebasse psychobilly, de guitares tantôt garage tantôt neo-rockabilly et de climats qui glissent volontiers du blues sulfureux et mélancolique de 'Train wreck' au psycho garage allumé et totalement disjoncté de 'Aren't you pretty ?' sans oublier les influences rockab' de 'Alison hell'. Tout ça ne suffirait pas sans l'extraordinaire charisme de l'intéressé, capable de développer toute la palette d'émotions que l'on peut attendre dans ce genre de musique: sensuel, fou, malsain, séducteur, dandy...Big John Bates est tout celà à la fois. L'homme est respecté dans sa ville de Vancouvers et l'on comprend pourquoi; qui plus est, il s'est bien entouré d'une contrebassiste qui fait des merveilles en slappant son instrument et d'un batteur-percussioniste rompu aux ficelles du genre. Pas une seconde, on ne s'ennuie tant les atmosphères sont variées et la pêche communicative...'Poppa spoonful' et sa guitare crasseuse, la contrebasse de 'Aren't you pretty ?', les influences orientales de 'Salome's last dance', le côté garage de 'Goo goo muck'...autant d'ingrédiens qui font qu'on en redemande encore et encore. 'Take your medecine' est un pur joyau du style, un album classieux entre bourbon, tatouages, cabaret et bas résilles totalement addictif. En vérité, oui, John Bates est grand !

Note : 6/6

Page 60/132 MENCHE (Daniel) : Hope And Prey

Chronique réalisée par Wotzenknecht

‘What does blood sound like ?’ en une phrase tirée de son site, Daniel Menche résume au mieux sa musique. Mélange de drones évolutifs et de pulsations régulières, ‘Hope and prey’ vit au dépend d’un rythme d’abord calme puis de plus en plus élevé et irrégulier, sur lequel les nappes se saturent peu à peu. Le son de Daniel Menche est organique et terriblement vivant, il s’emporte, il déborde des enceintes et vient humidifier le plancher ; c’est un mouvement inexorable ; une course pour la vie et la survie. Venu ici illustrer un film artistique de l’inconnue Vanessa Renwick tournant autour de prédation dans la nature et chez l’homme que je n’ai pas eu l’occasion de voir, Menche expose au mieux son talent de sorcier du son, donnant âme et liberté à ses masses sonores grondantes. Un bon format pour les non-initiés, et à tout petit prix sur le site officiel de l’artiste…

Note : 4/6

Page 61/132 TARMVRED : Subfusc

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Que la techno soit une musique créée par les machines pour les humains, d’accord, mais quand c’est fait par les machines pour les machines, là, c’est moins courant. Pourtant, ‘Subfusc’, ça n’est rien de moins que cela, c’est le battement de toute l’industrie, c’est le rythme des robots d’usine, des bras mécaniques répétant à l’infini les mêmes gestes, c’est les pistons et vérins hydrauliques qui vont et viennent éternellement, c’est la pulsation des roues de locomotive sur les rails. ‘Subfusc’, c’est la techno huilée, vidangée, saturée, celle qui aurait du remplacer depuis longtemps les soupes aseptisées de trublions ‘people’ qui s’extasient et font bouger leurs fesses parfumées sur la dernière merde ‘électro-revival disco-prout’ qui réapparaît sous un nom différent chaque mois sans que personne ne semble le constater. Les énergies tribales qui trépignent dans nos corps depuis que nous sommes ‘animaux sociaux’ ont besoin de quelque chose de puissant, de démesuré, de fatiguant, d’exténuant : la trance-goa l’a bien compris, les projets comme This Morn’Omina aussi dans un registre plus accessible ; quoi de plus prévisible donc que de voir arriver des titres interminables uniquement construit autour de pulsations industrielles, empruntant autant à l’électro-indus qu’au breakcore et aux musiques bruitistes ? Cette forme était inévitable, elle est ici parfaitement distillée sur les titres qui s’enchaînent sans se ressembler, évoluant à l’infini sans jamais être répétitive, toujours ‘aérée’ (bien grand mot) par des intros et outros très pesantes. Voilà au moins quelque chose qui fera fuir les petites pétasses aux lunettes de mouche de la piste de danse qui sent déjà le plastique fondu ; et si vous voulez toujours vous trémousser, n’oubliez pas vos injections de silicium et vos rotules en titane. Pensez à ramasser vos dents quand vous aurez fini.

Note : 5/6

Page 62/132 BLACK ICE : Terrible birds

Chronique réalisée par Twilight

Sortis de la nuit comme des épines, des becs de corbeaux frappent, l'obscurité se tache, le sang ruisselle mais la rage est plus forte, il y a quelque chose de plus au bout du noir, c'est forcé, ça ne peut être autrement ! La musique de Black Ice est tendue à l'extrême car contrairement aux formations deathrock californiennes, le groupe n'utilise pas de guitares saturées et écorchées à l'extrême et puise plutôt dans une forme de noirceur éléctrique nerveuse directement héritée du punk rock. Le groupe ayant été fondé par deux ex-Phantom Limbs, on y retrouve parfois cette forme de pêche tourbillonnante ('Stiched up') qui malmène les nerfs, même si l'ensemble évoque plutôt un blues gothique urbain aux veines béantes, le chant de Miss Kel faisant le reste. Déséspéré et invocatoire, il évoque les moments les plus noirs de Siouxsie et parfois quelque chose proche de Scarlet's remains dans le timbre. Claustrophobe et hantée, la musique de Black Ice semble gratter l'obscurité dans une tentative ultime, parfois extrême ('My eyes hurt' et ses voix défigurées, 'The souse') pour fuir l'asphyxie qui guette. Les rythmes faussement retenus empêchent à la fois le coeur de s'emballer trop vite mais également de mourir, d'où cette tension extraordinaire et puissante qui nous promène sur le fil du rasoir tout au long de cet album qui constitue une véritable épreuve de force pour les nerfs, une expérience aussi intense que jouissive.

Note : 5/6

Page 63/132 SIEBEN : High Broad Field

Chronique réalisée par Twilight

Plus que jamais, ce sixième opus de Sieben puise ses racines dans la tradition celte et la poésie anglaise médiévale. Inspiré par le village de High Bradfield dans le Sud du Yorkshire, ce disque se construit comme une véritable pièce contant l'histoire d'un chevalier rappelé à la vie des siècles après sa mort. Matt lui-même tient les rôles du Chevalier, de la Colline, de Lucifer, du Marais et de la Terre, accompagné de Llyod James dans celui du Chat et de Neil McSweeney pour le Châtelain; à sa fille April il a confié les personnages de Dieu et de l'Agneau. Si la thématique n'est pas toujours très claire (le Chevalier va son chemin rencontrant divers personnages et les interrogeant sur le sens de sa quête), la musique évoque cette atmosphère de campagne anglaise baignée de rosée, ces collines vertes, légèrement brumeuses où se perdent quelques tombes ainsi que des restes d'un autre âge. La technique de composition est toujours la même: un rythme lancé en boucle, quelques pincements de corde et les mélodies de violon du génie Howden. Apaisante, légèrement mélancolique, introspective, l'atmosphère du disque charme les sens, ouvre l'esprit à la réflexion sur l'éternité, la spiritualité, les ponts entre les âges...On pourra reprocher à Matt ce schéma un peu trop connu maintenant mais force est de reconnaître que la magie opère encore. Qui plus, ce jeu vocal récitatif donne une intensité littéraire spéciale à ce travail avec des moments héroïques ('Love must wax cold'). A noter que l'édition limitée propose un DVD contenant le film 'High Broad Field' de João Paulo Simões qui se veut un compagnon visuel à l'oeuvre de Sieben. On y découvre des paysages magnifiques, des pierres anciennes, des sentier de forêt ainsi que la course de deux personnages nouveaux, la Nymphe et le Templier...Il serait sans doute temps que Matt songe à se renouveler musicalement mais pour l'heure, aucune raison de bouder ce beau disque, un brin trop long mais fort agréable. 4,5/6

Note : 4/6

Page 64/132 TAXI GIRL : Seppuku

Chronique réalisée par Twilight

Pour moi, Taxi Girl ce sont un peu les Stranglers français (ce n'est pas un hasard si ce second album est produit par Jean-Jacques Burnel et que Jet Black y joue quelques percussions), un groupe qui n'a l'air de rien et qui renferme pourtant beaucoup plus de soufre et d'auto-destruction que bien des formations punk. La critique les a souvent sous-estimés en raison de l'aspect pop de leur mélodies et leurs sons synthétiques les a vus estampillés formation new wave et c'est tout. Tout commence pourtant avec le titre et la pochette de l'album, 'Seppuku' soit le suicide rituel au Japon, viennent ensuite 'Vivianne Vog' qui se tranche les veines, le 'Musée Tong' et 'La Femme écarlate' baignés de l'ambiance des films d'horreur série B, 'Treizième section' et sa narration de meurtres sordides...Là est le talent unique de Taxi Girl, beaucoup de noirceur et une atmosphère malsaine faussement dissimulées sous des mélodies en apparence innocentes mais fortement marquées d'influences cold wave. Il faut dire que le groupe s'est trouvé le parfait chanteur en la personne de Daniel Darc, personnage auto-destructeur, sorte de Iggy Pop qui n'hésitera pas à se mutiler sur scène, plongera dans la drogue, ses bras de plus en plus couverts de tatouages...A noter également un remarquable travail du clavier dont les mélodies froides mais irréprochables (son jeu n'est pas sans évoquer celui des Stranglers) sont un atout majeur des premiers albums. Pourquoi avoir choisi celui-ci en premier ? Simplement car j'ai découvert

Taxi Girl par lui, nostalgie quand tu nous tiens...

Note : 5/6

Page 65/132 TAXI GIRL : Cherchez le garçon

Chronique réalisée par Twilight

Pour beaucoup, Taxi Girl est le groupe d'un seul tube, l'excellent 'Cherchez le garçon', avis que je ne partage pas ('Seppuku' est rempli de perles). Ce premier album s'il est loin de la froideur classieuse et presque morbide de son successeur a néanmoins tous les atouts d'un bon début; à commencer par le titre éponyme...Thème au clavier en béton, choeurs féminins bien dosés, rythmique sèche, mélodie efficace. Mais il est loin de résumer l'identité d'un groupe qui, à mon avis, se cherche encore entre des restes punk ('V2 sur mes souvenirs', le surperbe 'Les yeux des amants') et des tentations plus froides ('S.O.S, mannequin', 'Cherchez le garçon'), voie très vite adoptée avant eux en Angleterre par les Stranglers (qui noueront d'ailleurs avec eux des contacts). Seul le lounge jazzy final de 'Triste cocktail' me lasse un peu, pour le reste, rien à dire c'est du bon. Daniel Darc qui avouait ne pas savoir chanter se révèle plutôt doué, le jeu du clavier se détache nettement de par son efficacité et les atmosphères maussades démontrent clairement que Taxi Girl n'est pas une formation qui prête

à rire...tant mieux !

Note : 4/6

Page 66/132 SPYRA (Wolfram Der) : Invisible Fields

Chronique réalisée par Phaedream

C’est avec un plaisir absolu que je vais tenter de vous introduire dans l’éclectique monde musical de Spyra. Longtemps considéré comme un éventuel successeur de , Wolfram Der Spyra fait fi de toutes conventions pour offrir des œuvres très colorées où l’inattendue croise les géniales émanations de ce superbe musicien. Invisible Fields n’échappe pas à cette règle. Spyra livre un opus d’une étonnante mixture entre un MÉ rétro, analogue et d’un soft jazz futuriste à la Blade Runner, en passant par les longues ondes de transmissions synthétisées. Si il y a une faiblesse de Invisible Fields, c’est bien celle-ci. L’album est trop varié pour en apprécier la totalité sur une seule écoute. C’est plutôt un album que l’on écoute parcimonieusement et qui se délecte pièce par pièce, selon l’humeur du moment. Mais, il y a des titres qui se fondent à tous les décors, témoignage de l’immense talent de compositeur et d’arrangeur du synthésiste Allemand. C’est sous des airs d’un Kraftwerk lourd aux échantillonnages vocaux à la fois déraillés et très robotisés que débute Test Transmission. Un titre de ‘’dance floor’’ aux séquenceurs et à la basse lourdes sur un tempo ‘’hypnolunatique’’ aux sublimes fluidités synthétisées. Entropy Is Just a Seven Letter Word est une superbe pièce aux atmosphères très jazzé qui fond dans l’oreille. Le ton, les synthés, les percussions et la basse coulante sur un clavier sensuel sont prescriptifs à une mélancolie que l’on veut préserver. De la grande musique nous fait fondre sur le court, mais étonnamment séduisant, Three Players in an Artificial Landscape. Un titre acoustique où la flûte ensorcelle avec une étonnante lucidité. Suit XyloCity. Ce qui, selon moi, est l’actualisation de la Berlin School. Une Berlin School rafraîchie par une vision cosmique qui oscille entre un planant neutronique et des rythmes minimalismes légers qui progressent avec une férocité dosée. La 2ième partie est plus furieuse et trempe dans une ambiance de jazz très libertin où les percussions réveillent un synthé piano aux notes feutrées sur une basse vicieuse. Tranquillement, le tempo s’estompe pour filer un superbe adagio de glockenspiels xylophonés qui résonne mielleusement aux oreilles. Cette 1ière partie d’Invisble Fields est tout simplement génial et plaira tant aux amateurs de MÉ traditionnelle qu’aux amateurs de soft techno ou de musique d’ambiance. Bath, la pièce épique d’Invisible Fields nous plonge dans l’ambiant tétanisé au métal agrume. Acide et enveloppante, elle débute sur des fluides d’ondes Martenot mixées à des tonnerres synthétiques aux éclats virulents. Tranquillement, le mouvement se stabilise pour flotter avec une lenteur apaisante, avant de poursuivre son trajet aux travers les méandres sonores aussi intrigantes qu’indomptables. Un titre au paradoxe tant artistique qu’émotionnel. La douce Temporarily Not Available clôture sur une tendre note mélancolique, une superbe œuvre de MÉ contemporaine que l’on entend que trop rarement.

Note : 5/6

Page 67/132 TANGERINE DREAM : Canyon Dreams

Chronique réalisée par Phaedream

Canyon Dreams est le début de la période Seattle de Tangerine Dream. Une période de quatre ans qui nous présentera un TD plus rock et plus électrique. Par contre, cette trame sonore est d’approche plus relaxe, étant même nominé pour un Grammy dans la section du meilleur album ‘’New Age’’ en 1991. Film documentaire tourné vers les années 85 par la firme américaine Camera One, spécialisée dans les documentaires sur la nature et les environnements, Canyon Dreams a connu quelques rebondissements structurels avant d’aboutir dans cette version finale. La première mouture fut doublée par un enregistrement pirate qui incluait une meilleure sonorité, ainsi que la pièce Colorado Dawn composé par Jerome Froese, à partir de l’intégrale du Laser Disc qui suivait la première parution en VHS. Le DVD arrivant en 1999, la pièce Rocky Mountain Hawk, aussi écrite par J Froese, fut ajoutée. Rendant encore plus dispendieuse la collection des œuvres de TD. La première édition, celle de 1986, réunit le trio Franke, Froese et Haslinger. Et aux premières notes de Shadow Flyer, on sent parfaitement le style du trio qui nous a livré Underwater Twilight et Tyger. Imaginatif et visionnaire, une flûte à saveur tribale suit un clavier nerveux sur une séquence sautillante. Le rythme est soutenu, sur une vision de la nature sauvage et risquée du Grand Canyon qui est parfaitement équilibré, comme cette ouverture assez convaincante de Water's Gift. Sobre, la musique donne toute la prestance aux images avec des titres doux, planant et atmosphériques comme Canyon Voices et Sudden Revelation. A Matter Of Time est une belle pièce, avec possiblement les meilleures prises de vue, sur une musique dont la mélodie ressemble en bien des points à Song Of The Whale de Underwater Sunlight. Alors que Purple Nightfall clôture en douceur cette fresque télévisuelle. Les pièces supplémentaires me laissent pantois. Si leurs conceptions artistiques détonnent, notamment Colorado Dawn qui est une belle et captivante mélodie, elles ne rehaussent en rien l'approche musicale de Canyon Dreams. Quoique Rocky Mountain Hawk soit un long titre aux atmosphères vaporeuses qui laissent entendre les rugissements d’un Sasquash, sur une flûte planante. On peut présumer à un quelconque lien, sauf que la sonorité et l'effet de digital très implanté laisse un goût différent de ce que le trio Franke, Froese et Haslinger a conçu. Un dilemme pour collectionneur et une façon pour Miramar d’aller chercher des sous supplémentaires. Le vrai Canyon Dreams est la 1ière version. L’authentique qui est une création artistique en accord avec le besoin du documentaire. Les versions retravaillées de J.F. valent le coup si vous ne possédez pas encore le cd qui se monnaye à très bon prix sur Ebay… Une belle trame sonore qui ne mérite pas l’oubli.

Note : 4/6

Page 68/132 TANGERINE DREAM : Dead Solid Perfect

Chronique réalisée par Phaedream

Vingt-deux titres pour 36 minutes? Pensez-y! Y a-t’il place à l’originalité? À la recherche, l’élaboration musicale? Dead Solid Perfect est la preuve que même les grands peuvent prendre une débarque! Troisième collaboration avec le réalisateur Bobby Roth, le Dream avait écrit la musique de Heartbreakers et Tonight's The Night, en 1989, la musique reste égale aux visions du réalisateur. Écrite à cette même époque, Dead Solid Perfect est un peu à l’image de Three O'Clock High, du bruit sans émotions et sans âmes qui vivent. Donc, pas beaucoup de place aux grands projets et aux pièces complexes à rebondissements. Le résultat est un album vide, tant de sens que de créativité où le Dream semble s’ennuyer à mort sur des titres aux percussions animées, que ce soit style glockenspiel, bouteillé ou séquencé, mais loin d’être géniales. Un album épouvantable où les structures semblent similaires, avec une totale absence d’imagination. Il y a quelques moments où Edgar et compagnie tentent de toucher du synth pop (A Whore In One, My name is bad hair, Nice shots) mais c’est tellement ennuyant que c’en est ridicule. TD touche un peu de Nouvel Âge avec la pièce titre et US Open, mais c’est insipide et sans profondeur. Bref, un coup d’argent facile où l’effort n’y est pas. Visiblement, Edgar et sa bande lorgnaient plutôt les fruits pécuniaires pour grossir leurs studios, la raison même de ses nombreuses collaborations avec le 7ième art, selon Edgar. Bref, un album insipide et atroce de froideur. Peut-être le plus atroce du Dream, quoique….

Note : 1/6

Page 69/132 BOLA : Gnayse

Chronique réalisée par Wotzenknecht

A quoi pensent les ordinateurs et les machines lorsqu’ils ne sont plus utilisés et martyrisés par les humains ? Que ressentent les circuits imprimés des millions d’appareils électroniques esclaves d’utilisations abusives, de chocs, de travail intensif, lorsqu’ils sont en rechargement pour une prochaine utilisation ? Rien, évidemment, mais qu’ils pouvait ressentir quoi que ce soit, quelle émotion transparaîtrait ? La tristesse. Les larmes digitales fuseraient, les courts-circuits deviendraient torrent de désespoir. Et quand la nuit recouvre les innombrables machines laissées en veille dans les bureaux, on entendrait alors quelque chose de semblable à ce ‘Gnayse’ : un long sanglot précis comme une incision au laser, pur comme une image vectorielle, et poignant comme une messe des morts. Le génie de Bola a su, au fil des albums, travailler une alchimie de nappes, de rythmiques très complexes, empruntant à Autechre, Speedy J, Link et j’en passe pour en tirer le plus beau de l’electronica et finalement donner naissance à ce pur joyau, véritable carte blanche pour la libération des douleurs les plus lourdes de toutes les créations de l’homme. Celles-ci sont livrées à elles-mêmes, tel cet étrange fœtus qui orne la pochette, seul et abandonné, semblant déjà porter sur lui tous le poids du péché d’un rêve. Bola leur rend hommage, leur offre les plus beaux instruments virtuels, synthétiseurs, violons (Eluus), piano (le magnifique duo Pfane PT1/PT2), fait battre leur cœur sur de discrètes rythmiques, les accompagne jusqu’à leur extinction, écoute leurs derniers tressaillements et les laisse s’éteindre, dans ce qui aurait pu leur donner une illusion de vie. Beau à en pleurer.

Note : 6/6

Page 70/132 SLOGUN / SICKNESS : Always Numb/The Scars of Happiness

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Mais au fond, quelle est la différence entre un bon et un mauvais disque de harsh noise ? – Eh bien tu vois, le bon ‘noisicien’ (sic), il torture ses machines, il fou de la disto partout, il sature a mort ses larsens, il compresse l’espace sonore en une masse inaudible, mais c’est de la bonne harsh noise, tu vois ? Je ne vous le fait pas à l’envers non plus, mais il est vrai qu’il est dur de tenter de vous expliquer pourquoi ce split est meilleur qu’un autre disque bruitiste. Peut-être est-ce pour sa grande capacité à ne jamais laisser le son en place, peut-être est-ce ces quelques pulsations répétitives ou cette énorme dérive power-electronics de Slogun, proche d’Institut. Un petit indice tout de même ; ce disque est une réédition de deux mini-cdr, c’est peut-être déjà le signe qu’il a quelque chose à dire. Un très bon split, et comme toutes les sorties chez Troniks/PACrec, ça ne coûte pas cher et c’est port compris. A posséder, ne serait-ce que pour ‘Always Numb’.

Note : 4/6

Page 71/132 BRIGHTER DEATH NOW : Pain in progress

Chronique réalisée par Marco

Hé bien voilà une chouette initiative. "Pain in progress" ayant bénéficié de deux éditions aux track-list différentes (LP et cassette) entre 1988 et 1990, il aura fallu attendre huit années pour que le père Roger se décide à nous en offrir l'intégralité sur un seul et même support. Une salve "death industrial" lourde et passablement dérangée, encore plus macabre que "Temp tations" et surtout absolument pas "fun" pour un sou. Céder à l'engourdissement provoqué" par "Pain in progress" est avant tout une affaire d'humeur, mais l'effet est presque immédiat et débilitant ("Still murder") voire proche de la trépanation sadiquement prolongée ("Meat processing", "Meat improvement"). Métallique et gras ("Deathkomb." ou l'un des morceaux les plus glauques jamais enregistré par Karmanik), voilà en somme la recette de cet album qui se rapproche un peu plus de l'horreur prête à déferler sur "Great death" et "Slaughterhouse". Véritablement malsain et malade.

Note : 5/6

Page 72/132 HAUS ARAFNA : Blut / Trilogie des blutes

Chronique réalisée par Marco

En abordant d'emblée le thème de la Shoah et des atrocités nazies au travers de cet hommage saisissant qu'est "Blut", le couple Haus Arafna n'a pas choisi la facilité thématique ni même musicale. Rien de ce que vous avez pu écouter dans le genre, rien de ce que vous pouvez avoir compris de l'évolution musicale conjointe des scènes "metal", "industrielles", "électro" (et tout ce qui pourrait être de prêt ou de loin lié à la scène dite "dark") ne saurait vous préparer à l'expérience Haus Arafna. Véritable ovni dans le paysage indus souvent opaque et rebutant pour la majorité, les Allemands incarnent avant tout un renouveau puissant en matière d'hybridation : noise abrasive et chant agressif (SPK, NON, Whitehouse etc.), beat minimaliste et cold (Suicide, Fad Gadget etc.), atmosphères ambient dérangeantes ("They never more open their eyes"). Mais au creux de tout cela se loge une véritable douleur, celle qui habite le sujet initial et les interprètes. "Blut" est un cri déchirant, une pulsion de catharsis à assouvir, une volonté de tout extraire du néant au moyen d'un environnement chaotique mais cohérent et illuminé. Mystique à sa manière, Haus Arafna c'est aussi l'illustration d'une beauté loin d'être esthétisante et vide, mais celle qui se cache même dans la plus répulsive des laideurs. Extrême mais jamais inintelligible, la musique de "Blut" oscille savamment entre l'impact massif et irréversible et les ambiances rampantes démentielles ("Oradour sur Glane"). Un traumatisme sonore magnifique qui sera pourtant sublimé sur l'incroyable "Butterfly" en 2003.

Note : 6/6

Page 73/132 RICOCHET GATHERING : Okefenokee 2002

Chronique réalisée par Phaedream

Amateur de Berlin School mélodieux, avec une teinte de blues ‘’spacy’’, Okefenokee 2002 se doit d’être votre prochain arrêt. Produit par le label américain Ricochet Dream, Ricochet Gathering est une série de concert dédiée à la MÉ de style Berlin School, inspirée par Tangerine Dream de l’époque Phaedra et Rubycon, jouée en improvisation par des artistes invités. Pour 2002, Air Sculpture (John Christian et Peter Ruczynski) ainsi que Star Sounds Orchestra (Steve Schroyder - ex Tangerine Dream et Jens Zygar) étaient conviés à cette fresque musicale qui est devenue annuelle. Ils étaient accompagnés de Bill Fox, célèbre pour son émission de MÉ sur les radios indépendantes américaines, Dave Brewer et autres. C’est sous des rails chimériques que débute ce beau concert aux improvisations mesurées. Des ondes flottantes, sur une lente oscillation mellotronnée, dégagent une atmosphère lourde et menaçante au planant et lunatique Ommatidial Sorcerers. Les premiers mouvements séquencés se présentent sur Sunny Dew Pixie Stix. Un titre bien animé sur un rythme hoquetant, inspiré de séquences spiralées et de synthés aux sinuosités torsadées. Le jeu des percussions fondues aux séquenceurs est surprenant et bien dosé. Plus hypnotique et lancinant, Tacit Fox nous introduit à la guitare ‘’bleuesy’’ de Bill Fox, qui s’acoquine fort bien aux roulements et aux arrangements séquencés. Une belle intro au doux Suwannee Riversill qui plane, tel une ombre mélancolique, avant de jaillir sur un tempo progressant et minimalisme à la Keller Schonwalder. Une superbe pièce musicale où un tendre piano se mesure aux enivrantes valses mellotronnées qui parcourent de fines percussions à la tiède saveur de Poland, sur un tempo mélodieux et rêveur. Un titre tout ce qu’il y a de plus Berlin School, tout comme Easy Stranded Time et Mars, quoique plus progressif. Après le‘’bleuesy’’ et langoureux Name that Tune, Spacestation Hamburg nous assaille d’un rythme nerveux, aux percussions séquencées qui bourdonnent d’intensité en accord avec des synthés lourd aux émanations corrosées. Un style qui se rapproche à The Keep de Tangerine Dream. Syncing In The Swamp est un autre titre explosif où les séquenceurs sont hors contrôle sous de superbes strates mellotronnées. Lourd et atmosphérique, Latern Eyes nous replace sur une voie plus relaxante avant que Jupiter ferme les livres sur une belle pièce mielleuse aux harmonies apaisantes qui dérivent sur des percussions et effets sonores éclectiques. Okefenokee 2002 est un album qui plaira assurément aux amateurs de Berlin School. Mais un Berlin School nuancé par une approche plus contemporaine, où les rythmes minimalismes sont constamment déviés par de subtiles modulations, des percussions et effets sonores à la fois charmeur et provocant, sur des orientations musicales plus mélodieuses. Un très bon album.

Note : 5/6

Page 74/132 HAUS ARAFNA : Butterfly

Chronique réalisée par Marco

En aucun cas on ne peut aborder un album de Haus Arafna. C'est lui qui vous aborde, vous assiège jusqu'à faire tomber les éventuelles dernières défenses que vous invoqueriez en vain. L'attente fut longue depuis 1998 et "Children of God malgré quelques singles en guise de "teasers" frustrants ainsi que le premier album de November Növelet (side-project tout aussi vital). Autant dire que "Butterfly" était attendu comme le Messie. Célébration sublimée des caractéristiques propre au duo depuis ses débuts, "Butterfly" prend pourtant le parti d'exacerber la torpeur et le malaise dégagés par ses compositions les plus atmosphériques, rapprochant un peu la démarche des Allemands de celle de Deutsch Nepal comme sur "Son of Cain" qui ouvre la marque. L'agression directe se fait ici beaucoup plus rare mais demeure d'une brutalité pure et remarquable ("I kill to survive", "Mirror me", "Must we burn") et s'inscrit dans un équilibre parfait avec les pièces maîtresses plus "mélodieuses" et décadentes, comme si Dive avait cédé à la tentation "romantique" (le tube immortel "Für immer", "Satanas and friends"). En variant encore plus qu'autrefois les ambiances, les rythmiques et en multipliant les approches vocales Haus Arafna accouche ici d'une oeuvre majeure dont la beauté, la violence et l'incroyable pouvoir hypnotique fusionnent en une seule et même force qui s'étend bien au-delà des étiquettes qui peuvent surgir ça et là à l'écoute de "Butterfly". Tout simplement époustouflant et incontournable.

Note : 6/6

Page 75/132 HAUS ARAFNA : The singles 1993-2000

Chronique réalisée par Marco

Essentielle : voilà l'évidence qui s'impose à l'écoute de cette compilation. Une belle retranscription du style si particulier du duo Allemand, entre power elctronics sans concession et incursions ambient malsaines ou electro minimale et dérangée. Le soin apporté au remaster ainsi qu'aux visuels et infos fourmillant dans le livret projette un éclairage sur le sens esthétique unique qui n'appartient qu'à ces deux illuminés, ce qui compenserait presque la déception de ne pas posséder les originaux aujourd'hui plutôt difficiles à trouver. Reprenant donc tous les titres édités sur format vinyle 7", la compilation suit scrupuleusement la chronologie et démontre à quel point chaque composition de Haus Arafna est un univers en constant renouveau et habité de douleur, de violence et d'instincts purs. L'écoute rend compte d'une unité frôlant la perfection, comme si l'on

était en présence d'un nouvel album. Compilation par le principe, mais nouveau coup d'éclat à l'arrivée.

Note : 5/6

Page 76/132 FOLKSTORM : Information blitzkrieg

Chronique réalisée par Marco

Première tentative solo pour Nordvargr, Folkstorm se concentre essentiellement sur une thématique guerrière radicale, inspirée des pionniers du "power electronics". Une approche cependant rudimentaire que le matériel visiblement limité ne fait que confirmer. Quelques moments sympathiques ça et là comme "Haus betula" et son beat electro minimaliste, "Beendigung" et son ambiance vicieuse "à pas de loups" ou 'Alle sagen ja" et son mur de "white noise" qui fait illusion un temps. Le reste est en revanche plutôt moyen, pas vraiment d'éléments extrêmes malgré la volonté d'offrir une expérience différente des rituels sataniques de MZ.412 et c'est plutôt l'ennui qui guette qu'autre chose. Les cours intermèdes comme "T6 revisited" et "Epilogue 1" recèlent pourtant un potentiel qu'il eut été préférable de déployer sur le reste de l'album, ce qui a de quoi rendre perplexe. Bien heureusement, le Suédois a d'autres cartes dans son jeu.

Note : 3/6

Page 77/132 FOLKSTORM : Hurtmusic

Chronique réalisée par Marco

Seconde apparition de Folkstorm après un "Information blitzkrieg" pas particulièrement convaincant. Cette fois le Suédois enregistre une performance live devant un parterre d'auditeurs triés sur le volet et se fait assister par sa propre femme. L'imagerie/atmosphère guerrière cède du terrain à une approche plus épique voire SM et après une introduction alléchante ("Hellcome") la musique se présente déjà comme plus directe et abrasive que sur le premier album ("Clone this", "No place"). Malheureusement le meilleur se trouve encore une fois dans ce qui est le moins exploité à savoir l'approche rituelle façon MZ.412 comme sur le très bon "End this", morceau de neuf minutes qui distille son poison avec une perversité non dissimulée. Pour le coup on reste sur sa faim, l'agression s'avère finalement plutôt factice ou pas suffisamment développée pour marquer les esprits. Y a du mieux, mais ça n'est pas encore ça !

Note : 3/6

Page 78/132 FOLKSTORM : Victory or death

Chronique réalisée par Marco

Bon comme quoi tout arrive quand on est patient. A savoir si le Suédois s'est mieux équipé ou a tout simplement passé plus de temps sur cet album (pourtant enregistré presque en même temps que "Information blitzkrieg"), toujours est-il que "Victory or death" honore bien mieux l'intention de brutalité et d'incursions belliqueuses que ses prédécesseurs. La recette n'étant guère modifiée on se reportera surtout sur le son et l'acidité des schémas répétitifs au bord de l'aliénation mentale ("Epilogue II", "Feldgeshrei", "Propaganda"), les rythmiques "mitrailleuses" ("We are the resistance") ou la marche de pachyderme d'une armée défaite ("Funeral force"). N'attendez cependant pas énormément de nuances au sein des compositions, ici l'assaut est envisagé comme univoque et sans détours, même si comme d'habitude (enfin jusqu'ici) on peut regretter le monolithisme de l'approche Folkstorm alors que nombre de possibilités non exploitées surviennent qui entraînent une certaine frustration. Un bon album malgré tout, en attendant bien mieux de la part de Nordvargr !

Note : 4/6

Page 79/132 FOLKSTORM : Noisient

Chronique réalisée par Marco

Je ne m'attarderai pas sur la pochette de ce 10" qui figure très certainement parmis les plus laides que j'ai pu voir passer sous mes yeux. Près de vingt minutes réparties sur deux titres, le premier dans la pure tradition minimale et répétitive de Folkstorm, le second plus ambient et glauque, presque rituel et ma foi plutôt plaisant, le Suédois s'offrant même le luxe de faire monter en légère puissance le titre, passant d'une dark-ambient typique de sa conception à un placard noise qui n'explose pas pour autant. Bref, rien de bien marquant ici, sauf si vous êtes collectionneurs de pochettes moches.

Note : 2/6

Page 80/132 FOLKSTORM vs GOAT : Split

Chronique réalisée par Marco

D'un côté du bruit, de l'autre du bruibruit. Folkstorm nous sort de derrière les fagots (enfin de ses archives fournies quoi) un titre inédit issu du CD-R "The culturecide campaign" édité à 39 exemplaires et qui combinait titres audio, fichiers MP3 et divers bonus multimedia. Un titre bien glauque, efficace, au feeling "death industrial" et dont on se demande justement pourquoi il ne figure par légitimement sur un des premiers albums de Folkstorm. L'américain Goat quant à lui, s'il a su prouver qu'il pouvait tenir sa place avec Nordvargr au sein de leur amusante collaboration sous le patronyme de Goatvargr, s'avère spécialement laborieux tout seul, reproduisant comme un bon élève les gros défauts des pourvoyeurs de "power electronics" Américains. Bien meilleure pochette que le "Noisient" de Folkstorm, mais on est pas là pour acheter des posters !

Note : 3/6

Page 81/132 INANNA : Day ov torment

Chronique réalisée par Marco

Initié par Mikael Stavöstrand à la même époque que Archon Satani dont il est le co-fondateur puis le continuateur au départ de Tomas Petersson en 1993, Inanna est une entité qui se nourrit des rêves et des mystères ésotériques et rituels qui habitent ce monde. Là où Archon Satani se complait dans l'immondice et l'insalubrité Inanna irradie d'un spectre lumineux à dimensions variables et se pare de structures plus étoffées, mêlant sans complexe ambient sacrée, aspirations tribales et néoclassique ou dark-ambient "old-school" et inquiétante. Mélodies à l'orgue, percussions volcaniques, incantations profondes et mystiques, nappes sous réverb, "Day ov torment" use d'une panoplie variée et jouissive, laissant l'auditeur désemparé d'un rituel à l'autre, tour à tour porté par des élans martiaux bruts et impromptus ou des séquences de transe toujours aussi superbes quinze ans après la sortie initiale du disque. Un disque riche, allant à l'essentiel tout en offrant une vision pleinement accomplie de ce que peut être la musique industrielle quand l'instinct et l'intellect s'accouplent pour donner naissance à un tel rejeton. Belle initiative de Cold Spring qui on l'espère se penchera sur la multitude de cassettes éditées par

Inanna.

Note : 6/6

Page 82/132 DEEP PURPLE : "Who do we think we are"

Chronique réalisée par Nicko

Y'a pas à chier, les drogues, dans les années 70, ça servait un max pour garder un rythme de travail de créativité soutenu et effrenné ! C'est début 1973 que sort ce neuvième album (dont 2 live il est vrai) de Deep Purple alors que 5 ans plus tôt, le groupe n'existait même pas !! Et tout cela est sans compter l'enchainement de tournées à rallonge. Bref, malgré toutes les substances ingurgitées, cela n'empêche pas les tensions de s'installer surtout vu l'égo de chacun des musiciens... Justement, en parlant d'eux, sur ce septième album studio, et comme on a pu le remarquer de manière admirable sur le "Made in Japan", ce sont vraiment des artistes hors pair, d'une technique sans failles, bref ce qui s'appelle des tueurs. Après, est-ce que la technique fait tout sur un album ? Non, définitivement. Et alors que "Machine head" s'en tenait là avec 7 morceaux homogènes et, enfin, quasiment tous inspirés et intenses, ici, ce successeur ne manque pas de réussites, les riffs tiennent la route et comme je le disais, niveau technique et soloes, plus d'un musiciens vont rester sans voix devant certains plans, c'est sûr. Oui, mais comment vous l'expliquer ? Il manque un peu d'inspiration, de génie, ce côté véritablement jouissif, ce feeling qui caractérisent les grands albums et cette énergie propre au rock n' roll. "Who do we think we are" est un bon album, homogène oui, aussi, mais il n'y a pas de grands morceaux, de grands hits comme sur "Machine head" ou même "In rock". "Woman from Tokyo" est très sympa, avec un bon break au milieu, "Mary long" possède un bon feeling très typique du quintette anglais, "Rat bat blue" est énergique comme il faut avec des solos de malade (mais vraiment !), "Our lady" est bien groovy (et annonce d'une certaine manière la suite de la carrière des britanniques) mais "Place in line" par exemple reste un blues trop conventionnel, presque sans âme, trop facile (peut-être le seul morceau de l'album qui soit véritablement un ton en dessous du reste). Personnellement, avec cet album, j'ai l'impression que la formation Mk.II est arrivée au bout de ce qu'elle avait à dire, un album classique, très 70's, recommandable, mais pas un album majeur non plus. Les tensions devenant trop importantes, Deep Purple verra une nouvelle mutation dont le résultat sortira à peine un an plus tard avec "Burn" et ses deux chanteurs, nouvelles recrues (Glenn Hughes et David Coverdale), Ian Gillan et Roger Glover ayant décidés de quitter le navire. Suite au prochain numéro.

Note : 4/6

Page 83/132 ANTAEUS / AOSOTH : Wrath of the evangelikum - A reunion of rare releases

Chronique réalisée par Nicko

C'est devenu une sorte de rituel ou d'habitude. Quand un groupe underground aquiert une certaine notoriété et réussit à sortir des albums possédant une bonne distribution et une accessibilité plus importante, décente, il arrive assez souvent que ce groupe continue à sortir des objets plus confidentiels, des EP, des lives, des splits, peut-être moins bien "finis" que leurs albums, mais toujours avec ce soucis de proposer un produit de qualité destiné principalement et généralement aux fans de la première heure et aux fans die-hard du groupe. Antaeus fait définitivement parti de ceux-là. Fin 2002, ils avaient sorti un split avec un autre groupe parisien Aosoth (qui s'avéra être un side-project de membres d'Antaeus). En 2007, alors qu'ils viennent de sortir leur troisième album, "Blood libels", les français ressortent ce split (contenant 4 morceaux live de 2001 d'Antaeus et 3 titres studio d'Aosoth) sur CD agrémenté de morceaux devenus rares (issus d'autres splits et compil') ainsi que de deux nouveaux morceaux de répétition (semble-t-il...) d'Aosoth. Ce qui est intéressant de remarquer avec cette réédition concerne l'évolution d'Antaeus à travers les ans. En 2000 et 2001, le groupe privilégiait selon moi le chaos sonore total, plus ou moins maitrisé, mais avec une aggressivité et une intensité intacte et décuplée (surtout en concert) et une folie palpable. Alors que sur les morceaux les plus récents de 2005, on s'aperçoit que la musique du quintette est plus compacte (ce sera encore plus le cas sur le dernier album en date) avec un son plus ample et un côté chaotique peut-être moins bordélique d'une certaine manière. Du côté d'Aosoth, on a affaire à du black plus conventionnel et traditionnel, toujours cru, mais dans un style que je rapprocherais des débuts d'Emperor sur "Wrath of the tyrant" par exemple. Cette réédition a donc un but multiple, regrouper sur une même galette des morceaux provenant d'objets épuisés (où on s'aperçoit par exemple qu'un morceau comme "Reverse voices of the dead" aurait selon moi mérité une meilleure production), avec des titres inédits (y'aura-t-il une suite à Aosoth ?), un bel objet à l'artwork très soigné et très représentatif du chaos sonore de l'oeuvre présentée ici, ainsi qu'une sorte de témoignage d'une période peut-être pas révolue, mais au moins différentes des derniers travaux en date d'Antaeus.

Note : 4/6

Page 84/132 WITCHCRAFT : Witchcraft

Chronique réalisée par Nicko

Witchcraft... Je pense que l'effet est le même pour tout le monde. Quand on entend pour la première fois Witchcraft, on ne se demande qu'une seul chose : "Ce groupe date-t-il des années 60 ou 70 ?" Et c'est donc forcément avec stupeur qu'on apprend que ce premier album des suédois est sorti en... 2004 !! Voilà, tout ce groupe tient sa marque de fabrique là-dedans. C'est ce qui en fait à la fois un avantage et un inconvénient. Oui, Witchcraft est unique, ce son vintage fait fureur, du rock/folk champêtre avec ces guitares intemporelles et ce chant clair et profond. Un feeling frais, bref, comment faire du neuf avec du vieux. Mais voilà, Witchcraft, sur cet album, s'arrête là, comme s'ils avaient rempli leur mission et qu'ils avaient oublié de composer de véritables morceaux ! Parce qu'à part le premier et le dernier titre, le reste est presque fade, inspiré par le Black Sab' en moins puissant et le flower-power de l'époque. Les morceaux sont courts pour la grande majorité (2-4 minutes pas plus), comme s'il s'agissait d'une ébauche, d'un brouillon. C'en est d'autant plus dommage que les musiciens vivent leur musique, ils la maitrisent, ils savent de quoi ils parlent, ce sont des die-hard fans du rock 60's/70's, mais leurs titres ne sont pas percutants, l'album s'écoute bien, mais le sentiment qui domine, c'est qu'ils ne se sont pas foulés ! Tout est trop redondant et les morceaux ne sont pas assez développés, pourtant, le comble, c'est qu'il y a matière, "What I am" est bluesy avec un groove énorme pour ne citer qu'un exemple. Ils n'ont pas le temps de réellement décoller ces morceaux. Oui, mais voilà, il reste ce son, ce chant, ces guitares. Et là, ils ne se sont pas trompés. Leur deuxième album sera plus intéressant. Ce premier essai n'est qu'une esquisse, sympathique certes, de ce qu'ils sont capables. La transformation attendra...

Note : 3/6

Page 85/132 THRUDVANGAR : Ahnenthron

Chronique réalisée par Nicko

Voilà un promo lambda, dans la lignée de toute une floppée de promos trop communs. Thrudvangar est un groupe allemand et à l'instar de leurs compagnons de label chez Einheiten Produktionen, Nomans Land, ils jouent du metal extrême païen/viking. On a donc droit aux parties champêtres à la flûte et aux claviers, aux grandes envolées dansantes à la Finntroll avec une bonne grosse voix bien profonde (plus souvent death que black), ainsi qu'à des rythmes parfois bien speed, qui, sans aller jusqu'à dire qu'ils donnent de l'orginalité à leur musique (car elles sont trop rares), cela leur donne une petite marque de fabrique (mais je suis gentil). Après, les claviers sont vraiment très (trop) caricaturaux et mis en avant, le tout est un peu longuet et sent le déjà-entendu 1000 fois. Bref, un groupe qui n'apporte rien, mais qui sait jouer. Un bon 2.

Note : 2/6

Page 86/132 TAXI GIRL : Suite et fin ?

Chronique réalisée par Twilight

Il y a des groupes comme ça, qui semblent devoir incarner le fait que le rock'n'roll est un dieu exigeant qui fait payer cher le statut de formation culte...Cultes, Taxi Girl le sont pour un premier mini très correct et surtout un album magnifique, 'Seppuku', trop audacieux pour le public français de l'époque. Que faire de cette pop trop glauque ? De cette cold wave trop pop ? Du coup, au lieu d'être reconnu comme les Stranglers de l'Hexagone, le groupe va plonger...Il faut dire que le destin vient frapper en emportant le batteur qui meurt d'une overdose; commercialement ensuite, les ventes sont mauvaises. Le pire reste pourtant à venir et de la part des musiciens eux-mêmes. Eux qui s'étaient montrés audacieux vont glisser vers des orchestrations pop plus classiques, plus fades...drame pour une personnalité aussi auto-destructrices que Daniel Darc, véritable punk dans l'âme, qui se consumera de manière toujours plus violente au fur et à mesure que la musique s'enfoncera dans la médiocrité...Après le brillant 'Seppuku', c'est le mini 'Quelqu'un comme toi', avec la chanson éponyme que j'aime personnellement beaucoup. Désinvolte et facile en apparence, elle dissimule un franc désanchantement dans les paroles, une forme de résignation face à l'incompréhension dissimulée dans une mélodie pop plus épurée que de coutume (le jeu de clavier plus léger mais efficace, les orchestrations un peu folk...). Dans le même état d'esprit mais sur un thème plus intime, 'Cette fille est une erreur', moins bon mais mariant aussi approche pop et sonorités plus fraîches. Le reste par contre est assez catastrophique, on navigue entre Etienne Daho et Indochine, c'est insipide, assez grotesque, de la pop de supermarché...D'ailleurs, en cette année 83 sort 'Suite et fin ?' dont l'intitulé en dit long sur l'état d'esprit qui règne autour du combo. Cette galette compile le mini 'Quelqu'un comme toi' ainsi que des faces B dont certaines sont nettement plus intéréssantes. Ainsi 'Devant le miroir' qui renoue avec les climats froids de 'Seppuku' ou une reprise surprenante de 'Like a rolling stone' plus rock mais additionnée de clavier...Hélas, le reste consiste surtout en versions anglaises d'anciens morceaux et l'ennuyeux 'Des nouveaux rêves' ou 'Elégie' sonnent bien fatigués et peu convainquants. C'est donc un Taxi Girl réduit à l'état de trio, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, qui s'accroche sur ce disque et en cette année 1983...pour combien de temps encore ? La réponse viendra avec le départ de Laurent Sinclair.

Note : 3/6

Page 87/132 TAXI GIRL : Taxi Girl 84-86

Chronique réalisée par Twilight

Suite et fin ? Que reste-t-il de Taxi Girl après le départ de Laurent Sinclair en 1983 ? Le duo Daniel Darc et Mirwais qui produiront encore quelques titres avant de se séparer définitivement...Il reste du Taxi Girl de 'Seppuku' et 'Cherchez le garçon' cette brève compilation qui à mon sens ne vaut que pour deux chansons: 'Paris' tout d'abord, morceau new wave synthétique qu'on aurait pu trouver chez Etienne Daho mais dont les textes au vitriol, bien qu'un peu naïfs, témoignent de la volonté du duo ne pas baisser les armes; 'Aussi belle qu'une belle' ensuite où l'on retrouve cette forme de dandysme propre à Taxi Girl...jeux de mots entre amour et suicide sur fond de mélodies pop. J'avoue craquer littéralement pour ces deux compositions, quant à la plupart du reste, on aurait souhaité qu'il ne soit pas enregistré...De l'audace sombre ne reste qu'une pop fadasse aux sonorités 80's (dans ce qu'elles ont de moche), même les paroles de Daniel rejoignent le niveau d'Indochine par moment ('Les jours sont bien trop longs', 'Je rêve encore de toi') et malgré quelques redressements de tête colériques (le faux rap de 'Dites-le fort', 'Paris'), la chute est inéluctable, à l'image du mielleux 'Je suis déjà parti': 'Fais comme si tu ne m'avais jamais connu, tout est foutu...'. Daniel tentera d'exorciser ses démons dans une carrière solo réussie, tandis que Mirwais après un premier album solo affligeant de naïveté se tournera avec succès vers le monde de la techno. Les textes mentent pourtant, si tout est fini, pas question d'oublier

Taxi Girl qui restera envers et contre tout une formation culte, même si le tribut à payer à été lourd.

Note : 2/6

Page 88/132 I LOVE YOU BUT I'VE CHOSEN DARKNESS : Fear is on our side

Chronique réalisée par Twilight

Ce n'est pas parce qu'un groupe se dit influencé par la cold wave des 80's qu'il doit forcément être classé comme clône de ses contemporains inspirés par de semblables philosophies musicales; chacun a aussi sa propre démarche à faire valoir. Ainsi les Texans de I love you but I've chosen darkness ont-ils souvent été assimilés à Interpol, raccourci réducteur selon moi. Certes, ils se réclament des mêmes formations, The Cure, Joy Division, The Smiths, mais là s'arrêtent les smilitudes. Là où les New-Yorkais optent pour une approche plus directe et flamboyante, I love you but I've chosen darkness se concentrent davantage sur les atmosphères. 'Fear is on our side' est un disque merveilleusement nocturne dans ses climats, loin d'être accessible en une écoute tant ses structures sont travaillées. Les trois premières pistes peuvent d'ailleurs s'avérer trompeuses de par leur accroche directe et pêchues. Ce sont en effet deux instrumentaux atmosphériques dans la plus pure lignée 4AD qui suivent ('The owl', 'Today') avant que 'We choose faces' ne s'en vienne greffer un rythme sur ce lit de guitares auréolées de nuit qui s'écoulent en vapeur ténébreuse. Lentement les cordes s'accélèrent, l'ambiance monte lentement sans jamais réellement exploser...le groupe ne cède jamais à la facilité, ses structures sont progressives, comportent de larges plages instrumentales. Les musiciens ont produit une musique spacieuse, emplie d'instants propices à la réflexion, avec de temps à autre des attaques plus marquées. L'alternance de moments atmosphériques et de chansons directes ('At last is all' plus dans une ligne Joy Divions, Cure, sans jamais sombrer dans le plagiat) permet d'éviter l'ennui. D'ailleurs, l'obscurité n'est-elle pas l'ensemble de tous ces différents instants, tranquilles, parfois passionnés, à l'image de nos pensées ? Mélancolique, belle, la musique de I love you but I've chosen darkness séduit de par ses lignes presque hypnotiques; rarement une formation aura choisi un nom aussi en adéquation avec ses morceaux. 4,5/6

Note : 4/6

Page 89/132 FADING COLOURS : Black horse

Chronique réalisée par Twilight

Lorsque j'ai découvert Fading Colours en 1994, ils étaient le premier groupe goth polonais qu'il m'était donné d'entendre. Celà m'avait impressionné, d'autant que leur rock gothique pêchu apportait un souffle frais à un genre plutôt au creux de la vague, coincé qu'il était entre des vagues de clônes de Sisters of Mercy et Fields of the Nephilim, que ce soit en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Rien de celà chez Fading Colours qui avaient leur propre style, soit une base rock marquée (avec des guitares parfois dures comme sur 'Wedding') mais nettement plus sombre dans les sonorités. Vient ensuite le chant féminin; De Coy a un timbre profond, légèrement rauque, dont elle use avec brio que ce soit avec des touches un brin mélancoliques ('Sister of the night'), parfois sensuelles, voir hantées (le splendide 'Colours', le titre le plus sombre du disque). Quelques accordss de clavier complètent les atmosphères et les mélodies font le reste. Les Fading Colours proposent donc un rock gothique musclé (sans virer metal), pas forcément rapide mais bien appuyé, tantôt flamboyant, tantôt intimiste, très bien joué et composé, le genre de musique qui remue de l'intérieur. Le plus curieux est que malgré son potentiel plus que certain, le groupe changera assez rapidement de style pour se tourner vers quelque chose de plus trip hop.

Note : 5/6

Page 90/132 EDITORS : An end has a start

Chronique réalisée par Twilight

Quelle galère que la vie de groupe ! Lorsque l'on produit son premier album, il faut qu'il soit assez bon pour être remarqué. Si c'est le cas, rien n'est joué puisque lorsque le second arrive dans les bacs, il faut être certain d'avoir fait au moins aussi bien, si ce n'est mieux. Quand en plus, on s'appelle Editors et que l'on vous compare sans cesse (non sans raison) à Interpol, le challenge est encore plus corsé. Avec 'An end has a start', les Anglais passent le test sans trop de problèmes. Il est vrai qu'ils n'ont pas pris beaucoup de risques en restant dans la même ligne de conduite que 'Back room', soit une réinterprétation contemporaine d'une cold wave engendrée par Joy Division et une forme de gothic rock flamboyant développée avec génie par les Chameleons, avec une touche pop plus accentuée. D'ailleurs, la première écoute m'avait laissé sur ma faim...les chansons sont bonnes, presque un peu trop justement, il manquait la petite urgence nerveuse de l'opus précédent. Au fur et à mesure des écoutes pourtant, on découvre derrière une production propre que se profile également une forme de maturité musicale qui a défaut d'originalité gagne le mérite de la sincérité. Qui plus est, le disque varie entre morceaux pêchus et flamboyants (le titre éponyme, 'Smokers outside the hospital doors', 'Bones',...) et ballades désenchantées ('The weight of the world', 'Push your head towards the air', 'Well worn hand'). Pour être honnête, le groupe n'excelle pas forcément dans cet exercice et frise le syndrome Coldplay ('Push your head towards the air', le plus mauvais morceau de l'album, 'Well worn head' écrite pour chant et piano qui reste finalement crédible mais de justesse); on peut d'ailleur lui reprocher un léger abus de piano. Globalement pourtant, les Editors démontrent un bon savoir-faire en matière de mélodies efficaces et le chant profond et sensuel de Tom Smith balaie les dernières hésitations. Alors ok, pour le troisième album, rien n'est gagné encore mais 'An end has a start' ne s'en sort pas trop mal.

Note : 4/6

Page 91/132 REMEMBRANCE : Oblivion

Chronique réalisée par Twilight

En voilà qui ne manquent pas d'humour, intituler leur disque 'Oubli' alors qu'eux-mêmes se nomment 'Souvenir'...Peu d'infos sur ce combo originaire d'Espagne visiblement inspiré par les sonorités obscures des Sisters of Mercy...Aïe, voilà un début de chronique bien classique...Sauf que, même si les influences de nos lascars sont évidentes, ils réussissent à suffisamment personnaliser le son pour gagner leur propre identité. Sur la forme, on retrouve la rythmique sèche et froide, les guitares sombres et glacées ainsi qu'un chant hanté et caverneux mais qui s'évade parfois dans des tonalités qui me rappellent plutôt le timbre profond de Veljanov de Deine Lakaien ('Messiah of knowledge part one', 'La Llamada'). Dans le fond, je trouve chez Remembrance une touche passionnée, dans la voix notamment, un sentiment qui oscille sur le fil du rasoir et éclate parfois totalement ('Your sex, my agony', 'Like a stormy wind', 'Gotas'); pareil pour les guitares qui se laissent de temps à autre aller à un court solo ('No return-the beginning of the end', 'Messiah of knowledge part one'), le tout bien épaulé par une programmation et un clavier efficaces; d'ailleurs, le groupe n'hésite pas à se fendre d'une chanson pour piano et chant uniquement ('Messiah of pain part two') plutôt réussie. Bref, à défaut d'une totale originalité, le duo espagnol fait preuve d'une belle sincérité et surtout d'un sacré talent: quelles mélodies, quelles atmosphères ! Voilà une musique qui a quelque chose à exprimer, bien des formations de Grande-Bretagne pourraient en prendre de la graine. Il est bien dommage qu'on ait si peu parlé de Remembrance qui proposaient pourtant un gothic rock moderne, convainquant et passionnant, si vous tombez sur ce skeud, n'hésitez pas.

Note : 5/6

Page 92/132 SATAN'S PILGRIMS : Plymouth rock, the best of Satan's Pilgrims

Chronique réalisée par Twilight

Non, ne cherchez pas, nul combo de black metal sataniste derrière ce patronyme inspiré du film de série B 'Satan's sadists', lequel décrit le pillage d'une ville par de sanglants bikers, mais bien une formation tout ce qu'il y a de plus surf garage ! Formés en 1992 et fans de toute la tradition surf lo-fi des 60's, les Satan's Pilgrims ont mêlé ces influences avec un goût marqué pour le cinéma, et si possible d'horreur. A l'écoute de leur musique, il n'est d'ailleurs pas difficile de se croire plongé dans de vieilles séries TV et à leurs débuts, nos lascars jouaient en capde de vampire...Purement instrumental, le groupe travaille sur le son profond et spectral des guitares (au nombre de trois!), avec une rythmique oscillant entre restes rockabilly et garage; on songe parfois aux Shadows ('Chi chi'), avec un humour noir plus marqué et surtout une ligne de conduite nettement plus garage (renforcée de temps à autre par un peu d'orgue) sans insister sur le côté trashy. La mélodie et l'atmosphère sont en effet des éléments capitaux, forcément travaillés avec soin; le jeu de guitare avec effet réverb' est du plus bel effet, le doigté fin et subtile, et l'accroche punchy des rythmes dégage une pêche dansante et communicative. Cette excellente compilation permet de découvrir cette étrange formation aux sonorités nostalgiques mais agréables; qui plus est, elle est accompagnée d'un cd bonus proposant des morceaux rares et un fichier vidéo présentant des clips et des sections live.

Note : 4/6

Page 93/132 QNTAL : Qntal I

Chronique réalisée par Twilight

Qntal est un projet révolutionnaire, c'est dit. Ok, aujourd'hui, le style ne surprend plus personne mais à la sortie de 'I', la démarche était totalement novatrice. Il y avait tout d'abord ce pari de mêler des chants médiévaux et des partitions anciennes avec de la musique éléctronique et non pas en collant des beats technoïdes derrière les parties vocales dans un style à la Enigma; l'idée était de s'inspirer des techniques et des structures de l'époque pour les réinterpréter avec des sonorités contemporaines. Il faut dire qu'on trouve à la base du projet le génial Ernst Horn (Deine Lakaien) et l'instrumentiste Michael Popp (Estampie), ce dernier fin connaisseur des instrumentations médiévales. Restait la voix qui sera trouvée en la personne de Sigrid Hausen, également connue sous le pseudonyme de Sirah pour diverses collaborations avec des artistes de la scène dark allemande; cette dernière, excellente vocaliste, apportera la touche autentique dans la démarche. Ce n'est pas tout, le défi Qntal n'est pas juste de faire de la musique médiévalo-éléctronique mais d'établir un lien spirituel, voir historique entre le Moyen-Age et nos jours. C'est ainsi que 'Jherusalem', complainte d'une épouse inquiète quant au sort de son aimé parti aux Croisades, contient un sample d'interview d'une épouse d'un soldat engagé dans la Guerre du Golfe; 'Black death' peut être vue comme une analogie entre la peste et le SIDA...La formule marche à la perfection, que ce soit dans le hit 'Ad Mortem festinamus' mêlant grincements et percussions médiévales, 'Non sofre Santa Maria' plus traditionnel dans ses arrangements, 'Sanctus' proche de la démarche méditative des chants grégoriens... Dans les sonorités les plus éléctroniques, on reconnait certes des échos de Deine Lakaien mais couplés avec des touches acoustiques parfois inattendues (les verres chantants de 'Unter der Linden'). Quant à Sigrid, c'est une chanteuse extraordinaire et force est de reconnaître que sans son timbre et la palette d'émotions qu'il dégage, le projet perdrait beaucoup de son intérêt. 'I' est un album mangifique, un véritable pont entre les âges qui nous montre que pas mal de nos préoccupations restent semblables quelles que soient les époques.

Note : 6/6

Page 94/132 COMPILATION DIVERS : Total Slitting Of Throats

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Toi qui écoutais du bruit blanc, sache que c’est déjà has-been ! La harsh noise est morte, vive le harsh noise wall ! Et où peut donc nous mener l’extrémité des sonorités les plus extrêmes ? Comme son nom l’indique : dans un mur. Parce que les autres formes de musiques modulent le vide et les sons pour en tirer une harmonie, les « musiciens » de ces formes extrêmes de bruitisme modulent la saturation absolue, le plein, tels des sculpteurs de matière sonore brute. Mais alors, à quoi correspond une heure de matériau brut ? Finalement, à une heure de silence. Parce qu’il n’y a rien, parce que (acte dadaïste ou nihiliste non avoué ?) cinq artistes ont conjugué leurs talents respectifs pour arriver à ce néant sonore qui ne varie pas plus qu’un bloc d’argile dans son emballage. L’intention plaira aux poètes-philosophes ou à certains placticiens contemporains, pour les autres, passez votre chemin…

Note : 1/6

Page 95/132 COIL : How To Destroy Angels (Remixes And Re-Recordings)

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Il serait difficile de parler du génie de Coil sans appuyer l’immense variété de styles abordés (John Balance nous aurait sûrement parlé de ‘matériaux’). Car si les dernières productions brillent par leur magie et leur envoûtement quasi religieux, c’est surtout grâce aux innombrables dédales et sentiers vierges que le successeur de Throbbing Gristle s’est mis en tête d’explorer, sans aucune limite particulière, et toujours avec cette facilité qui fait que tout ce qu’ils abordent se change en or. Reprenant (disons plutôt ‘réécrivant’ tant l’objet est différent) ici ‘How To destroy Angels’, le premier EP du groupe, Coil nous plonge dans un prototype de dark-ambient industrielle glaciale, alors même que Lustmord continue à développer la dark-ambient profonde, lente et saturée d’infrabasses. Ici cependant, les choses vont vite, trop vite, les sons pour la plupart méconnaissables (tous apparentés à des métaux cependant), ils dansent au gré de vents chaotiques, ineffables, creusant eux-mêmes des trous d’aérations dans le sol pour rejoindre le centre de la Terre. Le très angoissant ‘Remotely’ nous chahute ainsi en tous sens, sans se soucier du moindre confort, mais il serait grave de ne pas parler non plus du terrifiant ‘Tectonic Plates’, monstrueusement surmixé, où d’immenses rouages et tiges de fer se heurtent, se brisent les unes contre les autres à une échelle qu’il est difficile de transcrire sans la musique à l’appui. Aucune lumière, aucune vie n’accompagne notre voyage dans les entrailles du monde, où seules la claustrophobie et la peur du vide peuvent encore nous servir de guide. On termine sur un solennel et austère « How To Destroy Angels II », lentement appuyé de gongs, qui fait office de marche funèbre pour nos pauvres corps déchiquetés. J’en ai écouté pourtant, des albums du genre grinçants, mais aucun ne m’avait préparé à un tel choc. A ne surtout pas écouter pour s’endormir.

Note : 5/6

Page 96/132 QNTAL : Qntal II

Chronique réalisée par Twilight

Poursuivant dans sa ligne philosophique consistant à tirer des parallèles entre le Moyen-Age et nos jours, Qntal nous livre un second album relativement sombre avec en toile de fond les ghettos de Los Angeles, les gangs et la drogue. C'est d'ailleurs avec un sample d'un jeune de la Cité des Anges affirmant: 'Things are never gonna change' que débute et se conclut ce second essai. Nous trouvons également sur 'Vos attestor' un extrait de conférence de presse d'une association de lutte contre les crimes liés à la drogue ainsi que sur 'Sine nomine' un membre de gang montrant de la pointe de son pistolet son collier en forme de mitraillette. Le plus surprenant sont les textes médiévaux sélectionnés, les paroles d'un exorcisme sur le premier, un psaume satanique sur le second. D'ailleurs, le trio brouille les pistes en diversifiant les atmosphères. 'Sine nomine' justement est très sombre, purement ambient avec pour unique texture des drones et une voix chevrotante répétant les incantations; il est suivi du lumineux et fort beau 'Ab vox d'Angel' très semblable dans ses lignes musicales à certains titres de Deine Lakaien (la patte Ernst Horn). 'Vos attestor', autre pièce bien glauque, mêle percussions étouffées, sonorités grincantes, avec des montées percussives violentes et hantées qui découchent sur un sample de danse amérindienne enragée. Comme pour la compenser par un pendant positif, voici le mélancolique 'Herbst', plus atmosphérique dans ses sonorités. Il est à noter que si sur I, le groupe s'inspirait beaucoup des instrumentations médiévales pour les réinterpréter à sa manière, il prend nettement plus de liberté ici. Les textes sont tous tirés du Moyen-Age mais les percussions, la musique (uniquement éléctronique) sont résolument modernes et ressemblent pas mal à ce qu'on pouvait trouver chez Deine Lakaien période 'Dark Star'; on note aussi quelques échos trip hop sur le beau et nocturne 'Hymni Nocturnales'. Qntal nous livre également sa version de deux classiques médiévaux, 'Palestinalied' et 'Virgo splendens' (ce dernier dans une optique méditative proche du chant grégorien). Je trouve personnellement que ce disque est le plus audacieux des Allemands; il est également plus sombre et pessimiste même s'il dégage une beauté stupéfiante de par le chant de Sigrid Hausen. Il me semble indissociable de son prédécesseur comme si tous deux réprésentaient chacun un côté d'une même médaille. D'ailleurs, suite au départ de Ernst Horn, le groupe changera de voie en se rapprochant plus ouvertement des racines médiévales et en renonçant partiellement à son idée de base.

Note : 6/6

Page 97/132 QUEENS OF THE STONE AGE : Era vulgaris

Chronique réalisée par Nicko

Bon, faut bien que quelqu'un se lance... Voilà, je m'y colle, le nouveau Queens Of The Stone Age... Déjà, je vous préviens, je ne suis pas le fan de la première heure, j'ai pris le train en marche, cependant, je tiens tout de même à signaler que depuis, j'ai rattrapé mon retard et il est clair que les précédents albums de nos reines préférés (hum...) étaient franchement bons, voir excellents. "R" n'est d'ailleurs pas loin du chef d'oeuvre et les suivants valent aussi leur pesant de cacahuètes. Là, en 2007, quid de cet "Era vulgaris" si ce n'est sa pochette totalement loufoque (ainsi que son livret ? Ben on peut dire que le contenu est à l'image du contenant. Pour moi, le constat est amer, l'album est loupé. Les américains ont leur style, leur son, leur fan-base et leur notoriété n'a cessé de s'accroitre (je fais parti de ces retardataires comme je vous le disais en introduction). Là, on ne peut pas vraiment dire qu'ils aient pris beaucoup de risques. Les morceaux sont un peu trop répétitifs à mon goût et ils saoulent rapidement. Les compos ne sont pas du tout inspirés (à part 2-3 titres par-ci par-là). Leur style évolue vers du rock/pop de plus en plus alternatif et limite noisy par moments avec même quelques guitares m'ayant fait penser à du période années 80, saccadées et aggressives ("I'm designer") mais sans le génie de l'anglais, et des compos qui n'oublient pas un bon refrain mélodique facile à retenir. Alors bon, ça reste éoutable, mais un bon ton en dessous de ce à quoi ils nous avaient habitués par le passé, comme s'ils voulaient ratisser plus large et se trouver plus de fans de "pop bobo" d'où un succès qui s'annonce déjà présent. Alors bon, à la fin, je m'emmerde et je me dis que Queens Of The Stone Age a perdu sur cet album sa personnalité, qu'il est devenu un groupe de pop comme les autres, sans génie alors que chacun de leurs précédents albums avaient gardé une bonne dose d'inventivité (il est vrai que ça allait en se "dégradant" tout en restant bon - "Lullabies to paralyze" me plait beaucoup). Là, c'est un peu fade (doux euphémisme). Je m'en vais réécouter "R" ! Premier faux-pas.

Note : 2/6

Page 98/132 MOTÖRHEAD : Better Motörhead than dead - Live at Hammersmith

Chronique réalisée par Nicko

J'veux bien comprendre que le Lem' n'est pas éternel, qu'il finira bien par y passer et que Motörhead est un groupe à voir en concert un jour dans sa vie (au moins !). En live, c'est vraiment une expérience unique, au même titre que Manowar ou AC/DC. Mais est-ce véritablement utile et nécessaire de sortir autant d'albums live (sans compter les DVD !) ? Pour le coup ici, il s'agit du live anniversaire fêtant les 30 ans du groupe (la moitié de l'âge de Lemmy !), après celui fêtant celui des 25... Je ne vais pas m'étendre sur l'intensité et le groove rock n' roll naturel et brut de décoffrage (plus que jamais !) du power-trio, dès les premiers morceaux, on sait qu'on a affaire à des pros et à de la bonne came ! La performance est forcément superbe sur l'heure quarante que dure ce double-live (5ème officiel si je ne m'abuse...). Bien entendu, on a droit au rituel final "Bomber"-"Ace of spades"-"Overkill", mais pour une fois, on a vraiment droit à une set-list peu commune et pleine de surprises avec des vieilleries dépoussiérées comme "Love me like a reptile", "The road crew" ou encore le méconnu mais excellent blues "Just 'cos you got the power, than don't mean you got the right". Mais surtout, surtout, LA véritable surprise, the cherry on the cake, se situe au niveau des deux morceaux issus de l'album maudit, "Another perfect day", "I got mine" et "Dancing on your grave". Un peu d'histoire... En 1983, Motörhead a un nouveau guitariste en la personne de Brian Robertson... qui ne fait pas l'unanimité pour les fans, loin de là. L'album qui sort de cette collaboration est pourtant un excellent "Another perfect day", cependant très différent des précédents albums du trio, moins direct, plus diversifié et pas mal de fans vont être déçus. La tournée qui suit, ironiquement intitulée "Another Perfect Tour", est un véritable désastre et se termine en queue de poisson avec Philthy Animal Taylor, batteur à l'époque, et Brian Robertson justement quittant le navire, laissant Lemmy tout seul ! A ce moment-là, l'anglais à la verrue décide que Motörhead ne jouera plus de morceaux de cet album ! Il aura fallu donc plus de 20 ans pour que justice soit à nouveau rendue à cet album vraiment maudit ! Et il n'y a pas à chier les amis, ces morceaux ont un feeling imparables, définitivement différents du reste du live, mais tellement bons et si Motörhead !!! Donc, on a avec ce nouveau live, une nouvelle démonstration de la maitrise du trio en terme de rock n' roll bien speed et burné (raaah "Sacrifice" !). Après, dire qu'il écrase les précédents live, je n'irai pas jusque là, je dirais plutôt qu'il est un bon complément aux autres et que sans être fondamentalement indispensable (quoi que pour les fans, ils devraient se jeter dessus ! LOL), c'est toujours du bon wock n' woll ! En attendant le live des 60 ans du Lem', celui des 35 ans du groupe, des 50 ans de la Rein d'Angleterre, etc "We are Motörhead... and we play rock n' roll", yeah baby ! 49% Motherfucker, 51% Son of a bitch !

Note : 4/6

Page 99/132 INQUISITION : Nefarious dismal orations

Chronique réalisée par Nicko

Ah Inquisition... Sur la scène black metal actuelle, il n'existe pas de groupes qui divisent plus que ce duo colombien installé aux USA. Les voilà qui nous sortent leur quatrième album. Je vais rassurer tout le monde, si vous êtes allergiques au chant de Dagon, pas la peine d'aller plus loin, il n'a pas changé, vous resterez dubitatifs devant cette nouvelle offrande. Pour les autres, que du bonheur ! J'ai découvert ce groupe avec le maléfique et excellent "Invoking the majestiv throne of Satan" que je trouvais d'une noirceur satanique (si, si !) rarement égalée. Sans aller jusqu'à être déçu par le précédent album, je le trouvais trop facile et possédant moins d'ambiance. Ici, il y a plusieurs choses qui changent, déjà l'atmosphère possédée et l'intensité sont de retour de bout en bout, un pur régal, les compos sont fortes avec des enchainements bien placés, justes et inspirés, ainsi qu'une symbiose totale. Le chant de Dagon est vindicatif et rapide, comme une grosse baffe dans la gueule. Enfin, et là, c'est ici que tient vraiment la réussite de l'album, en plus d'être une excellente surprise, Incubus a sorti l'artillerie lourde, ça blaste et ça bastonne comme jamais chez Inquisition. Une très grande réussite que cette fournée 2007, on a à la fois l'atmosphère blasphématoire spécifique au groupe ainsi qu'une puissance de frappe décuplée. La production n'est pas non plus en reste avec un son ample et lourd mettant bien en avant les spécificités du jeu du duo, surtout au niveau des guitares vu qu'il n'y a pas de basse. Je ne sais pas si on détient là l'album de l'année, mais on n'en est pas loin. Une note qui pourrait prendre une boule de plus si l'album tient la distance et l'épreuve du temps ! Hail Satan !!!

Note : 5/6

Page 100/132 WINTHERSTORMER : Live 2007

Chronique réalisée par Phaedream

Tel des gongs à saveur rock, c’est une intro puissamment métallique aux rayonnements lourds qui dessine les premiers mouvements de Pure Analog Forever. Des ondes synthétiques très ‘’aliens’’ se dégradent en cacophonie nuancée, afin de placer le pas de cette minimalisme marche ascendante, à la Berlin School. Plus bruyante et plus acide que sur le 1ier opus du groupe, cette version de Pure Analog Forever commande une ouverture béante sur les dérivées spastiques qui entourent une finale tétanisée. Mais entre l’intro et la finale, c’est un monde musical souple aux progressions nuancées et mélodieuses. Bienvenue dans l’univers particulier de WintherStormer. Un monde musical où les harmonies hypnotiques toisent des effets sonores biscornus hautement synthétisés et, faut l’admettre, discordant des harmonies en cours. Un peu comme si la beauté serait altérée par le vice. Sur cet album en concert, Winther/Stormer/Gundersen et Helland livrent leurs pensées musicales sans retenues. Par contre, une telle énergie semble se capter difficilement sans retouches, ni remixes. Par moments, le son est lourd et rongé par des distorsions qui, étonnamment, se mélangent à merveille sur le contenu. Comme quoi WintherStormer défie toute simplicité harmonieuse. Wooden Chair offre une intro au doux liquide métallisé avant d’explorer un doucereux monde cosmique aux souffles étoilés. Les modulations sont tendres et invitantes, bercées par des approches sismiques près d’une cacophonie contrôlée. Une superbe valse stellaire qui dérive dans une noirceur symétrique, avant d’entreprendre un virage séquencé soutenu où effets sonores mitigés coiffent un superbe mouvement montant, aux belles nuances synthétisées. Un beau Berlin School progressif. Les douces strates planantes qui introduisent Random Is Our Friend, se fondent aux synthés incertains qui tempèrent un univers cosmique à la fois atonique et mélodieux. De lourdes pulsations aux réverbères vacillants percent l’opacité néantisée, avant de formées une séquence lourde et saccadée qui étale un étonnant rythme pesant. Des spasmes de percussions discordantes traversent cette rythmique, telle une chevauchée inégale, qui s’arriment constamment sur un tempo à la mélodie belliqueuse. Du grand art qui se contorsionne sur des ondes disparates, pour former une longue pièce qui se tient et qui délivre une constance surprenante sur des éléments syncrétiques qui s’accordent. Une pièce maîtresse qui gagnerait à être remixé en studio. WintherStormer livre un autre album d’électro progressif intense, dénué de tout sens commercial. De la musique où le groupe Norvégien explore les dédales de la créativité sans retenues, ni frontières. Pour amateurs d’électro progressif contemporain.

Édition limitée disponible par Terje Winther

Note : 4/6

Page 101/132 IMINDAIN : And the living shall envy the dead

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Honnêtement, je n’attendais pas grand-chose de ce premier album d’Imindain, les 2 démos m’ayant laissé un sentiment plutôt mitigé que leur prestation très moyenne sur la scène du Doom over the world n’avait fait que renforcer. Paru sur le label japonais Weird truth (qui s’affirme de plus en plus comme l’un des labels majeurs sur la scène Doom extrême), …And the living shall envy the dead nous montre néanmoins le groupe sous un meilleur jour, même si les anglais ont choisi de continuer sur la voie amorcée avec la dernière démo en date, Monolithium, dont on retrouve d’ailleurs ici les 3 titres. Œuvrant donc à la croisée de la O.W.O.B.D.D.M (Old Wave Of British Dark Doom Metal, hé hé) et du Funeral Doom, le groupe réussit particulièrement bien à instaurer cette ambiance mélancolique que l’on retrouve chez des groupes tels que Mourning beloveth ou Morgion, avec lesquels ils parviennent presque à faire jeu égal sur les parties les plus typées Doom Death, notamment grâce aux parties guitares qui, à défaut d’être originales, exploitent parfaitement la dualité entre rythmique grasse et lead en son clair. Du classique donc, servi par une excellente production, et dont la seule petite touche d’originalité est apportée par des parties de chant hurlé (façon Bethlehem époque SUIZID) qui varient un peu de la traditionnelle alternance growls / chant clair, même si le chanteur ne semble pas aussi à l’aise dans ce registre « hystérique », ses cris se révélant même assez pénibles, alors que d’autres groupes les utilisent de façon manière efficace (Ataraxie, Wormphlegm). Passé ce défaut, je me dois de reconnaître que contrairement à ce que je craignais, ce disque s’écoute très bien, les 3 nouveaux morceaux étant de bonne facture, et que ce premier album permet à Imindain d'exposer au « grand public » des morceaux qui tiennent plutôt bien la route. On peut espérer que le groupe saura gommer les quelques défauts restants pour nous pondre un excellent second disque.

Note : 4/6

Page 102/132 NIES (Harald) : Dual Systems

Chronique réalisée par Phaedream

Un peu dans le même esprit que Magnetic Deflection, Spacejuggler ouvre avec une approche plus rock symphonique. La basse est coulante et ondulante, sur un synthé mellotronné au rythme soutenu par de bonnes percussions. Guitare et synthé s’accordent sur des fuites et entrelacements d’une complicité harmonieuse. Une entrée solide qui dépeint une approche plus directe, sur des rythmes et mélodies qui accrocheront tout au long de ce 4ième opus d’Harald Nies. Dual System est un beau titre qui fait couler le spleen dans nos veines. Une belle intro au tourbillon léger, sur une basse coulante. Le ton devient plus aéré, jouant entre les rythmes aux harmonies mélodieuses et une mélancolie retenu, sur un beau synthé rêveur. La guitare est lourde et amplifie cette atmosphère de nostalgie. Les cymbales désordonnées ouvrent Lights in third Eyes sur une basse sensuelle et audacieuse, qu’un superbe synthé mellotronné appui d’une tendresse solitaire. Une belle pièce qui bouge avec une sensualité éclectique, sans rythme soutenu, langoureusement avec une captivante ascension. Orange Temple est plus près d’un Berlin School traditionnel avec ses effets bouclés incertains qui s’accouplent sur un tempo minimalisme, aux oscillations à peine perceptibles. Le synthé émet de fines viroles continuelles qui galopent sur des percussions franches, alors que des torsades mélodieuses serpentent un univers sonore riche qui étale ses couches mellotronnées, forgeant une profondeur cosmique saisissante. Magma Chakra est le seul titre planant de Dual Systems. Un titre aux atmosphères et ondulations lourdes qui remuent les sombres oscillations de Chronos, de . Vers la 7ième minute, les atmosphères se trémoussent pour conclurent un tempo doux et souple, guidé par un beau synthé aux sifflements mélodieux, comme pour réveiller nos émotions transis. Magma Chakra gagne à chaque écoute. Plus volatile que Dual System, Weightless Suite coule d’une même nostalgie. Et le piano qui enfonce nos songes, avec une douceur romanesque, visite un peu l’univers rosé de Suzanne Cianni. Plus percutante, la grosse orgue d’Organic Section nous transporte dans un monde sombre où les souffles d’une douceur infantiles bercent nos sens. Un peu comme sur les premiers Vangelis, le ton est doux, avant de s’échapper par la route de percussions insistantes qui ouvrent un rythme cavalant sur des oscillations et bourdonnements soutenus. Un titre plein de paradoxes artistique, qui navigue en eaux troubles mais harmonieuses, doté d’un superbe solo de synthé très accrocheur. C’est sous une ondée de carillons que Starrain oscille avec tendresse. Un titre en deux mouvements, qui se reforme sur un tempo suave avec une belle guitare sinueuse aux solos intenses et poignants. Si Magnetic Deflection vous a plu, Dual Systems vous plaira à coup sur. Harald Nies continu le travail amorcé sur son 3ième opus, mais avec plus d’audace. Son évolution est nette (Orange Temple, Magma Chakra et Organic Section), témoignant d’une maturité croissante et d’un goût pour développer une musique plus complexe, mais toujours en privilégiant une accessibilité, une ouverture pour un public encore tiède. Un bon album, avec de belles trouvailles.

Page 103/132 Note : 4/6

Page 104/132 DEEP PURPLE : Burn

Chronique réalisée par Nicko

"Burn" de Deep Purple... Un tournant dans la carrière des britanniques. Là, attention, voici l'un des albums les plus énigmatiques et sous-estimé du rock. Oui, vous avez bien lu, un album sous-estimé d'un groupe que je considère sur-estimé !! Ca ne s'invente pas, ça se ressent ! Cet album, je l'ai eu assez jeune, je l'ai pas aimé et je l'ai vite revendu... Je ne l'avais pas compris, il y a quelques temps, en redécouvrant Deep Purple, je l'ai racheté. Deep Purple, j'ai toujours considéré qu'il s'agissait d'un groupe de rock trop classieux, gentil, à vouloir trop jouer sur le côté mélodico-pompeux à en devenir horripilant. "Burn", c'est l'album qui symbolise à lui seul ce sentiment. Et pourtant... Pour moi, le rock, c'est la puissance, l'explosion, la hargne. A part quelques titres (vite-fait de mémoire, "Highway star", "Speed king", "Fireball", "Black night", mais y'en a d'autres), Deep Purple, c'est l'anti-thèse de ma définition du rock n' roll. Et pourtant... Oui, pourtant, même si je continue à trouver ce groupe surestimé dans sa globalité, en comparaison à d'autres formations que je trouve plus innovantes et intenses, il n'en demeure pas moins que ce quintette a derrière lui une part importante dans l'histoire du rock n' roll, mais un ton en dessous de beaucoup d'autres selon moi. L'année 1973 est charnière pour eux, la formation Mk.II est au bout du rouleau et le clash se produit avec le départ successif du chanteur Ian Gillan et du bassiste Roger Glover. Dans le même temps, voici qu'arrivent non pas un, mais deux chanteurs ! David Coverdale (à l'époque encore inconnu) dont le timbre est parfait pour remplacer Ian Gillan et Glenn Hughes (aussi bassiste) aux capacités vocales impressionnantes et au timbre chaud et presque soul. De ce fait, Deep Purple a totalement changé de personnalité, on retrouve quand même la technique irréprochable des musiciens (Ian Paice est ici monstrueux avec des breaks inventifs et puissants - peut-être sa meilleure performance sur un album de Deep Purple) et des solos hallucinants. Le morceau "Burn", bien que difficile d'accès au premier abord, est la démonstration de ce que le Deep Purple Mk. III est capable de faire en terme de pur rock n' roll (avec au passage un retour à une introduction d'album bien pêchu, ce qui n'avait pas été le cas sur le précédent album, "Who do we think we are") avec leur propre "marque" de fabrique, oserais-je dire. J'aurais le seul regret qu'il n'y ait pas d'autres morceaux de ce type sur l'album... Le reste de l'album joue beaucoup sur ce feeling presque dansant ("You fool no one") dont el point d'orgue sera l'excellent "Mistreated", sorte de penchant bluesy à "Smoke on the water" d'une certaine manière, avec son riff entêtant, lent et inspiré. La réussite de "Burn" tient en sa capacité à avoir intégré au mieux les caractéristiques de ses nouveaux venus, à un Ian Paice qui permet de garder une réelle pêche à l'ensemble, à une inspiration à peu près constante tout au long de l'album, ainsi qu'à un duo de chanteur réellement complémentaire qui donne toute l'originalité à ce Mk.III. Et pourtant, comme je le disais, on est loin de ce que j'attends d'un album de rock ! Alors on ne tient peut-être pas le meilleur Deep Purple ("Machine head" en tête), mais il vaut largement "In rock" et même s'il garde un peu trop de ce qui me déplait chez le quintette, "Burn" reste un grand sursaut d'orgueil de la part d'un groupe à nouveau remanié (et qui n'en a pas fini avec les changements de line-up d'ailleurs...). L'un des rares albums studio du groupe véritablement excellent.

Note : 5/6

Page 105/132 BLACK LABEL SOCIETY : Kings of damnation - Era '98-'04

Chronique réalisée par Nicko

On sait que le Black Label Society était plutôt du genre productif, mais de là à voir débouler un best of au bout de six années d'existence, il y avait un fossé ! Surtout que bon, Zakk Wylde a beau être un guitariste d'exception respecté, son groupe n'a pas sorti de hits à tours de bras et n'a pas une notoriété débordante pour sortir ce genre d'objets. Donc là, l'intérêt de cette sortie est a priori quand même un peu mince, déjà qu'en temps normal, l'intérêt d'un best of... Enfin bref ! Nous voilà donc avec ce double-CD best of (eh oui ! Il est double en plus, près de deux heures de musique !) présenté dans un beau digipack. Déjà première surprise, ça début par un morceau de... Pride & Glory !! Déjà, le nom de la compilation a un peu faux, car il ne s'agit pas de l'ère '98-'04, mais '93-'04 ! Donc, en gros, on a plutôt un best of de ce qu'a fait Zakk Wylde hors carrière solo d'Ozzy... Donc, si ça permet de faire découvrir à certains fans de Black Label Society ce qu'a pu faire Zakk avant (Pride & Glory et son album solo, "Book of shadows"), pourquoi pas ! Pour le reste, chaque album studio (de "Sonic brew" à "Hangover music Vol. VI") a droit à ses 2-3 morceaux, et à la fin, on a même droit à 2 inédits. Rien d'extraordinaire, mais bon, ça ajoute encore à la collection de morceaux bien grasseux du Black Label Society ! Le deuxième CD fait plus aussi de bonus avec au programme seulement des reprises (pour la partie strictement audio), ainsi que trois vidéos (2 clip et un morceau issu du DVD "Boozed, Broozed & Broken-Boned"). Au niveau des reprises, on a bien sûr droit à celles présentes sur les différents albums du groupe, dont le "No more tears" (un peu loupé pour le coup) d'Ozzy Osbourne qui était présent en bonus sur certaines éditions (japonaises ?) de "Sonic brew". On a aussi 3 reprises du temps de Prode & Glory (donc plus typé rock US que véritablement heavy metal) dont je n'avais jamais entendu parler. Et là, on a du gros rock, avec des reprises pas piqués des canetons (!) de Black Sabbath (en plus de la version superbe acoustique de "Snowblind" par le BLS), Led Zeppelin et des Beatles ! Donc, finalement, on a un objet pas si inutile que ça, qui permet de voir l'évolution de Zakk dans sa carrière parallèle à celle du Madman, ainsi que d'avoir quelques titres plus ou moins inédits ou difficiles à chopper ! Bel objet, mais destiné aux fans et à essayer de trouver pas trop cher...

Note : 4/6

Page 106/132 SIOUXSIE : Mantaray

Chronique réalisée par Twilight

Depuis le split des Banshees, on aurait pu croire Siouxsie installée confortablement dans la carrière des Creatures...Hé bien, non ! Ce fut un premier DVD sous son seul nom l'an passé et tout à coup, sans crier gare, la voilà qui débarque avec son premier album solo sous le bras. Entrons donc dans le vif du sujet, ce disque est varié dans ses atmosphères et d'une certaine manière pourrait évoquer des échos de 'The Rapture', 'Peep show' et 'Superstition' quant à sa diversité. Sont-ce les alentours de la cinquantaine ? Les perspectives d'un nouveau départ artistique ? 'Mantaray' est marqué par le thème du changement, de la transformation...'Into the swan' par exemple, le premier single, voilà un bon rock énérgique truffé de subtilités contemporaines quant aux sonorités, pimenté de percussions orientales; plutôt efficace. Pareil pour 'About to happen', un brin moins lourd dans l'approche, qui lui aussi fait référence à une sorte de sentiment diffus qui flotte tout autour, une idée que tout est soudain possible...Voilà des titres emplis d'énergie, sans pourtant se libérer totalement d'une légère chappe de noirceur. J'aime beaucoup 'Here comes the day' qui change d'orientation musicale par des orchestrations cabaret couplées à un rythme grave, quelques discrets carillons, sans doute la pièce la plus sombre. 'Loveless' est intéréssant par sa manière de brouiller les pistes: batterie lourde dans ses sons, montées de xylophone et un voile de mélancolie dans le chant. Avec 'It doesn't kill you', c'est du côté de la tristesse que l'on lorgne; plus intimiste et légèrement lounge dans ses arrangements de corde côtoyant des guitares plus graves, il nous présente la Siouxsie poignante, sans pouvoir s'empêcher d'épicer le propos de touches grinçantes avant un final au piano. 'One mile below' n'est pas sans évoquer les Creatures de par ses percussions roulantes et tribales. Souvenirs ? C'est plutôt au climat de 'Rawhead et bloodbones' que je songe à l'écoute de l'étrange valse maladive et bourdonnante de 'Drope zone'; la diva démontre tranquillement que son chant peut encore distiller du venin. 'Sea of tranquility' renoue avec quelque chose de profond et de spatial; là aussi le piano triste, les claviers aériens côtoient un rythme faussement bossa nova...Inutile de s'installer dans l'atmosphère, 'They follow you ' rompt le sortilège par une note plus pêchue, ce mélange rock, pop truffé d'éléments disparates...et voici 'Heaven and alchemy' débutant par un piano mélancolique, un chant prenant avant de se rythmer; un final parfait gâché par quelques choeurs mal à propos selon moi. 'Mantaray' n'est pas un album génial mais témoigne efficacement de la vitalité et de la créativité d'une artiste qui n'a pas dit son dernier mot. Sophistiqué, moderne et légèrement audacieux, il parvient à surprendre, à installer le doute, à brouiller les atmosphères, tout en restant cohérent, uni par le timbre magique de Siouxsie.

Note : 4/6

Page 107/132 PYRAMID PEAK : Evolution

Chronique réalisée par Phaedream

Distantes, écoulant de fines réfractions, les premières notes de Gravity tombent dans une atmosphère vaporeuse où le mysticisme trône avec beauté. Une superbe flûte émerge pour se fondre à un doux clavier qui cascade ses accords sur une mélodie limpide à l’ère de Underwater Twilight ou Tyger de Tangerine Dream. Un peu avant la 5ième minute, le synthé si particulier de Pyramid Peak dessine une arche sonore solitaire encore plus mélodieuse, juxtaposant 2 lignes harmonieuses aux ondes poétrices qui valsent sur un tempo aux doux cheminements, au rythme de sobres percussions. Axel Stupplich décrit cette dernière parution de Pyramid Peak comme étant un retour aux sources pour ce groupe qui nous avait donné l’étonnant Ocean Drive. Effectivement, c’est le cas. Evolution est une superbe ode à la Berlin School. Mais un BS coulant, musical, mélodieux et plus accessible. Car le côté complexe des élaborations structurelles fait place à un minimalisme séquentiel progressif et captivant, sillonné de strates synthétisées à la sonorité unique du Peak. Basé sur la théorie de Darwin, Evolution permute à partir des changements d’orientation du Peak depuis sa fondation. C’est ainsi que l’on retrouve un mélange des segments déjà joués en concert ou un très beau remix de Drive. Evolution est un long voyage épique de trente minutes qui est en parfaite concordance avec l’esprit de sa conception. Une intro brumeuse, aux effluves incertains, qui graduellement étend ses nappes mélodieuses sur une séquence minimalisme sur des doublons fluides et hypnotiques. Spectral, le synthé dégage une aura enchanteresse, nous détournant d’un tempo plus progressif qui s’agite sur un séquenceur nerveux et un mellotron aux souffles chauds qui caresse un paysage sonore de plus en plus fourni. Du Berlin School soyeux, aux dérivations cosmiques, qui palpite sur des séquences aux variations multiples, des mellotrons éthérés et des synthés aux lamentations sépulcrales. Les premières réverbérations d’History nous plonge dans une atmosphère lourde et intrigante, rehaussée par des effets vocaux alarmants et des nappes synthétiques acérées, dégageant un futurisme industriel à la Blade Runner. Une intro syncrétique où les lourds synthés se fondent à un mouvement groovy qui éclate d’une sensualité objective. Troisième titre et troisième joyau consécutif, History est d’une musicalité enveloppante qui encercle et envoûte sur un tempo aux évolutions suggestives, truffé de pulsations échotiques charmeuses et envahissantes. Sequenced est le meilleur des deux extrêmes et présente une entrée très atmosphérique où les synthés flottent dans une opacité hantée. Une séquence indisciplinée perce ce voile mystique, pour explorer un tourbillon dont les courbes donnent naissance à une multitude de cycles tournoyants qui valsent sur un beau synthé tendre et mouvant. La 2ième partie est corrosive, avec un solide beat techno aux courbes nerveuses et séquenceurs échotiques. Drive 2007 est un remix qui s’ouvre sur une intro aux bourdonnements métalliques. Les boucles aux effluves romanesques d’un hymne électronique si choyé tournoient avec clarté, nous amenant à chantonner la mélodie avant son apparition. Les synthés qui soufflent…et le reste est qu’histoire. Evolution est le meilleur album de MÉ à paraître cette année et le meilleur de Pyramid Peak. Audacieux et musical, le Peak dévoile une tendresse mélodieuse qui envoûte avec cette sonorité si particulière au trio

Page 108/132 Berlinois. Un album aux images sonores empreintes d’une délicatesse inouïe qui nous plonge dans un Berlin School trituré par une approche autant romanesque qu’avant-gardisme. Le genre d’album qui ne peut passer inaperçu et qui plaira aux amateurs de Berlin School et Tangerine Dream, période White Eagle à Tyger.

Note : 5/6

Page 109/132 THE DANCING DID : And did those feet

Chronique réalisée par Twilight

Mick Mercer les adore; même si je ne partage pas forcément son enthousiasme, force est de reconnaître que The Dancing Did ne correspondent pas vraiment aux images que l'on se fait d'un groupe goth et risquent d'en surprendre plus d'un. Cherry Red (il faudra bien qu'on finisse par leur décerner un prix pour services rendus à la musique) vient justement de rééditer leur album 'And did those feet' agrémenté de pas mal de bonus. A priori, rien de particulier sur l'excellent 'Wolves of Worcetshire': carillons glacés en intro, batterie roulante proche de celle de 'Do you believe in the westworld ?' de Theatre of Hate (roulements que l'on retrouvera sur 'Within the green green Avon O'), guitares lourdes, vocaux sombres. C'est dès le titre d'après que les choses se brouillent; ultra dépouillé, il consiste en un roulement de batterie rapide suivi d'une basse qui à eux-deux sonnent tout à fait comme nombre de morceaux psychobilly. Le chant, nerveux, consiste en réalité à une technique de scansion narrative basée sur les rythmes, méthode que l'on va retrouver sur pas mal de chansons, notamment 'On the roofs', lui aussi baigné d'influences psycho/country sans sonner réellement psychobilly ni rockabilly (vous me suivez ?). Mais ce n'est pas tout, le bon 'Squashed things' dévoile une autre facette encore, une sorte de cold wave à la And also the trees, l'humour noir dans la poésie en plus. A y regarder de plus près sur les photos, nos Anglais semblent apprécier de se la jouer dandys campagnards...version défraîchie ! Jouant à fond la carte redneck gothique du fond des bois, le quatuor truffe donc de touches folk un post punk dépouillé. C'est ce que révèlent les compositions suivantes, pas toujours évidentes à suivre. Le son est en effet réduit au minimum, riche en breaks, en délires vocaux...La batterie sèche évolue souvent de manière linéaire, sans souci des autres instruments qui se greffent dessus à leur manière (la guitare du moins), peu de mélodie également, notamment dans la voix qui suit ce fameux rythme de scansion, parfois faussement grandiloquent (le bon 'Badger boy' enrichi d'un excellent clavier simple mais efficace ou le début de 'The Dancing did' qui sonne comme une parodie de And also the trees). Ce mélange hétéroclite de post punk, de psychobilly, de folk païen et d'atmosphères gothiques, ainsi que ce timbre font la marque de fabrique des Dancing Did mais aussi leur limite. Les bonus, souvent des versions alternatives extraites de faces B, ainsi que quelques inédits lassent rapidement face à la répétition de cette technique. Seul le post punk goth 'Green man and the march of the bungalows' et sa face B s'en tirent bien. Ce n'est pas le cas de l'horrible 'The world's gonna end in Cheltenham' et son phrasé rap sur fond funky (l'ombre des Clash dernière période n'est pas si loin) ou de l'ennuyeuse marche punko-militaire de 'Last platoon', audacieuse dans le parlé mêlant onomatopées et textes mais longuette. Pour conclure, quelques enregistrements live, très punky, limite expérimental, dans l'esprit. Et il faut mettre une note là-dessus ? Pas évident tant je suis encore abasourdi par les délires de ce groupe unique en son genre...J'opte pour un 4, ne fut-ce que pour récompenser l'originalité de musiciens qui semblent avoir évité tout compromis commercial dans leur écriture tout en démontrant que vivre à la campagne était tout sauf un obstacle à la créativité.

Note : 4/6

Page 110/132 TRAGIC BLACK : The cold caress

Chronique réalisée par Twilight

On dirait que certaines formations se font un malin plaisir de compliquer la tâche des chroniqueurs. Tragic Black font partie de ces petits futés qui tout en conservant leur ligne évoluent à chaque album. Après un 'Decadent requiem' violent, flirtant avec le punk, voir l'indus, le groupe s'est calmé, rapproché de ses racines batcave/deathrock et inspiré de Cinema Strange au passage. Les premiers titres de 'The cold caress' évoquent en effet à plus d'une reprise le trio d'allumés dans les structures de guitare et la rythmique (c'est flagrant dans 'Les photos restent' et 'June's dying'). Rien n'est cependant joué sur ce disque puisque 'The garden of disease' se rapprochent nettement de sonorités deathrock; pareil pour 'Sink in' qui se paie le culot de s'épicer d'éléctronique subtilement dosé. Parfois, le propos est un brin plus émotionnel, notamment sur l'excellent reprise du 'Reptile' de The Chruch qui débute par un vilain thème de clavier digne d'une rave sur la plage et se mue imperceptiblement en un titre froid, triste et bouleversant. Curieusement, vISION se montre très à l'aise dans ce registre, démontrant une capacité mélodique intéréssante pas forcément évidente sur certaines compositions. Je citerais en seconde preuve, le bon 'Red lights and dance', lui aussi travaillé dans ses climats. Alors qu'on commençait à penser que même si c'était bon, ça devenait un brin répétitif, que ce soit dans les plans de guitare ou le chant, débarque soudain 'Missng miles', plus agressif et indus dans ses lignes, notamment la programmation du rythme, l'usage intelligent de l'éléctronique...Personnellement, j'adore. Dommage d'ailleurs que l'album ne s'arrête pas là car si 'Seashell radio' et son patchowrk de deathrock et de touches Skinny Puppy tient la route, il n'en va pas de même avec l'atroce 'Schneid das Blau' avec son début lourdingue nostalgique de 'I love rock'n'roll' et sa suite faussement punk metal. Que dire de l'ultime pièce, 'Aparicion' ? Violente elle-aussi avec une touche vaguement Exploited, on s'y fait même si elle n'est pas nécéssaire sur ce disque. Pour ma part, je conseille plusieurs écoutes. On jugerait rapidement 'The cold caress' alors qu'au fur et à mesure des écoutes, il dévoile la richesse de ses compositions. Certes, il y a bien les pompages de Cinema Strange mentionnés mais dans l'ensemble, Tragic Black démontrent bien vite qu'ils ont leur propre démarche. Il est à noter d'ailleurs que nos Américains semblent peu enclins au compromis et se font un malin plaisir de pondre des chansons injouables sur dancefloor...C'est tout à votre honneur les gars, même si ça complique la tâche des djs...

Note : 5/6

Page 111/132 SARCOMA INC. : Torment rides forever

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Pas vraiment surprenant… suite au split de Limbonic art après la sortie du controversé Ultimate death worship, Morpheus réactive son projet électro / indus Dimension F3H, alors que Daemon retourne lui aussi à ses premières amours, plutôt Thrash Black, en relançant Sarcoma inc., projet fondé en 2002 et dans lequel il laisse libre court à ses pulsions… old school. En effet, on se retrouve à des années-lumière de la sophistication et de l’avant-gardisme de « Limbo », parce que chez Sarcoma inc., on pratique le brutal de chez hargneux, qui suinte la haine, la bière et surtout le Metal à bracelets à clous et veste en jean des 80s, et qui laboure les oreilles à grand coup de riffs ultra agressifs. En fait, Torment rides forever ne relâche la tension que lors du bref intermède Ambient (« Hellish intermezzo ») lançant le dernier titre, et de quelques rares passages mid-tempos (la fin de « Well of damnation »). Le reste du disque, c’est juste de la grosse boucherie, genre du Possessed ou Sodom passés à la moulinette Brutal Black, avec une prestation vocale particulièrement déchainée de Daemon, des leads de guitares qui ne ressemblent à rien et, bien sûr, des textes de bœuf à base de « aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh » et de « saaaaaaaaaaaaattttaaaaannnnnnn !!!! ». Evidemment, le son est bien en phase avec l’ensemble, hyper saturé et agressif, il contribue à donner cette ambiance à la fois très crue et hystérique qui rend ce disque bien plus intéressant qu’une x-ième galette de retro-thrash allemande de série B, même s’il y a quand même peu de chance pour qu’il attire un public autre que les fans curieux de

Limbonic art et les die hards du genre...

Note : 4/6

Page 112/132 THE NEON JUDGEMENT : Red Box

Chronique réalisée par Twilight

Voilà un bon moment que j'attendais une compilation de ce genre, simple, sans une armada de bonus mais efficace dans la sélection des chansons. Si je possédais déjà les deux meilleurs albums du duo belge, je désirais fortement avoir en cd l'un de leurs hits, 'Chinese black'. The Neon Judgement avait sorti 'The Box', intéréssante compilation, mais avec un peu trop de remixes inutiles ou de versions livre à mon goût. 'Red box' est nettement plus sobre mais les incontournables sont presque tous là, à commencer par ce fameux 'Chinese black' qui fleure bon la dark wave des 80's: guitares noires et vaporeuses, claviers orientaux version cinématographique, vocaux comme lointains portés par la réverbération, une sorte de mélange entre éléctronique et éléctricité, entre new wave et EBM avec un feeling goth, plus fort encore sur l'excellent 'Awful day' ou le tribal 'Voodoo nipplefield' carrément glauques dans leurs climats. Sur des compositions comme 'Jazzbox', c'est l'aspect wave/EBM qui l'emporte, tout en préfigurant les dérives technoïdes de Neon Electronics. Au chapitre inédit, une reprise plutôt correcte de 'Heroes' du maître Bowie qui en conserve l'esprit en ajoutant une touche désenchantée. Il fallait s'y attendre, il y a quand même des remixes, pas forcément indispensables ('13.13') mais pas désagréables non plus ('Right to reject'). Celui de David Caretta pour 'Awful day' est assez surprenant qui renoue avec une forme d'éléctro minimale old school, 'Chinese Black' me plaît moins; il est certes audacieux mais moins coulant, le mélange techno planante/expérimentation donne l'impression d'un exercice de style destiné à masquer le manque d'adéquation entre vocaux et cette relecture musicale, pareil pour 'Miss Brown' qui malgré ses tentations EBM ne convainct pas totalement. Mais qu'importe, pour qui désire découvrir le duo dans sa formule la plus gothique, il y a bien assez de chansons, et des bonnes.

Note : 5/6

Page 113/132 PUBLIC IMAGE LIMITED : Public Image 7

Chronique réalisée par dariev stands

« Vous n’avez jamais eu l’impression de vous être fait rouler ? ». Ces amères paroles ne sont autres que l’épitaphe du premier boys band de la terre (et dernier groupe de rock’n’roll si l’on en croit l’intéressé, qui voulait visiblement changer de planète), puisque ce sont les derniers mots que Johnny Rotten prononça au public lors du dernier concert des Sex Pistols (à San Francisco), qui n’allaient plus jamais jouer ensemble avant les mercantiles reformations des années 00. En fait, ce sont les derniers mots prononcés par Johnny Rotten tout court, puisque l’homme allait devoir remiser son sobriquet au placard lors de ses aventures suivantes, le terme « Johnny Rotten » se révélant être une marque déposée appartenant au manager-entubeur fou Malcolm McLaren, vous savez, l’escroc visionnaire qui avait monté les personnages Sex Pistols comme on fabrique des héros de comics. La suite donc, se trouve dans les paroles de ce premier single éponyme de PiL (affectionneusement surnommé par le batteur « Un morceau décent pour le prix de deux ») : « You never listened to a word that I said / You only saw me for the clothes I wear”. Un morceau en forme de règlement de comptes, à la frontalité encore toute pistolienne, avant de larguer les amarres pour de bon vers l’inconnu. Car Public Image, même pour les très fertiles années post-punk, reste un des groupes les plus déjantés à être signé sur une major. La faute à Richard Branson, le richissime patron de Virgin, qui embarqua Lydon dans ses bagages pour une virée de 3 semaines en Jamaïque destinée à pêcher les futurs Bob Marley ! Si ce voyage n’est à première vue qu’un vaste coup de filet marketing, Branson en profitant pour faire venir le groupe Devo en jet privé pour tenter de leur imposer Lydon comme chanteur (!!), la troupe, filmée par Don Letts – qui toastera un temps sur « Religion », signera tout de même Big Youth à cette occasion, et permettra à Lydon de découvrir le monde enfumé du dub. Après une session ratée chez Lee Perry (si quelqu’un a des traces…), ce dernier retourne dans la pollution de son Angleterre haïe avec des lignes de basse caoutchouteuses plein la tête. N’ayant pas eu vent de l’affaire Devo, il est pressenti pour jouer le rôle principal dans Quadrophenia, puis pour monte un groupe reggae. Rien de cela n’arrivera. Il n’a plus de nom mais désormais, il est libre. Un bref coup de fil à son pote hooligan Jah Wobble, irlandais connu pour son maniement du nunchak… pardon, de la chaîne de vélo ; et un autre à Keith Levene, premier guitariste des Clash (d’autres défricheurs de sons jamaïcains), et le noyau dur de PiL était formé. Il ne manquait plus que le batteur Jim Walker, que Lyndon recrutera après moult auditions passées grace à une annonce anonyme. Parmi une lampée de Heavy Metalleux en jeans moule bite, Lydon choisira cet étudiant fraîchement arrivé du Canada pour son jeu proche du batteur de Can… Précisions : Jah Wobble ne sait pas plus jouer de la basse que Sid Vicious, mais pour une raison ou une autre, il sort instantanément des lignes plombées dignes d’une production King Tubby… Bref, un groupe de glandeurs finis, fauchés qui plus est, qui va semer fracas et désolation durant toute la durée de son deal avec Virgin. Ils trouvent quand même le temps d’enregistrer ce premier 45t dans un vrai studio, sous la houlette d’un John Leckie qui commence ici une longue carrière… Ce ne sera pas le cas de l’album. N’ayant réussi à écrire qu’une chanson, le groupe remplit la face B en improvisant sur le générique de Bonanza dans un chaos sonore digne des Stooges de L.A. Blues, le tout en racontant des aneries sur Richard Branson… Ce sera également le cas de l’album. Histoire de pousser un peu le bouchon, c’est un pastiche de tabloïd qui fait office de pochette, ce qui donnera des idées aux Guns, 10 ans plus tard. Si musicalement, la farce n’est jamais loin, on touche ici à la fine fleur de la punk attitude anglaise. Consternant mais drôle. Ne jamais être le premier sans

Page 114/132 le second, n’est ce pas, Axl ?

Note : 3/6

Page 115/132 PUBLIC IMAGE LIMITED : First issue

Chronique réalisée par dariev stands

Quand on casse la figure de l’ingé-son, il ne faut pas s’étonner si on se fait virer du studio, et qu’on se retrouve obligé d’enregistrer en catimini dans des studios laissés vacants vers 3h du matin. C’est donc dans un de ces sous-sols de studios pour maquettes que la formation guerrière de feu Johnny Rotten parviendra à usiner – non sans peine puisqu’ils n’ont pas l’ombre d’un kopeck – en quelques séances nocturnes, les 3 démos qui terminent cet album. Car en réalité, les mastodontes que sont Theme, Religion et Annalisa en sont les seules pièces abouties ! La face B – et c’est ce qui enlève la fatidique 6eme boule – n’est que remplissage ! Low Life et Attack sont des esquisses, balancées comme ça en répète, sans enregistrement digne de ce nom, et quant à Fodderstompf… Il n’y a qu’à écouter Wobble et Lydon glapir pendant 8 minutes, pour arriver à un album de 40, tout est dit dans les paroles… Mais parlons donc de ces 3 brûlots. Theme, derrière un vacarme assourdissant, fait de turbines métalliques à faire pleurer Tom Morello, est la mise au point de Lydon avec le music business et les médias, plus encore que le premier single-manifeste, dont le texte se rapproche plus d’une interview (encore que Low Life s’adresse directement à McLaren). Theme, c’est la bande-son de la désillusion. On y entend un homme ivre de rage pleurer puis devenir fou : « Maintenant j’ai compris, et je préfèrerai mourir ». C’est une chute libre… Le beat cogne comme un martèlement d’aciérie, la basse dub tricote son motif mélodique sans s’inquiéter de la voix qui s’égosille, bascule de la colère au désespoir… La guitare, elle, est d’entrée bonne pour la camisole : le ferrailleur Keith Levene utilise entre autres une guitare Veleno entièrement en aluminium... On n’est pas chez Glenn Branca et pourtant ça grince dans tous les coins… Ce premier traité de l’esthétique PiL a de quoi rebuter, chaque instrument y faisant sa vie, semblant vaquer à ses occupations, jusqu’au moment ou l’on réalise que la basse et la batterie font corps, et que la voix et la guitare s’entredéchirent dans un concours de dissonances assez similaires… On sort du vocabulaire strictement rock, la section rythmique, affranchie, n’est plus l’esclave du chanteur et du gratteux, ces m’as-tu-vu, le divorce est commencé, l’émancipation est consommée, et elle passe par le dub. Après une sorte de cloche funèbre tintant vers 8 :40 et les mots « Terminal Boredom » lachés par Lydon comme un mantra, vient un poème récité a cappella qui semble dire « vous n’allez pas échapper à ce que j’ai à dire ». Le réservoir de fiel est encore plein, on est loin du message farce des Pistols. La mise en musique de cette diatribe a le mérité d’être un pain dans la gueule franc et massif. « Religion », c’est du magma en fusion qui se déverse sur les églises, un massacre en règle des bigots, qui permet de relativiser un tant soi peu le cirque des groupes prétendument « anti-religieux » à suivre. Le riff coupe dans le lard, formant ainsi une spirale de haine qui n’a rien de cathartique. Vous voulez oubliez vos collègues de travail en mettant un disque ? Vous envisagez maintenant leur éviscération à l’économe. Vous étiez déjà agacé par les fanatiques religieux ? Vous avez maintenant envie de les saigner à blanc. La basse, elle, vrombit tranquillement, écrase les très bande-mou années 70 tel un rouleau compresseur, avec tout leur cortège de groupes aux moyens démesurés. On a beaucoup ricané des Pistols, mais essayez un peu de ricaner de « First Issue ». Après ce Religion bien dévastateur, qui, pour autant que j’en sache, donne des joyeuses envies de coups de barre à mine dans la tête de Michael Bublé, on ne peut que redescendre. Et c’est ce qui arrive avec Annalisa, qui reste un missile punk bien plombé, contant une histoire atroce comme il faut : celle d’une jeune allemande épileptique dont les parents, inquiétés par ses crises, ont décidé de faire exorciser. Au programme : jeun purificateur pendant 10

Page 116/132 mois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ni les parents ni les prêtres n’iront en prison. (Tiens ça ne vous rappelle pas « Polly » d’un certain groupe de Seattle ?) Ça se passe en 76 et ça ne plait trop à Johnny, ni à nous d’ailleurs… Son grand marathon contre le monde entier est lancé, et il trouvera son apogée avec la suite… Oubliez le cliché des Pistols préfabriqués par les médias et du punk anglais vide de tout contenu : c’est ici que

ça se passe.

Note : 5/6

Page 117/132 THE NEON JUDGEMENT : At Devil's Fork

Chronique réalisée par Twilight

En 1986 sortait 'Mafu Cage', un chef-d'oeuvre. Près de dix ans plus tard, voici 'At Devil's Fork', une horreur. Que s'est-il donc passé durant ce laps de temps ? Je l'ignore. Certes, le duo, comme beaucoup de formations dark belges des 80's s'était progressivement intéressé aux phénomènes techno et new beat au début des 90's et d'une certaine manière, la manière de programmer la rythmique s'en ressent un peu. Le problème n'est pourtant pas là car les guitares éléctriques sont présentes sur le disque et les deux musiciens expérimentent beaucoup à coup d'effets, déforment les voix, saturent les claviers...Serait-ce l'explication ? 'At Devil's Fork' est un disque creux, vide, sans inspiration où la production tente en vain de masquer le manque d'efficacité. Les morceaux sont longs, répétitifs, noyés dans un collage d'effets, de crissements, le chant est sans cesse masqué par les différents filtres...On a bien quelques pièces comme 'Serve' et ses rythmiques orientales musclées et ses bruits flippants en arrière-fond ou éventuellement 'Understand' et 'Overruled' à la texture plus solides qui surnagent. Il n'empêche, ce perpétuel patchwork d'effets, de déformations, de programmation répétitives et autres bruitages est des plus lassants; on recherche en vain une mélodie, une atmosphère mais de l'écoute de 'At Devil's Fork' ne reste au final pas grand chose et ce ne sont pas les affreuses versions 95 de 'TV treated' (technoïde et barbante) et 'Chinese black' (molle à souhait) qui renverseront la vapeur hélas.

Note : 2/6

Page 118/132 AUTECHRE : Anvil Vapre

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Bruit, silence. Bruit, silence. Bruit… silence. Moteur enclenché, pistons en explosion permanente. Lubrification totale. Machines en position maximale. Temps mort, vague lointaine, caverneuse… Redémarrage immédiat. Engrenages en roue libre. Pression élevée. Température limite atteinte. Danger. Blocage. Enrayement… Ralentissement… Ca, c’est ‘Second Bad Vilbel’, une des plus grandes réussites d’Autechre, parfaitement orchestrée avec seulement une dizaines de sons différents, qui nous projette au cœur d’un système industriel pur, paradoxalement groovy, grand, qui nous laisse que peu de choix : danser ou mourir. C’est ainsi que l’on est accueilli au cœur d’Anvil Vapre, dont les structures faussement répétitives sont intimement liées à ‘Tri Repetae’ et les sonorités presque indus, à l’image de l’artwork et du clip (tous deux signés Chris Cunningham) rejoignent ‘Chiastic Slide’. Deux belles pistes sans surprises poursuivent le chemin pour arriver au laborieux ‘Second Peng’, véritable plongée au cœur d’une horloge géante fourmillant de mécanismes se déclenchant les uns après les autres. Suivez la trotteuse, et attention à la grande aiguille…

Note : 4/6

Page 119/132 AUTECHRE : ep7

Chronique réalisée par Wotzenknecht

Entre ‘LP5’, pierre angulaire tirant sa force du parfait compromis entre expérimentations électroniques et accessibilité, et le ténébreux ‘Confield’ laissant plus d’un fan asphyxié et/ou révulsé, il existe ce vrai/faux EP (70 minutes, ça commence à faire LP, non ?) faisant office de dernière aire avant les plongées glaciales dans la suite de la discographie d’Autechre. Et de quoi est-il composé, ce bagage de survie ? Eh bien d’un peu tout ce qu’a pu faire le duo depuis le début, à savoir la réappropriation du hip-hop (l’incroyable ‘ccec’ et son incompréhensible flow bidouillé), l’expérience sur des textures sonores cotonneuses (‘rpeg’, ‘dropp’), parfois très lumineuses, presques candides (‘maphive 6.1’), et d’autres beaucoup plus sombres, tel le superbe ‘netlon sentinel’, véritable « Lacrimosa » digital, avec son angoissant final qui nous laisse reprendre nos esprits sur le calme et tendre ‘pir’, ne laissant que peu d’indices quant à la suite à venir. On notera au passage deux pièces assez dépouillées et paradoxalement très captivantes, d’abord ‘left blank’, où les mélodies ne se font qu’à travers le peu de timbre que veulent bien nous accorder les beats déchiquetés qui s’évaporent au fil du morceau ; puis l’étrange ‘zeiss contarex’, semblable à une promenade nocturne ivre mort, où chaque petite lumière dans nos pupilles rouges se transforme en luciole dansante. Une voix de femme vient se greffer là, nous répète quelque chose d’incompréhensible dans ce qui semble être du français… Toujours certains de leur talent, avec un pied dans les racines et l’autre dans le futur, Autechre signent leur EP le plus complet qui soit, avec même, sous réserve que votre système le permet, une bonus track AVANT la première piste (en remontant le cd). Tout est impeccable, des origines à l’avenir, design inclus : la fin de l’ère ambient/IDM mélancolique d’Autechre est annoncée. Enfilez un anorak et des moufles, car un vent froid souffle déjà à l’horizon. Ne sentez-vous pas votre chair qui frémit ?

Note : 5/6

Page 120/132 TOTAL : Exploded Star Sad Servant

Chronique réalisée par Wotzenknecht

“Anyone who gets to side four is dumber than I am.” Ca, c’est Lou Reed parlant de Metal Machine Music, le premier disque de harsh noise balancé à l’aveuglette dans le grand public. Apparemment, certains sont parvenus à la face quatre, s’en sont délectés (j’imagine que Genesis P-orridge et William Bennett faisaient partie de ceux-là) et pour certains, ont retenté l’expérience. C’est le cas de Matthiew Bower, relançant l’expérience ‘Total’ (qui s’était mis en pause pour quelques années) pour satisfaire ses urgences jusqu’au-boutistes inconciliables avec Skullflower. Mêlant ondes radio et divers bruitages (à la pelle dans ‘Frost’ : téléphones, instruments divers, clochettes, onomatopées…), Total sature l’espace, rembourre les murs d’une épaisse couche de guitare monocorde sur laquelle viennent se greffer les bruits et surtout les hurlement de guitares et larsens divers, tels des chanteurs inhumains clamant quelques mantras au dieu Machine. Du premier titre lo-fi athmosphérique au très chaotique et psychédélique final, Bower nous chahute, nous fait rentrer dans une ligne à haute tension où cent mille grésillements et interférences viennent heurter nos tympans. Les deux dernières minutes du disques, insupportables, ne sont réservées qu’aux plus téméraires d’entre vous. Un ensemble varié donc, allant crescendo dans la violence si l’on occulte la petite pause ‘Drainage Angels Flare’. Pour paraphraser Proggy, ‘abject’ et ‘fascinant’ seraient effectivement les deux termes les plus appropriés pour clore ce paragraphe.

Note : 5/6

Page 121/132 KLINIK : Black leather

Chronique réalisée par Marco

Avant-dernière collaboration de Dirk Ivens à l'aventure Klinik (avant "Time" en 1991), "Black leather" scelle définitivement l'évolution du duo vers des gimmicks plus "dansants" et mélodieux tout en conservant l'aspect abrasif de leur premières productions (le très EBM/indus "Obsession"). Les "synthbass" de "White trash" se marrient parfaitement aux déclamations sous disto d'un Dirk Ivens toujours possédé tandis que l'hymne SM "Black leather" présente certainement la face atmosphérique et mélodique la plus évidente des Belges. Editée la même année avec "Fear" et "Pain & pleasure" en CD (compilation réédité également récemment chez Hands Productions), cette galette est une pierre de plus à un édifice dont la stature et l'ornementation demeurent parmis les plus jouissives de l'histoire de la musique électronique.

Note : 4/6

Page 122/132 TYPE O NEGATIVE : Stone flowers

Chronique réalisée par Nicko

Voilà le genre de CD qui ne sert pas à grand chose. Originellement destiné au fan-club du groupe (semble-t-il...), ce CD est une collection de versions rares, de démos, de reprises plus ou moins intéressantes que le groupe a pu enregistrer. Et le résultat est ultra-décevant. C'est bien simple, les seuls titres bons sont ceux disponibles sur leurs albums ou best of ("The least worst of" - très recommandable pour un best of), c'est-à-dire l'excellent "Summer girl", "Black Sabbath" avec des paroles bien appropriées, "Paranoid" (quoi que pour ce dernier, l'avis est plutôt mitigé. Le reste, ce sont des remix techno/indus avec loops débiles ("Black No. 2", "Love into death", "Christian woman '98" - chiantissimes !!). La version de "Christian woman" de 1992 est intéressante mais hélas coupée. On peut se consoler avec ce qu'on peut déjà avoir par d'autres biais (peut-être pas à la sortie de cet objet - 1998 - mais certes, ça reste bien fade). La compilation se termine par une reprise bien grasse de Jimi Hendrix par Carnivore, le précédent groupe de Peter Steele, qui ressemble en fait aux débuts de Type O

Negative. Une compil' peut-être rare, mais inutile à l'heure actuelle.

Note : 2/6

Page 123/132 COMPILATION DIVERS : An anthology of noise & : first a-chronology 1921 - 2001 (volume #1)

Chronique réalisée par dariev stands

Bon, alors, il paraît que certains veulent du nouveau ? Du frais, du neuf, du jamais entendu, du dégrisant, du bien croustillant, du dégoisant ? Voilà monsieur. Suffisait de demander, monsieur. Cette "anthology of noise & electronic music", vaste projet de compilations crées par le label Sub Rosa ("the folkways of noise", qu'ils disent), et dont voici ici le premier volet, devrait vous satisfaire... On y trouve pêle-mêle, des plongées dans l'indus noise le plus instable (Dresden Interleaf et surtout October 24, 1992), des fragments sonores comme rescapés d'une catastrophe atomique (Trance #2, ou l'on retrouve notre ami John Cale dont je vous parlais il y a peu ou encore Corale des frères Russolo, futuristes italiens qui rabattront le caquet des pinailleurs qui cherchent toujours à remonter à la source - comme moi), ou encore des digressions sur le mode "field recordings" complètement hallucinantes et donnant l'impression d'être un fantôme, passant à travers les murs, découvrant les multiples bruits, saynettes intimes et évènements sonores d'une ville (sans doute un Berlin d'entre deux guerres pour "Wochende", superbe pièce émouvante, tour de force incroyable pour 1930, annonçant "revolution n°9" de vous-savez-qui avec une acuité confondante)... Alors c'est sûr, on écoutera pas ça tous les jours. Pour sûr, les mecs de Sub Rosa se sont un peu enflammés : beaucoup de précurseurs de la noise ou de l'ambient ici, voire du krautrock (ne ratez pas les compils suivantes pour cela), mais pas vraiment de la musique éléctronique telle qu'on la concoit aujourd'hui. Comme la Berlin School et dérivés, le terme éléctronique est revendiqué avec un peu trop d'assurance... Parlons plutot ici de musique concrète. On en trouve de beaux échantillons ici, comme cet impressionnant morceau de John Cage, ou encore ce Scambi qui renvoie Matmos dans les jupes de Björk (57, didiou !), voire ce terassant Aspekt, d'une brutalité toute germanique. Amusant de constater d'ailleurs la prédominance d'artistes allemands, ou plus simplement d'origines très diverses. C'est d'ailleurs un gars de chez nous qui signe le chef d'oeuvre de la compil : Poème Electronique par Edgar Varèse. Ce mec joue du silence comme personne, un

Page 124/132 vrai virtuose ! A écouter une fois dans sa vie. Cela dit, cette compilation, indispensable pour le témoignage et pour le culot de regrouper de tels noms ensemble (jetez un oeil à la tracklist... oui oui, monsieur), pêche quand même sérieusement par son agencement. Ca commence dans l'ordre chronologique, puis en fait non, et on se retrouve vers la fin totalement incapable d'apprécier à sa juste valeur l'Illbient du remarquabl Dj Spooky, coinçé entre une demie heure de torture par Pauline Oliveiros et deux petites minutes de Xenakis au bon lait de brebis (qui pisse dans un tonneau, c'est rigolo, bref c'est concret et ça fait "phhhh"). Le tout se terminant par un instantané bien trippant nommé "One Minute", qui a le mérite de bien porter son nom (merci!). "An Anthology..." est un objet complètement austère par son aspect, grisatre et autoritaire, mais paradoxalement grouillant de vie à l'intérieur, une vie autonome, qui depuis un peu moins d'un siècle fait son chemin sans se soucier le moins du monde de ce qui se trame à l'extérieur, dans le music business, et toutes ces choses dont - ça tombe bien - on se fout ici.

Note : 4/6

Page 125/132 HATE FOREST : The gates

Chronique réalisée par Nicko

Je vais voir dire, Hate Forest, je découvre progressivement, et j'aime ce son bien gras et ample avec cette voix haineuse qui te bave à la gueule comme personne. Leur musique représente pour moi un gros magma de lave en fusion opaque et brumeux. Bref, du gros black metal épais qui te pète à la gueule telle une baffe donnée par un bon 1ère ligne de rugby ! Là, cet EP, sorti au début de leur carrière propose 2 morceau pour un peu plus de 30 minutes de musique. Le premier titre dure près de 20 minutes et il est uniquement composé de crépitement de bois en train de bruler avec du vent sifflant. Bon, en gros, vous allez à Nature & Découvertes et vous pourrez trouver toute une pelletée de CD de ce genre, style relaxation au feu de bois même si vous n'avez pas de cheminée ! Ca met dans l'ambiance, OK, mais sur les 2/3 du MCD et surtout pendant 20 minutes, c'est limite abusé... Le deuxième morceau commence bien avec un bon riff mais aussi une production style démo enregistrés au fond d'une cave ukraine avec deux micros, donc avec un son de guitare très grésillant et pas du tout puissant. Donc, on fait clairement très loin d'un album comme "The most ancient ones". En plus, le morceau est ultra-répétitif, totalement instrumental et quasiment sans variations (à part quelques changements de cymbales - mais toujours sur un mid-tempo relativement rapide et efficace). Ca dure comme ça pendant 8 minutes environ. Et enfin, sur les 5 dernières minutes du morceau, on a juste le son d'un battement de cœur qui faiblit et ralentit progressivement jusqu'à s'arrêter. Et voilà, c'est fini ! Bon, on va dire que c'est un EP concept ukrainien burzumesque sur la désolation et la solitude, mais quand même, c'est un peu foutage de gueule. Ils auraient pu se fouler un peu plus et proposer quelque chose d'un peu moins répétitif. Et on est quand même loin de leur style principal. Anecdotique.

Note : 2/6

Page 126/132 THE DARK : The best of the Dark

Chronique réalisée par Twilight

Le plus curieux avec the Dark est qu'à l'écoute de certaines de leurs morceaux, je réalise que je les connais depuis des années sans le savoir. Ainsi ai-je réagi à l'écoute de 'Masque' découvert sur la compilation 'Gothic rock 3'...'Aaah, c'est eux ?'. Pareil pour 'John Wayne' mais il est vrai que celui-ci ressemble tellement à une composition des Clash que rien d'étonnant à ce qu'il me soit familier. La reprise du thème de 'Hawaii five O' est hors-catégorie puisque nombre de formations surf et garage l'ont jouée mais 'Bullet in a gun' aussi, je connaissais (d'où ? J'en sais fichtre rien...). Et qui sont donc The Dark ? Un groupe punk de la seconde vague formé en 1978 mais qui démarrera véritablement en 1979. Débutant par des compositions purement punk rock dans la lignée des Clash, Sex Pistols et autre Buzzcocks, ils injecteront imperceptiblement une légère dose de noirceur dans leur musique (d'où une mini reconnaissance dans les cercles goths old school). Cette impression provient peut-être du fait que le bassiste Phil Langham passera au chant après le départ du premier vocaliste; plus assuré, son timbre évoque quelque peu celui de Jello Biafra et l'atmosphère des chansons s'en ressent, surtout que les orchestrations s'alourdissent, le feeling est plus écorché. Fini le groupe de pub, nous voilà avec une formation dark punk qui n'a certes rien d'original ni de novateur mais reste plaisante à l'écoute. Je signalerai encore 'The pleasure is pain' qui s'approche presque de la cold wave comme un étrange interlude dans un répertoire punkoide. Suite à plusieurs départs, le groupe splittera en 1982, Phil continuant en tant que producteur (Action Pact); il débutera également le label Anagram de chez Cherry Red avant de mourir tragiquement à l'âge de 27 ans.

Note : 4/6

Page 127/132 Informations

Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.

© 2000 - 2008

Page 128/132 Table des matières

Les interviews...... 3

BETHLEHEM - (interview réalisée par pokemonslaughter, Yog Sothoth) ...... 4

LUGUBRUM (version française) - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)...... 8

LUGUBRUM (English version) - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)...... 15

Les chroniques ...... 21

13TH FLOOR ELEVATORS : The psychedelic sounds of the 13th floor elevators ...... 22

SCHROEDER (Robert) : SphereWare...... 24

ARTESIA : Chants d'Automne ...... 25

SHIKARI : Robot Wars ...... 26

PIG DESTROYER : Prowler In The Yard...... 27

PIG DESTROYER : Terrifyer ...... 28

PUBLIC IMAGE LIMITED : First issue...... 29

TOWNSEND (Devin) : Ziltoïd The Omniscient ...... 30

L.E.A.K. : The Old Teahouse...... 31

COMPILATION DIVERS : Goth Box ...... 32

SEX PISTOLS : SexBox...... 33

SEX GANG CHILDREN : The Wrath of God ...... 34

REVEREND GLASSEYE : Happy end and begin...... 35

PLAY DEAD : The first flower ...... 36

PLAY DEAD : Resurrection...... 37

SPETÄLSK : Spetälsk...... 38

OUTBURST : Fair and balanced ...... 39

EARTH : Extra-capsular extraction ...... 40

JENKINS (Mark) : This Island Earth...... 41

IRM : Untitled (Red Album)...... 43

PLAY DEAD : Company of justice...... 44

IRM : Four Studies for Crucifixion...... 45

IRM / SKIN AREA : (split) ...... 46

SKIN AREA : Muzak EP...... 47

BONE (Richard) : Infinite Plastic Creation ...... 48

UNTOTEN : Die Blutgräfin...... 49

UNTOTEN : Best of...... 50

THE ADICTS : Rollercoaster ...... 51

Page 129/132 FLESH FOR LULU : Roman candle ...... 52

THE MARIONETTES : Ave Dementia...... 53

THE NUNS : The Nuns...... 54

GARDEN OF DELIGHT : Enki's temple ...... 55

DEEP PURPLE : Made in Japan...... 56

GARDEN OF DELIGHT : Epitaph ...... 57

BARDINI (Gregorio) : Sentinelle del Mattino...... 58

SOKO FRIEDHOF : Blutrünstiges Mädchen ...... 59

BIG JOHN BATES : Take your medicine ...... 60

MENCHE (Daniel) : Hope And Prey...... 61

TARMVRED : Subfusc...... 62

BLACK ICE : Terrible birds...... 63

SIEBEN : High Broad Field...... 64

TAXI GIRL : Seppuku...... 65

TAXI GIRL : Cherchez le garçon ...... 66

SPYRA (Wolfram Der) : Invisible Fields ...... 67

TANGERINE DREAM : Canyon Dreams...... 68

TANGERINE DREAM : Dead Solid Perfect ...... 69

BOLA : Gnayse...... 70

SLOGUN / SICKNESS : Always Numb/The Scars of Happiness ...... 71

BRIGHTER DEATH NOW : Pain in progress...... 72

HAUS ARAFNA : Blut / Trilogie des blutes...... 73

RICOCHET GATHERING : Okefenokee 2002 ...... 74

HAUS ARAFNA : Butterfly ...... 75

HAUS ARAFNA : The singles 1993-2000...... 76

FOLKSTORM : Information blitzkrieg ...... 77

FOLKSTORM : Hurtmusic...... 78

FOLKSTORM : Victory or death ...... 79

FOLKSTORM : Noisient ...... 80

FOLKSTORM vs GOAT : Split ...... 81

INANNA : Day ov torment...... 82

DEEP PURPLE : "Who do we think we are"...... 83

ANTAEUS / AOSOTH : Wrath of the evangelikum - A reunion of rare releases ...... 84

WITCHCRAFT : Witchcraft...... 85

THRUDVANGAR : Ahnenthron...... 86

Page 130/132 TAXI GIRL : Suite et fin ?...... 87

TAXI GIRL : Taxi Girl 84-86...... 88

I LOVE YOU BUT I'VE CHOSEN DARKNESS : Fear is on our side ...... 89

FADING COLOURS : Black horse ...... 90

EDITORS : An end has a start ...... 91

REMEMBRANCE : Oblivion...... 92

SATAN'S PILGRIMS : Plymouth rock, the best of Satan's Pilgrims...... 93

QNTAL : Qntal I ...... 94

COMPILATION DIVERS : Total Slitting Of Throats ...... 95

COIL : How To Destroy Angels (Remixes And Re-Recordings)...... 96

QNTAL : Qntal II...... 97

QUEENS OF THE STONE AGE : Era vulgaris...... 98

MOTÖRHEAD : Better Motörhead than dead - Live at Hammersmith ...... 99

INQUISITION : Nefarious dismal orations ...... 100

WINTHERSTORMER : Live 2007 ...... 101

IMINDAIN : And the living shall envy the dead...... 102

NIES (Harald) : Dual Systems ...... 103

DEEP PURPLE : Burn...... 105

BLACK LABEL SOCIETY : Kings of damnation - Era '98-'04 ...... 106

SIOUXSIE : Mantaray ...... 107

PYRAMID PEAK : Evolution ...... 108

THE DANCING DID : And did those feet ...... 110

TRAGIC BLACK : The cold caress...... 111

SARCOMA INC. : Torment rides forever ...... 112

THE NEON JUDGEMENT : Red Box...... 113

PUBLIC IMAGE LIMITED : Public Image 7...... 114

PUBLIC IMAGE LIMITED : First issue...... 116

THE NEON JUDGEMENT : At Devil's Fork ...... 118

AUTECHRE : Anvil Vapre...... 119

AUTECHRE : ep7...... 120

TOTAL : Exploded Star Sad Servant...... 121

KLINIK : Black leather...... 122

TYPE O NEGATIVE : Stone flowers...... 123

COMPILATION DIVERS : An anthology of noise & electronic music : first a-chronology 1921 - 2001 (volume #1) 124

HATE FOREST : The gates...... 126

Page 131/132 THE DARK : The best of the Dark...... 127

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