Un Village Lorrain, Loisy
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UN VILLAGE LORRAIN " LOISY " par Émile DEZAVELLE AVANT-PROPOS Cet ouvrage écrit sans prétention littéraire fera connaître au lecteur l'histoire de Loisy, village lorrain du département de Meurthe-et-Moselle, ayant Nancy pour chef-lieu, de dé- partement et d'arrondissement situé à 25 km au sud, et Pont-à-Mousson pour chef-lieu de canton à 6 km au nord. Loisy est situé vers le milieu du cours de la Moselle, ri- vière qui prend sa source dans les Vosges, près de Bussang, et qui finit à C oblentz en se jetant dans le Rhin. Le lecteur y verra l'origine de ce village, son développe- ment, ses faits historiques, ses classes sociales, ses habita- tions, ses activités économiques, son expansion actuelle et à venir, ainsi que le souvenir de quelques personnalités que Loisy n'oublie pas. LOISY ET LES LOCALITES QUI L'ENTOURENT CHAPITRE Ier SITUATION Loisy est un village situé au flanc de la colline de Sainte- Geneviève, s'étendant à l'ouest jusqu'à la rivière du nom de Moselle qui lui sert de limite avec les communes de Blénod et Dieulouard. Loisy a un finage qui voisine avec la com- mune d'Atton au nord, à celle de Sainte-Geneviève à l'est et à Bezaumont au midi. Il a une superficie de 561 hectares répartie par sections cadastrales aux lieux-dits suivants: Section A, dite de Massompré: Petite Role, Pré Leroy, Les Toundras, Sur le Saulcy, Lambert, Champ Saint- Georges, Pièce du Chanois, En Sartes, Sur le Bois Saint- Paul, Massompré, Vieille Tour, Fond de Prêle, La Pe- notte, Haute Borne, Sortie au Champ, Sur le Chemin de Pont-à-Mousson, En Prays. Section B, dite de Petemps: Le Chaufour, Holmeck, Les Caillons, Grand Sat, La Rosière, Au Jar, Chapperon, Montant de Monse, Sur la Pièce de Saint-Firmin. Section C, dite de la Moselle: En Notrés, Saulcy du Bac, Les Grandes Enseignes, Grand Friche, Champ le Coq, PLAN CADASTRAL EN REDUCTION Haut des Parrains, En Broche, La Maix, Fosse Maugué, Pré l'Homme, La Maison Brûlée, La Petite Fin. Section D, dite le Village: Les Folies, Les Louvières, Hurte Loup, Haut Frolard, Les Jeunes Hommes, Les Cours Chevaliers, Haut Rêle, En Falloin. SUR QUELQUES LIEUX-DITS La Potence: Au bas de la côte d'Atton vers Loisy, se trouvait avant la Révolution une potence à laquelle étaient pendus les condamnés. Champ le Jo: En patois le Jo est un coq. Ici c'est le nom du général romain Jovin, qui a été écourté par les scrip- teurs du cadastre. Le Pont l'Eve que: Il s'agit du petit pont sur la montée de Sainte-Geneviève, dans les vignes. La voiture de Mon- seigneur Lavigerie, évêque de Nancy, de 1863 à 1867, a versé à cet endroit quand il allait donner la confirmation. On a dit qu'il s'en est sorti avec une jambe cassée. Mgr Lavigerie est devenu par la suite évêque d'Alger, Fonda- teur des Pères Blancs (1). Les Cours Chevaliers: Au-dessus de l'ancien village, on voyait des vestiges des maisons au début du siècle dernier. Dom Calmet, historien, croit qu'à cet endroit, il y avait une maison des Templiers. (1) Cité par Henri Huriet. CHAPITRE II ANCIENNETE DE LOISY Rien ne montre que Loisy ait existé aux temps préhis- toriques. Mais il est cependant très ancien. L'étude histo- rique de son nom (toponymie) nous fait croire qu'il doit remonter aux 111e et ive siècles de notre ère. Dans l'histoire de Pont-à-Mousson par Lallemand et Noël (i) nous y lisons que Loisy existait déjà au XIe siè- cle, rive droite de la Moselle comme Dieulouard rive gau- che. JOVIN Mais bien auparavant, des faits se sont passés que nous conte le célèbre historien Ammien Marcellin. Il nous rap- pelle que l'empire romain s'effritait depuis plus d'un siè- cle, quand en 364, Valentinien I" étant empereur de Rome, des tribus barbares venant de l'est et qui convoitaient le jardin des Gaules, y pénétrèrent facilement au travers de frontières mollement défendues. Ces tribus barbares étaient-elles franques, germaniques ou même asiatiques? Une chronique nous laisse entendre qu'une tribu d' « Ale- mani » d'Alamans, vint donc s'installer devant trois villes de Lorraine et de Champagne. Un groupe vint camper devant Scarpone, non loin de Loisy; un autre autour de Metz et un troisième devant (1) Page 29. Châlons-sur-Marne. Ils ne donnent l'assaut à aucune de ces trois villes, mais ils pillent, brûlent et violent dans les campagnes. Rome se fâche. Valentinien veut d'abord les faire expulser par Dagalaïf, chef militaire qui commandait à Lutèce, mais celui-ci n'aboutit à rien. L'empereur ordon- na alors à Jovin, maître de la cavalerie dans les Gaules de rappeler aux intrus la force de la puissance romaine. Jovin avait été lieutenant de l'empereur Julien et avait remporté de brillants succès sur le Rhin. Il disposait à ce moment d'un corps bien commandé et bien équipé qu'il commença à amener à Metz, nous dit Ammien Marcelin. Jovin mit le plus grand soin à bien couvrir ses flancs, et, surprenant devant Scarpone le plus nombreux des trois corps de barbares avant que ceux-ci eussent le temps de courir aux armes, il les extermina jusqu'au dernier... Les barbares ne se tenaient pas enfermés dans Scar- pone, mais, par principe de sécurité ils étaient vraisem- blablement installés sur les flancs et les hauteurs de la col- line Sainte-Geneviève. C'est là que les Romains durent les surprendre par les taillis de la forêt et qu'une grande bataille eut lieu en 366. L'âpreté de cette bataille a été telle que pour en perpé- tuer le souvenir on a élevé à cet endroit, au bord du che- min de Sainte-Geneviève à Bezaumont une croix appelée d'abord Mattyrium puis Martyrium. Cette croix a été dé- truite en 1793 mais relevée en 1876, et détruite à nou- veau en 1940 par les bombardements allemands. Une nou- velle fois elle a été relevée et inaugurée en 1965 en même temps que le monument du Grand-Couronné. Jovin aurait pu se reposer après avoir libéré Scarpone située à deux kilomètres de là. Mais il revint à Metz. Am- mien Marcelin qui raconte le fait dit qu'il tomba sur les brigands dispersés et que les lances et les épées romaines n'épargnèrent que ceux qui purent s'échapper. Jovin est ensuite parti contre le troisième corps vers Châlons. Là-bas, les Germains, d'abord intimidés à la vue des enseignes romaines, se ressaisirent vite et le combat se prolongea jusqu'à la nuit qui mit fin à l'action et dès le point du jour le brave général vit que l'ennemi avait profité des ténèbres pour s'enfuir. En traversant la vaste plaine, on foulait aux pied des monceaux de blessés déjà raidis par la perte du sang et la rigueur du froid. Après cette glorieuse expédition, Jovin revint vers Lu- tèce, et l'empereur, joyeux, vint à sa rencontre. Peu après il le désigna Consul. La croix de Sainte-Geneviève magnifiait la gloire de l'armée romaine et de son chef glorieux surnommé chrétien très fidèle. (D'après Ch. François.) ATTILA (I) Cent ans après la victoire de Jovin délivrant Scarpone, un nouvel envahisseur, Attila, vint camper en ces mêmes lieux, devant Scarpone fortifiée. La légende nous a dépeint Attila sous des traits vrai- ment barbares: hirsute, mangeur de chair crue, terreur des peuples. Un romain l'a appelé « Le fléau de Dieu ». Un historien moderne nous dit qu'Attila naquit vers 395, fils de Munzuk, roi des Huns. Il a passé une quin- (1) Le nom d'Attila signifie « Petit Père », nous dit l'historien Ch. Fran- çois, nom qu'il a retrouvé en Ruissie à plusieurs reprises. Cest un terme d'affection. zaine d'années de sa jeunesse à la cour de Rome, où il a été envoyé en gage de fidélité. A la mort de son père et de son frène aîné Blada, Attila devint roi des Huns, peuplades asiatiques établies depuis longtemps entre le lac Baïkal et la mer Caspienne et qui étaient venues, au cours dn siècle précédent, s'établir sur les bords du Danube. Devenu roi, Attila s'employa d'abord à unifier les cen- taines de tribus qu'il commandait entre la Chine et la Germanie. A ces êtres primitifs il tenait un langage violent où les promesses de bonheur futur se mêlaient à la joie du pillage. Par ses chantages, plus que par la force de son armée, Attila avait obtenu de grands avantages de Théodose II empereur de Byzance, et de Valentinien III empereur de Rome. C'est alors qu'il décida avec une forte armée (i) châtier les Wisigoths installés en Aquitaine et qui avaient méprisé ses injonctions. C'est dans ces intentions qu'il pénétra en Gaule, disant aux Gaulois qu'il ne leur ferait pas de mal, qu'il en voulait surtout aux Romains usurpateurs de leur pays la Gaule. Ayant franchi le Rhin près de Coblentz, il arriva en 451 par la voie romaine devant Metz et Scarpone qui étaient sur son passage. Il ne fit pas le siège de ces deux villes, leur envoyant seulement des émissaires pour s'en- tendre avec les chefs locaux. N'oublions pas que son but était de joindre les Wisigoths, qu'il fallait donc garder une armée intacte. Les textes des historiens sont souvent contradictoires. L'armée d'Attila devant Scarpone a donc stationné quel- ques semaines entre Loisy et Autreville.