Revue Des Langues Romanes, Tome CXX N°2 | 2016, « Leon Còrdas/Léon Cordes
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Revue des langues romanes Tome CXX N°2 | 2016 Leon Còrdas/Léon Cordes. Canti per los qu'an perdu la cançon Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rlr/393 DOI : 10.4000/rlr.393 ISSN : 2391-114X Éditeur Presses universitaires de la Méditerranée Édition imprimée Date de publication : 1 juillet 2016 ISSN : 0223-3711 Référence électronique Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016, « Leon Còrdas/Léon Cordes. Canti per los qu'an perdu la cançon » [En ligne], mis en ligne le 01 février 2018, consulté le 23 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/rlr/393 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rlr.393 Ce document a été généré automatiquement le 23 septembre 2020. La Revue des langues romanes est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. 1 SOMMAIRE Leon Còrdas / Léon Cordes, « Canti per los qu'an perdu la cançon » Avant-propos Léon Cordes, le chant au-dessus du chant Marie-Jeanne Verny Troubadours aujourd’hui / trobadors al segle XX, le poète Léon Cordes et sa « translation » Roy Rosenstein Léon Cordes : entre cri et silence, premiers essais poétiques Philippe Gardy La cosmogonia dins La Respelida de Centelhasde Leon Còrdas Miquèl Decòr Leon Còrdas, òme de teatre Joan-Claudi Forêt Leon Còrdas, « romancièr testimòni » Claire Torreilles Léon Cordes, passeur de langue et de culture Marie-Jeanne Verny My beautiful laundrette : Léon Cordes et le projet de laverie automatique de l’IEO (1951-1953) Yan Lespoux Bibliografia generala de Leon Còrdas Françoise Bancarel et Marie-Jeanne Verny Varia Nuno Fernandez Torneol et Johan Zorro.Correspondances intertextuelles Miguel Ángel Pousada Cruz L’autrier trobei tras un fogier (P.-C. 162, 3) : lecture d’un sirventès de Garin d’Apchier Jean-Pierre Chambon Traces musulmanes dans le théâtre médiéval européen Francesc Massip et Raül Sanchis Francés « Un félibre autrichien » : quelques remarques sur Hugo Schuchardt et le pays d’oc, accompagnées d’une nouvelle édition de sa correspondance avec Fréderic Mistral Luca Melchior et Verena Schwägerl-Melchior Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 2 Critique Jean-François COUROUAU, Et non autrement. Marginalisation et résistance des langues de France (XVIe-XVIIe siècle) « Cahiers d’Humanisme et Renaissance », vol. 108, Droz, Genève, 2012, 291 p. Jean Lacroix Vers une poétique du discours dramatique au Moyen Âge. Actes du colloque organisé au Palais Neptune de Toulon les 13 et 14 novembre 2008 Textes réunis par Xavier Leroux, Paris, H. Champion, 2011, 340 p. Jean Lacroix Nicolas Saboly, Recueil des Noëls Provençaux. Lou Reviro-meinage Présentation, traductions, notes par Henri Moucadel, Montfaucon, A l’asard Bautezar !, 2014, 448 p. Jean-François Courouau Revues et ouvrages reçus par la Revue des langues romanes Revues et ouvrages reçus par la Revue des Langues Romanes Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 3 Marie-Jeanne Verny (dir.) Leon Còrdas / Léon Cordes, « Canti per los qu'an perdu la cançon » Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 4 Avant-propos Léon Cordes, le chant au-dessus du chant Marie-Jeanne Verny Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 5 Felip Gardy, Dins un cèu talhant de blau, Tolosa, Letras d’Oc, 2010 Droit et tordu Drech e torçut Jamais Jamai Léon Leon jamais jamai nous ne le vivrons comme toi lo viurem pas coma tu le poème lo poèma jamais nous ne connaîtrons jamai coneisserem pas prisonniers de nos nuits presoniers de nòstrei nuechs d’angoissa d’angoisse la paraula estransinada la parole exténuée que de la garganta en nos de soca millenària qui de la gorge en nœud de souche millénaire electriza lo còs entier électrise le corps tout entier e lo fai mots e vèrbs et le fait devenir mots et verbes e cant en dessús dau cant et chant au-dessus du chant jamai coma aquela fin de jorn jamais comme en cette fin de journée qu’intraviam ja dins l’escur negre où nous entrions déjà dans l’obscure noirceur de la primiera naissença de la première naissance quand tu quand toi drech e torçut droit et tordu au pè dei torres au pied des tours – luenh dins lo vèspre – au loin dans le soir lo riu Aude passant sota lo pònt vièlh – le fleuve Aude passait sous le pont vieux – seguissiás tu suivais testut coma de generacions d’ases negres têtu comme des générations d’ânes noirs ton boier mitic ton mythique bouvier e tant fasiás de manadets d’imatges et tu faisais surgir une pluie d’images de la terra qu’a ton entorn de la terre qui autour de toi pas mai que d’aur lusent toute luisante d’or regisclava jaillissait que se’n cresiam au point qu’un instant un moment nous croyions d’èstre venguts lei reis en être devenus les rois coronats de sa glòria couronnés de sa gloire Ce poème fait partie d’une courte série où sont évoqués quelques écrivains que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans des circonstances dont j’ai gardé le souvenir : des images toujours vivaces, peut-être (sans doute…) embellies ou déformées par le travail infini de la mémoire. Donc encore plus vraies ! J’ai souvent vu Léon Cordes sur scène (il était presque toujours sur scène dans la vie de tous les jours). Mais je n’ai jamais oublié cette soirée, au cours des années 1960-70, pendant laquelle, à Carcassonne, dans le théâtre de plein air de la Cité, qui porte aujourd’hui le nom de Jean Deschamps, il interpréta, devant une assistance nombreuse, son poème Lo Boièr. Nous étions en été, la nuit était déjà tombée. Soudain Léon apparut, se dirigea vers le centre de la scène, et commença de réciter. Ou plutôt, de vivre son poème, et de le faire vivre au public rassemblé, comme l’aurait fait un créateur de mythes, brassant les mots et les faisant vibrer jusqu’au ciel pour les inscrire, désormais hors du temps, au beau milieu des étoiles. Philippe Gardy. Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 6 Une redécouverte récente 1 L’année 1913 vit naître plusieurs grands poètes d’oc dont l’œuvre mérite d’être relue : Charles Galtier (mort en 2004), Pierre Millet (mort en 1998), Jean-Calendal Vianès (mort en 1990). 2 L’œuvre poétique de Léon Cordes connaît depuis peu un regain d’intérêt auprès d’un nouveau public. Les participants à la journée d’études organisée le 20 novembre 2013, à l’occasion du centenaire de la naissance du poète, ont eu le privilège d’assister à l’interprétation a capella de textes de l’auteur par de tout jeunes chanteurs. Ceux-ci sont actuellement engagés, avec d’autres, dans l’entreprise du collectif d’artistes Còp-sec. Ce ne sont pas moins de onze formations de musiciens dont certains très jeunes, qui ont entrepris de mettre en musique l’œuvre du poète, à partir de l’édition de l’Òbra poëtica par Jean-Marie Petit (CIDO 1997). Réalisé en partenariat avec le CIRDOC qui l’accompagne notamment d’une exposition, le projet a pour but l’édition d’un disque. 3 Philippe Gardy nous apprend dans sa communication qu’au tout début des années 1940 Cordes écrivit en direction d’un public populaire des paroles de « chansons à danser » avec la complicité musicale d’Irénée Delmas. Cet homme de tréteaux aurait certaine- ment été heureux que sa poésie exigeante dans son apparente simplicité s’échappe ainsi des pages des recueils poétiques… Il aurait aimé assister à une des phases de ce projet réalisée en avril 2015 « La Barrutla – Périple chanté en pays Minervois avec Lo Barrut », ainsi présentée sur le site du collectif1 : « Le groupe Lo Barrut de Montpellier organise une ballade chantée en plusieurs étapes à la découverte du Minervois. Programme de ceux qui les ont suivis dans l’aventure : marches, rencontres avec les vignerons, dégustations de vin et concerts, chansons sur les traces des poètes occitans et notamment Léon Cordes. » 4 La journée de novembre 2013 devait être l’occasion de revenir sur l’itinéraire de l’homme, de l’écrivain, de l’artiste, du militant. Les interventions ont montré la précocité de ces engagements, mais aussi leur diversité. Elles ont aussi, espérons-le, ouvert le chantier de la re-connaissance d’un homme omniprésent de son vivant et pourtant insuffisamment lu. Une œuvre riche et multiforme 5 Plusieurs contributions ici réunies analysent les différents aspects de l’œuvre littéraire de l’homme de Minerve : Philippe Gardy et Michel Decor pour la poésie, Claire Torreilles pour la prose et Jean-Claude Forêt pour l’œuvre théâtrale. 6 Mais Cordes ne s’est pas limité à l’écriture littéraire. Il s’est engagé très tôt auprès des jeunes animateurs fédéralistes des revues Occitània, puis Terra d’òc et L’Ase Negre qui lui succédèrent, respectivement à partir de 1941, puis 1946. Chargé de la propagande paysanne, dès 1934, il écrit des articles intitulés « Tocas paisanas » dans les numéros 1, 2, 3 et 6 d’Occitania. Il se spécialise ensuite dans les chroniques théâtrales. 7 Dans les années 1970, il se livre à l’autoédition et publie des ouvrages de vulgarisation culturelle et linguistique dont il assure inlassablement la distribution à travers une grande partie de l’espace d’oc. Revue des langues romanes, Tome CXX N°2 | 2016 7 8 Les articles rassemblés montrent l’articulation constante qu’il a su établir entre les mots et la pratique. Ainsi Jean-Claude Forêt analyse-t-il le rapport de Cordes avec le théâtre : « Son escritura teatrala se fonda sus una experiéncia concreta de la scèna, coma meteire en scèna e coma comedian, amb tot l’engatjament fisic qu’aquò supausa »2.