Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général

Dimanche 8 novembre Les Arts Florissants | Gluck, Haydn, Mozart

Dans le cadre du cycle Le Baroque revisité, les Arts Flo fêtent leurs 30 ans Du samedi 7 novembre au mardi 10 novembre Dimanche 8 novembre

Ce concert est diffusé en direct sur les sites Internet www.citedelamusique.fr, www.sallepleyel.fr et www.arteliveweb.com. Il y restera disponible gratuitement pendant deux mois.

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,

à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Mozart | | Gluck, Arts Haydn, Les Florissants

8-11 ARTS FLO.indd 1 02/11/09 16:52 Le Baroque revisité, les Arts Flo fêtent leurs 30 ans du SAMEDI 7 au MARDI 10 NOVEMBRE

SAMEDI 7 NOVEMBRE DIMANCHE 8 NOVEMBRE – 16H30 MARDI 10 NOVEMBRE – 20H

18H30 : Zoom sur une œuvre Christoph Willibald Gluck Au temps de Port-Royal Extraits d’Orphée et Eurydice : Musiques pour voix et chœur Ballet des Furies de femmes Madrigaux (Livre VI) Ballet des Ombres heureuses Marc-Antoine Charpentier Denis Morrier, musicologue Extrait de Paride ed Elena : Laudate Dominum omnes gentes Ballo H. 182 20H : concert O sacrum convivium H. 235 Magnificat pour le Port Royal H. 81 Claudio Monteverdi Concerto pour piano n° 18 In monte Oliveti H. 111 Madrigaux (Livre VI) Una hora non potuistis H. 116 Tristis est anima mea H. 112 Les Arts Florissants Symphonie n° 80 In nativitatem Domini nostri Jesu Paul Agnew, direction Christi canticum H. 421 Wolfgang Amadeus Mozart Pange lingua H. 62 Arias pour soprano et orchestre « Quando avran fine omai / Padre, germani, Jean-Baptiste Lully addio ! » extrait d’ Regina cœli « Vorrei spiegarvi, o dio » Salve Regina « Ah se in ciel benigne stelle » Les Arts Florissants Les Arts Florissants William Christie, direction Jonathan Cohen, direction Laura Claycomb, soprano Kristian Bezuidenhout, pianoforte

8-11 ARTS FLO.indd 3 02/11/09 16:52 Les anniversaires dépriment et réjouissent. On aimerait avoir encore 20 ans le soir d’une représentation d’Atys. Heureusement, ce qui à l’époque passait pour la tocade d’une poignée d’esthètes bizarres égale désormais les institutions musicales héritées du XIXe siècle. Les formations philharmoniques et symphoniques doivent aujourd’hui compter avec l’esthétique, la méthode et le changement de goût engagés par les « baroqueux ». L’histoire des Arts Florissants résume à elle seule ce passage du dédain amusé au respect exalté. Il y a trente ans, c’était un ensemble qui cherchait à grand-peine des lieux où se faire entendre et une maison de disques chez qui enregistrer. William Christie se souvient, pour le premier vinyle paru chez harmonia mundi, Caecilia, virgo et martyr, d’avoir eu à payer la session d’enregistrement et la bande. « Le monde musical était très pusillanime. Ce petit ensemble qui voulait enregistrer du Marc-Antoine Charpentier n’intéressait personne. Et puis la rumeur a été très favorable. Grâce à cet enregistrement, nous avons été sollicités rapidement. »

Ils y croyaient, ils ont eu gain de cause. En se différenciant d’autres ensembles étrangers grâce à un répertoire jusqu’alors inouï, Les Arts Florissants sont devenus indispensables. « Les premiers concerts de musique catholique française, note avec humour le plus français des Américains, ont été accueillis dans des temples : celui de la rue de Grenelle et celui du Foyer de l’Âme, du Pasteur-Wagner, près de la Bastille. » Très vite, l’ensemble, né sous le statut d’association, a attiré à lui de jeunes musiciens avides d’un nouveau répertoire. Ouvrir le livret d’Atys, c’est voir apparaître les germes du Concert Spirituel, de la Simphonie du Marais, des Talens Lyriques, des Musiciens du Louvre. , , Hugo Reyne se passionnaient pour la musique ancienne. Hervé Niquet était répétiteur à l’Opéra de Paris. Identifiés à Lully, Charpentier et Rameau, Les Arts Florissants, après le triomphe international d’Atys, exhument la Médée de Charpentier et offrent à la scénographie baroque de Jean-Marie Villégier son écrin sonore. Au Festival d’Aix-en-Provence, le retour à Rameau inauguré par Gardiner en 1982 se voit prolongé par Christie et les siens : ce sont de mémorables Indes galantes et Castor et Pollux.

Une démarche qui, pour William Christie, fut aussi une tactique. « Avec l’orchestre, je me suis toujours fixé des étapes. Je voulais être parmi les meilleurs et que nous puissions avoir accès aux plus grandes salles. Nous avons commencé avec les cantates et les pastorales pour acquérir une identité forte. Le théâtre et la tragédie française attendaient leur résurrection : Le Malade imaginaire fut une autre date majeure. » Parallèlement, ils rendent son dû à Purcell. Ce sont Dido and Æneas, King Arthur au Châtelet avec Graham Vick et The Fairy Queen avec Adrian Noble qui marquent leurs années quatre-vingt-dix, « tout comme les opéras de Monteverdi que je pratiquais personnellement avant la formation des Arts Florissants. » Au cœur de cette même décennie, l’orchestre et le chœur, anoblis par la critique, surprennent en sortant des sentiers battus. On se souvient d’ailleurs de quelques moues suspectes accueillant leur Requiem de Mozart, La Flûte enchantée et L’Enlèvement au sérail. Suivront Haydn et Gluck. « Seul Don Giovanni ne figure pas encore à notre tableau de chasse. »

Les Arts Florissants, c’est l’instrument et la voix. Pour ne citer qu’eux, dès les premiers concerts, on trouvait le nom de Dominique Visse ou celui d’un flûtiste vétéran comme Sébastien Marcq, devenu une figure centrale de cet instrument. Aujourd’hui des orchestres new style tels Les Siècles

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8-11 ARTS FLO.indd 4 02/11/09 16:52 ou Le Cercle de l’Harmonie rendent hommage aux Arts Florissants qui leur ont ouvert l’oreille et la voie. Eux aussi cultivent la géométrie variable et le répertoire sans tabous. Pépinière de musiciens et de talents, les « Arts Flo » sont souvent confondus avec leur très exigeant chef. Depuis peu, William Christie cède pourtant la place à l’un de ses chanteurs favoris : Paul Agnew. Ce fut d’abord avec du Vivaldi, et pour ce trentième anniversaire avec le Stabat Mater de Domenico Scarlatti ainsi que des œuvres sacrées de Lotti et Caldara. Une célébration durant laquelle Christie et les siens vont retrouver Haendel avec un oratorio peu couru, Susanna, et Purcell pour son tricentenaire. Ce sera The Fairy Queen, l’un des spectacles très attendus de la saison 2009-2010 à l’Opéra Comique. Sans oublier la confirmation de la saison 2011, la reprise du spectacle fondateur, Atys. La ferveur des fans n’a d’égal que l’enthousiasme de son chef : « J’ai peu de regrets, si ce n’est celui de ne pas avoir neuf vies, pour prolonger le plaisir… Il y a peu, on m’a proposé de faire Tristan. Qu’on nous donne encore vingt ans ! Mais je suis comblé de voir venir chaque saison un public jeune et naître de nouveaux ensembles. Nous avons marqué notre époque. Nous pouvons en être immensément fiers ! »

Vincent Borel

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8-11 ARTS FLO.indd 5 02/11/09 16:52 DIMANCHE 8 NOVEMBRE – 16H30 Salle des concerts

Christoph Willibald Gluck Extraits d’Orphée et Eurydice : Ballet des Furies Ballet des Ombres heureuses

Extrait de Paride ed Elena : Ballo

Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour piano n° 18

entracte

Joseph Haydn Symphonie n° 80

Wolfgang Amadeus Mozart Arias pour soprano et orchestre « Quando avran fine omai / Padre, germani, addio ! » extrait d’Idomeneo « Vorrei spiegarvi, o dio » « Ah se in ciel benigne stelle »

Les Arts Florissants Jonathan Cohen, direction Laura Claycomb, soprano Kristian Bezuidenhout, pianoforte

Ce concert s’inscrit dans le cadre d’un festival entre Paris et Londres coproduit par la Salle Pleyel, la Cité de la musique et le à l’occasion du 30e anniversaire des Arts Florissants.

Enregistré par France Musique, ce concert sera retransmis le 26 novembre à 16h.

Fin du concert vers 18h30.

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8-11 ARTS FLO.indd 6 02/11/09 16:52 Christoph Willibald Gluck (1714-1787) Extraits d’Orphée et Eurydice : Ballet des Furies Ballet des Ombres heureuses

Extrait de Paride ed Elena : Ballo

Composition et création : Vienne, 1762 et Paris, 1774 (version française), sous la direction du compositeur. Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes et 2 bassons ; 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones ; clavecin, cordes. Durée : environ 17 minutes.

Mythe fondateur de l’opéra que celui d’Orphée, ce chanteur légendaire qui de sa voix charmait les bêtes, les gens, les éléments, voire les esprits ténébreux des Enfers. Après avoir patronné les premiers essais lyriques de 1600-1607, signés Peri, Caccini, et surtout Monteverdi, Orphée revient en force au siècle des Lumières sous la plume de Gluck et de son librettiste Calzabigi, pour une réforme déterminante de l’opéra.

Au XVIIIe siècle, période de grande fermentation philosophique et de recherche du bonheur, l’on se soucie également de retour à l’antique. Herculanum et Pompéi ont été découvertes en 1737 et 1748, et l’image que l’on se fait des Anciens, de leur sagesse, de leurs émotions équilibrées, prend désormais un aspect de colonnes marmoréennes et de draperies aux plis impeccables. En musique, si la référence à l’Antiquité, contrairement aux autres arts, est pratiquement impossible, on mise en revanche sur la clarté de la ligne mélodique. Gluck va allier adroitement la simplicité et un réalisme noblement dosé.

La suite ici proposée commence au moment où Orphée vient de franchir victorieusement la porte des Enfers, malgré l’hostilité des spectres. Les Furies, très dépitées, réagissent en un tempétueux ballet, que Gluck a ajouté en 1774 afin de satisfaire le goût français pour la danse, et qui est en fait repris d’un Don Juan antérieur. Le compositeur connaissait-il l’orage de l’Été vivaldien (1725) ? Il adopte une écriture très comparable, une mesure à trois temps acharnée et presque sadique, un grondement continu des cordes, et un tourbillon de gammes qui, impitoyablement, rayent le ciel de haut en bas. Ce morceau verse davantage dans le fantastique grâce à l’intervention des trombones, instruments infernaux par excellence, qui brament quelques ponctuations, de leur voix verdâtre et menaçante.

La version viennoise de 1762, en italien, attribuait le rôle d’Orphée à un castrat ; depuis l’époque de Berlioz, il incombe à une alto ou une mezzo-soprano. Pour sa version parisienne de 1774, en français, Gluck remanie son drame et confie le rôle-titre à un ténor. En 1889, l’éditeur Ricordi publie une version de synthèse, pour mezzo-soprano, la plus jouée actuellement.

Cette suite se termine sur un autre ballet : c’est le décor des Champs-Élysées, ce séjour des bienheureux dans l’Hadès. Pièce célèbre, ce menuet idéal, avec ses trois temps paisibles, fait

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8-11 ARTS FLO.indd 7 02/11/09 16:52 contrepoids à la gesticulation des Furies. L’air tiède et doucement lumineux est traversé par le timbre de deux flûtes. En 1774 Gluck a ajouté un « trio » central, en mineur, où s’élèvent les invocations très émouvantes d’une flûte solo ; l’accompagnement murmurant des cordes évoque une eau courante, celle du fleuve Léthé qui dissout tout mauvais souvenir.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour piano et orchestre n° 18 en si bémol majeur K. 456

Allegro vivace Andante un poco sostenuto Allegro vivace

Composition : achevée le 30 septembre 1784 à Vienne. Création : le 14 février 1785, à Vienne, devant l’empereur Joseph II, par le compositeur. Effectif : piano solo ; 1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons ; 2 cors ; cordes. Durée : environ 28 minutes.

Il est possible que Mozart ait composé ce concerto à l’intention de Maria Theresia von Paradies, jeune virtuose et compositrice aveugle ; mais le fait n’est pas absolument certain. Quoi qu’il en soit, ce concerto est pensé très en grâce et en douceur.

La forme sonate du premier mouvement semble couler de source. Après l’exposition de l’orchestre, le piano se fait un plaisir de continuer les thèmes, de son papillonnement intarissablement joyeux. Si le premier thème ressemble à une marche militaire enfantine, le deuxième est une fugitive vision d’idylle champêtre, colorée de hautbois lointains. Le développement, court, ne fait qu’effleurer les tons mineurs, au travers d’un cycle des quintes. La réexposition est des plus régulières et s’amuse, de part et d’autre de la cadence soliste, à répéter les différentes conclusions comme autant de petites fanfares.

Il y avait longtemps, depuis le Concerto n° 9 de 1777, que Mozart n’avait pas écrit un mouvement intermédiaire en mineur. Celui-ci présente un thème en sol, nostalgique et tendre, qui passe par cinq variations. L’exposé du thème est confié à l’orchestre seul ; les deux premières variations ne le modifient qu’à peine, l’une au piano, qui l’ornemente, l’autre partagée entre soliste et orchestre. Dans la troisième variation, la seule qui soit vraiment différenciée, l’orchestre lance quelques montées de colère, auxquelles répond un piano impassible, à l’ornementation accrue. La quatrième variation, majeure, restaure le contour de la mélodie en lui conférant un caractère galant, de bergerie française, avec les hautbois à l’arrière-plan. La dernière variation est un adieu du thème, prolongé par une coda au chromatisme descendant et attristé : c’est tout Mozart, qui simultanément esquisse un idéal et regrette déjà sa disparition.

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8-11 ARTS FLO.indd 8 02/11/09 16:52 Le finale est un rondo-sonate léger et enjoué. Le piano déclenche le premier refrain, suivi par un prolongement énergique de l’orchestre. Un long « pont » du piano mène à un deuxième thème sautillant. Mais le développement va rompre avec cette insouciance et introduire les premières véritables tensions de ce concerto ; la tonalité dite « napolitaine » de si mineur fait irruption, et produit un effet immédiatement dramatique ; une phrase nostalgique du piano nous remet en mémoire les confidences les plus touchantes de Mozart, dont le cœur, nous le savons bien, reste souvent serré en pleine fête. Heureusement, les jaillissements du piano se stabilisent et la réexposition, assortie d’une deuxième cadence pour le soliste, renoue avec le charme léger qui caractérise tout l’ouvrage.

Joseph Haydn (1732-1809) Symphonie n° 80 en ré mineur Hob. I:80

Allegro spiritoso Adagio Menuetto Finale: Presto

Composition et création : 1784, pour le prince Esterhazy. Effectif : 1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons ; 2 cors ; cordes. Durée : environ 23 minutes.

La Symphonie n° 80 de Haydn appartient à la période qui précède immédiatement les Symphonies parisiennes ; à ce moment, Haydn écrit moins de symphonies qu’auparavant, parce que son prince lui commande plutôt des opéras. Malgré son effectif plutôt modeste, cette œuvre ne manque pas ses mordants ou émouvants effets ; elle présente un côté Sturm und Drang, bien qu’elle ne soit pas classée avec les œuvres antérieures portant ce surnom. En effet, elle figure parmi les onze rares symphonies du maître qui soient en mineur ; le premier mouvement et le dernier balayent tout cliché sur un « Papa Haydn » trop gentil.

L’exposition du premier mouvement est fonceuse, orageuse : le bref premier thème (on croirait presque le prélude de La Walkyrie !), le « pont », le deuxième thème se suivent dans un élan unitaire à trois temps sombres, pressés, et vite modulants. Puis la section conclusive, d’un style radicalement opposé, danse sur un air rococo, comme un menuet un peu ironique. Les contrastes de ce mouvement sont donc comparables à ceux de la Symphonie n° 83, « La Poule », que Haydn écrira l’année suivante. Après l’exposition surgit un silence de deux mesures pleines : humour à la Haydn, qui fait semblant d’avoir déjà fini ! Le développement promène la galante section conclusive dans plusieurs tonalités qu’interrompent quelques gronderies du premier thème. Là encore, deux mesures de silence, singulières… La réexposition escamote le premier thème et passe directement au second.

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8-11 ARTS FLO.indd 9 02/11/09 16:52 Le magnifique Adagio est très proche de Mozart, par sa sérénité, et par le caractère aussi affectif qu’élégant de ses tourments ; la pièce est de forme sonate. Après un premier thème en majeur, mais posé en notes humbles, doucement hasardées, un « pont », plein de romantisme déjà, souffle une série de gruppetti (boucles mélodiques) comme un vent d’ampleur mélancolique. Le deuxième thème est plus affirmé, en rythmes pointés, tandis que la section conclusive roule assez lourdement son mécanisme cadentiel. Le développement reprend ces quatre éléments très différents et les unifie sous l’éclairage des couleurs mineures, très humaines dans leur douleur modérée ; le thème le plus éloquent est celui du « pont », qui disparaît dans la tranquille réexposition.

Le menuet, tout en notes détachées et verticales, se présente dans un sérieux ré mineur : même tonalité que le premier mouvement, et retour insistant sur les trois noires qui ouvraient l’ouvrage ; cette symphonie est typique de Haydn par l’unité de ses idées, d’un mouvement à l’autre. Le « trio » central, en majeur, fait glisser un solo de hautbois, puis de flûte, sur une gracieuse mélodie.

Le finale présente surtout un intérêt rythmique. Le premier thème, dans les nuances piano, ramène encore la pression du motif à trois temps, avec cette fois des décalages : syncopes, accompagnement sur des temps faibles ; très court, le thème est répété par la flûte une octave plus haut. Le « pont », long et inlassable, se précipite sur près de cinquante mesures ; puis le deuxième thème, quoique vif, joue l’amabilité avec les soli des deux hautbois et du basson. Dans le développement, le premier thème se débat en mineur ; après un silence… une fausse réexposition ramène le début dans un ton de sol qui n’est pas le bon ! Tout rentre dans l’ordre un peu plus loin ; ce finale pétille de fougue et de joyeuse décision.

Wolfgang Amadeus Mozart Arias pour soprano et orchestre

Récitatif et Air d’Ilia « Quando avran fine omai / Padre, germani, addio ! » extrait d’Idoménée K. 366 « Vorrei spiegarvi, o Dio! » K. 418 « Ah se in ciel, benigne stelle » K. 538

En 1780-1781 Mozart, qui s’ennuie à Salzbourg, est tout heureux de se voir commander par le prince Karl Theodor de Mannheim l’opera seria Idomenée. L’archevêque de Salzbourg n’accorde que six semaines de congé pour monter l’ouvrage et ne se réjouira pas de son succès. Pour son vingt-cinquième anniversaire, Mozart crée son premier ouvrage lyrique vraiment personnel. Le rideau se lève sur la princesse troyenne Ilia, prisonnière des Grecs après la défaite de Troie et qui, sujette à des affetti opposti (sentiments contraires) aime déjà le jeune prince grec

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8-11 ARTS FLO.indd 10 02/11/09 16:52 Idamante. Le style de Mozart prend des distances avec les conventions de l’opera seria : au lieu de séparer nettement récitatif et air, comme le texte l’y invite (explication de ce qui se passe puis commentaire sur le ressenti), il passe très progressivement de l’un à l’autre. L’important récitatif de soixante-huit mesures, avec ses changements de tempi, ses sursauts d’orchestre, semble vouloir déclencher l’air à plusieurs reprises, mais en réalité il se contente de commenter une voix souvent seule et déjà très chantante. Le démarrage de l’air proprement dit est diffus, il abandonne le plan da capo (ABA) mille fois rebattu, et ne se distingue réellement du récitatif que par son orchestre omniprésent et ses quelques vocalises. Le but de cette liberté est le réalisme dramatique : Ilia est une héroïne mozartienne touchante qui préfigure un peu Pamina.

Les deux airs suivants ont été écrits « sur mesure » pour Aloysia Weber, le premier et malheureux amour de Mozart. Comme on le sait, il a épousé sa sœur Constance, mais il continué, occasionnellement et sans rancune, à composer pour Aloysia, devenue Mme Lange, et dont la voix était exceptionnellement souple et précise. Le premier air est l’une des deux « intercalaires » pour soprano ajoutées par Mozart à l’opéra de Pasquale Anfossi, Il curioso indiscreto. « Rien n’y a plu, excepté les deux airs qui sont de moi », témoigne Mozart à son père. Cet air K. 418 commence par un duo d’amour d’une étonnante poésie entre la soprano et le hautbois solo : Mozart semble rêver encore à une entente sublime… Une seconde partie plus énergique comporte un intervalle périlleux de dix-septième (si grave – contre-ré).

Il faudra attendre 1788 pour que Mozart gratifie encore Aloysia d’un dernier air à son intention, avec un métier toujours admirable mais une inspiration peut-être moindre. « Ah se in ciel, benigne stelle » K. 538 est un pur air de bravoure, idéal pour terminer brillamment un récital. Avec ses nombreuses guirlandes de vocalises en doubles-croches, ses notes piquées et quelques trilles dans l’aigu, il s’apparente à la Reine de la Nuit, inspirée à Mozart par son autre belle-sœur (un peu caractérielle) Josepha.

Isabelle Werck

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8-11 ARTS FLO.indd 11 02/11/09 16:52 Wolfgang Amadeus Mozart

« Quando avran fine omai » extrait d’Idomeneo

Ilia Ilia

Recitativo Récitatif

Quando avran fine omai l’aspre sventure mie? Ilia Quand donc cesseront mes amères infortunes ? infelice! Di tempesta crudel misero avanzo, del genitor Malheureuse Ilia ! Rescapée d’une cruelle tempête, e de’ germani priva, del barbaro nemico misto col privée de ton père et de tes frères, généreuses sangue il sangue vittime generose, a qual sorte più rea victimes dont le sang à celui du barbare ennemi fut ti riserbano i Numi?... Pur vendicaste voi di Priamo e di mêlé, quel sort plus cruel te réservent les dieux ? Troia i danni e l’onte? Perì la flotta Argiva, e Idomeneo La disgrâce et la honte de Priam et de Troie ne vous pasto forse sarà d’orca vorace... ma che mi giova, ont-elles assez vengés ? La flotte argienne a péri et oh ciel! se al primo aspetto di quel prode Idamante, peut-être Idoménée a-t-il été dévoré par quelque vorace che all’onde mi rapì, l’odio deposi, e pria fu schiavo monstre marin… Mais qu’importe, ô ciel, puisqu’au il cor, che m’accorgessi d’essere prigioniera. Ah qual premier regard porté sur le fier Idamante qui des flots contrasto, oh Dio! d’opposti affetti mi destate nel sen me sauva, j’ai renoncé à ma haine et que mon cœur s’est odio, ed amore! Vendetta deggio a chi mi diè la vita, soumis avant même de me rendre compte que j’étais gratitudine a chi vita mi rende... oh Ilia! oh genitor! oh prisonnière. Ah ! Quels sentiments opposés, ô Dieu, prence! oh sorte! oh vita sventurata! oh dolce morte! de haine et d’affection tu verses dans mon cœur ! Je Ma che? m’ama Idamante? ... ah no; l’ingrato per dois vengeance à qui me donna la vie, gratitude à qui Elettra sospira, e quell’Elettra meschina principessa, me l’a rendue… Ô Ilia ! Ô père ! Ô prince ! Ô destin ! Ô esule d’Argo, d’Oreste alle sciagure a queste arene vie infortunée ! Ô douce mort ! Mais quoi ? Idamante fuggitiva, raminga, è mia rivale. Quanti mi siete m’aime ?… Ah ! non, l’ingrat pour Électre soupire, et intorno carnefici spietati?... orsù sbranate vendetta, cette Électre, maudite princesse, exilée d’Argos dont gelosia, odio, ed amore sbranate sì quest’infelice core! elle a fuit les rives après les malheurs d’Oreste, est ma rivale. Combien autour de moi êtes-vous, impies tortionnaires ?… Allons, déchirez, vengeance, jalousie, haine et amour, oui déchirez, déchirez ce cœur infortuné !

Aria Air

Padre, germani, addio! Père, frères, adieu ! Voi foste, io vi perdei. Vous n’êtes plus, je vous ai perdus. Grecia, cagion tu sei. Grèce, c’est toi qui en es la cause. E un greco adorerò? Et j’adorerais un Grec ? D’ingrata al sangue mio Si j’étais ingrate envers mon sang So che la colpa avrei; je sais que je serais coupable ; Ma quel sembiante, oh Dei! mais ce visage, ô Dieux ! Odiare ancor non so. je ne sais encore haïr.

Traduction : Michel Roubinel. Avec l’aimable autorisation d’EMI.

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8-11 ARTS FLO.indd 12 02/11/09 16:52 « Vorrei spiegarvi,oh Dio ! » K. 418

Clorinda Clorinda

Vorrei spiegarvi, oh Dio ! Je voudrais, ô Dieu, Qual è l’affanno moi ; Vous expliquer quel est mon tourment Ma mi condanna il fato Mais le sort me condamne A piangere e tacer. à pleurer et à me taire. Arder non puÒ il mio core Mon cœur n’a pas le droit de brûler Per qui vorebbe amore Pour celui qui voudrait être aimé, E fa che cruda io sembri, Et un cruel devoir Un barbaro dover. Me fait paraître inhumaine.

Ah conte, partite, Ah! comte, partez Correte, fuggite Courez, fuyez Lontano da me. Loin de moi La vostra diletta Votre Emilia chérie vous attend, Emilia v’aspetta, Ne la faites pas languir, Languir non la fate Elle est digne d’amour. È degna d’amor. Astres impitoyables ! Ah stelle spietate ! Vous m’êtes adverses. Nemiche mi siete. (Je me perds s’il reste, ô Dieu) (Mi perdo s’ei resta, oh Dio) Partez , courez, Partite, correte, Ne me parlez pas d’amour, D’amor non parlate, son cœur est à vous. É vostro il suo cor.

« Ah se in ciel benigne stelle » K. 538

Lisinga Lisinga

Ah se in ciel, benigne stelle Ah si au ciel, bienveillantes étoiles, La pietà non è smarrita, La pitié n’a pas disparu O toglietemi la vita, ôtez moi la vie O lasciatemi il mio ben ! Ou laissez-moi mon bien-aimé ! Voi, che mio ben nel dolce aspetto, Vous qui de votre lumière toujours éclairez Proteggete il puro affetto Avec tant de beauté la douce physionomie de mon Che ispirate a questo sen. bien-aimé ! Protégez la pure affection Que vous avez inspiré à ce cœur.

Traduction : Jacques Fournier (1983) pour Deutsche Grammophon.

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8-11 ARTS FLO.indd 13 02/11/09 16:52 Laura Claycomb Lammermoor de Donizetti au Nouvel Hickox/Keith Warner), Constanze Née au Texas, Laura Claycomb excelle Opéra israélien avec dans L’Enlèvement au sérail de Mozart dans les projets audacieux. Elle a (mise en scène de David Pountney) (Staatsoper de Berlin avec Sebastian défendu un répertoire qui s’étend de et au Grand Opéra de Houston avec Weigle et Opéra de Flandre avec l’époque baroque aux compositions (mise en scène de Arnold Ostman), Olympia dans Les contemporaines en passant par la James Robinson), sans oublier une Contes d’Hoffmann (Opéra de Flandre musique du XXe siècle et les chefs- émouvante Cléopâtre dans Jules avec Jean-Claude Casadesus/David d’œuvre du bel canto dans les lieux César de Haendel au Grand Opéra de McVicar), Philine dans Mignon (Opéra les plus prestigieux. Elle a fait Houston avec Patrick Summers, de Toulouse), le rôle-titre dans Sémélé ses débuts à La Scala de Milan à Montpellier avec Christophe (Opéra de Flandre avec Michael en 1998 avec le rôle-titre de Linda Rousset, au Festival de Drottningholm Hofstetter), Queen Wealtheow dans de Chamonix de Donizetti et, avec et au Festival Grendel d’Elliot Goldenthal (création l’année précédente, au Festival de de Toscane avec Emmanuelle Haïm. mondiale avec l’Opéra de Los Angeles Salzbourg avec le rôle d’Amanda dans Son interprétation de Morgana dans à Los Angeles et au Lincoln Center de Ligeti dirigé par de Haendel à l’English National de New York), Ilia dans Idomenée Esa-Pekka Salonen et mis en scène Opera avec et David (Grand Opera de Houston avec Patrick par . Laura Claycomb a McVicar a enthousiasmé la critique. Summers) et Anne Trulove dans enregistré Le Grand Macabre avec Le rôle de Zerbinetta (Ariane à Naxos) The Rake’s Progress (qu’elle a chanté Esa-Pekka Salonen pour Sony, Love de est quant à lui devenu l’un de ses dans la production de Vaughan Williams (rôle de Sir John) rôles fétiches après qu’elle l’a chanté à de Bruxelles, avec Richard Hickox pour Chandos, à l’Opéra de San Francisco (Jun Märkl/ à l’Opéra de Lyon et, dans une la Symphonie n° 4 de Mahler avec John Cox), en concert au Festival nouvelle production d’Olivier Py, l’Orchestre Symphonique de San Richard-Strauss () et à à l’Opéra Bastille). Elle a aussi Francisco et , l’Opéra de Los Angeles (Laurent Pillot/ interprété Polissena dans la nouvelle les Duos arcadiens de Haendel avec la Bill Friedkin). Parmi les autres rôles production de à Santa Fe chef française Emmanuelle Haïm importants de son répertoire, on peut et Titania dans Le Songe d’une nuit pour EMI/Virgin et La Partenza, mentionner Ophélie dans de d’été à Houston et avec la Canadian un disque sur lequel elle interprète Thomas (Teatro Verdi de Trieste avec Opera Company de Toronto. des mélodies et des duos avec le Jean-Yves Ossonce/Nicolas Joël), la Récitaliste et concertiste confirmée, pianiste David Harper et différents comtesse Adèle dans Le Comte Ory Laura Claycomb a collaboré avec des artistes (). Elle a fait ses de Rossini (Lausanne avec Evalino orchestres et des chefs d’envergure débuts en Europe en incarnant Pidò/Denis Krief), Marie dans La Fille internationale. Elle a chanté Cinq Juliette dans Les Capulets et les du régiment de Donizetti (Opéra de Images d’après Sappho d’Esa-Pekka Montaigus de Bellini (Bruno San Francisco, de Turin, Salonen avec le Philharmonique de Campanella/Robert Carsen) au Grand Opéra de Rome et, la saison passée, Los Angeles dirigé par le compositeur Théâtre de Genève en 1994. Elle a Houston), Ginevra dans au Festival d’Ojai en 1999 (création par la suite repris le rôle à l’Opéra de de Haendel (Opéra de Paris avec mondiale), avec le Paris, à l’Opéra de Los Angeles et avec Marc Minkowski et Opéra de Munich au Queen Elizabeth Hall de Londres l’Orchestre de la Radio de Munich. Elle avec ), Cunégonde dans et avec l’Ensemble Sospeso au a aussi interprété Gilda dans de Bernstein (Opera Pacific Carnegie Hall de New York, elle a de Verdi à Houston, Toronto, Paris avec John DeMain/Jeffrey Lenz), interprété l’Ange dans Le Martyre (Bastille), Lausanne, Tel-Aviv, Santiago Sophie dans Le Chevalier à la rose de saint Sébastien de Debussy avec du Chili et Bilbao, Lucia dans Lucia di (Festival de Spolète avec Richard Esa-Pekka Salonen et l’Orchestre de

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8-11 ARTS FLO.indd 14 02/11/09 16:52 la Radio de Stockholm à Stockholm la Symphonie n° 4 avec le London Symphonie de la mer de Vaughan et avec Richard Hickox, elle a donné Symphony Orchestra (direction Valery Williams. Avec l’Orchestre de la Radio des concerts avec l’Ensemble Gergiev, à paraître sur le label LSO de Bavière, elle a enfin chanté Modern au Japon et avec l’Orchestre Live), la Symphonie n° 4 de Mahler Les Capulets et les Montaigus (version Philharmonique de Moscou et avec l’Orchestre de Jeunes Simón- de concert, Roberto Abbado), Teodor Currentzis à Moscou (où elle Bolívar (direction Claudio Abbado) (Sebastian a également interprété le rôle-titre ainsi que le Requiem de Fauré et Weigle) et Ariane à Naxos (Ulf Schirmer). dans une version de concert de Lucia les Bachianas Brasileiras n° 5 avec Parmi les derniers enregistrements di Lammermoor dirigée par Patrick l’Orchestre Symphonique de São de Laura Claycomb pour Opera Summers) et elle a fait ses débuts au Paulo à Caracas (direction Yan-Pascal Rara, on peut mentionner des arias Festival de Blossom dans les Carmina Tortelier). Avec Richard Hickox, d’Offenbach, Alessandro nell’Indie Burana avec Franz Welser-Möst et on l’a aussi entendue dans d’Alessandro Pacini (qu’elle a aussi l’Orchestre de Cleveland – avec lequel La Création de Haydn au Festival de chanté en concert au Théâtre Royal elle a de nouveau collaboré dans Spoleto (États-Unis), dans The Rake’s de Drury Lane à Londres) et La Cour Le Messie au Severance Hall Progress (Anne Trulove) au Barbican de Célimène d’Ambroise Thomas (Cleveland) puis dans Le Rossignol Hall de Londres, dans la Symphonie (la Comtesse). Son interprétation de de Stravinski sous la direction de la mer de Vaughan Williams à la Teresa dans Benvenuto Cellini avec le de . Elle a aussi été Fondation Gulbenkian de Lisbonne, London Symphony Orchestra dirigé applaudie dans la Missa solemnis de dans la musique de Grainger aux BBC par Sir est quant à elle Beethoven avec Yannick Nézet-Séguin Proms, dans Le Messie avec l’Orchestre disponible sur le label LSO Live depuis et le Philharmonique de Rotterdam, de Philadelphie et, avec le London 2008. Les prochains engagements l’Ode à sainte Cécile avec l’Orchestre Symphony Orchestra, au Barbican de Laura Claycomb permettront de Symphonique de Saint Louis, Hall, dans Hänsel und Gretel (Gretel) l’entendre dans Rigoletto (Gilda) au Le Rossignol de Krenek avec à Knoxville et dans les Carmina Théâtre Giuseppe-Verdi de Salerne, l’Orchestre Philharmonique de Burana, qu’elle a enregistrées pour dans Serse de Haendel (Romilda) avec Munich dirigé par Michael Tilson Chandos – le CD est sorti en octobre le Grand Opéra de Houston, dans Thomas et le Christ au mont des 2008. Laura Claycomb a donné de les à Tanglewood Oliviers de Beethoven avec l’Orchestre nombreux concerts avec Emmanuelle avec l’Orchestre Symphonique de de l’Académie Nationale de Sainte- Haïm en France et, au Royaume-Uni, Boston (direction Rafael Frühbeck Cécile de Rome. Après plusieurs au Festival d’Aldeburgh, où elle a été de Burgos) et à Cincinnati avec concerts avec Michael Tilson Thomas applaudie dans Il delirio amoroso, l’Orchestre Symphonique de et le Symphonique de San Francisco Apollo e Dafne, des duos de chambre Cincinnati (direction Paavo Järvi), (Schönberg, Wagner, Toch), elle a par de Haendel, des cantates de Vivaldi, dans Le Messie avec Le Concert ailleurs chanté la Symphonie n° 4 et la une version de concert d’Il delirio d’Astrée dirigé par Emmanuelle Symphonie n° 8 de Mahler (parues en amoroso et des suites de Rameau Haïm à Francfort et à Lille, dans le CD sur le label de l’orchestre), Exsultate, (Orchestre de Chambre de Saint Paul Requiem de Fauré sous la direction jubilate de Mozart, les Brentano-Lieder et, avec le New World Symphony, de Jeffrey Tate au Teatro San Carlo de Strauss, le Requiem de Brahms ainsi à Miami). Avec Sir , de Naples, en concert (programmes qu’un répertoire français avec le New elle a été applaudie aux Proms de Mozart/Copland/Johann Strauss) York Philharmonic Orchestra dirigé Londres à l’occasion d’une tournée avec l’Orchestre de Chambre de Los par Bramwell Tovey. Elle a chanté la européenne, dans Benvenuto Cellini Angeles et dans la Symphonie n° 2 de Symphonie n° 2 de Mahler (direction de Berlioz (Teresa) et de nouveau Mahler avec l’Orchestre Symphonique ) et, tout récemment, avec la Radio de Stuttgart dans la de San Francisco dirigé par Michael

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8-11 ARTS FLO.indd 15 02/11/09 16:52 Tilson Thomas à San Francisco, de Chambre de West Cork en Irlande, (Association néerlandaise des à Philadelphie et au Carnegie Hall. des Concerts du Château de Brühl théâtres et des salles de concert). Laura Claycomb vit aujourd’hui en Allemagne, du Festival Menuhin En novembre 2008, une nouvelle en Europe. Elle a fait ses études en Suisse, du Festival Michelangeli en collaboration avec l’Orchestra of the à l’Université Méthodiste du Sud Italie, du Festival Haydn d’Eisenstadt, Eighteenth Century et Frans Brüggen (dont elle est diplômée en musique du Festival Mozart du Vermont et a permis de l’entendre dans les cinq et en langues étrangères) et au San du Festival de Pianoforte de Poeke Concertos pour piano de Beethoven, Francisco Opera Center (où elle a été en Belgique. Il est aujourd’hui qu’il a joués durant un week-end boursière Adler de 1991 à 1994). professeur à l’Eastman School of au Concertgebouw d’Amsterdam. Elle s’est fait connaître en remportant Music et à Bâle, où il enseigne le Parmi ses nombreux projets, on peut une médaille d’argent au Concours pianoforte et l’interprétation de la mentionner plusieurs concertos Tchaïkovski de Moscou en 1994 et musique du XVIIIe siècle. En janvier avec le Freiburger Barockorchester, un Prix d’opérette au Concours du 2004, il a été invité par l’émission Les Arts Florissants et l’Orchestre Belvédère de Vienne en 1992. « Performance Today » (NPR) et il a du Concertgebouw (tournée sous donné des récitals de pianoforte solo la direction de Ton Koopman), Kristian Bezuidenhout à Dumbarton Oaks. Sa discographie l’enregistrement des Amours du Né en Afrique du Sud en 1979, comprend un disque d’œuvres pour poète de Schumann avec le ténor Kristian Bezuidenhout a commencé à pianoforte de Mozart intitulé Sturm , plusieurs concerts/ étudier la musique en Australie à l’âge und Drang, une interprétation de récitals dans le cadre des séries d’été de 10 ans. Il a travaillé avec Rebecca La Belle Meunière de Schubert avec Robeco 2010 au Concertgebouw Penneys, Paul O’Dette, Malcolm Jan Kobow (« Disque du mois » sur d’Amsterdam et des extraits du Bilson, Robert Levin et Arthur Musicweb International), sans oublier Clavier bien tempéré dans un pavillon Haas avant d’aller se perfectionner un disque de Concertos de Bach avec spécial au Festival de Hollande (2010 à l’Eastman School of Music de Daniel Hope et le Chamber Orchestra également). Rochester aux États-Unis (dont il est of Europe (« Choix de la rédaction » sorti diplômé avec mention). À l’âge du magazine Gramophone). Jonathan Cohen de 21 ans, il a remporté le Premier Son premier enregistrement pour Jonathan Cohen est né à Manchester Prix et le Prix du public au prestigieux harmonia mundi (Sonates de Mozart en 1977. Sollicité pour les concerts et Concours de Pianoforte de Bruges avec Petra Müllejans) est sorti en mai festivals du Royaume-Uni et du reste (2001) – c’était la troisième fois dans 2009. Le second paraîtra quant à lui de l’Europe comme violoncelliste, l’histoire du concours que ces deux en mars 2010. La saison passée, chef d’orchestre et interprète prix étaient attribués à un même il a notamment interprété l’intégrale d’instruments à clavier, il se consacre à candidat. Instrumentiste polyvalent, des derniers Concertos pour piano de un large répertoire allant du baroque Kristian Bezuidenhout se produit Mozart en tournée avec l’Orchestra à la musique contemporaine, en régulièrement au pianoforte, au of the Eighteenth Century dirigé passant par le classicisme viennois. clavecin et au piano moderne en par Frans Brüggen. En mai 2007, Il a commencé sa carrière de soliste Amérique du Nord, en Europe, il a également remplacé Andreas par le violoncelle, en se produisant en Grande-Bretagne, en Australie et Staier au pied levé lors d’un concert avec l’Orchestra of the Age of en Asie. Il a été à l’affiche des festivals avec le Freiburger Barockorchester Enlightenment, le Philharmonia de musique ancienne de Barcelone, dirigé par Gottfried von der Goltz Orchestra, le Scottish Chamber de Boston, de Bruges, de Venise, et, en novembre 2006, il a été élu Orchestra, le London Chamber d’Utrecht et de Saint-Pétersbourg, « Meilleur jeune musicien » de Orchestra et le King’s Consort et mais aussi du Festival de Musique la saison 2005-2006 par la VSCD continue aujourd’hui encore à

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8-11 ARTS FLO.indd 16 02/11/09 16:52 donner des concerts en qualité de Les Arts Florissants Provence en 2000 et repris en 2002 ; violoncelliste avec le London Haydn Ensemble de chanteurs et Le Couronnement de Poppée en 2005, Quartet. Ces dernières années, d’instrumentistes voués à la musique Orphée au Teatro Real de Madrid Jonathan Cohen s’est dirigé vers la baroque, fidèles à l’interprétation en 2008). Dans les productions direction d’orchestre en se formant sur instruments anciens, Les Arts auxquelles ils participent, Les Arts auprès de Nicholas Kraemer et Florissants sont dans leur spécialité Florissants sont associés à de grands Vladimir Jurowski et en se spécialisant l’une des formations les plus noms de la scène tels que Jean-Marie dans les répertoires baroques et réputées en Europe et dans le Villégier, Robert Carsen, Alfredo classiques. S’appuyant sur son monde. Fondés en 1979, et dirigés Arias, Pier Luigi Pizzi, Jorge Lavelli, expérience de musique ancienne depuis lors par le claveciniste et Adrian Noble, Andrei Serban, Graham (acquise dès ses années d’études chef d’orchestre franco-américain Vick, Deborah Warner – ainsi que à Cambridge en fondant le Cambridge William Christie, ils portent le nom les chorégraphes Francine Lancelot, Baroque Chamber Ensemble), d’un petit opéra de Marc-Antoine Béatrice Massin, Ana Yepes, Shirley il a dirigé 10 représentations de Charpentier. Les Arts Florissants ont Wynne, Maguy Marin, François The Fairy Queen de Purcell au Théâtre joué un rôle pionnier pour imposer Raffinot, Jiri Kylian, Bianca Li, José d’Aix-la-Chapelle en 2006. Il assiste dans le paysage musical français un Montalvo et Dominique Hervieu. régulièrement William Christie répertoire jusqu’alors méconnu Leur activité lyrique ne doit pas (Les Paladins de Rameau, Idoménée (en exhumant notamment les trésors masquer la vitalité des Arts Florissants de Mozart, L’allegro, il penseroso ed des collections de la Bibliothèque au concert et au disque, comme il moderato de Haendel, La Création Nationale de France) et aujourd’hui le prouvent leurs nombreuses et de Haydn…) et partage depuis 2008 largement interprété et admiré : non marquantes interprétations d’opéras la direction de plusieurs productions seulement le Grand Siècle français, en version de concert (Zoroastre, avec lui (Zampa de Hérold, The Fairy mais plus généralement la musique Les Fêtes d’Hébé de Rameau, Idoménée Queen de Purcell). Il est également européenne des XVIIe et XVIIIe siècles. de Campra, Jephté de Montéclair, sollicité régulièrement comme chef Depuis le triomphe d’Atys de Lully L’Orfeo de Rossi), ou encore d’œuvres assistant d’Emmanuelle Haïm. Il a à l’Opéra Comique en 1987, c’est la profanes de chambre (Actéon, obtenu un très grand succès public scène lyrique qui leur a assuré les Les Plaisirs de Versailles, Orphée en dirigeant l’une des représentations plus grands succès : aussi bien avec aux Enfers de Charpentier ou Dido de Zampa de Ferdinand Hérold en Rameau (Les Indes galantes données and Æneas de Purcell), de musique 2008 et en 2009 à l’Opéra Comique. en 1990 et en 1999, Hippolyte et sacrée (comme les grands motets de La saison 2009-2010 voit Jonathan Aricie en 1996, Les Boréades en 2003, Rameau, Mondonville et Desmarest Cohen diriger Les Arts Florissants Les Paladins en 2004), Charpentier ou les oratorios de Haendel, Le Messie, dans quatre programmes : Dido (Médée en 1993 et 1994), que Haendel Israël en Égypte ou Theodora) ainsi que and Æneas à Amsterdam (deux (Orlando en 1993, Acis and Galatea de l’ensemble du répertoire choral. représentations en octobre 2009), en 1996, en 1996, Alcina en Les Arts Florissants ont également Gluck, Haydn et Mozart à Alès, 1999, Serse en 2003, Hercule en 2004 abordé le répertoire contemporain en Londres et Paris (en octobre et 2006), Purcell (King Arthur en 1995, créant en 1999 Motets III : Hunc igitur et novembre 2009), The Fairy Queen à Dido and Æneas en 2006), Mozart terrorem de Betsy Jolas à l’occasion Paris et New York (une représentation (La Flûte enchantée en 1994, de leur vingtième anniversaire. dans chaque ville, en janvier et mars L’Enlèvement au sérail à l’Opéra du La discographie des Arts Florissants 2010), et Actéon et Dido and Æneas Rhin en 1995) ou encore Monteverdi est également très riche : plus de à New York (une représentation en (Le Retour d’Ulysse dans sa patrie 40 titres chez harmonia mundi et mars 2010). créé triomphalement à Aix-en- quasiment 30 chez Warner Classics/

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8-11 ARTS FLO.indd 17 02/11/09 16:52 Erato dont le dernier est Theodora Communication, la ville de Caen et la Bassons de Haendel. Dans le cadre de leur région Basse-Normandie. Leur mécène Claude Wassmer collaboration avec EMI/Virgin est Imerys. Les Arts Florissants sont en Philippe Piat Classics (depuis 2003), Les Arts résidence au Théâtre de Caen. Florissants ont récemment fait Cors paraître un enregistrement de la Helen MacDougall Création de Haydn. Leur catalogue Directeur musical Benjamin Locher vidéographique s’est enrichi fin août William Christie d’une huitième référence avec la parution du Sant’Alessio de Stefano Violons Landi, capté au Théâtre de Caen. Nadja Zwiener, 1er violon En résidence privilégiée depuis Bernadette Charbonnier 15 ans au Théâtre de Caen, Les Arts Martha Moore Florissants présentent chaque année Benjamin Scherer une saison de concerts en région Satomi Watanabe Basse-Normandie. L’ensemble assure en même temps une large diffusion Catherine Girard nationale, tout en jouant un rôle Sophie Gevers-Demoures actif d’ambassadeur de la culture Michelle Sauvé française à l’étranger (il se voit ainsi George Willms régulièrement invité à la Brooklyn Academy et au Lincoln Center de New Altos York, au Barbican Centre de Londres, Galina Zinchenko au Festival de Vienne…). De façon Lucia Peralta régulière désormais, William Christie Jean-Luc Thonnerieux confie la direction de son ensemble à des chefs invités proches des Arts Violoncelles Florissants : on compte parmi eux David Simpson Paul Agnew – qui a entre autres dirigé Damien Launay en janvier 2007 les Vêpres de Vivaldi Alix Verzier ainsi qu’un programme d’odes et d’anthems de Haendel en juin 2008 – Contrebasses et Jonathan Cohen, qui a dirigé Jonathan Cable l’une des représentations de Zampa Joseph Carver à l’Opéra Comique et qui sera à la tête de l’ensemble avec un programme Flûtes traversières Haydn-Gluck-Mozart au début de Charles Zebley la saison 2009-2010, saison au cours Serge Saitta de laquelle Les Arts Florissants fêteront leur 30e anniversaire. Hautbois Pier Luigi Fabretti Les Arts Florissants sont subventionnés Michel Henry par le ministère de la Culture et de la Concert enregistré par France Musique

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8-11 ARTS FLO.indd 18 02/11/09 16:52 Et aussi…

> CONCERTS > SALLE PLEYEL > MÉDIATHÈQUE

VENDREDI 13 NOVEMBRE, 20H MARDI 17 NOVEMBRE, 20H En écho à ce concert, nous vous proposons… Jean-Baptiste Lully Symphonie n° 9 « Hymne à la joie » Te Deum Sur le site Internet Karlheinz Stockhausen Henry Desmarets http://mediatheque.cite-musique.fr Punkte Usquequo Domine Jean-Philippe Rameau … de regarder un extrait vidéo dans Brussels Philharmonic Deus noster refugium les « Concerts » Chœur de la Radio Flamande André Campra Orphée et Eurydice de Christoph Chœur de chambre Octopus Exaudiat te Dominus Willibald Gluck, airs chantés par Anne- Michel Tabachnik, direction Sofie von Otter, enregistrés à la Cité Solistes de la Chapelle Musicale Reine Les Arts Florissants de la musique en 1995 Elisabeth - Bruxelles William Christie, direction (les concerts sont accessibles dans leur intégralité à la Médiathèque de la Cité de la musique) MERCREDI 16 DECEMBRE, 20H DIMANCHE 22 NOVEMBRE, 19H … de regarder dans les « Dossiers Joseph Haydn La Flûte enchantée (version de concert) pédagogiques » Symphonie n° 100 « Militaire » Opéra de Wolfgang Amadeus Mozart William Christie dans les « Entretiens Wolfgang Amadeus Mozart Livret d’Emanuel Schikaneder filmés » . Mozart dans les « Concerts Exsultate jubilate éducatifs » . Le Piano dans les Ave verum Akademie für Alte Musik Berlin « Instruments du Musée » Joseph Haydn RIAS Kammerchor Nelsonmesse René Jacobs, direction … d’écouter les « Conférences » La vie, la mort, Orphée : Les Orphée : de Orchestre des Lauréats du l’esthétique du merveilleux à l’esthétique Conservatoire de Paris MARDI 24 NOVEMBRE, 20H du sensible par Raphaëlle Legrand Chœur Arsys Bourgogne Pierre Cao, direction Robert Schumann Cornelia Samuelis, soprano Sonate n° 2 Wolfgang Amadeus Mozart > COLLÈGE Sonate K 526 DU 12 JANVIER AU 17 JANVIER Béla Bartók Écouter la musique classique Sonate n° 1 4e Biennale QUATUORS A CORDES Cycle de 20 séances, La Cité de la musique organise sa Christian Tetzlaff, violon les mercredis de 11h à 13h quatrième biennale autour de l’intégrale Lars Vogt, piano du 6 janvier au 16 juin 2010 des quatuors à cordes de Schubert. 1014849, 1013248, 1013252 L’occasion, aussi, de passer commande o n à des compositeurs d’aujourd’hui. > Concerts Éducatifs famille Licences > MUSÉE > ÉDITIONS Samedi 6 février, 11h Pour les 7/11 ans, visite-atelier La musique de Versailles Rameau et le pouvoir de l’harmonie Dans l’orchestre du Roi-soleil : par Raphaëlle Legrand • 176 pages • samedi 28 novembre, samedi 12 Samedi 13 mars, 11h 2007 • 20 € et jeudi 24 décembre, de 14h30 à 16h30 Le Bourgeois Gentilhomme Histoires des musiques européennes. Musique, une encyclopédie pour Visite des collections permanentes Les Siècles e le xxi siècle Imprimeur FOT | Imprimeur France Repro | tous les samedis de 15h à 16h30, François-Xavier Roth, direction Collectif • 1514 pages • 2006 • 55 € du 24 octobre au 26 juin Pierre Charvet, présentation

Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus | Stagiaire : Laure Lalo et Nicolas Deshoulières

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