Prix national de la Laïcité 2016 Malek Boutih

Malek Boutih est né en 1964. Il est issu d’une famille modeste originaire de Kabylie en Algérie. Ancien vice-président de SOS Racisme, il est membre du Haut Conseil à la Vie Associative. Il est député de l’ depuis 2012.

Son parcours militant et associatif débute très tôt, en parallèle de ses études à la faculté de droit de et à l’École Supérieure de Journalisme de Paris. Il entre à SOS Racisme en 1984, en devient vice- président de 1985 à 1992. L’antiracisme de Malek Boutih s’enracine profondément dans les principes de la République et refuse de céder aux sirènes du communautarisme et de la victimisation. Le plus haut fait d’arme de son mandat est la mise au point du testing (test de discrimination à l’embauche, au logement, à l’entrée en boîte de nuit…) et surtout la validation de sa pratique par la Cour de Cassation. Sentinelle inépuisable, il alerte dès 2002 sur la montée de l’antisémitisme en sous couvert d’antisionisme. Il est mû par la conviction profonde que l’éducation et le brassage des populations dans les quartiers sont la clef de la victoire sur le racisme et les discriminations. C’est dans cette même logique qu’il pourfend les fausses bonnes idées que sont la discrimination positive et toute autre forme d’approche communautariste de l’antiracisme : « En France, les minorités ça n’existe pas ! Nous ne sommes pas une espèce menacée. Et si on se met à parler l’arabe ou le mandingue, le breton ou le corse, on fera exploser la communauté nationale. La France, c’est la baguette, le vin, le fromage, et maintenant le couscous, plus « Liberté, égalité, fraternité ». Il y a deux cent ans, nous avons pris une longueur d’avance en fabriquant une identité nationale politique et non ethnique ».

Cette identité politique et non ethnique est selon lui la seule à pouvoir maintenir une et indivisible la République métissée d’aujourd’hui, le socle sur lequel l’immigration actuelle, à condition d’être contrôlée et organisée, pourra s’intégrer.

Malek Boutih refuse de cautionner la solution de facilité que constituerait la violence en tant que moyen de lutte contre la marginalisation. A l’instar de son parcours, il enjoint les jeunes générations à s’engager politiquement, socialement, syndicalement pour prendre part au débat collectif et faire entendre leur voix.

Le « politiquement correct » et sa langue de bois semblent tout aussi étrangers à la personnalité de Malek Boutih, pas avare en expressions provocatrices pourvu qu’elles favorisent la prise de conscience. L’homme goûte en effet peu la recherche du coup d’éclat pour le coup d’éclat. Il publie en 2001 aux éditions des Mille et Une Nuits La France aux Français ? Chiche !, à la fois charge anticommunautariste et cri en faveur d’une politique offensive, active qui doit modeler et préparer la société de demain et non pas être le passif scribe de ses changements. En 2006, il élabore un rapport favorable à un contrôle du marché du cannabis par la puissance publique afin d’assécher les ressources financières qui alimentent la ghettoïsation et la violence dans les quartiers.

Très récemment, Malek Boutih a appelé à une offensive « anti-racailles dans les banlieues ». La formule, empruntée, une fois n’est pas coutume, au champ lexical habituellement attribué à la droite, a fait le tour des médias. Le but ? Dénoncer la prise en otage de populations fragiles et l’impuissance de forces de l’ordre toujours plus démunies face à des groupes violents toujours plus organisés et équipés, sûrs de leur impunité, et persuadés de faire la loi dans les quartiers difficiles. L’autre problème de ces quartiers est celui du basculement vers l’extrémisme religieux. A ce sujet, Malek Boutih remet en juin 2015 au Premier Ministre un rapport intitulé « Génération Radicale » dont les conclusions sont les suivantes : « Nous n’avons plus le droit de douter, de pinailler, de calculer. L’heure est à l’action déterminée pour imposer le projet républicain... L’action publique en réponse au radicalisme doit s’inscrire dans une logique de contre-attaque, en rendant à la République toute sa force et tout son attrait. »

Loin de la recherche du consensus, Malek Boutih se révèle un lanceur d’alerte dont la boussole est la République laïque, seule à même de porter un récit collectif dans lequel chaque citoyen et chaque citoyenne peuvent se reconnaître, et faire Nation.