ET SON CHATEAU

ROLAND COQUEREL

ODOS ET SON CHATEAU

Bibliothèque Centrale de Prêt des Hautes-Pyrénées 65000 1987

en manière d'épitomé...

A Madame de Févelas.

Face les Pyrénées, en un coin de Bigorre, Existe un châtelet que souvent on ignore. Et pourtant chaque soir, profilé dans la brune, Sinon, se détachant dans un rayon de lune, En évoquant alors les antiques vertus, Il dit en un souffle à ceux-là seuls perçu qui savent retrouver dans les fossés austères, La douceur de rêver des choses de naguère, Où dolente rêva, jusqu'au point d'en mourir, La Reine Marguerite au noble souvenir. Ci, dès avant César et dominant la plaine, Etait déjà dressée la Motte Souveraine. Le Romain la sut prendre et l'occuper bientôt. Le Moyen-Age y vit se bâtir un château. Mais hélas de l'Anglais il partagea le sort, Si bien qu'invaincu fut démoli le fort. Fille et soeur de roi, sur le castel ruiné, Madeleine construisit et voulut habiter. Madame de Valois, un privilège rare, Duchesse d'Angoulême et Reine de Navarre, Marguerite vint là méditer sur le sort Y chercher le repos, y attendre la mort. Et puis, de , par le bon Roi Henri, Aux il passa, qu'à Cognord l'ont conduit, Maquillant du castel la trop modeste gloire, Le Héros de Brahim fut assez vain de croire, Regrettable dessein, qu'en ornant le château De vaines fioritures il le ferait plus beau. Aujourd'hui, le fallacieux décor Permet à ceux qui l'aiment de découvrir encor L'auguste monument de la Motte-Souveraine, Souvenir si cher à l'actuelle châtelaine. Puisse-t-elle longtemps ainsi entretenir la flamme Réchauffant en ces lieux la quiétude des âmes, Esprits oubliés, soudain tout éperdus, Quand cette noble dame un jour ne sera plus Pour protéger encor du froid indifférent, Le souvenir perdu des premiers occupants Qu'attirera toujours en leur vie éthérée Ce que l'on voit d'Odos, les belles Pyrénées.

Tarbes, le 29-6-53. - R. COQUEREL. Odos, avec ses 2854 habitants (d'après le calendrier des PTT de 1985), aujourd'hui plutôt ville dortoir que commune rurale, ne laissera bientôt plus sentir à ceux qui y vivent que leur lieu de séjour fut d'abord, jusqu'à il y a seulement quelques décennies, un modeste village. Village dont l'origine fut une petite agglomération réunie autour d'une place forte à peine reconnaissable dans son état actuel. Pourtant, malgré les destructions et les transformations malheureuses qu'il a subi au cours du temps, le château d'Odos dressé sur la grosse motte féodale qui le supporte est encore le symbole d'une longue page d'histoire.

Le toponyme Odos, comme beaucoup d'autres noms de lieux connus en Bigorre, aux finales en os, reste d'étymologie incertaine pour les spécialistes. n est déjà écrit avec une initiale 0 dans l'inventaire du comté de Bigorre en 1285 (1), mais quelques auteurs anciens comme de Marca l'écrivaient Audos, dans sa forme probablement la plus reculée.

Toute l'histoire de la commune gravite autour de celle de son château, et ce sont les archives de celui-ci qui la firent découvrir. Ami de Madame de Févelas, propriétaire et habitante du château, jusqu'à sa mort en 1957, j'ai pu en toute liberté étudier l'architecture de la vieille demeure ainsi que les

(1) BA LENCIE (Gaston). - Le Procès de Bigorre (Pièces justificatives). - Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1930, p. 101. documents écrits qu'y avaient conservé les occupants successifs; documents disparus mystérieusement après 1957.

Il va de soi qu'il eut été insuffisant de limiter la compilation d'archives aux seuls papiers contenus dans les armoires du château, et bien qu'ils aient fourni l'essentiel de la documentation nécessaire, d'autres sources documentaires ont été utilisées pour la réalisation du travail historique.

Une première monographie du château d'Odos fut écrite et publiée en 1930 par Monsieur de Févelas, époux de notre amie. Eu égard à ce qu'il aurait pu tirer des archives dont il disposait chez lui, on peut considérer que c'est une esquisse de monographie que l'auteur réalisa (2).

En 1954, j'ai publié une histoire d'Odos dans les Petites Affiches des Hautes-Pyrénées, beaucoup plus copieuse que la monographie de Monsieur de Févelas, mais dans des conditions telles que je ne suis pas très fier du résultat de ce travail (3). Travail cependant republié dans ODOST INFOS depuis juillet 1980 sous forme de feuilletons, après quelques corrections.

La disparition des archives du château d'Odos me fit comprendre qu'il n'y avait qu'une seule possibilité de réduire les conséquences de la perte pour l'histoire régionale : c'était de reprendre les notes que j'avais relevées quand les documents étaient à ma disposition, et d'en tirer le maximum dans une nouvelle publication; ce qui explique le présent travail.

(2) FEVELAS (Paul de). - Monographie du château d'Odos. - Revue des Hautes-Pyrénées, T. XXV, 1930.

(3) COQUEREL (Roland). - Odos. - Petites Affiches des Hautes-Pyrénées, 1954. ODOS : lieux-dits figurant sur les plans cadastraux de 1817. (L'orthogruphe des noms est celle donnée par les textes du X Ville siècle). Après la mort de son époux, Madeleine de Févelas vécut à Odos jusqu'à la fin de sa vie le 21 Décembre 1957 : elle avait 94 ans. Son voeu ardent était que ses successeurs assurent la conservation de la vieille demeure en y maintenant le souvenir de son histoire et celui de cette Marguerite de Navarre qui y mourut, dont elle admirait l'intelligence, l'esprit droit et tolérant. ORIGINE DU CHATEAU D'ODOS.

il est situé à l'extrémité d'un promotoire qui termine en pente douce la crête orientée à peu près nord-sud, séparant le ruisseau de la Gespe à l'Ouest de celui dit Las Graues à l'Est. Dans cette position, il domine de quelques mètres les habitations de la commune. Cette position est définie par les coordonnées Lambert X 414,9 Y 102,3 Z 343 (Carte IGN Bagnères de Bigorre). Les communes limitrophes sont: à l'Ouest, Saint-Martin et Momères au Sud, Laloubère et à l'Est, Tarbes au Nord. Le territoire naturel d'Odos est fait de terrains humides parcourus par de nombreux petits ruisseaux secondaires; à l'Occident, il est fait surtout de landes aux bas-fonds marécageux. Le village s'est établi tout naturellement autour du château sur les terres les plus élevées et les plus sèches.

L'extrémité de la crête s'avançant vers le Nord à Odos était le seul lieu favorable à l'implantation d'un oppidum, entre ceux de Lanne, d', d'Ibos à l'Ouest, et ceux de Bemac-Debat, de Barbazan-Debat, d' à l'Est, qui contrôlaient la vaste vallée de l'Adour. La configuration de la castramétation, plus ou moins effacée aujourd'hui mais reconstituable, a tous les caractères d'une fortification protohistorique. On peut affirmer sans crainte d'erreurs que, comme les recherches l'ont fait constater un peu partout sur les pentes des collines qui enserrent la plaine de Tarbes, qu'Odos fut un lieu d'agglomération humaine, au moins au début du 2e Age du Fer, soit il y a environ 2400 ans.

Au point de vue topographique, la castramétation primitive d'Odos se présentait suivant un plan à peu près trapézoïdal, ayant sa grande base au Sud avec une longueur de 90m environ, sa petite base au Nord avec une trentaine de mètres de longueur, les deux étant séparées par une distance d'environ 100 m. Le périmètre de ce plan était marqué par un mur d'enceinte en terre entouré lui-même d'un large et profond fossé, sans doute rempli d'eau. (voir plan I)

Il semble qu'une haute cour fut aménagée à l'intérieur de l'enceinte, moins élevée que ne l'est la terrasse supportant le château actuel, peut-être dans les premiers siècles de notre ère. Le fossé qui entoure la base de la motte, malheureusement en partie comblé aujourd'hui, aurait fourni la terre pour l'élévation de cette terrasse, sur laquelle on bâtit en dur à une époque indéterminée qui pourrait être wisigothique ou mérovingienne, ainsi que semble l'indiquer la base de tour encastrée dans le talus au nord de la motte et en partie cachée par un mur de construction plus tardive. Le parement de la tour, ronde, est fait de galets montés grossièrement sur doubles rangs en épis entre des arases de briques en rangs uniques. (Fig.l)

Aucune trace tangible de l'occupation d'époque carolingienne du site fortifié d'Odos n'a été décelée, mais comme l'appartenance d'Odos au comte de Bigorre est connue dès le XlIIe siècle, et qu'il ne fait pas l'ombre d'un doute que cette appartenance remonte au premier comte de la province, il apparaît comme certain qu'au IXe siècle le château d'Odos était le siège d'un fief comtal ; peut-être déjà sous le nom de Motte Soubirane qu'on lui retrouvera plus tard.

On le sait, les mottes féodales étaient des donjons de terre de plus ou moins grande masse, selon leur importance, dont la terrasse couronnée d'une palissade défensive supportait un château en charpente de bois. Cette terrasse, la haute cour, était réservée aux Maîtres, quand la partie de la place fortifiée hors de la motte était occupée par les vilains, les bestiaux, la volaille. Existantes encore ou disparues, on compte plus d'une centaine de mottes féodales dans les Hautes- Pyrénées. (4)

Notons que la terrasse de la motte d'Odos devait mesurer à peu près 35m de longueur d'ouest en est et 24m de largeur de sud en nord. Sa hauteur par rapport au fond du fossé qui l'entourait devait être d'environ 6m.

(4) COQUEREL (Roland). - Les Mottes féodales des Hautes-Pyrénées. - Bulletin de la Société Ramond, 1974, pp. 39 à 46. ODOS AU MOYEN AGE

La plus ancienne mention d'Odos serait celle qu'en fait un auteur pseudonyme signant Nestor d'Aubert, dans un récit malheureusement sérieusement entaché d'invraisemblances (5). n relate les péripéties d'un tournoi qui aurait eu lieu en 1220 au pied de la côte de Ger à Sarrecaoute (Serre-Caute), dans Bordères près de Tarbes. C'est à l'occasion du mariage de la Demoiselle Stéphanie avec le comte de Béarn (?) que se serait déroulé le tournoi. Auraient pris part à la lutte : Messire de et de , au gourdin et à la francisque ; d'Ossun et de Bénac à bras le corps; de Saint-Lubret et d'Anty (Antin ?) à la drague émoulue et couverts de rondaches ; enfin, de Lavedan et d'Odos à l'épieu catalan, habillés et coiffés, l'un à la mauresque et l'autre en castillan. A l'issue des combats, Tostat aurait été heurté au canthus et Lescurry luxé au genou. Ossun et Bénac n'auraient pu se jetter (bas). Lavedan et d'Odos se seraient montrés d'égales forces.

il n'est pas exclu qu'une part de vérité peut 1220 exister en ce récit. En 1220, il y avait sans doute un capitaine responsable du château d'Odos représen- tant du comte de Bigorre, connu sous le nom d'Odos. J. Richard, à propos de la Bourgogne, écrit : "Plutôt que de résider, de hauts personnages cédaient temporairement le château à un vassal promu chef de garnison, contraint de prêter les serments à son

(5) Archives de la Bibliothèque Nationale, Mus 14 156. maître et au seigneur de ce dernier. Un fief terrien ou des redevances le payaient de ses peines" (6). On constatera que cet état de chose se vérifie pour Odos au début du XVe siècle et encore en pleine renaissance.

On pourrait admettre que le mariage indiqué par Nestor d'Aubert fut celui de Bernard comte de Comminges avec Stéphanie fille du comte Centule ni de Bigorre. Cette Stéphanie qui mit au monde la célèbre Pétronille aux 5 maris : il aurait eu lieu à la fin du Xlle siècle.

C'est probablement au cours du XlIIe siècle qu'une enceinte extérieure et un château bâtis en dur remplacèrent les palissades et constructions en bois. Un reste du mur de défense derrière lequel était un chemin de ronde en terre, se voit encore à l'ouest de la clôture de la propriété. On retrouve sur le sol de la cour au nord les substructions des murs obliques qui enfermaient la basse-cour et celles de deux tours rondes d'angle: l'une d'elle, celle de l'ouest, était encore partiellement debout sur une hauteur d'environ 5m en 1954. A la demande du curé du village qui craignait pour les enfants s'aventurant dans la ruine, Madame de Févelas la fit complètement abattre. (Fig. 8) Dans la basse-cour furent construits des bâtiments de dépendance, au long de l'enceinte. On retrouve dans le sol les substructions de celui de l'est dont le plan était un parallélipipède de 21m de longueur aux grands côtés, la largeur de la construction étant de 6m. On retrouve également dans le sol la substruction d'un petit local qui était accolé au bâtiment ouest et à l'enceinte au nord; bâtiment ouest dont il subsiste des restes sous des remaniements postérieurs: il est

(6) RICHARD (J.). - Seigneuries et féodalité en Bourgogne aux XIe et Xlîe siècles. - Cahier de civilisation médiévale, 1960, pp. 433 à 447. RUINE DE LA TOUR "WIStGOTHiQUE".

Bâtie à la romaine en galets roulés dis- posés en épis entre des arases de briques, elle pourrait dater du 5e siècle. On la voit ici prise dans la motte féodale et en partie encastrée derrière le mur de soutènement de la terrasse. (Fig.l) 227 Bordereau de créance d'hypothèque au profit des héritiers de Paul Lassalle et Cécile Barère sa veu- ve, résultant d'un acte notarié du 15 mars 1789. (Corrigé le 22/3/1808). 15/3/1804

228 Bordereau d'hypothèque contre Jacques Lassère de Momères. ( Rectifié le 22 mars 1808). 29/3/1806

229 Exploit de signification d'acte et de commande- ment contre Michel Labarrière. 19/3/1807

230 Grosse d'acte d'obligation par Dominique Thou dit Mouri de Momères, en faveur de Vve Lassal- le. 27/3/1807

231 Bordereau de créance cotnre Dominique Suisse. 29/5/1807

232 Attestation signée par 14 habitants de Saint- Martin affirmant que les pasteurs communaux ont toujours pacagé les bêtes dans la lande de Saint-Martin jusqu'au ruisseau de la Gespe. Y joint un extrait du cadastre de la commune d'O- dos (art. 118), un extrait du cadastre de la com- mune de Saint-Martin (art. 74) et une note préci- sant que la commune d'Odos possède une lande qui confronte aux landes de Saint-Martin près de la métairie de Galopio, Lapassade et le chemin de Bénaquez. Signé B. Dareix. 23/8/1807

233 Avis de la direction des impôts directs des Hautes- Pyrénées au préfet du dit que les discutions sur la délimitation entre les communes d'Odos et de Saint-Martin n'ont pu être réglées à l'amiable par la médiation de Monsieur Dareix contrôleur des contributions de la Direction. Signé pour le Direc- teur malade. D. Rom...l. (?) 3/10/1807

234 Vente sur saisie immobilière d'une maison au quar- tier Marque-Debat à Odos, contre le sieur Labar- rière pour le sieur Dimbarre de Montgaillard. 12/5/1808

235 Avis de poursuite pour pacage non-autorisé contre les habitants de la commune de Momères. 31/8/1808

236 Marché pour la remise en état de la métairie de la Gardette. Sans date

237 Exploit de signification d'acte de commandement contre Dominique Suisse dit Mouré. 21/2/1809

238 Jugement contre le sieur Maille pour Pujade (Af- faire intéressant les convois militaires lors du passage des prisonniers espagnols dans les H-P.) Sans date 239 Jugement cassant le procès-verbal d'arrestation pour le sieur Maille contre le sieur Pujade. (Ib.) 4/12/1810

240 Déclaration de Dareix contrôleur des contribu- tions portant qu'il a changé la date en chiffres sur le plan figuratif qui lui fut présenté lors- qu'il procéda au règlement de la ligne divisoire des communes d'Odos et de Saint-Martin. (1787 marqué sur 1785) 13/8/1812

241 Jugement pour Vve Lassalle contre l'adjoint de la commune de Momères et Vignau Pasteur. (Etat de la surcharge sur le plan (7 sur 5) consi- dérée comme tricherie visible confirmée par les déclarations de Maître Couture des Eaux et Forêts qui en fit procès-verbal en 1785, et la fuite des contrevenants à la surprise des gardes. 9/2/1813

242 Condamnation aux dépens de l'adjoint au maire comme représentant de Momères au sujet des landes en faveur de Dame Lassalle d'Odos. 15/3/1813

243 Sommation de commandement contre Pascalet maçon. 7/12/1815

244 Bordereau de créance pour Vve Lassalle contre Catherine Barragué. 5/12/1817

245 Avis de vente et déguerpissement contre Cathe- rine Barragué dite Caulet, Vve Suberbie, pour Jean François Lassalle capitaine des grenadiers. 5/12/1817

246 Exploit de signification d'un acte du 27 janvier 1788 contre Barthélémie Paul Lafont cadet. 20/12/1817

247 Exploit d'opposition au retirement de la récol- te et l'irrigation, en référé contre Daressy. 14/7/1819

248 Copie d'une constitution d'avoué pour Vve Las- salle contre Daressy Carrère. 19/7/1819

249 Citation en conciliation pour Vve Lassalle con- tre Daressy et Lafont. 31/7/1819

250 Procès-verbal de non-conciliation pour Cécile Barère et son fils contre Lafont et Daressy qui ont eu la témérité d'enlever l'avoine malgré la défense qui leur a été faite. 9/8/1819

251 Signification de procès-verbal de non-concilia- tion avec assignation devant le tribunal contre Daressy et Lafont. 14/8/1819