SYNTHÈSE D’ÉTUDE De au grand voyage deseaux la Ethnologie et histoire du

conquête PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Pauline Mayer de la

rivière ©David Allemand ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX Couleurs vives desgorges du Verdon enautomne Préface trois sites ont été choisis,leconfluent Verdon- leur vie quotidienne. Pour affiner cette recherche, historiques et sociologiques,desoninfluence sur perception dececours d’eau sur lesplans le rapport àlarivière desesriverains, deleur Le but decette étude est eneffet decomprendre valorisation decepatrimoine. régional du Verdon étant porteur duprojet de la construction dece territoire, leParc naturel qu’une vision partielledurôle qu’il ajouédans Réduire le Verdon àcesusages n’offrirait bassin versant. hydroélectrique et desécuriser la vie hors deson des réserves et permisàcette eaud’être une force touristique. Enfin, l’hommeacanalisé, construit dans unpassérécent, contribué audéveloppement en énergie pour activer sesmoulins.Elleamême, l’irrigation descultures, maisaussidela transformer qui luiapermisdes’abreuver, desenourrir grâce à a imaginédesusagesmultiplesdecette ressource force de ce torrent impétueux qu’est le Verdon. Il Depuis la nuit des temps, l’homme a utilisé la partenaires. possible grâce àcet engagement mutueldes Méditerranée–Corse. Cette étude est donc Alpes-Côte d’Azur et l’Agence del’eau Rhône– Verdon signéavec laRégion SudProvence- du Verdon à travers les actions du contrat rivière l’un des enjeux principaux du Parc naturel régional La gestion del’eau et desmilieux aquatiques est problématiques poséespar ce travail. bas Verdon. Ces lieuxsemblent correspondre aux Issole, larésurgence deFontaine-l’Évêque et le Vice-président encharge delacommissioneau Vice-président encharge de lacommission diffusion desconnaissances et milieuxaquatiques Jacques Espitalier, Paul Corbier,

DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON 3 Aix-en-Provence LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Montpellier Marseille Manosque D 952 A51 sur V V sur V V

D 23 inon inon

11 D D e e

rdon rdon 1

Ginasservi

Ginasservi D 4 D 554 D

les Bains Gréoux les Bains Gréoux D 69 D

D 65

s s

D 82 D

D 30 D 4 D 55 D D 36 D 4

D 470 V

8 D D e D 6 rdon Duranc de Brômes Saint Martin

de Brômes Saint Martin n Lac d’Esparro Lac e le Montagnier Saint Julien le Montagnier Saint Julien La V La V

A51

e e

4 D 55 D V V

en Provence Allemagne en Provence Allemagne rdière 15 D rdière alensole D 8 alensole Colostre

de V Esparron de V Esparron

Grenoble Gap D 69 D

D 82 e e

Quinson

rdon rdon

D 15 D

6 D

11 D D D 56

D 13 du V Saint Laurent du V Saint Laurent

1 D 13 D Montpezat Montpezat e D 31 e D 952 rdon rdon D 1 1 1 Montagnac Montagnac Artignosc- sur-V sur-V Artignosc- Riez

Mauroue Quinson

erdon erdon Lac de Lac

D 8

9 D Régusse Régusse du V Sainte Croix

du V Sainte Croix D 953

Digne-les-Bains

Baudinard- sur-V sur-V Baudinard- 1 D

1 Roumoules 1 D 1

e e 1 la Cascade Sillans la Cascade Sillans rdon rdon erdon erdon

D 60

D 71 Auvestre

Colostre Bellevue Moissac Bellevue Moissac D 108 Sainte Croix Sainte Asse D 952

Bauduen

Bauduen Lac de Lac

D 149 D

9 D

D 22 Saint Jurs Saint Jurs

sur V Les Salles sur V Les Salles Sainte Marie Moustiers Sainte Marie Moustiers e

D 957 Maïr D 71 Draguignan e e Aups rdon rdon

D 619 D 77 D

V V D 4085 D

illecroze illecroze Vérignon Vérignon

V

Camp militairedeCanjuers along

T T e

ourtour ourtour

Majastres Baou

sur V La Palud D 952 sur V La Palud

3 12 D

Légende

D 17 D D 23 D e e rdon rdon

Blieux de Asse

Blieux Blieux Zones d’étude Périmètre duParc naturel régional du Verdon Ville porte Rougon

D 21 202 N Artuby 71 D T T r r igance igance

D 90

D 4085 D Jabron

V D 952

sur Comps sur Comps

5 D 95 D e rdon Artuby

Artuby de Castillon de Le Bourguet Castellane

D 402 Lac

Issole D 102 D du V Saint Julien du V Saint Julien les Saint les Saint Brenon Alpes Alpes e e

0 D 955 D 33 D rdon rdon André André

D 955 de Chaudanne de Châteauvieux Châteauvieux Angles Angles La Garde La Garde

D 21 D D 52 Bargème Retenue Bargème Demandolx V

Artuby erdon

D 4085 D D 37 D Allons Allons N N La Martre La Martre

5 km

2 10 D

2 45 D La Roque-Esclapon La Roque-Esclapon La Bastide La Bastide Peyroules 10 km D 221 Soleilhas

1 D 4085

N 202 Route Napoléon Route

D 91

1 Nice Grasse III. Par-delà le Verdon :legrand voyage deseaux . Vinon-sur-Verdon –Esparron-de-Verdon -La Verdière –Saint-Julien-le-MontagnierQuinson – – . Bauduen . Saint-André-les-Alpes -La Mure-Argens Digues et canauxdu XIX I. Petite hydraulique duconfluent Issole –Verdon. Préface Sommaire II. Sorps,l'intarissable fontaine Introduction 1. La conquête duconfluent par 3. La force del’eau :dumoulinauxusines 2. Une multitudedecanaux 3. Le canaldeProvence. 1969-… 2. Le canaldu Verdon, 1863-1969 1. Petite géographie desressources eneau 3. L’ambition del’eau urbaine 2. Un lieusublimé 1. Des sièclesd’occupation humaine les endiguements . . . . e siècleànosjours . .

. . . .

. 66 42 68 49 44 83 56 72 31 21 12 8 6 3

DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON 5 Introduction

Basses gorges du Verdon. © Stefano Blanc - Parc naturel régional du Verdon que lesdigueset lescanauxà vocation industrielle et agricole Alpes et laMure-Argens, lesaménagements hydrauliques tels - Au confluent del’Issole et du Verdon, entre Saint-André-les- espaces, associésà trois problématiques différentes : associés auprojet, a fait lechoix d’orienter le travail sur trois Parc, enconcertation avec lespartenaires, éluset scientifiques (le Parc naturel régional du Verdon s’étend sur 46communes), le Etant donnéladurée duprojet (6 mois) et le territoire àcouvrir l’eau dansce territoire. aussi amener lesriverains àsesentir investis delagestion de ressource auregard dequestionnements contemporains, mais les nouveaux aménagements, pour seréapproprier cette entre lespratiques locales–anciennesouactuelles – ,et milieu fluvial depuisleXIX usages delaressource eneau,et auregard del’évolution du au Verdon, au travers deleur perception delarivière et deleurs visait àmieuxcomprendre larelation deshabitants du territoire Cet ouvrage est lasynthèse d’une étude ethno-historique qui imprègne lequotidien. irriguer les terres... Rare et pourtant omniprésente, elle développement économique, commepour gérer lescrues, d’aménagements, danslebut d’en faire uninstrument de cherché l’eau, l’a captée et drainée au travers d’une diversité évolué au travers de l’histoire. Au fil du temps, l’homme a Le rapport deshommesàcette rivière et àsesaffluents a la Provence. paysage comme la vie des riverains, et, par extension, de toute versant du Verdon. Sillonnant le territoire, elle façonne le manifeste par larivière et sesaffluents pour former lebassin Dans leParc naturel régional du Verdon, laprésence del’eau se e siècle. Ellepermet de faire lelien depuis leXIX territoire. et bienveillant. Sadisparitionest unegrande perte pour le connaissance des archives et du terrain, avec son œil critique Leroy. Leroy. Nous dédions cet ouvrage à la mémoire de Catherine Catherine de mémoire la à ouvrage cet dédions Nous l’ethnologie, l’histoire et lagéographie humaine. plusieurs disciplinesrelevant dessciences humaines, telles que effectuée àl’aide d’une quarantaine d’interlocuteurs. Ilcroise privées, deressources documentaires, d’une enquête orale Le travail s’est nourridesources d’archives publiques et de l’eau delarivière. captée l’eau, interroge les échelleset lesmodalités dupartage d’autres territoires, vue depuisleszones riveraines oùest locales. L’extension dubassinhydrographique du Verdon vers techniques quiont fortement influencé l’histoire dessociétés distribuée vers labasseProvence par deuxgrands ouvrages - Enfin danslebas Verdon, l’eau est dérivée, transportée et et delamémoire locale. captage. Unlieuremarquable décrit àpartir desrécits littéraires la pureté desoneauont engendré demultiplesprojets de l’implantation d’une abbaye auMoyen Âge. Lapuissanceet un lieuoccupédepuisdenombreux sièclesavec notamment de engloutiepar leseauxdulacdeSainte-Croix, quiétait - À Bauduen, Fontaine-l’Évêque, seconde résurgence karstique force motrice pour lesactivités industrielles. conquête des terres, au transport del’eau et àl’usage desa ressources eneauet l’ancienne hydraulique associéeàla Elle a toujours soutenu lesprojets duParc par sa e siècle, quiillustrent l’appropriation localedes

DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON 7 9

Chapitre 1

Petite hydraulique du confluent issole - verdon digues et canaux du xixe siècle à nos jours

Saint-André-les-Alpes et La Mure-Argens marquent l’entrée dans la moyenne vallée du Verdon. Le paysage change de morphologie, la rivière qui coulait jusque-là du nord au sud, s’engage vers l’ouest et resserre son cours dans les gorges en aval de Castellane. En plus de délimiter l’unité physique du haut bassin, les deux communes se partagent la confluence du Verdon et de l’Issole : l’une en rive droite, l’autre en rive gauche. C’est aussi là que, depuis 1948, la rivière s’accumule dans la première des cinq retenues de l’aménagement hydroélectrique du Verdon.

La zone concentre une multitude d’ouvrages hydrauliques : des installations destinées à protéger les terres riveraines des torrents et des crues (digues, épis de défense) ; des systèmes de dérivation denses et multifonctionnels, caractérisés par des canaux qui se déploient dans les basses terres alluviales et les zones planes de la confluence, mais aussi sur les piémonts des montagnes ; et enfin le réservoir de stockage des eaux du Verdon, contenues par le barrage de Castillon. La continuité historique des aménagements a formé un enchevêtrement complexe, exemplaire de différentes époques. VERDON DU HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - EAUX DES VOYAGE GRAND AU RIVIÈRE LA DE CONQUÊTE LA DE ©Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 456 Alpes-de-Haute-Provence des départementales ©Archives 11 © IGN 1950 © IGN, TERRA INCOGNITA - Archives départementales des Alpes de Haute-Provence des départementales Archives - INCOGNITA TERRA © IGN, © IGN

Carte de Cassini (vers 1780). Carte des ingénieurs cartographes Carte IGN, 1950. militaires, 1748-1778. Archives. DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON DU HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - EAUX DES VOYAGE GRAND AU RIVIÈRE LA DE CONQUÊTE LA DE ©IGN Vue aérienne de 1972 Vue ©IGN © IGN © Archives départementales des Alpes de Haute-Provence des départementales Archives ©

Carte d’Etat-Major (1820-1866). Cadastre napoléonien 1839. Le confluent entre l’Issole et le Verdon côtoie la zone de marnage du lac de Castillon. 13 du confluent sont associés à des digues de protection et de conquête des terres irriguées. Considérant les pénuries d’eau estivales et la pauvreté des sols de montagne, ce caractère irrigable et fertile devient un atout considérable. Ainsi, la conquête du lit des rivières et des torrents participe d’une mise en valeur du territoire car elle permet de se protéger des crues, d’étendre le territoire sur le lit des rivières, et d’utiliser leur eau pour l’irrigation et la force motrice. Elle fait écho aux politiques de valorisation des ressources locales menées par les gouvernements des XVIIIe et XIXe siècles dans les Alpes, via l’ingénierie agricole et hydraulique. Elle a pu être qualifiée de « colonisation intérieure » par certains géographes12, et constitue une réponse aux besoins générés par l’accroissement démographique de la première moitié du XIXe siècle. © D.R. Fonds J. Gibert J. Fonds © D.R. Vallée du Verdon, confluent de l’Issole et du Verdon, La Mure. Les digues sur le confluent : « Ici, on est dans le lit du Verdon » situation de confluence de Saint-André-les-Alpes6 s’avère-t- e elle, en cas de crue, être un inconvénient majeur pour le village, Jusqu’au début du XVI siècle, la plaine de Saint-André formait comme au XVIIIe siècle où on réclame une diminution d’impôts un marécage appelé « Palud », toponyme qui désigne des terres proportionnelle aux dommages que peuvent causer les deux marécageuses. La conquête des iscles de l’Issole et du Verdon e rivières7. À la même période8, les consuls décrivent une crue commence ainsi par leur endiguement, bien avant le XIX siècle. dévastatrice qui a détruit la digue de protection et atteint le Les digues peuvent être de plusieurs types. Dans la première e village, qu’elle a séparé en trois parties durant trois semaines, moitié du XIX siècle, les deux matériaux les plus employés © ONF - Service RTM 04 / Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence – 2Fi0068 Alpes-de-Haute-Provence des départementales Archives 04 / - Service RTM © ONF inondant le moulin, le four et le premier étage des maisons. Cet dans le département sont les blocs de pierre constitués en e e 13 Vue de la rive gauche du confluent entre la fin du XIX siècle et le début du XX siècle (La Mure). Au premier plan, le quartier des Iscles. épisode est récurrent, puisque d’après la mémoire orale, une enrochement, complétés par des gabions en bois remplis de crue aurait à nouveau amené l’eau jusqu’à « la placette » du pierres. Les digues peuvent être continues ou discontinues, 9 submersibles ou insubmersibles, disposées de manière 1. LA CONQUÊTE DU CONFLUENT PAR L’endiguement comme mise en valeur du territoire village en 1886 . Outre une protection contre les crues, les digues permettent longitudinale et accolées ou non à la berge, ou enfin établies LES ­ENDIGUEMENTS comme des épis transversaux. Les digues constituent des « infrastructures de lutte, de défense la conquête de nouvelles terres par le colmatage (ou atterrissement). Il consiste à défricher et niveler les iscles10, Au cours de l’histoire, les communautés humaines riveraines et de conquête contre les menaces des crues et les divagations torrentielles.3 » La description de ces ouvrages aujourd’hui puis à y conduire les limons par des inondations répétées. des cours d’eau ont cherché à contrôler les flux d’eau par des La décantation de la charge solide bouche ces chenaux techniques multiples, dont le drainage, la chenalisation1, le fondus dans le paysage ou noyés sous le lac de Castillon s’avère

secondaires qui, ainsi fertilisés, deviennent peu à peu VERDON DU HISTOIRE ET ETHNOLOGIE - EAUX DES VOYAGE GRAND AU RIVIÈRE LA DE CONQUÊTE LA DE 2 essentielle pour comprendre la place de l’Issole et du Verdon colmatage , l’irrigation et l’endiguement. Le village de Saint- 11 dans l’aménagement du territoire. cultivables . L’épierrement permet de prélever au passage du André-les-Alpes présente la particularité d’être implanté sur gravier pour la construction. Ces opérations permettent de une terrasse alluviale dominant le lit de l’Issole et du Verdon. Les digues possèdent plusieurs fonctions complémentaires : endiguer, colmater et irriguer. L’endiguement permet de gagner des terres planes rares dans les territoires montagneux Il a d’ailleurs porté, à la Révolution, le nom de Verdissole, où l’agriculture se déploie sur les versants. Enfin, les nouvelles actuellement repris par la société de pêche. Ainsi son histoire est- repousser l’eau en cas de crue, en protégeant le territoire exploité contre la torrentialité, problème récurrent dans les terres sont irriguées par les mêmes canaux qui ont servi à leur elle intimement liée aux deux cours d’eau, que la communauté va colmatage. En fait, quasiment tous les canaux présents autour progressivement endiguer jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elle étend Alpes du Sud avant le reboisement systématique opéré par 4 e 5 ainsi ses terres agricoles sur le lit de la rivière, par la conquête la RTM dès la fin du XIX siècle. Le « ravage des eaux » peut des alluvions. emporter en quelques heures des ouvrages édifiés dans le temps long, et détruire les zones agricoles de fond de vallée. Ainsi la 6. Les villages de Saint-André-les-Alpes et de La Mure-Argens seront communément désignés par Saint-André et La Mure. 7. Archives départementales des Alpes de Haute-Provence - C 20, 1728 8. Archives départementales des Alpes de Haute-Provence – C 20, 1729 9. Souvenir de la grand-mère d’A. Marcel. 1. Manière de rendre les cours d’eau navigables en contraignant leur lit dans un espace déterminé. 10. Alluvions de la rivière 2. Opération consistant à exhausser un bas-fond au moyen de terres charriées et déposées par les eaux. Source : CNRTL 11. Girel, 2016 3. Réparaz, de & Durbiano, 1987 12. Réparaz, de, 2000 4. Restauration des terrains en montagne 13. « Grand panier sans fond bourré de sable ou de terre et qui sert de protection. » CNRTL 5. Archives départementales des Alpes de Haute-Provence - 2E 19047, 1714 © ONF- Service RTM 04 / Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence – 2Fi1983 © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 955 du haut des gros blocsdeladigue. »Légende J.-P. Reboul. copains et moi y avons apprisànager. À l’époque, le Verdon y passait et formait une vaste piscinenaturelle. Nousplongions « Ce lieuest appelé«L’Eperon »par lesSaint-Andréens. C’était unpoint important de baignadedansmajeunesse. Mes Digue engabionset digueenpierre au niveau duconfluent entre l’Issole et le Verdon, représentés sur unplande1851. Gabions deprotection, . André sur leconfluent, dèsleXVI est peut-être contemporain de l’installation du village de Saint- totalement endiguée semble plus tardive. Trois d’entre ellessont construites auXIX est pas de même pour le Verdon, où la constitution de digues pas d’inonder trop souvent «les terres lesplusriches».Iln’en terres. Le caractère ancien de cet endiguement ne l’empêche Mure pour actionner leurs moulinsrespectifs et irriguer leurs être dérivée par lescommunautés deSaint-André et deLa du XIX L’endiguement de l’Issole est attesté dès le XVIII l’Issole de Endiguements 16. 15. 14. Archives départementales des Alpes deHaute-Provence –S924 des terrains conquis. des terrains ces «conquêtes » : l’endiguement, le colmatage, puis lepartage siècle. Trois phasessont àchaque fois nécessaires aucours de

Plan dupartagedesalluvions,1872. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence 2E00424 merçants àl’imagedece« filateur delaine et fabricant dedraps ». Ils assurent tous des fonctions politiques àdifférentes échelles, sont maire, adjoint aumaire, membres des conseilsd’arrondissement et municipal, richescom- Ces initiatives privées fleurissent ailleurs danslehaut-Verdon dèsleXVIII (Annales desBasses-Alpes, 1839) avant 1839, un riche fabricant de draps et maire delacommune nomméEngelfred a endiguéuncoteau oùsesont installées deux fabriques et «deriches vergers ». la digueen 1791,par acte desociété entre undocteur en médecineet jugedu tribunal deCastellane, et unménager de LaMure (AD04-2E190-65). À , e siècle. En1866,unplanmontre quel’Issoleest presque 14 . C’est d’ailleurs lapremière rivière à e siècle. Ilsepoursuit aulong e siècle, mais e siècle. Uncanal dérivé del’IssoleàLaMure est projeté sur lemêmemodèle financier que e

impatience (…).» Le pays « attend la réalisation de leur projet avec la plus vive lançant dansdesinitiatives demiseen valeur du territoire. à mêler leurs intérêts privés àceuxdelacommunauté ense comment, àcette époque, lesnotables locauxn’hésitent pas et protection des terres riveraines. Cette initiative montre retrouve bienlàladouble fonction desdigues:conquête qu’un tas degravier abandonnéaucapricedelarivière. »On se trouve entre St andré et Meouilleet quin’est actuellement de Meouille»et de«conquérir lagrande étendue de terrain qui envahissements incessansdu verdon sur le terrain deSt andré village deSaint-André, ayant ladouble fonction d’« arrêter les construire unedigue en rive droite du Verdon, aux abords du les cadastres par la forme régulière et allongéedesparcelles. partage des«iscles»endifférents lots sedevine facilement sur propriétaires riverains, auxSaint-Andréens et auxétrangers. Ce une dernière partie(40 lots) donnéepar ordre depriorité aux promoteurs duprojet, uneautre vendue auxenchères, et à être diviséesen80lots dont unepartiesera réservée aux L’endiguement du Verdon de 1844-1855 En 1844,desnotables deSaint-André de Verdon du L’endiguement 16 Les parcelles ainsigagnéessont destinées 15 s’associent pour 15 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON d’une alléed’arbres. puis longele Verdon jusqu’au pont deMéouilles,agrémentée prolonge unautre ouvrage existant sur larive droite del’Issole, en 1844et 1855et d’une longueur d’environ 400mètres, elle Ponts et Chausséespenseladigueet établit undevis. Construite ils fournissent lescapitaux, tandis queleservicehydraulique des des oseraies et desbois.Les entrepreneurs n’agissent passeuls: Les terrains acquis sont destinés à devenir des labours, des prés, © IGN – vue aérienne Forme allongée desparcelles cadastrales desIsclesdeLaMure-Argens. terminé. digue. Ilsserviront à l’irrigation des terres une fois lecolmatage bassins successifs. Onladérive àl’aide decanauxétablis dansla le lit delarivière uneeauchargée delimons,recueillie dans des Le colmatage consiste àconduire sur lesgraviers constituant Souvenirs de l’enfance. Les animaux. Carnet Carnet animaux. Les l’enfance. de Souvenirs L’Observatoire. pour Hubert. Hubert. pour Gassier-Irigoin I. (2012) défrichement. le c’était plus, le m’intéressait qui Ce « d’après lecarnet d’IsabelleGassier-Irigoin (1890–1986). Le colmatage audomainedesIsclesàGréoux, On commençait par abattre les grands arbres arbres grands les abattre par commençait On que des scieurs de long débitaient sur place. place. sur débitaient long de scieurs des que On coupait le reste comme bois de chauffage. chauffage. de bois comme reste le coupait On Quand les grandes racines étaient arrachées, arrachées, étaient racines grandes les Quand un bouvier amenait ses bœufs pour un premier premier un pour bœufs ses amenait bouvier un labour. On passait ensuite une charrue attelée de de attelée charrue une ensuite passait On labour. 4 chevaux après quoi il fallait niveler. C’était une une C’était niveler. fallait il quoi après chevaux 4 chose compliquée, il n’y avait pas les pelleteuses pelleteuses les pas avait n’y il compliquée, chose que vous connaissez. On employait une ravale ravale une employait On connaissez. vous que tirée par des chevaux. C’était comme une grande grande une comme C’était chevaux. des par tirée pelle qui emportait la terre des bosses pour la la pour bosses des terre la emportait qui pelle déverser dans les trous et les creux. Si le lit d’une d’une lit le Si creux. les et trous les dans déverser rivière a de la bonne terre il y a aussi des cailloux et et cailloux des aussi a y il terre bonne la de a rivière combien. La terre remuée, il fallait les enlever, on s’y s’y on enlever, les fallait il remuée, terre La combien. employait dès que les travaux des champs étaient étaient champs des travaux les que dès employait terminés. Une dizaine de femmes remplissaient remplissaient femmes de dizaine Une terminés. des « banastons » (corbeilles en osier non écorcé). écorcé). non osier en (corbeilles » banastons « des Les hommes les vidaient dans des tombereaux tombereaux des dans vidaient les hommes Les et les transportaient soit au bord de la partie de de partie la de bord au soit transportaient les et route destinée à être refaite, soit en bordure des des bordure en soit refaite, être à destinée route champs. C’était un énorme travail, très couteux, couteux, très travail, énorme un C’était champs. qu’il fallait recommencer après chaque labour labour chaque après recommencer fallait qu’il pendant plusieurs années. Papa avait fait faire une une faire fait avait Papa années. plusieurs pendant quantité de canaux ; quand l’eau était propre, elle elle propre, était l’eau quand ; canaux de quantité servait à l’arrosage des récoltes ; quand elle était était elle quand ; récoltes des l’arrosage à servait boueuse on l’amenait dans la partie défrichée qui qui défrichée partie la dans l’amenait on boueuse devenait un marécage. Le soleil absorbait l’eau et et l’eau absorbait soleil Le marécage. un devenait la bonne terre restait. C’était un travail de patience. patience. de travail un C’était restait. terre bonne la Papa nivelait jusqu’à ce que le terrain soit uni uni soit terrain le que ce jusqu’à nivelait Papa avec une pente régulière et suffisante pour que que pour suffisante et régulière pente une avec l’arrosage se fasse d’un bout à l’autre en y dirigeant dirigeant y en l’autre à bout d’un fasse se l’arrosage l’eau du canal. Souvent il me prenait comme aide et et aide comme prenait me il Souvent canal. du l’eau je n’étais pas peu fière de tenir la mire. » mire. la tenir de fière peu pas n’étais je Ed. C’est-à-dire, Saint-Michel Carnets des Iscles. Iscles. des Carnets

terrain, il y ales tennis deSaint-André. » J.-P. Reboul. de munitionspour lesmaquisards en1944. Actuellement, sur ce aujourd’hui et remplacé par un tas depierres, aservidedépôt « Pour l’anecdote, lecabanon quiest aupremier plan,détruit La digueavec, enarrière-plan, le village de Saint-André-les-Alpes. © Fonds J.-P. Reboul La digueaubord du Verdon en1925. © D.R. Fonds J. Gibert 17 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON rendus àlarivière par lamiseeneaudulacdeCastillon. visible, bienqu’une partiedes terrains jadiscolmatés aient été la portée descultivateurs modestes. L’ouvrage reste aujourd’hui succès :l’endiguement est uneopération coûteuse quin’est pasà la lenteur d’une telle réalisation et lessoinsindispensablesàson ans pour arriver àuncolmatage complet. Cet exemple montre alluvionnaires 1872 qu’on procèdera –avec difficulté –aupartagedes terres Cependant, danslecasdeladigueSaint-André, cen’est qu’en 18. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -S125 17. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -2E00424 © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 825 Profil d’une digue avec pieux,1907. Vue deladiguedanslesannées1920-30. © D.R. Fonds J.-P. Reboul 17 . Unexpert conclut alors qu’il faudra encore 29 en été. par une allée de peupliers qui lui donnaient une fraîcheur agréable Elle était aussiconnuepour être unlieudepromenade ombragé La route-digue des années 1880 sur le Verdon le sur 1880 C’est aucours dudernier tiers duXIX années des route-digue La le servicedesPonts et Chausséesen1878 et demandeuneréfection. Lorsque laquestion est étudiée par sous lelacdeCastillon), s’avère défectueuse, sinueuseet pentue le piémont entre Saint-André et lepont Julien (aujourd’hui noyé époque que la route nationale n° 207 d’Avignon à Nice, qui sillonne associées à cesréseaux de communication. C’est aussi à cette relief accidenté des Alpes duSud.Les diguessont fréquemment routiers et ferroviaires commencent àsedévelopper dansle gagnées par laroute-digue Aussi leshabitants deSaint-André appelaient-il les terres Le colmatage, par l’inondation desgraviers, crée desmarécages. son chantier étant entravé par plusieurs crues. par l’État. Laroute-digue est construite danslesannées1880, terrains seront vendus une fois le colmatage terminé, cette fois de déterminer leur volume. De même que pour celle de 1844, les d’enrochements. LadiguedeColmars est priseenexemple afin L’ouvrage sera insubmersible et formé degraviers et que l’ancienne voie est sinueuseet sujette auxéboulis. De plus, la route-digue offre un tracé rectiligne et plan, tandis nouvelles par laconquête de35hectares degraviers du Verdon. dans unpays qui en est dépourvu, mais on en crée aussi de évite ainsi non seulement l’expropriation de surfaces cultivables même du Verdon. C’est lesecondprojet quisera adopté. On la route, moins coûteuse, ou la possibilité d’un tracé dans le lit se posent àl’ingénieur :laconservation duparcours actuel de li restang li ou e les étangs les sièclequelesréseaux 18 , deuxsolutions enprovençal.

19. Briot, 1907 © Archives départementales des

Route-digue àl’emplacement actuel dulacde Castillon. © DR Cliché Louis Gibert. Fonds J.-P. Reboul On voit bienlelit en tresse du Verdon. Détail des terrains àconquérir vers 1880. Le tracé dela future route-digue est figuré en rouge.

Tracé deladigueprojetée sur lacarte d’Etat-Major. 1878 © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -S 125 Alpes-de-Haute-Provence - S 924 entièrement les terrains autrefois conquis. produits textiles moins coûteux). Le lac recouvre aujourd’hui favorisèrent l’exode et ledéclindel’industrie locale(import de succès par laconquête. Ellenerencontrera cependant quepeude à approvisionner Marseille, misant sur les pâturages gagnés montre en1905 la fondation d’une coopérative laitière destinée On fondait degrands espoirs sur cet aménagement, comme le Ardouin – Dumazet V.-E. (1897) finiront par fournir des] terres fécondes. » barrages successifs, [plus tard colmatés et qui transformé en échelle d’étangs retenus par des le torrent auxeauxlimpides,del’autre l’ancien lit la route est unejetée, dominant dehaut,d’un côté la vallée, on l’a endigué entre des blocs énormes ; vallée du Verdon (…) Jadis [celui-ci] couvrait toute arrosé de fontaines… Ons’engage ensuite dansla a fait traverser lebourg deSaint-André, très vivant, de Castellane, qui,àgrands bruitsdegrelots, nous « Nousavons prisplace, sur l’impériale deladiligence de Saint-André àCastellane en1897. route-digue danslerécit deson voyage endiligence Le journaliste V.-E. Ardouin-Dumazet décrit la Voyage sur laroute-digue 12 378p. Paris, Berger-Levrault et Cieéditeurs, e 19 série, Alpes de Provence et Alpes Maritimes, . Demanière concomitante, les voies decommunication Voyage en France, en Voyage réed. 1904.

19 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON incite lesriverains àseréunir enassociation syndicale autorisée Les épis de défense des « iscles » du Verdon à La Mure La à dès leXVIII Verdon du » iscles Le quartier desIscles,àLaMure, est constitué de terres« conquises des défense de épis Les et les traces del’un d’eux demeurent visibles. épis enquestion sont toujours connuspar leshabitants deLaMure au début duXX cultivés en céréales, pommes de terre et prairies artificielles fascinages et de«galets et graviers pris danslelit du Verdon » au sol. L’espace entre les piquets devait être rempli de couches de d’osier et autres buissons(buisson blanc) coupés verts »,disposés le sol,reliés par des fascinages transversaux constitués de« fagots matériaux disponiblesàproximité :despiquets enpinenfoncés dans 1,50 mètre,de leur technique de fabrication employait des 10 mètres, d’une largeur de2mètres et d’une hauteur déjà établis par lescultivateurs eux-mêmes. D’une longueur de construire 8«épisdedéfense »destinés àcompléter ceux Ils demandent leconcours del’administration préfectorale pour (ASA) pour effectuer des« travaux dedéfense »deleurs terrains.

Argens en1923. Détail desgabionsprojetés auniveau desisclesdeLaMure- © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 924 e siècle e siècle. Unecruedu Verdon survenue en1920 20 ,comprenant environ 25hectares dont 12 22 . Les . Les 21

un temps intense dedomestication desrivières alpines systématiquement endigué, et lapériode1770-1880 marque Au XIX 23. Bravard &Peiry, 1993 22. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -S918 21. Voirencart 20. 2E19054 de lasecondemoitiéduXIX généralisation del’endiguement peut être datée à partir avec l’élan del’endiguement. Sur lescours d’eau voisins, la Durance... voir encart p. 37. démographique rural dumilieuXIX besoin denouvelles terres arables et irrigables,suite aupic en eau,avec desprélèvements deplusennombreux. Le multiplient dansuncontexte d’accroissement desbesoins plus anthropisé qu’il est instable. Sur l’Issole, lesdiguesse profondément transformé :larivière est unmilieud’autant versants. Dèslors, lepaysage fluvial des vallées s’en trouve au transport desédiments causéspar la forte érosion des permettent auxsociétés localesdes’adapter auxcrueset Les progrès technologiques delarévolution industrielle à la fin duXIX crues et desannées,avec unpicdedéveloppement formant unesorte depuzzle complété au fil des des besoins.Ilsreprésentent ainsiunmille-feuille uns auxautres àdifférentes périodes en fonction rivière. Desboutsde«barricades»sont accolésles par iscle»: le territoire avance peu à peu sur la progressivement, parallèlement àla berge, « iscle L’endiguement de l’Issole et du Verdon se fait Un palimpseste d’ouvrages et laconquête de terres agricoles. elles ont déterminé l’implantation deSaint-André Elles ont jouéunrôle majeur, danslamesure où siècles, d’abord lelongdel’Issole, puisdu Verdon. ainsi été construites aucours desXVIII Les principales digues de notre zone d’étude ont donnée. projet uniforme et homogène, réalisé àunepériode et saconquête par desdiguesn’est doncpasun e siècle, le lit en tresse des cours d’eau alpins est e siècle. L’aménagement du territoire e siècle, sur l’Asse, laBléone, la e siècle, concorde bien e et XIX e

23 . maintiennent cescanauxd’irrigation. Mais certainsproblèmes seposent aujourd’hui auxirrigants qui la rivière se traduit aussidanslamémoire orale desriverains. d’eau par la végétalisation des berges et l’entretien dulit de des terres agricoles.Unsouciconstant demaîtrisedes flux illustre lerôle decespetits ouvrages dans lamiseen valeur hydraulique. L’exemple ducanaldérivé du Verdon (1868-1923) présents sur leconfluent montre ladensité del’aménagement pour différents besoins.L’état deslieuxmultiplescanaux des digues.Soneauaégalement été canaliséepuisdérivée a fait l’objet d’un aménagement séculaire, notamment au travers Nous avons vu que la zone de confluence du Verdon et de l’Issole niqué par C. Leroy/J.-P. Reboul 25. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -2E190-65 commu- 24. 2E/19039, Schney, 2013. va sejeter dansle Verdon »DeniseReboul « C’est marrant, le Verdon va se vider dansl’Issole, et l’Issole

Ca na

l du

Ver a

l n

d d a

u

on C

T

o

u

r n

i a Canal Saint-Antoine s 2. UNE MULTITUDE DE CANAUX

St André

Scierie

Canal

C

a

n

a

l

d

e

s

u

Dol Canal s

i n

e s

C

a

n

a

l

A

r

n

a

u

d

Issole C

a

n

a

l

d

I

s

s

o

l e La MureLa

Canal des Iscles

Verdon Canal du Verdon Canal dérivé du Verdon Usine avec canalparticulier d’ancienMoulin régime Pont Pont ferroviaire ouaqueduc Village Canal dérivé d’Issole Il est figuré sur lacarte de CassiniauXVIII Le canaldesIscles siècle, cecanalnesert plusquepour l’irrigation. établi seulement à la fin du XIX siècle, tandis quelepremier canaldérivé du Verdon sera en sont dérivés auXIX après unparcours de28,6 kilomètres. Au total, sixcanaux avant deconfluer avec le Verdon enrive droite, L’Issole prend sasource à Thorame-Basse et traverse et deSaint-André-les-Alpes Les canaux deLaMure-Argens dès 1654 Il porte lenomdumoulinbanalauquel il est associé, mentionné Le canaldumoulindeLaMure, puis canald’Issole dérivés :lecanaldu Verdon et lecanald’Issole. canaux principaux,portant lenomdesrivières desquelsilssont aujourd’hui principalement des fourrages, irriguéspar deux s’étendent sur lapente àl’adret, jusqu’à larivière. On y cultive d’un versant delamontagne deMaurel. Les terres agricoles de Saint-André. Ilest situéenrive droite du Verdon, aubas La Mure est unhabitat recensé dès1278, plusancienquecelui En rive gauche d’Issole:LaMure-Argens et dedéveloppement industriel deSaint-André et deLaMure. correspond àunepériodedemodernisation agricole (irrigations) canal de fuite dumoulinde La Mure. cadastre napoléoniende1838, ilconstitue une dérivation du dans le Verdon, cequiparaît peu probable. Cependant, sur le

le canaldu Verdon qui traverse larivière. Plan descanauxayant leur prisedansl’Issoleen1919. On voit © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 955 24 . Il aurait cependant été creusé en 1791 e siècle, dont deuxconnusdèsleXVIII e siècle. L’essor de ces canaux e siècleavec uneprise 25 . Au XX . Au e e

21 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON hydroélectrique, dudébut duXX fournira l’électricité auxmaisons voisines àl’aide d’une turbine du sieur Pascal. Plus tard, l’usine deviendra uneminoterie. Elle préfet de Castellane en 1826, il sera construit sur les terres vers 1823pour lesbesoinsdesa fabrique. Autorisé par lesous- Il s’agit d’un canalétabli par un fabricant dedrap nommé Pascal Le canaldela fabrique, puisdumoulin,canaldelaminoterie de l’Issole, et d’une pépinière desEaux et Forêts audébut duXX à 9hectareslong depetits jardins agrémentésle de«cabanons» constituent ensyndicat en1835.Ilest destiné àl’arrosage de 5 est inconnue. Ilsejette danslecanaldumoulin.Les irrigants se quartier oùsaprised’eau est située, sadate demiseenservice Parfois appelécanaldel’Aigue nègre sur lescartes, dunom Le canal du Tournias En rive droite d’Issole:Saint-André-les-Alpes de draperie et demoulinà farine, puisdedraperie jusqu’en 1909 construite avant 1830, reprise ensuite pour ladoubleactivité de l’ancien pont d’Issole, et alimentait une fabrique dedraps particulier decertainesusines.L’un d’eux est situéenaval Deux canauxprivés étaient présents enrive droite pour l’usage Les canaux privés enrive droite Voir p. 31 . un casexemplaire dupartagedeseauxentre différents usagers. Ce canal ancien, l’équivalent du canal du moulin de La Mure, est Le canaldu moulin,ougros canal,oucanaldesusinesdeSaint-André par des tours d’eau. Aujourd’hui, iln’est plus miseneau. siècle. D’après lamémoire orale, sonusagen’était pasorganisé

Fabrique en bord d’Issole. © DR Fonds J. Gibert e sièclejusqu’en 1946. e

d’amenée decette usineest rompue par unecrue. et abrité un atelier de potier. En1868, ladiguequiprotège lecanal hydraulique (1832-1851) puisunmoulinàhuiledenoix(1867-1875), d’Issole, unautre canalaujourd’hui disparuaactionné unescierie (actuellement lieu-dit La Sapinière). En amont de l’ancien pont

Canal de fuite de l’ancienne minoterie Dol. © Photo P. Mayer gage d’une notabilité posthume. commune luioffre un tombeau et uneconcessionàperpétuité, s’engage à fournir l’eau auxpropriétaires. Enreconnaissance, la rétribution liéeaux frais deconstruction. Enéchange, il ce faire, lesriverains lui vendent deslots et luipayent une l’irrigation déjàassurée par uncanaldérivé del’Issole. Pour une surface d’environ 26hectares. L’objectif était d’optimiser Verdon, pour irriguer les terres bassesdecette commune, sur de La Mure. Il proposa vers 1843 de creuser un canal dérivé du Adrien Pascal (1811-1859), propriétaire d’une fabrique de draps connues. Lapremière fut le fruit del’initiative d’un richeusinier, Deux versions de ce canal spécialisé dans l’arrosage sont Verdon du canal du L’exemple Les besoinsaugmentent dèsledébut duXIX contrairement auxprairies des Alpes dunord oùl’eau abonde. ont laparticularité denepouvoir sepasser d’être arrosées, Les Alpes dusud, marquées par l’influence méridionale, d’irrigation canaux les : fertile L’eau mise en valeur des terres agricoles. hydraulique, irrigation), il fut spécialement construit pour la aux autres ouvrages assurant demultiples fonctions (force d’irrigation établi à l’échelle intercommunale. Contrairement développement économiquedel’ère industrielle. sera quant àluispécialement destiné àl’arrosage, essentiel au l’Issole. Parmi eux,l'éphémère canaldu Verdon (1868-1924) de grand essor économiqueoùdescanauxsemultiplient sur Dérivé du Verdon auXIX Le canaldu Verdon Les canaux dérivés du Verdon e siècle, c’est unexemple decanal e siècle, période période desept jours. Au XX à octobre, dusamediàmidijusqu’à 20hlesoir, pendant une à ceux de la communauté. Les arrosages s’effectuent d’avril la diguedeSaint-André àlamême époque, ses intérêts privés le plusbeaudeLaMure –, mêle-t-il, commeles promoteurs de à l’aval dela future prised’eau –aujourd’hui encore réputé être Ainsi Pascal, quiaacquisledomainedelaPièceimmédiatement dit dessept arcades. Le canal de Saint-André franchit l’Issole par un pont-aqueduc, pendant lasaison desarrosages. surveille par exemple la partie du canal irriguant Saint-André deux branches sont gérées indépendamment. Ungarde-canal est entretenue par lesyndicat deSaint-André, tandis queles 900 mètres environ àpartir desa prisedansle Verdon. Celle-ci d’arrosage deLaMure et deSaint-André, sur unelongueur de Verdon comprend donc un tronc commun aux deux syndicats en 1867, sollicitent l’aide duservicehydraulique. Le canaldu André qui,constitués ensyndicat concessionnaire et exploitant a sa prise. L’ouvrage est à l’initiative de propriétaires de Saint- André. Ilseraccorde aupremier canaldérivé du Verdon, oùil 1868 et 1923, pour l’irrigation des terres hautes de Saint- La seconde version ducanal Verdon sera construite entre arbresdes fruitiers. fourrages, despommesde terre, descultures maraîchères et se souviennent avoir cultivé, avec l’eau dececanal,dublé, des

Tombe d’Adrien Pascal àLaMure-Argens. © Photo et montage www.verdon-info.net /C. Reboul e siècle, les habitants deLa Mure 23 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON commune. commune. branche commune ducanal,qui irrigueencore les terres decette de l’Issole. »C’est ainsiqueSaint-André abandonna àLaMure la pont aqueduc aété emportée trois fois par suite d’affouillements réparation «étant queenmoinsde 60ans,lamêmepartiedece de Saint-André refuse d’engager ladépensenécessaire àsa l’Issole survenue ennovembre 1923ou1924quele syndicat réfections dupont-aqueduc. C’est lors d’une ultimecruede d’eau et auxberges, il faudra ajouter lesnombreuses et coûteuses pas pérenne :enplusdesdommagesclassiquescausésauxprises 400 litres par seconde. Danssanouvelle version, lecanalnesera même époque, lecanaldesusinesdeSaint-André aundébit de 100 litres par seconde sur les 200 de la branche commune. À la Son parcours est d’environ 5kilomètres, et ledébit prélevé de les quartiers supérieurs delacommune, et sejeter dans le Verdon. piémont, franchissant des terres accidentées, pour irriguer enfin Une fois ducôté de Saint-André, il sepoursuit parallèlement au

Le pont-aqueduc aujourd’hui. © Photo P. Mayer située dansl’Issole, unenrochement destiné àlaconsolider. Pont-aqueduc dit dessept arcades. Onpeut voir, aupieddelapile © DR Fonds J. Gibert

© ONF- Service RTM 04 / Archives départementales André restent attachés devenu unélément patrimonial auquelleshabitants deSaint- et lescontraintes dessystèmes d’irrigation gravitaire. Ilest qui illustre la maîtrise hydraulique des ingénieurs de l’époque Le pont dessept arcades est unouvrage d’art remarquable la seuleconditiondepouvoir franchir l’Issole, obstacle naturel. pouvoir irriguer lapartiehaute du piémont deSaint-André, à Verdon àLaMure apporte undénivelé assez important pour pente permet d’arroser toujours plushaut :uneprisedansle la première fois un autre cours d’eau important :l’Issole. La publique et d’un syndicat depropriétaires, il traverse pour technicité. Construit sousl’égide d’une administration intercommunale, réside danssalongueur et danssa Ainsi laparticularité ducanal Verdon, danssa version contribué àrépandre une rumeur quisituesonorigine àl’époque romaine. 26. L’édition de cartes postales par unlibraire deSaint-André alargement

en 1887. Les versants sont encours dereboisement. Le pont-aqueduc dessept arcades danssonenvironnement des Alpes-de-Haute-Provence – 2Fi0056 26 . gérés et utilisés ? reste-t-il decesouvrages hydrauliques et comment sont-ils (voies decommunication, digues,canaux,etc.) Aujourd’hui, que par les services administratifs et les corps techniques de l’État marque doncunepérioded’aménagement intense du territoire territoires administratifs. Laréalisation ducanal Verdon la construction d’ouvrages deplusgrande ampleur, sur plusieurs distribution d’eau, la technicité et le financement nécessaires à dans l’échelle de gestion permet la coordination, l’ampleur de la par lesinitiateurs desouvrages hydrauliques. Ce changement directs, àl’échelle delacommunauté, étaient prisencompte hydraulique encasdelitige. Jusque-là, seulsdesintérêts gestion communautaire sont définis et arbitrés par leservice être déclarées enpréfecture, les travaux hydrauliques et la induit undegré d’organisation supplémentaire. Les ASA doivent création d’un ouvrage à l’échelle des deux communautés, qui entre unconcessionnaire et desirrigants, est doublépar la L’évolution des systèmes d’irrigation gravitaire gravitaire d’irrigation systèmes des L’évolution dements et sespénuries. les propriétaires riverains, en amont et en aval, par ses débor Le canalreste danscertainscasun fil conducteur quilie tous lorsque des agriculteurs étaient encore présents. canaux destinés àl’irrigation gravitaire ont été maintenus, ont décliné. Cette vocation industrielle disparue, seulsles sont plusutilisésdepuisqueles fabriques qu’ils alimentaient sert d’exutoire aux eaux de pluie. Les petits canaux privés ne canal du Tournias n’est plusmiseneau,et lecanaldesusines ASA encore actives. Enrive droite, ducôté deSaint-André, le les canauxd’irrigation d’Issoleet du Verdon àLaMure, auxdeux À l’heure actuelle, lesprincipauxcanauxencore enusagesont du XIX abandonnées, commeailleurs, àpartir delasecondemoitié celles plusreculées et inaccessiblessont progressivement les terres quirestent occupéesautour des villages, alors que mise enœuvre d’une politiqued’intensification agricolesur désertification quelquesdécenniesplus tard, témoigne dela Le canaldu Verdon, projeté alors quelepays sera en voie de mais dèsqu’elle y est:lepremier qui l’a, e siècle. Le premier canal, qui résultait d’un arrangement arrose soit trop, soitarrose lechamp

Tant qu’il n’y apasd’eau tout va bien Denise Reboul, LaMure-Argens. voisin quisenoie. -

Détail d’une matelière avec vanne, 1863. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 454 employée par lesriverains. La martelière, objet de conflits… Ici,martelière mobile © Photo P. Mayer 25 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON cotisations. dessus du tracé poselaquestion d’une nouvelle répartition des des motopompes et leur usagepar lespropriétaires situésau- payassent pour sonentretien. Cependant, lagénéralisation supposait queseulslespropriétaires situésen-dessous ducanal à tendance individualiste. Le principegravitaire descanaux sociologiques qui traversent lapopulation, favorise despratiques Le délitement ducollectif d’irrigants, avec les transformations construites autour delagestion del’eau doivent serecomposer. créent desruptures dansl’ancien réseau agricole. Les relations disparate sur leparcellaire irrigué, et lesmaisonspavillonnaires l’élevage est majoritaire. Le village s’est péri-urbanisé de manière irriguées. Laproduction debléet de foin comme fourrage pour compte demoinsencultures maraîchères vivrières de terre et sont suppriméspar lesagriculteurs. Enoutre, on le petit parcellaire seretrouvent fondus dansdegrandes pièces location, sorte de remembrement informel. Les canaux délimitant est causéepar leregroupement desparcelles par rachat ou aujourd’hui disparu.Cette invisibilisation desrigolessecondaires formé par lescanauxsecondaires àl’échelle duparcellaire a moissonnées… et desconflits. Lamajeure partiedumaillage pommes de terre, l’humidification descéréales prêtes à être débordement enamont, quiprovoque lepourrissement des L’absence d’entretien desrigolesposeaussiproblèmes de vendu ou utilisé comme fourrage lors de l’hivernage des ovins. leur permet d’obtenir deuxà trois coupesde foin aulieud’une, secondaire pour parvenir àirriguer leurs cultures. L’irrigation ils fréquemment assumer lecurage del’ensemble duréseau les deuxà trois agriculteurs demeurant enactivité doivent- les propriétaires n’assurent pas l’entretien de ces rigoles. Ainsi secondaires, éloignéesdelabranche mère ducanal,car tous L’eau n’atteint plusles parcelles desservies par des canaux d’entretien, accompagnelaperte decohésionlacommunauté. Le délitement de sa gestion, qui se traduit par un manque développement économique. remplacé l’eau agricoleet industrielle commeinstrument de de l’avenir del’irrigation gravitaire làoùl’eau d’agrément a appellent à transformer leur gestion et posent laquestion de fourrages et depetits jardins vivriers. Denouvelles pratiques par unepoignéed’agriculteurs oud’habitants pour laproduction (vergers) et prairies. Aujourd’hui, ilsnesont plusemployés que irriguaient pommes de terre, légumes (jardins), arbres fruitiers curage, digues). Ilsétaient lesocled’une polyculture vivrière et des corvées commeles travaux d’entretien (prises d’eau, villageoises, au travers delarépartition des tours d’eau ou une placeimportante danslequotidien descommunautés pour intensifier laproduction agricole. Autrefois, ilsoccupaient Les canaux furent penséscommeunoutildedéveloppement et desusiniers. gestion des flux d’eau ont marqué lequotidien desirrigants sans heurts.Les tâches liéesàl’entretien descanauxet àla suppose une gestion collective, qui ne s’effectue pas toujours est instable car constamment par modifié lescourants. Il cours d’eau montagnards, et dumilieu fluvial en général, de nouveaux chenaux danslelit en tresse. Le caractère des A chaquecrue, larivière transporte desalluvionsqui forment des flux d’eau Le milieu fluvial :lieud’une gestion collective

Dessin d’une digueen gabions,1851. © Archives départementales des Alpes de Haute-Provence - S955 27. AD 04–S125. fragilise la rive opposée. En1884 Par exemple, l’établissement dediguesmodifielecourant et temps long, au fil descrues,posedoncproblèmes humains. La conquête decemilieupar desopérations répétées sur le modification impacte la totalité desriverains et usagers. ouvrage, ildoit être pensécommeunréseau dont toute en projetant les bras delarivière suite àlaconstruction d’un les canaux,oudescourants agissant sur desrives opposées d’eau prélevé et restitué aucours d’eau entre amont et aval via collective et des conflits d’usage. Qu’il s’agisse du volume Mais lemilieu fluvial est aussilelieupar excellence delagestion communauté dispute son territoire àlarivière. des « fortifications ».Sur lechampdebataille desiscles,la en assurant ensuite sa«défense »par des«barricades»ou réalisant la«conquête »des terres. Ils«gagnent du terrain », et administrateurs emploient-ils un vocabulaire guerrier, en rivière pour capter seseauxet gagner des terres. Ainsi riverains contre lescrues), tantôt offensive, lorsqu’ils aménagent la les riverains adoptent uneposture tantôt défensive (protection son effet dévastateur. Face àla torrentialité, menaceséculaire, tantôt «rivière », tantôt « torrent »,lorsqu’on veut souligner Dans lesarchives datées desXVIII d’usage conflits : iscles des guerre La matériaux employés. des barrages deprisepar rapport aux flux d’eau ainsiqueles d’eau (problématique classiqueamont-aval), et ladirection d’usage concernent l’emplacement desprisessur lecours deux communes,quilaprélèvent toutes deux.Les conflits communautés : son eau est une frontière naturelle entre à elleseulelesenjeuxdupartagedel’eau àl’échelle deplusieurs Autre problème, la gestion des prises d’eau. L’Issole concentre oseraies » sur larive opposée. et lepont Julien, larivière aemporté huit hectares «d’isclesou nationale construite enrive droite du Verdon entre Saint-André autour d’un milieu instable milieu d’un autour 27 e et XIX , du fait deladigue-route e siècles,l’Issoleest déplacée plusenamont des vestiges dupont. maçonné est demandée. Après lacruede1994,prisesera souvent balayé par lescrueset laconstruction d’un barrage enchevêtrement de traverses demadriers et degraviers »est arcades. Sonbarrage « formé dechevalets soutenant un progressivement sera établie auniveau dupont dessept départ dérivée d’un seuil en amont du pont d’Issole, qui vers l’amont. C’est lecasdelapriseducanaldesusines,au obsolètes et conduit lesusagers àlesdéplacer toujours plus Le creusement dulit poseégalement problème, rend lesprises

Barrage depriseducanaldesusines,1860. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 456 27 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON au canaldu Verdon de franchir l’Issole. À l’arrière, l’aqueduc dit pont dessept arcades, permettant Ancien seuil,barrage deprise ducanaldesusines. © DR Fonds J. Gibert creusement dulit delarivière. L’eau neparvient plusàlapriseducanal Tournias suite au © Photo P. Mayer berges enpériodedecrue, auprintemps et àl’automne. pour éviter la formation desbras, ladivagation dulit vers les ont-ils cherché à maintenir le lit le plus rectiligne et serré possible des rivières possèdent un«style fluvial tressé ». Aussilesusagers des flux d’eau. Dansles Alpes françaises et leur piémont, laplupart Enfin, lachenalisation dulit est aussiunélément-clé delamaîtrise aujourd’hui, être régulièrement refaite. elles doivent s’adapter. Celle ducanal Verdon doit,encore Les prisessont donc mouvantes à l’image du lit de larivière auquel argument qu’il est situéenaval de toutes lesautres prisesd’eau. le canaldela filature Pascal est autorisé en1826 avec pour généralement sur les projets de nouvelles prises. Par exemple, d’une autre. Ainsi les droits desusagers antérieurs priment-ils de la prise peut poser problème si elle est déplacée en amont permis et accéléré le transit dessédiments. Maislerehaussement estime quelacauseenest larupture desseuilsàl’aval, quia nécessaire pour queleseauxatteignent laprise. L’unique usager la priseducanal Tournias nepermet plusd’obtenir lahauteur En outre, lesurcreusement actuel du lit del’Issoleauniveau de rivière n’érodât saberge, afin depréserver ses terres et son canal. leur végétalisation. Chaqueusager luttait doncpour éviter que la agissent, àleur échelle, sur lesberges delarivière en veillant à des bassins versants, lesriverains et usagers desprisesd’eau d’eau. Tout commeleservice dureboisement agit sur l’ensemble végétation l’importance dela végétation commemoyen demaîtrisedes la flux de Les campagnesdereboisement menéesparmaintien l’État soulignent le par crues les Prévenir

faute d’entretien desrives. d’Issole. D’après lesriverains, le tracé est aujourd’hui plussinueux, Tracé rectiligne del’Issoleentre l’ancien et lenouveau pont © DR Fonds J. Gibert dans larivière, ilssurveillaient l’eau. Lesvieux travaillaientle temps tout Jean Gibert, Saint-André . provisoires complétant lesgabionsengrillagemétallique. imputrescibles, coupéssur placepour former desdigues arbres quipouvaient devenir imposants commelespeupliers, de jeuprivilégié de nombreux enfants. On y sélectionnait des moulin de Saint-André. Elles constituaient en outre le terrain encore voir des sujets remarquables le long de l’ancien canal du des chaises,oulessaulespour la vannerie, dont onpeut de cueillette comme nombreux matériaux, commelebois,maisaussidesplantes pour renforcer lesberges. Danslesiscles,onseprocurait de iscles, espace aujourd’hui désigné sous le terme de ripisylve, des cruesconsistait àgérer leboisement desrives et des au printemps. Le principalmoyen dedéfense contre leravage réfection des prises d’eau après unecrueoule brûlage dulit Les riverains pratiquaient différents travaux, commela La minoterie Dolet laripisylve dubord d’Issole. de l’ancienne usine Arnaud, bord d’Issole. Ancien endiguement réalisé àl’aide de troncs auxabords © Photo P. Mayer © DR L. Gibert. Fonds M.-F. Ebbo les

sagnes 28 ,utiliséespour lerempaillage l’action érosive deseauxsur lesberges desrivières » « àsoutenir les terres, à fermer unpassageouàlutter contre branches desauleet d’aulne, formant ainsiuneclaiedestinée saule entre lesquelleson tressait unentrelacs (« fascinage »)de Elle consistait àenfoncer àintervalles réguliers despieuxde canal lorsqu’il longeait larivière, la technique duclayonnage. On utilisait aussi,pour consolider lesberges et lesabords du la berge. On veillait àconserver lasouchedont lesracines maintenaient es et sur les marnes suintantes, étaient d’autant plussolideslorsqu’ils prenaient racine. 28. EnProvence, onutiliselemot générique 31. Corbeilles en vannerie remplies depierres, faisant office de digue. Bérenger30. Jean 29. CNRTL de DanielleMusset) latifolia Typha choenus lacustris Scirpus (devenait) assez gros pour prévenir descrues.» l’ouvrage finissait par prendre racine, et «endixou vingt ansça tirait ainsi partie de la grande aptitude du saule au bouturage : et desable, des«banastes »ou«gabions de coffrages formés declaiesremplies degraviers, degalets étaient également employés pour laconfection depaniers ou

Clayonnage. © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France et universitaire de Strasbourg grand-père. Parfois oncoupaitunarbre et on l’attachait pour maintenir laberge. (lo jonc) quipousse communément(lo enhaute Provence aubord dessourc ; et dans le Ventoux, Les arbres étaient sacrés pour mon (appelé aussi joncdeschaisiers, le plus utilisé, Typha angustifolia Typha Carex acutiformis Carex Jean Bérenger, Saint-André sagne (massette à feuilles étroites) ou pour désigner par exemple (Laîche des marais). (Note 31 deprotection qui 30 Les saules Scirpus holos Scirpus 29 On - - . 29 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON © ONF- Service RTM 04 / Archives départementales ses ancêtres qu’ils avaient «la folie deplanter desarbres. » descendant despropriétaires del’usine Arnaud dit aujourd’hui Une attention constante était ainsi portée aux arbres. Un 32. Demême ladescendante du minotier deLa Mure, M.-F. Ebbo, indiqueque sonpère avait une«manie desarbres ».Ilétait aussi legreffeur dupays. protecteurs, ilspossédaient une valeur économique. des allées de peupliers le long des digues. En plus d’être domaine, dit LaSapinière. Onplantait aussisystématiquement de larivière. Les épicéasont d’ailleurs donnésonnomactuel au l’agrément, illustre leconstant soucide végétalisation desberges buis. Cette végétation dense maisordonnée, joignant l’utile à de quelquespinsnoirs d’Autriche, ainsiqued’une rangée de par une«promenade »composéed’épicéas centenaires et sa partielongeant l’Issole, soncanald’amenée est consolidé

et delarive dubord d’Issolepar unepromenade plantée. Consolidation du talus ducanald’amenée del’usine Arnaud © Photo P. Mayer

Aménagement declayonnages. des Alpes-de-Haute-Provence – 29Fi0007 Mamère medisaitquelespeupliers protégeaientla fabrique. Jean Bérenger, Saint-André. 32 Dans de de

ouvrages pluscoûteux commelesenrochements. financières et techniques duservice hydraulique pour les cela était nécessaire, ilsn’ont pashésité àsolliciter desaides proximité : produits ligneux et sédiments alluviaux. Lorsque Ainsi lesriverains utilisaient-ils lesmatériaux disponiblesà

Allée depeupliers lelongdelaroute-digue et passants. © DR Fonds J. Gibert Les peupliers marquent le tracé delaroute-digue. © DR Fonds J. Gibert XIII dérivée danslecanal,alimente auXVIII nécessaires audéveloppement économique. Ici,c’est l’eau qui, vent, l’eau, le feu oul’animal, permet d’actionner lesmachines Âge, lamaîtrise technique dessources d’énergies telles que le « canaldesusines»,pourrait dater duXVII Le canal dumoulinde Saint-André, aussiappelé« groset canal » Le canal dumoulin différents conflits queposesagestion. du village montre l’intensification des usages del’eau et les industrielle. Prisenexemple, cecanalessentiel dansl’histoire moulins, les fabriques semultiplieront sur soncours àl’époque moulin, dérivé del’Issole en rive droite. Actionnant d’abord des À Saint-André, leplusanciencanalconnuest lecanaldu 34. Région Provence-Alpes-Côte d’Azur -Inventaire général, 2006 33. Mistral Eugène, 1977

canal dumoulin,enamont et enaval del’agglomération, lesparoirs. moulins :aucentre du village, lemoulinbanal,et sur le tracé du Carte Bourcet delaSaigne, 1764-1778. Les étoiles figurent les © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence e ouXIV e siècles 3. LA FORCE DE L’EAU : DU MOULIN AUX USINES 34 , en fonction des auteurs. DepuisleMoyen e siècleunmoulinà farine e siècle 33 , voiredes et l’irrigation. économique première au travers delameunerie, la foulonnerie être liéeàl’implantation deSaint-André et àsonactivité nouveau géré par lacommune. Ainsi, l’origine ducanalpourrait banalité en1716. Après l’arrêt desonactivité en1926,il fut de pour payer sesdettes, lacommunauté doit céder lemoulinet sa transmise auconseilcommunalàunepériodeinconnue. Mais rez-de-chaussée d’une maisondu village. Sagestion aurait été propriétaire (seigneur oucommunauté). Ce moulinoccupait le à l’utiliser (comme le four banal,etc.) contre redevance au soumis àlabanalité, undroit féodal quiobligelacommunauté 1630, ilest aucœur du village deSaint-André. Mupar l’eau, ilest artisanale desdraps. Quant aumoulinà farine, attesté dès dégraissage), interviennent dansleprocessus deconfection pression mécaniquepour lesapprêter (assouplissement et foulon, destinés àcomprimer les fibres desdraps delainepar et deuxmoulinsà foulon (paroirs ouparaires). Les moulinsà

quartier du Tournias.quartier Fossé ducanaldesusinesdeSaint-André-les-Alpes au © Photo P. Mayer 31 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON mécanique mue par l’eau ». Pour Mireille Mistral et du commerce de la laine, cardée et à l’aidefilée « d’une est baséesur laproduction de fourrages, de fruits àpépins l’économie dubourg de Saint-André, quia 700 habitants, des Préalpes duSud. Ainsi, dès1835,Garcin indiqueque est favorisé par la spécialisation plus pastorale qu’agricole développement d’une industrie de transformation delalaine seul lieu : la fabrique de draps. Outre la présence de l’eau, le concentrer lesdifférentes étapes de fabrication dansun en drap à l’aide de métiers à tisser. L’industrialisation va à domicileenhiver. Le produitfil était ensuite transformé nécessitant uneabondante main-d’œuvre, était pratiqué en 1818. Jusqu’ici, le delalaine, activitéfilage saisonnière partir del’ouverture dela fabrique dedraps d’André Honnorat vallée du Verdon depuisleMoyen Âge, va s’industrialiser à La Mure et Saint-André. lainière, regroupée dans les communes de Thorame-Basse, toute la vallée del’Issolequidevient uncentre del’industrie d’eau), et undébit Différents suffisant. géographes nécessaire à l’obtention d’une puissance mécanique (chute rivières était source d’énergie. Sonemploiexige ledénivelé alpins. Appelée alors «houilleblanche», l’eau des torrents et disponible grâce àlaprésence denombreux cours d’eau expansion industrielle, utilisait la force motrice del’eau, disposer en abondance du combustible nécessaire à son L’ancien département desBasses-Alpes, àdéfaut depouvoir hydraulique force la de essor : usines Les d’Azur -Inventaire général, 2006 40. L’activité drapière n’a été florissante qu’un demi-siècle, entre 1830 et 1880, et l’industrialisation marque la fin d’une activité ancestrale. Région Provence-Alpes-Côte 39. La mécanisation du tissage sera plus tardive, lesmétiers àbras restent majoritaires danslesdraperies deSaint-André. Pour unaperçu38. pluscomplet delachaîneopératoire dela fabrication dudrap et desmachines, voir Mistral, 1951 et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur -Inventaire général, 2006 37. Mistral, 1951 36. Présence demoulins à foulon 35. Blanchard, 1945,Eisenmenger &Cauvin,1914 une forme artisanaleàSaint-André La transformation delalaine, activité déjàprésente sous siècle, principalement pour l’industrie textile. André et LaMure àpartir dela force motrice del’eau auXIX Cependant, un florilège d’usines va sedévelopper àSaint- des grands gelsoùlaglaceet laneigebloquent les flux d’eau. d’étiage enété, ainsiqu’au plus fort del’hiver, commelors établissements nepeuvent être actionnés auxpériodes intermittente enclimat méditerranéen. Ainsi, denombreux soulignent leproblème de la disponibilité de l’eau, au XIX au e siècle

36 et dans toute lahaute 37 , c’est 35 e

début du XX artisanale et industrielle. On trouve par exemple àSaint-André au mécanisation du inventéefilage ausiècleprécédent force hydraulique. L’industrialisation est marquée par la teint, tissé et apprêté par foulonnage d’obtenir les fibres destinées à être Lefilées. estfil ensuite dégraissage de la laine, puispar soncardage qui permet Le drap s’obtient enplusieurs étapes, notamment par le développement des « usines » à Saint-André au XIX restera uneconstante. L’eau jouedoncunrôle essentiel dansle multiples transformations, maisl’emploi dela force hydraulique 1825, 1861). Ces établissements connaîtront par lasuite de entre l’Issoleet le Verdon aucours duXIX 1849). Au total, quatre draperies sont créées sur la confluence transformations importantes (meunerie et taillanderie en première (foulon, moulinà farine), maisun foulon aconnudes drap, deux moulins d’Ancien Régime ont gardé leur destination À Saint-André, après l’industrialisation dela fabrication du des usines». dans les fabriques pour cardercanal et filer« lalaine et devient le alimentant unmoulinet deux foulons, voit soneaudérivée cette industrie textile quelecanaldit jusqu’alors dumoulin, à partir des années 1820. C’est avec le développement de multiplication des machines mues par l’eau dans les usines, le XIX seule cette dernière opération mobilisedesmachinesavant fin du XIX issu des prairies irriguées. Après le déclin des draperies à la que dans l’économie agro-pastorale, alimentée par le fourrage une scierie… farine, une taillanderie avec martinet de forge, une minoterie, une laiterie industrielle, unatelier demécanique, unmoulinà e siècle, danslesmoulinsà foulon actionnés par la e siècle e siècle une distillerie, une centrale hydroélectrique, 40 , les bâtiments abriteront d’autres activités 38 e siècle(1818, 1830, . Au niveau local, e siècle, ainsi 39 , et la Chaque ligne correspond à un bâtiment, chaque colonne indique un changement de destination. D’après les données de l’Inventaire l’Inventaire de données les D’après destination. de changement un indique colonne chaque bâtiment, un à correspond ligne Chaque Tableau synthétique du changement de destination des usines actionnées par le canal du moulin au cours des XIX des cours au moulin du canal le par actionnées usines des destination de changement du synthétique Tableau général, Région Provence-Alpes-Côte-D’azur, 2006. Provence-Alpes-Côte-D’azur, Région général, et usages Bâtiments

Jean-Pierre Reboul. L’ensemble desconstructions est aujourd’hui unerésidence. » de lachaudière brûle desbriquesdelocomotive alignéesdevant. autrefois lesbatteuses qu’on louait après larécolte dublé. Le foyer temporairement devant la ferme. Elleest mobilecommel’étaient resté jusqu’aux années1960. Unedistillerie était installée en ferme après l’arrêt dela fabrique Honnorat en1886et l’est seulement, le foulon Honnorat moinsancien) aété transformé accolés (à gauche, l’ancien foulon Collomp, àdroite vu enpartie Les foulons Collomp et Honnorat. «L’ensemble desdeuxbâtiments © D.R. Fonds C. Reboul Jusqu’au XVIII - Foulon - Foulon ouparoir -Moulinbanal e siècle XIX moulin, taillanderie Bagnis moulin, taillanderie - 1849-années 1870 : Collomp - 1844: foulon Juglard puis - Moulinà farine moulin TabouillotLouis - Draperie Ferdinand Brun et Joseph-Cajetan Pascal - 1861-1879 :draperie puis Bongarçon - 1818-1886 :draperie Honnorat - Foulon Collomp et Honnorat e siècle

l’ingénieur pour juger duniveau de prélèvement deseaux. d’Honnorat, 1860. Le dessinindiquelerepère provisoire choisipar Foulon indivisentre Honnorat et Collomp, près dela fabrique © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence -S 456 moulin Bagnis - Jusqu’en 1962: puis Bourrillon mécanique Richard-Rouvier - Atelier deconstruction industrielle Bourrillon - 1903-1906 :laiterie Léon Honnorat - Centrale hydroélectrique - Distillerie XX e siècle e et XX et e siècles. siècles. 33 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON la limacière de la transformation deladraperie enminoterie et alimente des turbines électriques : l’usine Dol s’équipe dès 1902 lors Au tournant dusièclel’électricité actionne lesmachines via dans lahaute Provence et laProvence orientale contrairement àleur dispositionhabituellement horizontale sont toutes verticales, actionnées à l’aide de cuves de charge, canton possèdent jusqu’à trois roues hydrauliques. Ces roues 12chevaux vapeur. Certains établissementsd’environ du alimentant respectivement 5et 11machines,par laproduction une fabrique dedraps, actionne en1877deuxroues àaubes d’exemple, lecanaldel’ancienne minoterie, quiàl’époque était générée est transmise par un système decourroies. À titre de ceschutes détermine lapuissancemotrice et l’énergie en jeuplusieurs roues àaubesouroues hydrauliques. La taille Les usinessont actionnées par deschutes d’eau quimettent Bourrillon fournit également l’électricité au village. hydroélectrique dès1909, tandis quel’atelier de mécanique

et delarive dubord d’Issolepar unepromenade plantée. Consolidation du talus ducanald’amenée del’usine Arnaud © Photo P. Mayer

Détail desroues hydrauliques desusinesLaugier et Juglar, 1851. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 955 42 , l’usine Honnorat se transforme encentrale 41 . l’illustre lecasducanaldesusines. usages différents, commel’agriculture et l’industrie, comme usage similaire, par exemple lesirrigations, soit entre des s’agir de répartir l’eau entre des particuliers qui en font un le partagedel’eau se fait doncàl’échelle d’un canal.Ilpeut versants danslebut degérer lescrues.Laplupart du temps, entretenant le canal. Au XIX des habitants, ennedérivant quel’eau superflue, tout en en amont et enaval dumoulin,ainsiqu’aux différents besoins Régime, lemeunier est tenu depourvoir auxeauxd’arrosage disputent l’eau auxirrigants. À Saint-André, sousl’Ancien Avant l’implantation des fabriques, ce sont lesmeuniers qui arrosages les et moulin Le partir duXIX Cependant, la vision globaledes cours d’eau n’apparaît qu’à canaux rend l’arbitrage desprélèvements nécessaire. lorsqu’elles sont assez proches et quelamultitudedes du cours d’eau, ilpeut se faire entre plusieurs communes, Il existe plusieurs échelles de partage de l’eau. À l’échelle Le partage del’eau entre usiniers et irrigants 42. Fabrique deconserves d’escargots. vice régional de l’inventaire, 2018 41. Région Provence-Alpes-Côte d’Azur -Inventaire général, 2006. Voir aussi : Ser

conduit principalquirestitue leseauxàl’Issole. turbine. Unautre conduit recueille lesdéchets del’usine, et rejoint le est filtrée par une grille avant de former unechute actionnant la Détail del’arrivée d’eau dansl’ancienne minoterie Dol.L’eau ducanal © Fanny Pageaud - Secrets de Fabriques e siècle, au travers du reboisement desbassins e siècle, onsait quecedernier

- 43. Archives départementales des Alpes deHaute-Provence –S955 économique deSaint-André. Cependant, dèsleXIX eaux abondantes jouedoncunrôle important pour l’assise cette époque, l’Issoleavec sonrégime nivo-pluvial et ses l’administration publiques’impose. d’eau nécessaire. Dès lors, un règlement collectif établi par ne peut contraindre lesautres usiniers àluilaisser lapart Alors que lesusagess’intensifient, lepropriétaire dumoulin tâches entre lemeunier et lesarrosants devient obsolète. autrefois favorable àlameunerie. L’ancienne répartition des d’entretien ducanalrévèle l’inversion d’un rapport de force nouveaux conflits apparaissent. Laquestion delacharge contraintes d’entretien quileur sont dévolues. Ainsi, de à s’attribuer lapropriété ducanal,ouàsesoustraire aux pour labonnemarche deleurs établissements, cherchent de Saint-André et de La Mure, qui n’ont plus assez d’eau toute l’année. Sibienquelespropriétaires desmoulins sont multipliées:lecanalnechômepluset couledésormais plusàmettresuffit enjeulesusineshydrauliques quise tandis quelapriorité demeure auxarrosages, lecanalne Au début duXVIII canal d’Issole, et quatre jours réservés àl’activité dumoulin. trois jours chôméspour l’arrosage des terres riveraines du Mure, sonutilisation hebdomadaire comprenait également arrosages n’avaient pas lieu. Quant au moulinbanalde La l’année, du30novembre jusqu’au 4 février, périodeoùles chômait trois jours par semaine, ainsiqu’une partiede de l’eau »,lapriorité étant donnéeauxarrosages sont contraints «de faire cesser leur marche par ledéfaut faire moudre leur grain. Danscescommunautés, lesmoulins de , deLambruisse, d’Argens et d’Allons viennent y meule enété, sibienqueles habitants deMoriez, d’Angles, seul quidisposeencore d’assez d’eau pour faire tourner sa e siècle, lemoulindeSaint-André est le e 43 siècle, . Dès

aux cruesde1994. Nouvelle priseducanaldes usinessuite © Photo P. Mayer ou canaldesusines. Vanne depriseducanalmoulinSaint-André-les-Alpes © Photo P. Mayer 35 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON employer pour l’établissement delaprised’eau ducanal,son réglementer lesprélèvements d’eau, àdéfinir lesmatériaux à d’eau est établi en1860et légalise toutes lesusines.Il vise à de l’administration préfectorale duXIX ancienneté, ne font pasl’objet d’autorisations légalesaux yeux établissements présents sur lecanalavant laRévolution, vu leur droits d’eau est longueet fastidieuse. Eneffet, laplupart des préfectoraux. Sur le canal des usines, la formalisation des qu’ils soumettent àlapopulation, puisrédigent lesarrêtés les conflits, produisent des rapports et des recommandations des usagesdel’eau. Les ingénieurs évaluent lesbesoins,arbitrent préfet, est, dessuites delaRévolution, lenouvel administrateur Le servicehydraulique desBasses-Alpes, sousl’autorité du usines des d’eau règlement Le

Les encoches correspondent àl’emplacement delamartelière. Canal del’usine Arnaud et déversoir régulateur àl’entrée del’usine. © Photo P. Mayer Détail duplanétabli pour lerèglement desusines.1860. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 456 e siècle. Le règlement par seconde. Les irrigants utilisent l’eau du1 par l’endiguement de1844.Le débit est d’environ 400litres à colmater lesgraviers du Verdon qui viennent d’être conquis des usines,lecanalirrigueunecinquantaine d’hectares, et sert propriétaires des terrains àcolmater. En effet, outre l’alimentation l’ouvrage entre les différents usagers : usiniers, irrigants et Il concerne aussi la répartition de la charge d’entretien de (déversoir régulateur deseaux). vannes de prise et de décharge des dérivations de chaque usine emplacement et le niveau du barrage, ainsi que le niveau des rivières. l’industrialisation, cristallise lesconflits autour dulit des au XIX d’hydroélectricité. Cette intensification desusagesdel’eau à huiledenoix,et entreprises individuelles deproduction de forge, scierie hydraulique, atelier de mécanique, moulin foulonnerie et delameunerie, filatures delaine, martinet se diversifie au cours du XIX de plusieurs moulins,àbléet à foulon) et dont l’utilisation dès ledépart chôméspour (jours l’irrigation, présence hydraulique très ancien,dont onsupposelaplurifonctionnalité Le casducanaldesusines est exemplaire d’un aménagement tandis quelesusiniers enusent toute l’année.

Plan dumêmedéversoir régulateur d’après unrèglement de1851. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 955 e siècle, seuleressource énergétique déployable pour e siècle, avec, en plus de la er maiau1 er octobre,

Détail deladérivation projetée pour l’usine dePascal Cajetan. 1861. © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - S 955 syndicales autorisées dèsleXIX en préfecture sous la forme d’associations regroupés en«syndicats libres »,qui se formalisent régis par descollectifs de propriétaires riverains Habituellement, lescanauxàusagecollectif sont Les associations syndicalesautorisées (ASA) e siècle.

Lit en tresse près del’Issole. © DR Fonds J. Gibert à l’établissement denombreuses prisesd’eau. proximité, lapente nécessaire et undébit suffisant avec les capitauxlocaux.L’Issole offrait doncla soit unouvrage degrande envergure irréalisable irrigant seulement lacommunauté laplusproche, déclivité sur le Verdon, il fallait soit unouvrage des eauxpar gravité. Pour obtenir unesemblable du village deSaint-André, a facilité le transport D’autre part,ladéclivité del’Issole, très proche lui reste riendenaturel. droite, et, suite àdessièclesd’endiguement, ilne ou l’autre. La trajectoire duconfluent devait rester divaguaient auhasard descrues,n’érodât unerive prise, enévitant quelelit en tresse, dont lesbras facilitait ladérivation del’eau dansles vannes de de confluence. D’après lesusagers et riverains, il plus important quel’on serapproche delazone aériennes actuelles. Ce resserrement est d’autant celui du Verdon, fait perceptible sur les vues qui explique quesonlit soit plus resserré que se faire quepar unendiguement del’Issole, ce D’une part,l’implantation deSaint-André n’a pu sur l’Issoleprécède-t-il celuidu Verdon ? l’aménagement densedeprisesd’eau et dedigues ne les arrose pas avant la fin du XIX contraire, le Verdon, qui traverse lesdeuxcommunes, habités, est très tôt endiguéeet dérivée. Au L’Issole, frontière naturelle entre deuxespaces Le précoce aménagement del’Issole e siècle. Pourquoi 37 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON hydroélectrique dans le discours deshabitants natifs du territoire. est intéressant derelever l’absence decette infrastructure Castillon, première àêtre établie sur le Verdon. Cependant, il Aujourd’hui, leconfluent Issole-Verdon côtoie la retenue de aux rivières et aulac Conclusion :Le rapportquotidien

Lac deCastillon. © D.R. Fonds J. Gibert instrument dedéveloppement économique. la volonté constante d’employer l’eau comme aménagement hydroélectrique delarivière montre La culture hydraulique quiprécède legrand énergétiques, agricoles, urbaines que touristiques. Castillon. Le pland’eau ades fonctions aussibien encore s’élargir avec la création de la retenue de d’aménagement et cette plurifonctionnalité vont l’échelle de plusieurs communautés. Cette échelle grâce auxprogrès techniques, ilsseront pensésà d’aménagement plussystémique du territoire, et pris encharge par l’État. Dansune vision locaux, lesouvrages seront progressivement pour les usines. D’abord établis par des notables de nouveaux, spécialisésdansl’irrigation, ouprivés que lescanauxexistants sedéveloppent, onencrée (irrigation) et de l’industrie (force motrice). Tandis avec l’augmentation des besoins de l’agriculture fil du temps, leur multifonctionnalité s’accroît, les moulins,àl’échelle descommunautés. Au Les premiers canauxsont construits pour actionner Petite chronique descanaux ont été rendues àlarivière. endroit avant soncolmatage. Desdécenniesdedomestication du lac ne fait que reproduire l’état initial du cours d’eau àcet retenue. Lazone demarnagemarécageuse situéeàl’extrémité gagné sur son lit pourrait expliquer la perception négative de la laquelle lelacarendu aucours d’eau cequela communauté avait de pêcheet despromenades à vélo. Dèslors l’hypothèse selon route-digue plantée d’une alléedepeupliers, lieudespratiques Andréens manifestent cependant unregret évident pour la la construction dubarrage deCastillon, dès1926.Les Saint- étaient issues d’une conquête tardive, qui s’acheva peu avant aux terres gagnéespar ladiguede1844.Maiscescampagnes territoire noyé. Celle-ci correspond, àpeudechosesprès, à l’aval. Pourtant, Saint-André abien vu unepartiedeson habité. Ilrenvoie au terroir deCastillon, village engloutiplus Le lacest considéré commeextérieur, étranger au territoire

«C’est iciquecoulele Verdon ;cette alléesur sesbords est très jolie. » Commentaire sur l’allée depeupliers plantée lelongdeladigue. © DR Fonds J. Gibert Là oùla rivière devient lac… Les terrains endiguésauXIX © D.R. Fonds F. Vincent rivière et les terres conquises. L’endiguement est marqué par lecontraste entre lelit en tresse dela Source ©IGN – vue aérienne 1950 e siècleen1950, avant leur miseeneau. 39 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON pêcher des truites danslarivière. mères, ilavait bravé l’interdiction d’utiliser desnassespour reçu par sonpère lorsque, après laguerre, pour la fête des construction… DeniseReboul sesouvient duprocès-verbal ou pas,del’emploi depassagesàgué, dematériaux pour la confluent, au travers desrécits debaignade, depêchelicite Les habitants sont plusprolixes sur lescours d’eau formant chevaux. 44. Il en était de même dans la plaine des Salles-sur-Verdon, où l’eau du Verdon était réputée bénéfique contre la maladie du « crapaud » pouvant décoller les sabots des

Pêche dansle Verdon, LaMure-Argens, 1921. © Fonds D. Reboul

Mise eneaudelaroute-digue auniveau deSaint-André-les-Alpes. © D.R. Fonds F. Vincent couramment amenésà«patauger danslarivière » thérapeutiques pour lessabots deschevaux, quiétaient L’eau enamont duconfluent était réputée avoir despropriétés de froid sur lerivage. Nice, elle entra dans la mer sans hésitation, le laissant transi Saint-Andréenne sesouvient avoir séduit sonmarilorsqu’à plupart des habitants du confluent savaient-ils nager. Une l’Issole plusproche d’eux, s’y baignaient tout l’été. Ainsi la Cependant, d’autres jeunesgens,habituésàl’eau froide de tard avec l’eau del’Issolecar çarefroidissait les terres. » « quandonarrosait auprintemps, les vieux disaient d’arroser pour l’arrosage était également réputé refroidir les terres : encaissée, était déconseilléeauxenfants. L’emploi desoneau froide et moinsbienexposée car située dans une vallée plus du Verdon, commeleshabitants deLaMure. L’Issole, plus l’Issole pour sebaigner. D’aucuns préfèrent l’eau «pluschaude» Selon l’endroit oùl’on habitait,onprivilégiait le Verdon ou du pont dessept arcades, suite àunecrue(1880). également le sable de la rivière, comme pour consolider la culée modestes pour être employés commechauffe-lit. Onutilise codou digues anciennes,murets délimitant lesparcelles. Appelés dans lesconstructions situéesàsesabords :usines,routes, du Verdon, quel’on ne trouve pasdansl’Issole, seretrouvent ressource économiqueofferte par lemilieu fluvial. Les galets construction prélevés danslecours desrivières sont uneautre à l’aide dechevaux au travers du Verdon. Les matériaux de de cabanons et de bergeries. On charriait également du bois jardins sur larive gauche, réputée plus fertile et parsemée avec deséchassesenpériodedecrue»pour cultiver des de Chamatte. Ellerapporte quecertains«anciens traversaient pour faire paître son troupeau sur les pâturages de la montagne la rivière àgué. À LaMure, Denise Reboul traversait le Verdon éviter lesdétours par lesponts, on traversait fréquemment (galets ronds), ilssont placéssur lespoêlesdesmaisons 44 . Pour

Nasse àpoissons fabriquée par lepère deDenise Reboul pour attraper les truites danslescanauxd’Issoleet du Verdon, LaMure-Argens. © Photo P. Mayer 41 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON Sorps, l’intarissable Fontaine Chapitre 2

Détail duprofil enlong del’avant-projet dedérivation de Fontaine-l’Evêque, 1896. ©Archives départementales du – 7S200 connaissent l’histoire richeet tragique. en eau potable, souvent sans même que les habitants n’en l’Évêque. Aujourd’hui, ilalimente lescommunesriveraines lieu remarquable dela vallée, connusouslenomdeFontaine- avait fait l’objet d’un aménagement séculaire, qui formait un alluviale puisaffluait dansle Verdon. Sur sonpassage, cette eau née aupiedd’une collinesèche, serépandait sur une terrasse de Sainte-Croix, uneeausouterraine. Larésurgence deSorps, Baudinard surgit, désormaissubmergée par leseauxdulac Dans lacommunedeBauduen,àl’entrée desgorges de 43 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON généra uneimportante activité économique. exploitée par desseigneurs danslecadre d’un domainerural qui rivière, lelieuest caractérisé par laprésence del’eau, longtemps humaines aucours del’histoire. À lacroisée d’une source et d’une le site oùs’épand larésurgence aconnuplusieurs occupations importantes dèsl’Antiquité, près d’un site occupéàl’Âge duFer, Située dans une vallée traversée par des voies de communication 1. Martel, 1905

Le domainedeSorpsd'après lecadastre napoléonien. ©Archives départementales du Var 83 Vue générale delasource. Carte postale de Jacques Saint-Germain. © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone 1. DES SIÈCLES D’OCCUPATION HUMAINE Un dernier exutoire était situéaulieu-dit deSambuc. végétation, accidentés dedépôts de tufs auxcapricesbizarres. » des surplombsde falaises, encadrés de fraîche et puissante remarquable, qu’E.-A. Martel qualifiade«pittoresque »,«sous « eaublanche»,et «cheminées».Elles formaient unautre lieu sous lenomdesources deGarruby, oude« fontaines blanches», après de fortes pluieset la fonte des neiges,étaient désignés Salles dit aussideGarruby kilomètres enamont sur larive gauche, auniveau dupont des trop-pleins delarésurgence principale, se trouvaient àquatre jettaient dansle Verdon. Deuxgroupes de sources intermittentes, Elle formait deuxbras qui,après unparcours d’un kilomètre, se jurassique, à300mètres enamont des gorges deBaudinard. d’un éperon rocheux, d’une ouverture formée danslecalcaire La «Font deSorps»surgissait à410mètres d’altitude aupied Dans l’espace

Rochers deGarruby. © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone Dessin desrochers deGarruby, 1874. © Archives communales de Bauduen 1 . Ces déversoirs, actifs uniquement 3. Cette partie est principalement tirée del’ouvrage deL.Poncin, paruen2015, voir bibliographie. 2. Cova &Durozoy, 1983, cités par Nicod,2018

Plan desrésurgences. © Martel, 1905

Cascades deGarruby. © D.R. Fonds Mombel celui deSorps, toujours prononcé référant au relief. Quant au nom local de la source, il est encore Vaucluse. D’autres y voient uneracine pré-indo-européenne se qu’à l’hydronyme deSorgue, rivière formée par Fontaine de de 2,3m religieuse... L.Poncin différentes fonctions aucours du temps :agricole, industrielle, Le domainedeSorpsétait composédebâtiments dévolus à Dans le temps long 5,7 m de lasource sur unepériodederéférence donnelerésultat de des plansdeCanjuers. Lasynthèse desdébitsmoyens annuels aussi lesinfiltrations drainées par legigantesque impluvium à laMescla), et sesaffluents l’Artuby et le Jabron. Elle recueillait d’eau situésenamont, par lapartiesupérieure du Verdon (pertes L’alimentation delarésurgence provenait despertes descours et attribuent l’origine deSorpsaulatin d’environ 12°C. Certains auteurs citent lenomanciendeSorpius, voie avant d’atteindre Riez. plusieurs auteurs àpenser qu’elle apuconstituer unehalte sur la romaine entre Fréjus et Riez. La proximité delasource aconduit mentionnés sur denombreuses cartes. Il faisait partiedela voie au point leplusétroit, étaient connusprès delasource, et les restes d’un pont situéàl’entrée desgorges deBaudinard, rempart équipéde tours (oppidum). Datés del’époque romaine, sud-ouest delasource, était unhabitat fortifié défendu par un être quinze ».Durant l’Âge du fer, lesite duCastellas, situéau l’occupation del’espace pendant aumoinsneuf siècleset peut- l’Évêque avec celledela vallée, note une«permanencedans

Culée dupont romain. © Barruol, 1986 3 /seconde 3 /s., sacruemaximalede19m 2 , l’étiage absoludelasource sur 75ansétant 3 , quiamisenrelation l’histoire deFontaine- souar par leshabitants. 3 surgere /s. Sa température est , jaillir, demême 45 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON les chanoinesquittent leslieuxauXIV officié dansl’établissement dédiéàsaint Maxime. Cependant, hébergé unecentaine demoniales,et sept chanoinesauraient seigneur deSainte-Croix et deBauduen.Le monastère aurait de Caille, évêque deRiez depuis1240, également principal de-Compostelle. Cet ensemblereligieux fut l’œuvre de Foulque pauvres ainsi que les pèlerins en itinérance pour Saint-Jacques- d’un édifice romain, d’un hôpitaloùsont soignés et nourrisles convers suivant larègle desaint Augustin, et, sur lesruines à saint Maxime (patron de Riez), d’une communauté de frères labour, l’introduction desemences… Au XIII avec l’aménagement des piémonts, l’utilisation desbœufs de La culture hydraulique fait partiedeleurs apports techniques, mis en valeur par lesmoines,àl’imagedel’ensemble dela vallée. à Saint-Victor. Le domaineest très probablement aménagéet revenus pour sonpropriétaire, et c’est àce titre qu’il est cédé Si lemoulinest préexistant, ilest assurément unesource de terre. Laprésence épiscopales’amenuise auXIV crues dévastatrices du Verdon, voire mêmeun tremblement de des eauxaccuséede véhiculer lesépidémiesoulepaludisme), les lieu (marécages formés par lescrues,air «malsain»,proximité épidémies (peste), l’instabilité politique (guerres), l’insalubrité du Les causesévoquées pour expliquer l’abandon sont diverses, les Saint-Jurs, tandis quelemonastère devient unprieuré en1447. ont aussi une assise forte dans la vallée à la fin du XI pour s’ouvrir lesportes duparadis. Les prieurs deSaint-Victor laïcs sont contraints dedonner, parfois derendre, leurs biens que laCroisade (1095). Danscette mouvance, lesseigneurs d’excommunication et d’organisation depèlerinagesarmés tels et depaixDieuàgrand renfort d’exhibition dereliques, économique. L’Église imposeàlachevalerie desjours de trêve œuvre d’une stratégie foncière destinée à asseoir son pouvoir d’un discours normatif sur la violence seigneurialeet lamiseen émancipation vis-à-vis des pouvoirs laïcs, avec la construction siècle voit lamontée enpuissancedel’Églisegrégorienne et son de Saint-Victor deMarseille, par leseigneur Isnard Barriera. Ce avec ladonation, en1097, d’un moulinet d’un paroir àl’abbaye Puis commence l’occupation religieuse du site au Moyen Âge, 5. Baptistère delacathédrale primitive deRiez, toujours conservé (et encours demiseen valeur). Note deP. Borgard. 4. D’après l’expression deBartel, 1636, traduit par Hallays, 1929. – culte féminin courant àcette époque en 1255, d’un monastère dédié à sainte Catherine d’Alexandrie sur le Verdon. Cette appartenance est marquée par la fondation, dans le but de contrôler les voies de communication et passages seigneurie la plus importante de la vallée, probablement acquis apparaît danslessources commepropriété del’Évêché deRiez, laïcs deSorps. l’évêque - viendra s’y établir :lesFerrier deviennent lesseigneurs une famille denégociants anoblisinstallée àRiez –dessujets de e sièclepour s’établir à - , d’une églisedédiée e siècle, ledomaine e siècle, et auXV e siècle. e

Par les fenêtres, ouvrant sur lesgrands canauxquientouraient le fameux panthéon le fameux les statues enmarbre blanc;desdouze dieuxquiornaient jadis chaussée, il fit placer dansdesniches,construites àcet effet, un vaste vestibule quiprécédait lesbellespiècesdurez-de- vaste et confortable qu’il ornaavec beaucoup deluxe. Dans ajoute en1900«qu’ ilédifiadansquelquesmoisune maison commode, qu’il a achevé à grands frais en 1636 (…) » L. de Bresc s’est enfin procuré àlui et àses successeurs unasilesain et les marais et leseauxcroupissantes quiinfectaient l’air, et en abondance, et quinepeuvent plusensortir. Ila fait dessécher introduit des truites d’un goût délicat, queleseaux y conduisent en pierres ;ila fait nettoyer le vivier quientoure lechâteau, et y a prairies, et fait construire desaqueducsenplomb, enbriqueset d’eaux abondantes, qui servent àl’arrosage despotagers et des rivière deSorpsdanssonancien lit,créé desjardins entourés du château ;ila tracé desalléesbordées d’arbres, resserré la de l’eau, l’irrigation :«il a placédeux ponts de pierre aux avenues l’aménagement dusite, par ledrainage, lesouvrages de transport domaine épiscopal,quidécrit laplacecentrale del’eau dans « Fontaine-l’Évêque ».L’évêque alaisséuneinscription sur son C’est àcette époquequeledomainedeSorpsprend lenomde résidence estivale àl’emplacement dela maison deschanoines. En 1634unévêque deRiez, Louis Donid’Attichy, aménageune Un «asilesainet commode»

Ruines ducouvent deSainte-Catherine deSorps. © Fonds R. Bondil 5 , dont ilreste encore debeaux restes àRiez. 4

au séchagedupapier. En1745 des cuves. Une fois leur décomposition terminée, onprocède emploient leschiffons et cordages quisont misà fermenter dans à Moustiers-Sainte-Marie, connuepour sespapeteries. Elles s’y implante aussi, comme aux Salles-sur-Verdon audomaineen1805.L’industrie» papetière et surtout grossiers draps « que lastatistique du Var indiquela fabrication de Quant auxmoulinsà foulon, aucunn’est actif en1730, tandis activité, pour l’usage des habitants deBauduen et deBaudinard. qu’une sciemécanique. Vers 1900, unseulmoulinest encore en la fin duXVIII leur eauàlasource deFontaine-l’Évêque. possède seulement deuxmoulinsà papier prenant tous lesdeux 7. AD 04–55J25-06 Fonds Amis du Vieux Riez. XI valeur par l’utilisation dela force motrice hydraulique. Dèsle lieu deproduction et de transformation agricole très tôt misen de l’eau, a fait deFontaine-l’Évêque unmicro-complexe industriel, L’aménagement hydraulique, possiblegrâce àla forte présence Un domainerural,agricole et industriel XVII et à la conquête des terres. Il devient unlieu d’agrément dèsle Ainsi, auMoyen Âge, Sorpsest associéàl’essor dumonachisme 1973-74. dans lesannées1930. Enfin, lesite sera engloutisouslelacen fermière dudomaine, leracheta àsespropriétaires toulonnais 1899, enconservant les terres attenantes. La famille Bondil, Son descendant vendra lasource audépartement du Var en seigneuriaux et épiscopauxdela vallée, dont Fontaine-l’Évêque. M. deGassier, noble propriétaire, rachète denombreux domaines À la Révolution, ledomaineest vendu comme bien national. et peuàpeu,larésidence fut désinvestie. plaisance jusqu’à sanomination en1652à Autun (Bourgogne) et productives réunies, l’évêque profita desademeure de et de fleurs odorantes. » Les dimensionscontemplatives la maison,on voyait debeauxjardins remplis deplantes rares saumonées, commeonen trouve encore aujourd’hui. Devant la maison,onpouvait pêcher degrosses et excellentes truites tiennent àlabourgeoisie riézoise delaseconde moitiéduXVII 6. Lettre deChaisàMessieurs lesMaire et Consuls de Bauduen,ausujet demoulinsàpapier, Riez le19 février 1745. Archives communalesdeBauduen.Les Chaisappar du tourisme… e siècle, unmoulinà farine et unparoir y sont mentionnés. À e siècle, vocation qu’il retrouvera ensuite avec lesprémices e siècle, trois moulinsà farine y fonctionnent, ainsi 6 , la communauté de Bauduen , lacommunauté deBauduen e siècle(Poncin, 2015). industriels (moulins). Enjuillet 1730, Jean Solomé alliant desusagesagricoles(irrigation), vivriers (pêche) et André-les-Alpes et LaMure-Argens, ils sont plurifonctionnels, Plusieurs canaux sont dérivés delasource et, comme àSaint- résurgence. dans cepetit espacereflète ledébit impressionnant dela trois moulins à blé. La concentration exemplaire des moulins moulins àpapier dont unabandonné, deux foulons inactifs, et croquis du site sur lequel figure pas moins de huit moulins : trois

Le moulindeFontaine-l’Evêque audébut duXX © D.R. Fonds Jacques Saint-Germain Bâtiments agricolesdudomainedeFontaine-l’Evêque. © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone - coll. Bondil e siècle. 7 dessineun - 47 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence – 55J25- 06 Fonds Amis du Vieux Riez. vues aériennes,un four est également présent essarts et «buissières ».Uneaire àbattre lebléest visible sur les Le domainecomprend également desoseraies et desbois, jardins, labours complantés d’amandiers et parfois de vignes. agricole. Les parcelles sont cultivées commeprés, pâtures, est irrigué. Le cadastre napoléoniende1831 montre sanature Outre cet ancienet fort déploiement industriel, ledomaine 8. AD 83-7S201 Croquis de Jean Solomé, 1730. 8 .

Louis Pierre MarieGassier, propriétaire à Aups. Cadastre napoléoniende1831,alors domainedeFrançois © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence - 3PP_015_05. Labour Pâture Labour et amandiers ou masure Maison, soldemaison 1284 1204 Pré Essart Oseraie Rivière Bruissère Jardin Aire Vignes et amandiers 1277 1298 1301 1300 1280 1300 1279 1304 1309 1299 1219 9. Expilly, 1770 XVII Sorps est d’abord décrit par deshommesd’église éruditsaux Figures d’une « fontaine remarquable » Dès leXIX quant àeuxlecaractère convivial dulieuauXX touristique. Les témoignages deshabitants dela vallée reflètent décrit le site et son histoire ont contribué à son développement du site. une ressource sauvage, contraste avec l’aménagement humain est canalisée. Lanature trépidante delasource, renvoyant à « bondit ».Ce caractère indomptable s’estompe vite lorsqu’elle hors delaroche reflète la vivacité del’eau qui«rugit »,«écume caractérisé par l’abondance. Le tumulte deseauxquis’élancent par oppositionàl’eau croupissante et insalubre, et son flot « fontaines »deProvence. Soneauest qualifée depure – Dans lesdescriptions littéraires, Sorps fait partiedesgrandes en font lachronique auXX ainsi quedesacteurs de lapromotion touristique desgorges, abbés, hommes politiques, parfois félibres. Deux journalistes, Certains sont naturalistes, d’autres instituteurs, médecins, abondent. Ilssont tous érudits,étrangers ounonàlarégion. géographiques, littéraires, et journalistiques des voyageurs

Le flot impétueux delasource. Coll. Bondil. © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone 1304 e et XVIII e siècle, les voyageurs, journalistes, éruditsquiont 2. UN LIEU SUBLIMÉ e siècles.Puisàpartir duXIX e siècle. e , lesrécits historiques, e siècle. 9 moulins, déjàobsolètes, ouleschampscultivés. qui, par leur verdoiement, figurent cette fertilité, – et nonles récits dela fin duXIX des plateaux secset d’allure steppique deCanjuers. Dansles démarque del’aridité delacollineensurplomb, et par extension Autre contraste, celuidela fertilité dulieuqui,irrigué, se

© Archives départementales des Alpes de Haute-Provence – S 924 Contraste entre lacollineet lesite irrigué. © Fonds Aillaud à Sainte-Croix, 1862. Détail d’un plan pour l’endiguement du Verdon e siècle, cesont biensouvent lesarbres 49 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON et prairies verdoyantes » fenêtres duchâteau, entouré d’arbres et de «jardins fleuris « délicate »et «saumonée »quel’on peut pêcher depuisles l’éden épiscopalsont faits derossignols, de truites àlasaveur inspire l’image d’un paradis perdu, d’une « idylle ». Les délices de Fontaine-l’Évêque. L’ancien environnement duluxueuxchâteau de l’évêque auXVII récits quirelatent l’établissement delademeure deplaisance en Provence. abondance, permanente quand les pénuries d’été surviennent « souvent troubles et chargées delimon» ce dernier est décrit,c’est commeun« flot bourbeux»,auxeaux Enfin, lelien avec le Verdon est toujours souligné, mais lorsque compagnon uncaroubier. surgit lasource est fréquemment mentionné, et ilaparfois pour Un figuier remarquable ayant pris racine danslacavité d’où 12. Revue du TCF, 1905 11. Hallays, 1929 10. Ruat, 1896 La sublimation du lieus’accentue dèsleXIX l’une desescrues ? est accuséd’avoir balayé lacharmante demeure del’évêque par la limpidité delasource. N’est-ce paségalement le Verdon qui

Les racines du figuier danslacavité del’exutoire. © Fonds Bondil e siècle, époque oùlesite prend lenomde 11 , et, biensûr, d’une eaud’une rare 10 par oppositionavec e siècledansles « archaïsme » qualités nécessaires àlacontemplation romantique :nature, En dehors de la demeure de l’évêque, le site réunit toutes les par lesdeuxbras delasource est àla fois «oasis»et «paradis ». L’exotisme est associé au registre religieux, puisque l’iscle formée bientôt faire profiter les excursionnistes… elle incarnelelieu«pittoresque »par excellence, dont ilpourra souvent uneétape obligéedu voyage del’écrivain, pour lequel visiteurs, et bientôt despremiers touristes. Lasource est domaine agricoleet proto-industriel, enunsite prisédes romantique accompagne, semble-t-il, la transformation d’un histoire légendaire interprétée dansles textes. Cette exaltation à partir dela fin duXIX et auxconflits dont l’eau delasource fait l’objet aisément attribuée aux projets de dérivation La notoriété grandissante deSorpspeut être fréquemment comparée. Vaucluse, autre résurgence àlaquelleSorpsétait songeait aubassinde vie alimenté par Fontaine de potentiel s’avérait d’autant plus grand que l’on d’adduction commeuneraison des’y rendre. Son chroniqueurs prétextent ouvertement lesprojets relate les faits, et lesite attire lescurieux.Certains toute laProvince » avec elle au XVII l’évêque regrettait déjàdenepouvoir «irriguer l’abondance delasource. Aux dires decertains, des irrigations enconstatant lapermanenceet Les auteurs ont très tôt en tête leproblème de l’eau pour toute laProvence ? L’omniprésente utilité économique: 12 des vieilles ruines, vieux moulin,eauet fraîcheur, e siècle. Lapresse écrite e siècle.

Fontaine de Vaucluse. Image tirée deDaubrée A. (1887). © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France XIX fait l’objet d’une exploration spéléologique, dèsle mesurer le niveau de l’eau. Enfin, toutes deux ont point dejaillissement. À Vaucluse, ilaurait servià agricole et industriel. Un figuier se trouve àleur formée par Vaucluse, et Sorps), leur emploi Catherine à Sorps), leur nom(Sorgue, rivière qui serencontrèrent aumonastère deSainte- noblesse, DelphinedeSigneet Elzéar deSabran mariage chaste entre deux personnages de la Fontaine de Vaucluse, et l’histoire sainte d’un idylle légendaire (Pétrarque et samuseLaure à leur caractère remarquable :leurs truites, une placée ensecondeposition.Ellespartagent France par leur débit,Fontaine-l’Évêque étant Elles passent pour être lesdeuxpremières de de phénomènes karstiques, dites « vauclusiennes ». Sorps et Vaucluse sont deuxrésurgences issues L’analogie deSorps avec Vaucluse Sorgue. Sorgue. tout unbassinéconomiquepar larivière dela domaine, tandis queFontaine de Vaucluse alimente Seule l’échelle varie. Fontaine-l’Évêque arrose un restée impénétrable jusqu’au sièclesuivant. e sièclepour Vaucluse, tandis queSorpsest de visite premier oùl’on reste plusieurs jours, àl’itinérance. préalable. On passe d’un tourisme essaimant à partir d’un lieu désormais pour départ lesgrands centres urbains,sansétape 13. Jaubert, 1857 13. Jaubert, Dès lasecondemoitiéduXIX Les prémices du tourisme demasse(1850-1973) excursionsappelés touristiques. romantique annoncelespremiers voyages d’agrément, aussi lieux deplaisanceremarquables delaProvence. Sadescription la Révolution, apparaît demanière croissante commel’un des D’un domaineinvesti àl’origine par l’évêché, lasource, après véritable voyage. »De fait, au XIX de transport. Aller deMarseille àFontaine l’Évêque constitue un faciliter la visite aux touristes et étrangers ce sont les moyens 1896, P. Ruat indiqueque«laseulechosequimanquepour autonome, qui éclipse largement le village de Bauduen. En déjà fréquentés. Lasource apparaît alors commeunespace d’un condition transport, de moyens Les de richescitadins.Dansson sont l’apanage depersonnes aisées,delanoblesselocaleou Les voyages d’agrément ayant pour but de visiter la Fontaine nombreux citadins avec l’ouverture d’un restaurant, encibled’excursion pour de visiteurs étrangers, avant dese transformer ausièclesuivant, progressivement unpoint d’intérêt incontournable pour les nature Basse-Alpine » Moustiers et Fontaine l’Évêque, lesdeuxmerveilles denotre visiter. On ne peut, dit-il, « être venu à Gréoux, sans connaître le médecin J.-B. Jaubert indiqueaux thermalistes lessites à transport automobile audébut du XX transport et tourisme est manifeste. Avec ledéveloppement du d’Avignon. Lacorrélation entre développement desmoyens de urbains littoraux delaProvence, ainsi que d’Aix-en-Provence et passer lanuit. Ils proviennent de tous lesgrands centres fait figure d’exception –oùl’on peut louer des voitures ou centraux commeBarjols, Aups, Riez et Draguignan –Baudinard dans les villages autour delasource, maisdansdesbourgs plus l’achèvement ducheminde fer. Les visiteurs ne font pasétape tout enannonçant unearrivée massive d’excursionnistes avec pour éviter dechanger dechevaux àRianset àMontmeyan, Bresc recommande en1899des’arrêter dormir àBaudinard depuis Riez, un véhicule mupar unattelage dechevaux. L.de partir deBarjolset Aups, ou en voiture publique ouparticulière développement touristique développement 13 . La visite se fait àpartir d’autres sites Guide aux eaux de Gréoux de eaux aux Guide e e siècle, laFontaine devient siècle, la visite se fait àpied e siècle, lescircuits ont (1857), 51 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON d’aménagement hydraulique finiront par être directement gorges, dont il faisait lapromotion. D’ailleurs, lesprojets le site ensoulignant par soninsignifiance rapport auxgrandes l’exploration ducanyon. Ilconcourut également à faire éclipser eau. Ce fut lepremier objectif duséjour lors duquelilréalisa l’État d’étudier Fontaine-l’Évêque danslebut dedériver son gorges est réalisée par lemêmespéléologuechargé par au développement touristique. Eneffet, la traversée des projets decaptage del’eau deSorpsnesont pasétrangers réellement sonessor danslesannées1930. Làencore, les Mais la miseen valeur touristique desgorges prend Fontaine-l’Évêque. retour àDraguignan, enpassant par lesgorges, Moustiers puis de France propose un circuit automobile en 1905, avec un aller- Canyon du Verdon, voire éclipséepar celle-ci.Le Touring club visite delasource est deplusenassociéeàcelleduGrand Fontaine-l’Évêque, le Grand Canyon et les projets de de projets accrue delaFontaine est manifeste. Au début duXX les et Canyon Le lienentre lanotoriété croissante desgorges et la fréquentation Grand le Fontaine-l’Évêque, dérivation Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Circuit proposé par la revue mensuelle du TCF du mensuelle revue la , 1905. e siècle, la

© D.R. Fonds Mombel. que ledomaineest à vendre. Déjeuner àFontaine-l’Evêque. Unepancarte indique du XIX à l’état embryonnaire danslesdescriptions littéraires dela fin touristique des projets d’aménagement hydraulique était déjà les bassesgorges du Verdon et Riez. Cette miseen valeur un circuit (55km) avec le futur barrage deSainte-Croix, Guide Bleude1971,oùla visite deFontaine-l’Évêque forme intégrés auxcircuits touristiques locaux,commelemontre le Le restaurant de Fontaine-l’Évêque et le « tourisme tourisme « le et Jusqu’au début du XX Fontaine-l’Évêque de restaurant Le pour déjeuner àSorps. la restauration. Onnedoit pasoublier de«porter des vivres » d’infrastructures d’accueil touristique, commel’hébergement ou du XIX augmente avec les querelles autour de sa dérivation à la fin d’adduction. Le domaineest unespace privé maissanotoriété romantique et historique dusite àlachronique desprojets restaurant. suivant qu’il s’ouvre au tourisme local,avec l’ouverture d’un rural » dans la vallée la dans » rural e e siècle, quiassociaient, nousl’avons vu, ladescription siècle. Ce n’est véritablement qu’à partir dusiècle e siècle, il ne semble pas exister à Sorps démographique dèsledébut duXX La famille Bondil, originaire du Poil, village miné par le recul les habitants des villages alentour quelescitadins. débuts d’un tourisme pluspopulaire, et rural, attirant aussibien implantant unrestaurant. Cette installation marquera les transformera le site en l’aménageant, en le balisant et en y La famille Bondil, fermière dudomainedèslesannées1930, loterie » à l’aide decannesàpêcheencanneProvence, «commeune droit d’attraper des truites danslebassin aménagéàcet effet, pouvaient enoutre acheter des tickets quileur donnaient le le circuit aménagépar Paul Bondildanslesannées1950. Ils de la vallée –payaient un franc par personne pour emprunter à lasource. Les visiteurs extérieurs –maisnonleshabitants toute unegammed’attractions et deproduits touristiques liés bornait pasaurestaurant. Les propriétaires avaient développé L’activité était saisonnière, du15mars au15novembre, et nese provisoire, et par lasuite, ellerachète ledomaine. Bondil àinvestir danslaconstruction d’un restaurant moins les dimanches.Le succèsrencontré incite très vite la famille ouvert danslesannées1940. Ilpropose undîner dansant tous installé dansunecahute enboisauxallures decabanon,est les eauxet la végétation. Unpremier restaurant-guinguette, dans les années 1933-34. Elle défriche le domaine, envahi par 14. Entretien avec René Bondil

Premier restaurant deFontaine-l’Evêque. © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone - coll Bondil 14 . e siècle, s’installe àSorps achetée àla ville deCastellane en1956. fruits du verger, était produite par une turbine hydroélectrique, ainsi quecelled’une chambre froide destinée àstocker les rails servant àstocker lescasiers. L’électricité durestaurant étaient conservées dansla fraîcheur delasource, àl’aide de pommes du verger, etc. Les boissonsserviesaurestaurant confectionnés àpartir desdixcochons tués sur place, les issus desagneauxdudomaine, lepâté et lejambonsalé écrevisses à la provençale, mais aussi les gigots et côtelettes nous l’avons vu, traversé lessiècles, labrouillade de truffes, les de Fontaine-l’Évêque dont larenommée gastronomique a, restauration. Ainsi, parmi lesplats lesplusréputés, la truite du domaineen transformant lesproduits agricolespour la La famille Bondilavait su tirer partiducaractère productif Le serviceavait lieuàmidi, sur lagrande terrasse du restaurant.

et vendue aurestaurant. Carte postale éditée par la famille Bondil © Fonds Bondil, 1969. 53 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON 1965 que semultiplient les vacanciers étrangers, Hollandais, ou, s’ils étaient aisés,en voiture. Ce n’est qu’à partir desannées dans les villes littorales, quiserendaient au restaurant enautocar premiers visiteurs du restaurant étaient descitadins résidant D’après René Bondil, l’un des derniers occupants du site, les © Photo P. Mayer Ancienne turbine hydroélectrique deFontaine-l’Évêque.

Sainte-Catherine deSorps. la turbine hydroélectrique, lesruinesdel’abbaye À droite delastation frigorifique alimentée par © Fonds Bondil tendances del’histoire du tourisme enEurope On peut considérer que Fontaine-l’Évêque suit les grandes de l’ordre de70000personnes par and’après lepropriétaire ? fréquentation faramineux du restaurant dans les années 1960, parler d’un tourisme demassequandonconnaît leschiffres de Mais paradoxalement, vu lapetite taille dusite, peut-on déjà la fin desannées1970, soit après lasubmersion dela Fontaine. Le tourisme de masse ne se développera dans les gorges qu’à lesquels la visite constituait unesortieexceptionnelle. urbains du Var oudulittoral, principalement desretraités pour qu’aux intersaisons, ils laissent placeauxcitadinsdescentres la périodeestivale, les visiteurs sont surtout étrangers, tandis d’Aix-en-Provence, de Draguignan, Fréjus ou Marseille. Durant Raphaël) et acheminéspar lescompagniesdecar d’Hyères, Anglais installés dans les campings de la côte (Fréjus, Saint- descriptions romantiques des visiteurs aisésdèsleXIX 15. Telles quedéfinies par l’historien M.Boyer, 1995 XIX l’enchantement, elleest marquée, danslasecondemoitiédu qui font desonhistoire médiévale et moderneunprétexte à englouti. fréquentation durestaurant deSorpsavant quelesite nesoit se démocratisent :c’est labrève et laplusintense périodede provençaux. Enfin, àpartir de1960, les vacances et le tourisme et demeure décrite et promue par lesnotables et bourgeois saison estivale, notamment par lescuristes deGréoux-les-Bains, « tourisme élitiste saisonnier ».Elleest alors fréquentée durant la

La foule àFontaine-l’Évêque. © D.R. Fonds Jacques Saint-Germain e siècle et le début du XX e siècle, par le développement d’un 15 . Promue par les e siècle, boules, pêcheet participeaubal. déroule le 1 patronales deBauduenet deBaudinard. Une fête annuelle s’y rencontre desjeunesgenslors du troisième jour des fêtes sociabilité important. C’est d’abord unlieu festif, lepoint de de la vallée ont trouvé enFontaine-l’Évêque unespacede À l’ombre deplatanes, d’ormes et depeupliers, leshabitants Sorps, lieuderassemblement dansla vallée paso-doble, enai-je tourné des valses sous

Le «centre commercial »deFontaine-l’Évêque. © Fonds Bondil les lampionsmulticolores, ausond’un er juillet, oùlajeunesselocale pique-nique, joue aux Enai-jedansédes tangos et des orchestre endiablé(…) Julie Jaenichen. nombreux touristes depassage. une «manière de voir unpeudemonde », desemêler aux principales attractions des environs. Aller àlasource était plage »–et la fréquentation delarésurgence étaient lesdeux Bauduennois, labaignadeaupont deGarruby –«c’était notre familles. Les habitants y pêchent dansle Verdon. D’après les C’est aussilà que sedéroule lasortiedominicaledes

Partition d’une valse chantée àpropos deFontaine-l’Evêque. © Fonds association Culture loisirs patrimoine Sambuc dansle Verdon, puis onallait Onallaitpêcher aubasde à Fontaine-l’Évêque. Maryse Bergonzi, Bauduen. 55 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON l’oratoire au Cavalet, lieu derésidence actuel de l’un de ses de l’abbaye. Le dernier propriétaire, Paul Bondil, fit reconstruire du XIX travers d’un oratoire, quelepropriétaire avait construit à la fin particulier à sainte Catherine, en perpétuant son culte au Les occupants successifs dulieuont manifesté unattachement eau. aux habitants dela vallée danslesannéesprécédant lamiseen Plan d’Orgon). Leur ramassage fournira unpetit travail saisonnier variétés alors largement diffusées,achetés près d’Avignon (à On plante 10000plants depommiers Goldenet Starking, en adoptant lesméthodes rationnelles delaproduction fruitière. Au milieudesannées1960, l’exploitation, irrigable, sediversifie on y pratiquait la viticulture, lepastoralisme et lacéréaliculture. canaux irriguaient lesprés pour laproduction de fourrages, et sociabilité, la vocation productive deSorpsdemeure. Différents En même temps qu’il devient unlieudecontemplation et de © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone - Coll Bondil Scènes depêcheàFontaine-l’Évêque. e siècle sur le chemin conduisant de la source aux restes la recherche del’eau «crue». réponse idéaleauxpréoccupations hygiénistes del’époque et à Provence. L’eau cristalline delaFontaine constitue alors la s’agit de trouver dessources d’eau potable pour labasse les eauxdulac. aujourd’hui pour euxlessouvenirs d’une jeunesseengloutiesous locale, d’un lieu porteur d’avenir, mais disparu. Il évoque parlent commed’un patrimoine remarquable, d’une richesse pour ledéveloppement dupays avant lamiseeneau. Tous en potentiel touristique (et économique) du lieu comme un atout Tous leshabitants dela vallée ayant connu la source notent le repose aujourd’hui, avec larésurgence pour horizon. se rende àl’oratoire pour prier lasainte, auxcôtés delaquelleil descendants. D’après son fils, il n’était pasunsoir sans qu’il ne À la toute duXIX fin Projets dedérivation delarésurgence 1894-1923 Depuis leXVIII apparait commeungagedepureté dèsleXIX avant lecaractère limpide deseauxdelasource. Cette limpidité de Marseille. Vaucluse et du Var, et lesmunicipalités d’Aix-en-Provence et politique entre lesdépartements desBouches-du-Rhône, du syndicats dedéfense, irrigants, traduisant unrapport de force publiques, entre desacteurs régionaux multiples, élus, et se traduisent par delonguesargumentations, y compris utiliser soneau.Les oppositionssemultiplient rapidement en devient propriétaire. Cependant, il n’est pasleseulà vouloir conçoit unprojet danslaperspective dedériver lasource, et réalisation ducanal Verdon par la ville d’Aix-en-Provence, ressource convoitée. Le département du Var, inquiet dela la seconde résurgence karstique de France devient une est unenjeumajeur dudéveloppement économiquerégional, 3. L’AMBITION DE L’EAU URBAINE e siècle, lesdescriptions littéraires mettent en e siècle, alors que le transfert del’eau e siècle, lorsqu’il jamais supérieure à13°Cenété par», sa fraîcheur,potable salimpidité, sondébit,sa température L’eau deSorpsa« toutes lesqualités d’une excellente eau du bassinDurance-Verdon. traduit l’ensemble desenjeuxet des tensions àpropos deseaux des eauxdu Verdon. À unniveau très local,Fontaine-l’Évêque 5 avril 1923, quirèglemente et définit lesconditionsdepartage concilier des volontés discordantes, l’État finit par voter la loidu Après plusieurs rebondissements techniques et juridiques,pour abondante, alimentée par la fonte desneiges. le Verdon, quimarque sa frontière aunord, offre uneeau céréales, la vigne, lesamandiers et lesoliviers. Au contraire, est principalement constituée decultures sèches commeles pas d’autres ressources eneauquepluvialeset sonagriculture également l’eau potable. Quant au département du Var, iln’a Var, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, qui recherchent l’eau desoncanal.C’est sanscompter lesdépartements du en eau,quiconstituent un fort enjeusanitaire :la ville stérilise La ville deMarseille cherche alors àcompléter sesressources plus forte en basseProvence. que laquête del’eau deboissonet d’irrigation est deplusen l’idée, déjà ancienne, d’une dérivation à grande échelle, tandis associée audébit constant et puissant delasource, favorisent l’on était accoutumé d’user « d’eau cuite » hiver »sont «sisainesqu’on lespouvait boire crues,mêmesi « diaphanes,pures commeunmiroir, fraîches enété, tièdes en 17. Eauquel’on a fait bouillir pour l’assainir. 16. AD 83–7S199, 1896

Projet Périer, 1895. Canal deFontaine-l’Évêque. Réservoir projeté aulacd’, © Archives départementales du Var – 7 S 199 16 . A. Hallays indiquequeseseaux 17 ». Cette pureté, 40 millionsdemètres cube, enaménageant lelacd’Allos. d’augmenter ledébit delarivière par lacréation d’un réservoir de pour Marseille. Afin decompenser l’eau prélevée, onprévoit de 4 000 litres d’eau par seconde, dont 1 200litres par seconde consiste àalimenter ledépartement du Var par unedérivation Le projet del’ingénieur Perier est examiné de1895à1900. Il

de Comps-sur-Artuby. Fontaine-l’Evêque. En violet :eauxdérivées duréservoir Projet Dalloyau, 1905.Enrouge :eauxdérivées de © Archives départementales du Var – 7 S 200 57 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON poser que difficile à résoudre. » Cependant, leproblème d’une dérivation est «aussi facile à d’une imposition exceptionnelle de 1,7 centimes pendant 30 ans. alors 900000Francs pour l’acquérir, qu’il remboursera àl’aide avant mêmequ’il n’en fasse emploi. Le département emprunte crainte d’une spéculation sur lasource, quiaété achetée par le Var d’État rejette lademanded’emprunt dudépartement du Var, par rebondissements. Au moisd’avril del’année 1897, leConseil d’acheter larésurgence, cequ’il fera en1899, après quelques M. deGassier, lepropriétaire dudomainedeSorps,danslebut département du Var entame desdémarches auprès de Dès 1892,parallèlement àl’étude duprojet Perier, le créent unesituation conflictuelle. des besoinsdans tous lesdépartements delabasseProvence L’existence d’ouvrages antérieurs et l’accroissement simultané compromettre leur approvisionnement eneaupotable et agricole. contre leprojet du«canal Var »qui,enpérioded’étiage, pourrait protestent donc vivement, demanière plusoumoinscollective, d’étiage. À plusieurs reprises, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône justement engrande partiealimenté par l’eau deSorpsenpériode et àintensifier lesprélèvements sur le Verdon. Or, celui-ciest et du Vaucluse. Ces derniers cherchent à préserver leurs droits de Marseille, et lesavaliers delaDurance, desBouches-du-Rhône un rapport de force émerge entre le Var, soutenu par lamunicipalité durancienne pour penser l’utilisation des eauxdu Verdon. Dèslors, et du Verdon exige lapriseencompte desusagesdel’eau Ainsi, l’existence antérieure decanauxsur lecours delaDurance débit auquelcesavaliers des pénuriesenpérioded’étiage, adesdifficultés à fournir le Vaucluse. Et lecanalprélevant le Verdon àQuinson,quirencontre par d’autres départements, tels queles Bouches-du-Rhône et le affluents du Verdon. À ce titre, elleest déjàindirectement utilisée

et réservoirs deRougon et deComps-sur-Artuby. Détail duprojet Dalloyau, 1905:Dérivation deFontaine-l’Évêque © Archives départementales du Var – 7 S 200 19 ont droit. 18 La source est l’un des principaux Fontaine-l’Évêque, quidéveloppe l’idéedeplusieurs réservoirs. Rouland, déposequatre versions d’un projet dedérivation de Entre 1909et 1918, l’ingénieur Dalloyau, associéau financier évitant ainsid’affecter ledébit d’étiage àl’aval. permettant de restituer celle prélevée à Fontaine-l’Évêque, d’eau antérieurs, consiste à stocker l’eau dans des réservoirs La solution trouvée enréponse auproblème durespect desdroits afin d’examiner lasituation. l’Agriculture) serendent dans le Verdon du8au11octobre 1908, Clemenceau (Président duConseil) et Joseph Ruau(ministre de Devant l’absence deconsensusentre départements, Georges d’adduction delaFontaine et l’aménagement dulacd’Allos. Var s’y oppose, craignant quesaréalisation n’entrave lesprojets soutenir l’irrigation desBouches-du-Rhône et du Vaucluse Verdon unbarrage-réservoir àGréoux-les-Bains, destiné à du Verdon :régulariser ledébit delaDurance encréant sur le En 1907, l’État propose une solution aux insuffisances du canal rejeté par leministère del’Agriculture en1900. puisse stocker assez d’eau. En conséquence, le projet Perier est la cuvette dulacd’Allos nesoit pasétanche, ouencore qu’elle ne par gravité. D’autre part,dupoint de vue technique, lacrainte que l’orientation, aunord du Var, ne favorise pasladérivation del’eau posent danslesprojets d’adduction. D’une part lerelief, dont Outre ces protestations, différents problèmes techniques se projets et devient propriétaire del’eau deSorpsen1899. à toute dérivation. Toutefois, ledépartement du Var persiste dansses la positiondesavaliers, dont l’accord devient nécessaire préalablement détourner deleur cours normal.» ne peut avoir sur ceseauxquelesdroits d’un riverain et ilnepeut les 22. Ils’agit duprojet d’I. Wilhelm, ingénieur quiréalisera plus tard lebarrage de Serre-Ponçon. opportunément votée en1898, sarédaction est bienantérieure auprojet d’adduction. flits analogues,dès 1883, puisdéposéesàlaChambre desdéputés en1888. Silaloiest Fontaine, car lesmodifications du Code civilsont effectuées, en réponse àd’autres con l’adoption du texte n’est pasdirectement liéeàlaproblématique ducaptage dela 21. Verdy, 1899. Contrairement auxaffirmations d’autres auteurs, M. Jeandémontre que 2011 20. Jean, 19. Usagers situésàl’aval delarivière. 18. Martel, 1905 usagers inférieurs » et courantes, le propriétaire nepeut lesdétourner aupréjudice des source forment uncours d’eau offrant lecaractère d’eaux publiques est» modifié, et on volonté y ajoute l’article 643:«sileseauxdela que « celuiquiaunesource dansson fonds peut endisposer àsa des avaliers. Lamêmeannée, l’article 641duCode civilstipulant La décisiond’achat du Var en1898provoque denouveau l’agitation 20 . . Ainsi, «lepropriétaire du fonds oùnaît lasource alors qu’on exécute peu. 21 Ondélibère beaucoup, Le nouveau texte renforce dèslors Louis deBresc, 1900. 22 . Le - vers lesquelsils tendent leurs espoirs » Comps »deviennent-ils «pour les Varois desmots magiques Ainsi «Fontaine-l’Évêque, lesbarrages du Verdon, lelacde Rougon- et àl’aval deFontaine-l’Évêque (5 m force motrice, ainsiquelarestitution del’eau àlaretenue de prélevés pour l’irrigation du Var et lacréation dechutes pour la Les réservoirs deComps-sur-Artuby et LaMartre doivent être Carejuan) et Gréoux-les-Bains pour soutenir le débit dela Durance. à construire desréservoirs àRougon (dit ausside Trigance oude Artuby et LaMartre, et d’autre part,àaménager lelacd’Allos et André-les-Alpes pour constituer desréservoirs àComps-sur- Le projet consiste, d’une part,àdériver l’eau du Verdon àSaint- Dès laseconde moitiéduXIX la retenue de Sainte-Croix. captage deFontaine-l’Évêque n’aboutira jusqu’à lacréation de ouvrages d’adduction existants. Finalement, aucun projet de du Vaucluse, et de la longue période d’amortissement des financières, demodifications apportées pour ledépartement n’est toujours pasachevé àcausededifficultés techniques et quarante ansaprès laloide1920, l’aménagement desretenues du Verdon. Le lacdeCastillon nesera miseneauqu’en 1948, et, chutes de Castillon et Chaudanne à la société hydro-électrique submersion du site dès 1923. L’État accorde laconcessiondes des barrages-réservoirs. La solutionretenue présage doncla l’Évêque est-elle autorisée, maissous conditiondeconstruire sur le Verdon ousur laDurance. Ainsi ladérivation deFontaine- énergétique et larégularisation delapuissanceaménageable prévoit, outre l’irrigation, l’usage del’eau pour laproduction Travaux publics.Conciliant toutes lesrevendications, elle par l’État. Ellesubordonne leur conception auministère des programme de travaux comprenant l’exécution deréserves l’irrigation aux Bouches-du-Rhône et au Var, en instaurant un les dérivations nécessaires pour l’alimentation publiqueet aval deFontaine-l’Évêque et sur laDurance. Ellegarantit jouissance desdébitscanauxd’irrigation existants en en posant commepréalable à tout nouvel aménagement la Verdon ».Elleconfirme définitivement les droits des avaliers, aboutira, le5avril 1923, àun texte surnomméla«charte du Var et du Vaucluse, par l’utilisation deseauxdu Verdon. Elle publique danslesdépartements desBouches-du-Rhône, du le gouvernement projette uneloisur l’irrigation et l’alimentation La situation n’évolue véritablement qu’à partir de1920, lorsque n’aboutit et laPremière Guerre mondialeinterrompt l’affaire. l’égard desproblèmes techniques possibles. Aussi, aucunprojet apparaît trop ambitieux,et son financement posequestion à d’eau ?Le réservoir dulacd’Allos sera-t-il suffisant ? Le projet Durance s’inquiètent denouveau :le Verdon peut-il fournir assez 17 m destinés au transfert del’eau àgrande échelle se multiplient 3 prélevés àSaint-André-les-Alpes). e siècle, lesprojets decanaux 23 . Maislesirrigants dela 3 sur les évidence par laspéléologie naissante. gouffres et abîmes desplansdeCanjuers, plus tard miseen peut déjàpercevoir sonassociation au mondemystérieux des Dans leslégendesliéesàl’eau souterraine de la Fontaine, on populations localesavaient déjà imaginé l’origine deseaux. fonctionnement duréseau : par une autre expression, les n’étaient pourtant paslespremières à tenter d’expliquer le Associées auxdifférents projets de captage, cesétudes par la spéléologie naissante, puis au travers de l’hydrogéologie. commença d’être étudié dupoint de vue scientifique, d’abord 24. Ibid. 23. Vidal, 1945 Au cours du XX et exploration scientifique L’origine del’eau deSorps :explications légendaires économique descentres urbains. sorte degradient au fil dudéveloppement démographique et moitié duXX son aménagement àgrande échelle aucours delaseconde du bassinDurance-Verdon, et constitue unpréambule à montre les prémices d’une prise en compte de l’ensemble L’obligation deconsidérer laDurance dansl’usage du Verdon reflétant lanécessité depenser lesbesoinsdansleur globalité. que réseau hydrographique constitué d’affluents multiples, d’échelle répond auxproblématiques poséespar l’eau en tant en affaire nationale avec la loi de 1923. Ce changement départ enjeudépartemental et régional, se transformera Verdon, la«question Fontaine-l’Évêque-Verdon » À causedel’enchevêtrement deseauxdeSorpset du est-elle ancienne. emmagasinement del’eau pour s’affranchir delasaisonnalité compenser lesprélèvements. Ainsi la problématique d’un la conciliation nepeut avoir lieusansréguler lesdébits,pour lors des périodes de surabondance, pour la restituer en été : conduit à l’idée de stocker l’eau dans des réservoirs artificiels cœur deladiscorde. C’est cette composante climatique qui débit insuffisant du Verdon enpériodedesécheresse est au seul leur régime est problématique. De fait, laquestion du ressources eneaudelarégion provençale sont considérables, de larivière. Comme lesoulignekarstologue J. Nicod,les conflits autour delasource réside dansle régime méditerranéen En plusdesonstatut d’affluent du Verdon, lacomplexité des des tentatives de transport d’eau hors dubassin Verdon. projets d’adduction. Saconvoitise déclenchel’histoire longue idéale par ses qualités et son débit, fait l’objet de différents potable. Sorps,quiapparaît commeuneressource eneau urbains. Ilsconcernent principalement l’irrigation et l’eau en Provence, pour répondre auxbesoinsdesgrands centres e siècle. L’aménagement delarivière suit une e siècle, leréseau d’alimentation delarésurgence 24 , au 59 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON 27. Balakowicz, 2010 26. Nicod, 1980 25. D’après leCNRTL © dessin Olivier Loir - cahier de la biodiversité de la La Palud-sur-Verdon Fonctionnement durelief karstique. aboutissant àl’exutoire constitué d’un réseau deconduitssouterrains forme l’impluviumd’une oudeplusieurs sources, fin duXIX Méditerranée, oùnaît d’ailleurs lakarstologie àla importante parmi les ressources en eau de Les aquifères karstiques occupent uneplace Les aquifères karstiques la roche (grottes, gouffres, résurgences, etc.) » d'une topographie originaledueàlacorrosion de drainage souterrain et par ledéveloppement calcaire caractérisée par laprépondérance du des plans de Provence Vaucluse, et elleappartient àl’ensemble karstique soutenu enété), commeceluidela Fontaine de montagnard (hautes eaux printanières, débit au Garruby, sonrégime est de type méditerranéo- Pour ce qui concerne Fontaine-l’Évêque, associé e siècle. Le karst désigneune« formation 27 26 . . Le système karstique 25 . La contenance dulac fut évaluée à150ou200millionsdem seuil était à6mau-dessusdubord leplusélevé del’abîme. le sold’une écuriesituéeà100mètres aunord del’aven. Son Aven aurait formé un« vrai lac», très profond. L’eau atteint couche deneiged’un mètre d’épaisseur déposéesur leGros fonte des neiges, qui tient du mythe. Le brusque dégel d’une un phénomène survenu sur un abîme deCanjuers lors de la demande duministère del’Agriculture en1905,mentionne de galeries et de cavernes. E.-A. Martel, qui étudie Sorps sur lacs souterrains, qui communiquent avec ununivers obscur souvent associées,danslesreprésentations populaires, àdes liées auxplateaux calcaires, drainant l’eau depluie, sont grottes), est àl’origine derécits légendaires. Les exsurgences itinérance formations karstiques, sescavités souterraines (avens, d’une La géologieparticulière desplansdeCanjuers avec ses légendaires Explications parmi leslégendes populaires. scène un berger. Il indiqueque le conte était narré en famille, général, et promoteur du tourisme dansle Verdon, met aussien J. Font (1901-1990), d’Eïlenc poète aiguinois,ancienconseiller sortie de la source. »Uneépopée amoureuse remaniée par femme, bonneàFontaine-l’Évêque, lesavaient récupérés àla le grand aven, jeté son chapeau et sonbâton deberger. Sa d’employés agricoles: «lemariberger àCanjuers avait, dans de Canjuers »,et rapporte unelégendeàpropos d’un couple d’une « nappe phréatique souterraine située sous le grand plan ressortis à Fontaine-l’Évêque. » J. Jaenichen parle quant à elle « lesanciensracontaient quedesmoutons noyés étaient J. Font remaniant d’Eïlenc, ce même récit en 1981, ajoute que reste undénivelé de360mètres pour atteindre l’exutoire. l’abîme mesure 103mètres deprofondeur, soulignant qu’il met enrapport l’aven et Fontaine-l’Évêque ennotant que orifices »par l’effet d’un dégagement debullesd’air. L’auteur projetant «des volutes d’eau à7ou8mètres au-dessusdes Lorsque laglaceserompit, ils’évida enune heure et demie, en souterraine

Bassin d’alimentation deFontaine-l’Evêque d’après Thérond. © Fonds EDF 3 . pensée comme unréseau souterrain, uneeau enmouvement. L’idée delacirculation decesobjets montre qu’elle est déjà précèdent aussil’explication savante del’origine de lasource. Si ces narrations se nourrissent dudiscours scientifique, elles ont été retrouvés àlasource deSorps». que «certainspetits objets abandonnéspar desspéléologues aven (1930 et 1958) ainsiqu’à celle deSorps(1966), indique quiaparticipéàl’explorationd’Eïlenc, spéléologique dugros dans l’imaginaire populaire, par un jeu d’appropriation. J. Font ces symboles pastoraux, lesspéléologues et géologuesentrent berger dansla version romantique deFont Enplusde d’Eïlenc. houlette, lechapeau,l’agnelle tombant dansl’aven, suivisdu les eaux.Biensouvent, ils’agit d’avatars dupastoralisme :la objets effectuant desitinérances souterraines, transportés par Sorps mettent enscènedespersonnages, desanimauxou et qu’une chèvre d’or s’y trouvait. Les récits légendaires liésà la source àlacampagnedeLaFare, del’autre côté du Verdon, En outre, à Fontaine-l’Évêque, on racontait qu’un tunnel reliait « Il y avait alors à Fontaine-l’Évêque un fermier et un moulin à farine et plusieurs lavoirs. Les jeunes filles de de filles jeunes Les lavoirs. plusieurs et farine à moulin un et fermier un Fontaine-l’Évêque à alors avait y Il « La légende deSorps, par J. Font d’Eïlenc. Bauduen venaient y laver chaque jour en portant leur linge sur la tête dans une corbeille d’osier. L’hiver les pâtres pâtres les L’hiver d’osier. corbeille une dans tête la sur linge leur portant en jour chaque laver y venaient Bauduen de Canjuers, eux, descendaient de leur haut plateau neigeux pour faire paître leurs brebis dans les pâturages pâturages les dans brebis leurs paître faire pour neigeux plateau haut leur de descendaient eux, Canjuers, de verts de la vallée du Verdon. Et souvent l’après-midi (…) des jeunes bergers venaient conter fleurette aux belles belles aux fleurette conter venaient bergers jeunes des (…) l’après-midi souvent Et Verdon. du vallée la de verts lavandières (…). L’un d’eux, qui s’était sérieusement amouraché de l’une (…), pour la convaincre de l’épouser l’épouser de convaincre la pour (…), l’une de amouraché sérieusement s’était qui d’eux, L’un (…). lavandières lui promit de lui envoyer une belle agnelle, l’été prochain, lorsqu’il serait retourné à la ferme de Basset, qui se se qui Basset, de ferme la à retourné serait lorsqu’il prochain, l’été agnelle, belle une envoyer lui de promit lui trouvait au milieu du Plan de Canjuers. En effet cette ferme (…) s’étend sur tout le quartier des Vessanes le plus plus le Vessanes des quartier le tout sur s’étend (…) ferme cette effet En Canjuers. de Plan du milieu au trouvait bas du Plan, où s’ouvre au centre le gros avenc, qui est comme un entonnoir. (…) entonnoir. un comme est qui avenc, gros le centre au s’ouvre où Plan, du bas Bref, notre pâtre amoureux, qui avait fait la promesse d’envoyer cette agnelle à sa future fiancée, imbu de de imbu fiancée, future sa à agnelle cette d’envoyer promesse la fait avait qui amoureux, pâtre notre Bref, savoir si la légende que les eaux de Canjuers ressortaient à Sorps s’imagina un matin du mois d’août, alors qu’il qu’il alors d’août, mois du matin un s’imagina Sorps à ressortaient Canjuers de eaux les que légende la si savoir savait que sa lavandière serait à Fontaine-l’Évêque l’après-midi à battre son linge au lavoir, d’aller jeter la pauvre pauvre la jeter d’aller lavoir, au linge son battre à l’après-midi Fontaine-l’Évêque à serait lavandière sa que savait agnelle dans le gouffre de l’avenc. Lorsqu’il arriva près de l’entrée du gouffre portant l’agnelle sur son dos, celle- dos, son sur l’agnelle portant gouffre du l’entrée de près arriva Lorsqu’il l’avenc. de gouffre le dans agnelle ci se débattit si violemment effrayée d’apercevoir l’abîme (car les animaux reniflent le danger du vide) que dans dans que vide) du danger le reniflent animaux les (car l’abîme d’apercevoir effrayée violemment si débattit se ci une lutte entre l’agnelle et le pâtre voici ce qu’il arriva : le pâtre dut lâcher son bâton (la houlette) pour vouloir vouloir pour houlette) (la bâton son lâcher dut pâtre le : arriva qu’il ce voici pâtre le et l’agnelle entre lutte une la rattraper avant qu’elle tombe dans l’avenc, le mistral soufflant fort, ce jour-là, emporta son chapeau et dans dans et chapeau son emporta jour-là, ce fort, soufflant mistral le l’avenc, dans tombe qu’elle avant rattraper la un geste malheureux pour rattraper les deux il fit tomber l’agnelle dans le gouffre et trébuchant s’y précipita précipita s’y trébuchant et gouffre le dans l’agnelle tomber fit il deux les rattraper pour malheureux geste un lui-même. La lavandière de Sorps toute prévenue était assise sur le parapet de la source, pieds nus en attente de recevoir recevoir de attente en nus pieds source, la de parapet le sur assise était prévenue toute Sorps de lavandière La l’agnelle. Soudain elle aperçut le bâton qu’elle rattrapa dans l’eau courante, puis ce fut le chapeau qui précédait précédait qui chapeau le fut ce puis courante, l’eau dans rattrapa qu’elle bâton le aperçut elle Soudain l’agnelle. l’agnelle toute mouillée, bêlant au secours. Et lorsque dans ses bras la caressant tendrement elle se sentit sentit se elle tendrement caressant la bras ses dans lorsque Et secours. au bêlant mouillée, toute l’agnelle prise à bras le corps, une main humide sur son sein. Elle allait crier apeurée, quand son amoureux berger, ses ses berger, amoureux son quand apeurée, crier allait Elle sein. son sur humide main une corps, le bras à prise lèvres sur sa bouche la fit soupirer d’amour. Et quand vint l’hiver au retour des bergers à Fontaine-l’Évêque ils ils Fontaine-l’Évêque à bergers des retour au l’hiver vint quand Et d’amour. soupirer fit la bouche sa sur lèvres s’épousèrent. (…) » (…) s’épousèrent. lac deSainte-Croix lereflet du«lac»souterrain quil’alimente. réservoir intérieur ».Onpeut aussi,aujourd’hui, imaginer dansle de créer, danslescavités naturelles dece terrain unimmense du spéléologueE.-A. Martel en1905:«rechercher lapossibilité Sorps, ainsiqu’à l’un desobjectifs delamissiond’exploration évidence dans le fonctionnement del’aquifère karstique de L’image dulacrenvoie quant àelleauxréservoirs misen d’adduction, permettent de vérifier l’hypothèse. la toute fin duXIX E. Garcin. Les observations scientifiques quidébutent dès était ancienne, déjà mentionnée en 1835 par le lexicographe L’hypothèse d’une alimentation delarésurgence par Canjuers e siècle, commandées par les projets 61 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON reste un«point d’interrogation »pour lesingénieurs. l’aménagement hydroélectrique du Verdon, Fontaine-l’Évêque impact sur laqualité hygiénique deseaux.Onne savait pas, du régime deseauxsouterraines par laretenue, ainsiqueson Les inquiétudes portaient sur d’éventuelles perturbations plusieurs reprises àpartir de1924. souterrain desonréseau d’alimentation, qui fut examiné à la source, ellessoulèvent laquestion du fonctionnement demandent desconcessionsdechutes. Prévoyant denoyer barrages-réservoirs sursouterraines le Verdon, descompagniesd’électricité eaux des Suite àla loidu5avril 1923prévoyant laconstitution de rencontre la de problème Le Dans lasecondemoitiéduXX un «point d’interrogation »pour EDF La rencontre deseaux : et des futures eaux lacustres lacustres eaux futures des et sont mis endoute pour cause de «pollution par flocons brisés » (Fonds EDF). l’information a été mise en doute par EDF. La coloration de 1952 est positive aux sources de Bresc, mais les résultats de la coloration suivante, en 1953, également positifs, 29. Information évoquée par lepropriétaire du domainedeBresc ainsiquedans plusieurs rapports d’EDF (1946, 1952,1953). Unrapport delaDDAF du Var indiqueque 28. Les grands projets. Le barrage du Verdon. Aimé Blanc,Bauduen, le 23avril 1954. 29. Archives communalesdeBauduen. © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Plan deSorps tiré deMartel, 1905. e siècle, alors quel’EDF s’affaire à multiplièrent. l’ingénierie, et les études hydrogéologiques menéespar l’EDF se perdura. Delaspéléologie, l’expertise passa dansledomainede Malgré lesprogrès techniques, lemystère deseaux souterraines du futur réservoir était doncaucœur despréoccupations. provenance d’un grand nombre d’agglomérations. » eaux limoneuseset contaminées par leseauxrésiduelles en lac artificiel(…),seseaux transparentes seraient mélangéesaux lettre dumaire deBauduen:«(…)dansl’immensecuvette formant deviendra unargument contre leprojet debarrage, dansune hydroélectrique danslaplainedesSalles-sur-Verdon, l’idée du Verdon. En1954,alors quel’on projetait leréservoir projets decaptage, allait être menacéepar leseaux troubles La pureté delaFontaine, celle-làmêmequiavait entraîné les préservation desesqualités hygiéniques. de laretenue avec cellesdelasource soit incompatible avec la par conséquent, onredoutait quelacommunication deseaux alors, sileseauxduréservoir pourraient servir àlaboisson,et aux sources deBresque et àSaint-Barthélémy, etc. à Fontaine-l’Évêque, maiségalement danslebassindel’Argens, coloration pratiqués sur l’Artuby ayant débouché non seulement sources duhaut Var étaient par exemple àcraindre, lesessaisde (anciennes, temporaires ou fossiles). »Desinfiltrations vers les éventuellement mettre encirculation, denouvelles résurgences jeu des volumes nouveaux, changer larépartition desdébitset, résurgences (Fontaine-l’Évêque et Garruby), pouvait mettre en « lamiseeneau,remontant leniveau debase toutes ces saturant leréseau. Comme lerésume unrapport de1976, par exemple en période de crue lorsque la retenue serait pleine, cuvette était possiblepar d’autres conduitskarstiques, comme réserve :undéversement deseauxsouterraines hors dela sous 70mètres d’eau. Oncraignait undéficit d’apport àla deux eaux sur le réseau d’alimentation de la source, submergée Le nœuddel’affaire portait sur lesconséquencesducontact des sur lacirculation deseauxdel’aquifère karstique ? autre incertitude:quelsseraient leseffets dela future retenue stockée pourrait être potabilisée. Elleconfirma cependant une Cependant, dès1932,unecommissionavait tranché quel’eau l’Évêque se viderait danslelacousi se viderait dansFontaine-l’Évêque. Ilsnesavaient passiFontaine- 29 28 L’étanchéité

P. V. P. l’équipe ducommandant Cousteau. La «salleduZodiac »est privée marseillaise fondée en1962par unancienmembre de la Compagne maritime d’expertises (COMEX), unesociété l’année suivante, sur demandedel’EDF, par desplongeurs de août 1966,àl’occasion d’un débit très bas.Ilssont relayés effectue lareconnaissance de100mètres deconduitsen est l’œuvre dugroupe despéléologiebelgeNamur, qui permettant de connaître le degré de ramification du réseau de Vaucluse en 1955.Lapremière progression significative rencontre unéchec,maisréussit àpénétrer dansla fontaine L’année suivante, lecommandant Jacques-Yves Cousteau y conduit sur 22 mètres, profitant d’un débit d’étiage de 3 m 1952, uneéquiped’EDF nommée«lescastors »pénètre dansle Joly, réussit às’introduire dansle conduit.Le 25septembre effectuées. Dès1928, uncamarade d’E.-A. Martel, Robert de Plusieurs reconnaissances delasource enplongée furent © Fonds EDF © Fonds EDF une embarcation dansl’exutoire. 1952. L’équipe EDF desCastors tente de faire pénétrer Croquis issud’un rapport EDF. 3 /sec. simulé atteint 465mètres, pour 13 m une voûte enbéton. En1968, aucours del’expérience, leniveau réseau souterrain, en fermant l’écoulement delarésurgence par Il s’agissait d’élever artificiellement leniveau d’eau àl’intérieur du à simuler lamiseencharge duréseau d’alimentation delaFontaine. l’expérimentation :lesingénieurs conçurent uneexpérience visant la cuvette restait à vérifier. Pour cela, on passa de l’explorationà Cependant, l’hypothèse d’un écoulement delasource hors de galeries enparvenant àdescendre 47mètres sousl’exutoire. formant la rivière souterraine, et topographieront 550 mètres de Ils découvrent tout unsystème deboyaux, desalles,puits périple conduit les plongeurs àlasalledite delacathédrale. de départ présentant toujours desdifficultés depassage. Le d’une galeriecreusée pour y accéder directement, lesiphon relevée et l’exploration sepoursuit àpartir decelle-ci,àl’aide © Fonds EDF © Fonds EDF Coupe verticale duconduit menant à l’exutoire. Emplacement delagaleried’accès. 3 par seconde. 63 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON de lasource était resté inchangé. 1976, après leremplissage, queleréseau hydrologique naturel le versant supportant le village deBauduen.Elle concluera en L’EDF redoutait quecesexsurgences arbitraires surgissent dans surface dulac,àproximité deSulagran. durivage delapresqu’île de fortes pluies, voir leremous provoqué par ce «griffon »àla à l’aplomb desanciensexutoires. Onpeut aujourd’hui, après constata denouveaux points dejaillissement delaFontaine, de la nappe souterraine) du réseau karstique augmentant, EDF Au cours du remplissage, en 1973-74, la piézométrie (niveau soit nommé«barrage deFontaine-l’Évêque ». le conseilmunicipaldeBauduendemandequebarrage définitif comme l’attachement desBauduennoisausite, puisqu’en 1963, la placeimportante delasource danslaconception duréservoir, premières cartes dressées par l’EDF, Fontaine-l’Évêque, montre dernière àêtre réalisée sur le Verdon. Le nominitialdulacsur les Du fait decesincertitudes,laretenue deSainte-Croix sera la était créé sur unepartiedupérimètre d’alimentation. d’environ 1milliondem le risquede fuite, et quele volume mobilisédansleréseau, et la Fontaine étaient alimentés par un seul aquifère, infirmant On conclut quelesGarruby (qui réagirent àlamiseencharge) 761 millionsdem était insuffisant pour impacter le réservoir deSainte-Croix, de

exsurgence à lasurface dulac. Vue et détail duremous causépar unepetite © Fonds EDF . © Photo P. Borgard Schéma del’expérience. 3 . Deuxansaprès, lecampmilitaire deCanjuers 3 (chiffre variable selon les rapports), 30. Niveau © Archives communales, Bauduen concession et dedéclaration d’utilité publique, Electricité deFrance. Plan des terrains submergés àlacote 496,5. Demande de sous l’effet delapression, et quellessurprises réservait la posés par la future retenue : oùirait l’eau delaFontaine barrage, connaissait déjàlesdeuxpoints d’interrogation Bauduen ?En1954,Bauduen,protestant contre leprojet de Bauduen de l’engloutissement. La Fontaine a-t-elle « sauvé qui est la cause deladécote dulac, et qui aurait ainsi épargné présence deFontaine-l’Évêque et desonaquifère karstique Cependant, pour leshabitants deBauduen,c’est bienla fissurations). donnait également desindicesd’instabilité (chutes debloc, géologique sur laquelleest implanté le village deBauduen barrage s’avéraient instables àlacote 496,50. Lastructure cote retenue n’était pasdéfinitive. Les rives auxabords du indique quesuite àdesréserves d’ordre hydrogéologique, la archives d’EDF et auprès d’anciens agents delacompagnie Quelles en furent les raisons ? L’enquête menéedansles à 85m,laissant Bauduenhors d’eau. préféra finalement descendre lacote à477m, et lebarrage par unbarrage de100mètres de hauteur. Cependant, on cote 400, point oùseraient restituées leseauxau Verdon. À la une hauteur dechute compriseentre lescotes 496,50et Electricité deFrance àpartir de1960, prévoyait d’utiliser Le projet delaretenue dite deFontaine-l’Évêque, conçupar Serre-Ponçon, avec lestockage de1200millionsm L’ambition duprojet avoisinait le volume delaretenue de immergé. Bauduen sauvé par Fontaine-l’Évêque ? 30 496,50, le village deBauduendevait être entièrement » » 3

qu’une retenue à500. » ou 480impliquedesrisquesde fuite nettement moindres en charge) indiquequ’« ilest certainqu’une retenue à470 des eaux.Seulunrapport de1966(avant l’essai demise modification notable n’était àprésager dansl’écoulement l’essai demiseencharge del’aquifère conclut qu’aucune la décote dulacapour causel’instabilité desrives, et Aucun rapport consulté dansle fonds EDF nelementionne : question del’étanchéité delacuvette dulacet sadécote ? hors delacuvette ?Ensomme, y a-t-il unlienentre la mise enpression delasource, et ainsiéviter sonécoulement la retenue ? Aurait-on abaisséleniveau dulacpour réduire la l’instabilité desrives, et cesinquiétudes sur l’étanchéité de initial debarrage suite auxproblèmes géologiquesposéspar habitants ont-ils fait un amalgame entre la décote du projet nature accidentée du terrain constituant lacuvette ?Les de 1967-68 revoir leniveau delaretenue àlacote 477. Et dansuneétude ce sont bienlesessaisdemiseencharge de1968qui font permis degarder Bauduenhors d’eau. un rôle central dansladécote dulac,et a,par conséquent, Pour leshabitants deBauduen,lasource aen tout casjoué et lesobservations effectuées sur l’aquifère delaFontaine… de Bauduen.Il y aurait doncbien unlienentre ladécote dulac des eauxaularge »,et permettait desauvegarder le village des rives dubarrage, évitait le«risquede contournement la stabilité des falaises depoudingueSainte-Croix et celle nombreux problèmes géologiquesposéspar lelac,comme explorations desplongeurs, lacréation delaretenue était Outre lesexpérimentations médiatisées d’EDF et les autres communesdusyndicat. son eaunesemêleàcelledu Verdon, pour être acheminée vers les et Moissac-Bellevue (et partiellement Aups et ), avant que forage. Aujourd’hui, Fontaine-l’Évêque alimente Bauduen,Baudinard un phénomèneartésien :l’eau jaillit naturellement auniveau du des communes. Aux plushautes eauxdulac,lapression provoque contact avec celledelaretenue, afin decompléter le ravitaillement alimentant lasource enévitant leszones oùsoneaupouvait être en des besoins,onentreprit, dèslesannées1990, de forer le réseau . Après la sécheresse de 1981 et suite à l’augmentation autrefois approvisionné par lanappealluvialedu Verdon prélevée à neuf communesduSyndicat Intercommunal duHaut Var (SIHV), Aujourd’hui, Fontaine-l’Évêque alimente bieneneaupotable les par captage, puispar submersion, ont fini par seconcrétiser. Les différentes manières dont on projetait de prélever la source, 33. Agrandissements des boyaux àlamine, essais demise encharge, etc. 32. Renucci, 1967-68 31. Fonds EDF, 1966 32 , onpeut lire quelacote 481,70 résolvait de 31 Cependant, pour L.Poncin (2015), actuellement sur le Verdon. provoquer lacréation desbarrages-réservoirs quel’on connaît centres urbains,généra denombreux conflits, et contribua à du site deSorps,dont l’eau, enexcitant laconvoitise des jusqu’à l’aube delasubmersion. Ainsi s’acheva l’histoire syndicat dedéfense quiluttacontre leprojet d’aménagement Le dernier propriétaire deFontaine-l’Évêque fut membre d’un le sait,àsemuer en«cuvette »,nese fera passansheurts. physique. Et lamiseeneaude vallée, destinée, commeon la Fontaine restait insaisissableau-delàdel’exploration débit, tandis quelecheminement souterrain deseauxde En effet, l’aménagement du Verdon visait àréguler son de l’aquifère s’avère plusindomptable quecelledu Verdon. présidèrent à la mise en eau montrent que l’eau souterraine pionnière danslecontexte karstique. Les longuesétudes qui Conclusion :l’eau vive et lelacartificiel explorations Œuvre dukarst, sonexutoire apourtant été par modifié les entre l’eau naturelle artificiellement conduite par l'homme. et desoneau«morte ».Larésurgence interroge la frontière profondément aménagépar l’homme, celuidulacartificiel souterraine sourd aujourd’hui ausein d’un environnement tant que lieu chargé d’histoire humaine. Cependant, l’eau Il n’y aplusde traces visibles deFontaine-l’Évêque en n’estpas terminée. à voir de tout cela…Maisquelles truites !!!... » L’histoire deSorps en 1857, parlant delarésidence de l’évêque, qu’« iln’y aplusrien conclure, pour lesite entier, commel’avait fait J.-B. Jaubert la vallée, l’attachement à un lieu qui n’existe plus. Peut-on que lieu englouti, Sorps nous questionne sur la mémoire de ceux quiont connuson flot remarquable et fertile. En tant La source submergée laisse aujourd’hui unsouvenir émuà des captages.

Croix, Fontaine-l’Évêque enarrière-plan. Construction dupont enprévision delaretenue deSainte- © D.R. Fonds Aillaud 33 et est aujourd’hui aménagépour permettre 65 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON le grand voyage deseaux Par-delà leVerdon : Chapitre 3

Eau delasource duPlan,Ginasservis ©Photo P. Mayer ont-ils jouédans cette évolution ? ces sociétés àl’eau, principalement d’irrigation, et quelrôle aménagements témoignent-ils d’une évolution durapport de infrastructures hydrauliques ?Dansquelle mesure cesgrands régionaux ont-ils eusur lessociétés dubas Verdon et sur leurs canal deProvence, quelsimpacts lesgrands aménagements les zones riveraines ducours d’eau. Du canaldu Verdon au qui aprovoqué desbouleversements considérables dans du bassinhydrographique du Verdon par lamain de l’homme, Ces dérivations importantes signent l’extension artificielle du-Verdon, ainsiqu’à lamiseenplaceducanaldeProvence. retenues de Gréoux-les-Bains, de Quinson et de Sainte-Croix- connaissons aujourd’hui, aconduit àlamise en eaudes agro-industriel régional dit «Durance-Verdon »quenous d’Aix). Après laSecondeGuerre mondiale, l’aménagement siècle, avec laconstruction ducanal Verdon (dit aussicanal La métamorphose profonde delarivière auXX grande transformation. l’histoire du Verdon commeautant d’étapes précédant sa nous avons, augré ducourant, abordé plusieurs aspects de propriété et ledroit dedériver l’abondante Fontaine-l’Évêque, de l’Issoleet du Verdon auxpremières revendications sur la De ladensehydraulique déployée aupoint deconfluence transferts d’eau enProvence dèslasecondemoitiéduXIX La rivière du Verdon s’est inscrite dansl’histoire desgrands de plusenlarges. l’eau deplusen techniques, pour desservir des territoires des procédés decaptation, de transport et destockage de méditerranéen, apoussé lescommunautés humainesàimaginer ou par sonabsence. Cette conditiondel’eau, propre auclimat vaste de la Provence, où l’eau commande la vie par sa présence résultat d’une histoire complexe, quirenvoie à l’espace plus e siècleest le e

67 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON notamment auseindes systèmes agraires. à l’origine d’un fait social important :celuidupartagede l’eau, pouvoir l’utiliser en période de sécheresse. Cette nécessité est à stocker l’eau par différentes techniques, afin decontinuer à des sociétés provençales est-il de chercher, une fois captée, Le cours du Verdon sedéploiedanslesPréalpes méridionales Le régime deseaux danslesPréalpes duSud objet deconflits, commeunsupport decoopération. symbolique et matérielle. Saquête, làoùelle fait défaut, est un à laressource hydrique, objet d’une appropriation àla fois Cette composante est àl’origine d’un rapport particulier contexte climatique méditerranéen, celuidelapénuried’été. des retenues, l’accès àl’eau était fortement déterminé par le la Durance et du Verdon nesegénéralise avec laconstitution l’eau auseindelaProvence. Avant quel’usage desrivières de Les grands transferts d’eau ont redessiné lagéographie de les zones montagneuses (Durance, Verdon et Var) cours d’eau alimentés par desprécipitations importantes dans des réserves souterraines karstiques oualluviales, mais aussi de ressources, comme laprésence duRhôneainsiquel’importance régularité fait défaut. Larégion bénéficie en effet d’abondantes Provence, l’eau est bienprésente en quantité suffisante, seulesa de crue, des torrents dévastateurs. Si, dans le sud-est de la parfois àsecdurant l’étiage d’été, ellespeuvent devenir, encas Les rivières possèdent en outre unrégime torrentiel. D’un lit dans leszones dépourvues deressources suffisantes. les communautés humainesà transférer l’eau desmontagnes peut assurer desbesoinseneaualors àleur maximum,aconduit d’eau. C’est ainsiquelerégime descours d’eau, quienété ne souvent pourvues de reliefs pouvant faire office de châteaux Malgré lasécheresse, les régions méditerranéennes sont et l’hiver sont lessaisonsdesbasseseaux. l’automne, alimentées par desépisodespluvieux, tandis quel’été été. Ainsi, leshautes eauxsurviennent-elles auprintemps et à Son trait le plus marqué est l’importante période de pénurie en modestement alimenté par la fonte desneigesauprintemps. est marqué par l’irrégularité. Le régime desrivières y est pluvial, Dans ledépartement desBasses-Alpes, lecontexte hydrique différenciées desPréalpes dunord par leur climat méditerranéen. 3. Blanchard, 1945: 101-102 2. Nicod, 1980 1. D’après l’expression de R.Blanchard, 1945 1. PETITE GÉOGRAPHIE DES RESSOURCES EN EAU 2 . Ainsi le lot 1 , haute Provence dela fin du XIX sont propices à donner des récoltes rémunératrices. Dans la contient. Dèslors, les terres arideset sujettes àlasécheresse plantes, maiségalement de fertiliser lesolpar les matières qu’elle non seulement d’apporter l’eau nécessaire à la croissance des Le développement desirrigations XIX d’arrosage. Cette technique est miseenavant tout aulong du fèves). Maisellesont aussimisenplaced’ingénieuxsystèmes olivier), ouayant fini decroître à la finduprintemps (céréales, les cultures sèchesaptes àendurer lapériodeestivale (vigne, des irrigations. Les sociétés méditerranéennes ont développé La sécheresse duclimat provençal aconduit àun fort déploiement goutte, maisoùdumoinspasune goutte n’est perdue. » soigneusement recueillie (…)Ils’agit d’une irrigation aucompte- insignifiant suintement est utilisé, l’eau des fontaines de village dès qu’une source àpeuprès pérenne y flue àl’amont ;leplus d’humidité est exploité :«(…)lemoindre thalweg reçoit sapart, rivière, d’une source, d’une citerne ou d’un puits.Chaque recoin ont ainsiété développés, qu’elle soit dérivée àpartir d’une les campagnes.Différents moyens deconduire l’eau àla parcelle canaux, alors mêmequ’une baissedémographique sévit dans dans lesplainesalluviales,àgrand renfort dedigueset de déprise agricole, cequiexplique enpartiel’essor desirrigations est mêmeperçue commeunremède à ladépopulation et àla

L’eau delaFontaine duPlan,Ginasservis. © Photo P. Mayer e sièclecommeunmoyen d’intensifierpermet l’agricultureelle : e siècle, cette intensification 3

le plus touché par lesefforts d’irrigation dèsleXIX considèrent cette vallée commelesecteur Provence haute la eau vers lesplainesdelaCrau. De fait, lesgéographes de la fin duXIX développés à partir de multiples petits réseaux. Ce n’est qu’à arrosages, àl’imagede toutes les Alpes duSud,s’y sont en comparaison desrivières situéesaunord des Alpes. Les à farine, à huile, à foulon et àpapier, est restée modeste qui se traduit essentiellement par l’implantation de moulins Quant au Verdon, l’industrie établie à partir de sa force motrice, XIII du XVI Verdon. dit d’Aix, lapremière grande entreprise de transfert d’eau du Puis, dèsleXVIII sources. à échelle très localisée, dérivés de petits cours d’eau et de canaux s’organisent d’abord ensystèmes d’irrigation gravitaire L’histoire del’irrigation est doncancienneenProvence. Les XII est dérivée dèsl’époque médiévale, commeàCavaillon, au figurent lesrivières delaDurance et du Verdon. LaDurance Parmi lesressources fluviales exploitables enProvence, d’irrigation permettra derallonger lecalendrier agricole. potagères et le foin. Désormais,l’accroissement dessystèmes de terre, les cultures fruitières et maraîchères, les graines l’amandier et l’élevage ovin, seront devancées par la pomme céréales, lemûrier (élevage des vers àsoie), la vigne, l’olivier, les anciennescultures nécessitant peud’eau, telles queles mutations agricoles.Danslespérimètres désormaisarrosables, Ce développement des irrigations est à l’origine d’importantes de Manosque. mais aussi, sur la Durance, des canaux de Ventavon, de Gap, et du canaldePontoise àGréoux-les-Bains et Vinon-sur-Verdon, du canal Verdon àLaMure-Argens et Saint-André-les-Alpes, bassin alluvial.C’est par exemple lecas,sousSecondEmpire, l’emplacement deleur prisepermet demettre en valeur tout un désormais sur plusieurs communes, leur débit s’accroît, formalisent enassociations syndicales. Les canauxs’étendent aménage et règlemente, lescommunautés d’irrigants se notamment desplainesalluviales(essor desdigues). L’État s’inscrit dans un élan général de mise en valeur des territoires, travers d’un périmètre plus vaste. Cette grande hydraulique à partir des rivières pour permettre d’acheminer l’eau au 5. Entretien àGinasservis 4. D’après l’expression delagéographe D. Larcena e e siècle avec lecanalSaint-Julien, et àChateaurenard au siècle. La première réalisation àgrande échelledate e siècle, lorsque lecanaldeCraponne conduit son e sièclequesurvient, avec laconstruction ducanal e siècle, degrandes dérivations sont établies e siècle. une «hydraulique depiémont » L’eau danslebas Verdon : surplus, une valorisation àlamaison.» entendu dire qu’à Esparron la grosseur de la citerne donnait un un transporteur quiacheminait l’eau desource. « J’ai toujours voisins, onse souvient qu’elles étaient réapprovisionnées par l’eau depluie, fournissent del’eau fraîche enété. Dansles villages situés danslescaves desmaisons.Les citernes, alimentées par les déplacements auseind’un quartier. Les puitsprivés sont situation decarrefour, àlacroisée deschemins,et structurent Plan, encontrebas decelui-ci.Les puits communauxsont en située au cœur du village, et l’autre, la fontaine-lavoir dite du communaux, à despuitsprivés, ainsi qu’à deux fontaines, l’une boisson, cuisine, lessive) sebornent avant 1875à despuits À Ginasservis,lesressources eneaudomestique (eau de dérivations ? du bas Verdon avant lesréseaux d’adduction et lesgrandes réparties ?Comment captait-on l’eau danslescommunes déjà existantes. Quellesétaient-elles et comment étaient-elles n’ont passupplanté, maiscomplété desressources eneau puisée hors deleur territoire. Cependant, les grands canaux Verdon, quibénéficieraient désormaisd’une ressource pérenne systèmes agraires et urbainsautrefois dépourvusd’accès au en placed’une hydraulique àportée régionale transforma des l’intermédiaire descanauxdePontoise et deNoirel, lamise de transporter l’eau du Verdon àl’échelle d’un bassin par Si Gréoux-les-Bains et Vinon-sur-Verdon avaient déjàentrepris

Puits àGinasservis. © Photo P. Mayer 5 4

69 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON au XVIII source deLaFoux situéeausuddecelle-ci.Elleapprovisionne Dans laplainede Valavès, l’eau d’irrigation est fournie par la à l’eau était-il précaire. sévères, ellenesuffisait plusauxbesoinsdu village. Ainsil’accès du Planquilesremplaçait. Cependant, dansles sécheresses Les puits tarissaient régulièrement, et c’était alors la fontaine la lessiveuse était ainsil'objet d'un pénible trajet. captée par unemined’eau ougaleriedrainante. Le transport de du village, elleest alimentée par lasource duPlan,quiest répartition delaressource eneau.Situéeàenviron 1kilomètre La fontaine duPlanest l’édifice leplussignificatif de l’ancienne pouvoir être arrosés sur lacommune. lopins, fruits de la division parcellaire de terrains autrefois seuls à vivriers deshabitants. Ilssesouviennent y avoir travaillé d’étroits les quartiers irrigués,celuidesFaisses concentrait lesjardins le ruisseaudela Vabre, alimenté par le vallon deLaMaline. Parmi © D. R. Fonds A. Marion / H. Philibert Fontaine duPlan. charrette pour descendre lelinge sale. Entretien avec Hervé Philibert,Marc Aubert, Jean Brondino qui allaient travailler dansleschampsen e siècleunmoulinet unpetit réseau gravitaire quirejoint Les femmes profitaient des gens et DenisMaurel, Ginasservis,2018. canal du Verdon.canal Son alimentation sera modifiéeen1888, après lamiseeneaudu maire pour «procurer àl’habitation deseauxplusabondantes ». une minedès1816suite àdes fouilles effectuées àl’initiative du située face àlamairie. Cette fontaine fut approvisionnée par alimentation de la fontaine de la place principale du village, hivernale oulors de fortes pluies.Ellecorrespond àl’ancienne le mont Carmel,approvisionnée par intermittence, enpériode Ginasservois ont gardé lesouvenir d’une galeriecreusée dans D’autres minesd’eau étaient présentes au village. Les © Archives communales de Quinson. © Archives départementales du Var – 2Op66_5. Plan d’une galeriedrainante alimentant unpuits,1871. E. Fontaine. F. Ancienne conduite. Ginasservis, 1845. A. Puits.BàC. Galeriedrainante oumined’eau. Détail del’alimentation dela fontaine delaplaceprincipale véhiculé la typhoïde et emporté l’institutrice du village. une source surnommée«l’empoisonneuse »après qu’elle eut à l’exemple dulavoir desFontettes (Saint-Pierre), alimenté par sanitaires tels quelesmaladiesinfectieuses véhiculées par l’eau, À ces difficultés d’acheminement, il faut ajouter les problèmes attribué aux difficultés à y faire venir l’eau. Ce système, inventé à la fin du XVIII succès –d’y élever l’eau aumoyen dedeuxbéliers hydrauliques. de petits édifices attestés dèsleXVII des citernes individuellesoucollectives. Lasource alimente captée aupieddu versant nord dupromontoire, ainsiquepar Quant au vieux village, ilétait doncapprovisionné par unesource ampleur. semble pasavoir bénéficié d’un réseau d’irrigation degrande ruisseau deMalavasse, alimentait unmoulinà farine, ellene Cependant, hormisle vallat deBeaucasqui,prolongé par le ont ainsiété aménagésaubénéfice desdifférents hameaux. alimentés par des sources et des puits. Pas moins de dix lavoirs à laplainejalonnéedepoints d’eau variés, fontaines et lavoirs l’approvisionnement eneau y sont séculaires, contrairement vallons cultivés, et parsemé de38hameaux.Les difficultés de monticule, domineun territoire composédecollineset de au nord par le Verdon, l’ancien chef-lieu, perché sur son dans des villages voisins. À Saint-Julien-le-Montagnier, bordé La technique desgaleriesdrainantes ouminesd’eau existe le déperchement du vieux village, dèsla fin duXIX sous lapression engendrée et lesystème fut abandonné. Aussi Lucien Perrimond. Mais la conduite en poterie ne résista pas le-Montagnier, il fut promu et financé par unhommed’église, motrice par provocation d’une ondedechoc. À Saint-Julien- est attestée auXVII recherche depoints d’eau sur lepromontoire du vieux village représentait une véritable corvée enhiver commeenété. La abreuvoir, uneglacière, et autrefois unappentis. Sonaccès stockage, une fontaine dont lasurverse alimente unlavoir, un 6. Jolly,2002 e siècle, maison tentera auXIX e siècle, générait une force e siècle:unréservoir de e e siècle–sans siècle, est-il

sans fin munie degodets quipuisent l’eau dansle puits. la traction animale, lesystème élève l’eau àl’aide d’une chaîne Noria àSaint-Julien-le-Montagnier. L’axe central est actionné par © Photo P. Mayer. Moyen-Orient et datée du II de cette technique est attribuée aux Arabes du pays duMahgreb. D’origine incertaine, ladiffusion des pays aussi variés que l’Afghanistan, l’Iran, les pour lesrégions auclimat chaudet sec,dans technique des galeries drainantes est connue L’exploitation des nappes souterraines par la Les mines d’eau décorum àsonlieuderecueillement et pourtant offerte auregard dansunsoigneux locale del’eau, dissimuléeàsonpoint decaptage, ont vu danscesystème lesupport d’une culture fontaines, ouservir àl’irrigation. Certains auteurs différents édifices,commedespuits oudes complété par d’autres réseaux et approvisionner Elle permet d’alimenter unréservoir quipeut être permet d’éviter l’évaporation liéeàlachaleur. captation deréserves souterraines, la technique une fois l’ouvrage achevé, d’entretien. Outre la but d’aération, d’extraction dematériaux puis, de communiquer avec lasurface dusoldansun par gravité, est jalonnée de puits.Ils permettent La galerie, qui conduit les eaux jusqu’à la surface massifs calcaires oùs’infiltrent leseauxpluviales. souterraine, les aquifères constitués dans les notre ère. Elleconsiste àdrainer, par unegalerie e millénaire avant 6 . 71 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON d’eau du Verdon hors de sonbassin versant. grande hydraulique fluviale que va s’opérer lepremier transfert versants. C’est danscecontexte dedéveloppement d’une et, avec lesdébutsdel’exode rural, àl’abandon progressif des du XIXe siècle va conduire àunessor del’agriculture deplaine l’hydraulique fluviale quisedéveloppe danslasecondemoitié des collinesàl’aide de terrasses decultures. Au contraire, ont conduit àétendre lepérimètre cultivé par l’aménagement d’anciennes périodesd’accroissement démographique qui « techniques depiémont ».Ellespeuventde être affiliées à et puisant danslessources, lespuits,galeries,autant les cours d’eau, et celledescollines,drainant l’eau desmassifs La géographe D. Larcena distingue l’eau desplaines,captant moyens financiers et uneconcentration foncière importante. émane d’une logiqued’investissement individuelinduisant des plaines nécessite unepolitiquecollective d’aménagement, ou hydraulique depiémont, l’hydraulique fluviale déployée dansles Provence (voir bibliographie). (voir Provence de la fin duXIX intermittents enpériodeestivale. Avant lesgrandes adductions souterraines et pluviales,lescours d’eau étant maigres et On remarque quelesressources employées sont principalement au cœur des villages, faisaient l’objet depénibles trajets. l’espace, et les fontaines et lavoirs, quiétaient rarement situés l’eau domestique commeagricoleétait inégalement réparti dans surverse des fontaines, àdespuitsouréservoirs. L’accès à soit associésàdesmoulins(canaux dits«dumoulin»),àla l’emplacement des points d’eau. Les canaux d’irrigation étaient et industriels. L’arrosage était déterminé par la topographie et pluviale, pour leurs besoins aussi bien domestiques qu’agricoles d’eau, l’eau souterraine dessources et desnappes,ainsiquel’eau ressources aussidiverses quel’eau desurface despetits cours ne pouvaient pasbénéficier del’eau du Verdon ont utiliséles hydrauliques, corollaire delapénuried’eau. Les communesqui le caractère très localisé de la ressource et des ouvrages La diversité desmanières decapter et depuiser l’eau reflète 9. Lacommune d’Aix-en-Provence sera communément désignée par Aix. principalement tirées del’ouvrage de Michel Jean, 8. Les donnéesconcernant lagenèsedes canaux du Verdon et deProvence sont 7. Larcena, 1999:121 de leur savoir-faire technique. » mêmes leur terroir en fonction des possibilités naturelles et que depetites communautés paysannes ont «organisé elles- petits aménagements hydrauliques disparates, quimontrent e siècle, les villages semblent doncparsemés de 7 Au contraire decette culture Les architectes de l’eau en en l’eau de architectes Les Quelques dizainesd’années plus tard, c’est doncpar la volonté 83 km, fut réalisé et mis eneau1849. Verdon. C’est ainsiquelecanaldeMarseille, d’une longueur de Durance, et celled’Aix àdériver leseauxdelaDurance oudu 1838, quiautorisait la ville deMarseille àdériver leseauxdela villes conduisirent legouvernement àpromulguer laloidu4juillet propres, sansdesservir Aix. Denouveaux conflits entre lesdeux sévissait sur son territoire, décidad’agir pour sesintérêts au financement ducanal, et pressée par lasécheresse qui Marseille, face àlaréticence desautres collectivités àparticiper d’un négociant marseillais, Bazin, finit par être plébiscité. Mais et promoteurs établirent denouveaux projets. En 1834, celui Suite àla sécheresse survenue àMarseille en1818, ingénieurs assurée par unseulouvrage, qu’on imaginait mêmenavigable. deux villes était penséedemanière indissociable. Elledevait être envisagèrent successivement deladériver. L’alimentation des illustres qu’Adam deCraponne, Peyresc, Vauban et Floquet, que lescompétences ducorpsd’État desPonts et Chaussées nécessite une cohésion politique, un financement public ainsi de l’ouvrage, commandépar lamunicipalité d’Aix-en-Provence, nom decanald’Aix, lagestion del’eau changed’échelle. L’ampleur Avec la construction du canal du Verdon, aussi connu sous le aqueduc drainant lesnappessuperficielles. DèsleXVI de quelquessources ainsique des eauxapportées par un ressources locales, constituées de puits et deciternes privées, canal deMarseille en1849, cette ville nebénéficiait quede en eaudes villes d’Aix et deMarseille. Avant lamiseen eaudu Son origineest àrechercher dansl’histoire del’approvisionnement Genèse ducanal Verdon, ditd’Aix de laDurance jusqu’à Marseille et Aix différents projets decanauxsont imaginés pour amener l’eau © Fonds Société du canal de Provence Carte duréseau ducanalen1965. 1863-1969 2. LE CANAL DU VERDON, L’irrigant 9 . Despersonnages aussi , n°31. e siècle, 8 . ne put alimenter lespartieshautes dela ville quepar pompage. la gratuité pour laquantité de 200litres/seconde. Maisles jouissance desproduits del’ouvrage durant 99ans, Aix exigeant est cédée par la ville à MM. Dussard et Sellier qui auront la d’Aix, l’alimentation desusineset l’eau de ville. Laconcession de concessionest accordé le20mai1863, pour l’irrigation possible, et nécessite doncuneprisesur le Verdon. Undécret débouché ducanaldoit se faire à Venelles, point leplusélevé la ville d’Aix et les villes voisines. Pour desservir ce périmètre, le d’obtenir leseauxnécessaires àl’agriculture et àl’industrie pour Tournadre, ingénieur desPonts et Chausséesà Aix. L’objectif est 1840, unenouvelle proposition est présentée en 1853par d’Aix canal Après unpremier projetdu établi par l’ingénieur Gendarmeen projet Le de Sainte-Victoire à stocker les eaux sur le vallon de l’Infernet au pied du massif Zola), qui fut réalisé en 1854. Il comprenait un barrage destiné attendant, la ville retint leprojet deFrançois Zola (père d’Émile de 1838, que la ville d’Aix fera établir le canal du Verdon. En de disposer deseauxquiluiavaient été concédéespar laloi Fonds Société du canal de Provence Travaux du barrage deQuinson. 1870. ©

© D.R. Fonds Quinson Histoire et Devenir Carte delabranche mère ducanal Verdon. 10 , et àlesdériver par uncanalde7km,qui maximal quelecanalpeut transporter n’est que de4,6 m s’abaisse à4,5enpérioded’étiage. Cependant, ledébit Pour construire lebarrage deprise, onétablit unbatardeau le projet dès 1866. début des travaux conduisent les entrepreneurs à abandonner grandes difficultés techniques et financières rencontrées dès le certains travaux(CNRTL) certains 11. Barrage provisoire établi dansle lit ducours d’eau pour exécuter au sec 1923 sur leseauxdu Verdon. prélèvement classique dit au fil del’eau. La technique sera entérinée dans laloide œuvre unprélèvement d’eau sur uneréserve decette ampleur, aucontraire d’un 10. D’après M. Jean, ils’agit enProvence delapremière réalisation mettant en Le débit théorique prévu est de6m dérivations principales et des250kmdebranches secondaires. mère enaoût 1875,et en1877, débute l’exploitation deshuit différentes compagnies,l’eau parvient à Aix par labranche Après maintes difficultés et la reprise delaconcessionpar ont été creusées dansles bassesgorges du Verdon. Julien-le-Montagnier). Au total, 58 des 78 galeries souterraines (10 arches, àMontmeyan) et deMalaurie(3 arches, àSaint- Verdon, et trois grands pont-aqueducs, dont ceux de Beaurivet celui desMaurras et deGinasservis,situés tous deuxdanslebas Bouches-du-Rhône. Ilcomporte trois grands souterrains, dont plusieurs communesdesanciennesBasses-Alpes, du Var et des plus remarquables ducanal.L’ouvrage, longde81km, traverse siphons et aqueducs font partie des réalisations techniques les le chantier est particulièrement difficile. Souterrains, galeries, gorges sur 7kilomètres. Plusieurs ouvriers y trouvent lamort et travaux. Une fois lebarrage terminé, lecanaldoit longer les sur le Verdon, submergeant lechantier et interrompant les barrage provisoire. De1866à1869, huit crues surviennent deux galeriescreusées danslaroche depart et d’autre du en travers delarivière. L’eau ainsiretenue est évacuée par Rhône nerachète laconcessionen1926. se succéder jusqu’à cequeledépartement desBouches-du- seconde. Après lamiseeneau,lescompagniescontinuent de 3 seconde, maiscechiffre 3 / 11

73 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON ©Archives départementales des Alpes-de-Haute- endigué depuisleXVIII Les cruesdelarivière étaient fréquentes, et le territoire était Baudinard actionnait lemoulinà farine et servait àl’irrigation. un canaldont laprisese trouvait audébouchéducanyon de aménagement quiabouleversé leur environnement. À Quinson, Certaines communautés dubas Verdon ont dûs’adapter àun À Quinson:indemnités et aménités Provence - 105 Fi 158 / 001 devra composer l’administration ducanal. l’exploitation desiscles...Uneoccupation humaineavec laquelle des canaux, la culture des prés et jardins au bord de la rivière, un espaceaménagé par lesdigues, barrages de prises d’eau d’établir laprise du nouveau canal à Quinson, le Verdon y est déjà Canal du moulindeQuinson, d’après le cadastre napoléonien de1825. des fontaines desserviespar lenouveau canal. de délivrer l’eau delasource desPinchinats àcôté dut maintenir desbornes fontaines quicontinuaient toujours appréciée pour la boisson. La municipalité souvent trouble en périoded’orage, n’y fut pas nécessaire àl’accroissement urbaind’Aix, soneau, minoterie et unepapeterie. Bienquele Verdon fût approvisionne uneusinehydroélectrique, une à eau»situéesaudernier étage desmaisons,et destinés à élever l’eau à lahauteur des « caisses aussi à actionner de multiples béliers hydrauliques pleine croissance, eneaudomestique. Ellesert L’eau du canalalimente Aix-en-Provence, alors en L’eau du Verdon à Aix e siècleaumoins. Ainsi, lorsque l’on décide accès pour l’abreuvage des troupeaux aubord du Verdon de Quinson.Elleproteste contre lasubmersion deplusieurs pour la commune d’Artignosc, située en amont de la prise d’eau l’élévation deseauxpar lebarrage depriseseposedésormais canal endéfendant leurs intérêts. Cependant, leproblème de montre que les populations locales ont pu influencer le tracé du les versants abrupts ducanyon :l’opposition des Quinsonnais des gorges deBaudinard àQuinson,obligeant lecanalà traverser l’Évêque ouailleurs ».Laprisesera doncexécutée audébouché de déplacer lapriseenamont delacommune, « vers Fontaine- difficilement conquis anéanti par les eaux. Le conseil propose cet éland’opposition reflète-t-il l’inquiétude de voir un territoire le cours d’eau, entre conquête (digues) et invasion (crues). Aussi renvoie iciencore àl’imaged’une guerre delacommunauté contre arrosables et lepays lui-mêmeunjour. »Larivière conquérante lit. Le Verdon finirait àlalonguepar « [envahir les] plainesnon de la rivière en amont de la prise n’entraîne l’exhaussement du de Quinsonnesoit noyé, et quel’accumulation desgraviers par leseaux.Elleredoute aussiqu’en périodedecrue, lepont grands frais par la construction dedigues », ne soit recouverte commune, toute enprairies »,maisquideplusaété conquis«à « lapartie la plus fertile et laplusprécieuse du territoire decette craint queles terres dubassin,quiconstitue nonseulement le moulin,instrument économiquedepremier ordre, lacommune le risquequeremous dubarrage nepermette plusd’actionner les falaises encaissées,aboutissant aubassindeQuinson.Outre souterrains. Laprise élèverait leseauxamont de21mètres entre éviter de traverser lecanyon et faire l’économie desouvrages d’Esparron, c’est-à-dire àlasortiedesbassesgorges, pour prise àEsparron-de-Verdon, à500mètres enamont dupont l’avant-projet del’ingénieur Tournadre. Ilprévoit alors une Le déplacement de la prise d’eau apparaît le 22 mars 1857, suite à la mise à l’enquête prise la de La première mention ducanaldanslesdélibérations communales déplacement Le troupeaux entretenus aux frais delacompagnie. passerelle enbois,et quatre passagespour l’abreuvage des également undroit depassagepour l’établissement d’une dans les gorges » au cours du chantier. La commune requiert barrage, maisaussil’extraction depierres, et lesbois«perdus terres inondéesenamont dubarrage, le «droit d’appuyage »du du canal.Elleconcernel’acquisition de terrains, laperte de formaliser lapromesse d’indemnisation faite par lacompagnie en eau1875.Entre cesdeuxdates, lacommunesebat pour Les travaux dubarrage sont achevés en1869, lecanalest mis indemnités… Les actuellement sont sous l’eau… ». masses presque perpendiculaires des rochers quiavoisinent le Verdon, sentiers qui et dangereux (…) maispar dessentiers longitudinauxqui se trouvaient àlabase des 13. Magnaudeix, 2000«…lesbestiaux y arrivaient nonpar dessentiers escarpés cernées deréagir auxprojets d’aménagement. 12. Ces enquêtes publiquessont destinées àpermettre auxpopulations con - 13 … 12 de permirent àQuinsonde financer cette adduction d’eau. sont lesindemnités perçues suite àl’établissement ducanalqui que celiendemeure incertain,certains auteurs estiment quece public seront ainsiapprovisionnées àQuinsondès1877. Bien établi au point culminant du village. Six fontaines dont un lavoir débouché desgorges. Unbassinréservoir de distribution est dite «machineélévatoire »,abritée par unepetite maisonau village, aumoyen d’une chute actionnant uneroue hydraulique du Verdon est trouble. Lasource sera donc dérivée jusqu’au lors despériodesdesécheresse, reste limpidequandcelle du Verdon vers lecanaldumoulin.Soneau,quine tarit pas espoirs sur unesource situéedansunegaleriedérivant l’eau est toujours d’actualité àQuinson.Le conseilporte alors ses durant l’été. Après la mise en eau du canal en 1875, la pénurie L’eau est rare danslacommuneet lepays est privé d’eau aménités les …

Passerelle àl’entrée desgorges. © D.R. Fonds Quinson Histoire et devenir

l’adduction, 1876. Plan d’une fontaine deQuinson destinée àêtre alimentée par © Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence – E DEP 158/060 75 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON réalisés en1925. l’eau deboissonet l’électricité àlacommune. Les travaux seront à actionner une turbine, unepompeet unedynamopour fournir du canald’Aix, contre rémunération. L’eau est cette fois destinée l’établissement d’une nouvelle prise d’eau enamont dubarrage gagne leprocès, cequiconduit àunaccord amiableprévoyant du canalen1907 pour l’obtention dedommages et intérêts. Elle du Verdon, jusqu’à cequelacommunepoursuive lacompagnie d’un demi-siècle. IIsera désormais balayé àchaquedébordement crue, emportent lebarrage deprisedumoulin,stable depuisprès du canalpour réparer son barrage de prise, transportés par une Deux ansplus tard, lesenrochements constitués par lacompagnie et basseProvence. Verdon à l’intérieur et hors de son bassin versant, entre haute traduisent clairement la tension existant entre lesusagesdu en vertu desrèglements et usageslocaux.»Les arguments droit qu’ils exercent sans trouble depuisun temps immémorial, et qu’ils nesoient pasentravés dansleur droit d’irrigation, « C’est bienlemoins quele Verdon leur fournisse unpeud’eau dommages causéspar lescrues sur les terres et lesdigues: parti delarivière pour lesarrosages, c’est auprixdesnombreux du cours d’eau quiles fournit ».Deplus,silesriverains tirent canal d’Aix, quiconduit l’eau àgrande distance, «audétriment aucune perte pour le Verdon ».Iln’en est pasdemêmepour le au bassinpar l’infiltration des terrains et lecanalde fuite, «sans du moulinsur lecanald’Aix, et larestitution deseauxd’arrosage par unargumentaire mettant enavant l’antériorité deleur canal d’étiage suscite l’émoi desQuinsonnais.Ilssedéfendent alors visant àlimiter lesarrosages par lesriverains enpériode règlementation deseauxdelaDurance et desesaffluents et lanouvelle prised’eau ducanald’Aix. En1887, unprojet de par laconcurrence entre l’ancienne prised’eau desQuinsonnais modification du lit provoque des oppositions qui se traduisent l’amont et l’aval… Toute entreprise ouévénement entraînant la creusement dulit,les flux d’eau et leurs répercussions entre suivantes. Ilsconcernent lescrues,l'exhaussement oule différents problèmes àlacommunauté danslesdécennies eau domestique auseindel’étroit débouchédesgorges posera et Quinson d’eau ducanalmoulin,et lasource alimentant le village en de d’eau Mais le voisinage entre le barrage du canal du Verdon, laprise prises les entre concurrence La d’Aix-en-Provence

© Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone. Coll.devenir. Quinson Histoire et captant lasource dumoulin.Ronna, 1889. Vue aériennedesdeuxprisesd’eau et delagalerie

© Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France des gorges deBaudinard. (maison abritant lamachineélévatoire enrive droite) audébouché moulin àsonaval, et captage delasource alimentant le village Voisinage entre lesprisesd’eau ducanal Verdon, ducanal de sonbassin. aux phénomènesdecrue, avec lasubmersion permanente alors transiger, aulieudesclassiquesproblématiques liées formant laretenue dumêmenom.Lacommunauté devra 15. Fonds SCP. 14. Sessiondu7 février 1875,Délibérations communalesdeQuinson. devoir depoursuivre la tâche quenosanciensont commencée. » dans cette phrase duconseilmunicipal«(…)ilest denotre cheminement, au deplusieurs générations,fil ainsi résumée La quête del’eau àQuinsonest lerésultat d’un long d’Aix, et aucours enfin, duXX du moulin vers lamachineélévatoire, puiscelleducanaldit moulin, dont lagalerieservit plus tard àconduire lasource dans le temps, coexistant parfois :lapriseducanal de Quinsonunensembled’ouvrages quisesuccèderont l’échelle depetits bassins.Il y eut audébouchédesgorges des ouvrages demoindre ampleur, antérieurs et localisés à De l’autre côté, lagrande hydraulique doit composer avec procès suite àladestruction dubarrage deprisedumoulin. l’établissement du tracé ducanal,maisellegagneaussiun de Quinsonaobtenu ledéplacement delaprised’eau lors de antérieurs deson territoire :nonseulement lacommunauté su tirer partidesdommagescauséset préserver lesusages pourdifficultés lacommunauté, elleparaît avoir habilement Si le voisinage dubarrage ducanald’Aix amènesonlot de

visible lors de la vidange de2018. Ancien barrage depriseducanal Verdon, © Photo J. Espitalier e siècle, lebarrage de Quinson 14

les plusconsommatrices des17communesdesservies Rians, Lambescet Ginasservis furent, par ordre degrandeur, cette même année, après Aix, les communes de Saint-Cannat, 2,50 litres àEsparron-de-Verdon et 3litres àMontmeyan. Et de 62,625 litres, contre 17,50 litres àSaint-Julien-le-Montagnier, Bouis). Durant l’année 1885,elleavait souscrit un volume d’eau Laurent, duClosdeGravier, desPoulières, delaBlancheet de la Rougonne, delaGardure, duGros Noyer, duCampSaint- de laplusgrande superficie irrigable (prises dela Fontaine, de Ginasservis est incontestablement lacommunequiabénéficié territoire par lebiaisdesouscriptions mineures. Cependant, Esparron-de-Verdon ont puirriguer certainespartiesdeleur Verdon telles que Montmeyan, Saint-Julien-le-Montagnier et Venelles danslesBouches-du-Rhône. Descommunesdubas Jouques (Bouches-du-Rhône), Peyrolles, Meyrargues puis de-Verdon, et Ginasservis,avant d’atteindre Rians(Var), Montmeyan, Quinson,Saint-Julien-le-Montagnier, Esparron- Le canaldu Verdon traversait lescommunesdeRégusse, et compléter lesressources disponiblespour l’eau domestique. Verdon va désormaisarroser laplainede Valavès par gravité, encore aujourd’hui, considérée commeune«révolution ».Le L’arrivée del’eau du Verdon àGinasservisauXIX À Ginasservis :l’eau «miraculeuse» transfert d’eau hors dubassin Verdon. Verdon et delaDurance, est aussilapremière àbénéficier d’un commune, situéeàl’interface entre lesbassins versants du e siècleest, 15 . Cette 77 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON © Société du Canal de Provence, 2011 canal du Verdon ». Tracé ducanalàGinasservis.«État des lieux del’ancien factures, etc. administratifs tels que la gestion des contrats, agents départementaux qui assuraient les aspects Provence, lesgardes-canaux étaient supplééspar des grilles. Au nombre de44lors dupassageaucanalde l’hiver et l’épandage des vases, lenettoyage des fauchage des berges, le curage des rigoles durant À cette fonction desurveillance, s’ajoutaient le chaque irrigant pendant lasaisond’arrosage. principales, et de faire respecter le tour d’eau de d’alimenter les rigoles enmanœuvrant les vannes de l’administration ducanalavaient lacharge Des gardes-eygadiers ougardes-canaux auservice répartition des tours d’eau entre lespropriétaires. de livraison) de33,5 litres par seconde, ainsiquela jours et sixheures et unemaind’eau (débit unitaire calendrier déterminant unepériode d’arrosage desix La distribution d’eau du Verdon était régie par un saison d’arrosage s’étalait du1 surfaces arrosées dans un temps circonscrit. La ou canaux tertiaires quiacheminaient l’eau jusqu’aux dérivant unepartiedecedébit,ainsiquerigoles contenait del’eau enpermanence, debranches Le canalétait composéd’une branche mère, qui Le fonctionnement d’un canald’irrigation gravitaire er avril au15octobre. fanau fanau disposait d’un tour d’eau tous lessixjours durant sixheures canal larépartition desheures d’arrosage. Chaqueirrigant l’administration concessionnaire communiquait augarde- Tous lesans, avant ledébut dela saison desarrosages, village. est delaplaine, ainsiquelamachine élevant leseauxjusqu’au la Rougone forme le « petit canal », qui alimentait la partie sud- vannes que legarde-canal ouvre à l’aide d’une clé. Larigole de appelée àGinasservis«grand canal»,irriguelaplainepar des au parcellaire très étroit. Labranche-mère ducanal Verdon, canal conduit àl’abandon decesanciens territoires arrosables, La recomposition du territoire irriguésuite àlamiseeneaudu cultures sèches telles quelescéréales et la vigne. du canalassociéaumoulin.Le reste du terroir était composéde de laplaine. Les irrigants formaient une ASA destinée àlagestion Faisses, nonloindelasource delaFoux quialimentait tout lesud tels quesources et ruisseaux.Elleseconcentrait aulieu-dit des Ginasservis à irriguée s’organisait àGinasservisautourcanal depoints d’eau naturels du vie la : Avant l’arrivée del’eau du Verdon, nousavons vu quel’agriculture rigole la à L’eau six heures. souscrit par l’irrigant, tous lessixjours et sixheures et non tous lessixjours durant SCP quiindiquent tous queladurée d’arrosage se faisait en fonction du temps 16. L’information donnéedanslessources orales contredit les documents du fonds animés durant lesarrosages nocturnes, effectués àl’aide du jour et delanuit. Aussi certainschampspouvaient-ils être fort Un cultivateur pouvait voir son tour d’eau fixé à toute heure du © Archives départementales du Var - S_03_n1 Saint-Julien-le-Montagnier, 1906. Tableau desheures d’arrosage, rigoleduRagel, (lanterne). 16 . petit» canal. Brasques et l’autre c’était celuiquiallait àBouissier là-bas,le dessous àla fontaine duPlanc’était l’arrosage quiallait aux (…) Unendroit c’était sur legros ducanalenbas,l’autre endroit dans lasemaine, tous lessixjours, à trois endroits différents. « J’avais unrôle d’eau là,làet là. J’avais douze heures d’arrosage décalée des tours d’arrosage en fonction desquartiers. dans plusieurs endroits différents, et malgré larépartition lorsque lecultivateur possédait desparcelles irrigablessituées Cette organisation pouvait parfois poser problème, comme Philibert, Denis Maurel, Marc Aubert et Jean Brondino, àGinasservis, 2018. 17. Toutes lescitations decechapitre sont issuesd’un entretien avec Hervé quelques déconvenues. De manière plusanecdotique, l’illettrisme pouvait occasionner cerisier enbas,et quandleréveil sonnait,ça encore la femme pour voir sil’eau elleétait Ribes, cen’étaient paslesmêmes… Après, voulait dire qu’il fallait qu’il prenne l’eau. les trois quartsdu temps, autant il venait partout. Il y avait ceux quiarrosaient aux partait avec leréveil, ilsemettait sousle Mettons, ilavait l’heure à trois heures du Brasques, après ceux quiarrosaient aux C’était à voir, tu voyais deslumières de entendait parler departout, parce que au boutdelaraie,c’était un fourbi (…) matin. Sa femme luimettait leréveil. Il fontaine duPlanenbas, tu voyais des Le père Xneconnaissaitpasl’heure. ceux quiarrosaient àlaBaraque. lumières qui venaient aux Ribes,on 17 Moi quandje voyais arroser àla Denis Maurel. Marc Aubert.

luzerne, l’irrigant devait créer des prairies et desluzernes, «onlâchait l’eau. »Pour inonder la l’eau aurait atteint lebout delaparcelle. Pour l’arrosage des l’autre, postée aubout delaraie, pour signaler lemoment où nécessitait parfois deuxpersonnes, unepour conduire l’eau et les raies entre chaque rangée de légumes. » Ce type d’arrosage des légumes…on faisait des raies et on faisait passer l’eau dans prairies. «Quandc’était despommesde terre, oudesharicots, raie » pour les légumes, et l’arrosage par submersion pour les champ. »Deux techniques étaient employées, l’arrosage «àla le petit canal, « chacun se faisait une rigole pour alimenter son ne s’arrosait jamais,lescéréales. »Depuislabranche-mère ou moment-là, ilnes’arrosait quelesprairies et leslégumes,ça ainsi que les cultures fourragères étaient irriguées. « À ce telles que les pommes de terre, haricots et petits légumes, Seules lescultures maraîchères –principalement vivrières, naturelles, les là oùl’eau n’allait pas,çamourait. »Danslecasdesprairies que çasoit bienplat, parce quesiçanes’arrosait pas tout, ce qui demandait un nivellement rigoureux du terrain. « Il fallait monticules de terre de5ou6mètres delarge pour guider l’eau »,

Sortie dusouterrain àGinasservis. © D.R. Fonds C. Menut / H. Philibert vasèu étaient permanents. vasèu temporaires ou«petits 79 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON période degrande sécheresse. apporté àlacommunel’eau domestique quilui faisait défaut en Le canal du Verdon, enplusd’une «richesseagricole»,aaussi le souhaitait. nuit, cequiluilaissait laliberté d’organiser sa journéecommeil d’horaires fixes de travail, maisdevait être disponible jour et du travail àla tâche et nonaurendement. Le garde n’avait pas prétendument lesgardes-canaux s’explique par l’organisation femme qui le faisait. » plus qu’il avait à faire, lepeud’écriture, pasbeaucoup, c’était sa Moi sij’avais pu…(…)Ilprenait saretraite à60ans. (…)Et le embauchait quelqu’un !(…)C’était mieuxqued’être instituteur. coupaient quandils voulaient. (…)Quandil fallait faucher l’été, il il chassait àlaRougone, pohpoh…c’était lamairie. L’herbe ilsla l’humour. «Unilallait chasser d’un côté, l’autre ilportait le fusil presque caricaturale, si bien qu’on ne peut déterminer où s’arrête sa vigne. À Ginasservis,ladescription dupersonnage oisif est du canal,et de temps libre oùilpouvait chasser et travailler canal disposait d’un «bonsalaire »payé par l’administration charge similaire àcelledesemployés municipaux:legarde- père en fils. Onleconsidérait comme«unebelleplanque», du grand canal.Ce poste, envié, était fréquemment occupéde Deux gardes-canaux étaient dévolus à l’entretien du petit et colmatées, lepetit canalcuré. leur curage. Le souterrain deGinasservisétait nettoyé, les fuites hors d’eau pendant unepériodedite dechômage, pour permettre Tous lesans,aumoisdemars, lecanalet sesrigolesétaient mis sèches (céréales). irriguées (maraîchage et fourrage) complétant lescultures provoqué l’adoption decultures plusrémunératrices, lescultures présence certainedel’eau, l’assurance d’une récolte plutôt que renforçant lasécurité alimentaire delacommunauté par la Aussi lecanaldu Verdon a-t-il principalement procuré, en s’arrêter decouler, jesavais quemon village calendrier. J’étais lycéen à Aix-en-Provence et quandje voyais la fontaine delaRotonde Ventujol P. &Sorelli D. (s. d.) Guy Lombard. Citation tirée deHubrecht J.-P, NedelecH., n’avait plusd’eau. C’était le1

Je n’avais pasbesoinderegarder le 18 Le sous-emploi dans lequel se trouvaient La conquête de l’eau de conquête La Saint-Julien-le-Montagnier . er mars. . SIANOV, mettre enœuvre l’élévation deseauxjusqu’au village l’arrosage delaplainedépassaient les60litres, lecanalpourrait travaux répond aumaire deGinasservisquesilessouscriptions à d’eau. En1876,alors quelecanal est achevé, ledirecteur des concession d’une force motrice pour réaliser sonadduction distribuée en continu. Ginasservis demande, dès lors, la La compagnieducanallivre aussi l’eau d’agrément, quiest 1876, Aix. Fonds SCP générale decanauxet travaux publics, 19. Lettre dudirecteur des travaux ducanal aumaire de Ginasservis.Compagnie 18. Marc Aubert, Ginasservis © Photo P. Mayer © D.R. Fonds Quinson histoire et devenir machine élévatoire. Ginasservis. Bâtiment abritant l’ancienne Un garde-canal, années1890. Canal du Verdon du Canal . N°906. 22novembre 19 . domestique n’a pusegénéraliser qu’avec lecanaldeProvence. sa distribution était tributaire dela topographie, et sonusage motrice nécessaire àl’élévation del’eau jusqu’au village. Mais Comme àQuinsonet àRians,le Verdon a fourni la force d’une périoded’expansion urbaine. chômage. Enfin, l’arrivée del’eau du Verdon est concomitante l’eau à l’aide d’un compresseur, destiné à être utilisé lors du habitant avait même installé sur saciterne unsystème élevant entretien. 20. Période durant laquelle lecanalest mishors d’eau pour lesbesoinsdeson © Fonds Combier Musée Niépce Chalon sur Sâone. Coll. A. Menut/H. Philibert. chômage village ne sont pas abandonnés pour autant. En période de élévatoire !Les puitset citernes quialimentaient jusque-làle pouce enmanœuvrant laroue àaubesactionnant lapompe de l’entretien desédifices. L’un d’eux aurait d’ailleurs perdu un lorsqu’ils irriguaient danslaplaine. Un fontainier est encharge pas empêchélescultivateurs deboire l’eau «àlarigole » élevée. Maislespréoccupations hygiénistes del’époque n’ont par 24heures et par habitant. Un filtre doit clarifier l’eau ainsi Le projet, réalisé vers 1890, prévoit de fournir 150litres d’eau de laRougonne, restituée enaval àlarigoledeFontaine. au travers d’une chute d’environ 7mètres établie sur larigole d’incendie. La force motrice sera fournie par l’eau du Verdon située sur lecours, deuxbornes fontaines, et desbouches le village. Elleapprovisionnera unlavoir, unegrande fontaine l’aide d’une machineélévatoire jusqu’à unréservoir dominant L’eau delasource alimentant la fontaine duPlansera élevée à La fontaine et lecours. Ginasservis. 20 , ilssesubstituent aucanal.Danslesannées1960, un

adduction, 1887:machineélévatoire, bouche d’incendie, fontaine. Plans dequelquesouvrages devant être alimentés par lanouvelle © Archives départementales du Var – 20pp66_5 81 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON urbains et ceux despetites communautés riveraines. traduisaient undéséquilibre entre lesintérêts descentres des Quinsonnais avec l’administration du canaldeQuinson d’alimenter ses fontaines, tandis quelesluttes incessantes Verdon fournit aussiune force motrice quipermit àGinasservis écrit-on à Bauduen. Outre l’eau agricole et domestique, le pas, cesont lesmoyens del’amener à lapilequimanquent », participant delaprospérité du village. «Lorsque l’eau ne manque canal nemodifiarien,causa certains heurtsoudevint unemanne leur accès à l’eau. Pour les communautés proches du Verdon, le fort accroissement démographique, quicherchaient àsécuriser quelques décennies plus tard, de conflits entre des zones à fut la conséquence, comme pour le casde Fontaine-l’Évêque L’autorisation dedériver le Verdon accordée àla ville d’Aix bacs, pleinsde truites !» mémorable :«jemerappelle encore, l’évier, il y avait lesdeux habitants (garde-canal compris…)effectuèrent alors unepêche Peu avant lamiseenserviceducanaldeProvence, des dans lecanal,alimenté par les fuites et ledrainage des fossés. Lors delapériodechômage, seulun filet d’eau demeurait depuis lespasserelles et lesponts quiponctuaient l’ouvrage. du garde-canal, pouvait seprolonger par desséances deplongée comme ça.»Labaignadeinterdite, quiéchappait àlasurveillance distillerie, près ducanal,«et allez, onse baignait,onallait se laver un peuavant midi,lesjeunesgensdu village seretrouvaient àla et d’agrément (baignade, promenade). Tous les dimanches d’été, d’autres canaux provençaux, ilpossèdedes fonctions piscicoles baignade… et d’une appropriation forte par lesusagers du territoire. À l’image pêche : canal l’irrigation, laboissonet l’industrie, lecanalest aussilelieu du En dehors deses fonctions premières de transport d’eau pouragréments petits Les © Fonds R. Caujolle D.R / H. Philibert Fontaine-lavoir. répondre auxbesoins deplusen plusimportants dela basse L’ouvrage sera modifié après la Seconde Guerre mondiale pour canal et dessouterrains, des tours d’eau… ceux delabaignade, delapêchelors duchômage, ducurage du C’est enfin un aménagement hydraulique empreint de souvenirs, dont labiodiversité particulière est protégée et miseen valeur. canal empruntant l’ancien tracé ducanaldans les bassesgorges, touristique avec l’aménagement, àQuinson,dusentier dugarde- là, depetits cabanonsdansleur écrinarboré... C’est aussi un lieu témoins d’une activité ancienne, ici,unedistillerie abandonnée, Julien-le-Montagnier. Depetits édificesjalonnent sonparcours, de promenade informel, commel’aqueduc de Malaurie à Saint- l’ouvrage ;unendroit oùl’on récupère desmatériaux, et unespace transport duboisextrait desparcelles situéesau-dessus de secteur auxpetites passerelles empruntées pour lachasse, le demeure unlieuinvesti par leshabitants du bas Verdon, un un moyen d’acheminer uneeauappropriée par les Aixois. Il territoire, làoù,auparavant, ilétait seulement considéré comme du Verdon, signesonnouveau statut d’élément remarquable du « prend l’eau ».Le glissement sémantique, ducanald’Aix aucanal canal de Provence, pour un euro symbolique, uncanal qui Aujourd’hui, certainescommunesont puracheter àlaSociété du

© Fonds H. Philibert Jeunesse aucanal. ouvrage « fatigué par un siècle de bons services » ouvrage est devenu archaïque. Vers 1969, iln’est plusqu’un ont rendu son tracé obsolète. En un mot, le canal d’Aix grandes infrastructures urbaines(réseau routier par exemple) a rongé ses rigoles et ses siphons, le développement des profondément transformé, la ville qu’il acontribué àdévelopper trop lent dudébit.L’environnement ducanals’est par lasuite génère legaspillaged’une partiedel’eau et unacheminement ouvert (vols d’eau possibles), son caractère gravitaire qui (infiltration, évaporation estivale), soncheminement àciel administrative, sarentabilité négative, sespertes considérables continuera deluireprocher sadifficilegestion financière et en projetant laconstruction dubarrage deBimont. Maison vont tirer profit deseauxd’hiver transportables par lecanal Provence. Les extensions ducanal Verdon, ouprojet Rigaud, être modernisé.

© D.R. Fonds Quinson histoire et devenir Aqueduc deMalaurie, Saint-Julien-le-Montagnier.

Cueillette aubord ducanald’Aix àQuinson. © Photos M. Salvarelli 21 qui doit ouvrage unifiant ladistribution del’eau :lecanaldeProvence. le projet d’agrandir labranche mère pour réaliser unnouvel des usagesdivergents, conduiront cependant àabandonner études et la nécessité de satisfaire des besoins croissants et le réseau d’irrigation par aspersion (extensions). Denouvelles l’eau :l’ancien système gravitaire (branche mère ducanal)et hybride, partagéeentre différentes techniques de transport de Le canalet sesextensions formaient alors uneinfrastructure y furent distribuées au moyen d’un système sous pression. secondaires desservant Gardanne et Trets. Les eauxd’arrosage de Bimont emmagasinant leseauxducanal,et dedérivations la guerre, de 1946 à 1956, avec l’établissement dela réserve agrandi la branche-mère. Le projet dit Rigaudsera réalisé après au moyen de réserves et de nouvelles branches, après avoir le débit ducanald’Aix enutilisant leseauxd’hiver du Verdon, Un projet d’extension fut envisagé dès1934,pour augmenter et Marseille avait toujours besoind’alimenter sapopulation. à développer les irrigations déjà existantes dans ses environs, réclamaient l’eau urbaineet agricole, Aix-en-Provence cherchait possibilités de l’ouvrage. Le Var et l’est des Bouches-du-Rhône 21. Le canaldu Verdon. Extrait de n’étaient, audébut duXX Les besoinsdespopulations desservies par lecanaldu Verdon Genèse del’aménagement Durance-Verdon toutes lescommunes. mutations danslarépartition del’eau, touchant cette fois Provence. Dans lebas Verdon, il fut àl’origine denouvelles fournissant l’eau nécessaire àl’alimentation ducanalde se traduisit alors par l’aménagement degrandes retenues, l’accroissement desprélèvements. Larénovation hydraulique usagers situésenaval du Verdon ne furent plusunobstacle à la Durance régularisée par laretenue deSerre-Ponçon, les Une fois lesloisde1923puis1955adoptées et l’eau de l’étang deBerre furent lesdeuxmoteurs decedéveloppement. besoin accrud’eau urbaine, industrielle et agricole. Le littoral et L’expansion rapide delarégion provençale s’est traduite par un 1969 -… 3. LE CANAL DE PROVENCE. e L’irrigant siècle, plusenadéquation avec les n°31,sept. 1965, Fonds SCP 83 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON Provence furent achevés en 1986-1987, tandis que le canal du agricole, urbainet industriel. Les premiers ouvrages ducanalde d’électricité et lestockage del’eau nécessaire audéveloppement de Sainte-Croix (1973) furent construites pour laproduction les retenues deGréoux-les-Bains (1967), deQuinson(1972) et prise auniveau duréservoir deGréoux-les-Bains. Sur le Verdon, bas Verdon menépar EDF et le futur canal,ondécida deplacer la l’acronyme deSCP. Pour allier l’aménagement hydroélectrique du d’Aménagement delaRégion Provençale, connueaujourd’hui sous Ainsi fut créée en1957laSociété duCanaldeProvence et d’économie mixte, aucapitaldétenu par despersonnes publiques. la constitution d’une société aurégime juridiqueparticulier, dite de l’Agriculture et del’Industrie, ouencore EDF, leSSBDproposa du Var et desBouches-du-Rhône, la ville deMarseille, lesministères jour. Réunissant différents acteurs représentant lesdépartements fut créé en1952,date àlaquelleleprojet ducanaldeProvence vit le aménagements, leServiceSpécialduBassindelaDurance (SSBD) Afin de relier les fonctions agricole et hydroélectrique des futurs confluent delaDurance et du Verdon et l’étang deBerre. comporte aujourd’hui cinqusineshydroélectriques situéesentre le et laréserve deSerre-Ponçon achevée en1961. L’aménagement loi sur l’aménagement delaDurance est adoptée le5janvier 1955 les retenues deSerre-Ponçon et deSainte-Croix sont projetées. La cependant insuffisants pour répondre à tous lesbesoins.Dès1951, eau en1948, suiviedubarrage de Chaudanne en1953. Ils furent pour la production d’électricité fut lebarrage de Castillon, misen La première réalisation destinée àrégulariser ledébit du Verdon

© Fonds Société du canal de Provence Carte desprincipauxaménagements delaSCP, 2011. profondément transformé par les cinqretenues. dans toute larégion, le Verdon a vu sonpaysage fluvial Désormais pourvoyeur de l’eau urbaine, agricoleet industrielle d’une rivière hors desonbassin versant àsonparoxysme. L’infrastructure hydraulique mèneleprincipedu transfert d’eau une distribution souspression lessurfaces agricolesde larégion. industries quisesont développées sur lelittoral, et enirrigant par dont lesbesoinseneausont croissants, enapprovisionnant les du Var. Ilrépond à trois types debesoins,enalimentant lapopulation existants et dessert l’est desBouches-du-Rhône ainsiquel’ouest Il réapprovisionne enpartie des ouvrages hydrauliques déjà ramifie un réseau quidessert,selonunaxe nord-sud : Le canal est constitué d’un tronc commun à partir duquel se eau dès1969. Depuis,sonréseau n’a cessédes’étendre. Verdon était abandonnéauprofit despremières sections misesen orientale du Var.orientale que Sainte-Maxime, ont été achevées, alimentant l'extrémité - Depuispeu,lesliaisonsentre le Verdon et Saint-Cassien, ainsi - par labranche dite deBrignoles:l’est varois. - par labranche dite du Var :larégion toulonnaise ; l’usage industriel ; sécurise l’accès àl’eau, et unepartiedel’étang deBerre pour du vallon Dol :Marseille, Aubagne, Cassiset LaCiotat dont il - par labranche dite deMarseille-Est alimentant leréservoir réalimente (expansion urbaineet développement agricole d’Aix) ; - par la branche dite de Bimont : la réserve de Bimont qu’il pouviez paslesarroser, cen’est pasnivelé. le canaldu Verdon, les¾dumorceau vous ne l’automne, suivi d’un déchaumage au printemps. La terre «garde l’eau »et l’arrosage devient caduc. 22. Information démentie par unancienagriculteur de Saint-Julien, quimet enavant lesavoir-faire nécessaire au travail dessolsargileux :lelabour doit être effectué à livraison individuelleàla borne. Les agriculteurs n’organisent avec larecomposition delapopulation, est remplacée par la nécessitait uneorganisation collective deplus en plusdifficile supplante le tour d’arrosage. Larépartition des tours d’eau, qui et lepaiement du volume d’eau réellement consommé, qui investissements importants. Il va depair avec lelibre-service Ce type d’irrigation demandeunmatériel spécifique et des ne sont plusunobstacle. Le périmètre d’irrigation s’accroît. pour lesquelles la topographie et l’organisation des parcelles transport del’eau par descanalisations auparcours souterrain, irriguées. L’irrigation souspression, quant àelle, supposele organisation particulière del’espace entre cultures sècheset terres irriguéessituéesau-dessousducanalmarquaient une relief étaient doncuneconditiondece type d’agriculture, les nivelés pour obtenir unarrosage uniforme. Lapente et le rigoles àlapente régulière, sur des terrains nécessairement conduire l’eau jusqu’aux cultures par unréseau complexe de de la topographie et delapositionbranche-mère, devant était transportée àcielouvert. L’agriculteurpression était dépendant sous l’aide de techniques dites gravitaires. Delarigoleàraie,réseau l’eau au Jusqu’ici, le transport del’eau commesonemploise faisaient à gravitaire réseau Du droits d’eau dont laSCP disposeétant de660millionsm Provence s’élève àplusde80 000hectares, l’ensemble des Le total dessurfaces irrigablespar lesréseaux ducanalde à Vinon-sur-Verdon Du secàl’irrigué :métamorphose du territoire du Verdon). la branche deGardanne (programme desextensions ducanal avec l’eau du Verdon, au travers duréseau d’irrigation issude Cette technique fut appliquée en France pour la première fois d’eau souspression, permettant l’irrigation par aspersion. aussi avec luiuneinnovation technique :celledeladistribution manière considérable avec samiseenplace. L’ouvrage apportait Le périmètre irriguépar leseauxdu Verdon s’est doncaccrude manière partielle, lecanaldeProvence arrose plusde20 000hectares. Autour d’Aix, là où le canal du Verdon desservait 4

Vous arrosez n’importe où,alors qu’avec Marc Aubert, Ginasservis. Marc Aubert, 000 hectares de 000 hectares de 3 . et leur nature, et enfin sur lescultures pratiquées. agricole), leur éloignement dupoint d’origine del’eau, leur pente ainsi unimpact sur la taille desparcelles cultivées (superficie technique et économique. L’adoption de cette technique eut de Provence allait lamodifier complètement dupoint de vue agricole par l’établissement d’un calendrier saisonnier, le canal le canal du Verdon avait déjà amélioré la distribution de l’eau arrosent «quandils veulent, et autant qu’ils veulent. »Làoù plus leurs cultures en fonction des restrictions d’eau et montre lecasde Vinon-sur-Verdon. d’importantes opérations derestructuration parcellaire, commele surfaces, quinepeuvent être acquiseslaplupart du temps quepar l’adoption decette technique nécessite également d’importantes l’est «deux fois, tout juste. »L’intensification agricolequi résulte de À l’arrosage, laluzerne est fauchée quatre fois, tandis «qu’auelle sec», au nature descultures, et la fertilité dusol. distribution la La plusimportante mutation concernelepérimètre cultivé et la de rationalisation la De regroupement parcellaire parcellaire regroupement © Photo P. Mayer Enrouleurs et village de Vinon-sur-Verdon. comme ça,et quand vous passez àSaint- Julien, vous voyez desmarguerites. Ilsle Quandvous voyezdans les tournesols la plainedeGina, vous voyez des trucs font ausec,çanemarche pas. Un habitant deGinasservis 22 . 85 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON asperges, fraises, melons,descultures florales et arboricoles. cultures maraîchères, vivrières ounon,commelesharicots coco, parcourues d’une multitudedecanauxgravitaires. On y trouvait des zones anciennement endiguées,commecelledesQuartons, étaient déjà del’eau d’irrigation, danslaplaineconquisesur leconfluent :les coteaux. L’élevage ovin était aussiimportant. L’agriculture bénéficiait (pois chiches,lentilles), dulavandin, del’olivier et dela vigne sur les orge), des fourrages (sainfoin, vesces et ers), des légumineuses terres nonarrosables y étaient cultivées avec descéréales (blé, du moulin. À l’aube de la miseen service du canal de Provence, les arrosaient enpartieson territoire, sanscompter leclassiquecanal deux canaux,lecanaldePontoise et lecanalNoirel (toujours actif), importante, fertile et irrigable, conquise au fil des siècles. En outre, l’élan del’hydraulique fluviale. Ellebénéficiait donc d’une plaine a aménagéet endiguécesdeux rivières dèsleXVIII Située à laconfluence du Verdon avec la Durance, cette commune pression demanière optimale et amortir lecoût del’équipement. restructuration parcellaire pour pouvoir utiliser leréseau sous regroupés ensyndicat, décidèrent d’effectuer uneopération de exploitations. Forts dececonstat, lesagriculteurs vinonnais, surface, lephénomène nesuffit pasà structurer degrandes année, permettant aux cultivateurs restants d’agrandir leur coûteux… Bienquelenombre d’agriculteurs diminuât chaque des bornessur depetites parcelles morcelées, étaient trop sous pression :lematériel, tout commeladémultiplication peu nombreux àsouscrire auxabonnements et à utiliser l’eau le-Montagnier (cuvette deMalaurie), oùlesagriculteurs étaient Verdon bénéficie de l’exemple de Ginasservis et de Saint-Julien- À l’époque de la mise en eau du canal de Provence, Vinon-sur- © Photo P. Mayer Pivotà Vinon-sur-Verdon. Ceux quiétaient ausec Marcel Cheilan, Vinon-sur-Verdon.Marcel aspiraient àirriguer. e siècle, dans siècle, dans Cette modernisation agricoledelasecondemoitiéduXX l’installation rationnelle desbornes. La création de culture cohérents d’îlots et concentrés permit arracher les vergers et les vignes, réorganiser l’espace agricole. réalisé de1978à1981,avec leconcours delaSCP. Il fallut alors Le projet obtint d’importantes subventions del’État et fut 23. Marié, 1984 technique maisaussi,nous l’avons vu, lacompositiondu foncier. (emprunts), l’organisation dela main-d’œuvre, lamaîtrisede multiples tels quelesmarchés, lespossibilités d’investissement nécessitait deprofondes mutations quirenvoyaient àdesaspects d’adaptations comme de résistances. L’adoption de la technique méthodes d’irrigation dans le bas Verdon fut pourtant faite les possibilités dunouveau système. Lamodernisation des niveau local,laSCP organisait desréunions pour informer sur la reconversion deplaines viticoles demoindre renommée. Au aspersionniste » avenir agricole pleindepromesses, et le«messianisme » Dans lesannées1960, l’irrigation souspression offraitsec un au « Rester qui luipermet d’intensifier sonagriculture. commune bénéficie désormaisd’une infrastructure hydraulique aussi lesquartiers «ausec».Le périmètre irrigables’étend, la géographie del’accès àl’eau agricole enabreuvant désormais sous pression redessine lespossibilités d’arrosage et la Si c’est toujours l’eau du Verdon quiarrose le terroir, l’irrigation cabanons, achève sa transformation avec lecanaldeProvence. fait d’un petit parcellaire parsemé decanaux,d’arbres et de Dans cette commune, lepaysage fluvial delaplaineendiguée, « À Vinon, onne voit pasde terres incultes »,constate-t-il. vitalité agricole, quel’on retrouve « tout aulongdu tracé ducanal». actifs. Le remembrement est pour luiàl’origine d’une importante influent delacommune, se félicite desquinze exploitants encore trouvent desdébouchés proches. M. Cheilan, ancienagriculteur dans lecontexte provençal quecellesdestinées àlaconsommation, colza, demaïsoublé. Ces cultures irriguées,plusrémunératrices produit majoritairement dessemencesde tournesol, debetterave, de Aujourd’hui, l’agriculture vinonnaise, àl’imagedu Val deDurance, subissait une forte pression dueàsapositiondansl’axe durancien. elles considérées commeun frein àl’urbanisation du village, qui d’irrigation, adoptées dansuncontexte dedéclinagricole, furent- infrastructures. Ainsi leremembrement et lesnouvelles techniques important del’industrie nucléaire, et laconstruction denouvelles du Centre d’études atomiques (CEA) deCadarache, pôle au commerce, lapéri-urbanisation des versants, laproximité l’intensification du trafic liéaux voiesdecommunication et aujourd’hui par la présence de l’aménagement hydroélectrique, est concomitante à une période d’expansion urbaine qui se traduit 23 battait sonplein.Onimaginait par exemple e siècle siècle en vigueur depuis1964interdit l’arrosage des vignobles du1 domine, le vin trouve undébouché facile et laréglementation forte volonté politiquedumaire. À cette époque, la viticulture estimaient pouvoir sepasser del’eau du Verdon, et cemalgré une informelle par lamunicipalité conclut que les agriculteurs viticoles dunord varois, uneenquête menée de manière À Saint-Julien-le-Montagnier commedansd’autres communes des espaces ventés (pollinisation), un climat chaud et ensoleillé propice à lamaturation des grains, et, facteur leplus important, l’irrigation sous pression. (Plantier, 2013) 29. Ils’agit demultiplier lessemences produites par lesobtenteurs pour les firmes semencières. Les facteurs de réussite sont des terres alluvialesriches, unisolement relatif et 28. Aspe et al.,2014 tiques risqueront d’être pénaliséesdu fait delapossiblediminutiondes débitsd’étiage. 27. Programme R2D2(2015) cité par Garrone, 2018. Pour cequiconcerne le Verdon en particulier, silescanauxdela SCP ont un très bonrendement, les cotes touris 26. Entretien avec Marcel Cheilan, Vinon-sur-Verdon, 2019. Verdon. 25. Unprojet deréserve naturelle régionale est àl’étude sur lepérimètre duplateau deMalassoque, d’une partiedelaplaineMourotte et desbassesgorges du 24. Entretien avec Gilbert Pourrière, Michelle Aubert, Alain Burle, Audrey Laurans et Arlette Ruiz,Saint-Julien-le-Montagnier, 2018. alors, faire unremembrement avec des vignes !(…)C’est tombé pas irriguer lesparcelles d’un demihectare, unquart d’hectare... remembrement.un nécessite « cettetechnique On n’allait de Elle amorce ledéclindela viticulture. Enoutre, l’adoption des marchés par desprimesàl’arrachage semet enplace. 1985, une politique viticole visant à remédier aux déséquilibres avril au31octobre. Maisdanslesannées1976-1979 et 1980- des canauxpuissecompenser l’augmentation desprélèvements Durance à l’horizon 2050 indique qu’elle tendra à l’avenir à diminuer, bien que l’amélioration des rendements une ressource intarissable, une étude définissant plusieurs scénarii d’évolution hydroclimatique dubassin dela préoccupation est latente dans les discours. Si l’eau du Verdon est aujourd’hui perçue par les usagers comme le déplacement descentres deproduction desemencesouscontrat provençal àlasécheresse par rapport àd’autres régions françaises. Cette résilience se traduit, par exemple, par du changement climatique Certains chercheurs voient même danslemaillagedensedecanauxunpotentiel d’adaptation auxnouveaux enjeux Rien d’étonnant, sionconsidère quelapénuried’été est àl’origine delalonguehistoire des irrigations enProvence. paradoxalement àl’extension du réseau alimenté par le canal deProvence, et nonàl’économie d’un nouveau « chevelu ». de lapénurieseposedoncpour l’instant uniquement pour lescommunesquin’ont pasl’eau du Verdon. Elleconduit se préoccupe dedesservir les terres agricoles«ausec», vulnérables lors desépisodesdesécheresse. Laquestion porte davantage sur lagestion desretenues quesur ladisponibilité delaressource. Dupoint de vue agricole, on sur sa qualité et son abondance côtoie l’omniprésente inquiétude de la sécheresse. Aujourd’hui, la problématique du tourisme (par exemple, définition d’une cote, périodedeslâchers d’eau pour lessportsd’eau vive). Le discours tous les types d’usages sanshiérarchisation. Desarbitrages visent àlesconcilier, notamment pour lesbesoins Pourtant… «Les eauxdu Verdon sont comptées laissent augurer d’un avenir sanspénurie. » Une histoire desirrigations enProvence concluait en1981que«lesprojets liésàlaréalisation ducanaldeProvence Les eaux du Verdon sont-elles comptées ?Sur laquestiondes eaux et duchangement climatique au suddeManosque, travaux quidevront être achevés au terme desaconcession,en2038. son réseau sur leplateau de , le Var, lesudduLuberon, lesBouches-du-Rhône, et poursuit l’aménagement insuffisances delanappephréatique – vers leSud-Est dela France. Danscette logique, laSCP continue d’étendre 28 . Pour laSCP, lecanaldeProvence est legarant d’une meilleure résilience du territoire 26 .» Quandellen’apparaît passous forme d’interrogation, cette er

à l’eau commeonpeut dire !» de vue environnementalde vue maintenue, ellesdeviennent desespacesàpréserver dupoint demeure extensive et oùunecertainebiodiversité s’est agricole. Quant auxzones restées «ausec»,oùl’agriculture autrefois récalcitrantes aspirent àsécuriser leur accèsàl’eau les effets duchangement climatique, certainescommunes adoptant descultures sèches. Alors qu’aujourd’hui, avec agriculteurs sesont déjàadaptés auxpénuriesestivales en paraît difficileàmettre enœuvre dansun territoire oùles systématique. Dansunpremier temps eneffet, cette technique pression n’a pas forcément provoqué uneintensification Dans leszones agricolesdubas Verdon, l’accès àl’eau sous 27 Pour l’heure, l’eau du Verdon peut contenter 29 depuisleSud-Ouest –contraint par les 25 . 24

- 87 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON d’eau potable à l’échelle dunord-ouest varois dès1968 canal deProvence permet l’installation d’un réseau d’adduction abreuve près de2millionsd’habitants. Danslebas Verdon, le La SCP dessert aujourd’hui 110communes eneauurbaineet Varois (SIANOV) Intercommunal d’Alimentation duNord-Ouest L’adduction d’eau potable :leSyndicat semencières (luzerne) déjàprésentes. fourragères (fourrage pour ovin), céréalières (blédur) et de Vinon-sur-Verdon, elleaenoutre intensifié lescultures temporaires, céréales, production desemences.Danslazone grandes cultures intensives (par exemple, maïset soja), prairies de Provence apermisde favoriser lescultures spéculatives : productions développées lelongducanal Verdon, lecanal Là oùlaprairie et lescultures légumières étaient lesprincipales Saint-Julien-le-Montagnier. et Audrey Laurans, secrétaire actuelle, ainsiqu’Arlette Ruiz,première adjointe de cienne secrétaire, Alain Burtle, premier adjoint deGinasservis et président actuel, et actuels duSianov: Gilbert Pourrière, ancienprésident et Michelle Aubert, an - 19.12.2018 àlamairiedeSaint-Julien-le-Montagnier avec desmembres anciens 30. Les faits décritsicisebasent essentiellement sur unentretien oral menéle ressource. traduisant ladimensionéminemment politiquedel’accès àcette édita uneaffiche lemettant enscènecommeun «porteur d’eau », Décrit par lesélusactuels commeune«locomotive »dupays, il successivement sénateur, député du Var, et conseiller régional. politique dubas Verdon, maire deSaint-Julien-le-Montagnier et est un fait marquant dumandat deMaurice Janetti, figure conduisent àdéfinir lepérimètre du syndicat. Sacréation de l’accès à l’eau et un découpage administratif préexistant dans l’eau »,disposent deressources suffisantes. L’inégalité dès 1951. Seules et Vinon-sur-Verdon, qui a « lespieds La Verdière possèdeleréseau de tout àl’égoût et l’eau aurobinet Le contexte localest toujours celuidelapénuried’eau et seule sinon ceserait devenu undésert ici»,racontent lesélus. de-Pallières et Esparron-de-Pallières. «C’était incontournable, rejoignent : Ginasservis,Rians, Artigues, Varages, Saint-Martin- Montagnier et deLa Verdière. Peu àpeu,d’autres communesles Il rassemble audépart lescommunesdeSaint-Julien-le- 30 . l’eau du Verdon alimente huit communes, dont sept demanière 1973. Le syndicat dérive aujourd’hui 53,75 litres par seconde, et la construction d’une secondeusinedepotabilisation àRiansen dès 1975àune augmentation dudébit initialement prévu, et à augmentent, notamment enpériode estivale, cequiconduit Par la suite, les communes se péri-urbanisent et les besoins également deressources propres, gère soneauenrégie. régulièrement mises enconcurrence. Seul Varages, quidispose d’entretien, celui-cila délègue àdessociétés privées spécialisées, le Syndicat. Puis, face àune technicité accrueet auxcontraintes De 1968 à 1972, la gestion est assurée en régie, directement par avec l’aide del’État, maître d’œuvre et financeur, de1968à1974. possèdent chacuneunréseau propre. Sonréseau est construit son transport jusqu’aux châteaux d’eau des communes,qui périmètre dusyndicat. Le Sianov assainit l’eau brute et assure un rôle central danslesmodalités de distribution del’eau sur le canal àSaint-Julien-le-Montagnier. Cette communejouedonc négociation liée auxdommagescauséspar laconstruction du bénéficie d’un débit gratuit de40litres/seconde, résultat d’une Malaurie (Saint-Julien-le-Monagnier). Construite en1969, elle canal de Provence, et alimente une usine de potabilisation à L’eau est captée danslecanalmixte, enamont delaprisedu

© Photo SIANOV Maurice Janetti pour leSIANOV. La miseenscèneduporteur d’eau, texte de mesure. leurs ressources en eau, leSianov ne fut pas touché par cette Verdon :sid’autres communeseurent l’obligation dediversifier 33. Marié, 1984 32. Entretien avec Hervé Philibert, Marc Aubert, Jean Brondino et Denis Maurel, Ginasservis, 2018 31. Varages fait exception. d’adduction (eau potable, tout àl’égoût). comme unélément structurant, par lemaillagedesréseaux est centrale dans l’aménagement territorial et considérée les possibilités dedéveloppement descommunes.Elle appropriée hors desonbassin versant. Sonaccèsdétermine par leSianov, l’eau du Verdon est aujourd’hui pleinement titre delabande dessinée«laconquête del’eau »,éditée domestique, l’accès àl’eau agricolereste inégal. À l’imagedu toutes lescommunesdelazone pour cequiconcernel’usage d’acheminement del’eau. Maissil’eau du Verdon aatteint en plus fort descontraintes saisonnières et géographiques du réseau d’adduction marque unaffranchissement deplus compétence duSianov d’iciquelquesannées.Lacréation communes Provence-Verdon en 2014, qui doit englober la services publics,avant lacréation delacommunauté de préfigure ainsiunegestion àl’échelle intercommunale des qui regroupe plusieurs communes. « L’union des maires » communale, l’eau urbainedevient l’affaire du syndicat locale. D’une gestion desressources localesàl’échelle réseau d’adduction d’eau potable naît d’une volonté politique Provence, lescommunes renégocient leur accèsà l’eau et un conquête la à Avec lacréation desgrandes retenues et ducanalde quête la de : L’eau d’eau. « Aujourd’hui l’eau, ilen faut deplusenplus...» symbole aujourd’hui remis enquestion aunomdel’économie a un coût, rétorque le maire. L’écoulement de la fontaine est un de la vie socialedu village… maisl’infrastructure dedistribution troupeaux qui transhument), et la fontaine commeunreliquat doit être misàdisposition de tous (les cyclistes depassage, les réclamations montrent quel’eau est perçue commeunbienqui du cours, àlagrande déception decertainshabitants. Leurs les fontaines du village. Elleneruisselleplushors dela fontaine d’économie, denepasemployer l’eau potabilisée pour alimenter et souterraine. Aujourd’hui, lemaire a fait lechoix,par souci village, nousl’avons vu, n’a jamaisdisposéqued’eau pluviale coût del’eau assainie. Ce n’est paslecasàGinasservis,où disponibles, par desressources locales,pour économiser le est devenue un édifice d’agrément alimenté, lorsqu’elles sont vice-versa et fontaine est le dernier avatar de l’accès collectif à l’eau. Elle robinet… au Depuis quel’eau couleaurobinet via leréseau duSianov, la fontaine la De exclusive 31 . Ce fait singulier est dûaucaractère du «inépuisable» 32

le Verdon finira par être mobiliséau XIX premiers grands transferts d’eau ont lieu en basse Durance, La «pression par lebas» paysleur vers territoire. cherché àdériver l’eau fluviale parcourant les reliefs duhaut communal, desrégions entières delabasseProvence ont qui leur faisait défaut durant dessièclesdansleur périmètre Tout commelescommunesdubas Verdon ont recherché l’eau Conclusion :le Verdon commebiencommun? partagé auseinde toute laProvence… montre comment larivière finit par devenir unbiencommun, L’évolution progressive du mode de gouvernance des eaux, de controverses au sein des territoires riverains de la rivière. réciprocité dupartagedel’eau du Verdon fait toujours l’objet commun, enFrance commeenEurope. Maislaquestion dela À l’heure actuelle, l’eau est perçue commeunpatrimoine à l’eau du Verdon, qu’elle soit domestique ouagricole. englouties, et d’autres encore profitent d’un accès permanent touristique, d’autres ont gardé l’amer souvenir des vallées habitants bénéficient des retombées d’une importante activité régionale. Aujourd’hui, auseindubassin versant, certains D’autres ont été englouties par les progrès de l’hydraulique su tirer partidesouvrages lorsque leur tracé lepermettait. bassin Durance-Verdon. Les communesriveraines ont parfois Chaudanne, et cellede1955par lesaménagements actuels du se traduit par laréalisation desretenues deCastillon et de bassin. Laloide1838aboutit aucanaldu Verdon, cellede1923 des droits sur l’eau du Verdon àdesacteurs extérieurs au doit arbitrer plusieurs fois enadoptant desloisquiaccordent territoire en fonction derapports de force fluctuants, quel’État multiples. Chaquecollectivité acherché àmarquer son Fontaine-l’Évêque est l’objet deconflits entre desacteurs politiques hydrauliques deMarseille et d’Aix-en-Provence. La réalisation ducanal Verdon fait suite àlascissiondes villes et départements à l’aval étaient concurrents entre eux. Cette pression par lebasne fut pas toujours uniforme :les progrès techniques, put traverser le relief des basses gorges. d’Aix, premier ouvrage degrande envergure qui,par les 33 est anciennedanslarégion. Siles e siècle avec le canal 89 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON Occidentales, Les Préalpes françaises du du françaises Préalpes Les Occidentales, en France, 12 CNRS éditions archéologique deNarbonnaise, Tome 19, Sud Alpes Maritimes Alpes antiques à Sainte-Croix-du-Verdon et à à et Sainte-Croix-du-Verdon à antiques (02), pp.151 –176 environmental studies, INRA Editions, 95 Canal de Provence. de Canal d'une eau partagée eau d'une B B B B B Sécheresse B A des socio-environnementale Analyse A A Bibliographie Sélective Riez (Alpes-de-Haute-Provence). Riez canaux d’irrigation en Durance. Des outils outils Des Durance. en d’irrigation canaux d’ajustement aux effets du changement changement du effets aux d’ajustement Pyrénées). Université deProvence. Cie éditeurs, réed. 1904.378p. tourisme, Téoros, 14-2, 42-44 le développement despays méditerranéens ». ressources eneausouterraine :unatout pour praesulam sanctae Regiensis Ecclesiae Ecclesiae Regiensis sanctae praesulam climatique sur la variation des ressources ressources des variation la sur climatique nomenclatura. Aquae-Sextiae. nomenclatura. en eau. Revue d’études en agriculture et et agriculture en d’études Revue eau. en environnement OYER M.(1995) Repères diachroniques du LANCHARD R.(1945) ETEILLE R. (1986) ARTEL S. (1636) ARRUOL G.(1986) AKALOWICZ M.(2010) «Karst et UBRIOT O. & JOLLY G.(2002) RDOUIN-DUMAZET V.-E.(1897) Voyage SPE C., GILLES A., JACQUE M. (2014) , Vol. 4.B. Arthaud. Grenoble, Paris. , enligne, 21(1e), pp. 1-6. e série, -Review of agricultural and , Paris, Berger-Levrault et Historica et chronologica chronologica et Historica Document SCP. Du canal du Verdon au au Verdon du canal Du Alpes de Provence et et Provence de Alpes (Provence, Alpes, Ouvrages routiers routiers Ouvrages Fonds deBresc Les Alpes Alpes Les Histoires Histoires Revue gorges du Verdon, histoire du tourisme et et tourisme du histoire Verdon, du gorges N. F. Suppl.-Bd. 88, 67-69, Berlin-Stuttgart Latil, 20p. Fonds deBresc des travaux hydrauliques travaux des D F F B B B B B Imprimerie deP. Gimbert (Draguignan) archéologiques dela ville de Draguignan. de laSociété d'études scientifiques et terrestre (…) Tome 1, Vve C. Dunod (Paris) qui leur revient dansl'économie del'écorce leur composition, au point de vue durôle l'époque actuelle, leur régime, leur température, Extrait duXI irrigations dans larégion provençale », Grenoble, France. du drainage, 31août-6 septembre 1981, sur Fontaine-l’Évêque ou Sorps ou Fontaine-l’Évêque sur maregionsud.fr/ Disponible sur :https://dossiersinventaire. Alpes-Côte d'Azur -Inventaire général. Dossier IA04000468, Région Provence- Pays Asses, Verdon,du draperies Vaïre, Var», cours d’eau (19 françaises sousl’effet del’aménagement des disparition du tressage fluvial dans les Alpes Nouvelles études sur l’économie l’économie sur études Nouvelles Fontaine-L’Évêque alpestre. Diverses questions générales et et générales questions Diverses alpestre. monographies monographies ONDSOMP A. (2002)ONDSOMP A. ONDSECTIF (1982) «Historique des RESC L.,de(1889) RESC L.,de(1900) UFFA G.(2006) «Usines textiles dites RIOT, F. (1907) RAVARD J.-P. &PEIRY J .-L. (1993) «La AUBRÉE A. (1887) Les Eauxsouterraines à e congrès desirrigations et (...) Berger-Levrault e -20 , Draguignan, Imp.C. et A. e Les Alpes françaises. françaises. Alpes Les siècle) » La découverte des des découverte La Excursion d’Aix à à d’Aix Excursion , Edisud PNRV Notes historiques historiques Notes Z. geomorph Z. . Bulletin . changements climatiques ». humides deProvence-Alpes-Côte-d’Azur aux vulnérabilité desmilieuxaquatiques et milieux du Centre national delarecherche scientifique. Digne. géographique, historique et politique des des politique et historique géographique, G G G F E E L'eau et les hommes en Méditerranée. Méditerranée. en hommes les et L'eau D du Verdon, courrier scientifique du Parc naturel naturel Parc du scientifique courrier Verdon, du Michel L’Observatoire. de lazone Durance-Buech ». InREPARAZ, A., de et aménagement dansles Alpes duSud:lecas Gaules et de la France France la de et Gaules Iscles. Souvenirs de l’enfance. Les animaux. animaux. Les l’enfance. de Souvenirs Iscles. régional du Verdon du régional de Chasteuil. Historique dubarrage de Sainte-Croix et Le lacd’amour –LalégendedeSorps. d’amour, épopéeérotique duMoyen Âge. de Sorps,Idylled’amour, Sorpschevalier topographique de la Provence ancienne et et ancienne Provence la de topographique Carnet pour Hubert pour Carnet Saillant. & Vale-Roux,& Aiguines. Provence, Côte d’Azur, Verdon, Font d’Eilenc moderne haute Provence, étude de géographie géographie de étude Provence, haute des Gorges du Verdon du Gorges des régionale. ONT D’EÏLENC J. (1981), Lacomplainte XPILLY J.(1770). J. ISENMENGER G.,CAUVIN C. (1914) ASSIER-IRIGOIN I.(2012) ARRONE C. (2018) «Caractérisation dela ARCIN, É.(1835) URBIANO C. & REPARAZ A., de (1987) « Eau , vol. 1.Chez l'auteur, Draguignan. Edition P.Edition Jacques,Aix-les-Bains, Magazine de l’exposition l’exposition de Magazine , n°4, juillet 2018, PNRV Dictionnaire historique et et historique Dictionnaire . Ed. C’est-à-dire, Saint- . 2 (Vol. 6). Desaint et e In L’eau précieuse précieuse L’eau In éd.(janv. 1981) Carnets des des Carnets Dictionnaire Dictionnaire Editions Editions La La transferts des eaux de la Durance et du Verdon ». Guilbaud, pp.149-161 Presses Universitaires deRennes, P. Fournier &G.Massard- la dir. de J.-C. Chamboredon, 2 vol., EHESSMarseille, 585p L'eau enProvence-Alpes-Côte d'Azur. pp. 3-11 stratégies de l'eau en Méditerranée occidentale. Tensions, conflits conflits Tensions, occidentale. Méditerranée en l'eau de stratégies Alpes) Renaissance au XX au Renaissance le cas du Parc naturel régional du Verdon du régional naturel Parc du cas le Le CanaldeProvence », M M M : L territoriale d'appartenance sentiment du construction la dans Fondsectives L J J J J l’eau. de conquête La H H Environnement et Aménagement In géomorphologique écologiqueet socialenSavoie et Grésivaudan ». G et régulations et Commune d’Artignosc. Association Culture, Loisirs et Patrimoine, Sainte-Croix-du-Verdon. n°21, janv., pp. 5à35. troisième série, tome 43, 4.pp. 23-37 Librairie académiquePerrin, treizième édition. méditerranéen ». EAN M.(2011) EAN A. M.,LEFEBVRE J., PELISSIERF. (1981) «Utilisations et AUBERT J.-B. DR. (1857) (2004)AENICHEN J. IVET R. (1980) « Irrigation et sociétés dans le monde EBORGNE M.(2006). IREL J. (2016) «Les endiguements de l'Isère auXIX UBRECHT J.-P, NEDELEC H., VENTUJOL P. &SORELLID. (s. d.) ALLAYS,(1929). A. ARIE M.,LARCENA D. &DERIOZ P. (1999) ARIE M.(1984) «Pour uneanthropologie desgrands ouvrages. AGNAUDEIX I.(2000) . Marseille. . L'Harmattan. 543 p. Les architectes de l’eau en Provence : de la la de : Provence en l’eau de architectes Les Méditerranée e siècle En flanant : à travers la France. Provence France. la travers à : flanant En Sianov, Saint-Julien-le-Montagnier. Souvenirs d’une vie dans la vallée perdue vallée la dans vie d’une Souvenirs L'espace d'un oubli. Le rôle des mémoires mémoires des rôle Le oubli. d'un L'espace IN « Les Annales de la recherche urbaine recherche la de Annales Les « IN Le chemin de l'eau de chemin Le . Actes sud. . Actes Guide aux eaux de Gréoulx (Basses- Gréoulx de eaux aux Guide , troisième série, tome 39, 2-3. . Thèse en sciences sociales,sous . Perspectives historiques, . Rapport derecherche. Cultures, usages et et usages Cultures, e . Méditerranée siècle. Impact ... , , .

Hachette. . Corbières, entre moyenne et basse Durance basse et moyenne entre Corbières, Provence et delarégion provençale, 136p. littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, n°364,juill-déc. Provence-Alpes-Côte d'Azur. pp. 23-34 Nice :DonBoscoimprimeur, 236p. la source deFontaine-L’Évêque »,Extrait des M P Riez vieux du amis des Bulletin P P M - Alpes - Côte d'Azur.- Importanceet rôle desréserves souterraines ». régional ». clef del'aménagement du Verdon et del'équipement hydraulique Alpes in P N Méditerranée In: N N M M M agricoles, fascicule 33, Paris, 66p. de l’Agriculture de Provence, Edisud, 160 p. PhysioGéo, Fonds. «Ouvrages »,misenlignele6juin2018. d'aménagement régional d'aménagement et un patrimoine engloutis : Les Salles, Sainte-Croix, Bauduen, Bauduen, Sainte-Croix, Salles, Les : engloutis patrimoine un et Moustiers, Aiguines Moustiers, ONCIN L. (2015) ONCIN L.(2008) «Les moulinsdeSorps avant laRévolution ». LANTIER L. (2013) LANTIER L.(1989) ICOD J. (2018)ICOD J. ICOD J. (1980) «Les ressources eneaudelarégion Provence ICOD J. (1974) «Lamiseeneauduréservoir deSainte-Croix, ARTEL E.-A., LE COUPPEY DE LA FOREST M. (1905) « Étude sur ORANT R.de(1980) ONMARCHE F. (1971) ISTRAL, M.(1951) ISTRAL A. (1977) Textes et documents sur Saint-André-les- Chroniques de Haute Provence Haute de Chroniques IN: Méditerranée IN: , Direction del’hydraulique et desaméliorations , troisième série, tome 39, 2-3-1980. L'eau en Sites du Bas-Verdon : recueil de documents de recueil : Bas-Verdon du Sites La vallée du Verdon avant le lac - Un paysage paysage Un - lac le avant Verdon du vallée La . C’est-à-dire éditions, Forcalquier. L'industrie drapière dans la vallée du Verdon du vallée la dans drapière L'industrie Un terroir, des machines et des hommes. hommes. des et machines des terroir, Un Le canal de Provence, un exemple français français exemple un Provence, de canal Le Fontaines de haute Provence haute de Fontaines Provence Côte d’Azur Côte Provence (SCP), Le Tholonet, Société ducanalde , deuxièmesérie, tome 16, 1.pp. 85-92 n°109, p.16 , Société scientifique et . C’est-à-dire éditions. Annales du ministère ministère du Annales . Les guidesbleus. . Aix-en- - . 91 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON les Préalpes de haute Provence haute de Préalpes les Croix-du-Verdon, Présentation et étude étude et Présentation Croix-du-Verdon, Aix-en-Provence. reproduction de thèses, Université de Lille III, II, le18mai,éd.Edisud/ Atelier national de présentée devant l’université d’Aix-Marseille R R R R Bibliographie Sélective démographique et économique d’une d’une économique et démographique octobre 1905 commune rurale commune Aix-en-Provence. Fonds MuséedeSalagon. de géographie. Faculté des Lettres, Didot et cie. ONNA, A. (1889).ONNA, A. france de touring-club du mensuelle evue EPARAZ A., de (1978) ENUCCI M.-F. (1967-68) . Dir. M.Isnard. Laboratoire Les irrigations Les La vie rurale dans dans rurale vie La . Firmin- , Thèse Sainte- , et Côte d’Azur, Aiguines, 17p. Monographie historique, Editions Provence P. Ruat, Marseille. Archives départementales du Var -7S209 V V S R Avenir l’inventaire PACA /Patrimoine Recherche l’Évêque. L’avis des jurisconsultes ». Alpes, La Mure-Argens : étude historique historique étude : Mure-Argens La Alpes, provençal et documentaire et CHNEY H.(2013) ERDY C. (1899) «Les eauxdeFontaine- ALE-ROUX (1955) UAT, P. (1896). , 7novembre 1899. Excursions en Provence en Excursions , Servicerégional de La Minoterie des des Minoterie La Fontaine L’Évêque Fontaine Le petit petit Le . . Archives départementales du Var -BR679 Imprimerie Olivier-Joulian, Draguignan. Ingénieur enchef desPonts et Chaussées, V hydrauliques intéressant le département du du département le intéressant hydrauliques Var. Historique de la question de l’adduction l’adduction de question la de Historique Var. de Fontaine-l’Évêque de IDAL M.(1945) . Rapport deM. Vidal, Les grands projets projets grands Les Autres sources documentaires Verte Inventaire duPatrimoine –Région Sud:Notices duParc naturel régional du Verdon et duPays d’art et d’histoire Provence Archives privées dela famille deBresc (Fox-Amphoux) Archives duSyndicat Intercommunal duHaut-Var (SIHV) Archives duSyndicat d’alimentation dunord-ouest Varois (SIANOV) Archives delaSociété ducanaldeProvence (Le Tholonet) Archives E.D.F. (Sainte-Croix) Archives communalesdeBauduen,Ginasservis,Quinson Archives départementales du Var Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence 93 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON pour leur ouverture, noséchanges. l’iconographie recueillie sur Fontaine-l’Evêque, Catherine Leroy, Jean-Pierre Reboul, et Joanne Kauffman, Irène Magnaudeix, NicolasBlanc,PhilippeBorgard pour avoir aimablement partagéleurs sources et Enfin, merci aux personnes quiont accompagnénotre cheminement, au fildelarivière :Pierre Coste, Cheilan, Gérard Cire, Louis Plantier, François Prévost, Corinne Guin, Jacques Espitalier, Georges Olivari, Robert Rolando, GabrielPhilibert,Gilbert Pourrière, Michelle Aubert, Alain Burle, Audrey Laurans, Marcel Gérard Marignane, Robert Truffier, Franck Pourrière, Raymonde Pons, France Authier, Alain Amédéo, Alain Martel, Hervé Philibert, Marc Aubert, Jean Brondino, DenisMaurel, René Fouque, Hervé Chatard, Peuget, Jean Bérenger, René Bondil,Georges Bagarre, leshabitants deBauduen,Mary-Ann Hird Mistral, Marie-France Ebbo, Christian et DeniseReboul, EugèneMistral, Jean Gibert, Andrée Marcel, Christian Merci à tous ceux quiont participéàl’enquête, deprès oudeloin: l’enquête. Merci à Audrey Zorzan pour avoir initiéet suivileprojet, et à tous lesagents duParc quiont participé à Poncin oudeMarjorieSalvarelli. Merci à tous ceuxdont les travaux sur le Verdon ont éclairé nosrecherches, commeceuxdeLucette l’Agriculture, auservicedel’inventaire dupatrimoine delaRégion Sud. des gorges du Verdon, auréseau Secrets deFabrique, àlabibliothèque historique duministère de des forêts (service RTM), auMuséedépartemental d’ethnologie deSalagon,auMuséePréhistoire Maison Nature &Patrimoines, auPays d’Art et d’Histoire Provence Verte Verdon, àl’Office national Merci également auConservatoire dulittoral, àlaMaisonrégionale del’eau, àlaMaisondeslacs, Marceline deBresc, merci denousavoir donnéaccèsà vos archives. intercommunaux duHaut-Var (SIHV) et d’Alimentation duNord-Ouest Varois (SIANOV) et àGérard et Saint-Julien-le-Montagnier, Ginasservis,Quinson,La Verdière, Esparron-de-Verdon, auxsyndicats Quinson histoire et devenir ),auxmunicipalités deBauduen,LaMure-Argens, Saint-André-les-Alpes, chemins du patrimoine, Petra Castellana, Joie de vivre, Les amis du vieux Riez, Culture Loisirs Patrimoine, Société du Canal deProvence, aux associations locales(Quinson Histoire et Devenir, le Vieux Village, Les Merci aux Archives départementales du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, àElectricité deFrance, la documents et accompagnéPauline Mayer, sur le terrain, ungrand merci. À toutes lespersonnes quiont contribué àl’enquête, prisle temps dusouvenir et dupartage, fourni des nos échanges. long delamission,et tout particulièrement DanielleMusset pour sesconseilsavisés, sesrelectures et techniques institutionnels ouassociatifs, oumembres duConseil Scientifique pour leur appui tout au Nous tenons également àremercier l’ensemble desmembres ducomité depilotage, élus,partenaires pour son travail remarquable et sonéclairage nouveau porté sur le Verdon. Le Parc naturel régional du Verdon Remerciements souhaite tout particulièrement remercier Pauline Mayer, ethnologue, « Approche culturelle delarivière du Verdon et desesaffluents :biencommun,usages et pratiques locales» Nous avons choisiuneentreprise soucieusederéduire sonimpact sur l’environnement Publication duParc naturel régional du Verdon réalisée danslecadre duprojet Suivi et corrections :DanielleMusset, Annie Robert et MarlèneEconomidès Imprimé enFrance enaoût 2019par l’imprimerieRiccobono réalisé danslecadre duContrat rivière Verdon. pour imprimer cedocument sur papier recyclé. Mise enpage et graphisme :LaChamade Directeur depublication :Paul Corbier Coordination :AudreyZorzan Rédaction :Pauline Mayer

95 DE LA CONQUÊTE DE LA RIVIÈRE AU GRAND VOYAGE DES EAUX - ETHNOLOGIE ET HISTOIRE DU VERDON © Fonds. J.-P. Reboul J.-P. © Fonds. xxx, 1961. Fonds Fabre. André © Fonds Philibert Lombard/H. © Fonds Baignade au confluent de l’Issole et du Verdon, portrait de famille à Fontaine-l’Evêque, jeux au bord du canal du Verdon à Ginasservis.

Issu d’une étude historique et ethnologique conduite par Pauline Mayer, cet ouvrage illustre, au travers de l’évolution du milieu fluvial, quelques aspects de la relation des habitants du Parc du Verdon à la ressource en eau et à la rivière depuis le XIXe siècle.

Des petits canaux alpins, au transport massif des eaux vers la basse Provence, en passant par les abîmes et les lieux submergés, l’histoire du Verdon se partage aujourd’hui entre le souvenir des vallées englouties et la vie que le cours d’eau répand dans la région. Trois récits d’eau, trois lieux, considérés pour leur exemplarité, illustrent cette histoire culturellement riche au gré de la rivière : les digues et canaux des communes de Saint-André-les- Alpes et la Mure-Argens au confluent de l’Issole et du Verdon, à l’origine d’une puissante industrie textile ; à Bauduen, Fontaine-l’Évêque, la seconde résurgence karstique de France engloutie par les eaux du lac de Sainte-Croix ; et enfin, la grande hydraulique déployée dans le bas Verdon entre Quinson et Vinon-sur-Verdon, en passant par Saint-Julien-le Montagnier et Ginasservis depuis le XIXe siècle, du canal du Verdon au canal de Provence.

PARC NATUREL RÉGIONAL DU VERDON Domaine de Valx 04360 Moustiers-Sainte-Marie Tél. 04 92 74 68 00 www.parcduverdon.fr [email protected]