RAPPORT CETE de LYON Centre d'Études Etude des aménités Techniques de LYON d'une réserve naturelle Département Environnement existante Territoires Climat

Affaire 51 BE 12 005 Le marais de Lavours Décembre 2013

Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Energie

www.cete-lyon.developpement-durable.gouv.fr DREAL Rhône-Alpes / REMIPP/BRM 5, place Jules Ferry 69453 Lyon Cedex 06

Etude des aménités d'une réserve naturelle existante Le marais de Lavours Rapport Décembre 2013

Date Version Commentaires 20/03/13 V0 Rapport d’étape 13/12/13 V1 Version après réunion de concertation avec la DREAL le 08 octobre 2013 4 v e R _ t r o p p a R _ M D _ 2 R _ 9 6 E T E C

Département Environnement Territoires Climat 46, rue Saint-Théobald BP 128 38081 L’ISLE D’ABEAU CEDEX Tél.: +33 (0)4 74 27 53 00 - Fax.: +33 (0)4 74 27 68 75 Courriel : [email protected] Récapitulatif de l'affaire Client : Marc Chatelain - 04 26 28 66 11 DREAL Rhône-Alpes / REMIPP/BRM 5, place Jules Ferry 69453 Lyon Cedex 06 Objet de l'étude : Etude des aménités d'une réserve naturelle existante - Le marais de Lavours Résumé de la commande : Recenser les aménités d'une réserve naturelle existante (RN du marais de Lavours) dans le but de fournir des arguments utilisables par la DREAL dans le cadre du déploiement de la SCAP. Référence dossier : Affaire 51 BE 12 005 Offre : Devis N° 51 2012 D44 et proposition technique et financière 51 BE 12 005- envoyés le 27 avril 2012 Accord client : 14/05/12 Diffusion/Archivage : Confidentiel – Documentation CETE de Lyon Chargé d'affaire : Séverine HUBERT – Département Environnement Territoires Climat – Tél. 04 74 27 53 62 / Fax +33 (0)4 74 27 68 75 Courriel : [email protected] Constitution de l'équipe : Magali POUDEVIGNE et Séverine HUBERT Magali POUDEVIGNE – Département Environnement Territoires Climat – Tél. 04 74 27 53 64 / Fax +33 (0)4 74 27 68 75 Mots Clés : Ecologie, Réserve naturelle, Aménités, Marais de Lavours ISRN :

Liste des destinataires

Contact Adresse Nombre - Type Marc Chatelain - 04 26 28 DREAL Rhône-Alpes / REMIPP/BRM 66 11 5, place Jules Ferry 69453 Lyon Cedex 06

Conclusion – Résumé

L'Isle d'Abeau, le Le Directeur du Département Environnement Territoires Climat

Mme Virginie Billon Responsable de l'unité Biodiversité - Eau CETE de Lyon Département Environnement Territoires Climat Sommaire

1 - MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL...... 13

1.1 - Identification des acteurs à interroger...... 13

1.2 - Élaboration des questionnaires par catégorie de personne interrogée..14

1.3 - Interview des acteurs locaux...... 15

1.4 - Identification des aménités au niveau de la réserve naturelle du marais de Lavours...... 15

2 - LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE DU MARAIS DE LAVOURS...... 16

2.1 - Principales caractéristiques...... 16 2.1.1 - Historique et fonctionnement actuel...... 16 2.1.2 - Contexte administratif et socio-économique...... 20 2.2 - Identification et insertion de la réserve naturelle dans le maillage territorial...... 22 2.2.1 - Documents d'urbanismes : SCoT, PLU et cartes communales...... 22 2.2.2 - Plan de prévention des risques...... 24 2.2.3 - Charte de développement du Pays du Bugey...... 24 2.2.4 - Les inventaires et les classements en faveur du patrimoine naturel...... 25 2.2.5 - Le SDAGE et le Contrat de Rivière...... 26 2.2.5.a -le SDAGE...... 26 2.2.5.b -Contrat de Rivière du bassin versant du Séran...... 27 2.2.6 - Les Espaces Naturels Sensibles du département de l'...... 27 2.2.7 - Itinéraires de randonnées...... 29 2.3 - Les aménités identifiées de la réserve naturelle du marais de Lavours à partir de la bibliographie...... 30 2.3.1 - La dimension naturelle des aménités...... 30 2.3.1.a -Qualité de la biodiversité...... 30 2.3.1.b -Fonction de rétention de l’eau dans les sols...... 36 2.3.1.c -Autres fonctions écologiques...... 37 2.3.2 - La dimension sociale ou culturelle des aménités...... 39 2.3.2.a -Développement des activités éducatives de sensibilisation à l'environnement...... 39 2.3.2.b -Activités scientifiques auprès de l'enseignement supérieur et de la recherche...... 42 2.3.2.c -Activité récréative, accueil de tous les publics...... 43 2.3.2.d -Conservation d'un patrimoine commun : naturel, paysager et historique.44 2.3.2.e -Activités culturelles et artistiques...... 45 2.3.2.f -Lieu de vie sociale - Lieu d'échange...... 47 2.3.3 - La dimension économique des aménités...... 47 2.3.3.a -Loisirs de nature et activités touristiques...... 48

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2.3.3.b -Exploitations agricoles et forestières...... 48 2.3.3.c -Activités cynégétiques...... 49 2.3.3.d -La démoustication...... 50 2.3.3.e -Retombées économiques locales...... 53

3 - SYNTHÈSE ET ANALYSE DES QUESTIONNAIRES...... 55

3.1 - Le classement en réserve naturelle nationale...... 55 3.1.1 - La notion de réserve naturelle...... 55 3.1.2 - Le ressenti de la réserve naturelle du marais de Lavours en quelques mots ...... 57 3.1.3 - Point de vue initial des acteurs locaux lors de la création de la réserve naturelle...... 58 3.1.4 - Le point de vue actuel des acteurs locaux sur la réserve naturelle...... 60 3.1.5 - Les raisons de la visite de la réserve naturelle...... 63 3.1.6 - Les services rendus par la réserve naturelle à la collectivité...... 65 3.2 - La dimension naturelle des aménités...... 67

3.3 - La dimension sociale et/ou culturelle des aménités...... 69 3.3.1 - Valeurs éducatives et scientifiques...... 69 3.3.2 - Valeurs patrimoniales, historiques et culturelles...... 71 3.3.3 - Valeurs récréatives et de bien-être...... 72 3.3.4 - « Lieu de rencontres et d'échanges »...... 73 3.3.5 - Services d'appui et exemplarité du territoire ...... 74 3.4 - La dimension socio-économique des aménités...... 76 3.4.1 - Notion de plus-value pour le territoire...... 76 3.4.2 - Les retombées économiques...... 78 3.5 - Que retenir ? ...... 80

4 - QUELQUES ÉLÉMENTS FAVORABLES À L'ACCEPTATION PAR LES ÉLUS DES SITES FORTEMENT PROTÉGÉS - POINTS À TRAVAILLER POUR UN MEILLEUR DÉPLOIEMENT DE LA SCAP...... 85

4.1 - Les raisons des réticences de certains élus lors de la mise en place d'une réserve naturelle sur leur territoire...... 85

4.2 - Arguments fournis par les acteurs locaux pour convaincre des élus réticents...... 86

4.3 - Arguments fournis par les acteurs locaux pour améliorer la gestion de la réserve naturelle du marais de Lavours...... 90

4.4 - Synthèse des réticences et arguments ...... 93

Etude des aménités d'une réserve naturelle existante - Le marais de Lavours (Décembre 2013) Page 5/104 CETE de Lyon Département Environnement Territoires Climat Introduction

L'élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie nationale de Création d’Aires Protégées ter- restres (SCAP) sur le territoire métropolitain constitue une des mesures prioritaires du Ministère en charge du développement durable pour faire face à l’érosion de la biodiversité. L'article 23 de la loi n°2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, dite « Grenelle I », confirme l’impulsion d’une politique ambitieuse de déve- loppement du réseau des aires protégées, avec l’objectif de placer, d’ici dix ans, 2% au moins du territoire terrestre métropolitain sous protection forte. La stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 identifie 20 objectifs parmi lesquels la construction « d'une infrastructure écologique incluant un réseau cohérent d'espaces protégés ». Les aires protégées sont mentionnées comme étant l'un des outils importants de conserva- tion de la biodiversité, tant au niveau national, européen qu'international et constituant des élé- ments essentiels de cette infrastructure. Cette stratégie est conforme avec l'objectif 11 du plan stratégique pour la biodiversité 2011- 2020 pour la planète (dit « Objectifs d'Aichi ») : « D’ici à 2020, au moins 17 % des zones ter- restres et d’eaux intérieures et 10 % des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les éco- systèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation ef- ficaces par zone, et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin. »

Le document « stratégie de création des aires protégées » édité par le MEDDTL précise que pour atteindre les objectifs fixés « Il est indispensable d'associer et de fédérer les acteurs lo- caux autour des objectifs de protection et de gestion durable des espaces naturels, de donner du sens à l'action publique (dans une approche en termes de valeurs, d'utilités et de services écologiques à protéger) et de les partager avec les acteurs locaux via notamment des opéra- tions de communication et d'éducation à l'environnement. »

Cependant, la juste appréhension des services écologiques fournis par une aire protégée par les acteurs et décideurs locaux est encore, et malgré une certaine évolution récente, très diffi- cile. Le plus souvent, ces derniers mettent en exergue un certain nombre de contraintes qui ac- compagnent la création d'une aire protégée (comme une réserve naturelle par exemple), sans penser aux avantages que les populations et territoires peuvent en retirer.

Dans le cadre du déploiement de la SCAP et afin de mettre correctement en balance les contraintes et les avantages induits par la création d'une aire protégée, ces notions parfois sub- jectives, de valeurs, d'utilités et de services écologiques demandent à être démocratisées et partagées. Les aménités des milieux naturels constituent une partie de ces notions, primordiale à la juste évaluation d'un projet de création d'une aire protégée.

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La DREAL Rhône-Alpes souhaite recueillir des données régionalisées sur les aménités asso- ciées à des sites protégés existants, afin de disposer d'arguments utilisables et transférables lors des phases de concertation liées à la création d'une aire protégée nouvelle1. A cet effet, elle a confié une mission au CETE de Lyon. Cette dernière consiste à identifier l'en- semble des aménités d'une réserve naturelle en se basant sur le cas de la réserve naturelle na- tionale du marais de Lavours, réserve déjà ancienne et dont le fonctionnement est jugé comme étant plutôt satisfaisant. Le travail mené doit permettre de définir une méthodologie qui pourra être reconduite ensuite sur d'autres sites protégés. Les réserves naturelles nationales de la Haute chaîne du Jura et des Contamines-Montjoie pourraient également et dans un second temps, être étudiées.

Mais quelles sont donc les aménités associées à la réserve naturelle nationale du marais de Lavours ? Pour répondre à cette question, il est essentiel de bien reprendre les différentes no- tions regroupées autour du terme « aménité ».

Le terme « aménité » rejoint une notion ancienne, mais encore assez floue et mobilisée en gé- néral sans être réellement définie. Historiquement et à l'origine, il s'agit d'une définition latine d'un terme employé au singulier. Qualifié de « littéraire » et de « désuet », le terme « aménité » provient du latin « amoenitas ». Selon Cicéron, il évoquerait un lieu « amène », plein de charme, d'agrément, plaisant pour les sens. Ce n'est que beaucoup plus tard que le terme sera utilisé pour évoquer le caractère affable d'une personne (amabilité, charme, courtoisie).

Dans la tradition anglo-saxonne le terme « aménités » est employé au pluriel et se rapproche du terme de "facilities" (toute chose contribuant à un physique ou matériel). Il existe tou- tefois une nuance entre les "facilities", basiques et essentielles (l'eau, le chauffage...) et les "amenities" qui comprennent l'ensemble des éléments contribuant à rendre un lieu plus attractif (le lieu devient attractif car quelqu'un a fait en sorte qu'il le soit). Il y a eu une action délibérée pour rendre le lieu plus agréable.

Les américains ont, quant à eux, défini les "amenities" comme « l'ensemble des avantages non monétaires découlant d'un droit de propriété, bénéfices tangibles et intangibles produits par un bien immobilier » avec l'idée d'un bénéfice potentiel lié à une propriété privée (apparition d'une dimension opportuniste).

L'OCDE a publié plusieurs documents de référence (1994, 1996, 1999, 2000) sur les aménités environnementales qu'il définit en 1999 comme « les attributs, naturels ou façonnés par l’homme, liés à un territoire et qui le différencient d’autres territoires qui en sont dépourvus ». Dans ses différents rapports, les aménités sont également caractérisées selon une vision plus anthropocentrée, comme étant des « structures uniques, naturelles ou construites par l'homme telles que la flore et la faune, les paysages cultivés, le patrimoine historique, voire les traditions culturelles. Elles se distinguent des caractéristiques ordinaires de la campagne car elles sont

1 - Par courrier en date du 26 janvier 2012, la DREAL Rhône-Alpes a transmis à la DEB (Direction de l'eau et de la biodiversité) un état d'avancement des travaux conduits dans le cadre de la SCAP. Cette synthèse comprend une liste de 37 projets potentiellement éligibles. En retour, la DEB a élaboré une liste indicative et provisoire des projets éligibles à la stratégie de création des aires protégées sur le territoire terrestre métropolitain (26 octobre 2012). Pour la région Rhône-Alpes, les 37 projets proposés ont ainsi été retenus. S'il s'agit en grande partie de projets de création d'arrêtés de protection de biotope (22 projets au minimum), 3 projets concernent une réserve naturelle nationale (deux projets concernent la modification d'une réserve naturelle existante et un projet concerne la création d'une nouvelle réserve naturelle nationale : projet de réserve naturelle Haut-Rhône français).

Etude des aménités d'une réserve naturelle existante - Le marais de Lavours (Décembre 2013) Page 7/104 CETE de Lyon Département Environnement Territoires Climat reconnues comme précieuses, ou, en termes économiques, exploitables. Il s'agirait alors de lieux et de traditions dont certains individus ou la société dans son ensemble peuvent tirer une utilité ».

De plus, le terme « aménités » entretient des liens étroits avec d'autres concepts et en particu- lier avec celui de biens publics. Les aménités ont des caractéristiques de bien public pur ou im- pur. Le bien public pur n’est pas « exclusif » (il n’est pas possible d’exclure certaines personnes de sa consommation, par exemple en lui appliquant un prix) et n’est pas non plus « rival », c’est-à-dire que sa consommation par une personne ne diminue pas sa disponibilité pour tout autre personne (ex : vue d'un paysage). Dans le cas d’un bien public impur, il y a une rivalité de l’usage. Exemple : l’air est considéré comme un bien public pur alors que l’eau est considérée comme un bien public impur si elle vient à manquer parce que consommée par d’autres.

Dans le contexte actuel, il est également considéré que les aménités n'ont pas de valeur mar- chande car elles ne sont pas commercialisées directement mais elles donnent de la valeur à un territoire car elles favorisent son attractivité.

A la notion d'aménités s'associent donc plusieurs types d'approches distinctes :

- une approche plutôt subjective des aménités, qui prend en considération des attributs ou ca- ractéristiques liées aux sens, au mode de perception, au vécu, aux préférences, aux représen- tations des personnes. Dans cette approche, il est pris en compte que chacun a sa propre réac- tion face à un écosystème naturel : certains vont y voir un flux d'aménités alors que d'autres y resteront totalement insensibles. Par ailleurs, les perceptions des aménités sont susceptibles d'évoluer dans le temps, individuellement ou collectivement (ex : cas des zones humides, dont personne ne se souciait il y a quelques années et qui sont devenues sources d'aménités depuis que l'on connaît mieux la richesse de ces milieux).

- une approche plutôt objective, qui privilégie des approches fonctionnelles, écologiques et an- thropiques. L'OCDE, évoqué précédemment, rentre dans cette catégorie en privilégiant l'aspect offre des aménités. L'approche complémentaire où les aménités se rapprochent des services environnementaux territoriaux2 (services rendus sur un territoire donné par la nature à l'homme et non produits de manière intentionnelle par ce dernier3) ou de leurs usages4 rentrerait dans cette seconde catégorie.

Quels sont alors les liens à établir et quels sont les recoupements possibles entre les notions de services écosystémiques, de valeur de ces services et d'aménités ?

2 « Envisagé selon une conception anthropocentrique, les services environnementaux étudiés ont pour objet explicite l’amélioration du cadre de vie paysager des populations résidentes et des adeptes des activités récréatives. Ils s’inscrivent dans une logique de valorisation des aménités rurales pour accroître l’attractivité ou, dans le cas du rural périurbain, en canaliser les effets. » - La clarification des théories d’action, une approche préalable indispensable dans l’évaluation des politiques paysagères : une application au cas d’une zone rurale auvergnate – O. Aznar et M. Guérin - 2002. 3 Depuis le MEA (cf. infra), le terme de « services écosystémiques » tend à remplacer celui de « services environnementaux » ou de « services écologiques » mais désigne la même chose. 4 L’article de M. Rambonilaza (2002), mise en œuvre de l’évaluation économique des aménités rurales en Europe : le cas des aménités environnementales, fait référence aux méthodes permettant de donner une indication monétaire des valeurs que les individus attachent à des biens qui ne sont pas échangés sur un marché. Il classe la « nature de l’aménité » en fonction du « type de bénéfice » (la nature de l’usage).

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Les services écosystémiques reflètent les bénéfices que peuvent tirer les hommes de la biodiversité et qui contribuent à Écosystème son bien-être social. Ce sont les processus biologiques à l'origine de la production de ces services qui représentent les fonctions écologiques5. Ex1 : un écosystème « zone humide » a une fonction de régulation Fonctions écologiques des écoulements d’eau. Ces écoulements permettent un service de purification et de maintien de la qualité de l’eau. Ex2 : un écosystème « forêt » a une fonction d’échanges gazeux vé- gétation/atmosphère. Ces échanges permettent un service de purifi- Services écologiques cation et de maintien de la qualité de l’air.

Les travaux internationaux relatifs à l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire (Millen- nium Ecosystem Assessment ou MEA 2005) ont abouti quant à eux à la classification des ser- vices écologiques (ou écosystémiques) en 4 catégories (cf. Tableau I). La première catégorie est constituée des services d'auto-entretien qui rassemblent des services supports, non directe- ment utilisés par l'homme. De ces services d'auto-entretien, essentiels, découlent les trois autres catégories : les services d'approvisionnement, les services de régulation et les services culturels.

Tableau I : Services procurés par les écosystèmes (source : MEA, 2005) Services d'approvisionnement Produits issus des écosystèmes  Nourriture  Eau douce  Bois de feu  Fibres  Produits biochimiques  Ressources génétiques

Services d'auto entretien Services de régulation Services nécessaires à l'octroi de tous Bénéfices issus de la régulation des processus des les autres services fournis par les écosystèmes  Régulation du climat écosystèmes  Régulation des maladies  Constitution des sols  Régulation de l'eau  Développement du cycle nutritionnel  Épuration des eaux  Production primaire Services culturels Bénéfices immatériels issus des écosystèmes  Spirituels et religieux  Agrément et écotourisme  Beauté écologique  Inspiration  Éducationnel  Instinct géographique  Héritage culturel Dans ce tableau, la plupart des services peuvent être source d'aménités.

5 Les fonctions écologiques sont définies comme les processus biologiques qui permettent le fonctionnement et le maintien des écosystèmes (vision écologique), et les services écosystémiques comme les bénéfices retirés par l’homme des processus biologiques (vision économique).

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Depuis une vingtaine d’année, les économistes se sont saisis de la question de la prise en compte socio-économique de la biodiversité. La valeur économique totale de la biodiversité a été décomposée en plusieurs valeurs distinctes (cf. Fig. 1) dans le rapport du Centre d'Analyse Stratégique sur les approches économiques de la biodiversité et des services liés aux écosys- tèmes (2009). Même si l’évaluation économique des aménités n’est pas l’objet principal du rapport, ces diffé- rentes valeurs ont un réel intérêt pédagogique et donnent un aperçu global et synthétique de ces dernières.

Fig. 1 : les valeurs des services écosystémiques (source : CAS - 2009)

Depuis, de très nombreux travaux essaient de classer les valeurs de la biodiversité avec d'autres formes de classement, certains interlocuteurs préférant substituer le terme « d'intérêt » à celui de valeur. Dans le tableau ci-dessous, nous avons essayé de rattacher les autres va- leurs rencontrées à celles d'usage et de non-usage proposées par le CAS.

Valeur de non-usage Valeur d'existence Valeur intrinsèque Valeur non instrumentale Valeur fonctionnelle Valeur d'héritage Valeur patrimoniale Valeur éthique, valeur en soi Valeur morale Valeur affective En noir, les catégories de valeur Valeur d'usage Valeur d'usage direct du CAS, en bleu les catégories Valeur instrumentale Valeur utilitaire directe de valeur de la biodiversité s'en Valeur économique Valeur économique rapprochant et rencontrées dans Valeur d'usage indirect la littérature (Les valeurs de la Valeur utilitaire indirecte biodiversité : un regard sur les approches et le positionnement Valeur d'option des acteurs). Valeur potentielle

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Notons que dans le tableau ci-dessus, le terme de valeur ne se rapporte pas seulement à une mesure chiffrée de l'importance ou de l'utilité d'une chose (ex : valeur monétaire) mais inclus aussi la valeur comme appréciation de l'importance d'une chose et la valeur comme règle ou référence morale (personnelle ou collective).

En raison des objectifs de la présente étude, il a été décidé d'utiliser le terme « aménités » dans un sens très large recoupant l'ensemble des éléments permis et / ou rendu opportuns par l'existence de la réserve naturelle et qui participent au bien-être de la société humaine (intérêts directs et indirects pour le territoire et les habitants) en se penchant sur les différentes dimensions des aménités environnementales (naturelle, sociale ou culturelle et économique). Ces aménités recoupent alors les valeurs les moins tangibles identifiées ci-avant, excluant en grande partie les valeurs d'usage direct.

Dans le cas d'une aire protégée telle une réserve naturelle, il est clair qu'il s'agit des valeurs dites d'existence et d'héritage, voire d'option qui sont initialement et historiquement à la base de la notion même de conservation et de la justification de la création de l'aire protégée. Cette vi- sion a considérablement évolué pour intégrer l’ensemble des fonctions écologiques. Nous avons choisi de rattacher ces valeurs à la dimension naturelle des aménités.

Cette dimension naturelle des aménités permet l'expression d'une seconde dimension d'améni- tés (qui découle et dépend directement de la première) : la dimension sociale ou culturelle des aménités (autrement dit la valeur sociale ou culturelle associée à la biodiversité). Rentrent dans cette catégorie l'ensemble des bénéfices immatériels, diffus et abstraits, les biens non ap- propriés, le bien-être. La valeur esthétique du territoire, sa reconnaissance, les usages récréa- tifs, scientifiques, éducatifs, la qualité des relations sociales et les bénéfices sur la santé et la qualité de la vie sont autant d'éléments qui appartiennent à cette catégorie.

Les dimensions naturelles et sociales des aménités sont à l'origine de retombées économiques sur le territoire : création d'emplois, production de biens marchands, budgets investis par les pouvoirs publics, tourisme vert, etc. Elles impactent également le développement local (via la valorisation du foncier par exemple). C'est la dimension économique des aménités.

Le présent rapport explique la méthodologie de travail retenue, présente les différentes dimen- sions des aménités recueillies au sein de la réserve naturelle du marais de Lavours et énonce quelques éléments favorables à l'acceptation par les élus des sites fortement protégés.

NB. Dans le cadre de cette étude, les méthodes de monétarisation des milieux naturels (approches éco- nomiques encore expérimentales sur notre territoire) qui pourraient permettre de contribuer à l'évaluation économique des aménités, n'ont pas été utilisées.

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1 - Méthodologie de travail

Dans le cadre de la mission confiée au CETE de Lyon, il a été décidé de ne tra- vailler, dans un premier temps, que sur le cas d'une réserve naturelle : la réserve naturelle nationale du marais de Lavours, située dans le département de l'Ain. Cette réserve, d'une superficie totale de 474 ha et créée en 1984 a été choisie en raison de son ancienneté et dans la mesure où elle est considérée comme fonction- nant de manière satisfaisante.

Il est important de souligner que cette étude sur les aménités présente l'originalité d'être basée à la fois sur une analyse bibliographique et sur le ressenti des acteurs locaux : comment ont-ils vécu la création de cette réserve naturelle ?, comment la perçoivent-ils aujourd'hui ?, leur opinion a-t-elle évolué ? Le travail s'est déroulé en quatre phases principales : • identification des acteurs à interroger • élaboration des questionnaires • interview des acteurs locaux sélectionnés • identification des aménités au sein de la réserve naturelle.

1.1 - Identification des acteurs à interroger

Afin de présenter les objectifs de l'étude et de recueillir des informations sur les ac- teurs locaux à contacter dans le cadre de cette étude, une première rencontre avec le gestionnaire de la réserve naturelle (l'EID) a été organisée. Ce premier rendez- vous a permis d'aborder le fonctionnement de la réserve naturelle et d'obtenir les précisions nécessaires sur les acteurs locaux, dont la plupart font partie du comité consultatif de la réserve naturelle. Outre le gestionnaire, les acteurs locaux identifiés et contactés sont les suivants :

• les maires des communes dont le territoire est concerné par le périmètre de la réserve naturelle : Ceyzérieu, Béon, , et . Le maire de la commune de Lavours, bien que le territoire communal ne soit pas concer- né par la réserve, a également été interviewé ; • les présidents des deux communautés de communes locales : la commu- nauté de communes du Colombier et la communauté de communes Bas-Bugey ; • des partenaires publics : DDT 01, Conseil Général de l'Ain ; • des organismes impliqués dans le tourisme : Office de Tourisme Culoz - Grand Colombier - Marais de Lavours , Syndicat mixte du Pays du Bugey, Comité départemental du tourisme de l'Ain (Aintourisme); • des agriculteurs ; • des représentants du monde de la chasse : fédération départementale de la Chasse ; • des représentants du monde de l’éducation : École de Ceyzérieu, École de Béon, Collège de Culoz ; • des associations locales : association des amis de la réserve, association des amis d'Aignoz.

La liste des personnes rencontrée est présentée en Annexe.

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1.2 - Élaboration des questionnaires par catégorie de personne interrogée.

En raison de la disparité des acteurs locaux identifiés (élus, institutions, associa- tions, agriculteurs, etc.), plusieurs questionnaires ont été réalisés, le but étant d'arri- ver à faire ressortir le ressenti des acteurs locaux sur la réserve naturelle compte tenu de leur rôle, de leur action ou de leurs responsabilités respectives.

La plupart des questionnaires présentent les parties suivantes : • Identification de l’interlocuteur. Il s'agit notamment de savoir de quelle manière la personne interviewée se positionne par rapport à la réserve natu- relle et d'une manière plus générale dans le territoire. • Les relations au site. Les questions de cette partie ont pour premier objec- tif de déterminer ce que représente pour les acteurs locaux, normalement plus sensibilisés à la question que le reste de la population, la notion de ré- serve naturelle. Il s'agit aussi de savoir, le cas échéant, comment ils ont vé- cu la création de cette dernière : avantages et inconvénients perçus à l'époque, principaux opposants identifiés, avis sur la démarche utilisée, etc. • Intérêt de la réserve. Cette partie du questionnaire vise à mettre en avant la perception des acteurs locaux sur les activités et services rendus par la réserve naturelle. Des questions sur les retombées économiques identifiées et sur l'éventuelle plus-value pour le territoire sont notamment posées. • Les relations avec le gestionnaire et les autres partenaires. Il s'agit ici de déterminer comment les acteurs locaux perçoivent la structure gestion- naire et comment cette dernière s'inscrit dans le tissu local. • Point de vue actuel. Cette partie vise à faire ressortir l'évolution de la per- ception de la réserve naturelle au cours du temps : aspects qui ont déçu ou qui ont au contraire été plus positifs que prévus. Les dernières questions portent sur la réticence de certains élus à adhérer à des projets de créations d'aires protégées et invitent les personnes interrogées à trouver des argu- ments pour les convaincre.

L'annexe B présente un questionnaire « à destination des visiteurs », questionnaire resté vierge car dans le cadre de cette étude, les visiteurs n'ont pas été interviewés.

Parallèlement à ces questions ouvertes, il a également été élaboré une fiche de questions de type « Questions à Choix Multiples » ne permettant que de répondre par « vrai», « faux » et « ne sait pas ». Cette fiche (annexe C) a été conçue pour faire ressortir d'éventuelles tendances dans les réponses, notamment par catégorie d'acteurs interviewés. Dans cette optique, contrairement aux questionnaires précé- dents, la fiche est la même pour tous les acteurs interrogés.

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1.3 - Interview des acteurs locaux

Les entretiens ont été réalisés soit par le biais d'un rendez-vous en tête à tête soit par le biais d'un entretien téléphonique ou par échange de mail. La proportion est de 15 rendez-vous sur place, 8 entretiens téléphoniques et 2 questionnaires récep- tionnés par mail. Pour les entretiens en tête à tête, une priorité a notamment été donnée aux acteurs pour lesquels la contribution attendue était la plus importante, principalement en raison d'une acculturation à la thématique « réserve naturelle » supposée plus approfondie que dans le reste de la population : élus, agriculteurs, représentants des chasseurs, agriculteurs, organisme de tourisme...

Les questionnaires et les fiches de type QCM n'ont pas été transmis aux acteurs lo- caux préalablement aux entretiens (sauf pour un organisme qui l'a demandé), ceci afin de garder une certaine forme de spontanéité dans les réponses.

1.4 - Identification des aménités au niveau de la réserve naturelle du marais de Lavours

L'identification des aménités existantes au niveau de la réserve naturelle du marais de Lavours est principalement accès sur :

− les différents documents récupérés auprès du gestionnaire (bilan d'activités 2007 - 2011, plan de gestion 2011 – 2020, etc.) et sur, − le ressenti des acteurs locaux, à travers l'analyse des questionnaires. Ces derniers ont permis de confirmer et de préciser les aménités pré-identifiées par la bibliographie.

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2 - La réserve naturelle nationale du marais de Lavours

2.1 - Principales caractéristiques

2.1.1 - Historique et fonctionnement actuel

A la fin des années 1950, le service du Génie Rural de l'Ain envisage l'assainisse- ment du marais de Lavours à des fins agricoles, avec la mise en place d’un réseau de drainage plus ou moins dense et profond, selon la nature des sols. Afin d’étudier précisément l'ensemble des facteurs intervenant dans la mise en œuvre de cet aménagement, le Ministère de l'Agriculture demande à la Société Grenobloise d’Études et d'Applications Hydrauliques (SOGREAH), en août 1959, une étude por- tant sur la climatologie, l'hydrologie, l'agronomie et la topographie du marais. Malgré le climat favorable des années 60 pour les politiques de drainage des zones humides, il semble que le coût très élevé des travaux d'assainissement ait modéré sensiblement l'enthousiasme de ses promoteurs. Seule la partie nord-est du marais fut drainée et l’intégrité du marais de Lavours fut préservée. La véritable découverte de la valeur écologique du marais date de 1966, époque des recherches universitaires à but appliqué à la démoustication, effectuées par le laboratoire de biologie végétale de l'Université de Grenoble.

Le premier projet de réserve naturelle sur le site date de 1972. A l'époque, la Fé- dération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA) et le Groupe Ain-Na- ture en sont à l'origine. Cette date correspond à celle de l’assèchement du marais des Echêts, considéré comme étant une véritable catastrophe écologique. Cet évé- nement a favorisé le projet de création de la réserve naturelle du marais de Lavours pour deux raisons : d’une part, il fallait éviter de reproduire le même désastre sur le marais de Lavours et d’autre part, ce projet de réserve constituait une sorte de compensation à la disparition du marais des Echêts (Source : Cizel 1995). Achevé en 1974, le projet prévoit une réserve naturelle de 983 ha, qui se divise en une réserve écologique de 232 ha et une réserve cynégétique de 751 ha. Devant les violentes critiques émises par les agriculteurs surtout, mais aussi par les pê- cheurs et les chasseurs, les autorités départementales abandonnent le projet.

Le second projet de réserve naturelle (1975-1984) est très différent du premier sur trois points : 1) la réserve naturelle est plus étendue que la réserve écologique précédente (483 ha contre 232 ha) ; 2) elle serait divisée en deux zones distinctes : 424 ha au nord, sur Béon, Culoz, Ceyzérieu, et 60 ha au sud sur Flaxieu, Pollieu, et Lavours ; 3) aucune réserve de chasse n’est imposée : les chasseurs sont invités à instaurer eux-mêmes une zone à l’intérieur de la réserve, où la chasse serait permise.

L’enquête publique a débuté en mars 1980. Sur 150 déclarations enregistrées en Sous-Préfecture de Belley, 144 ont été défavorables, 2 favorables et 4 favorables avec des réserves. Devant l'importance des observations soulevées lors de cette consultation, la commission d'enquête, dans son avis daté du 19 juin 1980, a jugé

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opportun que le projet dans son état actuel fasse l'objet d'une mise au point. Ainsi, le Préfet de l'Ain demande à la Délégation Régionale à l'Architecture et à l'Environ- nement (DRAE) d'engager des consultations locales destinées à affiner les disposi- tions techniques, administratives et financières devant réglementer la réserve à créer. Dans le projet de décret du 11 mai 1983, la DRAE définit au mieux les possi- bilités d’une agriculture compatible avec les objectifs assignés à la création d’une réserve naturelle, en modifiant les articles 9 et 16 initiaux. Cependant, la commune de Lavours, en désaccord avec les autorités, retire les 11 ha qu’elle avait mis à dis- position de la réserve, qui ne gardera de cette commune que le nom (Source : Six- denier, Cizel). La demande d'extension de la zone de chasse est rejetée, puisque la réalisation de la réserve entre dans le programme de création de réserves de chasse continentales pour le gibier d'eau (directive CEE du 19 septembre 1979 re- lative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe), défini comme prioritaire par l'Office National de la Chasse. Le décret de création de la réserve naturelle du marais de Lavours est finalement signé le 22 mars 1984, soit 12 ans après les premières négociations (cf. Fig. 2 et Fig. 3). Cette dernière concerne une superficie totale de 473ha 38a 92ca et est bien divisée en deux zones distinctes : le secteur nord (424ha 23a 85 ca) et le secteur sud (49ha 15a 7ca). La chasse de tout gibier est interdite sauf au niveau des deux extrémités de la partie nord de la réserve (cf. Fig. 8) : les parcelles concernées sont strictement listées par le décret. L’État confie la gestion de la réserve à l'Entente Interdépartementale Rhône- Alpes pour la Démoustication (EID) par une première convention datée du 6 fé- vrier 1985. L'EID est un établissement public créé en 1965 à l'initiative des Conseils généraux de l'Ain et de la Savoie, dont la vocation est de lutter contre la prolifération des moustiques. En plusieurs décennies, l'EID a acquis un savoir faire en matière d'en- tretien des zones humides et c’est une des raisons qui a conduit l’État à choisir cette structure comme gestionnaire. En 1991, une convention tripartite État - EID - Amis de la réserve confie à cette as- sociation la mission d’accueil du public dans la réserve naturelle. En 2002, cette convention est renouvelée et fixe les principes d’accueil et d’information du public dans la réserve naturelle et dans les structures d’accueil périphériques, dont la toute nouvelle Maison du marais. En 2007, la convention de gestion de la réserve naturelle par l'EID est renouvelée mais l’association des Amis de la réserve cesse d’assurer la mission d’accueil du public dans la réserve : cette mission est alors pleinement reprise par l’EID. La convention de gestion actuelle a été signée le 10 avril 2012 pour une durée de 5 ans. En application du plan de gestion approuvé, le gestionnaire assure prioritairement les missions suivantes : − surveillance du territoire et police de l'environnement ; − interventions sur le patrimoine naturel (protection et entretien général du milieu naturel et travaux de génie-écologique) ; − délimitation sur le terrain de la réserve ; − connaissance et suivi continu du patrimoine naturel ; − prestations de conseil, études et ingénieries ; − création et entretien d'infrastructures d'accueil ; − suivi et évaluation des actions ; − management et soutien.

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En outre, le gestionnaire a aussi des domaines d'activité secondaire : participation à la recherche, prestations d'accueil et d'animations et création de supports de communication et de pédagogie. Au niveau de l'EID, trois agents (2,5 équivalent temps-plein) sont affectés à la ré- serve naturelle, sous la responsabilité du directeur de l’EID. Parmi eux, le conserva- teur et le garde-technicien sont commissionnés et assermentés pour la police de la Nature et la chasse. La Maison du marais appartient à la communauté de communes du Colombier. Elle permet l'activité de sensibilisation à la nature rattachée à la réserve naturelle. Un animateur à plein temps y est affecté, le conservateur y consacre un tiers de son temps et la garde-animatrice la moitié.

La conservation du patrimoine naturel de la réserve est donc assurée par le ges- tionnaire, sous le contrôle du Préfet de l'Ain. Le Comité consultatif de la réserve est consulté sur le projet de plan de gestion et sur son application. Ce comité se réunit deux fois par an, au printemps (programme de gestion) et au début de l’hiver (bilan financier et bilan des actions). Il se compose de 4 collèges avec un nombre égal de membres : − représentants des administrations civiles et militaires et des établissements pu- blics de l’État, − représentants des collectivités territoriales ou de leurs groupements, − représentants des propriétaires et des usagers, − représentants scientifiques qualifiés et des associations de protection des es- paces naturels.

Parallèlement, le gestionnaire est assisté du Conseil scientifique des réserves na- turelles de l'Ain. Ce conseil prépare les dossiers à caractère scientifique et présente le projet de plan de gestion. Le gestionnaire établit le programme de recherche plu- riannuel, assure le suivi et participe à l'élaboration en relation avec ce dernier. Il compte 18 membres, provenant de différentes disciplines naturalistes (universi- taires, experts des divers embranchements taxonomiques, etc) mais aussi de sciences humaines.

Le patrimoine biologique et écologique du marais de Lavours est hérité des pra- tiques agro-pastorales traditionnelles. Or la déprise agricole a conduit à la désertion du marais et à sa colonisation par des espèces ligneuses telles que l'Aulne gluti- neux, la Bourdaine et le Saule cendré, menaçant les prairies de disparition (en rai- son de l'évolution spontanée de la végétation). Par ailleurs, les cultures de maïs et les plantations de peuplier, qui se sont développées depuis 1960 dans le marais, sont de grandes consommatrices d'eau. Les aménagements hydroélectriques ef- fectués sur le Rhône (par la CNR) ont aussi modifié en partie l'alimentation en eau de cette zone humide. Les habitats les plus remarquables (prairies hygrophiles, prairies à Marisque) et les espèces qui leur sont inféodées sont aussi les plus sen- sibles à cette altération du fonctionnement hydraulique. Les actions de gestion menées au sein de la réserve naturelle ont pour but d'entretenir, de favoriser, de recréer les habitats traditionnels, dans l’objectif de maintenir une certaine biodiver- sité, inféodée à ce type de marais. Il s'agit notamment d'actions de restauration du fonctionnement hydrodynamique du marais, de fauches tardives et / ou de pâturage extensif, via par exemple des bœufs de race Highland cattle (race rustique tolérante à des conditions de vie difficiles que les espèces domestiques classiques ne peuvent supporter). Le gestionnaire fait aussi appel aux agriculteurs locaux qui dé- sirent mettre leurs animaux en pâture dans le marais.

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Fig. 2 : localisation de la réserve naturelle du marais de Lavours

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2.1.2 - Contexte administratif et socio-économique

Le territoire de la réserve naturelle est rattaché à la Sous-Préfecture de Belley. Son péri- mètre s'étend sur 5 communes (Culoz, Béon, Ceyzérieu, Flaxieu et Pollieu) et est réparti sur deux communautés de communes : la communauté de communes du Colombier pour la partie nord de la réserve et la communauté de communes de Belley-Bas Bugey pour la partie sud de la réserve (cf. Fig. 3). Les communes de Béon et de Ceyzérieu sont les plus concernées avec respectivement 57 % et 30 % du territoire de la réserve.

Fig. 3 : limites de la réserve naturelle du marais de Lavours sur les 5 communes

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La communauté de communes du Colombier est propriétaire du bâtiment de la maison de la réserve et de la muséographie permanente.

Le marais de Lavours s’inscrit dans le territoire plus vaste du Pays du Bugey, une ancienne province savoyarde rattachée à la en 1601. Le Pays du Bugey compte 91 com- munes et 7 cantons, pour une population de 45 000 habitants (cf. Fig. 4). La densité de population des communes riveraines du marais de Lavours est faible : en moyenne 40 hab/km². A titre de comparaison, les densités de population du département de l'Ain et de la région Rhône-Alpes sont respectivement de 102 et 141 hab/km².

Fig. 4 : le Pays du Bugey

Localement, le taux de chômage est faible (6% en 2003). On relève 6 emplois sur 10 en lien avec le secteur tertiaire et un peu moins d’un tiers relatif à l’industrie. La CIAT à Culoz est le plus gros employeur, suivi de VOLVO et de diverses industries implantées à Belley.

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2.2 - Identification et insertion de la réserve naturelle dans le maillage territorial

2.2.1 - Documents d'urbanismes : SCoT, PLU et cartes communales

ScoT Il n'y a pas de ScoT en vigueur. Seul un périmètre a été approuvé le 18 mars 2002 par le préfet. Il s'agit du périmètre du SCoT Belley-Culoz comprenant les communautés de com- munes de Belley - Bas-Bugey et du Colombier.

Un nouveau périmètre plus large est en cours d'examen par le Syndicat Mixte du Pays du Bugey. Il comprendrait les Communautés de communes de Terre d'Eaux, de Belley - Bas- Bugey, du Colombier, de Bugey-Arene-Furans, du plateau d'Hauteville, du Valromey.

PLU et Cartes communales Les communes de Culoz, Ceyzérieu et Béon possèdent un PLU. Les communes de Flaxieu et de Pollieu possèdent une carte communale.

La réserve naturelle est mentionnée (de manière plus ou moins importante) dans tous les rapports de présentation et tous les plans de servitudes joints en annexe des PLU et cartes communales des 5 communes. Les zonages ZNIEFF et le site Natura 2000 sont également pris en compte.

- Culoz : Dans le rapport de présentation du PLU de Culoz, la réserve naturelle est brièvement men- tionnée dans la partie relative aux ZNIEFF et autres protections. On la retrouve dans la par- tie suivante consacrée à la préservation des zones naturelles, des sites sensibles et des paysages de qualité. Il est mentionné que « les différents partenaires ont rapidement trouvé un consensus pour que la notion de protection de ces différents sites s’inscrive dans la du- rée et ne soit pas remise en cause. » Dans le PADD, le marais de Lavours (et non spécifiquement la réserve naturelle) est cité au niveau de la grande orientation d’aménagement n°7 : « Protection efficace des sites sen- sibles des paysages de qualité et la prise en compte des risques naturels ». Au niveau du règlement, la réserve naturelle est intégrée dans les zones de protection N. Il est indiqué dans cette partie que « la révision du PLU a été l’occasion d’affirmer la protec- tion des milieux sensibles à différents titres ou intéressants sur le plan paysager. » La zone N « recouvre les espaces à protéger pour : - sauvegarder la qualité des sites, des paysages et des milieux naturels, en fonction no- tamment de leur intérêt esthétique, historique et écologique. - prendre en compte les contraintes de risques naturels et technologiques, de nuisances ou de servitudes spéciales. Elle comprend les secteurs NL (loisirs-tourisme) et Nrn (Réserve naturelle). » Dans le secteur Nrn, seuls les aménagements liés à la réserve naturelle sont admis. Toute- fois, leur impact sur l’environnement doit « être réduit au maximum et demeurer compatible avec le maintien de la qualité du site ».

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- Ceyzérieu : La réserve naturelle est intégrée dans les zones de protection (N). Dans la partie consacrée à la présentation de cette zone, il est mentionné que « dans la révision du PLU de Ceyzé- rieu, une grande place a été logiquement accordée aux zones de protection (N) ce qui per- met d’assurer la protection des milieux sensibles à différents titres, des entités paysagères de qualité et ponctuellement d’îlots ». Il est aussi précisé que la protection des marais et de la vallée du Séran est fortement affir- mée : « Préservation des zones humides : le périmètre de la réserve du marais du Lavours, dont une partie s'étend sur Ceyzérieu, a été respecté dans la révision du PLU prévenant la pé- rennité de ces milieux sensibles, les espèces animales et végétales et le maintien des équi- libres biologiques auxquels ils participent »

- Béon: La réserve naturelle du marais de Lavours est brièvement décrite dans le rapport de présen- tation du plan d’occupation des sols approuvé le 5 juin 2000. Son périmètre étant inclus dans la ZNIEFF du marais de Lavours, c’est par ce biais qu’elle est mentionnée dans la par- tie consacrée à la protection de l’environnement. Le POS précise qu’« au vu de la richesse et de l’importance des espaces naturels et paysagers qui caractérisent l’environnement de la commune, leur prise en compte est une des préoccupations essentielles ayant prévalu à l’élaboration du plan d’occupation des sols de Béon ». Dans le projet d’aménagement et de développement durable du PLU, le point 7 vise à « pro- téger efficacement les sites sensibles, les paysages de qualité et prendre en compte les risques naturels ». Les différentes ZNIEFF dont le marais de Lavours (et de fait la réserve naturelle) sont intégrées dans cette partie.

- Flaxieu : La réserve naturelle est brièvement mentionnée dans le rapport de présentation de la carte communale. Il est inscrit que « Une partie du marais de Lavours est classée en réserve na- turelle depuis le 22 mars 1984 (près de 500 hectares). La commune de Flaxieu est concer- née par la réserve « sud ». » Au niveau du zonage, la réserve est en zone N (périmètre naturel). Ce périmètre naturel N « couvre la plus grande partie du territoire communal et notamment l’ensemble des terrains réservés à l’agriculture et les sites boisés ou d’intérêt paysager et environnemental global. Il est aujourd’hui vierge de construction. Au sein de ce périmètre naturel, toutes les constructions sont interdites dans le but de pré- server le caractère des sites considérés. Toutefois, en vertu de l’article L 124-1 du code de l’urbanisme, peuvent être autorisées en respectant les articles du RNU récapitulés dans le tableau ci-après : - l’adaptation, la réfection ou l’extension des constructions existantes, - les constructions et installations nécessaires à des équipements collectifs, - les constructions et installations nécessaires aux exploitations agricoles ou forestières, - les constructions et installations nécessaires à la mise en valeur des ressources natu- relles. »

- Pollieu: Dans le rapport de présentation de la carte communale de Pollieu, la réserve naturelle fait l’objet d’un paragraphe.

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« Le classement en réserve naturelle a exprimé en 1984 la volonté de l’État de mettre en place les mesures nécessaires à la protection des milieux naturels du marais de Lavours. Cette mesure de sauvegarde a été accompagnée de la création d’une structure administra- tive de gestion dont l’ambition est de concilier la gestion écologique des milieux fragiles et l’accès du public à la connaissance de ces milieux. La réserve naturelle du marais de Lavours préserve près de 500ha de prairie humide au pa- trimoine biologique exceptionnel. Le territoire de Pollieu est concerné par la réserve naturelle pour une trentaine d’hectares si- tués à la pointe nord de son territoire, à l’est du Séran. A ce titre, la commune fait partie du comité consultatif de la réserve naturelle du marais de Lavours ».

2.2.2 - Plan de prévention des risques

L’ensemble de la réserve naturelle est incluse dans les Plans de Prévention des Risques inondation des communes de Culoz, Ceyzérieu, Béon, Flaxieu et Pollieu. Le PPRi concernant la commune de Culoz a été approuvé le 5/12/2008. Le PPRi concernant les communes de Béon, Ceyzérieu, Flaxieu et Pollieu a été approuvé le 15/09/2003.

2.2.3 - Charte de développement du Pays du Bugey

La réserve naturelle du marais de Lavours est clairement identifiée au niveau du syndicat mixte du Pays du Bugey, notamment dans les diagnostics de territoire préalables aux chartes de développement de 2005 et de 2012-2020. On la retrouve directement mention- née dans les objectifs de développement :

Charte de 2005 Orientation stratégique n°3 : le maillage du territoire autour des activités culturelles et de services. Objectif n°6 : densifier et valoriser les activités culturelles et artistiques. « Conforter et développer des équipements et des manifestations culturelles de qualité (Centre d’Art Contemporain de Lacoux, Maison du Marais de Lavours, Maison d’, Ob- servatoire du Col de la Lèbe, Escale Haut-Rhône…) ».

Orientation stratégique n°4 : le développement d’un tourisme vert reposant sur les atouts naturels du pays. Objectif n°9 : conforter l’offre de découverte du pays du Bugey avec des pratiques douces et ludiques organisées autour des espaces de montagne et des espaces d’eaux. « Mener une politique de valorisation des sites et autres paysages majeurs (Marais de La- vours, Grand Colombier, Isles du Rhône, Chartreuse-de-Portes, château de Champdor, etc…), par exemple en créant des parcours découvertes.

Charte de développement durable 2012-2022 Dans la charte de 2012-2022, la réserve naturelle du marais de Lavours et la maison du ma- rais apparaissent moins nettement dans les objectifs. On retrouve toutefois la maison du marais inscrite dans l'orientation 2 : Orientation 2 : s’appuyer sur les ressources territoriales comme moteurs de développement économique et social, et mieux les connecter aux ressources externes stratégiques. Objectif 2.3. : Réussir un positionnement touristique concurrentiel pour les marchés de proximité.

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« Patrimoine » : « patrimoine religieux et vernaculaire, musée du Bugey-Valromey, maisons thématiques de découverte du patrimoine naturel (Escale haut Rhône, Maison du Marais de Lavours, …) ».

Soulignons que la réserve naturelle est ici appréhendée dans ses dimensions cultu- relle et touristique et non sous l'angle unique de la protection de la faune et de la flore. On retrouve ce constat au niveau du site internet du Pays du Bugey où la maison du marais est clairement mentionnée dans l'offre culturelle avec les autres maisons théma- tiques du territoire. Elle est considérée comme renforçant la vocation pédagogique de la ré- serve naturelle du marais de Lavours.

2.2.4 - Les inventaires et les classements en faveur du patrimoine naturel

Zonage au titre d’inventaires La réserve est incluse dans la Zone d’Intérêt pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) RA13 « Lac et marais du Bourget » de 9350 ha, désignée par la France au titre de la direc- tive européenne 79/409, dite “Directive Oiseaux” (cf. infra). La réserve est incluse dans une Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floris- tique (ZNIEFF) de type I n°1210001, d'une superficie de 1709,42 ha. Elle est répertoriée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse comme faisant par- tie de la masse d’eau n°6330 « Alluvions marais de Chautagne et Lavours ».

Elle est répertoriée dans l’Inventaire des zones humides du département de l’Ain et dans l’inventaire des tourbières de Rhône-Alpes.

Périmètres au titre de classements Tout le territoire de la réserve est classé en Zone de Protection Spéciale (ZPS), code FR71A0016, depuis septembre 1986. Le territoire retenu par l’État comme site d’intérêt communautaire correspond au territoire classé en réserve naturelle, stricto sensu. Au terme de la procédure de désignation, tout le territoire de la réserve a été classé en Site Natura 2000 « Marais de Lavours », code FR8210016, par l’Arrêté du 27 octobre 2004. Afin de prévoir une bonne synergie et de rechercher une efficience maximale, le comité consultatif du 06/12/07 a décidé que : − le comité consultatif de la réserve naturelle est également le comité de pilotage du site Natura 2000 ; − le plan de gestion de la réserve naturelle constitue également le document d’objectifs du site Natura 2000.

Remarque : Le CEN Rhône-Alpes a publié un rapport en décembre 2010 qui identifie les sites à préserver prioritairement dans le département de l’Ain. Ce rapport part du constat, que malgré l’utilisation de différents outils pour préserver une partie du patrimoine naturel de l’Ain (Natura 2000, réserves naturelles régionale et nationale, APB, maîtrise foncière, contrat biodiversité, politique du Conseil général, …), il existe encore des lacunes pour certaines espèces ou milieux qui ne sont pas ou insuffisamment préservés dans le dépar-

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tement. Le classement des sites a été réalisé selon leur ordre de priorité de préservation pour la biodiversité. Le marais de Lavours en dehors de la réserve naturelle (déjà sous protection) est classé en site très prioritaire.

2.2.5 - Le SDAGE et le Contrat de Rivière

2.2.5.a - le SDAGE

Le marais de Lavours est identifié dans le SDAGE Rhône Méditerranée comme une zone d'expansion des crues (ZEC) de l'axe Rhône ayant un rôle important dans l'écrêtement des crues majeures et qu'il est impératif de préserver. Il est cité au niveau de l'orientation fondamentale N°8 « Gérer les risques d'inondations en tenant compte du fonctionnement naturel des cours d'eau » et plus particulièrement dans la disposition concernant la réduction des aléas à l'origine des risques, dans le respect du bon fonctionnement des milieux aquatiques : Disposition 8-01 : « Préserver les zones d'expan- sion des crues (ZEC) voire en recréer ».

Dans ce schéma, le marais de Lavours est associé à la masse d'eau souterraine nommée « Alluvions marais de Chautagne et Lavours » (Code : FR_DO_330), qui a un objectif de bon état en 2015. La sous masse d'eau souterraine « Lavours » (Code : FR_DO_330B) présente un déséquilibre quantitatif à traiter. Le programme de mesures du SDAGE précise les mesures à mettre en œuvre pour résorber le déséquilibre quantitatif dû aux prélève- ments dans la ressource en eau. La sous masse d'eau « Lavours » est concernée par la mesure 3A11 « Établir et adopter des protocoles de partage de l'eau » :

Code Mesure Commentaires - Précisions Maîtrise Financements d'ouvrage potentiels 3A11 Établir et adopter Les règles de gestion peuvent Collectivité État des protocoles de concerner les différents usages locale Agence de l'eau partage de l'eau (irrigation, eau potable, industrie) : État RM&C • préciser les modalités de Chambre Conseil Régional remplissage des réserves de d'agriculture Conseil Général substitution, adapter la période Association Collectivité locale de chômage des canaux ; Syndicale • répartir les volumes et débits Autorisée entre les usages et au sein de Syndicat chaque usage, en fonction de la d'irriguants ressource disponible, à une période donnée ; • mettre en place des observatoires de l'eau (de tableaux de bord de suivi de la ressource, des prélèvements, bancarisation et partage de l'information, …)

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2.2.5.b - Contrat de Rivière du bassin versant du Séran

Il n'y a pas de SAGE ou de projet de SAGE sur le secteur de la réserve naturelle du marais de Lavours. Par contre, une démarche de création d'un contrat de rivière a été initiée dés 2003. Le dossier sommaire de candidature de décembre 2003 est resté à l'état de projet. Fin 2008, la Communauté de Communes du Valromey, en partenariat avec le Syndicat In- tercommunal d’Aménagement du Bas Séran et les communes concernées a relancé la dé- marche de mise en place d’un contrat de rivière sur le bassin versant du Séran (27 com- munes, environ 10 000 habitants sur 300 km2). Fin 2010, suite à un regroupement de l’en- semble des collectivités concernées sur le bassin versant et la dissolution du syndicat du Bas Séran, le Syndicat Mixte du bassin versant du SERAN a été créé par arrêté préfectoral et est notamment porteur de l’élaboration du contrat de rivière puis de sa future mise en œuvre. Depuis la validation en juin 2009 du dossier sommaire de candidature par le Comité d’Agrément du bassin Rhône Méditerranée Corse, le contrat de rivière est en phase d’éla- boration. Un chargé de mission a été embauché pour réaliser ce travail. De nombreuses études complémentaires ont été nécessaires. Aujourd’hui elles sont pour la plupart termi- nées ou en voie de finalisation. L’objectif premier des élus du syndicat mixte, validé par ses partenaires techniques et financiers, est d’aboutir à la mise en œuvre du contrat de rivière à compter de l’année 2014. Le dossier sommaire de candidature au contrat de rivière avait permis d’identifier 5 enjeux : − Enjeu 1 : Restaurer la qualité écologique des milieux aquatiques perturbés tout en assurant la protection des biens et des personnes. − Enjeu 2 : Assurer la protection durable des ressources et améliorer l’alimentation en eau potable. − Enjeu 3 : Assurer la protection, la restauration et la gestion des milieux remarquables (zones humides, en particulier du Marais de Lavours). − Enjeu 4 : Assurer une gestion concertée et cohérente des milieux aquatiques et du bassin versant. − Enjeu 5 : Développer une politique de mise en valeur paysagère, touristique et ha- lieutique des milieux aquatiques.

Le contrat de rivière, dont la rédaction est en phase de finalisation, insistera particuliè- rement sur la morphologie du Séran et les zones humides. Une action importante de- vrait être réalisée sur le périmètre de la réserve naturelle pour augmenter le champ d’expansion des crues du Séran.

2.2.6 - Les Espaces Naturels Sensibles du département de l'Ain

La taxe départementale sur les Espaces Naturels Sensibles (TDENS) a été instaurée en 2003 dans le département de l'Ain et a été fixée au taux de 0,5%. Les fonds récoltés ont permis de financer la mise en œuvre de plusieurs actions parmi lesquelles l'inventaire des zones humides du département avec le Conservatoire des Espaces Naturels Rhône-Alpes (CEN RA), une convention avec ce dernier organisme pour la gestion d'une quarantaine de site, la proposition du département pour initier la mise en place d'un PNR Dombes, des ac- quisitions ponctuelles (un étang dans les Dombes et un secteur au Crêt de la Neige), l'étude de la nappe alluviale sur le secteur Lavours - Chautagne...

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De manière plus récente, le Conseil général a souhaité structurer ses actions en faveur de l'environnement et impulser une véritable politique ENS ambitieuse. A cet effet, il a défini le schéma départemental des espaces naturels sensibles de l'Ain 2012-2017 et se donne les moyens humains nécessaires pour le mettre en œuvre. Avant la fin de l'année 2013, une équipe dédiée constituée de 6 ETP sera opérationnelle.

La taxe d'aménagement portant sur les opérations d'aménagement et de construction sou- mises au régime des autorisations d'urbanisme a remplacé la TDENS en mars 2012. Dans l'Ain, le taux départemental de cette taxe est de 2,5 % (sur des bases de calcul différentes de la TDENS). La taxe d'aménagement étant prélevée en deux fois (12 mois et 24 mois après autorisation d'urbanisme), les premières recettes pour le département devraient inter- venir au printemps 2013. Le Conseil général ne dispose pas actuellement d'une très grande lisibilité sur les recettes qui seront générées par cette taxe mais estime que ces dernières pourraient être de l'ordre de 6 millions d'euros par an.

A ce jour, le schéma est en cours de déclinaison afin de le rendre opérationnel. Aucun péri- mètre n'est encore labellisé « ENS » et aucun zonage de préemption n'existe. Ce travail sera mené en concertation et avec la volonté des collectivités locales concernées. Le Conseil général cherche à insuffler une politique d'ensemble et une homogénéisation des actions en veillant à établir des synergies avec les actions déjà mises en œuvre, que ce soit au niveau de la gestion comme au niveau de la pédagogie. Pour cette dernière, les col- lèges constituent la cible prioritaire du Conseil général.

Le schéma départemental 2012-2017 mentionnent trois objectifs prioritaires que sont : − Axe 1 : développer le réseau des sites dédiés à la préservation du patrimoine naturel, − Axe 2 : construire avec les partenaires une politique transversale de préservation de la biodiversité, − Axe 3 : valoriser le patrimoine naturel de l'Ain auprès du public. Les trois objectifs sont déclinés en 9 mesures et 25 actions. Le marais de Lavours est bien identifié en tant qu'appartenant à l'entité naturelle "Plaine de l'Ain et fleuve Rhône" mais son classement en réserve naturelle nationale n'apparaît pas sur la carte de synthèse départementale des ENS. Au niveau de la mesure 2.2, il existe une action intitulée « accompagnement des stratégies, plans et programmes européens, nationaux de préservation des espèces et habitats » qui vise à accompagner les démarches mises en place. La politique des réserves naturelles nationales et réserves naturelles régionales fait partie des programmes visés par cette ac- tion. Notons que le département de l'Ain ne s'engage pas fermement sur une des modalités d'action mais qu'il « s'engage à étudier les modalités de mise à disposition de ses outils (foncier et financier) dans le cadre d'une participation à ces programmes. Les porteurs de projet pourront présenter leur programme au Département, qui vérifiera si le projet en ques- tion répond aux objectifs fixés pour sa politique ENS. Le Département déterminera son ni- veau d'engagement financier et/ou s'il y a lieu de mobiliser son outil foncier. » Au niveau du 3ème axe et de la mesure 3.1 (développer l'éducation à l'environnement), le Département a retenu une action intitulée "développement d'une politique de pédagogie à l'environnement". Cette pédagogie pourrait s'appuyer sur le réseau des sites équipés comme support de l’éducation à l'environnement : « le réseau des sites pouvant servir de support pour la pédagogie de l'environnement dans le cadre du premier schéma, sera constitué des sites ENS et des sites équipés gérés par les partenaires. »

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Le chemin sur pilotis de la réserve naturelle, en cours de réhabilitation, a fait l'objet d'un fi- nancement du Conseil général.

2.2.7 - Itinéraires de randonnées

Le site internet des randonnées du département de l'Ain identifie le sentier sur pilotis de la réserve naturelle du marais de Lavours comme l'une des 36 randonnées pédestres du Bu- gey (catégorie : Insolite). Le Conseil général a la volonté de communiquer de façon plus efficace sur ces itinéraires de randonnées (développement de nouveaux itinéraires et amélioration de la lisibilité de ces derniers pour le grand public).

Les schémas de planification du territoire consultés identifient correctement la Ré- serve Naturelle Nationale du Marais de Lavours. En fonction de leur nature, la ré- serve y est envisagée de manière différente : selon des dimensions culturelles et touristiques (Charte de développement du pays du Bugey, itinéraires de randonnées), selon certaines fonctionnalités écologiques (SDAGE, Contrat de ri- vière, PPRi), selon l'angle de la protection de la faune, de la flore, des habitats (inven- taires et classements) ou selon des aspects mixtes (schéma départemental des ENS).

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2.3 - Les aménités identifiées de la réserve naturelle du marais de Lavours à partir de la bibliographie

2.3.1 - La dimension naturelle des aménités

2.3.1.a - Qualité de la biodiversité

Le marais de Lavours est l'un des derniers grands marais continentaux de l'Europe de l'Ouest. A la transition du Jura et des Alpes, ouvert vers la vallée du Rhône, le territoire oc- cupé par la réserve naturelle présente, de par ses caractéristiques (hydrologiques, pédolo- giques, climatiques, etc.) une diversité floristique et faunistique remarquable.

L'activité scientifique sur le site, intense avant même la création de la réserve naturelle, per- met de disposer aujourd'hui d'une bonne connaissance des habitats en présence ainsi que des espèces animales et végétales qui s'y développent. Même si le plan de gestion fait état de taxons, de groupes ou d'embranchements non étudiés ou inventoriés de manière insuffi- sante (ex : faune endogée ou crustacés aquatiques), la diversité biologique de la réserve semble globalement bien appréhendée.

Cette dernière peut s'enorgueillir d'accueillir 3673 espèces animales et végétales au sein de 14 habitats naturels. Les formations semi-aquatiques et les formations boisées hygro- philes sont majoritaires et représentent 66% de la superficie de la réserve. Viennent ensuite les prairies hygrophiles sur tourbe (21% de la superficie de la réserve), regroupant les cla- diaies, prairies à Molinie bleue et Prairies à Choin noirâtre et Jonc subnoduleux ou sur li- mons puis des formations mésophiles (prairies et zones boisées). Les formations aqua- tiques restent minoritaires (moins de 1% de la surface totale de la réserve), de même que les habitats artificialisés (cultures de maïs et peupleraies). La valeur patrimoniale des habitats (évaluée à l'aide de certains critères tels que sa rareté, sa représentativité, sa typicité, son état de conservation) montre que les habitats « prairiaux » présentent une valeur très élevée. Les Cladiaies en particulier (habitat mentionné comme prioritaire selon la directive « habitats, faune, flore ») sont considérées comme étant en ex- cellent état de conservation, faisant du marais de Lavours un site de référence au niveau national pour cet habitat.

Tableau II : la diversité faunistique et floristique de la RNN du marais de Lavours (renseigné à partir des données mentionnées dans le plan de gestion 2011-2020 de la Réserve naturelle) Groupe étudié Nombre d'espèces Remarques / Rareté recensées Bactéries 102 espèces Valeur patrimoniale difficilement évaluable. Champignons Plus de 480 espèces La richesse patrimoniale apparaît relativement faible au regard du nombre d'espèces élevé recensées : 71 espèces sont ainsi considérées « à valeur patrimoniale » . Ex. d'espèce remarquable : le Coprin des joncs, une espèce inféodée aux prairies sur tourbe. Bryophytes 88 espèces (79 mousses Trois taxons sont considérés comme patrimoniaux (à dire

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Groupe étudié Nombre d'espèces Remarques / Rareté recensées (mousses et et 9 hépatiques) d'expert) hépatiques) Lichens 24 espèces Aucune des espèces recensées jusqu'à présent ne présente de valeur patrimoniale particulière mais des inventaires complémentaires sont en cours. Ptéridophytes 8 espèces Deux espèces présentent une forte valeur patrimoniale : l'Ophioglosse vulgaire et le Thélypteris des marais. Angiospermes 388 espèces (dont 6 Parmi les espèces à haute valeur patrimoniale présentes sur protégées sur le plan la réserve, il est intéressant de citer le Liparis de Loesel (en national et 17 sur le plan régression au niveau de la réserve), le Spiranthe d'été (une régional) seule station de moins de 5 pieds dans la réserve), la Rossolis à longue feuilles, la Gratiole officinale, la Violette élevée, la grande Douve... D'autres espèces moins patrimoniales revêtent une importance particulière dans le sens où elles sont indispensable à l'accomplissement du cycle de vie de d'autres espèces ; c'est par exemple le cas de la Gentiane pneumonanthe, plante-hôte exclusive d'une des espèces de Maculinée présente sur le site : l'Azuré des mouillères. La présence d'espèces invasives, dont en particulier Solidago gigantea, viennent ternir cette liste idyllique pour de nombreux connaisseurs. D'autres espèces invasives sont naturellement limitées par les sols trop mouillés du secteur ; c'est le cas de Buddleja davidii et de Reynoutria japonica. Mollusques 59 espèces (dont une L'espèce la plus emblématique du site est le maillot de protégée) Desmoulins, une espèce en déclin dans toute son aire de répartition et particulièrement sensible au drainage des zones humides, à l'intensification des pratiques agricoles et à la fermeture des milieux. Au niveau de la réserve, l'espèce est assez abondante dans les cariçaies mésotrophes. Arthropodes 2261 espèces dont : La richesse du site en arthropode est marquée. Au niveau Arachnides : 248 des Arachnides, sur trois espèces particulièrement Odonates : 44 intéressantes, une (Trebacosa brunhesi) n'a été décrite que Coléoptères : 437 récemment : seules 6 stations sont actuellement connues Lépidoptères dans le monde (3 en France). Au marais de Lavours, il s'agit rhopalocères : environ de la première observation mondiale. 60 Parmi les Carabidae (coléoptères), une espèce est Lépidoptères particulièrement emblématique (Chlaenius sulcicollis) dans hétérocères : environ la mesure où il s'agit d'une espèce qui a toujours été très 400 rare en France et dont il s'agit ici de la seule station régulière Diptères : environ 1000 connue dans notre pays avec un nombre d'individus Orthoptères : 21 important. La faune odonatologique de la réserve est importante malgré la disparition supposée de la Leucorrhine à large queue. Six espèces de papillons de jour sont protégées sur le plan national dont les trois Maculinea de zones humides (le marais de Lavours est l'un des rares sites français à accueillir ces trois espèces), le Cuivré des marais et le Fadet des Laîches. Les fourmis appartenant au genre Myrmica sont indispensables à l'accomplissement du cycle de vie des Maculinea.

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Groupe étudié Nombre d'espèces Remarques / Rareté recensées Poissons 24 espèces Les milieux aquatiques situés à l'intérieur du périmètre de la réserve n'accueillent pas d'espèces patrimoniales. Au niveau du Séran, l'ombre commun et la Lamproie de planer ont été identifiés. Amphibiens 12 espèces (toutes La réserve naturelle accueillent 12 des 14 espèces protégées) d'amphibiens observables dans le Bugey. Deux espèces sont particulièrement typiques du marais : le sonneur à ventre jaune et la rainette verte. Reptiles 6 espèces (dont 5 sont La Cistude a disparu du site depuis une trentaine d'années. espèces protégées) La tortue de Floride est mentionnée. Les autres espèces présentes, bien que protégées, ne peuvent être qualifiées de patrimoniales à l'échelle de la réserve même si elles restent à surveiller : couleuvre d'Esculape et couleuvre vipérine. Oiseaux 165 espèces dont 63 Les roselières accueillent les espèces dont la valeur espèces nicheuses. patrimoniale est la plus élevée : on y rencontre le Gorgebleue à miroir, mais aussi la Locustelle luscinoïde et la Rousserolle turdoïde. Le Râle de genêts, non observé pendant une longue période, a niché sur les prairies de la réserve en 2009. D'autres espèces patrimoniales ne nichent pas sur le site mais s'en servent en tant que territoire de chasse, comme par exemple le Circaète Jean-le-Blanc. Mammifères 45 espèces dont 19 La Réserve naturelle est utilisée par les chiroptères en tant espèces de chiroptères que terrain de chasse et/ou de zone de reproduction. (toutes protégées) 4 espèces de mammifères sont liées aux zones humides (dont le Castor et le Crossope aquatique). A noter au niveau des arrivants les plus récents, le cerf et le sanglier, non mentionnés historiquement sur le site.

Fig. 5 : carte de répartition du Liparis de Loesel, une espèce patrimoniale mentionnée au sein de la réserve naturelle du Marais de Lavours (Source : Livre rouge de la flore menacée de France)

La protection et la gestion assurées au sein de la réserve naturelle depuis 1985 sont indis- pensables au maintien de la biodiversité de ce site. Avec des actions de restauration du fonctionnement hydrodynamique du marais (eaux de surface et eaux souterraines) et des

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actions de restauration des habitats naturels spécifiques des marais continentaux périflu- viaux, le gestionnaire recherche le développement optimal des communautés végétales et animales, qui leur sont inféodées, dont certaines sont devenues rares ou menacées. Sans les opérations de gestion (fauchage, pâturage, écobuage), le boisement du marais engen- drerait petit à petit la disparition d'espèces et d'habitats à très forte valeur patrimoniale.

Néanmoins, et même si les objectifs de conservation à long terme restent sensiblement les mêmes au fil des plans de gestion successifs, les modalités de gestion ont évolué considé- rablement depuis les premières opérations de débroussaillement et de fauche, ceci afin de s'adapter aux nouvelles techniques, aux retours d'expérience et à l'approfondissement des connaissances. Les apports de l'étude hydrogéologique ont en particulier été essentiels pour comprendre correctement le fonctionnement du marais. Il est important de souligner que l'objectif du gestionnaire n'est pas de créer de nouveaux habitats qui n'auraient jamais existé dans le marais, mais bien d'entretenir, de favoriser, de recréer les habitats traditionnels, dans le but notamment de maintenir la biodiversité qui y est inféodée.

2.3.1.b - Fonction de rétention de l’eau dans les sols

Le Marais de Lavours joue un rôle important dans l'écrêtement des crues du Rhône (ser- vice écosystémique associé : régulation des risques d’inondation). Associé au marais de Chautagne situé à l'amont du lac du Bourget et à moins de 10 Km à l'est du premier, il forme même son plus vaste champ d’expansion entre Genève et Avignon (source : Plan de gestion 2011-2020 de la réserve naturelle du marais de Lavours, cf. Fig. 6). Le marais contribue ainsi à la protection des populations situées en aval face au risque d'inondation. La préservation de l'espace liée à la réserve naturelle contribue au fait que le marais rem- plisse cette fonction. Les crues annuelles inondent la moitié de la réserve nord et 80% de la réserve sud : seuls le communal de Ceyzérieu, le bombement central du communal de Béon et le parc FRAP- NA (partie de la réserve naturelle propriété foncière de cette association) émergent. Lors de la crue centennale du Rhône en février 1990, il a été constaté 2,5 mètres d’eau dans les prairies à l’ouest du communal de Béon.

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Fig. 6 : les échanges hydrauliques entre le marais de Lavours et son environnement.

2.3.1.c - Autres fonctions écologiques

Outre son rôle dans la préservation de la biodiversité et la régulation des risques d’inonda- tions, la protection assurée par la réserve naturelle du marais de Lavours préserve un cer- tain nombre de fonctions écologiques à l’origine de bien d'autres services écosystémiques qui contribuent au maintien d'un environnement de qualité. Les fonctions suivantes peuvent par exemple être évoquées : - auto-épuration de l'eau : purification et maintien de la qualité de l’eau ; - rétention de l’eau dans les sols : préservation et stockage de la ressource en eau, fourni- ture d'eau pour les différents usages (agricoles, industriels et domestiques) même si le point de captage n'est pas strictement situé sur le périmètre de la réserve, préservation de tourbières profondes de 10 mètres et massif de tourbe de 41 millions de m3, atténuation de l'effet des sécheresses (contribution à la gestion des étiages, apport de fourrage en période critique) ; - échanges gazeux végétation-atmosphère et piégeage des particules : fixation du car- bone, production d'oxygène, purification et maintien de la qualité de l’air, régulation du cli- mat ; - approvisionnement des sols en matière organique, formation de la structure des sols : maintien de leur qualité ; - interactions biotiques : régulation des espèces invasives (végétales ou animales).

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2.3.2 - La dimension sociale ou culturelle des aménités

2.3.2.a - Développement des activités éducatives de sensibilisation à l'environnement

De par ses caractéristiques naturelles et la volonté du gestionnaire, la réserve naturelle du marais de Lavours est un lieu privilégié pour les activités de sensibilisation à l'environne- ment. Elle permet au public d'accéder aisément à des informations de qualité. Ce type de lieu mêlant activités de pleine nature et éducation est de plus en plus recherché par la po- pulation et notamment par les familles. Depuis sa création, cet axe est particulièrement dé- veloppé par le gestionnaire : maison du marais, sentier sur pilotis, panneaux informatifs, ex- positions, manifestations, etc.

Un sentier original sur pilotis a été aménagé pour permettre au public d’accéder gratuite- ment au cœur du marais, dans de bonnes conditions de sécurité. Il canalise les flux de visi- teurs et permet ainsi de maîtriser l’impact sur le milieu naturel. La réserve naturelle du ma- rais de Lavours offre ainsi aux habitants locaux et aux visiteurs un terrain privilégié pour les activités de pleine nature et leur permet de s’y détendre et de s’y ressourcer. Différentes activités sont possibles : promenade, observations, etc.

D'après une enquête menée par le gestionnaire auprès d'environ 200 visiteurs, 80 % des visiteurs viennent en famille et 65 % accompagnés d'enfants. La pratique très majoritaire est la balade sur le sentier sur pilotis. Les gens recherchent un endroit calme et tranquille dans un cadre naturel.

De nombreux panneaux explicatifs sont disposés sur le trajet pour expliquer le fonction- nement du marais et décrire la flore et la faune locales. Un belvédère contribue également aux observations sur le site.

Sentier sur pilotis Intérieur du belvédère/observatoire

La maison du marais joue un rôle important dans l’accueil du public et la pédagogie à l’en- vironnement. Elle a notamment pour objectif de sensibiliser et éduquer le public à la protec- tion des zones humides continentales. D'une manière plus générale, l'objectif est égale-

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ment de mettre en œuvre une pédagogie de l'environnement à destination d'un large pu- blic. Son accès est payant. Malgré une fréquentation en baisse depuis 2007, elle a accueilli en 2011 668 adultes en groupe, 553 adultes individuels et 30 adolescents. Cette maison du marais comprend également une boutique qui propose à la vente divers articles (175 en 2011)

Les scolaires constituent le public privilégié de la réserve naturelle et de la maison du ma- rais. Quatre types d’animations sont proposés : • Découverte de la réserve naturelle ; • Ateliers pédagogiques ; • Visite de la Maison du marais ; • Intervention en classe. Entre 2007 et 2011, c'est une moyenne de 1940 enfants par an qui ont pu bénéficier d'au moins une animation. Des projets sont mis en place avec les collèges et écoles primaires. Des contrats Éducatifs Locaux se poursuivent depuis plusieurs années. Le programme pédagogique intitulé « Rencontre avec une agriculture durable » vise à sen- sibiliser des élèves de lycée (seconde) aux problématiques liées à l’agriculture dans une optique de développement durable et au maintien de la biodiversité. Ils ont pu visiter des exploitations agricoles et dialoguer avec les producteurs : un maraîcher bio (Flam'en Vert), un éleveur de bovins bio (GAEC du Crêne), un éleveur de caprins bio.

Un Club CPN (Connaître et Protéger la Nature), créé en 2007, s'adresse à des enfants de 6 ans à 12 ans des communes riveraines. Ce club « Les grenouilles agiles » accueille entre 8 et 12 enfants d’octobre à avril. Il élabore un projet pédagogique et réalise un rendu en fin de saison (exemples : nuit de la chouette, refuges pour les insectes).

Pendant les vacances scolaires, les animateurs proposent aux enfants des communes rive- raines des activités ludiques de découverte de la nature et des zones humides. Exemples de thèmes : les abeilles, les plantes invasives, les pics, les petites bêtes de la mare, le castor, etc. Ces activités connaissent une fréquentation en hausse régulière de- puis leur mise en place en 2007.

Des expositions temporaires annuelles sont conçues dans la maison du marais pour re- nouveler l’intérêt du public. Ces expositions s’accompagnent d’une programmation cultu- relle, d’un programme d’animation et d’outils pédagogiques en accord avec le thème choisi.

Par ailleurs diverses manifestations sont menées tout au long de l'année (cf. programme 2012), parfois en partenariat au sein de réseaux de structures et de sites ayant des théma- tiques communes avec la Maison du marais. A titre d'exemples : - organisation d’une manifestation dans le cadre de la journée européenne de la chauve- souris, en partenariat avec le Musée du Bugey-Valromey (Lochieu), - en 2010, la Maison du marais a mis en place un Forum des métiers de la nature à desti- nation des élèves des collèges du département, en partenariat avec le Centre d’Information et d’Orientation de Belley, dans le cadre de l’année internationale de la biodiversité. Dix-huit métiers ont été représentés. Une dizaine de collèges et plus de 600 élèves se sont inscrits à ce forum, qui a bénéficié également du soutien logistique de la Ville de Belley. Cette ma- nifestation a largement été reprise dans les journaux locaux.

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2.3.2.b - Activités scientifiques auprès de l'enseignement supérieur et de la recherche

La réserve naturelle du marais de Lavours est, pour les scientifiques, un terrain d’investiga- tion privilégié, en raison de sa richesse, du faible degré de perturbation et d’anthropisation du site. Ces scientifiques contribuent fortement à l'amélioration de la connaissance des zones humides : faune flore, milieu, fonctionnement, gestion. Par ailleurs, il est important de souligner que la présence sur place d'une structure gestionnaire constitue une plus-va- lue importante, dans la mesure où elle peut intervenir en appui des équipes de recherche, notamment pour les campagnes d’observation de longue durée.

Enseignement supérieur : La réserve naturelle accueille régulièrement des étudiants de l'enseignement supérieur, que ce soit pour leur formation initiale ou pour une contribution aux études menées au sein de la réserve naturelle. Le partenariat spécifique qui s’est mis en place en 2009 avec la nouvelle Licence profes- sionnelle « Analyse et Techniques d’Inventaire de la Biodiversité » (Université Lyon I) s’est poursuivi en 2011. Dix-huit étudiants sont venus 2 jours sur le terrain en mai 2012 pour ap- prendre les différentes techniques d’inventaire des invertébrés terrestres et de la flore. Des stagiaires de niveau Bac+2 à Bac+5 viennent également sur une plus longue durée pour aider le personnel de la réserve naturelle à assurer divers suivis scientifiques (3 étu- diants en 2010 et 8 étudiants en 2011).

Activités scientifiques / actions de recherche : Depuis la création de la réserve naturelle, le conseil scientifique de la réserve naturelle se réunit deux fois par an.

Les activités de connaissance (inventaires d'espèces) sont particulièrement riches. Le ges- tionnaire a établi une convention de collaboration avec le Musée des Confluences et plus particulièrement avec le Centre d’Étude et de Conservation des Collections pour améliorer réciproquement les connaissances naturalistes.

La réserve naturelle contribue également aux plans nationaux d'action (PNA). Parmi eux, deux concernent des espèces faunistiques : PNA Cistude d'Europe (réintroduction de cette espèce prévue dans le plan de gestion) et le PNA Maculinea (papillons). Un plan concerne une espèce végétale : le Liparis de Loesel.

Les suivis scientifiques concernent notamment le milieu physique et en particulier l’hydrolo- gie (veille piézométrique), la flore et la faune de la réserve naturelle. Ils servent à évaluer l’impact de la gestion ou à connaître l’évolution des populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Tous les protocoles et les résultats sont validés par le conseil scientifique de la réserve naturelle. Ces suivis sont réalisés par le personnel de la réserve naturelle avec l’aide des stagiaires.

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Activités de réseau « métiers » :

La Réserve naturelle du marais de Lavours est affiliée à la fédération nationale « Réserves naturelles de France - RNF », qui rassemble les 165 réserves naturelles nationales et envi- ron 125 réserves naturelles régionales et de Corse, au GIP ATEN et participe aux activités de ces têtes de réseau : - les rencontres tourbières 2012 organisées par le pôle-relais tourbières se sont dérou- lées sur le territoire, - la réserve a servi de support lors d'une formation continue « comment gérer ou res- taurer une tourbière ? »

Du fait de son ancienneté de près de 30 ans, cette réserve a servi de territoire d'expérimen- tation et a permis de faire bénéficier les autres aires protégées de son expérience (transfert de méthodes entre réserves) ; elle a ainsi contribué à faire progresser les connaissances collectives dans le domaine de la gestion des milieux naturels et du génie écologique. Elle a eu un rôle de pionnier sur certains aspects comme sur la mise en place d'un éco-comp- teur pour quantifier la fréquentation ou sur le pâturage par les Highland Cattle engagé en 1987. A ce jour, elle est citée en exemple dans de nombreux guides professionnels et sché- mas.

La Réserve naturelle du marais de Lavours s'inscrit dans des activités de jumelage et dans un réseau d'aires protégées situées à l'étranger.

2.3.2.c - Activité récréative, accueil de tous les publics

L'accueil de tous les publics est un atout indéniable pour le territoire car il est reconnu que les apports sociaux des espaces naturels peuvent participer grandement à l’épanouisse- ment des individus dans la société.

La réserve naturelle a aménagé un sentier sur pilotis pouvant accueillir tous les publics : personnes en situation de handicap moteur mais aussi parents avec poussettes, personnes âgées, utilisateurs de cannes, etc. Par ailleurs, la maison du marais, a également adapté ses locaux et la muséographie pour ce type de public. Elle souhaite obtenir le label « Tou- risme et Handicap ». Tout au long du sentier, sont disposés des pupitres thématiques visant à informer et à sen- sibiliser le visiteur non accompagné (cf. Fig. 7). L'accès au sentier aménagé est gratuit, contrairement à la maison du marais. A noter ce- pendant que l’entrée de cette dernière est maintenue gratuite pour les habitants de la Com- munauté de Communes du Colombier (Culoz, Béon, Ceyzérieu, Lavours). Les écoles de ces communes ont accès aux animations avec une réduction de 50% du prix habituel.

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Fig. 7 : sentier de découverte de la réserve et position des pupitres thématiques

2.3.2.d - Conservation d'un patrimoine commun : naturel, paysager et historique.

La présence de la réserve naturelle permet d'assurer la conservation et la restauration du fonctionnement des différents habitats associés à ce marais. Elle contribue ainsi au main- tien d'une certaine biodiversité et au maintien d'un paysage traditionnel. Sans entretien (fauchage, pâturage, etc.), le boisement du marais et la disparition d'espèces et d'habitats à très forte valeur patrimoniale sont inéluctables. Comme mentionné précédemment, il est important de souligner que l'objectif du gestionnaire n'est pas de créer de nouveaux habi- tats qui n'auraient jamais existé dans le marais, mais bien d'entretenir, de favoriser, de re- créer les habitats traditionnels. Parallèlement à la conservation des habitats naturels, la structure gestionnaire se posi- tionne également comme un pôle de connaissances du territoire, avec des actions permet- tant de conserver également le patrimoine culturel, archéologique et historique. A titre d'exemple, la réserve naturelle Nord recèle de nombreux vestiges de l’activité qui s’y dérou- lait jusqu’à une époque récente. Parmi les objectifs clairement définis au sein de la réserve naturelle, on peut citer les deux suivants : « Restaurer et conserver en bon état le petit pa- trimoine bâti » et « Entretenir les objets végétaux typiques du paysage traditionnel ». Le gestionnaire intervient également en véhiculant des messages respectant la mémoire col- lective et l’identité du lieu dans un souci d’authenticité. De plus, la présence de la réserve est également un « moteur » pour les collectivités lo- cales : par exemple, des efforts ont été entrepris afin de restaurer le petit patrimoine bâti du hameau d'Aignoz sur lequel est situé la maison de la réserve et de le rendre accueillant (fleurissement, etc.).

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2.3.2.e - Activités culturelles et artistiques

La programmation culturelle est complémentaire des animations pédagogiques proposées au sein de la réserve naturelle. Elle consiste en des manifestations ponctuelles, que le ges- tionnaire souhaite relier à l’actualité nationale ou européenne (ex. : journée mondiale des zones humides (RAMSAR), nuit de la chouette, nuit de la chauve-souris, Fête de la Nature…), et si possible en partenariat avec d’autres structures du département. La pro- grammation culturelle doit participer à la mission de sensibilisation et d’éducation du public pour une meilleure préservation des zones humides et de leur biodiversité (issu du Projet Scientifique et Culturel). Au niveau de la maison du marais, en attendant la rénovation de la muséographie dans son ensemble (qui n’est pas prévue avant plusieurs années), des expositions temporaires an- nuelles sont conçues pour maintenir et renouveler l’intérêt du public. Ces expositions s’ac- compagnent d’une programmation culturelle, d’un programme d’animation et d’outils péda- gogiques en accord avec le thème choisi.

Chaque année, un programme d’une douzaine de manifestations et d’activités est large- ment diffusé, avec des temps forts comme des conférences grand public. Parmi les der- nières conférences, citons : – M. Jean-Marie Pelt, Président de l'Institut Européen d’Écologie et Professeur Honoraire de l'Université de Metz, est venu le 29 mai 2010 donner une conférence intitulée « Crise économique, solutions écologiques » à l’Intégral de Belley ; – le professeur Francis Hallé, botaniste et biologiste, spécialiste de l'écologie des forêts tropicales humides et grand défenseur des forêts primaires, est venu clôturer la fête de la science à Belley en 2010 ; – M. Pierre Rabhi, agronome, écrivain et penseur français d'origine algérienne, est venu donner une conférence devant 850 personnes (cet événement a été co-organisé avec le collectif d’agriculteurs « Bugey Côté Fermes » et a bénéficié du soutien financier du Conseil Général de l’Ain et du Ministère en charge de l’Environnement).

A côté de ces activités proposées par le gestionnaire, la réserve naturelle constitue aussi une source d’inspiration pour les artistes amateurs. Les peintres s’installent au bord des étangs et des prairies, des musiciens veulent enregistrer en plein marais des compositions pour guitare acoustique, des comédiens donnent des lectures sur le pilotis, des projets de pièces de théâtre et de danse sont à l’étude, des films de fiction sont tournés à l’entrée de la réserve. (source : plan de gestion de la réserve 2011-2020).

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2.3.2.f - Lieu de vie sociale - Lieu d'échange

La réserve naturelle est un lieu potentiel de rencontres. On y croise des connaissances, on se retrouve pour un pique-nique en famille, on y organise des activités culturelles, etc. C’est un lieu de vie sociale que les gens pratiquent plus ou moins.

2.3.3 - La dimension économique des aménités

2.3.3.a - Loisirs de nature et activités touristiques

Faire découvrir le patrimoine naturel est l’une des missions des réserves naturelles. Dès 1985, le Préfet de l'Isère demande au gestionnaire d’ouvrir le marais au public. Différents dispositifs ont ainsi été mis en place comme le sentier sur pilotis de 2400 mètres de long et l'aménagement d'un parking et d'un bâtiment sanitaire à l’entrée du hameau d’Aignoz. En 1992, 10 plates-formes et 45 panneaux pédagogiques sont mis en place le long du sentier sur pilotis, ainsi que les panneaux d’entrée de la réserve naturelle. Le sentier est également agrémenté d’observatoires permettant de découvrir la prairie et les plans d’eau. La même année, un point d’accueil est ouvert dans une ancienne ferme d’Aignoz. Ce der- nier est géré par l’association des Amis de la Réserve Naturelle, créée en 1990. Il est en- suite remplacé par la Maison du Marais, qui ouvre ses portes en 2001. Propriété de la Communauté de Communes du Colombier, gérée par les Amis de la réserve jusqu’en 2006 puis par l’EID, la maison de la réserve est complémentaire des équipements présents sur la réserve. Grâce à des dispositifs interactifs et des vidéos, l'observation du monde microscopique et des espèces rares et discrètes du marais est accessible à tous. Des salles de travaux pratiques accueillent les scolaires. En 2003, tous les panneaux pédagogiques du sentier et les panneaux d’entrée sont rem- placés et font l’objet d’un nouveau livret d’accompagnement. Une version en langue an- glaise est disponible pour les touristes étrangers.

La création de la réserve naturelle a ainsi eu pour effet d'attirer un public de plus en plus nombreux dans un espace autrefois fréquenté seulement par les riverains. Le plan de ges- tion de la réserve naturelle mentionne qu'un certain développement économique s'en est suivi, avec la valorisation du patrimoine bâti d'Aignoz en particulier. Environ 30 000 visiteurs se rendent dans la réserve naturelle chaque année. La pratique très majoritaire est la pro- menade sur le sentier sur pilotis. L’éco-compteur installé par le gestionnaire en 2004 révèle une fréquentation moyenne de 28 500 visiteurs par an, avec un pic en été. Parmi ces visi- teurs, les familles sont les plus nombreuses, provenant soit des environs (en toutes sai- sons), soit des départements voisins, d’autres régions ou de l’étranger en été. Les natura- listes et les photographes sont assez rares sur le sentier sur pilotis. Les groupes de sco- laires et d’adultes accompagnés ou non d’un animateur de la réserve naturelle constituent une part importante de la fréquentation, avec en moyenne 3 000 personnes chaque année. En dehors du sentier sur pilotis, les « VTTistes » et les cavaliers empruntent souvent la piste entre le pont d’Aignoz et le pont de Flaxieu, car le GR situé sur la rive droite du Séran est moins facile d’accès.

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2.3.3.b - Exploitations agricoles et forestières

Au niveau de l'agriculture, des liens se sont progressivement tissés entre la réserve natu- relle et les exploitants agricoles locaux. L'objectif est que la réserve naturelle s'insère dans le contexte économique du territoire. Au sein du conseil scientifique et en discussion avec les agriculteurs locaux, périodes et secteurs de pâturage sont définis collégialement afin de tenir compte de la faune et de la flore à enjeux. Les activités agricoles dans la réserve naturelle n’ont pas un but écono- mique, mais un objectif de conservation des habitats naturels et des espèces. Quand la réserve fut créée, le dernier éleveur à faire pâturer ses troupeaux dans son péri- mètre, sur la commune de Béon, cessa cette activité. Le gestionnaire introduisit alors un pastoralisme extensif et expérimental, qui sortait du champ de l’agriculture traditionnelle lo- cale. Vingt-cinq ans plus tard, l’entretien des prairies par le pastoralisme est devenu minori- taire par rapport à un entretien à la fauche. La plupart des travaux agricoles sont toujours effectués par le gestionnaire, avec du matériel adapté aux terrains tourbeux. Depuis plu- sieurs années, le gestionnaire souhaite aussi mieux intégrer la réserve naturelle dans l’agri- culture locale. Quelques agriculteurs exploitent certaines prairies, selon un cahier des charges précis élaboré par le gestionnaire. Des discussions ont également lieu avec les ac- teurs locaux pour le retour de l’élevage professionnel dans le marais. La réglementation de la réserve autorise l’exploitation agricole traditionnelle dans la partie B située en bordure du Séran, et l’interdit dans la partie A. Seule l'une des parcelles (parcelle du Mollotay) continue à être exploitée certaines années, comme jachère faune sauvage.

Les activités forestières Tous les boisements de la réserve naturelle sont privés, appartenant majoritairement à des propriétaires locaux et pour une petite partie à la réserve naturelle. Aucun plan simple de gestion n’existe. La réglementation de la réserve autorise l’exploitation traditionnelle des boisements dans la partie B située en bordure du Séran, et l’interdit dans la partie A (voir décret de création de la réserve en annexe et carte 31). La forêt naturelle est peu exploitée par les riverains : quelques ares sont coupés chaque année, surtout dans la chênaie-frênaie alluviale où sont situés les gros bois. Les troncs sont débités et fendus sur place, puis les bûches de 1 mètre sont évacuées à l’aide de pe- tits tracteurs par le pont d’Aignoz. A la date de création de la réserve, 10 ha de peupleraie existaient déjà et cette superficie est allée en décroissant jusqu’à aujourd’hui. L’exploitation des peupliers engendre des per- turbations voire des dégâts importants sur le milieu naturel et les infrastructures : les pro- priétaires font appel à des bûcherons professionnels qui débardent les troncs entiers avec des tracteurs puissants, qui creusent des ornières profondes et abîment les chemins. En 2001, le parapet du pont d’Aignoz a été endommagé et depuis, le passage des engins de plus de 8 tonnes est interdit sur le pont. Le débardage se fait par le Sud, jusqu’au pont de Flaxieu sur la D83. Ces peupleraies sont systématiquement replantées. En revanche, plu- sieurs petites peupleraies sont à l’abandon, avec des bois sénescents et criblés de trous de pics. Dans le cadre de la restauration des anciennes prairies, le gestionnaire a été amené à faire couper une peupleraie en 2004. L’ONF a martelé la coupe et le chantier de bûcheronnage a été réalisé par une entreprise de (Ain) qui a débardé les grumes avec des chevaux de race ardennaise. Le résultat s’est révélé probant : pas d’ornières dans la ré- serve et sortie des grumes en douceur.

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2.3.3.c - Activités cynégétiques

La chasse est interdite dans la réserve naturelle sauf dans deux secteurs très boisés : 35,5 ha au Vernaz (Béon) et 37 ha au Mollotay (Ceyzérieu) (Cf. Fig. 8). Le territoire de la réserve est concerné par quatre sociétés de chasse communales :  la société de Culoz (1770 ha, environ 50 chasseurs) ;  la société de Béon (1009 ha, 33 chasseurs) ;  la société de Ceyzérieu (1780 ha, 49 chasseurs) ;  la société de Pollieu-Flaxieu (850 ha, 25 chasseurs).

Avec les sociétés de , Cressin-Rochefort et Lavours, le marais de Lavours dans son ensemble intéresse près de 140 chasseurs, pour un territoire de chasse total de 5000 ha. Ces sociétés ont constitué un Groupement d’Intérêt Cynégétique GIC du Marais, qui a pour vocation la gestion du cerf et la concertation sur la problématique sanglier (chasse et prévention des dégâts). La chasse au gros gibier est la pratique dominante dans les zones chassables de la ré- serve comme dans tout le marais : essentiellement des sangliers (en moyenne 220 san- gliers tués chaque année depuis 10 ans), mais aussi des cerfs et des chevreuils. Le petit gibier (lièvre, lapin de garenne, faisan, bécasse des bois, bécassine des marais…), séden- taire ou de passage, est beaucoup moins abondant.

Remarque : Le marais de Lavours accueille aujourd’hui une forte population de sangliers qui est au centre de nombreux débats. Cela n’a pas toujours été le cas car jusque dans les années 1970, peu de sangliers étaient vus et chassés dans le marais ; ces derniers étaient alors cantonnés aux montagnes du Bugey. L'augmentation des effectifs de sanglier est importante sur l'ensemble de l'Europe et n'est pas particulière au secteur de la réserve naturelle. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la prolifération de cette espèce opportuniste qui semble favorisée par l'abondance des cultures de maïs. Elle peut trouver, avec la présence de la réserve naturelle, une zone re- fuge utile en période de chasse, ce qui peut conduire à des concentrations locales et tem- poraires importantes. Un phénomène similaire est observé sur d'autres espaces protégés : avec la nourriture à disposition et la tranquillité à proximité les sangliers sont de plus en plus sédentaires.

2.3.3.d - La démoustication

Depuis la création de l’Entente Interdépartementale Ain Isère Rhône Savoie pour la Dé- moustication en 1966, tous les gîtes à moustiques du marais de Lavours sont répertoriés et traités chaque année. La lutte actuelle recourt à un biocide d'origine bactérienne Bacillus thuringiensis var. israelensis (Bti). Suivant l'importance des mises en eau, les traitements peuvent être mécanisés (hélico- ptère, engin amphibie chenillé, tracteur) ou manuels.

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Fig. 8 : activités de chasse dans la réserve naturelle du marais de Lavours (Source : plan de gestion 2011-2020)

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Fig. 9 : activités socio-économiques (Source : Plan de gestion 2011-2020)

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2.3.3.e - Retombées économiques locales

Aujourd’hui, la Réserve Naturelle du Marais de Lavours soutient le développement écono- mique et touristique local, avec un impact positif sur l’hébergement, la restauration et les autres sites touristiques du secteur. Mais c’est aussi, avec ses 30 000 visiteurs par an, l’un des sites les plus fréquentés de l’Ain et réputé pour l’originalité de son sentier sur pilotis. Cette fréquentation, associée au fonctionnement de la réserve peut être à l'origine de re- tombées économiques telles que :

- Opportunités d'emplois L'organisme gestionnaire de la réserve est créateur d'emplois directs et pourvoyeur de compétences sur le territoire et permet l'installation de familles qui travaillent et vivent sur place. De plus, l'existence même de la réserve peut contribuer en partie à maintenir des emplois indirects sur le territoire (filières stimulées par la présence de la réserve) ; ces derniers sont cependant difficilement quantifiables.

- Hébergements, bars, restaurants et commerces

Peu de commerces existent à proximité de l’entrée de la réserve. Sur Ceyzérieu, il y a une épicerie et une boulangerie. Une ferme située à proximité du parking d'accueil de la ré- serve naturelle (la ferme des marais) tient également lieu de buvette / restauration à la belle saison et vend quelques « produits de la ferme » (ex : jus de pomme). Les offices de tourisme font état de quelques gîtes et campings mais qui ne seraient ni suffisants, ni en adéquation avec la demande. Sur les 5 communes comprenant la réserve naturelle, l’offre de logements proposée par l’office de tourisme de Culoz-Grand Colombier est la suivante : 2 chambres d’hôtes, 5 gîtes, 1 gîte d’étape d’une capacité de 20 per- sonnes et 1 camping de 78 emplacements. Sur le même périmètre, on compte 4 restau- rants (y compris la ferme du marais). L'hôtel de Ceyzérieu est fermé car il « n'arrive pas à se maintenir ». D'aucuns considèrent que cet état de fait est lié à une mauvaise gestion de l'établissement et non à une fréquen- tation ou une demande insuffisante sur le secteur. Par contre si l’on élargit le périmètre à une zone d’environ 15 km autour du hameau de Aignoz (entrée de la réserve naturelle), on trouve alors une dizaine d’hôtels.

En termes d’activités, les visiteurs de la réserve peuvent être amenés à faire d’autres vi- sites proposées par les acteurs locaux à proximité. On peut citer l’atelier du verre à Cey- zérieu ainsi que la visite des caveaux du secteur.

- Leviers pour mobiliser des fonds, réinjectés dans l'économie locale, l'environne- ment, la vie locale Une structure gestionnaire apporte avec elle des ressources financières qu’elle va pouvoir réinjecter dans l’économie locale grâce aux projets mis en œuvre comme par exemple : - le maintien d’un pastoralisme « pédagogique » avec un petit troupeau de Highland Cattle et d’un pastoralisme itinérant avec des animaux appartenant à des éleveurs locaux, travail avec les vétérinaires locaux, - la réalisation de la signalétique par la société PIC BOIS à Brégnier-Cordon (01),

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- de nombreux matériaux achetés localement pour l'entretien du site (Gamm vert, etc...), - la coupe d'une peupleraie avec une entreprise locale...

La structure gestionnaire est également en capacité de mobiliser des fonds pour en faire bénéficier le territoire. La « labellisation » d’un espace naturel est un réel atout dans la re- cherche de financement des projets. Citons : - la création d'un jeu pédagogique sur les zones humides par un animateur de la maison du marais. Développé avec « Réserves Naturelles de France », un financement de l'agence de l'eau a permis de le fabriquer, - le projet pédagogique « Rencontre avec une agriculture durable » développé grâce aux soutiens financiers du ministère de l'environnement dans le cadre d'un appel à projets na- tional et du Conseil Général de l'Ain dans le cadre de son appel à projets « Environnement et développement durable », - l’implantation de trois vannes en 2007 pour améliorer le fonctionnement hydraulique et re- hausser le niveau de la nappe phréatique de surface de la réserve (suite à l’étude hydro- géologique des plaines de Chautagne et de Lavours - BURGEAP, 2001). Cette action a été financée par le conseil général de l’Ain grâce à la TDENS (Taxe Départementale sur les Es- paces Naturels Sensibles) et par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée et Corse. - la restauration des milieux ouverts par le biais des contrats Natura 2000.

L'accueil d'étudiants et de chercheurs pourrait également être source de retombées écono- miques pour le territoire, d’autant plus intéressantes qu’elles ont souvent lieu hors saison. Les étudiants sont logés et nourris sur place, ce qui constitue éventuellement un complé- ment pour la restauration et les hôtels locaux. Par ailleurs, le déroulement de formations professionnelles sur le secteur rend nécessaire l'hébergement sur place des stagiaires. Le public qualifié « d'initiés » peut aussi faire connaître le site à ses connaissances et être ainsi à l'origine de nouvelles visites. Avec la conduite de projets pilotes et en se révélant souvent comme un territoire d’expéri- mentation, la réserve naturelle du marais de Lavours pourrait renforcer son attractivité. La quantification des bénéfices scientifiques est peu courante, bien que nombre d’études scientifiques étrangères témoignent de l’intérêt de revendiquer ces services offerts par les écosystèmes protégés.

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3 - Synthèse et analyse des questionnaires

A partir des documents bibliographiques, les aménités de la réserve naturelle ont pu être appréhendées selon leurs trois dimensions : dimension naturelle, dimension sociale et/ou culturelle et dimension économique. Les interviews conduites et l'analyse des questionnaires renseignés ont pour but de mettre en évidence : − des aménités complémentaires : le territoire fournit-il des aménités qui semblent a priori « cachées » et dont les acteurs locaux profiteraient ? − les aménités pré-identifiés sont-elles conformes avec le ressenti des acteurs locaux ? − enfin, quels sont les arguments « transférables » ?

N.B. En préambule il est important de souligner que, parmi les acteurs rencontrés, les élus sont, en majorité, très bien ancrés sur le territoire : ils y ont passé la plus grande partie de leur vie, ou y vivent depuis toujours et ils y sont très attachés. La plupart d'entre eux ont ainsi pu évoquer la période de création de la réserve naturelle. Ce caractère peut cependant être à l'origine d'un regard sur la ré- serve sensiblement différent de certains de leurs administrés, et en particulier des populations de « néo-ruraux » et de « rurbains » qui s'installent sur le territoire6. De plus, les acteurs rencontrés étant ciblés, ils ne constituent pas un échantillon représentatif de la population dans son ensemble. Au total, 25 interviews ont été menées dont 7 avec des élus. Ce chapitre s'appuie parfois sur des citations des acteurs interviewés. Ces citations ne sont repré- sentatives que de la seule personne interviewée et ne peuvent pas faire l'objet d'une généralité ou d'un avis global de la catégorie d'acteur à laquelle elle se rapporte.

3.1 - Le classement en réserve naturelle nationale

3.1.1 - La notion de réserve naturelle

Lorsque, en début d'entretien, la question « Selon vous, qu'est-ce qu'une réserve natu- relle ? » est posée, la plupart des personnes interrogées (20 acteurs sur 25 soit 80%) ont mentionné la notion de protection : protection du marais, protection des espèces, protection de la faune et de la flore. Le terme de protection est utilisé de manière assez globale et le fait que le milieu et les es- pèces présentent un caractère exceptionnel est finalement assez peu exprimé. Seules cinq personnes ont mentionné le terme « remarquable » ou « intéressant » pour caractériser les espèces ou le milieu et seulement deux autres ont souligné le caractère « spécifique » et la « particularité » de la faune et de la flore à protéger. Sur ce thème de la protection, seul un acteur d'une institution précise que les réserves na- turelles sont « un des outils de protection les plus forts en France, avec une portée régle- mentaire ».

6 L'étude « conditions socio-environnementales pour la réhabilitation de la biodiversité ordinaire » (2012) réalisée dans le cadre du programme CLEVERT montre que, sur l'échantillon étudié, les habitants d'origine urbaine sont davantage disposés à accepter des mesures de protection, telle que la création d'un espace protégé : 52% des populations d'origine urbaine se disent absolument pour, contre seulement 42% des populations d'origine native ou rurale.

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Le fait qu'une réserve naturelle présente une gestion planifiée par une structure locale est assez peu ressorti dans cette question. Six acteurs mentionnent, de manière plus ou moins directe, les interventions du gestionnaire au sein de la réserve naturelle (exploitation, fauche, programme d'actions, programme d'entretien, gestion adaptée du territoire, cadre bien défini). Un représentant du secteur du tourisme précise également qu'une réserve na- turelle est « souvent le lieu d’activités de sensibilisation et de découverte de ce patri- moine ».

Ensuite viennent les aspects liés aux restrictions d'usage et aux interdictions. Pour certains acteurs, ces restrictions d'usage sont considérées comme un moyen de préserver le milieu. Un élu mentionne ainsi qu'une réserve naturelle est « un milieu protégé sur lequel on ne veut pas que l'homme intervienne n'importe comment ». Par contre, pour d'autres acteurs, les restrictions d'usages sont perçues comme de véritables contraintes vis-à-vis des activi- tés humaines. La réserve naturelle est ainsi définie comme un territoire sur lequel on im- pose des interdictions sur les activités anthropiques : exploitations agricoles, activités cyné- gétiques, exploitations forestières, industriels. Ce point sera approfondi plus loin dans le rapport car la notion d'interdiction, particulièrement dans l'étape de création de réserve na- turelle, est souvent source de crainte, d'a priori et finalement de rejet.

En s'attardant sur les aspects négatifs perçus par les acteurs locaux, on peut citer le début des réponses de cinq d'entre eux : − « C'est un territoire sur lequel on ajoute des interdictions : au niveau des exploita- tions agricoles, des chasseurs, des propriétaires d'arbres... ». (Élu) − « Ça dépend du côté, où l'on se place. Pour les industriels, c'est une contrainte. Du côté financier, cela a un coût important. Au niveau écologique, il y a peut être des as- pects positifs. » (Élu) − « C'est une zone avec beaucoup d’interdictions pour les hommes et notamment au niveau de l'utilisation des produits chimiques ». (Agriculteur) − « C'est de laisser les choses en l'état et de les conserver. Or elle est en train de se dégrader car il y a un développement de sangliers et la réserve naturelle ne joue pas son rôle ». (Agriculteur) − « C'est normalement pour protéger des espèces en voie de disparition, des espèces remarquables. Mais le résultat est que la biodiversité a baissé ». (Agriculteur) Nous retrouvons ici les notions d'interdictions et de contraintes pour les activités humaines. A cela s'ajoute le coût de la réserve naturelle mentionné par un élu. Enfin, il est important de souligner que deux agriculteurs mentionnent, dès la première question sur la réserve naturelle, qu'elle a un effet négatif sur le marais : diminution de la biodiversité, dégradation du milieu en lien avec la prolifération du sanglier.

A la question « Qu'est ce qu'une réserve naturelle ? », certaines notions n'ont été mention- nées qu'une seule fois : l'accueil du public, l'importance du label réserve naturelle en termes d'image, le caractère apprécié du site, le coût important, le financement national, la portée réglementaire. Toutefois, certaines de ces notions ont bien été développées par les acteurs au fil du questionnaire. La notion de coût sera précisée dans les parties suivantes du fait d’une certaine méconnaissance sur ce sujet chez les acteurs locaux et ce, même chez les élus.

En conclusion, il est important de souligner que la définition du terme réserve naturelle par les acteurs locaux est fortement imprécise. La notion reste assez abstraite alors que les acteurs rencontrés auraient dû être capables de la définir plus précisément.

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3.1.2 - Le ressenti de la réserve naturelle du marais de Lavours en quelques mots

La question suivante a également été posée en début d'interview aux différents interlocu- teurs locaux : « Quels mots ou sentiments qualifient le mieux pour vous la réserve natu- relle ? ». A travers cette question, il s'agissait de faire émerger un premier ressenti assez global sur la réserve naturelle du marais de Lavours. Le tableau III présente les termes cités par les acteurs locaux interviewés, regroupés arbi- trairement en trois groupes (ceux qui se rapportent à des valeurs d'existence et d'héritage, ceux qui se rapprochent d'une vision anthropocentrée ou utilitaire et ceux qui sous-en- tendent un avis négatif sur le classement en réserve naturelle).

Tableau III : mots ou sentiments qualifiant le mieux la réserve naturelle selon les acteurs interviewés Termes se - Protection : 4 (Élu, Enseignement (2), Syndicat) rapportant à des - Nature, nature privilégiée, grandeur de la nature, écrin naturel : 3 (Elu, Associa- valeurs d'existence tion, Enseignement, Tourisme) et d'héritage - Biodiversité : 2 (Élu, Association) - Patrimoine : 2 (Élus) - Unique : 1 (Syndicat) - Espace : 1 (Association) - Sanctuaire : 1 (Association) - Enjeu particulier : 1 (Institution) - Eaux : 1 (Agriculture) - Oiseaux : 1 (Agriculture) Termes se - Calme, tranquillité : 3 (Tourisme, Agriculture) rapprochant d'une - Cadre exceptionnel :2 (Chasse, Institution) vision - Il fallait la faire, nécessaire : 1 (Association, Chasse) anthropocentrée et utilitaire - Contente d'habiter là : 1 (Enseignement) - Sentiment d'ouverture vers l'extérieur : 1 (Agriculture) - Tourisme : 1 (Association) - Pédagogie : 1 (Association) - Découverte : 1 (Tourisme) - Opportunité non encore totalement exploitée : 1 (Tourisme) Termes sous- - Coûteux 4 : (Élu, Agriculture (2), Chasse) entendant un avis - N'apporte rien au niveau de la commune : 1 (Élu) négatif sur le - Génère plus de problèmes qu'autre chose : 1 (Chasse) classement en réserve naturelle. - Complètement inutile, ne rend aucun service : 1 (Agriculture) - permet le développement des sangliers : 1 (Agriculture) - Sentiment d'incompréhension : 1 (Élu) - Erreurs lors de sa conception : 1 (Chasse) - Abandon : 1 (Élu) - Jouet pour les scientifiques : 1 (Élu)

Les notions de protection, de patrimoine, de nature privilégiée et de biodiversité sont forte- ment ressorties et renvoient typiquement aux valeurs de non-usage (valeur d'héritage et va- leur d'existence) de la Fig. 1.

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Au niveau des organismes impliqués dans le tourisme et des usagers de la réserve, c'est la notion de tranquillité et le calme, qui ont été mis en évidence. Un représentant du tourisme mentionne aussi la notion « d'opportunité unique de découverte », qui selon lui n'est par en- core totalement exploitée. Parmi les autres points positifs évoqués, un représentant d'une association mentionne qu'il fallait la faire. Un agriculteur exprime aussi un « sentiment d'ouverture vers l'extérieur » en soulignant que désormais il existe une vraie concertation au sein de la réserve naturelle. Il mentionne que « lors de périodes de sécheresse, la réserve s'est spontanément tournée vers les agriculteurs pour fournir de la paille. Il y a des échanges avec les agriculteurs pour le pâturage ». Il précise aussi que les gestionnaires commencent à s'intégrer dans le pay- sage local.

Une seule personne évoque son ressenti par rapport au fait d'habiter près de la réserve na- turelle, en précisant qu'elle est « contente d'habiter là ». Les termes sanctuaire, tourisme, pédagogie, découverte, espace, eaux et oiseaux ont éga- lement été cité une fois.

Quatre acteurs soulignent, par contre, que la réserve naturelle est coûteuse. L'un de ces acteur (un agriculteur) mentionnent qu' « elle est complètement inutile. Elle coûte cher et ne rend aucun service. Au contraire, elle permet le développement des sangliers. Le gestion- naire a des œillères. ». Un élu considère également que la réserve naturelle n'apporte rien à sa commune et se dit « non concerné par la réserve naturelle ». Un représentant du monde de la chasse a certes mentionné que la réserve « a été néces- saire » mais il mesure son propos en précisant qu'« elle génère plus de problème qu'autre chose ».

Un des élus interviewé a exprimé un sentiment d’incompréhension et souligne que la ré- serve naturelle n'est pas toujours bien comprise localement. Il précise que la réserve natu- relle et sa gestion mériteraient plus d'explications. Ce point a été confirmé par plusieurs élus dans d'autres parties du questionnaire. Selon eux, la réserve naturelle et ses enjeux ne sont forcément bien connus au niveau de la population locale et les habitants ne per- çoivent pas toujours le caractère exceptionnel de ce territoire. Un autre élu voit la réserve naturelle comme un « jouet pour les scientifiques », en illustrant son propos par l'introduction des vaches Highland cattle. Enfin, un élu a associé la réserve naturelle au terme abandon. Il s'explique en disant que dans le temps le marais était entretenu, fauché et qu'aujourd'hui, il a l'impression « qu'on laisse faire ».

En conclusion, 69% des termes cités lors des interviews à cette question tendent vers un ressenti initial plutôt positif de la réserve selon une approche propre à chacun ; a contrario 31% des termes sous-entendent un avis initial négatif.

3.1.3 - Point de vue initial des acteurs locaux lors de la création de la réserve naturelle

Beaucoup de réticences et de craintes sont associées à la création de la réserve naturelle du marais de Lavours. Pour de nombreux interlocuteurs (élus, agriculteurs, chasseurs), les premiers échanges lors de la création de la réserve naturelle ont été perçus comme une

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accumulation d'interdictions sur un périmètre initial jugé trop grand. Les propriétaires et usagers se sont sentis dépossédés de leurs biens. Les propos des porteurs du projet étaient ressentis comme excessifs et le sentiment de ne pas être écouté était relativement répandu. Les avantages d'avoir une réserve naturelle sur son territoire n'étaient pas claire- ment perçus par de nombreux acteurs locaux. Seuls, certains pensaient que cela pourrait être bénéfique pour le tourisme et pour le développement d'une dynamique locale. Un élu mentionne même que cela « était un devoir de protéger ce site naturel ». Par contre, les in- convénients associés à la réserve naturelle se sont beaucoup plus rapidement disséminés.

Beaucoup de conseils municipaux ont rendu un avis négatif. Un élu fait part de ses craintes initiales et mentionne qu'au début, « on ne savait pas clairement ce qu'on pouvait faire ou ne pas faire ». Il indique également qu'il y « avait des discussions mais on sentait que tout était vu et décidé. Les maires donnaient leurs avis mais on avait l'impression d'être devant un rouleau compresseur. Au départ, il y avait beaucoup d'interdits et le périmètre était beaucoup trop grand. Il y a eu de grosses erreurs au début ce qui fait que la réserve naturelle a été mal perçue. ». Un autre élu précise que lors de la création de la réserve na- turelle, « on ne voyait pas l’intérêt de la réserve naturelle car à l'époque il y avait beaucoup de zones humides ». Les chasseurs étaient particulièrement opposés à la création de la réserve naturelle dans la mesure où, selon eux, on les « privait d'un territoire de chasse intéressant ». Un chas- seur précise que les chasseurs étaient aussi souvent des propriétaires de parcelles concer- nées par la réserve naturelle et qu'« ils ont eu le sentiment qu'on leur volait leur terrain et qu'on leur enlevait leur plaisir ». Le sentiment de réserve imposée est très présent. Un re- présentant de la chasse explique que « dès le départ, au niveau de la chasse, la réserve naturelle est devenue une réserve intégrale et dure. Elle a clairement été imposée ; il y a eu une consultation, certes, mais sans marge de manœuvre. Les chasseurs étaient mécon- tents. Il y a eu un véritable rejet avec un sentiment de spoliation des propriétaires (avec les contraintes d'usage sur les parcelles). Initialement, on était dans une logique d'affrontement (…). Ils avaient l'impression que l'on allait mettre le territoire sous cloche ». Au niveau du monde agricole, les réticences étaient également importantes. Les agricul- teurs ont considéré qu'on leur imposait des contraintes en termes d'exploitation et qu'on leur enlevait des terres potentiellement exploitables par drainage. Par ailleurs, un élu pré- cise que « culturellement, les agriculteurs ont du mal à demander des autorisations et on nous avait dit qu'il faudrait en demander ». Peu d'agriculteurs interrogés ont participé à la création de la réserve naturelle en raison de leur âge mais tous ont conscience que le monde agricole était opposé au projet. Deux agriculteurs mentionnent clairement qu'ils étaient contre. Au niveau de la population locale, les habitants ne se sentaient, à priori, pas particulière- ment concernés. Seuls les propriétaires de parcelles impactées par la réserve naturelle se sont davantage manifestés. Un élu mentionne que « ces derniers étaient attachés à leur terrain (par le passé le milieu était pâturé) mais comme il n'y avait plus d'utilisation tradition- nelle du secteur, les choses se sont plutôt bien passées ». Un autre élu mentionne qu'à l'époque les gens se chauffaient au bois et qu'avec la réserve naturelle, on leur interdisait la coupe du bois.

En conclusion, même s’il y a eu une concertation lors de la création de la réserve naturelle nationale du marais de Lavours, une méconnaissance du dispositif associée à un certain nombre d'idées préconçues chez les acteurs locaux (et certainement à des erreurs de communication de la part des porteurs de projet) a entraîné des craintes, des réticences,

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voire de véritables oppositions. Il est intéressant de rajouter que l'effet de groupe a égale- ment beaucoup joué et que les avis individuels pouvaient être plus nuancés ou non expri- més.

Presque trente ans après la création de la réserve naturelle, qu'en est-il ? Comment est-t- elle désormais perçue par les différents acteurs du territoire ? Le paragraphe suivant montre clairement des évolutions dans sa perception.

3.1.4 - Le point de vue actuel des acteurs locaux sur la réserve naturelle

La plupart des acteurs locaux ont évolué dans leur perception de la réserve naturelle du marais de Lavours. De nombreuses craintes et interrogations initiales se sont estompées. Toutefois, la gestion du site jugée souvent « aléatoire » au début, soulignant par la même une certaine méconnaissance du fonctionnement du marais, est toujours à l'esprit de cer- tains acteurs. Certaines réticences notamment liées aux coûts engendrés par la RNN per- sistent également.

La grande majorité des élus interviewés disent qu'ils seraient favorables si on leur propo- sait aujourd'hui la création de la réserve naturelle. Seul un élu a mentionné qu'il s'abstien- drait et un autre a répondu « pourquoi pas ? pour la réserve naturelle mais non pour la mai- son du marais ». La perception de la réserve naturelle a donc évolué chez la plupart d'entre eux. Un élu précise qu'« aujourd'hui, on se rend bien compte qu'il faut préserver les mi- lieux ». Un autre élu a mentionné que « les craintes initiales, nous avons réussi à les maîtri- ser... On a vu que tout peut se conjuguer ». A la question, certes provocatrice, « Pourrait-on supprimer aujourd'hui la réserve naturelle ? », il est intéressant de constater qu'aucun élu n'a répondu « oui ». Pour la plupart d'entre eux, elle a désormais sa place localement et il n'y aurait aucun intérêt à la supprimer. Pour un élu, ce serait même une erreur de la supprimer car « l'espace serait immédiatement cultivé en maïs ». Un autre justifie l’intérêt du maintien de la réserve naturelle en disant que « la réserve naturelle crée un contexte favorable à l'environnement, une conscience lo- cale ».

Même si la plupart des élus se disent donc favorables, on ressent fortement leurs souhaits d'être clairement informés et parallèlement d'être bien écoutés par les gestionnaires. La no- tion de coût est également présente et pour un des élus « tant qu'il y a des subventions et qu'il n'y a pas de coûts prohibitifs » sa position est favorable. Un autre élu mentionne qu'il y a toujours des craintes au niveau local et qu'il serait pour la réserve naturelle à condition qu'il y ait une véritable co-gestion. Deux autres élus ne montrent pas un enthousiasme bien prononcé vis-à-vis du maintien de la réserve naturelle. L'un a répondu « Elle ne me dé- range pas. Je ne demande pas sa suppression » et l'autre « Maintenant, elle est là. Les bâ- timents sont construits. Il fallait y penser avant ». Il est à noter que l'un de ces deux élus considère que la réserve naturelle n'apporte rien à leur commune et qu'elle a un coût de fonctionnement et d'existence important. Un représentant d'une association rajoute égale- ment que les élus ne sont pas forcément très favorables mais ils l'ont acceptée. Par contre, il précise que le périmètre de la réserve naturelle leur suffit et qu'il ne faut pas leur rajouter davantage de contraintes.

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Parmi les déceptions, on peut citer la maison du marais et les tâtonnements du début en matière de gestion. Notons que les activités de gestion de la réserve naturelle et de la mai- son du marais sont amalgamées pour la plupart des élus. Un élu cite la gestion initiale inadaptée du pâturage alors que selon lui la réserve naturelle « doit être exemplaire au niveau de l'environnement ». Il a encore parfois l'impression « qu'il y a du laisser-aller ». Concernant la maison du marais beaucoup d'élus (cinq sur sept) indiquent qu'elle a déjà coûté beaucoup d'argent et que cela n'est pas forcément la priorité actuellement. Des dépenses pour les écoles, par exemple, sont jugées beaucoup plus pertinentes.

Au niveau du monde de la chasse, la perception de la réserve naturelle a également évo- lué. Malgré des réticences fortes initialement, les relations entre les chasseurs locaux et les gestionnaires se sont apaisés. Ils travaillent désormais ensemble pour résoudre le pro- blème local de sangliers. Un chasseur précise qu'avec le gestionnaire, ils n'ont pas toujours la même vision des choses et ne sont pas toujours d'accord sur les méthodes employées mais il considère que sur le fond ils ont le même objectif : « on souhaite que le milieu soit le plus préservé possible notamment pour le développement des animaux. Un représentant de la chasse reconnaît que son avis est plus favorable qu'au départ et que cela se passe bien actuellement notamment grâce aux personnalités des gestionnaires en place. Un chasseur précise que « c'est une bonne chose qu'elle soit faite : il faut protéger les zones humides ». Ce même chasseur souligne que le monde de la chasse a certes évo- lué mais qu'« initialement le problème venait aussi de la manière dont la réserve avait été créée et imposée ». Il précise que désormais ils ont de bonnes relations avec le gestion- naire même si « il faut souvent répéter les choses pour être entendu » et même si il faut rester vigilent en raison de certains scientifiques qualifiés de virulents. Un autre chasseur mentionne que « c'est pas mal qu'elle existe » mais il reste encore « assez réservé ». Il est conscient que sans la réserve naturelle, le marais serait certainement une monoculture de maïs toutefois il considère que la réserve « génère plus de soucis aux gens que d'avan- tages ».

Au niveau du monde agricole, les réticences vis-à-vis de la réserve naturelle restent par contre bien prononcées. Certains agriculteurs considèrent que, depuis la création de la ré- serve naturelle, la biodiversité a baissé et des déséquilibres se sont créés « notamment à cause de la prolifération des sangliers induite par la réserve ». Beaucoup considèrent que l'argent public est gaspillé. La plupart soulignent toutefois que le gestionnaire évolue et se rend compte que l'on ne peut pas tout interdire dans la réserve. Un agriculteur mentionne qu' « il y a eu de gros problèmes lors de la création de la réserve. Des gens sont arrivés avec des acquis et des certitudes. Ils ont pris le territoire sans concertation. Maintenant, il y a une vraie concertation. Lors de périodes de sécheresse, la réserve s'est spontanément tournée vers les agriculteurs pour fournir de la paille. Il y a des échanges avec les agricul- teurs pour le pâturage. Ils commencent à s'intégrer dans le paysage local ». Les agricul- teurs insistent également sur le fait qu'ils ont également évolué dans leur pratique depuis la création de la réserve naturelle et qu'il y a une prise de conscience générale du secteur agricole sur les aspects environnementaux. L'un d'entre eux précise que cette prise de conscience n'est pas liée à la réserve naturelle mais plutôt à une évolution du monde agri- cole dans son ensemble.

Au niveau de la population locale, il semble nécessaire de faire la distinction entre les anciens qui ont connu le marais avant la réserve et les personnes qui sont nées avec la ré- serve ou qui se sont installées après sa création. D'après les acteurs interviewés, une cer- taine réticence persiste au niveau des anciens. Ces derniers entretenaient auparavant leurs

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parcelles, fauchaient et faisaient pâturer leurs terres. Désormais ils considèrent que le ma- rais se dégrade, se reboise et qu'il y a une baisse du nombre d'espèces. D'après un chas- seur, « les anciens attribuent cela à la réserve naturelle. Ils ne prennent pas forcément en compte que sans la réserve, le marais serait peut-être une monoculture de mais. Il y a plein de facteurs qui peuvent expliquer la raréfaction de certaine espèces : les monocultures, les pesticides ». Les acteurs rencontrés précisent que la réserve naturelle est par contre bien acceptée par les nouvelles générations n'ayant pas connu la période d'avant réserve. Tous ne la connaissent pas forcément mais aucune opposition n'est mise en évidence. Un chasseur précise qu'avec ces nouvelles personnes, « il n'y a pas du tout ce lourd historique » associé à la création de la réserve naturelle.

Pour conclure sur le point de vue actuel des acteurs locaux, il est intéressant de souligner qu'à cette question (« Pourrait-on supprimer la réserve naturelle aujourd'hui ? »), la plupart des personnes interrogées répondent que « non ». Différentes justifications sont données : mort de ce biotope, conséquences environnementales, risques de fermeture des milieux, développement intensif de la culture du maïs, nécessité de conserver des espaces proté- gés (faune, flore, zones humides), perte d'une conscience locale et d'un contexte favo- rable à l'environnement, diminution de la diversité de l'offre touristique de découverte. Seuls les agriculteurs interrogés (trois sur quatre) seraient favorables à la suppression de la réserve naturelle.

Tout ceci montre donc globalement, une reconnaissance de l'intérêt d'avoir protégé ce site, même par les acteurs qui n'étaient pas initialement favorables à la création de la réserve naturelle. Seul le monde agricole reste cependant encore assez sceptique sur l’intérêt de cette dernière.

Ce point de vue actuel des acteurs est à mettre en parallèle avec la déclaration : « La ré- serve naturelle a empêché ou entravé des projets importants en raison de la protection ré- glementaire ». Aucun élu n'a répondu « Vrai » (deux élus n'ont toutefois pas su répondre : cf. diagramme infra). Seul un représentant d'association a répondu « Vrai » à cette ques- tion, ce dernier faisant référence aux opérations de drainages qui ont été stoppées par la création de la réserve naturelle. Par ailleurs, notons également que cinq élus sur six considèrent que la réserve n'est pas source de contraintes majeures pour le développement du territoire (cf. diagramme infra). L'élu qui considère que la réserve constitue une contrainte pour le développement de sa commune justifie sa réponse par l'accumulation de contraintes d'urbanisme sur son terri- toire : « On est entouré de structures qui nous empêchent de nous développer : le Grand Colombier, les Îles du Rhône, le marais. On avait une réserve foncière mais ils ont trouvé des objets romains... ».

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ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS 6% 29% 29%

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas 71% 65%

Déclaration : La réserve naturelle a empêché ou entravé des projets importants en raison de la protection réglementaire

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

14% 17%

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

86% 83%

Déclaration : La réserve naturelle est source de contraintes majeures pour le déve- loppement du territoire

3.1.5 - Les raisons de la visite de la réserve naturelle

Afin d'approcher l'intérêt que peut susciter la réserve naturelle chez les gens, la question suivante a été posée : « Pourquoi les gens viennent dans la réserve naturelle ? Qu'est ce qu'elle leur apporte ? ». Les acteurs locaux ont répondu librement sans aucune proposition ou orientation suggérée. Les réponses émises sont présentées dans le tableau IV.

Tableau IV : raisons de la visite de la réserve naturelle selon les acteurs interviewés Visites en lien avec - Nature/Endroit protégé : 11 (Élus(4), Chasse(2), Agriculture, Association, Insti- l'observation de la tution) nature - Voir des animaux (mais avec la notion de déception) : 10 (Élu (3), Agriculture (3), Chasse (2), Enseignement, Tourisme) - Observations naturalistes : 5 (Élu, Enseignement, Syndicat (2), Institution) - Label « Réserve Naturelle » : 4 (Élu, Agriculture, Association, Chasse) - Intérêt pédagogique: 4 (Tourisme (2), Chasse, Institution) - Voir les vaches Highland cattle : 2 (Association, Enseignement) - Maison du marais/animations : 2 (Élu, Agriculture)

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- Animations : 1 (Agriculture) Visites en lien avec - Promenade/Ballade : 17 (Élus (6), Agriculture (3), Enseignement (2), Tourisme un aspect récréatif (2), Association, Syndicat (2), Chasse) global - Tranquillité du site : 4 : (Élu, Enseignement, Institution, Syndicat) - Intérêt touristique : 2 (Chasse, Tourisme) - Aspect ludique : 2 (Élu, Agriculture) - Désir de découverte : 2 (Association, Syndicat) - Aspect contemplatif : 1 (Chasse) - Liberté et rêverie : 1 (association) - Dépaysement : 1 (institution) - Détente : 1 (Syndicat) - Besoin de société (en lien avec la notion de besoin d'espace protégée) : 1 (As- sociation) - Fraîcheur, ombre : 1 (Agriculture) - Gratuité du site : 1 (Association)

D'après la plupart des acteurs locaux, les visiteurs viennent donc principalement pour une promenade dans un espace naturel, un espace tranquille. Beaucoup mentionnent le sentier sur pilotis, favorable à ce type de ballade familiale avec les enfants (aspect ludique). De nombreuses personnes interrogées soulignent toutefois que les gens s'attendent à voir plus d'animaux. Or, la réserve naturelle du marais de Lavours ne présente pas d'espèces « spectaculaires » pour les non initiés. Son intérêt n'est pas évident à voir et par consé- quent, il est précisé que beaucoup de personnes repartent avec le sentiment d'être pas- sées à côté du caractère exceptionnel du site. Un agriculteur faisant de la vente à la ferme précise sur ce point que les enfants s’ennuient un peu et qu’ils « sont contents de découvrir nos poules ». Un représentant du monde de la chasse considère que l'apport de la réserve naturelle « est peut être plus pour les urbains car les gens du coin connaissent déjà la vé- gétation de type roselières ». Parallèlement à ces visites, il est mentionné que des naturalistes et des étudiants viennent pour des observations plus fines de la faune et de la flore. Le label « Réserve Naturelle » en tant qu'élément déclencheur de la visite sur le site a été cité quatre fois. Cette notion se retrouve également dans la partie consacrée à la plus-value éventuelle du site au niveau du territoire. On peut remarquer que l'intérêt pédagogique et culturel n'est que peu ressorti ici comme raison de la visite de la réserve naturelle mais se trouve sans doute inclus dans la première catégorie (visites en lien avec l'observation de la nature). D'autres raisons sont citées par les acteurs comme la présence des vaches Highland cattle et la gratuité du site. Notons également la notion intéressante de « besoin de société ». Le représentant d'association qui a mentionné ce terme considère que les gens ont un réel be- soin actuellement de se retrouver dans des espaces protégés.

En conclusion, 58% des termes cités lors des interviews se rapportent à des visites ayant pour but l'observation de la nature et l'apport de connaissances sur le sujet ; 42% à des vi- sites en lien avec un aspect récréatif global. Soulignons également que la raison de la visite de la réserve naturelle la plus mentionnée est la ballade.

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3.1.6 - Les services rendus par la réserve naturelle à la collectivité

Suite à la question précédente, les acteurs ont également été interrogés de manière plus précise sur les services que peut apporter la réserve naturelle à la collectivité. Les acteurs ont également répondu librement. Les réponses émises sont synthétisées dans le tableau V.

Tableau V : services apportés par la réserve naturelle à la collectivité selon les acteurs interviewés Services cités se - Protection du milieu, de la faune et de la flore : 8 (Élus (3), Agriculture, Associa- rapprochant de la tion, Institution, Syndicat, Chasse) dimension - Entretien du marais et du paysage : 4 ((Élus (2), Agriculture, Syndicat) naturelle des - Patrimoine : 3 (Élu, Institution, Chasse) aménités - Richesse des espèces, espèces uniques : 2 (Syndicat (2)) - Protection contre les inondations : 2 (Syndicat (2)) - Épuration de l’eau : 1 (Syndicat) Services cités se - Pédagogie/Éducation à l'environnement : 11 (Élus (5), Associations(2), Chasse rapprochant de la (2), Enseignement, Institution)- dimension sociale - Expositions/Culture : 2 (Enseignement, Tourisme) ou culturelle des - Endroit ludique, récréatif : 2 (Élu, Institution) aménités - Tranquillité : 1 (Élu) - Promenade : 1 (Élu) - Intérêt sur la santé : 1 (Association) - Intérêt sur « le psychologique » : 1 (Association) - Cohésion sociale : 1 (Institution) - Échange entre les différents acteurs : 1 (Chasse) - Notoriété/Image : 1 (Syndicat) Services cités se - Attrait touristique : 7 (Élus (2), Associations (2), Agriculture, Enseignement, rapprochant de la Chasse) dimension - Activité gratuite : 1 (Institution) économique des - Apport économique : 1 (Association) aménités

Trois services associés à la réserve naturelle ressortent particulièrement dans les réponses des acteurs locaux à cette question : la protection de l’environnement, la pédagogie et l'at- trait touristique. Pour les acteurs locaux, la réserve naturelle est un espace permettant la protection de l'en- vironnement (faune, flore, milieux) et de manière plus générale d'un patrimoine riche. Elle est également considérée comme un atout fort pour la pédagogie et l'éducation dans le do- maine de l'environnement et des zones humides. La pédagogie auprès des enfants est par- ticulièrement mise en évidence. Les acteurs locaux soulignent aussi l’importance de la ré- serve naturelle en termes d'attractivité touristique. Plusieurs d'entre eux précisent toutefois que cet aspect pourrait être amélioré.

D'autres services associés à la réserve naturelle sont également cités mais de façon moins importante. Il est intéressant de préciser que seules deux personnes mentionnent ici l'inté- rêt de la réserve naturelle vis-à-vis de la protection des inondations. Les apports écono- miques sont également peu mis en évidence. Le même constat peut être fait au niveau des apports sociaux. Notons que les notions de loisirs et de bien être sont peu ressorties alors

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que d'après les acteurs locaux les visiteurs viennent essentiellement pour des promenades. L'intérêt sur la santé n'a été cité que par un représentant d'une association tout comme les notions de gratuité et de cohésion sociale citées uniquement par un représentant d'une ins- titution. Sur cet aspect social, il est intéressant de souligner qu'un élu précise, que les tables rondes associées à la réserve naturelle permettent « des débats entre les différents acteurs, qui ne se seraient pas forcément autant parlés ».

La question relative aux services rendus par la réserve naturelle a donc permis de mettre en évidence le ressenti des acteurs locaux vis-à-vis de l'intérêt de la réserve naturelle pour la collectivité. Bien évidemment, cette question n'est pas la seule qui a fait ressortir les ser- vices associés à la réserve naturelle. L'ensemble du questionnaire a contribué à préciser les services mentionnés ci-dessus par les acteurs locaux et à en mettre d'autres en évi- dence. La suite du rapport se propose ainsi de dégager les différentes aménités ressenties par les acteurs locaux selon les trois dimensions retenues des aménités : dimension natu- relle, dimension sociale ou culturelle et dimension économique.

Les services cités par les acteurs interviewés se rapprochent majoritairement de la dimen- sion sociale ou culturelle des aménités (48%). Viennent ensuite les services se rappro- chant de la dimension naturelle des aménités (33%). Les services se rapprochant de la di- mension économique des aménités représentent quant à eux 19% des services cités. A noter que le service le plus mentionné est la pédagogie/éducation à l’environnement.

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3.2 - La dimension naturelle des aménités

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

11% 29% 11%

Vrai Vrai Faux 57% Faux Ne sait pas Ne sait pas 14% 78%

Déclaration : La réserve naturelle permet de préserver certaines ressources

Les acteurs locaux ont bien conscience du rôle de protection de la faune et de la flore asso- cié à la réserve naturelle. Cela est bien ressorti dans les questions relatives à la notion de réserve naturelle et aux services rendus associés (cf. Partie 3.1). Par contre, en tant que non-initiés, beaucoup d'acteurs ont du mal à percevoir le caractère exceptionnel du site. Notons, par exemple, que parmi les services cités par les acteurs locaux, les notions de ri- chesse des espèces et de patrimoine n'ont été citées que cinq fois. Pour illustrer cette mé- connaissance de la richesse du site, on peut citer un acteur, qui mentionne que le site a été protégé pour la protection de la faune et de la flore, « soit disant » exceptionnelle. D'après un élu, « à part pour les connaisseurs, il n'y a pas grand chose à voir. (…) Ce n'est pas à la portée des non initiés ». Un autre élu est conscient que la réserve naturelle permet la pro- tection d'un patrimoine riche mais il souligne que « 80 % des gens ne connaissent pas sa valeur. La plupart pensent que zones humides = moustiques ». Un acteur du monde de la chasse mentionne également que le cadre est exceptionnel mais plus au niveau paysager qu'au niveau faunistique et floristique. A la question « pourquoi le site a été protégé ? », certains acteurs ne mentionnent pas prio- ritairement la protection de la faune et de la flore mais mettent en avant le milieu (« proté- ger la zone humide ») et le fait que la réserve naturelle a été prise pour prévenir et contre- carrer une évolution négative pressentie du secteur par l'extension des cultures de maïs, les actions de drainage, les plantations de peupliers et les risques d'embroussaillement et d'assèchement. Quasiment aucun interlocuteur n'a cité une espèce patrimoniale de la réserve (faune ou flore), se limitant à la notion de zones humides ou de marais. Seul le cas du sanglier est abondamment cité (cf. infra). La valeur écologique de la réserve naturelle semble donc largement minimisée par la plu- part des acteurs locaux. A la question « à votre avis, existe-t-il d'autres enjeux qui ne sont pas ou peu reconnu ? », alors que des réponses sur les services écologiques étaient atten- dues, il est intéressant de souligner que sur les huit acteurs qui ont répondu, six ont ainsi mentionné les connaissances scientifiques sur les espèces, les enjeux écologiques ou la biodiversité. Face à cette méconnaissance du caractère remarquable du site, deux acteurs (Association, Enseignement) ont souligné qu'« il est indispensable d'être accompagné par les animateurs de la réserve naturelle pour bien profiter du site ».

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Au niveau de la gestion du site, un élu pourtant réticent initialement à la réserve naturelle souligne que le gestionnaire a réussi à empêcher les boisements et à maintenir des pay- sages ouverts, ce qui manque localement. Un autre acteur pensait que l’assèchement du marais allait continuer mais qu'il y a eu de bonnes choses de faite pour le limiter. Concer- nant, l'impact sur la faune et la flore, plusieurs acteurs considèrent que c'est compliqué à en juger « quand on n'est pas un spécialiste ». Quelques acteurs (chasseurs et agricul- teurs) considèrent, par contre, que des espèces disparaissent ou se raréfient (mais sans savoir si ladite raréfaction concerne la réserve ou l'ensemble du territoire et sans préciser de quelle(s) espèce(s) il s'agit : seul un agriculteur cite le Courlis cendré et un chasseur cite le courlis et le gorge-bleue). Ils sont déçus du rôle joué par la réserve naturelle dans la me- sure où ils pensaient qu'elle serait au contraire à l'origine d'une dynamique sur la flore et sur la faune sauvage (notons cependant que par « faune », les acteurs rencontrés en- tendent souvent « espèces chassables » ou oiseaux dans les cas les plus favorables). La gestion de la réserve naturelle face à la prolifération des sangliers est également une dé- ception pour certain. Un agriculteur considère que le gestionnaire ne réagit pas et ne joue pas du tout son rôle de régulateur.

L'intérêt de la réserve naturelle et d'une manière générale celui du marais de Lavours, dans la préservation des inondations est diversement perçu par les acteurs locaux. D'après cer- tains, ce rôle est peu connu au sein de la population et « ce sont les gens qui subissent les inondations qui en ont le plus conscience ». Par contre, plusieurs acteurs mentionnent clai- rement que la réserve naturelle du marais de Lavours est une zone d'expansion de crues. Mais il est important de souligner que ces acteurs associent plutôt le rôle écrêteur au ma- rais et non directement à la réserve naturelle : « le marais a toujours inondé et joué ce rôle contre les inondations. La réserve naturelle n'a rien changé ». Un agriculteur précise que « même sans elle, il y aurait toujours des inondations ». Trois élus n'ont pas cité le rôle écrêteur du marais. Aucun interlocuteur n'a mentionné que la disparition de ce service rendu (envisageable en l'absence de la réserve naturelle) ou sa dégradation via une modification hydraulique ou encore le fait d'avoir à le remplacer de manière artificielle (bassin de rétention de crue) au- rait des conséquences économiques majeures.

Les autres services écosystémiques associés à la réserve naturelle du marais de Lavours (préservation de la ressource en eau, rétention d'eau, fixation du carbone, production d'oxy- gène, services de régulation (climat, épuration) etc.) ne sont quasiment pas mentionnés par les acteurs locaux. Trois personnes particulièrement sensibles aux enjeux environnemen- taux ont mentionné les rôles épurateur et hydrologique du marais. Un membre d'une asso- ciation cite les enjeux liés aux équilibres naturels et à la ressource en eau. Enfin, seul un agriculteur souligne l'intérêt de la réserve naturelle dans la préservation de l'eau.

Globalement, les interviews montrent que les acteurs rencontrés n'ont pas ou peu de connaissances relatives aux services écosystémiques. Cette approche pourtant souhaitée par le document de stratégie de création des aires protégées nécessitera donc une sensibi- lisation et une démocratisation importantes.

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3.3 - La dimension sociale et/ou culturelle des aménités

3.3.1 - Valeurs éducatives et scientifiques

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

11% 6%

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

100% 83%

Déclaration : La réserve naturelle encadre de nombreuses animations scolaires

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

6%

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

100% 94%

Déclaration : La réserve naturelle est un support d'éducation à la citoyenneté (ex : respect de la biodiversité, mieux vivre ensemble)

Les acteurs locaux rencontrés lors de cette étude, notamment les élus, sont très sensibles à la notion d'éducation à l'environnement, particulièrement auprès des enfants. Cela est ressenti comme une véritable plus-value par les locaux soucieux des questions envi- ronnementales. Lorsque l'on interroge les acteurs sur les services rendus par la réserve naturelle du marais de Lavours, l'éducation à l'environnement fait partie des réponses les plus mentionnées : 11 acteurs ont cité ce terme sur les 23 ayant répondu à cette question.

L'importance accordée à la pédagogie est également ressortie dans la question relative aux aspects de la réserve naturelle qui se sont révélés plus positifs que prévus. Plusieurs per- sonnes ont, en effet, mentionné qu'elles n’avaient pas initialement imaginé que la réserve

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naturelle pouvait avoir un rôle aussi important dans ce domaine. A l'origine, c'était plutôt l'aspect protection du milieu qui était perçu (N.B. : Notons qu'il s'agit là également de l'évo- lution du réseau RNF sur le sujet7). Les acteurs de l'enseignement sont très satisfaits des activités proposées par la réserve na- turelle : diversité des thèmes, programmes bien adaptés à chaque niveau scolaire. La qua- lité des animateurs est également soulignée. Un représentant du tourisme mentionne éga- lement que la réserve naturelle est « un support idéal pour la mise en lumière des apports théoriques vus en classe ». Il souligne aussi la grande diversité de sujets à aborder.

Les activités scientifiques :

ELU ENSEMBLE DES ACTEURS

29% 11%

Vrai Faux Vrai Ne sait pas Faux 71% Ne sait pas

89%

Déclaration : La réserve naturelle est un support pour des programmes de recherche fai- sant intervenir de nombreux scientifiques (territoire d'expérimentation)

Les activités scientifiques, bien que très riches au niveau de la réserve naturelle du marais de Lavours, ne semblent pas particulièrement mises en avant par le gestionnaire. Même si la plupart des acteurs interrogés connaissent l'existence de ces activités scientifiques (seuls deux élus et un agriculteur sur les vingt et un acteurs ayant répondu à cette question ne savent pas que ces activités existent localement), ils paraissent bien éloignés de leurs contenus. Le travail réalisé par les scientifiques ne semble pas visible pour les acteurs lo- caux et les raisons des choix de gestion ne paraissent pas, non plus, être bien connues. Ce manque d'explications peut ainsi devenir source d'incompréhension pour la plupart d'entre eux. Un élu mentionne que c'est « un milieu fermé ». Au niveau du monde agricole, certaines expérimentations ou pratiques, notamment utili- sées par le passé par le gestionnaire, sont à l'origine d'une certaine incompréhension. Un agriculteur mentionne qu’il « ne les comprend pas, ne les trouve pas appropriées ». Il ra- joute que le matériel n’est pas adapté. Un autre agriculteur va dans le même sens en préci- sant que « d'une manière générale, pour gérer la réserve naturelle, ils utilisent beaucoup de gros matériels pour des résultats insatisfaisants. Ils font différentes expérimentations mais il manque du bon sens et du pragmatisme dans les pratiques de gestion : fauchage, valorisa- tion des résidus de fauche, etc. ». Ce même agriculteur précise que le gestionnaire devrait « plus montrer le travail qu'ils font ».

7 C. Therville, R. Mathevet et F. Bioret. Des clichés protectionnistes aux discours intégrateurs : l'institutionnalisation de réserves naturelles de France. VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement- Volume 12 - Décembre 2012.

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Pour conclure, il est intéressant de souligner que peu d'acteurs ont répondu à la question « A votre avis, existe-t-il d’autres enjeux qui ne sont pas ou peu reconnus au sein de la ré- serve naturelle? » mais que trois réponses sur huit mentionnent les enjeux scientifiques.

3.3.2 - Valeurs patrimoniales, historiques et culturelles

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

17% 29% 6% Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

71% 78%

Déclaration : La réserve naturelle permet de valoriser notre patrimoine naturel, mais pas seulement (patrimoine culturel également)

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

14% 28%

43% Vrai 44% Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas 43% 28%

Déclaration : La réserve naturelle contribue et renforce l'identité territoriale (appropriation du site par les habitants, territoire commun et partagé)

A la question « La réserve naturelle permet de recueillir de nombreuses connaissances na- turelles, mais aussi historiques et culturelles ? », les acteurs locaux sont généralement d'accord. Cinq élus sur les sept interrogés ont répondu « Vrai » et deux ont répondu « Ne sait pas ». Les acteurs locaux ont conscience du rôle joué par la réserve naturelle dans la valorisation du marais et notamment du patrimoine traditionnel. Plusieurs acteurs interrogés ont notam- ment mentionnés les actions de la réserve naturelle en faveur de la mémoire de l'exploita- tion de la tourbe.

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Les enseignants interrogés ont particulièrement mis en évidence le rôle important de la ré- serve naturelle dans la connaissance locale du territoire. Selon eux, elle permet « aux en- fants de découvrir leur milieu proche aussi bien au niveau de l'environnement qu'au niveau de l'histoire du territoire. Les explications permettent de comprendre pourquoi on la pro- tège ».

Certains habitants restent très attachés au marais : notion de patrimoine. Par contre, la création de la réserve naturelle ne semble pas avoir permis l'émergence ou un renforce- ment d'une véritable identité territoriale (cf. diagrammes supra). D'après les acteurs locaux rencontrés et plus particulièrement les élus, la réserve naturelle n'a pas véritablement per- mis une meilleure adhésion, appropriation locale de l'espace naturel. Les habitants semblent encore avoir une mauvaise connaissance de la réserve et de ses enjeux. Il est même mentionné que pour certains habitants, essentiellement des « bugistes » de souches ayant connu la période d'avant réserve, la réserve naturelle est plutôt perçue négativement. Un élu résume le sujet de la manière suivante : « Il y a différents vécus par rapport à la ré- serve naturelle : certains se baladent, d'autres n'y vont jamais. Pour certains c'est un joujou qui coûte trop cher. Dans la grande majorité des cas, ça leur passe au-dessus de la tête ». Afin d'avoir une vision complète et plus proche de la réalité sur ce dernier sujet, il aurait fal- lu compléter l'échantillon des acteurs interviewés par des visiteurs de la réserve. Ce travail n'a pas été réalisé dans le cadre de cette étude mais un questionnaire-type vierge est pré- senté en annexe.

3.3.3 - Valeurs récréatives et de bien-être

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

14% 6% 17%

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

86% 78%

Déclaration : La réserve naturelle est un lieu récréatif qui contribue à la préservation de notre cadre de vie

D'après la plupart des acteurs interrogés dans le cadre de la présente étude, les visiteurs viennent principalement pour une promenade dans un espace naturel, un espace tranquille. Beaucoup mentionnent l'importance du sentier sur pilotis, favorable à ce type de ballade fa- miliale avec les enfants. La notion de calme et de tranquillité est bien ressortie lors de la question « quels mots ou sentiments qualifient le mieux pour vous la réserve naturelle ? ». Les notions de nature pri- vilégiée et de cadre exceptionnel ont également bien été mises en évidences par les ac- teurs locaux. A travers ces différentes réponses, il apparaît donc que la réserve naturelle, en offrant un cadre naturel et calme, peut ainsi présenter de nombreux effets positifs sur le bien-être des gens. Plusieurs acteurs ont même mentionné la notion de besoin : « besoin

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de plus de nature », « besoin de société ». Il est aussi à noter que seul un membre d'une association mentionne clairement « l'apport en termes de santé et au niveau psycholo- gique ». Il précise aussi qu' « on aurait du mal à vivre dans des milieux complètement an- thropisés ». La notion de loisirs et de bien-être est par contre peu ressortie au niveau de la question re- lative aux services rendus par la réserve naturelle. C'est à priori le terme « service », qui a minimisé le poids de cette aménité dans cette question. Enfin, la plupart des personnes interrogées, aussi bien les élus, que les riverains ou que les structures de tourisme, soulignent que les gens s'attendent à voir plus d'animaux ou d'es- pèces végétales « hors du commun ». Ils ont souvent en tête l'image d'un parc animalier. Or, la réserve naturelle du marais de Lavours, en l'absence d'une visite guidée, ne présente pas vraiment d'espèces spectaculaires pour les non initiés (hormis les vaches Highland cattle). Son intérêt n'est pas évident à voir et par conséquent, il est souvent mentionné que beaucoup de visiteurs repartent déçus. Aussi pour éviter ces déceptions, l'office de tou- risme de Culoz précise aux gens, qui viennent se renseigner, « que la réserve naturelle n'est pas un parc animalier, que ce n'est pas le même contexte ». L'office de tourisme conseille aussi aux « personnes désireuses de voir des animaux de plutôt y aller le matin assez tôt ou le soir ». D'autres acteurs considèrent que pour profiter au maximum du site, il faut être accompagné par des animateurs. « Il faut des personnes pour les observations et les explications ».

L'accessibilité du site pour tous les publics (situation de handicap) n'est pas bien connue par la plupart des acteurs. De même l'intérêt de la gratuité du sentier sur pilotis est assez peu mentionnée par les ac- teurs locaux.

3.3.4 - « Lieu de rencontres et d'échanges »

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

11% 29%

Vrai 44% Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas 44% 71%

Déclaration : La réserve naturelle est un lieu d'échange et de concertation (elle crée du lien social, favorise le dialogue, s'inscrit à long terme dans un réseau d'acteurs)

Les personnes interrogées ont peu mis en évidence la réserve naturelle en tant que lieu de rencontres au sein de la population. Même si les gens se baladent souvent en famille au sein de la réserve naturelle et vont également aux manifestations proposées, les question- naires n'ont pas permis de faire ressortir les notions de rencontres, de liens sociaux asso- ciées à la réserve naturelle. Cela est très bien illustré avec les diagrammes ci-dessus qui montrent clairement que les acteurs et particulièrement les élus ne considèrent pas la ré- serve naturelle comme un lieu d'échange et de concertation. Un seul représentant d'une

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institution mentionne le rôle social de la réserve naturelle en termes de cohésion sociale. Il justifie son propos de la manière suivante : « Le sentier est gratuit (peu d'activités le sont actuellement). Tous types de milieux sociaux, tous types de générations (un grand-père avec son petit enfant) peuvent s'y retrouver. En termes de cohésion sociale, c'est impor- tant ».

Parallèlement, certains acteurs locaux, notamment des élus, participant aux comités de la réserve naturelle ont souligné que les tables rondes ont permis « des débats entre les diffé- rents acteurs, qui ne se seraient pas forcément autant parlés ». Grâce à la réserve natu- relle, les différents acteurs locaux (agriculteurs, chasseurs, élus, gestionnaire, etc.) ont donc eu l'occasion de se parler d'une manière collective et d’échanger sur différents sujets. Les acteurs ont « appris à se connaître et à se respecter » et « il y a eu un certain rappro- chement ». Ils reconnaissent même que cela se passe plutôt bien actuellement. Beaucoup souligne que la personnalité du gestionnaire actuel y contribue fortement. Notons que cette notion d'échange entre les acteurs locaux au sein de la réserve naturelle ne faisait pas partie des aménités identifiées préalablement aux interviews.

3.3.5 - Services d'appui et exemplarité du territoire

Un élu a relevé le fait que le gestionnaire de la réserve naturelle peut constituer un appui pour les communes sur les questions environnementales. Il précise qu'il n'hésite pas à le consulter sur des questions touchant l'environnement sur sa commune : « Il est un conseil dans le domaine de l'environnement, d'une manière générale ». Cet élu illustre son propos avec la protection des amphibiens écrasés sur une route de sa commune. Il indique que pour faire face à cette problématique, il s'est renseigné auprès du gestionnaire. Ainsi, « des filets ont été mis en place les premières années puis un crapauduc a été installé avec la DDE ». Un représentant d’un syndicat mentionne également que « c’est une chance d’avoir un gestionnaire sur place ». Il indique qu’il a beaucoup d’échanges avec lui sur les questions des zones humides, des nappes et de berges notamment et qu’ils se trans- mettent réciproquement leurs données. Il précise aussi qu’ « un projet important est prévu le long de la réserve naturelle. Cela conduira à augmenter les débordements du Séran dans la réserve naturelle, ce qui est également recherché par le gestionnaire de la réserve naturelle. Il y a souvent des problèmes fonciers pour réaliser les travaux. Avec la réserve naturelle on a une véritable opportunité ». Le gestionnaire, présent localement, peut ainsi apporter ses compétences et ses connais- sances dans le domaine de l'environnement. Le fait qu'il connaisse le territoire renforce la qualité du conseil. Il devient ainsi un interlocuteur potentiel privilégié pour les élus et les porteurs de projets. Ce rôle de conseil et d'appui du gestionnaire au-delà du périmètre strict de la réserve natu- relle n'avait pas été identifié préalablement aux interviews.

L'exemplarité du territoire induite par la réserve naturelle a été citée par plusieurs ac- teurs. Ils ont en effet mentionné que la présence de la réserve naturelle crée un contexte favorable à l'environnement, une conscience locale sur les différentes thématiques environ- nementales. Nous pouvons ici citer cet élu qui précise que le fait d'avoir une réserve natu- relle sur son territoire communal est un atout, voire « un argument pour améliorer l'environ- nement de la commune » dans différents domaines : l'assainissement collectif, l'eau po- table (préservation de la ressource), les déchets, la gestion des espaces publics sans désherbants. Cet élu précise que « ça aide dans ce type de démarche d'avoir la réserve

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naturelle ». Par ailleurs, un représentant d'une institution a également mentionné que les réserves naturelles s'inscrivent dans un réseau d'acteurs. Elles ont ainsi accès à ce qui fonctionne ailleurs et peuvent reproduire les pratiques localement. Dans le même ordre d'idée, un agriculteur indique que la présence de la réserve naturelle l'a amené à réfléchir : « le monde agricole évolue ».

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3.4 - La dimension socio-économique des aménités

3.4.1 - Notion de plus-value pour le territoire

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas

100% 100%

Déclaration : La réserve naturelle permet d'attirer des visiteurs sur un territoire rural (ex : journées d'animation et de sensibilisation...)

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

22%

43% Vrai Vrai Faux 57% Faux 11% Ne sait pas Ne sait pas 67%

Déclaration : La présence de la réserve naturelle est globalement un atout pour le territoire

« La réserve naturelle est-elle une plus-value pour le territoire ? ». A cette question, les réponses sont particulièrement contrastées contrairement à la notion d'attrait de la réserve naturelle sur le territoire qui fait l'unanimité chez tous les acteurs rencontrés. Les organismes de tourisme considèrent que le territoire bénéficie nettement du caractère préservé de la réserve naturelle. Outre la plus-value de protection de l'écosystème et l'inté- rêt pédagogique, il est mentionné que la réserve naturelle occupe une grande place dans l'offre touristique locale (« un des deux sites touristiques majeurs sur le secteur avec le Grand Colombier »). A l'échelle du département, un représentant du tourisme indique que la réserve n'est pas forcément déclencheur de séjour. Il précise qu'elle « ne fait pas partie des incontournables mais constitue une offre complémentaire intéressante à valoriser en com- plément de séjour ou pour diversifier les expériences des excursionnistes (via de l’événe- mentiel par exemple, des choses qui changent ) ». Les organismes de tourisme soulignent également que le label « Réserve Naturelle » est important en termes d'image. Les associa-

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tions proches de la nature et des habitants sont aussi en accord avec cela et considèrent que ce label est « reconnu et attractif » et permet une certaine « visibilité du territoire ». Ces acteurs généralement favorables depuis le début à la création de la réserve naturelle soulignent souvent que, lors de la création de la réserve naturelle, ils n'avaient pas encore à l'esprit que la réserve naturelle est déterminante en termes d'image et que c'est un atout pour le développement du territoire. Ce point est donc plus positif que ce qu'ils se l'imagi- naient au début. Leur vision des enjeux étaient plus réduite et plutôt accès sur la préserva- tion du marais. Au niveau des institutions il est aussi considéré que la réserve naturelle est une plus-value pour le territoire. Il est fait mention de « rayonnement » et « d'outil de com- munication, qui permet de faire connaître le territoire ». Un représentant d'institution justifie aussi la plus-value sur le territoire par le fait que la réserve naturelle « s'inscrit dans un ré- seau d'acteurs : elle peut voir ce qu'il se fait ailleurs et peut reproduire les mêmes pratiques localement ».

Du côté des élus, les réponses sont plus contrastées. Pour certains, la réserve naturelle est une plus-value pour le territoire : protection des milieux, attrait touristique. Mais pour d'autres, la plus-value est moins évidente. On trouve beaucoup de « peut être » dans les réponses. Pour un élu cette question est « un point d’interrogation ». Cette difficulté à ré- pondre à cette question se retrouve dans les résultats de la question fermée illustrée avec les diagrammes ci-dessus : « La présence de la réserve naturelle est globalement un atout pour le territoire ? ». En effet, on constate que plus de la moitié des élus ne savent pas ré- pondre à cette question. Il est également intéressant de constater que la notion d'attrait est par contre unanime. Même si ces élus ont du mal à répondre à la question sur la plus-value, ils évoquent toute- fois quelques plus-values potentielles : retombées pour la viticulture, notion de circuit touris- tique avec différentes visites (réserve naturelle, caveau, atelier du verre), beauté des pay- sages, balades sur le sentier. Un élu considère également qu'il n'y a pas de plus-value pour le territoire. Par contre cette réponse est à replacer dans son contexte puisque la commune de l'élu en question ne pré- sente qu'une petite surface en réserve naturelle. Le territoire dont il parle est le territoire communal. Il est à noter qu'un autre élu fait clairement la distinction entre la plus-value pour le territoire et la plus-value pour sa commune. Il mentionne que la réserve naturelle n'est clairement pas une plus-value pour sa commune mais souligne qu'au niveau du territoire, la réserve naturelle amène du monde et constitue donc un attrait touristique non négligeable. Ce même élu considère que pour la chasse, il y a sans doute une plus-value en raison de l'ex- plosion de la population de sanglier. Il indique que les sociétés de chasse se sont d'ailleurs bien développées.

Au niveau du monde de la chasse, la plus-value de la réserve naturelle ne paraît pas évi- dente. Un chasseur considère que « c'est difficile de se prononcer ». Deux autres chas- seurs précisent que la plus-value n'est pas « flagrante » mais que la réserve contribue au tourisme local. Elle est considérée comme « un des maillons nécessaires pour le tourisme local ». Selon un chasseur, la contribution de la réserve naturelle au tourisme local est en- core à développer.

Les agriculteurs sont également partagés sur cette notion de plus-value pour le territoire. Deux agriculteurs sur les cinq interrogés considèrent qu'il n'y a aucune plus-value et qu'au contraire le marais se dégrade. Un agriculteur mentionne un intérêt touristique et un autre

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évoque un probable intérêt écologique, tout en soulignant son incapacité à le confirmer. Un dernier agriculteur a du mal à répondre à cette question. Il considère que si on ne prend pas en compte l’aspect financier, il y a « alors oui, bénéfice pour la planète ».

Pour terminer, il est important de souligner que plusieurs personnes interviewées consi- dèrent que la réserve naturelle est une plus-value pour le territoire mais que c'est un outil de développement local, qui n'est pas suffisamment valorisé.

3.4.2 - Les retombées économiques

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

14% 6% 17%

14% Vrai Vrai Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas 71% 78%

Déclaration : La structure gestionnaire est créatrice d'emploi (ex : revitalisation par installa- tion de familles qui vivent et travaillent sur le territoire) et apporte des compétences sur le territoire

Les retombées économiques de la réserve naturelle sont considérées comme faibles voire inexistantes pour la plupart des acteurs locaux. Certes, il est constaté beaucoup de passage mais d'après eux les gens adeptes d'un « tourisme vert » consomment très peu sur place. La fermeture du café à Aignoz et du restaurant à Ceyzérieu sont mentionnées plusieurs fois. D'après certains acteurs : « Le potentiel n'y est pas ». D'autres regrettent au contraire qu'il n'y ait pas plus d'aménagement pour loger les touristes. Il est mentionné qu'il n'y a par exemple pas d'hébergement pour accueillir des classes vertes sur plusieurs jours. Un élu précise sur ce point que « Il n'y a que très peu de retombées. C'est un tourisme fa- milial, un peu comme celui qui fréquente la vélo-route. D'une manière générale, les activités nature ne contribuent pas trop au développement économique. Elles ont surtout un rôle so- cial ». Il rajoute que « les gens pratiquant du tourisme vert sont d'une manière générale moins aisés et ils dépensent moins que les autres. C'est un peu comme si on compare le ski de fond et le ski alpin ; ce n'est pas la même population ». Un élu souligne que les retombées économiques ne sont pas importantes mais que ce n'est pas forcément la vocation de la réserve naturelle.

Certains acteurs ont toutefois mentionné quelques retombées économiques : − La création de plusieurs emplois au niveau de la réserve naturelle et de la maison du marais est mise en évidence. Un représentant d'association précise sur ce sujet que la réserve naturelle « a permis de créer des emplois localement » et que « ça remplit les écoles ! ». (Association (2), Chasse, Enseignement) ;

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− La viticulture avec les caveaux est également citée en tant que potentiel bénéficiaire de retombées économiques, notamment dans le cadre de circuits touristiques (Élu, Agriculture (2), Association, Chasse) ; − La ferme du marais située à proximité de la réserve naturelle est mentionnée à plu- sieurs reprises. Il s'agit d'une boutique avec des produits locaux et un restaurant ou- vert pendant la saison touristique (Agriculture, Association, Tourisme, Élu, Syndicat) ; − Plusieurs acteurs indiquent que la réserve naturelle est un atout pour les héberge- ments notamment les gîtes (Association (2), Tourisme, Syndicat) ; − L'intérêt pour les restaurants est cité trois fois (Agriculture, Association, chasse) ; − L’intérêt pour les bars est mentionné une fois (Syndicat) ; − L'atelier du verre à Ceyzérieu est cité deux fois, également dans le cadre de circuit touristique (Élu, Association) ; − La valorisation du patrimoine bâti est cité une fois (Association) ; − Un élu mentionne l'intérêt pour les commerces de Ceyzérieu ; − Les retombées économiques pour la maison du marais sont mentionnées une fois (Tourisme) ;

Pour la plupart des acteurs, il n'y a donc pas de véritable dynamique économique locale en lien avec la réserve naturelle. A la question « Pensez-vous que la réserve naturelle soit à l'origine d'une dynamique économique locale ? » : six élus sur sept et quatre agriculteurs sur cinq considèrent clairement que non. L’agriculteur n’ayant pas directement répondu non est toutefois également réservé sur ce point et considère qu’il n’y a « malheureusement peu de dynamique locale ». Les autres acteurs (Enseignement, Tourisme, Syndicat, Chasse) ont plus de mal à répondre mais tendent plutôt aussi à répondre par la négative. Seuls les représentants des associations et d’un syndicat ont répondu « oui » en citant no- tamment l'attraction de la réserve naturelle en faveur de la ferme du marais, des gîtes, du patrimoine bâti et des emplois. Un représentant d’une association précise aussi que « dans les mauvaises périodes, la réserve peut devenir une source de foin pour les agriculteurs à moindre frais ».

Beaucoup regrettent ce manque de dynamique locale. Un agriculteur indique « qu’il manque déjà une vrai route » pour amener les autobus sur les parkings. Un représentant d'association précise que « La réserve naturelle devrait participer au développement local. Il y a beaucoup de passage, c'est lamentable qu'il n'y ait pas d’information sur les activités à proximité. Les gens viennent de loin et repartent sans rien connaître des alentours ». Plu- sieurs acteurs, notamment du secteur touristique, mentionnent qu'il y a du potentiel au ni- veau de cette réserve naturelle mais qu'il manque une synergie entre les différents acteurs et une vraie stratégie de communication pour assurer un développement du territoire. Selon ces acteurs, les réflexions en commun pourrait « profiter à tout le monde ». Un agriculteur mentionne qu'il « faut tous réfléchir ensemble pour faire avancer les choses ». Un élu pré- cise également que pour favoriser une dynamique locale « il faut raisonner d'une manière globale beaucoup plus large que le simple territoire communal ». Pour un autre acteur, le développement touristique est « un atout à valoriser » et « il faut travailler dans la durée ».

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Pour terminer sur cet aspect économique, mentionnons que beaucoup d'acteurs (y compris des élus locaux) méconnaissent le fonctionnement financier de la réserve naturelle et considèrent qu'elle coûte cher à la population locale. Moins de la moitié des élus (cf. dia- gramme infra) considèrent que la réserve naturelle ne représente pas un surcoût. La confu- sion entre le financement de la maison de la réserve et de la réserve naturelle reste égale- ment répandue, même chez les acteurs siégeant au comité consultatif de la réserve.

ELUS ENSEMBLE DES ACTEURS

14% 17% Vrai Faux 39% 43% Vrai Vrai Ne sait pas Faux Faux Ne sait pas Ne sait pas 43% 44%

Déclaration : La réserve naturelle représente un surcoût important pour les populations locales

3.5 - Que retenir ?

Dans cette partie nous proposons de réaliser un focus sur les principales aménités identi- fiées au sein de la réserve naturelle du marais de Lavours. Il s’agit notamment de mettre en évidence les différents atouts qu’offre cette réserve naturelle au territoire ainsi qu’à ses ha- bitants.

• La Réserve naturelle : un élément intégré au territoire Par territoire, nous entendons un périmètre local allant bien au-delà du périmètre strict de la réserve naturelle. En effet, nous avons pu constater que la gestion au sein de la réserve naturelle du marais de Lavours ne se limite pas à la protection du milieu naturel au sein du périmètre strict de la réserve. Nous sommes bien loin de l’image de la mise sous cloche parfois véhiculée. Bien au contraire, la réserve naturelle se caractérise par un certain nombres d’interactions, une ouverture et des liens étroits avec le territoire alentour ; elle fournit également aux habitants et visiteurs un grand nombre de services culturels, écono- miques et sociaux.

• Préservation du milieu naturel, du paysage et des usages traditionnels Dans un premier temps, il paraît évident de revenir sur l’intérêt de la réserve naturelle du marais de Lavours dans la préservation du milieu naturel. Rappelons ici que les acteurs locaux ont clairement conscience que la protection réglementaire associée à la réserve na- turelle a permis d’éviter la disparition d’une partie du marais au profit du développement de la culture du maïs ou du boisement du milieu. Au-delà de cette protection réglementaire, la gestion mise en place par le gestionnaire, permet aussi d’assurer la conservation et la res- tauration du fonctionnement des différents habitats associés à ce marais. Sans entretien (fauchage, pâturage, etc.), le boisement du marais et la disparition d’espèces et d’habitats à très forte valeur patrimoniale seraient inéluctables. La réserve naturelle joue ainsi un rôle

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essentiel dans le maintien de la biodiversité mais notons également qu’elle participe acti- vement au maintien du paysage traditionnel local, auquel sont particulièrement sen- sibles les habitants. La notion de transmission d’un patrimoine (naturel, traditionnel) aux générations futures est une valeur importante associée à cette réserve naturelle. Certains acteurs locaux sont, par exemple, particulièrement sensibles aux actions de la réserve na- turelle en faveur de la mémoire de l’exploitation de la tourbe.

• Le fonctionnement des milieux à l’origine de services pour la population La protection assurée par la réserve naturelle du marais de Lavours permet le maintien d’un certain nombre de fonctions écologiques à l’origine de plusieurs services écosysté- miques, qui contribuent au maintien d'un environnement de qualité au niveau du terri- toire : régulation des risques d’inondation, atténuation de l’effet des sécheresses, purifica- tion et maintien de la qualité de l’eau et de l’air, etc. Notons ici que les bénéfices induits par la réserve naturelle profitent à un territoire et des personnes situés bien au-delà du péri- mètre strict de la réserve. Nous pouvons ainsi parler de véritable solidarité écologique territoriale. A titre d’illustration, nous pouvons prendre le cas de la régulation des risques d’inondations. La préservation de l’espace lié à la réserve naturelle et plus largement le marais de La- vours joue un rôle significatif dans l’écrêtement des crues du Rhône. Les terrains inondés localement constituent un champ d’expansion des crues et contribuent ainsi à la protection des populations situées en aval, bien au-delà du périmètre de la réserve naturelle. Nous pouvons également citer la solidarité en période de sécheresse. Plusieurs acteurs ont souli- gné que la réserve s’est spontanément tournée vers les agriculteurs pour leur fournir la paille, qui leur faisait défaut.

• Source de bien-être et amélioration de la qualité de vie La réserve naturelle constitue un atout pour le territoire en termes de qualité de vie et de bien-être. Elle offre aux habitants et visiteurs un lieu privilégié pour les activités récréa- tives de pleine nature et leur permet de s’y détendre et de s’y ressourcer. Le sentier sur pi- lotis est particulièrement adapté pour les balades familiales avec les enfants. Il est impor- tant de souligner que l'accueil de tous les publics (y compris les personnes à mobilité ré- duite) est crucial pour les territoires car il est reconnu que les apports sociaux des espaces naturels peuvent participer grandement à l’épanouissement des individus dans la société.

• Un lieu privilégié pour les activités de sensibilisation à l’environnement De par ses caractéristiques naturelles et la volonté affirmée du gestionnaire, la réserve na- turelle du marais de Lavours est un lieu privilégié pour les activités de sensibilisation à l'environnement. Elle permet au public d'accéder aisément à des informations de qualité. Ce type de lieu mêlant activités de pleine nature, éducation et activités culturelles est de plus en plus recherché notamment par les familles. Depuis sa création, cet axe est particu- lièrement développé : maison du marais, sentier sur pilotis, panneaux informatifs, club pour les enfants, expositions, manifestations, conférences, etc. Des efforts sur la signalétique du sentier sur pilotis et sur l’accompagnement des visiteurs sont à souligner car la valeur écologique du site n’est pas forcément évidente à percevoir pour les non-initiés. Il est aussi à noter que les acteurs de l’enseignement sont très satis- faits des activités éducatives proposées par la réserve et reconnaissent que c’est une chance d’avoir un tel site et un encadrement d’une telle qualité localement.

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• Un attrait touristique majeur L’attrait touristique de la réserve naturelle du marais de Lavours est bien reconnu par les instances chargées du tourisme, qui considèrent que le territoire bénéficie fortement du caractère préservé de la réserve naturelle et du paysage qu’elle abrite. Elle figure ainsi de manière bien visible dans les offres touristiques locales et départementales. Avec ses 30 000 visiteurs par an, elle est l’un des sites les plus fréquentés de l’Ain. De nombreux acteurs locaux soulignent que le label « réserve naturelle » est important en termes d’image et considèrent que la réserve naturelle est une plus-value pour le terri- toire : retombées pour les restaurateurs, les hébergements, la viticulture, la ferme du ma- rais, le patrimoine bâti, même si ces dernières sont difficilement estimables.

• Un leitmotiv pour une exemplarité du territoire L'exemplarité du territoire induite par la réserve naturelle est également un atout mis en exergue localement. Plusieurs acteurs locaux considèrent que la présence de la réserve naturelle crée un contexte favorable à l’ensemble des questions environnementales, une conscience locale de ces différentes thématiques. Un élu voit la réserve naturelle comme un leitmotiv pour améliorer l’environnement au niveau de sa commune. La présence d’une réserve naturelle peut donc devenir un véritable moteur pour les col- lectivités locales dans le domaine de la préservation et de l’amélioration de l’environne- ment. Elle rayonne en cela bien au-delà de son périmètre réglementaire.

• Le gestionnaire : un acteur économique L’organisme gestionnaire est tout d’abord créateur d’emplois directs (5 emplois locale- ment). Il constitue aussi un levier pour mobiliser des fonds et en faire bénéficier le terri- toire. Citons, par exemple, la réfection du sentier sur pilotis, qui constitue un projet très im- portant localement. La recherche active du gestionnaire a permis de trouver les nombreux financements et permettra ainsi de pérenniser un ouvrage essentiel en termes d’image et d’attractivité au niveau de la réserve naturelle et plus largement au niveau du territoire. Soulignons également que le gestionnaire réinjecte une partie de ses ressources finan- cières dans l’économie locale à travers les différents projets de gestion et d’entretien : achat de matériaux, commande spécifique à des entreprises locales (signalétique, coupe de bois). Par l’effet de ses choix, le gestionnaire peut aussi œuvrer en faveur du soutien des activi- tés du territoire. Depuis plusieurs années, il souhaite mieux intégrer la réserve naturelle dans l’agriculture locale. Des discussions ont notamment lieu pour le retour de l’élevage professionnel dans le marais. Nous constatons ici que nous sommes bien loin de l’idée que toutes les activités sont interdites au sein de la réserve naturelle. Les échanges et les ré- flexions constantes permettent à chacun de réfléchir sur son positionnement et de (ré)inté- grer des pratiques locales importantes pour le territoire, en prenant en compte les contraintes des usagers et les objectifs de conservation de la réserve naturelle.

• Un lieu d’échanges et de vie sociale : débats, rencontres, animations Les différentes tables rondes organisées par le gestionnaire au sein de la réserve naturelle ont permis aux divers acteurs locaux (agriculteurs, chasseurs, élus, gestionnaire, etc.) de se parler et de débattre de manière collective sur différents sujets. Les échanges et le partage des points de vue ont finalement fait émerger des relations de confiance. Les acteurs locaux reconnaissent même que cela se passe plutôt bien actuelle- ment. Beaucoup soulignent que la personnalité du gestionnaire actuel y contribue forte- ment.

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• Le gestionnaire : un organisme ressource pour le territoire Le gestionnaire est reconnu comme un organisme ressource, un pôle de connaissance et d’expertise notamment sur les aspects environnementaux. Présent localement, il peut ainsi apporter ses compétences et ses connaissances aux acteurs locaux. Notons que le gestionnaire sort régulièrement de son rôle pour s’ouvrir à un territoire plus vaste, devenant ainsi un interlocuteur potentiel privilégié pour les élus et les différents porteurs de projets, au-delà du périmètre strict de la réserve naturelle. Le fait qu’il connaisse le territoire et qu’il soit reconnu comme un acteur compétent localement renforce la qualité du conseil et son acceptabilité.

• Un espace connu et reconnu dans le monde scientifique De par sa richesse et son ancienneté, la réserve naturelle du marais de Lavours concourt fortement à l’amélioration de la connaissance sur les zones humides : faune, flore, ha- bitats, expériences de gestion. Une forte activité scientifique (recherche, suivis scienti- fiques, enseignement supérieur) y est présente depuis sa création. Soulignons que cette réserve naturelle est largement connue et reconnue dans le domaine scientifique, bien au- delà du seul périmètre régional.

Tableau VI : Synthèse des aménités mises en avant par les acteurs au regard de celles identifiées par la bibliographie. Aménités sous- - Conseils et appui du gestionnaire sur des questions d'ordre environnemental, évaluées par au-delà du seul périmètre de la réserve l'analyse - Souhait d'être un territoire « exemplaire » bibliographique et - Importance de l'image « réserve naturelle », de la labellisation qui ressortent des interviews acteurs - La RNN : un lieu de débat et d'échange entre des acteurs « qui ne se parlaient pas » Aménités - Qualité de la biodiversité présente au sein de la réserve globalement sous- - Fonctions de protection contre les inondations et autres services écosysté- évaluées par les miques acteurs - Activités scientifiques du gestionnaire - Rayonnement de la réserve naturelle (au-delà de leur territoire) - Lieu de vie sociale, de rencontre, lieu d'échange - Dynamiques socio-économiques (activités touristiques, exploitations agricoles et forestières) Aménités mises en - Activités éducatives et sensibilisation à l'environnement évidence par - Activités récréatives et accueil du grand public l'analyse - Conservation d'un patrimoine commun (paysager, historique, culturel) bibliographique et qui ressortent - Activités culturelles également des - Protection de l'environnement (dans un sens très large) et de la biodiversité interviews acteurs

Le tableau VII en page suivante présente la synthèse des services écosystémiques identi- fiés dans la réserve naturelle du marais de Lavours élaborée à partir des services écosys- témiques issus des travaux du MEA.

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Tableau VII : Synthèse des services écosystémiques identifiés dans la réserve naturelle du marais de Lavours parmi les 43 services rendus par les écosystèmes en France proposés par le MEA France.

15 services d'approvisionnement 15 services de régulation 13 services à caractère social (production de biens) (production de services) (production de services) Support de cultures alimentaires Crues et prévention des inondations Paysage (au sens esthétique) Support de cultures énergétiques Atténuation de l'effet des sécheresses Qualité de l'environnement olfactif Cadre de vie / Aménités Aquaculture Prévention des désordres Régulation Qualité de l'environnement sonore géomorphologiques (érosions des du cycle de Valeur de la biodiversité et patrimoine Pêche professionnelle (pêche berges, manques de matériaux à l'eau maritime, (sites protégés, espèces protégées et certains endroits) Patrimonial cueillette littorale et pêche emblématiques) Purification et traitement des déchets dulçaquicole) Communautés humaines spécifiques (autoépuration de l'eau) Esthétique / Cueillette terrestre (végétale) Source et support d'inspiration artistique Régulation de l'érosion et des coulées Régulation artistique Extraction et exploitation de produits de boues Chasse minéraux (granulats, sel...) des sols Limitation des avalanches Pêche de loisir Fibres et autres matériaux Régulation du (en mer et en eau douce) Maintien de la qualité des sols cycle des Récolte de bois Sports de nature Recyclage des débris organiques éléments Récréatif Fourniture d'eau à usage domestique chimiques (sports d'eau douce, sports liés à la Régulation des parasites et agents mer, sports terrestres et aériens) Production d'eau embouteillée pathogènes Régulation (minérale Stockage de Tourisme et loisirs de nature des et de source) l'eau douce, Régulation des espèces nuisibles et (tourisme lié aux eaux douces, à la mer, espèces recharge envahissantes aux écosystèmes terrestres) Fourniture d'eau à usage agricole des nappes Contribution de la pollinisation à la Thermalisme et thalassothérapie souterraines Fourniture d'eau à usage industriel production de ressources alimentaires Supports de recherche Scientifique / Utilisation d'eau pour la production Purification et maintien de la qualité de d'énergie Développement des savoirs éducatifs éducatif l'air Régulation climatique Réservoir du vivant Régulation du climat global Transport fluvial et maritime Régulation du climat local En bleu : services écosystémiques identifiés dans la Biodiversité et écosystème : maintien réserve naturelle du marais de Lavours réciproque En noir : services non identifiés

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4 - Quelques éléments favorables à l'acceptation par les élus des sites fortement protégés - Points à travailler pour un meilleur déploiement de la SCAP

4.1 - Les raisons des réticences de certains élus lors de la mise en place d'une réserve naturelle sur leur territoire

Avant de décliner les arguments fournis par les acteurs locaux pour convaincre des élus ré- ticents lors de la mise en place d'une réserve naturelle, il est intéressant de s'attarder un moment sur les origines de ces réticences. Les acteurs locaux ont été interrogés sur ce point par le biais de la question suivante : « Comprenez-vous que des élus soient très réti- cents à la mise en place d'une réserve naturelle sur leur territoire ? ». La plupart des acteurs interrogés comprennent les réticences sans forcément y adhérer. Il est notamment souligné la multiplicité des réglementations auxquelles les élus sont confrontés et qui peuvent finir par « agacer les gens ». Un chasseur justifie les réticences par le fait que « le passé montre que les décisions sont souvent imposées (même si on prend notre avis)». Il illustre son propos avec le comité consultatif : « on est bien présent mais on est 3 ou 4 chasseurs, quelques agriculteurs et en face de nous il y a une nuée d'associations de protection de la nature. On a pas assez de poids dans les décisions. C'est un semblant de démocratie ».Le « manque de souplesse de la réglementation » asso- ciée à la réserve naturelle est également cité par un représentant d’un syndicat. Un élu mentionne que les réticences peuvent aussi être liées à un manque de compréhen- sion de la procédure de protection et qu'il y a donc un effort d'explications à mener. Un autre élu confirme ce propos en soulignant que les craintes des élus sont liées au fait qu'à chaque fois il leur est demandé de se positionner sur quelque chose de global (un péri- mètre par exemple) mais sans avoir de précision sur ce qui sera ou non permis en son sein. D'après cet élu cela crée une véritable méfiance. Un agriculteur précise également que les contraintes sont souvent rajoutées au fur et à mesure, ce qui est très négatif. Une riveraine va aussi dans ce sens en soulignant que la « réticence naît de la méconnaissance et de la peur de perdre des acquis ». Plusieurs acteurs considèrent que les réticences sont liées au coût et à la consommation de crédits, surtout dans le contexte économique actuel. Un agriculteur mentionne que les réticences peuvent être liées aux personnes qui sont à l'origine des réserves naturelles. D'après lui, ils arrivent souvent « comme des gens qui ont gagné un territoire. Ils imposent des contraintes parfois sans concertation. Ils ont souvent peu de connaissances sur ce qu'il se faisait avant sur le territoire. Ce sont parfois des inté- gristes de l'écologie ». Un autre élu comprend les craintes associées à la mise en place d'une réserve naturelle dans les cas où l'espace protégé empêcherait le développement de la commune. Cet élu précise toutefois que le développement des communes doit être maîtrisé. Enfin, un élu et un chasseur mentionnent que les réticences peuvent être liées aux contraintes imposées aux particuliers : la coupe du bois, la chasse, etc. et au fait qu'on leur retire un droit de propriété, un patrimoine personnel. Ces deux acteurs précisent que les élus sont les représentants de la population qui n'en veut pas forcément : les agriculteurs, les chasseurs, les propriétaires. Le sentiment de mise sous-cloche du territoire est égale- ment mentionné.

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4.2 - Arguments fournis par les acteurs locaux pour convaincre des élus réticents

Lorsque l'on interroge ensuite les acteurs locaux sur les arguments qu’ils mettraient en avant pour favoriser la création d’une réserve naturelle, les réponses se répartissent en plu- sieurs thèmes : nécessité de mettre en avant l'intérêt écologique du site à protéger, mettre en évidence le bien-être pour les habitants procuré par un espace naturel préservé, déve- lopper les intérêts pédagogiques, etc. Les différents arguments émis sont listés ci-dessous. Les acteurs attirent aussi l’attention sur un certain nombre de points méthodologiques à bien prendre en compte, gage de réussite selon eux.

Arguments de nature à favoriser la création d’un espace protégé (cités par les acteurs locaux) − Nécessité de préserver la nature : 7 (Élus (2), Agriculture, Tourisme, Syndicat, Ensei- gnement (2)) − Atout pour le développement local : 5 (Tourisme (2),Association, Enseignement, insti- tution) − Intérêt écologique, aspect remarquable : 2 (Élu, Tourisme) − Intérêt pour les générations futures : 2 (Tourisme, Enseignement) − Éducation à l'environnement/Pédagogie : 2 (Association, Tourisme) − Préservation de la ressource en eau, de l'eau potable : 2 (Association, Syndicat) − Prévention des risques naturels et inondations : 2 (Association, Syndicat) − Qualité de vie : 1 (Syndicat) − Aménités : 1 (Tourisme) − Paysage : 1 (Syndicat) − Devoir : 1 (Élu) Points méthodologiques à bien prendre en compte (cités par les acteurs locaux) − Aller sur le terrain/rencontrer des acteurs ayant déjà vécu la création d’une réserve naturelle : 7 (Élus (2), Agriculture, Association, Institution, Syndicat (2)) − Fournir des explications précises (enjeux, réglementation future) : 6 (Élus ( 3), Syndi- cat (2), Association) − Prise en compte des acteurs locaux et de leur savoir : 4 ( Élu, Chasse (2), Syndicat) − Connaître précisément le coût : 3 (Élus) − Ouverture de la réserve vers l'extérieur/territoire non clos : 2 (Tourisme, Agriculture) − Avoir du temps pour expliquer le projet ou se prononcer : 2 (Syndicat, Élu) − Multipartisme dans les décisions : 1 (Agriculture) − Maintien de l’appartenance de l'espace aux citoyens : 1 (Tourisme) − Pas trop de réglementation : 1 (Chasse)

La nécessité de préserver la nature et de protéger des espaces naturels sont des ar- guments particulièrement mis en avant. Sous ces arguments, il y a notamment les notions de « besoin de plus de nature, de plein air » pour les habitants et de bien-être induit. Un représentant d'une association va jusqu'à dire que se retrouver dans une nature préservée est « un besoin de société ». Une riveraine mentionne que pour convaincre les personnes réticentes, il faut développer « la notion de qualité de vie et des paysages. La réserve na- turelle est au moins un endroit où l'on ne peut pas construire de manière anarchique ». Un

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autre acteur précise qu'elle est un « apport en termes de santé et au niveau psychologique. On aurait du mal à vivre dans des milieux tout anthropisés ». Un représentant du tourisme considère qu'il faut « prouver que l'espace continue d'appartenir à leurs citoyens et qu'ils peuvent bénéficier des aménités qu'elle peut apporter ». A cela, s'ajoute aussi l'argument de préservation de la nature dans une optique de trans- mission d'un patrimoine naturel aux générations futures. Un acteur souligne, par exemple, la nécessité de « protéger le futur de nos enfants et de leur faire profiter de la nature que l'on a connu ». Un autre mentionne qu'« il est essentiel de préserver des zones de nature pour les générations futures. Beaucoup d'espaces et d'espèces ont disparues. Il ne faut plus étendre l'habitat mais laisser de la place à la nature et d'une manière générale préser- ver l'environnement ». Enfin, un élu mentionne que « c'était un devoir de protéger ce site naturel ». Selon quelques acteurs, les arguments écologiques se doivent d'être mis en avant « car c'est quand même la base de la création d'une réserve naturelle ». Le « côté remarquable » et « l'apport d'une bonne connaissance des enjeux » sont cités par un élu. On peut aussi faire référence à cet élu qui a mentionné que lors de la création de la réserve naturelle du marais de Lavours : « On ne voyait pas l’intérêt de la réserve naturelle car à l'époque il y avait beaucoup de zones humides. Aujourd'hui, on se rend mieux compte de l'intérêt et de la valeur patrimoniale du secteur ». L'explication aux élus récalcitrants de l'intérêt écolo- gique et des enjeux associés à la protection parait donc essentielle. Ceci est d'autant plus important sur les sites ne présentant pas un caractère exceptionnel évident pour des non- initiés. On peut rappeler ici que le caractère exceptionnel de la réserve naturelle du marais de Lavours n'est toujours pas bien perçu par certains acteurs locaux. Cela montre donc bien que le travail en amont sur les enjeux écologiques est essentiel pour bien faire com- prendre l'intérêt de la démarche de protection. NB : Il est important de préciser que deux acteurs ont insisté sur le fait qu'il ne faut pas se limiter aux arguments écologiques pour convaincre des élus réticents. L'un d'entre eux (re- présentant d'une association) considère même que les arguments sur la biodiversité ou l'impact sur la santé ne sont pas efficaces. Il propose donc d'insister sur les arguments liés à la ressource en eau (pollution de l'eau potable, etc.) et la prévention des risques. D'après lui, ces arguments parlent aux élus.

L'intérêt pédagogique associé aux réserves naturelles est mis en avant par beaucoup d'acteurs locaux. Il s'agit du service associé à la réserve naturelle le plus cité par les élus locaux. La réserve naturelle constitue ainsi un atout pour « l'éducation à l'environnement » et pour « sensibiliser les gens et les enfants ». Les élus rencontrés sont particulièrement sensibles à ce thème auprès des enfants.

Au niveau méthodologique, beaucoup d'élus soulignent l'intérêt de bien expliquer les enjeux et la réglementation lors de la création d'une réserve naturelle. Certes, une ré- serve naturelle est un espace protégé, mais comme le souligne un interlocuteur, il y a moins de contraintes que certains se l'imaginent. Connaître précisément le contenu de la réglementation et notamment les autorisations et les interdictions semblent donc des élé- ments essentiels pour supprimer certaines réticences associées à une méconnaissance. Un représentant d’un syndicat précise qu’« il faut du temps pour que les gens comprennent bien l’ensemble des enjeux. Il faut objectivement décrire les avantages et les contraintes, sans sur-vendre le projet ». Lors de la création de la réserve naturelle du marais de La- vours, même s’il y a eu une concertation, il y a eu beaucoup de rumeurs et d'idées précon- çues. Ceci peut expliquer certaines réticences initiales. Un représentant d'une association va dans le même sens en disant qu'« il est indispensable de prendre le temps de bien expli- quer le réglementaire pour éviter ce qui est de l'ordre du fantasme. Ça dérape facilement

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avec les différents lobbys comme les chasseurs, par exemple ». Il est fortement ressorti que les élus souhaitent connaître précisément ce qui sera ou non permis dans l'aire proté- gée avant de se prononcer. Se positionner sur quelque chose de global (un périmètre par exemple) sans avoir de précision sur ce qui sera ou non autorisé dedans est beaucoup plus difficile à accepter pour eux. Un élu mentionne enfin la nécessité de laisser du temps aux élus pour réfléchir.

Le travail de terrain pour convaincre est un argument très souvent cité notamment par les élus. Beaucoup préconisent d'aller sur le terrain avec les élus pour faire découvrir un site protégé qui fonctionne bien : rencontre des gestionnaires, des acteurs locaux, des rive- rains. Faire témoigner des personnes réticentes au départ qui ont changé d'avis est égale- ment proposé. Il s'agit de mettre en évidence « qu'il y a plein d'activités possibles dans les réserves naturelles et que ce n'est pas un territoire clos réservé à des initiés. Il faut montrer que la réserve naturelle est ouverte vers l'extérieur ». Sur ce sujet, un élu mentionne la vi- site collective de la réserve naturelle du marais Vernier en Normandie, qui avait été organi- sée lors de la création de la réserve naturelle du marais de Lavours, en présence d'élus, de citoyens, de représentants du monde agricole, de la chasse, d'associations. Un représen- tant d’un syndicat cite également les échanges initiés dans le cadre de la création du contrat de rivière du Séran : « on a fait venir le chargé de mission ainsi que le président de la structure gérant un contrat de rivière à proximité. Le président a expliqué les aspects po- sitifs, les points sur lesquels il faut rester vigilant et a conclu en disant qu’il était satisfait au final. Cette démarche est importante car ça rassure les élus d’entendre parler d’autres élus, qui ont vécu la même chose. S’il n’y a que les institutions, ce n’est pas suffisant ». Ce type d’échange et de visite semble donc pertinent dans la mesure où plus de trente ans après cet élu s'en souvient et la cite en exemple à suivre. Parallèlement, un représentant de syndicat mentionne qu'il faut aussi « aller à la rencontre des gens de manière indivi- duelle car la réunion de groupe génère des jeux d'acteurs. Il faut quasiment faire du cas par cas, ce qui demande du temps».

La prise en compte des locaux et de leurs usages est un point qui est bien ressorti no- tamment chez les élus, les agriculteurs et les chasseurs. Un élu mentionne qu'il est « im- portant de bien comprendre et rentrer dans l'esprit des gens du coin » et qu'il « faut prendre en compte tout ce que les gens du coin peuvent apporter ». « On connaît ce marais » dit aussi un chasseur. Être écouté et pris en compte dans leur particularité semble donc es- sentiel pour les acteurs locaux vivant sur le territoire. D'une manière un peu plus large, un agriculteur souhaiterait qu'au niveau du conseil d'ad- ministration, il y ait un multipartisme. Selon lui, il faut « une conscience écologique de tous les acteurs et pas uniquement des écologistes car après cela manque de bon sens ». Plu- sieurs acteurs du monde de l’agriculture et de la chasse soulignent également qu'il faudrait plus de modération de la part des « écologistes » car ils se sentent « pas appréciés » et ont le sentiment qu'on les « met toujours en opposition ».

La connaissance du coût est soulignée par plusieurs élus. Ce point semble essentiel car les différents entretiens auprès des acteurs locaux ont montré une grande méconnaissance des aspects financiers associés à la réserve naturelle.

La réserve naturelle en tant qu'atout pour le développement du territoire est peu citée dans les réponses sur les arguments pour convaincre des élus réticents. Plusieurs interlo- cuteurs ont toutefois mis en avant durant les interviews l'intérêt de la notion de réserve na- turelle en termes d'image et de rayonnement. Rappelons qu'à la question fermée « La ré- serve naturelle permet d'attirer des visiteurs sur un territoire rural (ex : journées d'animation

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et de sensibilisation) » la totalité des acteurs ont répondu « Vrai ». Un représentant d'une institution précise que « le terme réserve naturelle est un outil de communication qui per- met de faire connaître le territoire ». Selon ce même acteur, pour convaincre les élus réti- cents il faut parler « de la vie du territoire, du développement et de la place de l'homme dans cet écosystème ». Sur ce thème, un autre acteur considère aussi qu'une réserve na- turelle « peut être un plus pour attirer de nouveaux habitants sur le territoire par rapport à un environnement non préservé ». Cet acteur précise que « le développement économique et l'environnement ne sont pas incompatibles. Les gens qui arrivent pour du travail sur le secteur seront au contraire très contents de trouver des zones naturelles protégées ». Un représentant du tourisme insiste aussi sur le fait qu'il faut combattre l'image de mise sous cloche du territoire en mettant en évidence les bénéfices qu'elle peut apporter pour les ci- toyens et pour le développement économique du territoire, si les liens sont opérationnels entre les différents acteurs locaux.

Les arguments liés à la cohésion sociale, au lien social sont peu ressortis ici. Comme mentionné précédemment, un représentant d'une institution met toutefois en avant le rôle social en soulignant la gratuité et l'aspect récréatif du site et en précisant que tous types de milieux sociaux et tous types de générations peuvent s'y rencontrer. Rappelons également que certaines personnes rencontrées ont mis en évidence que les nombreux échanges au sein de la réserve naturelle ont permis aux différents acteurs (élus, agriculteurs, chasseurs, gestionnaire...) de se parler et de mieux se connaître. Il y a même eu un certain rapproche- ment.

Les conseils et l'appui du gestionnaire sur des questions environnementales au-delà du périmètre strict de la réserve naturelle est aussi un argument qui peut être utilisé. Le ges- tionnaire, présent localement, devient ainsi un interlocuteur privilégié pour les élus et les éventuels porteurs de projets.

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4.3 - Arguments fournis par les acteurs locaux pour améliorer la gestion de la réserve naturelle du marais de Lavours

En préambule des pistes qui ont été proposées par les acteurs locaux, les entretiens me- nés ont permis de mettre en évidence l'importance du choix de la structure gestion- naire lors de la création d'une réserve naturelle. A ce sujet, deux réflexions contradictoires ont été formulées : - « pourquoi le gestionnaire choisi par l'Etat est l'EID alors que la gestion des milieux natu- rels ne constitue pas leur cœur de métier historique et que d'autres structures auraient été aussi légitimes ? » (question formulée deux fois) ; - « heureusement que l'EID était connue localement et était bien perçue par le biais de ses activités de démoustication, ça a facilité l'implantation de la réserve ! ».

Différentes pistes sont proposées par les acteurs locaux pour favoriser l'acceptation et la gestion de la réserve naturelle.

- Plus d'explications et de communication auprès des locaux Plusieurs acteurs et notamment élus expriment leur souhait d'obtenir davantage d'explica- tions sur le fonctionnement de la réserve naturelle. Un sentiment d'incompréhension est exprimé. Un élu souhaiterait que la réserve s'adresse un peu plus aux locaux, jugeant que la communication vise davantage les touristes. Ce manque d'explications ressort égale- ment dans le propos d'un élu qui voit la réserve naturelle comme un jouet pour les scienti- fiques. A titre d'exemple, il cite les vaches Highland cattle et précise que « Les gens qui ont toujours connu le marais peuvent se demander l'intérêt d'introduire ces vaches sur le marais ». L'utilisation de ces vaches au niveau de la gestion du marais n'a pas forcément été assimilé. Cet élu mentionne également qu' « il y a des interdictions et des restrictions pour se balader dans le marais alors que l'entretien se fait avec des gros tracteurs, qui laissent des marques ». Là non plus, le fait que les pneus de ces tracteurs sont conçus pour accéder le plus tard possible sur des milieux peu portants n'est pas compris. Ces exemples illustrent donc la méconnaissance, au sein des acteurs locaux, des choix et diffi- cultés du gestionnaire au niveau de la gestion du marais. Cette méconnaissance ressort également au niveau des agriculteurs. Certaines pratiques, notamment utilisées par le passé par le gestionnaire, sont à l'origine d'une incompréhen- sion de leur part. Rappelons qu’un agriculteur mentionne que « d'une manière générale, pour gérer la réserve naturelle, ils utilisent beaucoup de gros matériels pour des résultats insatisfaisants. Ils font différentes expérimentations mais il manque du bon sens et du pragmatisme dans les pratiques de gestion : fauchage, valorisation des produits de fauche, etc. ». Ce même agriculteur précise que le gestionnaire devrait « plus montrer le travail qu'il fait ». Un agriculteur va plus loin au niveau de ce manque de communication et a le sentiment de ne pas être considéré par les gestionnaires. Il reproche par exemple aux employés de la réserve naturelle (ainsi qu’aux chasseurs et aux élus) de ne pas l’avoir informé des opé- rations menées sur le terrain avec les chasseurs, qui effraient et font se sauver ses che- vaux. Dans ces cas, il indique qu’il « faut refaire les barrières et prier pour que rien n’arrive de grave... ». Cet agriculteur souhaiterait « plus de clarté » et « de respect des gens du hameau d’Aignoz ».

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- Meilleure prise en compte des locaux Plusieurs acteurs considèrent que « les locaux ne sont pas assez écoutés ». Ils men- tionnent la nécessité de mieux prendre en compte ce que les gens du coin peuvent leur apporter : pratiques anciennes, connaissances, bon sens. Les écouter et les impliquer dans la gestion de la réserve naturelle peut ainsi être un moyen de fédérer les gens. Se- lon un acteur, il « faudrait réintroduire de la ruralité, du traditionnel dans l'exploitation du milieu ». Ceci est assez paradoxal dans la mesure où la gestion des milieux naturels fait appel la plupart du temps à des actions dites « traditionnelles ». Parallèlement, d'autres acteurs soulignent aussi la nécessité de prendre en compte les différents usages locaux actuels, ce qui est difficilement compatible. En ce qui concerne le comité consultatif, deux chasseurs soulignent que certains membres, y compris des élus, se sentent plus spectateurs qu'acteurs. Ils ont le sentiment que leurs avis comptent peu et souhaiteraient donc devenir des acteurs principaux au ni- veau de la gestion de la réserve naturelle. Quatre agriculteurs sur les cinq interrogés ainsi que d'autres acteurs locaux indiquent qu'il serait intéressant de plus impliquer les agriculteurs locaux dans la gestion de l’entretien de la réserve naturelle : fauchage, pâturage. A titre d'exemple, un agriculteur décrit que « des balles de paille sont restées plusieurs jours dehors avec du mauvais temps car c'était le we : ce ne sont pas des agriculteurs, le vendredi à 17 heures, la journée est terminée !!!! Ils devraient utiliser les personnes locales pour certaines pratiques comme le broyage par exemple. Mon exploitation pourrait l'effectuer ». Deux agriculteurs mentionnent l’intérêt de mettre en place un véritable partenariat économique avec les agriculteurs. L'un d'entre eux soulignent que les agriculteurs sont équipés en matériel et que cela est intéressant dans une période où les financements diminuent. Il indique qu' « en plus, cela permettrait une meilleure intégration locale de la réserve naturelle ». Deux agriculteurs reconnaissent toutefois que ce partenariat n'est pas forcément simple en raison des fortes contraintes écologiques imposées.

- Meilleure gestion des sangliers Beaucoup considèrent que le gestionnaire a mis trop de temps pour accepter les tirs dans la réserve naturelle alors que la prolifération des sangliers est bien réelle. Les dégâts sur les cultures, les fossés et sur la faune et la flore sont plusieurs fois mentionnés. Un agri- culteur considère que le gestionnaire ne joue pas son rôle de régulateur et ne réagit pas. A l'inverse un chasseur reproche aux scientifiques de ne plus vouloir de sangliers. Il pré- cise que « c'est leur bête noire ». Or d'après lui, les sangliers « font partie de la biodiversi- té. Les cerfs sont plus emblématiques alors qu'ils font autant de dégâts ». Ce chasseur souhaiterait plus de modération dans les battues administratives.

- Augmenter la souplesse Un représentant d’un syndicat considère qu’« il faudrait un peu plus de souplesse dans l’outil ». Il illustre son propos avec les périodes d’interdictions au sein de la réserve natu- relle qui sont « parfois très contraignantes ». Il précise qu’ « à cause de ces périodes d’in- terdiction, des ballots de foin n’ont pu être évacués à temps et sont restés dehors tout l’hi- ver. Une anticipation aurait permis d’éviter cela. » Un agriculteur évoque aussi qu’il faudrait « plus de simplicité ».

- Développer l'attractivité du site et la communication La nécessité d'améliorer l'attractivité du site est plusieurs fois mentionnée. Certains consi- dèrent que le gestionnaire pourrait mieux faire dans ce domaine. Toutefois, peu de solu- tions sont proposées. Une personne mentionne qu'il faudrait « peut être plus d'anima-

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tions », plusieurs considèrent que « la muséographie de la maison du marais doit être re- faite. Beaucoup d'acteurs souhaiteraient un retour plus visible des vaches Highland cattle. Ils considèrent qu'elles apportaient une réelle plus-value au site. La plupart de ces acteurs considèrent les vaches Highland cattle comme un élément attractif pour le site mais ja- mais comme un moyen de gestion du milieu. Un acteur du tourisme indique également que les visiteurs de sites écotouristiques sont intéressés « sous réserve que ceux-ci leur proposent quelque chose allant au-delà des seules informations statiques de type infor- matif. Il faut leur faire vivre la réserve, par exemple par des moyens interactifs (découverte « jeu » par exemple), ou encore en utilisant le site comme support pour une activité, par des visites animées et commentées, où on raccroche les éléments visités au vécu des vi- siteurs,… ». Parallèlement plusieurs acteurs considèrent que la communication devrait être davantage développée. Certains soulignent que le gestionnaire n'est pas un spécialiste dans ce do- maine et que cela fait défaut. Un organisme de tourisme précise que « la réserve naturelle souffre, comme beaucoup de ses homologues, d’un déséquilibre entre : - la richesse du contenu pédagogique, environnemental et de sauvegarde, la compétence scientifique de ses équipes, - et une réelle prise en compte de son développement touristique sous un angle marketing : quelle offre pour quel client, avec quelle promotion, quel prix et quelle stratégie de vente, quelle relation client avant, pendant et après sa visite,… ».

- Créer une dynamique locale Beaucoup pensent qu'il y a du potentiel au niveau de cette réserve naturelle mais qu'il manque une synergie entre les différents acteurs pour assurer un développement du terri- toire. Or selon eux, cela pourrait « profiter à tout le monde ». Un agriculteur mentionne qu'il « faut tous réfléchir ensemble pour faire avancer les choses ». Un élu précise qu'au niveau du développement d'une dynamique locale « qu'il faut raison- ner d'une manière globale beaucoup plus large que le simple territoire communal ». Un organisme de tourisme indique également que la réserve naturelle peut contribuer au développement économique « si les liens sont opérationnels entre les différents acteurs locaux ». D'après cet organisme, une prise en compte territoriale du tourisme est indispen- sable pour profiter de l’apport que représente le tourisme notamment de proximité.

- Au niveau de la gestion des milieux ouverts, les avis divergent. Un élu considère que le gestionnaire a réussi à empêcher les boisements et à maintenir des paysages ouverts, ce qui manque localement. D'autres acteurs ont par contre souligné qu'ils ont l'impression que le paysage se ferme et que les peupliers prennent de plus en plus de place, ce qu'ils regrettent. Selon un agriculteur, il faut « entretenir les fossés et empêcher le développe- ment des bois. Avant le feu était une pratique locale qui permettaient d’entretenir le site ». A la question « quels mots ou sentiments qualifient le mieux pour vous la réserve natu- relle ? », un élu répond : l’abandon. Il s'explique en disant que « dans le temps, le marais était entretenu, fauché. Aujourd'hui, on laisse faire ».

- Développer la protection de l'environnement hors de la réserve naturelle Deux acteurs soulignent que la réserve naturelle peut être assimilée à un sanctuaire bien délimité au niveau du territoire et qu'il serait intéressant qu'elle permette une meilleure prise en compte de l'environnement en dehors, au niveau des zones non protégées. L'un d'entre eux mentionne qu' « il faudrait que la réserve naturelle soit un moyen de vulgarisa- tion de ce qu'il faut faire autour de la réserve naturelle ». Le second considère qu'il « fau- drait qu'il y ait un effort sur les zones extérieures ».

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Une tentative d'incitation à une agriculture plus respectueuse de l'environnement a été réalisée auprès d'un agriculteur.

4.4 - Synthèse des réticences et arguments

Tableau VIII : Synthèse des réticences et arguments Réticences initiales Arguments à développer Moyens - Expliquer pourquoi il est nécessaire - Utiliser les documents de de préserver la nature (utiliser les vulgarisation existants sur le termes de devoir et de générations sujet. futures) - Présenter des cartes de - Mettre en avant l'intérêt écologique du répartition des espèces mettant territoire (le côté remarquable) même si en évidence la rareté. - Donner difficile pour des non-initiés des chiffres appuyant une - Lister les fonctions et services réduction d'effectifs... Mauvaise compréhension écosystémiques fournis par le territoire - Lister les usages du territoire, sur le « pourquoi ?» de la (zoomer si possible sur les aspects eau élaborer un « scénario création de l'aire protégée potable, prévention des risques, usages catastrophe », aborder les à préserver) notions de « coût de - Mettre en évidence le bien-être induit remplacement ». par la création d'une aire protégée - Utiliser les méthodes de (insister sur la demande sociétale en la monétarisation afin de matière) déterminer une « valeur - Mettre en avant les possibles économique totale » du site. pollutions et dégradations futures du territoire (scénario « au fil de l'eau ») - Fournir des explications précises sur - Trouver des exemples en l'outil de protection envisagé : qu'est ce termes de délais (procédure...) qu'il est? ce qu'il permet ? Décrire sa - Examiner collégialement des procédure de création (modalité, durée) réglementations existantes, Méconnaissance, en se basant sur des exemples demander aux acteurs par type imprécisions sur le - Dire immédiatement qu'il y aura des de prescription ce qui les « comment ?» prescriptions (citer les domaines) choque, ce qui les gênerait et - Demander de formuler un avis sur des pourquoi ? choses précises et non sur un principe - Décomposer la demande d'avis en plusieurs questions - Lister les attentes des locaux en - Lister précisément les « pertes ciblant l'ensemble de la population et potentielles » des opposants non les seuls acteurs habituellement (qualitativement et Contraintes imposées : entendus qui « ont quelque chose à quantitativement) et examiner si peur de perdre des acquis, perdre ». Permettre l'expression de des compensations peuvent être sentiment d'être dépossédé ceux qui « ont quelque chose à gagner proposées (agriculteurs, chasseurs, » - Essayer de lister ce qui est de exploitants forestiers et - Montrer que l'aire protégée aura l'ordre du négociable propriétaires fonciers...), besoin des habitants et des activités accumulations d'interdictions pour son fonctionnement et sa gestion (parler d'un secteur ouvert et refuser l'image de la « mise sous cloche ») Contraintes sur le - Interroger les acteurs sur les projets - Ex. RNN du marais de Lavours développement futur de la futurs ? Y en a t-il vraiment de prévus ? : La RN n'a empêché ou entravé commune - L'aire protégée n'est pas forcément aucun projet important en raison une contrainte de sa protection selon 70% des - Mettre en balance avec les avantages élus (les autres ne savent pas). qui vont en être retirés : un atout pour le 85% d'entre eux seulement

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Réticences initiales Arguments à développer Moyens développement local , la qualité de vie considèrent que la RN est et la préservation des paysages. L'aire source de contrainte majeure protégée est à l'origine d'une image, pour le territoire. d'un rayonnement du territoire qui - Utiliser les exemples renforce son attractivité - Insister sur les possibilités offertes en termes d'éducation à l'environnement et de pédagogie. - Création d'emplois locaux dans un territoire souvent rural (avec bien souvent installation de familles) Inquiétudes sur le coût de la - Expliquer le fonctionnement financier, - Trouver des exemples à structure et le poids de ce la part des subventions. surface équivalente. Présenter coût sur les populations un budget-type. locales - Mettre en avant le fait que les - Rencontrer individuellement les interlocuteurs sont des professionnels acteurs sur le terrain et les et non des militants qui relèvent du questionner sur leur activité et Des « militants écologistes monde associatif. sur la manière dont ils pourraient étrangers au territoire » sont - Montrer de l'intérêt pour les activités s'insérer, intervenir sur l'aire à l'origine de la création de du territoire. protégée. l'aire protégée - Essayer de recueillir leur avis individuel en dehors d'un « effet de groupe ». - Laisser s'exprimer les positions - Organiser un ou plusieurs négatives et demander de les déplacements sur des sites argumenter systématiquement en d'aires protégées similaires et dépassionnant les débats. s'assurer que chaque catégorie Position de principe - S'éloigner des positions de principe d'acteur puisse rencontrer des « négative sur le sujet pour travailler sur « le territoire » homologues ». Essayer de faire - Veiller à équilibrer les interventions et témoigner des personnes « faire parler les personnes qui hostiles » initialement et qui s'expriment peu. auraient changé d'avis. - Poser clairement les contraintes de - Solliciter les agriculteurs locaux gestion et expliquer les difficultés pour intervenir dans la gestion Mauvaises connaissances rencontrées. Expliquer les choix de tout au long de la vie de la sur les actions menées par gestion. Être transparent réserve. le gestionnaire. Critiques sur - Organiser des réunions les modalités de gestion. publiques afin d'impliquer les riverains et personnes non membres d'un comité consultatif.

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La réserve naturelle du marais de Lavours a été créée dans un objectif de préservation de la richesse des espèces et des habitats identifiés localement. Aujourd’hui, elle ne peut se résumer à cet aspect car elle offre au territoire, aux habitants et aux usagers un grand nombre de services écologiques, culturels, économiques et sociaux : conservation d’un paysage traditionnel, valeurs patrimoniales, intérêts pédagogiques et éducatifs, bien-être des populations, attrait touristique, plus-value économique pour le territoire...

Par ailleurs, il n’est plus possible de concevoir la réserve naturelle sans penser au territoire dans lequel elle s’inscrit. Il est important de souligner que les différentes aménités identi- fiées dans cette étude ne se limitent pas au périmètre strict de la réserve naturelle mais qu’au contraire cette dernière s’ouvre et rayonne sur l’ensemble du territoire environnant. La réserve naturelle constitue ainsi un élément du développement du territoire à part en- tière.

Dans le cadre de la présente étude, les échanges avec les acteurs locaux ont été particuliè- rement riches et ont permis de mettre en évidence certaines aménités qui n’avaient pas été identifiées préalablement à partir de la bibliographie. Notons parmi elles, l’exemplarité du territoire associée à la réserve naturelle ainsi que la richesse des échanges entre les ac- teurs locaux induits par le gestionnaire très présent localement. Sur ce dernier point, le par- tage des idées paraît essentiel car il permet de mieux s’adapter aux contraintes, aux atouts et aux évolutions du territoire.

Suivant les acteurs locaux, la perception des aménités peut être très différente. Si les va- leurs naturelles et éducatives sont, par exemple, globalement bien reconnues, la dimension économique est diversement appréciée. Cela reflète assez bien la forte implication du ges- tionnaire dans la préservation du milieu naturel et dans l’éducation à l’environnement. Nous voyons ici que le gestionnaire peut avoir un rôle relativement important dans la perception des différentes valeurs associées à la réserve naturelle. Ses choix de gestion et sa manière de communiquer sont donc essentiels dans la compréhension et l’appropriation des améni- tés développées. Il sera intéressant de suivre l’évolution de la perception des acteurs lo- caux et notamment du monde agricole avec les discussions sur le retour de l’élevage pro- fessionnel local dans le marais. Dans tous les cas, il est important de souligner que le ges- tionnaire évolue (et ceci depuis la création de la réserve naturelle) dans ses pratiques et ses modes de gestion pour s’adapter au mieux aux objectifs de préservation du milieu natu- rel, au territoire et aux usagers et que par conséquent les différentes dimensions et percep- tions des aménités de la réserve naturelle évoluent aussi en parallèle. Rien n’est figé. Tout l’art du gestionnaire est alors d’œuvrer pour faire adhérer un maximum d’acteurs locaux à un projet partagé.

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La présente étude a permis de mettre évidence que les aménités au sein d’une réserve na- turelle existante sont importantes et très variées. En revanche, nous avons constaté que les acteurs locaux ne les perçoivent pas forcément à leur juste valeur. Aussi, afin de contri- buer au développement des aires protégées en région Rhône-Alpes, il paraît essentiel de poursuivre le travail effectué et de s’inscrire dans une démarche qui permettrait de mieux faire accepter les aires protégées par les acteurs locaux. Mieux accepter peut consister à mieux faire connaître les atouts des réserves naturelles existantes. Dans ce cadre, il paraît pertinent de réfléchir à l’intérêt de créer un document de communication qui mettrait en avant les points forts et la plus-value apportés par les différentes réserves naturelles pré- sentes au sein de la région Rhône-Alpes.

Par ailleurs, la prise en compte du fonctionnement des services écosystémiques dans les politiques publiques est un enjeu majeur. Ces services sont rendus gratuitement à l’homme. Ils ont néanmoins une valeur. Leur évaluation permet de révéler cette valeur, sous forme monétaire ou pas, et facilite cette prise en compte dans l’ensemble des politiques pu- bliques.

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CAS 2009 Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes. Contribution à la décision publique. Cemagref 2002 Aménités rurales : une nouvelle lecture des enjeux territoriaux. Numéro spécial 2002 de la revue Ingénieries. Conseil général de l'Ain 2012 Schéma départemental des espaces naturels sensibles de l'Ain 2012-2017. EID Plan de gestion 2011-2020 de la réserve naturelle du marais de Lavours - Document d'objectifs du site Natura 2000 Marais de 2011 Lavours. EID Réserve naturelle du marais de Lavours : bilan d'activités 2007- 2012 2011. Guiral C. Les valeurs de la biodiversité : un regard sur les approches et le positionnement des acteurs. Rapport FRB, série expertise et 2013 synthèse. MEA Rapport de synthèse de l’évaluation des Ecosystèmes pour le 2005 Millénaires. Pays du Bugey Projet stratégique agricole et de développement Rural du pays du 2012 Bugey : synthèse du diagnostic et des enjeux. Réseau régional des Les espaces naturels protégés, une chance pour le gestionnaires d'espaces développement de nos territoires : 35 exemples concrets en naturels du Languedoc- Languedoc-Roussillon. Roussillon 2011 Therville C., Mathevet R. et Des clichés protectionnistes aux discours intégrateurs : Bioret F. l’institutionnalisation de réserves naturelles de France. Vertigo, 2012 Volume 12 numéro 3.

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Annexe A Liste des personnes rencontrées Annexe B Questionnaire-type vierge à destination des visiteurs Annexe C Questionnaire à choix multiples vierge Annexe D Résultats des questionnaires à choix multiples

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Annexe A- Liste des personnes rencontrées

Organisme Personne entendue Date et nature de l'entretien Entretien à la mairie de Béon le Commune de Béon M. Bois, Maire 1er octobre 2012 Entretien à la mairie de Ceyzérieu Commune de Ceyzérieu M. Reuter, Maire le 1er octobre 2012 Entretien téléphonique le 23 jan- Commune de Culoz Mme Tramont, Maire vier 2013 Entretien à la mairie de Flaxieu le Commune de Flaxieu M. Bal, Maire 26 septembre 2012 Entretien à la mairie de Lavours le Commune de Lavours M. Develle, Maire 29 novembre 2012 Entretien à la mairie de Pollieu le Commune de Pollieu M. Bastiand, Maire 26 septembre 2012 Entretien à la communauté de Communauté de communes du M. Chaput, Président communes à Culoz le 29 octobre Colombier 2012 M. Courtois, Responsable du service nature et biodiversité au Entretien à Bourg en Bresse le 20 Conseil Général de l'Ain sein de la direction de l'Environ- février 2013 nement Entretien à Belley le 27 sep- Mme De Lorenzi, chargée de Syndicat mixte du Pays du Bugey tembre 2012 + Mail du 19 octobre missions « Tourisme et culture » 2012 Syndicat mixte du bassin versant Entretien à Champagne en Valro- M. Molinier du Séran mey, le 27 mars 2013 Mme Casanova, Présidente et Entretien à Culoz le 22 octobre Office de tourisme de Culoz Mme Billon, Conseillère en sé- 2012 jours

Aintourisme / Comité Entretien téléphonique + Mme Suet, chargée de missions départemental du tourisme de échanges par mail l'Ain Association des amis de la ré- Entretien à Ceyzérieu le 11 oc- M. Perrimbert, Président serve tobre 2012 Entretien à Ceyzérieu le 11 oc- Association des amis d'Aignoz M. Bizet, Président tobre 2012 Entretien téléphonique le 16 jan- Association Eaux et rivières du M. Mongenot-Morandi, Président vier 2013 marais

Entretien téléphonique le 17 oc- Fédération de chasse M. Rousset, Directeur tobre 2012 Entretien téléphonique le 28 fé- Société de chasse de Ceyzérieu M. Blaser, Président vrier 2013

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Organisme Personne entendue Date et nature de l'entretien Entretien téléphonique le 5 mars Société de chasse de Béon M. Rosset, Président 2013 Entretien à St Martin de Bavel le 7 Agriculteur M. Vincent janvier 2013 Entretien à le 9 janvier Agriculteur M. Bel 2013 Entretien à Culoz le 9 janvier Agriculteur M. Meunier 2013 Entretien à Virignin le 14 janvier Agriculteur M. De Seyssel 2013 Réception du questionnaire par Agriculteur Mme Morgnieux mail le 9 avril 2013 Entretien téléphonique le 8 janvier Ecole de Ceyzérieu Mme Roussy, Directrice 2013 Mme Schlumberger, Professeur Entretien téléphonique le 16 jan- Collège de Culoz de SVT vier 2013

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Annexe B- Questionnaires type vierge à destination des visiteurs

1. Identification de l’interlocuteur • Prénom • Nombre de personne accompagnant (famille, amis...) • A quelle tranche d'âge appartenez-vous ? <40, 40-50, 50-60, >60 ans • Quel est votre profession ? • D’où venez vous ?

2. Les relations au site • Selon, vous qu’est ce qu’une réserve naturelle ?

• Quels mots ou sentiments qualifient le mieux pour vous la réserve naturelle ?

• Pourquoi, selon vous, le site a été protégé ? (Si mention d'espèces protégées, demander s'il est possible de préciser la ou les espèces concernées)

• Comment avez-vous connu la RNN ?

• Le fait que le marais de Lavours soit classé en RNN a-t-il favorisé votre venue sur le site ?

• Est-ce la première RNN que vous visitez ? Si non, combien environ en avez- vous visité ?

3. Intérêt de la réserve • Pourquoi êtes-vous venus dans la RNN ? Que recherchiez-vous ?

• Venez-vous souvent dans la RNN ?

• Quels facteurs pourraient vous inciter ou vous donner envie de fréquenter davantage ce site ?

• Lorsque vous allez dans la RNN, vous êtes généralement : en couple, en famille, avec des amis, en groupe organisé...

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• Quel est votre temps de trajet et quelle distance cela représente-t-il ?

• Séjournez-vous plusieurs jours sur le territoire ? Si oui, où logez-vous ? Camping, chambres d'hôtes, hôtel, amis/famille

• Où allez-vous ou où avez-vous mangé à midi ? Domicile, pique nique, restauration locale

• Combien de temps êtes vous restés sur le site de la RNN ?

• Quelle activité principale avez-vous pratiqué sur ce site lors de cette dernière visite ? VTT ou Vélo, Jogging, Balade, Pique-nique, Observation des oiseaux, Pêche, Autres

• Avez-vous visité la maison de la réserve ? Si non, pourquoi ?

• Quelles sont les activités permises par la réserve ?

• Quels sont les intérêts reconnus de la réserve naturelle ? Maintien d'un patrimoine, protection de la biodiversité, ressources naturelles, risques naturels, aménité et paysages

• D'après vous y a-t-il une plus-value sur le secteur avec le classement en réserve naturelle nationale ? Si oui , laquelle ou lesquelles ?

• Si vous êtes du secteur, la RNN vous a-t-elle permis une meilleure adhésion, appropriation locale de l’espace naturel ?

4. Contraintes éventuelles liées à la réserve • Y a-t-il (ou y a-t-il eu) des contraintes pour vous avec le classement en réserve naturelle ?

• Avez vous entendu parlé d'autres contraintes avec le classement en réserve naturelle?

• A votre connaissance, existe il des problèmes au niveau de la réserve naturelle : problème avec les habitants, problème de gestion

• La réserve naturelle présente plusieurs intérêts, notamment biologiques et

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récréatifs. Afin de protéger la nature et rendre possible la pratique d’activités récréatives dans les meilleures conditions et en respect avec l’environnement, des aménagements ont été réalisés , comme des parkings, des observatoires, des itinéraires de découverte. Des panneaux d’information ont été installés et des visites guidées sont organisées. Il y a aussi eu des opérations scientifiques. Pensez-vous que ces aménagements ont été : - Très utiles - Utiles. - Moyennement utiles. - Inutiles

• D'après vous une meilleure gestion de la RNN est-elle possible? Si oui pourquoi et comment ?

• Pouvez-vous me donner votre opinion sur la RN du Lavours à l’aide d’une note de 0 à 10. 10 signifie que vous êtes très satisfait de ce site et 0 signifie que vous ne l’êtes pas du tout, les autres notes servant à nuancer votre jugement.

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Annexe C- Questionnaire à choix multiples vierge

Nom : ...... date : ......

A. RNN du marais de Lavours et vie locale

1. La structure gestionnaire est créatrice d'emploi (ex : revitalisation par installation de familles qui vivent et travaillent sur le territoire) et apporte des compétences sur le territoire : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

2. La réserve naturelle a permis le développement de partenariats locaux et fait appel à des prestataires locaux (soutien aux entreprises et organismes locaux) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

3. La réserve naturelle permet de mobiliser des fonds publics qui sont réinjectés dans l'économie locale au travers des projets mis en œuvre : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

4. La réserve naturelle renforce l'attractivité du territoire et contribue au dynamisme du tissu socio- économique (ex : territoire d'expérimentation par venue d'étudiants, de chercheurs) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

B. RNN du marais de Lavours et agriculture

5. La réserve naturelle contribue au développement d'une agriculture respectueuse de l'environnement (ex : déploiement de Mesures Agro-environnementales territoriales) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

6. La réserve naturelle met à disposition des zones de pâturage pour les agriculteurs : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

7. La réserve naturelle permet de valoriser et de vendre les produits agricoles du terroir (reconnaissance du travail local et plus-value économique) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

8. La réserve naturelle permet de préserver certaines ressources : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

9. La réserve naturelle est un support pour des programmes de recherche faisant intervenir de nombreux scientifiques (territoire d'expérimentation) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

C. RNN du marais de Lavours et tourisme

10. La réserve naturelle permet d'attirer des visiteurs sur un territoire rural (ex : journées d'animation et de sensibilisation...) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

11. La réserve naturelle permet de gérer correctement la fréquentation sur ce site (ex : canalisation du flux de visiteurs) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

12. La réserve naturelle permet de valoriser notre patrimoine naturel, mais pas seulement (patrimoine culturel également) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

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13. La réserve naturelle permet de développer un tourisme de qualité : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

D. RNN du marais de Lavours et qualité de vie

14. La réserve naturelle contribue et renforce l'identité territoriale (appropriation du site par les habitants, territoire commun et partagé) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

15. La réserve naturelle permet de recueillir de nombreuses connaissances naturelles, mais aussi historiques et culturelles : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

16. La réserve naturelle est un support d'éducation à la citoyenneté (ex : respect de la biodiversité, mieux vivre ensemble) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

17. La réserve naturelle est un lieu récréatif qui contribue à la préservation de notre cadre de vie : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

E. RNN du marais de Lavours et action sociale

18. La réserve naturelle permet d'accueillir tous les publics (ex : situations de handicap) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

19. La réserve naturelle encadre de nombreuses animations scolaires et est un lieu d'activités sportives: □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

20. La réserve naturelle est un support d'insertion par l'activité économique (ex: association de réinsertion permettant de retrouver une place dans la société) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

21. La réserve naturelle est un lieu d'échange et de concertation (elle crée du lien social, favorise le dialogue, s'inscrit à long terme dans un réseau d'acteurs) : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

F. RNN du marais de Lavours et économie locale 22. La réserve naturelle est source de contraintes majeures pour le développement du territoire : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

23. La réserve naturelle a empêché ou entravé des projets importants en raison de la protection réglementaire : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

24. La présence de la réserve naturelle est globalement un atout pour le territoire : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

25. La réserve naturelle représente un surcoût important pour les populations locales : □ Vrai □ Faux □ Ne sait pas

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Annexe D- Résultat des questionnaires à choix multiples

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VRAI FAUX NE SAIT PAS t t t n n n s s s s s s e e e e e e n n n t t t r e r e r e n n n o o o e e e a a a m m m u l i l i u l i u o o o t m m m t t t t t s s s c c c s s s i i i l l l e e e a a a i i i t t t s s s s s s a a a t t t i u i u i u u u u i i i n n n d d d l l l u u u r r r a a a o o o t t t c c c c c c g g g n n n i i i i i i u u u i i i E h E h E h t t t r o T r T r T o o y y y o o o e e e s s s s s s g C C C g g S S S s s s T T T n n n s s s I I I A A A n n n A A A E E E Nombre 5 1 5 2 2 1 1 2 17 1 1 0 1 0 0 0 3 1 0 0 0 0 0 0 1

La structure gestionnaire est créatrice d'emploi (ex : % de réponse (vrai faux revitalisation par installation NSP) par catégorie de 1 de familles qui vivent et personnes 71 50 100 67 100 100 100 100 81 14 50 0 33 0 0 0 0 14 14 0 0 0 0 0 0 0 5 travaillent sur le territoire) et apporte des compétences sur le territoire % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 29 6 29 12 12 6 6 12 100 33 33 0 33 0 0 0 0 100 100 0 0 0 0 0 0 0 100 Nombre 2 2 2 2 2 1 2 11 3 2 1 6 1 1 1 3 La réserve naturelle a permis le développement de % de réponse (vrai faux partenariats locaux et fait NSP) par catégorie de 2 appel à des prestataires personnes 33 100 40 67 100 100 0 100 55 50 0 40 33 0 0 0 0 30 17 0 20 0 0 0 100 0 15 locaux (soutien aux entreprises et organismes % des catégories de locaux) personnes par réponse (vrai, faux NSP) 18 18 18 18 18 9 0 18 100 50 0 33 17 0 0 0 0 100 33 0 33 0 0 0 33 0 100 Nombre 4 1 1 3 2 1 2 12 2 4 6 1 1 2 La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux de mobiliser des fonds NSP) par catégorie de publics qui sont réinjectés 3 personnes 57 100 20 100 100 0 100 100 60 29 0 0 0 0 0 0 30 14 0 0 0 0 100 0 0 10 dans l'économie locale au travers des projets mis en œuvre % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 33 8 8 25 17 0 8 17 100 33 0 67 0 0 0 0 0 100 50 0 0 0 0 50 0 0 100 Nombre 5 2 2 2 2 1 1 2 15 1 3 1 5 1 1

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle renforce NSP) par catégorie de l'attractivité du territoire et 4 personnes 71 100 40 67 100 100 100 100 71 14 0 60 33 0 0 0 0 24 14 0 0 0 0 0 0 0 5 contribue au dynamisme du tissu socio-économique % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 33 13 13 13 13 7 7 13 100 20 0 60 20 0 0 0 0 100 100 0 0 0 0 0 0 0 100 Nombre 3 1 1 1 1 1 2 8 2 2 4 1 9 2 1 1 4 La réserve naturelle contribue au développement % de réponse (vrai faux d'une agriculture NSP) par catégorie de respectueuse de 5 personnes 43 0 20 33 50 100 100 100 38 29 100 80 33 0 0 0 0 43 29 0 0 33 50 0 0 0 19 l'environnement (ex : déploiement de Mesures Agro-environnementale % des catégories de territoriales) personnes par réponse (vrai, faux NSP) 38 0 13 13 13 13 13 25 100 22 22 44 11 0 0 0 0 100 50 0 0 25 25 0 0 0 100 Nombre 4 1 4 1 2 12 1 2 1 3 3 1 1 1 1 6

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle met à NSP) par catégorie de disposition des zones de 6 personnes 57 50 80 33 100 0 0 0 57 0 50 0 67 0 0 0 50 14 43 0 20 0 0 100 100 50 29 pâturage pour les agriculteurs % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 33 8 33 8 17 0 0 0 100 0 33 0 67 0 0 0 33 100 50 0 17 0 0 17 17 17 100 Nombre 4 2 1 1 1 1 9 1 4 2 1 1 8 1 1 1 3 La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux de valoriser et de vendre les NSP) par catégorie de produits agricoles du terroir 7 personnes 67 100 20 0 50 100 0 50 45 17 0 80 67 50 0 0 50 40 17 0 0 33 0 0 100 0 15 (reconnaissance du travail local et plus-value économique) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 44 22 11 0 11 11 0 11 100 13 0 50 25 13 0 0 13 100 33 0 0 33 0 0 33 0 100 Nombre 4 2 4 3 2 1 1 2 17 1 1 0 2 2 2

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle permet NSP) par catégorie de 8 de préserver certaines personnes 57 100 80 100 100 100 100 100 81 14 0 20 0 0 0 0 0 10 29 0 0 0 0 0 0 0 10 ressources % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 24 12 24 18 12 6 6 12 100 50 0 50 0 0 0 0 0 100 100 0 0 0 0 0 0 0 100 Nombre 5 2 4 3 2 1 1 2 18 0 2 1 3 La réserve naturelle est un % de réponse (vrai faux support pour des NSP) par catégorie de programmes de recherche 9 personnes 71 100 80 100 100 100 100 100 86 0 0 0 0 0 0 0 0 0 29 0 20 0 0 0 0 0 14 faisant intervenir de nombreux scientifiques (territoire d'expérimentation) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 28 11 22 17 11 6 6 11 100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 67 0 33 0 0 0 0 0 100 Nombre 7 2 4 3 2 1 1 2 20 0 0

La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux d'attirer des visiteurs sur un NSP) par catégorie de 10 territoire rural (ex : journées personnes 100 100 100 100 100 100 100 100 100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 d'animation et de sensibilisation...) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 35 10 20 15 10 5 5 10 100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

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VRAI FAUX NE SAIT PAS t t t n n n s s s s s e e e s e e e n t n t n t e r r e r e n n n e e e o a o a o a l l l u u u m m m i i i m o t o m o t s m t s s t c t c t c s s s i i l i l a a l a i i i e e e t s t s s s t s s t t t a a a u u u i i i u u u i d d i d i n n n l l l r u u r a r u a a o o o t c t c t c c c c n n n g g g i i i i i i E u E E h u h u h i i i t t t T T T r r r o y o y o y o o o e e e s s s C C C s g s g s g S S S s s s T T T n n n s s s I I I A A A n n n A A A E E E Nombre 7 2 1 3 1 1 2 15 1 1 2 3 1 4

La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux de gérer correctement la NSP) par catégorie de 11 fréquentation sur ce site personnes 100 100 20 100 50 0 100 100 71 0 0 20 0 0 100 0 0 10 0 0 60 0 50 0 0 0 19 (ex : canalisation du flux de visiteurs) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 47 13 7 20 7 0 7 13 100 0 0 50 0 0 50 0 0 100 0 0 75 0 25 0 0 0 100 Nombre 5 2 2 3 2 1 1 2 16 1 1 2 2 4

La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux de valoriser notre NSP) par catégorie de 12 patrimoine naturel, mais pas personnes 71 100 40 100 100 100 100 100 76 0 0 20 0 0 0 0 0 5 29 0 40 0 0 0 0 0 19 seulement (patrimoine culturel également) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 31 13 13 19 13 6 6 13 100 0 0 100 0 0 0 0 0 100 50 0 50 0 0 0 0 0 100 Nombre 4 1 2 1 2 1 1 2 12 1 1 1 1 4 2 2 1 5

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle permet NSP) par catégorie de 13 de développer un tourisme personnes 57 50 40 33 100 100 100 100 57 14 50 20 33 0 0 0 0 19 29 0 40 33 0 0 0 0 24 de qualité % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 33 8 17 8 17 8 8 17 100 25 25 25 25 0 0 0 0 100 40 0 40 20 0 0 0 0 100 Nombre 1 2 2 1 1 1 1 2 9 3 2 1 6 3 1 1 1 6 La réserve naturelle % de réponse (vrai faux contribue et renforce NSP) par catégorie de l'identité territoriale 14 personnes 14 100 40 33 50 100 100 100 43 43 0 40 33 0 0 0 0 29 43 0 20 33 50 0 0 0 29 (appropriation du site par les habitants, territoire commun et partagé) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 11 22 22 11 11 11 11 22 100 50 0 33 17 0 0 0 0 100 50 0 17 17 17 0 0 0 100 Nombre 6 2 2 2 2 1 1 2 16 1 1 2 1 2 3

La réserve naturelle permet % de réponse (vrai faux de recueillir de nombreuses NSP) par catégorie de 15 connaissances naturelles, personnes 86 100 40 67 100 100 100 100 76 0 0 20 33 0 0 0 0 10 14 0 40 0 0 0 0 0 14 mais aussi historiques et culturelles % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 38 13 13 13 13 6 6 13 100 0 0 50 50 0 0 0 0 100 33 0 67 0 0 0 0 0 100 Nombre 7 2 5 2 2 1 1 2 20 1 1 0 La réserve naturelle est un % de réponse (vrai faux support d'éducation à la NSP) par catégorie de 16 citoyenneté (ex : respect de personnes 100 100 100 67 100 100 100 100 95 0 0 0 33 0 0 0 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 la biodiversité, mieux vivre ensemble) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 35 10 25 10 10 5 5 10 100 0 0 0 100 0 0 0 0 100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Nombre 6 2 5 2 1 1 2 17 1 2 3 1 1

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle est un NSP) par catégorie de lieu récréatif qui contribue à 17 personnes 86 100 100 0 100 100 100 100 81 14 0 0 67 0 0 0 0 14 0 0 0 33 0 0 0 0 5 la préservation de notre cadre de vie % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 35 12 29 0 12 6 6 12 100 33 0 0 67 0 0 0 0 100 0 0 0 100 0 0 0 0 100 Nombre 4 1 1 2 1 1 1 1 11 1 1 2 1 1 6 2 2 1 4

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle permet NSP) par catégorie de 18 d'accueillir tous les publics personnes 57 50 20 67 50 100 100 50 52 14 50 40 33 50 0 0 0 29 29 0 40 0 0 0 0 50 19 (ex : situations de handicap) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 36 9 9 18 9 9 9 9 100 17 17 33 17 17 0 0 0 100 50 0 50 0 0 0 0 25 100 Nombre 7 2 2 3 2 1 1 2 18 1 1 2 2

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle encadre NSP) par catégorie de 19 de nombreuses animations personnes 100 100 40 100 100 100 100 100 86 0 0 20 0 0 0 0 0 5 0 0 40 0 0 0 0 0 10 scolaires % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 39 11 11 17 11 6 6 11 100 0 0 100 0 0 0 0 0 100 0 0 100 0 0 0 0 0 100 Nombre 1 1 1 3 5 1 3 1 1 1 1 12 1 2 1 1 1 1 6 La réserve naturelle est un % de réponse (vrai faux support d'insertion par NSP) par catégorie de l'activité économique (ex: 20 personnes 14 50 0 33 0 0 0 0 14 71 50 60 33 50 100 0 50 57 14 0 40 33 50 0 100 50 29 association de réinsertion permettant de retrouver une place dans la société) % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 33 33 0 33 0 0 0 0 100 42 8 25 8 8 8 0 8 100 17 0 33 17 17 0 17 17 100

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VRAI FAUX NE SAIT PAS t t t n n n s s s s s s e e e e e e n n n t t t e e r r e r n n n o o o e e e a a a m m m u i u i u i l l l o o o m m t t t t m t t s s s c c c i i i s s s l e l e l e i a i a i a t t t s s s s a s a s a t t t i i i u u u i u n i u n i u n d d d u u u l r l l r r a a a t t o t o o c c c c c c g g g n n n i i i i i i u u i u i i h h h E E E t t t o r r o r o T T T y y y o o e o e e s s s s s s g C g C g C S S S s s s T T T n n n s s s I I I A A A n n n A A A E E E Nombre 2 1 1 2 2 1 1 2 10 5 4 9 1 1 2 La réserve naturelle est un lieu d'échange et de % de réponse (vrai faux concertation (elle crée du NSP) par catégorie de 21 lien social, favorise le personnes 29 50 20 67 100 100 100 100 48 71 0 80 0 0 0 0 0 43 0 50 0 33 0 0 0 0 10 dialogue, s'inscrit à long terme dans un réseau % des catégories de d'acteurs) personnes par réponse (vrai, faux NSP) 20 10 10 20 20 10 10 20 100 56 0 44 0 0 0 0 0 100 0 50 0 50 0 0 0 0 100 Nombre 1 3 4 6 2 2 3 2 1 1 2 17 0

La réserve naturelle est % de réponse (vrai faux source de contraintes NSP) par catégorie de 22 majeures pour le personnes 14 0 60 0 0 0 0 0 19 86 100 40 100 100 100 100 100 81 0 0 0 0 0 0 0 0 0 développement du territoire % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 25 0 75 0 0 0 0 0 100 35 12 12 18 12 6 6 12 100 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Nombre 1 1 5 1 3 2 2 1 2 14 2 1 1 1 5

La réserve naturelle a % de réponse (vrai faux empêché ou entravé des NSP) par catégorie de 23 projets importants en raison personnes 0 50 0 0 0 0 0 0 5 71 50 75 67 100 100 0 100 70 29 0 25 33 0 0 100 0 25 de la protection règlementaire* % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 0 100 0 0 0 0 0 0 100 36 7 21 14 14 7 0 14 100 40 0 20 20 0 0 20 0 100 Nombre 3 2 3 3 2 1 1 2 15 2 2 4 4

% de réponse (vrai faux La présence de la réserve NSP) par catégorie de 24 naturelle est globalement un personnes 43 100 60 100 100 100 100 100 71 0 0 40 0 0 0 0 0 10 57 0 0 0 0 0 0 0 19 atout pour le territoire % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 20 13 20 20 13 7 7 13 100 0 0 100 0 0 0 0 0 100 100 0 0 0 0 0 0 0 100 Nombre 3 2 2 7 3 2 1 1 1 0 1 1 9 1 2 1 1 1 5

% de réponse (vrai faux La réserve naturelle NSP) par catégorie de représente un surcoût 25 personnes 43 0 40 67 0 0 0 0 33 43 100 20 33 50 0 100 50 43 14 0 40 0 50 100 0 50 24 important pour les populations locales % des catégories de personnes par réponse (vrai, faux NSP) 43 0 29 29 0 0 0 0 100 33 22 11 11 11 0 11 11 100 20 0 40 0 20 20 0 20 100

* A la question n° 23 : un agriculteur ne se prononce pas et une association mentionne « vrai » pour les drainages empêchés sur la réserve naturelle

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