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Lancement d’une revue d’arts visuels asiatiques Page 3 Depuis 1999

Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 www.thelasource.com

Une expérience canadienne commune par Katy Thompson

e me trouve, depuis peu, à Jétudier le français durant mon temps libre. Un de mes cahiers contient un chapitre intitulé « culture française » et traite de quelques sujets tels que l’histoire française, son art, sa littérature, sa mu- sique et sa cuisine. Qu’est-ce que la cuisine canadienne me suis je demandé, l’esto- mac gargouillant et l’eau à la bouche, tout en m’attardant

Photos par Julius Reque, Stéfan et Cruise Port Atlas sur une image de croissant au chocolat. Le sirop d’érable et la poutine seraient parmi les réponses les plus plau- sibles mais peu de Canadiens -Yokohama-Odessa : admettraient consommer ces choses de façon régulière. Notre cuisine n’est pas ce qui - villes jumelles aux liens atypiques dien. Qu’est-ce qui fait de nous desnous Canadiens définit en tant? Notre que Canalitté- par johara boukabous Petite, moyenne ou grande, une - blanche dans l’histoire des jume- rature ou notre musique ? Je ville ne peut pas passer à côté cient aux deux localités. » lages de la ville de Vancouver. En me gratte la tête en tentant de C’est un lien particulier qui se de l’accroissement de son ré- bilitésLes exemples économiques de collaboration qui bénéfi effet, de multiples événements décrire l’art canadien. Je dois crée entre des villes de diffé- seau de jumelages. Cette tra- sont nombreux au cours des der- communiqués par le Consulat donc demander : le Canada rents pays. Qu’il soit culturel, dition, qui remonterait au IXe nières années entre Vancouver et général du Japon à Vancouver possède-t-il bien une culture ? éducatif ou économique, le ju- siècle en Europe, permet de ses cinq villes jumelles. « Nous célébreront le cinquantième an- L’histoire canadienne est melage permet d’échanger et developper des accords béné- avons eu des délégations éco- niversaire du partenariat avec la comparativement brève. d’améliorer certains aspects - nomiques qui se sont rendues ville japonaise de Yokohama. Par- Même si nous acceptons que dans divers secteurs de la vie quées. Et les avantages ne sont dans nos villes partenaires ; il y mi les nombreuses activités pré- les Premières Nations soient d’une ville. Cette année, d’ail- ficiantpas négligeables. aux deux « villesIl y a implideux a aussi des échanges artistiques vues, l’une implique la division les habitants de très longue leurs, Vancouver et Yokohama intérêts principaux au jume- et culturels, des échanges d’étu- de Colombie-Britannique de l’as- date du pays, peu d’entre (Japon) célèbrent le cinquan- lage, précise Raymond Louie, diants, des arrangements pour sociation des anciens élèves du nous avons une connaissance tième anniversaire de leur élu auprès du Conseil de la ville - programme éducatif et d’échange détaillée de leurs coutumes collaboration. Fait surpre- de Vancouver. Le premier porte ciaux grâce à des contrats… », ex- japonais (JET Program en anglais). et croyances. L’étude de la nant, ces deux métropoles ont solidifierplique Raymond des échanges Louie. commer Certains membres de ce groupe culture autochtone a été né- la particularité de partager de mieux comprendre la culture souhaitent en effet se rendre au gligée de façon surprenante De nombreux points communs Odessa, en Ukraine, comme desur chacun les échanges et améliorer culturels la coopé afin- - au niveau du secondaire. Nos ville jumelle. ration et le second sur les possi- Voir “Villes jumelles” en page 2 lois sont basées sur les prin- Japon afin de participer à l’événe cipes des colons britanniques 2015 est à marquer d’une pierre et français. Plus récemment Dans ce numéro les immigrants provenant de Chine, de l’Inde et des Musique : Ester Rada, Philippines ont apporté de nouvelles perspectives avec la nouvelle voix eux. En fait, le Canada est d’un Israël métissé une combinaison de cultures Page 5 diverses mais certains pré- tendent que notre multicultu- ralisme ne laisse pas de place pour une culture proprement Wu Man et le Shanghai dite canadienne. Quartet au Chan Centre Je dois dire que la vie à Van- Page 8 couver porte parfois à l’isole- Voir “Verbatim” en page 4 2 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 Suite “Villes jumelles” de la page 1 Louie. Alors qu’elle était au Japon, et le Japon… » D’autres visites Le grain de sel de Joseph Laquerre ment consacré au Bateau-Dragon l’équipe a joué contre l’équipe de spéciales en Colombie-Britan- base-ball locale. Ils ont aussi pu nique et au Japon sont prévues au Certaines rencontres pour cé- rencontrer le maire de Yokoha- lébrerà Yokohama, cet anniversaire fin mai. ont déjà Cette relation toujours très eu lieu. « L’équipe de baseball Yokohama a visité l’hôtel de Ville moinsactive jusqu’àaujourd’hui l’été 2015.s’explique par Asahi s’est rendue à Yokohama dansma. Le le 2 cadre avril, desun grouperelations venu histo de- les nombreux points communs en mars, explique Raymond riques d’amitié entre Vancouver entre les deux villes, notam- ment par le fait d’être des cités portuaires majeures dont l’acti- vité maritime s’est développée à partir du XIXe siècle. Depuis

entre les deux villes qui inclut 1981,des échangesil existe d’ailleurs d’informations un accord et des séminaires sur le thème des activités portuaires. Les multi- ples échanges entre ces métro- poles ont permis de stimuler la dimension multiculturelle et in- ternationale de Vancouver et Yo- kohama. Ce jumelage dynamique est également renforcé par la ukrainienne qui ont permis d’en- deux villes », mentionne Ray- présence de groupes communau- voyer du ravitaillement à Odessa mond Louie. taires très actifs dans chacune Peut-être que d’autres cir- des deux villes. à la Seconde Guerre mondiale, constances exceptionnelles expliqueafin de reconstruire Raymond laLouie. ville suiteLes pourraient raviver la relation Des périodes moins actives rapports entre les deux villes ont entre les deux villes portuaires Mais il faut aussi savoir que, été forts pendant quelques an- que sont Odessa et Vancouver… comme pour tous types de re- nées, jusqu’à la Guerre froide. Les « L’Ukraine bien sûr connaît des lations, certains jumelages relations au cours des dernières peuvent vivre des périodes années ont été minimales, voire consul général de l’Ukraine à Van- moins actives, souvent au gré inexistantes. » couver,moments Mir difficiles, Huculak, expliquemais ce se le- des événements politiques du Los Angeles constitue un autre rait peut-être le moment d’aider moment. C’est le cas aujourd’hui exemple de jumelage moins ac- les Ukrainiens en rétablissant entre Vancouver et Odessa tif, ce qui s’expliquerait par « la ce jumelage. » Pourquoi ne pas (Ukraine). Le lien entre les deux proximité géographique et le fait d’être situées sur le même fuseau ancien jumelage de Vancouver, et

Photo de Mairie de Vancouver raisons humanitaires grâce aux horaire. Il y a très peu d’activités ce,donner dans un des second circonstances souffle au simiplus- Des étudiants japonais visitent l’arbre de l’amitié à l’Hôtel de ville le 2 avril 2015. villesrésidents « a débuté de Vancouver en 1944 d’originepour des autour du jumelage entre nos laires à ses débuts ?

journal la source Fondateur et directeur de la publication Secrétariat de la rédaction (anglais)Deanna Choi, Illustrateur Joseph Laquerre Avis Mamadou Gangué John Dingle, Bev Ferguson, Meagan Kus, Stephanie Ont collaboré à ce numéro Johara Boukabous, La Source n’est pas responsable des modifica- Adresse postale Editeurs associés Saeed Dyanatkar (Digital), Lee, Debo Odegbile, Cheryl Olvera, Leah Peric, Anna Chemery, Alison Chiang, Jen dela Luna, tions ou erreurs typographiques qui n’altèrent Denman Place Boîte postale 47020 Monique Kroeger (Imprimé) Melodie Wendel-Cook, Simon Yee Jean-François Gérard, Robert Groulx, Pascal pas la lisibilité des annonces. La correction de Vancouver, C.-B. V6G 3E1 Responsable graphisme et arts visuels Assistant de bureau Kevin Paré Guillon, Florence Hwang, Ruth Javier, Kate toute erreur ou omission majeure relative à la Bureaux Laura R. Copes Coordinateur Web Enej Bajgoric Murray, Debo Odegbile, Derrick O’Keefe, publicité sera limitée à une insertion dans l’édi- 204-825 Rue Granville, Vancouver, C.-B. Directrice de la rédaction Julie Hauville Web Pavle Culajevic, Sepand Dyanatkar, Chelsy Vincent Pichard, Don Richardson, Jacqueline tion suivante. Rédacteur en chef (français) Gary Drechou Greer, Norman Carlos Hoffmann, Vitor Libardi Salome, Katy Thompson, Salena Tran, Katrina La rédaction de La Source est à l’écoute de Téléphone (604) 682-5545 Rédactrice en chef adjointe (français) Responsable des médias sociaux Laurence Gatinel Trask, Audrey Tung, Noëlie Vannier, Edwine vos commentaires et suggestions sous forme de Courriel [email protected] Anne-Diandra Louarn Médias sociaux Chelsy Greer, Fanny Marguet Veniat, Pierre Verrière, Simon Yee, Robert courrier postal ou électronique, afin de prendre www.thelasource.com Chef de rubrique (Espace francophone) Premiers conseillers de rédactionPaul Gowan, Zajtmann ainsi de façon régulière votre pouls sur des su- Guillaume Debaene Mike Lee, Samuel Ramos jets de reportage touchant votre communauté. Responsable de la correction (français) Traduction Barry Brisebois, Monique Kroeger Louise T. Dawson Graphiste Weronika Lewczuk Distribution Denis Bouvier, Alexandre Gangué, Pour réserver un espace publicitaire: Secrétariat de la rédaction (français) Photographes Denis Bouvier, Pascal Guillon, Joseph Laquerre, Kevin Paré (604) 682-5545 Anne Arminjon, Sébastien Orcel Ruth Javier, Noëlie Vannier Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 La Source 3 Médias Photo par Brian Carson Plein feux sur la culture asiatique en Amérique par VINCENT PICHARD sée à l’occasion de la conférence ricain ne sont-elles pas davan- courageons donc à nous contac- annuelle de l’association Art tage mises en lumière ? présence asiatique dans les ter. Nous nous engageons enfin Deux professeures universi- college A.M.W.J. : Peu d’attention leur AmériquesMaru en 1914, date etc. du MêmeXVIe siècle si la à inclure dans chaque numéro taires (l’une en poste à Mon- Nous avons remarqué qu’il n’y a été accordée en raison de l’hé- avec la route commerciale un article écrit en français ou tréal, l’autre à New York) avait pas (CAA) de revue à New universitaire York en 2012. ritage colonial du racisme an- transpacifique Manille-Aca- en espagnol. Des propositions viennent de lancer une nou- consacrée à l’art asiatique amé- ti-asiatique qui a jalonné l’his- pulco, l’étude des connexions et de sujets dans ces langues sont velle revue consacrée à la ricain, la spécialité d’Alexandra, recherche sur la culture vi- ni à l’art asiatique canadien, la suelle asiatique dans les Amé- mienne. Ces domaines ont pour- Notre revue se veut un examen critique de la production riques, Asian Diasporic Visual tant connu un essor fascinant Cultures and the Americas. Un au cours des dix dernières an- sujet qu’elles estiment bouil- nées. Nous avons constaté que culturelle visuelle créée par et pour les communautés de lonnant et pas assez mis en la culture visuelle propre aux la diaspora asiatique dans les Amériques. avant. Tout le monde peut y diasporas asiatiques dans l’en- “ contribuer. Explications avec semble des Amériques n’était Alice Ming Wai Jim, co-rédactrice de Asian Diasporic Visual Cultures and the Americas la responsable montréalaise. Nous avons ébauché notre projet La Source : Comment vous est etpas adressé suffisamment une proposition mise en avant. aux toire des Amériques. Il faut ainsi des échanges entre les commu- les bienvenues. Le premier nu- venue l’idée de cette nouvelle re- publications Brill, un important tenir compte des politiques nautés de la diaspora asiatique méro est déjà disponible. Et ce, vue ? éditeur de livres scolaires. En d’immigration racistes diri- d’une part et de l’autre le Cana- gratuitement, en se connec- Alice Ming Wai Jim : Ma voici le résultat. gées contre les Asiatiques, de da, les États-Unis, l’Amérique tant sur le www.brill.com/pro- co-rédactrice en chef, Alexandra l’internement des Japonais pen- latine, le Mexique, les îles du Pa- ducts/journal/asian-diasporic- Chang, et moi-même étions à L.S. : Pourquoi les diasporas dant la Seconde Guerre mon- cifique et les Caraïbes n’est que visual-cultures-and-americas. une bourse aux livres organi- asiatiques sur le continent amé- diale, de l’incident du Komagata récente. L.S. : Considérez-vous que l’art L.S. : Comment définiriez-vous doit être expliqué, analysé, dé- Une enseignante à renommée internationale votre revue ? cortiqué ? Il ne se suffit pas à lui- A.M.W.J. : Tout d’abord, il faut même ? Alice Ming Wai Jim est Jim a donné de nombreuses souligner qu’elle est unique A.M.W.J. : Je rappelle que professeure à l’université conférences au Canada et à en son genre. Notre revue se notre revue n’est pas seule- Concordia, à Montréal. Elle l’étranger. Ses écrits ont été veut un examen critique de la ment consacrée à l’art, mais à possède, entre autres, un publiés dans diverses revues. production culturelle visuelle la culture visuelle dans sa glo- doctorat en histoire de l’art, Ses recherches actuelles créée par et pour les commu- balité. Pour répondre à votre obtenu avec distinction à portent sur l’esthétique de la nautés de la diaspora asiatique question, je pense que l’analyse l’université McGill en 2004. mobilité en relation avec les dans les Amériques. Elle four- critique des productions cultu- Sa thèse portait alors sur les expositions internationales nit un forum intellectuel pour relles nous aide à comprendre métaphores urbaines dans les et le développement de l’art les chercheurs et les créateurs comment notre perception du médias de Hong Kong en lien asiatique canadien depuis les dans ces domaines tradition- monde est façonnée par des avec les questions de l’identité, émeutes de Vancouver de 1907. nellement sous-représentés. Il significations qui s’intègrent de l’histoire et la culture Le 7 septembre, des membres de y aura deux numéros par an- dans des contextes politiques, de l’espace urbain. Tout un l’Asian Exclusion League (formée née, mais quiconque est invité sociologiques et idéologiques programme ! quelques semaines plus tôt) ont à nous soumettre des articles spécifiques. De 2003 à 2006, elle a été assiégé et vandalisé Chinatown ou des commentaires d’exposi- conservatrice au Centre A (le en scandant des slogans racistes. Photo de Concordia University tions, de spectacles, de films ou La revue Asian Diasporic Visual Vancouver International Centre La professeure Alice Ming Wai Jim Leur but à l’époque était sera à Vancouver le 21 mai pour de livres quand bon lui semble. Cultures and the Americas sera for Contemporary Asian Art), d’empêcher l’immigration de le lancement officiel de sa revue Nous reproduirons également officiellement présentée le 21 rue Georgia Est. La professeure personnes d’origine asiatique. universitaire en C.-B. des œuvres d’artistes dans des mai à Vancouver en présence de pages en couleurs. Nous les en- l’activiste et poète Roy Miki. 4 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 Parrain, marraine : un choix culturel ? Le castor castré Robert Zajtmann par gary drechou et pourquoi moi, qui n’ai jamais connaissances, de s’engager à été baptisé et dont les parents soutenir moralement leur en- Si le jumelage entre villes est n’ont jamais fait profession de fant dans son développement un lien atypique, Vancouver foi, en aurais-je hérité d’un ? et son intégration. Ce lien doit étant richement dotée avec D’où vient cette drôle d’idée du ensuite se tisser, selon des Quel 5 villes soeurs ou jumelles parrainage ? formes et des rites qui peuvent dans le monde, qu’en est-il À l’origine, si l’on en croit Wiki- varier, entre le parrain, la mar- cirque de cet autre lien particulier, pédia, « dans la religion catho- hérité du catholicisme, qui lique, le parrainage est étroite- Fait intéressant, dans cette pousse certains parents à ment lié au baptême, les parrains raineformule et le« ou désacralisée la filleul(e). » du choisir un « parrain » ou une et marraines devant aider leur parrainage et du marrainage : « marraine » pour leur enfant ? on peut même avoir plus d’un Est-ce une anomalie dans le Il s’agit donc au départ d’un rite parrain et d’une marraine ! paysage vancouvérois ? filleulreligieux. sur Côté le chemin procédures, de la foi.« le » En effet, si mes amis coréens parrain et la marraine doivent m’ont regardé comme un ex- Au détour d’une conversation normalement être eux-mêmes traterrestre lorsque j’ai parlé baptisés. Une profession de foi a de mon parrain, Helena, jeune

avec des amis coréens, j’ai évo- Soleil du Cirque Glória, Da Marina de Photo qué mon parrain, un homme so- lieu durant la cérémonie du bap- travailleuse autonome de Van- lide, bien ancré en Suisse, culti- tême. » couver, les aurait sans doute ites-moi que ce n’est pas et j’en passe ». Ce à quoi je vous vant la terre. Il a toujours eu un Mais à l’arrivée, dans des so- Dvrai. Que c’est impossible. répondrais : « Aucun d’entre eux rôle à part et je le perçois, en- ciétés comme la France, la Suisse marraines. Ses parents ne par- Le Cirque du Soleil ne peut pas ne possède la nationalité cana- core aujourd’hui, alors que j’ai ou le Canada, le rite religieux est bluffés,tageant avecpas la ses même 4 parrains culture et perdre sa nationalité canadienne. dienne, d’où ma douleur ». la tête à des kilomètres et les passé dans les coutumes. Le fait d’origine, ils ont tout simple- Rassurez-moi. Je ne peux pas Qui, aux yeux du monde entier, deux pieds dans la vie adulte, de choisir ou non un parrain et ment choisi de faire les choses croire qu’après toutes ces années pourra redorer notre blason ? comme un pilier bienveillant une marraine relève désormais en double. Double « cérémonie » passées dans le giron québécois, Qui nous permettra de marcher et protecteur, quelqu’un vers de la culture, car aucune loi ne le de parrainage et double tan- - dans les rues de Rome, de Ma- qui me tourner en cas de pé- prévoit. On appelle cela le « par- dem de parrain-marraine. nommée internationale, puisse nille, de Ouagadougou, de Paris, pin, d’accident de parcours ou rainage civil » ou « républicain ». Votre Forum de la diversité notrepasser, fleuron sans coup national, férir, à ladans re de Rio, de Tokyo ou de Bagdad, de déroute. Il a les clés d’un Toujours selon Wikipédia, « le lance la conversation : avez- d’autres mains. Des mains étran- la tête haute ? Qui pourra nous mystérieux terrier : je sais, rôle humain du parrain et de la vous des parrains et mar- gères, si je ne m’abuse. dans mon for intérieur, qu’il marraine républicains est peu raines ? Que pensez-vous de Bien que cette affaire ne sente ? Céline Dion, Rob Ford, Stephen pourra toujours me ramener à ou prou le même que celui des ce lien particulier ? Existe-t-il pas bon, il faut, nez en moins, Harper,rendre notreMike Duffy fierté ? canadienne Non je ne la terre, au pays. Mais en par- parrains et marraines catho- des rôles pouvant se substi- que je me fasse à cette idée. Les vois rien ni personne à l’hori- lant ainsi, je me suis vite ren- liques : accompagner et complé- tuer à ceux du parrain et de la pourparlers ont, en effet, abouti il zon. Avec le Cirque du Soleil nous du compte que je « prêchais » ter l’éducation d’un enfant par un marraine dans votre culture ? avons perdu des plumes et, sur- un peu dans le vide. Car dans la Dites-nous tout sur les réseaux américaine d’investissements, tout, des paillettes. Nous n’avons culture de cet autre pays, celui Les parents, quelles que soient sociaux de La Source et nous y a une semaine. La firme privée- de mes amis, point de « parrain » leurslien de cultures confiance d’origine, privilégié. ont »donc poursuivrons cette mini-série tions de l’entreprise québécoise. on nous prendre dorénavant ? ni de « marraine » ! pleine liberté de proposer à des autour de la notion de parrai- TPGElle devientcapital, ainsia acquis majoritaire. 60% des Leac Qu’est-ceplus fière qui allure. va faire Pour notre qui va-t- ré- Pourquoi mes amis coréens personnes, parmi leurs proches, nage et de marrainage à Van- fondateur du Cirque du Soleil, Guy putation internationale ? Va-t-on n’auraient-ils pas de parrain, leurs amis, leurs cercles de couver. nous envier notre savoir- faire en plusieurs millions de dollars amé- Irak et en Syrie ou notre implica- Laliberté,ricains qui retient devraient 10% deslui partsassurer et - une retraite tranquille pour ses tinien ? Pas que je sache. Va-t-on vieux jours. Cet homme, ce génie copiertion dans notre le conflit politique israélo-pales environ- diront certains, qui s’est déjà of- nementale et s’en servir comme fert un petit voyage dans l’espace, modèle ? J’espère que non. Nous en espérant un jour atteindre n’avons plus grand-chose à offrir la lune, n’a pu refuser l’offre qui au monde. Celui-ci peut doréna- lui était offerte. Le soleil a ren- vant se passer de nous. Nous al- dez-vous avec la lune, aurait aimé lons sombrer dans l’oubli. Nous chanter Charles Trenet au chevet allons être rayés de la mémoire de cette entente. collective. Il faut se rendre à l’évi- Si je vous raconte tout cela et dence, sans le Cirque du Soleil si je m’attarde un peu sur cette nous, Canadiens, ne sommes rien. transaction, c’est que je n’ai pu Monsieur Laliberté, il est peut- m’empêcher de verser une larme être trop tard pour revenir sur (de caïman) en apprenant la nou- votre décision, mais c’est un cri velle. Vous voyez, j’étais senti- de désespoir que je lance : je mentalement attaché au Cirque vous en conjure, au nom de tous du Soleil. Je l’avais vu grandir et

Illustration par Tom Simpson Tom par Illustration faire ses premiers pas au Festi- La bonne fée marraine de Cendrillon. val international des enfants de Vancouver, il y a une trentaine d’années de cela. Nous avons Suite “Verbatim” de la page 1 té de gens qui nous entourent Notre identité commune est tous, parents et enfants, été ment et à la confusion. J’observe chaque jour. De ce fait nous évo- renforcée par notre accepta- émerveillés par les prouesses tous ces microcosmes cultu- luons et apprenons de nouvelles tion de la diversité. Ici en C.-B. de ces jeunes acrobates adoles- rels et en tant que Canadienne choses sur nous-mêmes et la plus par exemple, nos personalités depuis plusieurs générations, grande communauté. Chaque composées, bien que très va- et surtout inspirant. Puis les je me demande quelle est ma personne que je rencontre peut riées, partagent certaines qua- cents.années C’étaitont passé. magnifique Le cirque à voirest place. Mais nous sommes plus partager l’histoire unique de ses lités. Cela inclut une aversion devenu une entreprise de show que la somme de nos parties. Il aïeux ou de son pays d’origine. au temps pluvieux mais aussi business au rayonnement in- n’existe peut-être pas un plat Chaque restaurant, aux options une préférence à la pluie contre ternational. Les spectacles du réconfortant que chaque Ca- apparemment illimitées, peut dé- la neige. En tant que Canadiens - nadien consomme après avoir - nous croyons en certaines va- rer les foules partout où ils se vécu une mauvaise journée au mettant de demeurer sur place. leurs telles que la liberté, l’éga- Cirqueproduisent. n’en Lorsque, finissent à pasl’étranger, d’atti

bureau mais l’on peut choisir Commefier mes papillestout personnage tout en me tridi per- lité et la justice. Ces principes je mentionne que je viens du Ca- Photo de NASA parmi mille et un restaurants mensionnel, le Canada évolue au communs sont tout aussi im- nada, la réplique est toujours la Guy Laliberté, le fondateur pour satisfaire notre appétit fur et à mesure que ses citoyens portants que notre dynamisme même « Ah! Le Canada, les chutes du Cirque du Soleil. changeant. Qui nous dit que vivent de nouvelles expériences du Niagara, le Cirque du Soleil ». les Canadiens, rachetez votre en- cela ne fait pas partie de l’iden- et sont exposés à différentes canadienne. Bien que les im- Et c’est tout. Avec l’exode du treprise. Je suis prêt à casser ma tité canadienne ? Nous parta- cultures. culturelmigrants pour ajoutent définir de nouvelles l’identité Cirque, il nous reste au moins les tirelire pour vous aider à réac- geons tous cette immersion couches à la personnalité ca- chutes. C’est bien peu. Plus dure quérir ce qui était votre bien (je dans la diversité. Nous possé- nadienne en pleine croissance, sera donc la chute. Vous compre- dois avoir une dizaine de dollars dons donc bel et bien une iden- ces croyances fondamentales nez maintenant mon désarroi. Le qui traînent par ci, par là). Pour ne changent pas. En dépit de Cirque qu’on scie en petites parts l’amour du Canada reconsidérez groupes ethniques variés dans nos milieux divers il y a tou- de marché, ça ne peut marcher votre geste. Ayez pitié de nous. unetité, définiemosaïque par l’intégrationplus vaste deet jours quelque chose que nous pour longtemps. Je crains que Pour compenser vos efforts et vos complète. pouvons tous partager. dépenses, nous vous offrirons En tant que Canadiens il est En ouvrant un livre sur la gratuitement le Cirque du Sénat important de nous immerger culture canadienne il est pos- monnous chauvinisme,assistions au débutviennent de la d’en fin avec ses acrobaties, ses superche- dans les cultures ambiantes et sible que je n’obtienne pas une d’uneprendre belle un aventure.coup. C’est Ma un fierté,coup ries, ses pirouettes et ses entour- de leur tendre la main. En fai- image précise de la cuisine, de dur dont je ne suis pas certain loupettes. Et si jamais vous déci- sant cela nous avons une expé- la musique ou de l’art du pays. d’être en mesure de me relever. dez de retourner dans l’espace, je rience canadienne commune. Mais voilà ce qui rend le Ca- Vous me direz : « Pourquoi suis prêt, avec quelques collègues, Nous ne nous réfugions pas nada si spécial. Je vis dans un pleurer à ce point, ce ne sont à payer le billet du voyage (al- dans la sécurité de la culture des pays les plus vibrants au pas les cirques qui manquent? : ler simple) de Monsieur Stephen Photo par Steven Lee de nos parents. Nous acceptons Le sirop d’érable rencontre Hello Kitty : monde et je ne voudrais pas le Cirque Onférence, Le Cirque Harper pour vous accompagner. et adoptons l’étonnante varié- le « melting pot » canadien ? qu’il en soit autrement. Onstanciel, le Cirque Conspect, Vous pourriez ainsi faire des cir- le Cirque Cuit, le Cirque Ulaire convolutions. Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 La Source 5 Ester Rada en spectacle par julie hauville L.S. : Offrir des concerts au Moyen L.S. : Vous avez gagné un prix Orient en dehors des frontières d’Is- pour votre rôle dans la pièce The Projetée sur l’avant-scène en raël, est-ce important pour vous ? Troupe du Théâtre Habima. Vous devenant la première partie E.R. : Mon plus grand souhait définissez-vous plutôt comme d’ en Israël, Ester était justement de pouvoir me chanteuse ou comédienne ? Rada a une identité musicale produire au Moyen Orient, hors E.R. : Les deux, mais c’est bien tranchée. Le 2 mai, la d’Israël. J’espère sincèrement jeune femme sera à l’Imperial que la paix au Moyen Orient est L’an dernier, je jouais encore au dans le cadre du festival Chupt- proche, cela deviendra alors le assezthéâtre difficile mais lorsque de les la tournée combiner. a zah pour un concert soul, éthio- plus bel endroit sur terre. commencé, j’ai dû tout arrêter. Je jazz, reggae, pop et afrobeat. reçois toujours des propositions, L.S. : Vous avez vécu entre l’Éthio- mais je ne vais certainement pas La Source : Comment cet amour pie et Israël, avec deux cultures remonter sur les planches tout de de la musique a-t-il débuté ? Et bien distinctes. Quelle influence suite. Cependant je suis en prépa- quelles sont les racines musicales cela a-t-il sur votre art ? qui vous ont portée ? E.R. : En réalité mon héritage cet été. Ester Rada : A l’âge de six est éthiopien et je suis née en ration du tournage d’un film pour ans, j’ai constaté que j’arrivais à Israël. Je viens d’une famille re- L.S. : A ce propos, d’autres projets rendre les gens heureux, simple- ligieuse. Mes parents ont quitté en vue ? ment en chantant, et j’ai adoré l’Éthiopie pour Israël un an avant E.R. : Oui, un tout récent. Je ma naissance, et sont arrivés à viens de sortir un nouvel album j’ai donc intégré la chorale « She- EP intitulé I Wish. L’album inclut ceba sentiment.», et en prenant À partir à part de 10à ansdes je n’ai entendu que de la musique des reprises des classiques d’une spectacles face à une foule, je Kiryatreligieuse Arba et en éthiopienne 1984. Toute et jeune, cela de mes plus grandes inspira- suis tombée amoureuse de la mu- trices : . sique encore un peu plus. Puis j’ai est un période privilégiée parce quese reflète vous ne aujourd’hui. voyez que L’enfanceles côtés L.S. : Quelle différence existe-t-il l’écran je voyais Stevie Wonder, positifs de la vie. lorsque vous chantez devant un Babyface,découvert les les Boyz MTV II etMen, VH1 Lauryn et sur public israélien ou nord-améri- Hill, Erykah Bade, Bob Marley… L.S. : Comment se fait le choix des cain ? Leurs âmes sont entrées dans la langues de vos chansons ? E.R. : Je ne ressens absolu- mienne et j’ai constaté que la mu- E.R. : Je chante principa- ment aucune différence. J’ai la sique pouvait changer les choses. lement en anglais, c’est dans conviction que tout le monde cette langue que j’ai commencé se ressemble dans l’amour et la ma toute première guitare et musique, quelles que soient les m’aA 15appris ans, à mon en frèrejouer. m’aQuelques offert la langue la plus internationale. origines. C’est d’ailleurs pour Maisà écrire je chanteà l’âge deparfois 13 ans aussi et c’est en cela que moi je suis là, pour recrutée par l’armée en tant que hébreu et en amharique. Je reste créer ce lien. chanteuseannées plus et tard, pendant à 18 deuxans, j’ai ans été je persuadée que peu importe d’où me produisais là-bas chaque jour. vous venez ou en quelle langue Ester Rada Alors j’ai compris que la musique vous chantez, la musique est un Imperial

Photo par Dean Avisar Dean par Photo 2 mai au théâtre représentait ce que je suis. langage qui parle à chacun. La voix envoûtante d’Ester Rada vous transportera. www.chutzpahfestival.com 6 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015

Tissus urbains robert groulx Le p’tit dernier de l’« autopartage »…

VO vient tout juste de faire pour les déplacements de courte Eson entrée dans le marché de l’auto partage de Vancouver. maximum l’utilisation d’une au- distancetomobile touten milieu en simplifiant urbain. En au sont toutes noires et équipées résumé, une fois que vous êtes Sesd’un 250 support Toyota pour Prius skis C hybrides,ou pour membre, vous repérez une voi- vélo. Voilà qui en dit long sur la ture ou vous en faites la réserva- clientèle cible de son proprié- tion avec votre téléphone intelli- taire, la BCAA, le club automobile gent, vous glissez votre carte sur de la Colombie-Britannique qui le lecteur à la base du pare-brise, montre son ambition à déloger après quelques secondes les por- le champion actuel, car2go, dont tières se déverrouillent, vous Smart de couleur montez à bord, démarrez et à la bleue et blanche vous font des clinsles 750 d’œil petites racoleurs quand vous passez devant, comme pour vous finla locationde votre trajet,en glissant c’est la demarche nou- inviter à monter à bord et à faire veauinverse. la carte Vous à confirmez puce sur le la lecteur fin de un bout de chemin à leur volant. ou en utilisant votre téléphone - intelligent selon l’entreprise… et nance et gère le réseau mondial le coût de votre location s’ins- C’est l’allemand DaimlerSmart car2go qui fi, crit automatiquement sur votre dans près de trente villes dans carte de crédit. desune dizaine 13 000 petitesde pays. En fait cette forme d’auto par- partager à Vancouver en comp- tage qui existe à Vancouver de- Il y a près de 1 600 véhicules à

à North Vancouver et Richmond observateurs,tant les 360 véhicules une voiture de MODO en etpuis se juin veut 2011 complémentaire s’est depuis étendue aux et les 200 de Zip Car. Selon les autres modes de transport dis- moins sur le réseau routier ur- ponibles. Il attire de plus en plus partage équivaut à 12 voitures de de citadins qui choisissent de ne voitures de moins dans les rues pas avoir de voiture, soit pour debain…ce Vancouver. qui se L’image traduit est par forte 18 720 ! des raisons économiques ou en- L’autopartage est aussi une core parce qu’ils n’en veulent tout excellente alternative à une deu- simplement pas, satisfaits qu’ils xième auto pour ceux qui n’en sont de prendre les transports veulent une que pour faire les en commun, leur vélo ou de se courses ou aller au travail, pré- déplacer à pied, sachant que s’ils parés à rentrer en métro ou en ont absolument besoin d’une voi- taxi s’il le faut. Encore qu’avec ture, ils peuvent toujours monter EVO il n’y a qu’à mettre le vélo dans une Smart électrique ou à sur le support déjà monté sur le essence, ou une Prius hybride, le toit et vous êtes prêts pour le re- modèle proposé par EVO. tour…s’il n’y a pas de voitures de Autant le permis de conduire disponibles. et l’accès à la voiture familiale Et en prime vous pouvez la constituaient un rite de pas- garer partout où c’est permis, Photo par Stephen Rees Quelques unes des 13 000 voitures car2go en location. sage incontournable pour les même dans les places réservées générations récentes, autant aux riverains, vous n’avez pas à aujourd’hui la proportion de payer pour l’essence et n’êtes pas obligés de remettre la voiture à ne possèdent pas de voiture est votre point de départ. Mais gare enjeunes croissance adultes constante.de 18 à 35 ansIl faut qui aux parcomètres et aux station- simplement se rappeler que le nements payants cependant. coût moyen annuel d’une voiture Vous pouvez vous y garer si vous

- location, sauf dans les stationne- ciation,atteint facilementl’entretien, entrel’essence, 7 500$ les mentsn’y laissez payants pas la prévus voiture à encet fin effet, de etassurances 10 000$, et comptant le stationnement. la dépré et il y en a plusieurs à Vancouver. Voilà une somme que, de leur avis, il vaut la peine d’économiser en vue d’une mise de fonds pour cherPour qu’un 41 centstaxi, comparable la minute ouà un appartement. 14$deux l’heure, billets de c’est Translink souvent et moins bien Le lancement de EVO par BCAA plus amusant pour de brefs tra- démontre la popularité crois- jets en ville. Ce n’est pas le meil- sante de ce mode d’autopartage. leur choix pour les excursions à Il faut être convaincu pour inves- Whistler ou ailleurs. Dans ce cas

traditionnelle est une meilleure coûtstir près d’infrastructure de 500 000$ pour et acheter d’opé- MODO,affaire. Zip Car ou une location 250ration. voitures, sans compter les Excusez-moi je dois sauter Car2go et EVO fonctionnent de dans une voiture, j’ai un ren- la même manière. Ils sont conçus dez-vous ! Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 La Source 7

GUILLAUME DEBAENE Pierre Chef de rubrique VERRIÈRE Francophone du mois L’artiste Adad Hannah donne vie aux Bourgeois de Calais avec des acteurs vancouvérois

par guillaume debaene motivations qui les ont pous- imposée à ces six travailleurs France en collaboration avec le sés à accepter cet emploi sans temporaires qui se doivent de musée Rodin aura représenté Depuis le 11 février dernier, le que l’identité de leur employeur rester silencieux, immobiles et pour l’artiste natif de New-York Photo de Conseil jeunesse francophone jeunesse Conseil de Photo Centre culturel canadien de anonymes pendant des heures - Paris présente une exposition forme de documentaires, le pro- contre une rémunération. L’ori- jours été fasciné par Rodin parce Marion Postic met pour le moins originale. Non nejet puissepasse de filtrer. la vie Filmé privée sous aux la gine d’un tel scénario prend «que une le grandecœur même fierté ».de « son J’ai touart ses compétences loin du Musée Rodin, six ac- teurs vancouvérois semblent au service de revisiter Les Bourgeois de Calais (1885), le monument Je trouve intéressante l’idée d’offrir de la communauté le plus célèbre du sculpteur Agent de projet et de communica- français. Conçue par Adad la mobilité à un art considéré comme figé. tion au Conseil Jeunesse Franco- Hannah, artiste photographe Adad Hannah, artiste, photographe et vidéaste phone de la Colombie Britannique et vidéaste de Vancouver, et le “ (CJFCB), c’est un peu par hasard cinéaste québécois Denys Ar- que Marion Postic a découvert cand, l’installation vidéo inti- masques des représentations forme dans l’intérêt que porte embrasse la période classique et les réalités de la communauté tulée Les Bourgeois de Vancou- sociales avec en toile de fond une Adad Hannah pour les individus l’époque contemporaine. J’aime francophone locale. Titulaire d’un ver construit et déconstruit qui permettent à l’art de se réa- le fait que ses œuvres et son style diplôme en sciences politiques le groupe sculpté avec des ac- la soumission des six bourgeois liser à l’image des fondeurs de aient pu se révéler à travers deux avec une spécialisation en com- teurs d’aujourd’hui. decomparaison Calais liés entre aux leévénements sacrifice et bronze de Rodin ou encore des courants différents », note Adad munication, la jeune femme origi- modèles qui venaient autrefois Hannah. Un héritage franco- naire de Paris décide de poser ses Censés représenter la popula- poser pour Matisse. « L’art, pour phone qu’il a donc souhaité revi- valises à Vancouver en août 2014 tion de la ville canadienne, les de 1347 et la contrainte physique exister, a besoin de mille per- siter et faire connaître à l’autre et de suivre ses envies d’ailleurs : six acolytes, qui n’ont de prime bout du monde dans une ville « Je rêvais de m’établir à l’étranger. abord rien en commun hormis qui est arrivé à Vancouver au comme Vancouver « où la sta- J’avais en moi cette envie de dé- sonnes obscures », confie celui tue de Rodin et le fait historique couvrir de nouvelles cultures. Moi à trouver un emploi temporaire, enfance passée entre Israël et qu’elle dépeint n’évoquent que qui aime la nature et les grands es- sontle fait engagésd’éprouver par des un difficultés mécène débutl’Angleterre. des années 80 après une très peu de choses pour la plu- paces, je me suis donc tournée vers inconnu pour jouer l’œuvre de part des gens. » Peut-être un peu le Canada, d’autant qu’il s’agit d’un Rodin dans les rues de Vancou- Une fascination pour Rodin moins d’ici quelque temps… pays bilingue, même si c’est davan- ver. La pièce met ainsi en scène C’est ainsi que l’idée des Bour- tage l’immersion dans un milieu un poète anonyme, une vieille geois de Vancouver a vu le jour. Les Bourgeois de Vancouver anglophone qui m’intéressait. » dame chinoise ne parlant que Il faut dire qu’Adad Hannah Au Centre Culturel canadien Comme d’autres immigrants sa langue maternelle, un frau- éprouve depuis longtemps une de Paris jusqu’au 16 mai avant elle, la nouvelle expatriée deur, un athlète, un employé certaine fascination pour Rodin Tarifs : Entrée libre côtoie pourtant rapidement la congédié et une ex-junkie qui se et son œuvre. Pour preuve, deux Les Bourgeois de Vancouver sera communauté francophone lo- retrouvent chaque jour côte à autres créations intimement aussi présentée au Musée des cale. Agréablement surprise par côte en face de la galerie d’art de liées au travail du sculpteur beaux-arts de Montréal du 30 l’importance de celle-ci, elle Vancouver pour donner vie à la français font également partie mai au 18 octobre et au décide en octobre dernier de re- statue avant de retourner chez de l’exposition parisienne : La International Film Festival, en joindre l’équipe du CJFCB pour eux . « Je trouve intéressante série photographique Unwrap- septembre. mettre à profit ses compétences l’idée d’offrir de la mobilité à un ping Rodin et la composition professionnelles. En charge de - d’écrans Les Bourgeois de Calais: Visionnez Les Bourgeois de Calais l’animation des réseaux sociaux plique Adad Hannah. Empreints Crated and Displaced sur Internet grâce au lien suivant : Photo de Adad Hannah Voir “Postic” en page 8 deart réalisme, considéré les comme portraits figé de », ces ex Adad Hannah, artiste, photographe donné son attachement pour le www.youtube.com/ personnages reviennent sur les et vidéaste. sculpteur français, se (2010). rendre Étant en watch?v=a6dIq9FHt0g

Les acteurs de la francophonie Isabelle Longnus défend sa francophonie aux prix Trille Or par Pierre VERRIÈRE elle y a trouvé un équilibre à la Trille Or, un événement qui cé- fois personnel et professionnel. a rubrique Espace franco- delèbre la 8el’excellence édition du artistique Gala des prixdes « J’ai découvert de nouveaux Lphone s’intéresse aux ac- artistes francophones en chan- sons à Vancouver et une autre teurs de la francophonie en son et en musique en Ontario et façon de travailler, explique-t- Colombie-Britannique. Cette dans l’Ouest. elle. Au Canada, je me suis re- semaine nous nous intéressons « Sans ce gala nous n’avons au- découverte comme artiste, on à Isabelle Longnus. L’artiste cun moyen d’être mis en valeur, se sent beaucoup plus libre, on vancouvéroise d’origine fran- or c’est important d’être vu par se laisse aller davantage dans çaise est en nomination pour le ses pairs, car toute l’année on son cheminement artistique. » meilleur album de l’Ouest ca- travaille de façon solitaire, ex- Son amour pour la langue - plique Isabelle. Au Gala, tout le française s’en est aussi trou- tion du Gala des prix Trille Or monde se connaît, on est tous vé renforcé. Elle qui se décrit nadien à l’occasion de la 8e édi des copains, on tourne ensemble, comme une chanteuse engagée Lorsqu’Isabelle Longnus on forme une communauté d’ar- sur le plan des idées se sent aus- quiira auradéfendre lieu le son7 mai album à Ottawa. sur si engagée dans la communauté la scène du Centre des arts celle des artistes francophones francophone. « C’est une com- Shenkman à Ottawa en mai detistes l’Ouest à laquelle ». je m’identifie, munauté éphémère, qui est très prochain, c’est avec la passion Pour Isabelle Longnus, prix ou - d’une artiste engagée qui fait pas prix, l’aventure continue à coup de mouvement et les gens ce qu’elle sait faire de mieux, mesure qu’elle trace son chemin. difficilearrivent àd’horizons saisir car très il y adivers, beau comme elle le dit elle-même : Solidement ancrée à Vancouver, analyse-t-elle. Cela se retrouve chanter en français. Un choix d’ailleurs lorsqu’on organise des - spectacles, les producteurs ne tiste, originaire de Marseille savent jamais à quoi s’attendre difficileen France mais et assuméqui a choisi par l’arde ni comment ils vont remplir la continuer sa vie au Canada salle alors que dans d’autres avant de tomber en amour avec provinces, la communauté fran- Vancouver. cophone est facilement identi- « Ça a rallongé la route, c’est sûr mais c’était très clair pour À son niveau, elle a fait sien le moi en arrivant ici, je voulais fiéecombat et organisée. pour la survie » et l’exis- faire de la chanson française à tence de la langue française. Vancouver », raconte-t-elle. « À Vancouver, on n’a pas le Trois albums plus tard, elle choix que de le faire », note prouve que le choix a payé Photo par A.J Benny Femme, artiste et francophone en celle qui dit ne pas faire de Réservez votre espace publicitaire dans La Source ou sur avec un album mis en nomina- milieu minoritaire, Isabelle Longnus distinction entre sa personna- notre site web. (604) 682-5545 ou [email protected] tion comme meilleur album de est tout cela à la fois, une identité lité d’artiste francophone et de l’ouest canadien à l’occasion qu’elle exprime dans ses albums. francophone en minoritaire. 8 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 « A Night in Ancient and New China » Une exploration musicale qui rassemble Le journal La par anna chemery Source est à La grande joueuse de pipa, Wu Man, et le fameux Shanghai la recherche Quartet présenteront A Night in Ancient and New China le de graphistes samedi 9 mai au Chan Centre. Cette pièce composée par Nous sommes à la l’éminent Zhao Lin explore la recherche de graphistes musique chinoise tradition- nelle tout en y mêlant des ex- compétents qui auront pressions musicales contem- pour tâche d’assister la poraines et occidentales. directrice artistique de notre journal bilingue Wu Man et les quatre membres (français/anglais) en du Shanghai Quartet se sont ren- contrés au lycée du conservatoire design et production. central de Beijing. Les années Prérequis longue date réussissent à mettre Bonne connaissance des onten musique filé avant un queprojet ces qui amis leur dete- nait à cœur, celui de retourner logiciels Adobe InDesign et vers leurs racines avec un regard Photoshop. Connaissance nouveau. Le compositeur Whao du logiciel Illustrator serait un atout.

LaLin, singularité en collaboration de chacun avec sonde cesfils Bonne maîtrise des Zhaoartistes Lin, repose en est sur le leur compositeur. aptitude à principes de design et un « abattre les barrières culturelles sens de l’esthétique aiguisé. » qui règnent dans le monde de la Quartet Shanghai de Photo Shanghai Quartet. Les étudiants en graphisme, des liens entre communautés ». même volonté de mélanger des orientale » déclare la joueuse de traditions, ce qui mène à la créa- les détententeurs de musique classique afin d’« établir genres et des styles musicaux. pipa. « En matière de nouveauté, tion de ponts entre les époques Faire tomber des barrières certificats en graphisme ou Weigang Li (violon), Yi-Wen Jiang la musique est toujours basée sur et les générations. graphistes professionnels Lorsque Wu Man est arrivée (violon), Honggang Li (alto) et une composition plus ancienne », Parallèlement, Joyce Hinton, aux États- Unis dans les années Nicholas Tzavaras (violoncelle) il est impossible d’échapper aux la co-directrice du Chan Centre, seront les premiers - juxtaposent les musiques de tra- s’enthousiasme de « ce type de candidats retenus. sonne ne s’intéressait à la mu- ditions occidentale et orientale. programmation – combinant les 90,sique elle et nous à la expliqueculture quechinoises. « per En associant la délicatesse de la cultures occidentale et orientale – Tâches C’est incroyable le chemin qui musique orientale au large ré- qui est extrêmement pertinente Mise en page et graphisme a été parcouru, je suis honorée pertoire de musique occidentale, pour la ville de Vancouver. Cela d’être considérée comme une ils visitent des genres musicaux permet de célébrer la richesse en InDesign. ambassadrice de la musique variés allant de la musique tra- multiculturelle de notre envi- Retouches mineurs de chinoise. Mon travail et mes ef- ditionnelle folk chinoise à des ronnement mais aussi de briser photos en Photoshop. forts ont porté fruit ». Son ins- œuvres contemporaines. les clivages ». trument de musique, le pipa, lui Grâce à leur audace, la mu- De la même façon, Wu Man es- Ce poste requiert d’être a permis de collaborer avec de sique classique chinoise a pu disponible les fins de nombreux artistes à travers le trouver sa place dans l’univers asiatique plus importante qu’elle monde. De nombreux genres mu- de la musique classique occiden- n’enpère a voir l’habitude. le 9 mai Dans une un audience monde semaines, à raison d’une tale. idéal, la musique servirait de « fin de semaine par mois au Fondamentalement, elle cherche lien entre les communautés ». A minimum. sicauxà aller ontau-delà influencé de sonsa propre travail. Etablir des ponts l’aide des sons traditionnels, du culture pour trouver la nouveau- « Avec A Night in Ancient and New pipa à ceux d’un quatuor à cordes, Veuillez envoyer votre CV té et la créativité nécessaires à China, nous avons voulu créer un Wu Man et le Shangai Quartet par courriel, accompagné l’élaboration d’œuvres adaptées univers nouveau en mélangeant tentent d’établir un pont entre de votre portfolio. à la période actuelle. des sons chinois traditionnels deux cultures qu’ils connaissent [email protected]

La vaste discographie du et contemporains ainsi que de la Batka Chad par Photo bien : la culture occidentale et la Shanghai Quartet témoigne de la musique classique occidentale et Wu Man, joueuse de pipa. culture asiatique.

Suite “Postic” de la page 7 : « Il y a beaucoup de choses qui et de l’actualisation du site internet, sont proposées par les organismes elle veille aussi à l’organisation du francophones mais j’ai le sentiment Forum Local de Vancouver qui se que la plupart des membres de la déroulera le jeudi 30 avril à Burnaby communauté n’en ont pas forcé- au sein de l’Université Simon Fraser ment connaissance. Cela tient selon (SFU). L’occasion pour la chargée de moi du fait que beaucoup de gens mission de constater de plus près sont simplement de passage ici et l’enthousiasme de la jeunesse fran- s’impliquent donc de façon tempo- cophone locale puisque pas moins raire. » de 150 élèves bilingues assisteront D’ici quelques jours, Marion Pos- à cette édition : « Je suis assez im- tic débutera une nouvelle aventure pressionnée par l’investissement au sein de la Fondation Rick Han- des jeunes francophones. Au-delà sen qui œuvre à améliorer la vie de cet événement, ils montrent des gens paralysés. Recrutée pour toujours beaucoup de plaisir à se sa connaissance du milieu fran- retrouver dans les manifestations. cophone et son bilinguisme, elle Leur voix compte et il ne faut pas continuera à travailler à la mise en les oublier », souligne-t-elle dans un lumière des jeunes, un volet de la élan d’enthousiasme. fondation leur étant consacré. « Je Ces quelques mois passés à tra- vais aussi poursuivre mes activités vailler au sein de la communauté lui dans la communauté francophone ont plus largement permis de poser en faisant probablement du bé- un regard sur la réalité de la fran- névolat », ajoute-t-elle. Une impli- cophonie britanno-colombienne. cation qui devrait perdurer puisque Une communauté qu’elle estime Marion Postic souhaite rester à moins ancrée que dans d’autres Vancouver pour au moins plusieurs provinces comme le Manitoba années. mais qui présente des atouts qu’il s’agit selon elle de faire connaître Guillaume Debaene Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 La Source 9

Pascal guillon Carte postale Photo par Pascal Guillon Pascal par Photo Une fenêtre à Marseille. Les vieux routards libérés e plus en plus de retraités Ddécident de tout vendre et voyager dans des pays chers de de vivre comme des nomades. façonbas. D’autres bon marché. affirment La clé pouvoirsemble Sur de nombreux blogs, ils ex- être de voyager lentement. Pour- pliquent le sentiment de liberté quoi se précipiter dans un TGV qu’ils ont ressenti quand ils ont (train à grande vitesse) quand vendu toutes leurs possessions on peut faire le trajet à moins et se sont lancés dans l’aventure cher, en autocar, en trains régio- des vacances perpétuelles. naux ou en co-voiturage grâce à Quand on demande à ceux qui des sites de partage. Ils évitent approchent de la retraite ce qu’ils les hôtels classiques, préférant comptent faire une fois libérés les auberges de jeunesse (où la des contraintes du travail, un im- vieillesse est de plus en plus de portant pourcentage parle avant mise), les logements chez l’habi- tout de voyages. Dans la plupart tant ou autre hébergement alter- des cas, ça reste très classique natif. Ils évitent de passer trop même si les voyages sont plus de temps dans les grandes villes longs. Dans le cas des snowbirds toujours très chères, comme il s’agit de longues migrations Londres ou Paris (ou Vancouver) saisonnières qui permettent une alors que de nombreuses petites optimisation climatique sans villes européennes de province changements fondamentaux de sont agréables et meilleur mar- ché. Un style de voyage lent et de troquer temporairement sa stylerésidence de vie. de Il banlieuesuffit simplement près de économique mais aussi beau- Montréal pour une semblable coupsimplifié moins est stressant. non seulement En rencon plus- près de Miami ou bien d’aban- trant d’autres papys nomades, ils donner, le temps d’un hiver, son échangent des infos et se font de condo de White Rock pour en re- nouveaux amis avec lesquels ils trouver un à Puerto Vallarta. resteront en contact grâce aux Mais un nombre croissant de réseaux sociaux. retraités pousse la recherche de S’ils se lassent de voyager liberté beaucoup plus loin et de- pour leur simple plaisir égoïste, vient nomade à plein temps. Il y ils peuvent toujours faire du a bien sûr les Américains et Ca- bénévolat pour une des nom- nadiens qui vivent toute l’année breuses O.N.G. qui mettent en dans leurs véhicules récréatifs. place des programmes per- Un article du New York Times -

y a huit cent mille Américains mettant de bénéficier de l’ex quipublié ont en adopté août 2014ce style affirme de viequ’il à plein temps. John, enseignant à la retraite, originaire de Califor- nie, m’explique le processus gra- duel qui l’a amené à abandonner presque toutes ses possessions. Il a d’abord vendu la maison et acheté un petit studio, avant de vendre celui-ci pour se conten- ter d’une camionnette aménagée dans laquelle il sillonne les États- Unis et le Mexique. Pour beaucoup, un VR est trop cher et trop compliqué alors que l’on peut se contenter d’un sac à dos ou d’une valise. Ce noma- disme extrême n’a rien de très inconfortable. Grâce aux ordina-

teurs de plus en plus portables, Guillon Pascal par Photo ils emportent avec eux leurs Une fenêtre à Buenos Aires. collections de photos, leurs mu- périence professionnelle des siques préférées, leurs journaux rescapés du monde du travail. et programmes de télé favoris et Quand les anciens seront deve- la possibilité de rester en contact nus trop vieux pour voyager, il avec leurs proches restés au pays. n’est pas certain qu’ils revien- Une question leur est posée sans dront tous dans leurs pays d’ori-

vacances perpétuelles? leurs valises. Certains pensent cesse:En fait, comment ça dépend finance-t-on du style des de déjàgine aux pour pays poser accueillants définitivement où un voyage. Certains, qui ont moins chèque de retraite canadien, eu- de deux mille dollars par mois, ropéen ou américain vous per- passent la plupart de leur temps met d’acheter de bien meilleurs dans des pays en développe- services. La mondialisation des ment où le coût de la vie est très vieux est arrivée. 10 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 Les libraires vous ouvrent leurs livres par Noëlie VANNIER la gérante Caitlin Jesson, héri- tière d’une lignée de libraires de- « Nous savons tous comment les choses sont difficiles pour Sept auteurs seront à l’honneur, les librairies indépendantes dontpuis 3Aaron générations, Chapman s’impatiente. et Susin canadiennes. Elles nous sou- Nielsen. Elle ajoute que « Susin tiennent, vendent nos livres, Nielsen donnera aussi ses propres nous invitent pour des lectures. choix de lecture car c’est aussi ça Faisons quelque chose pour les Authors for Indies, venir en librai- soutenir en retour. » Voici les ries, partager et aider à la vente mots de l’écrivaine Ann-Marie de livres. » Les enfants également MacDonald, une des marraines auront leur espace de découverte de la première édition de avec un moment de lecture, ou en- Canadian Authors for Indies Day. core une chasse au trésor. Cette manifestation, visant à promouvoir les auteurs et les L’indépendance en librairies indépendantes, se dé- guise de qualité roulera le 2 mai prochain à tra- Si beaucoup de librairies indé- vers tout le Canada. pendantes ont fermé leurs portes ces dernières années, elles re- Forte de son succès aux États- Unis, l’auteure canadienne Janie y travaillent. Ouvrir une armoire Chang décide d’importer le flètentpleine desouvent vieux les livres personnes et y redé qui- - couvrir des trésors littéraires lement le destine au pays. Une tout en restant curieux de la nou- conceptmanière de à Vancouver,célébrer les puisécrivains, fina veauté, c’est ce que propose The notamment locaux, et d’alerter Paper Hound avec une large sé- sur l’importance de ces cavernes lection de livres datés parfois de d’Ali Baba littéraires que sont les plusieurs décennies. Rod Clarke librairies indépendantes. décrit cette exigence par l’envie « d’avoir des ouvrages anciens et Partage autour du livre nouveaux ensemble pour donner un vrai service en matière d’accès Colombie-Britannique, inviteront à la lecture de ces ouvrages ». Une Plusles lecteurs de 130 librairies,à la rencontre dont 38 des en section écrivains locaux est pré- écrivains locaux. Une manière de sentée, les indispensables clas- présenter le travail des libraires, siques sont également là, côtoyant mais aussi de mettre en relation des ouvrages plus graphiques. les écrivains avec leur public. Rod Défendre les auteurs locaux pour faire vivre les livres d’aujourd’hui. avec Kim Koch The Paper Hound Au sein des murs de Book Clarke,en plein qui cœur a ouvertdu centre il y ville a 2 anssur Warehouse, chaque membre du magasin détient un espace où il une chance de participer à cet partage ses coups de cœur. « Les West Pender, confirme que c’est lecteurs savent qu’ils peuvent non à une telle manifestation, qui nous croire quand nous conseil- estévènement. un soutien « Il estpour difficile ce que de nous dire lons une lecture, les gens sont faisons, nous sommes petits et indubitablement attentifs et Photo par Noëlie Vannier Caitlin Jesson de Book Warehouse avec son dernier livre coup de coeur. curieux de notre sélection », re- marque Caitlin Jesson. Son coup de cœur du moment : The Gold- finch, de Donna Tartt, sa meilleure

pas de livre préféré, c’est comme lectureme demander depuis si3 ans.j’avais Mais un « enfant je n’ai préféré », dit-elle en riant. Si Mark Twain a marqué de nombreux enfants absorbés par les aventures de ses personnages, Rod Clarke recherche toujours, comme tout lecteur, « la même sorte d’immersion par le véhicule

Photo par Noëlie Vannier du texte, de la qualité, de la ma- The Paper Hound. nière de tomber dans un univers, nous en avons besoin. » Une oc- de lire un paragraphe, et d’avoir le casion d’ouvrir un espace de ren- sentiment que ça s’adresse à vous, contre et de discussion entre écri- comme si l’auteur vous parlait di- vains, lecteurs et libraires. rectement ». Face à l’ampleur des sites de Une sensation que les librairies vente sur internet tels qu’Ama- indépendantes ne cessent de pro- zon, tenir une librairie se révèle téger par une culture propre, faite être un acte revendicatif d’une d’exigence et d’éclectisme. Mais certaine vision de la culture et ce que défend surtout votre librai- The rie locale, reste le plaisir simple et Paper Hound proposera une ren- captivant de la lecture. ducontre livre. avec Le les 2 maiécrivaines prochain, Cynthia Flood, une cliente assidue du ma- Canadian Authors for Indies Day gasin, et Elaine Woo, toutes deux www.authorsforindies.com auteures locales. Du côté de Book Le samedi 2 mai 2015, listes des Warehouse sur la rue Broadway, librairies participantes sur le site Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015 La Source 11 « Dogfight », un pont entre deux époques par Jean-François Gérard pas une bonne idée d’y aller. Elle est plus proche du modèle ca- Jeune talent titulaire d’un BFA nadien : la gardienne de la paix en art dramatique à UBC, Nick cherchant à éviter la guerre. Preston sera prochainement Face à elle se trouvent des sol- à l’affiche d’une comédie mu- sicale dont les thèmes n’ont mais qui ne sont en fait que des jamais été aussi pertinents dats fiers de partir à la guerre, qu’aujourd’hui. Dogfight – être des gros durs. adaptation du film éponyme garçons terrifiés qui prétendent de 1991 – raconte l’histoire L.S. : En parlant des garcons juste- d’un groupe de marines lors de ment, dans cette comédie musicale, leur dernière soirée précédant vous interprètez le rôle de Stevens, leur départ au Vietnam. Un un des camarades d’Eddie. Com- sujet qui nous invite à nous ment vous êtes vous préparé pour questionner sur le déploie- ce rôle ? ment des troupes à l’étranger, N.P. : du point de vue d’un soldat. par semaine ainsi qu’une journée Nous avions 3 répétitions La Source : Que nous raconte le metteur en scène, nous avons ? defait fin beaucoupde semaine. d’improvisation Avec Chris Lam, Nick Preston : C’est l’histoire et d’activités pour construire le Dogfightd’un groupe de jeunes marines qui groupe. Par exemple, nous allions s’apprêtent à passer leur dernière courir ensemble avant les répéti- soirée avant leur départ au Viet- tions, tout en exécutant des exer- nam. Ils décident d’organiser un cices qui font généralement partie Photo par Emily Cooper La troupe de Dogfight. d’un entraînement militaire. Cela nous a permis de comprendre sont vraiment d’actualité à cause N.P. : Je pense que beaucoup que donne de l’armée et Dogfight,laide remporte une sorte la cagnotte. de compétition C’est un comment la relation entre ces de ce qui se passe au Moyen- de personnes sont contre les de l’engagement militaire en géné- oùmoyen celui pour qui ramèneeux de s’amuser, la fille la maisplus hommes s’était développée. Orient. C’est une situation qui activités du Canada dans la ral ? Dogfight aussi de se préparer à la guerre est vraiment compliquée et qui guerre. C’est une grosse déci- N.P. : Une image un peu ef- en déshumanisant une personne. L.S. : Quels sont les thèmes abor- soulève beaucoup de questions. sion qui a été prise. Est-ce que frayante. La réalité de la guerre Au cours de cette soirée, Eddie dés par Dogfight et en quoi sont-ils Est-ce que la liberté, c’est la dé- c’est notre rôle d’intervenir en ce n’est pas quelque chose d’ex- Birdlace, le personnage princi- d’actualité aujourd’hui ? mocratie ? Comment seront per- tant que gardiens de la paix ou pal, fera la rencontre de Rose, une N.P. : Les grands thèmes sont çus ces soldats après la guerre ? plutôt en tant que combattants pas le message principal de la jeune femme qui lui apprendra la compassion, la peur, le pas- Seront-ils acclamés ou rejetés ? directs ? La même question s’est citantpièce, mais c’estde terrifiant. présent. C’estCe n’est en entre autres à ne pas juger les per- sage de l’état de garcon au statut Ce n’est pas juste car dans tous posée à l’époque du Vietnam contraste avec la célébration de sonnes sans les connaître. On peut d’homme, le soutien universel... les cas ils donnent leur vie au ser- avec le communisme qui était leur départ et les honneurs aux- voir les deux côtés de la guerre. Pour cette dernière notion, c’est vice de notre pays. Ce ne sont pas vu comme une menace pour quels s’attendent les marines à au-delà de la guerre. Je pense les soldats qui choisissent la mé- les pays de l’Occident. Ici, nous leur retour. Ce sont les deux côtés L.S. : Quand vous dites qu’on voit notamment à Rose qui, malgré le thode d’attaque ou la stratégie à sommes un peu épargnés dans de la guerre. les deux côtés de la guerre, est-ce fait qu’elle ait été déçue par l’atti- utiliser, mais ce sont eux qui en la mesure où ce n’est plus une que ca signifie que Rose représen- tude d’Eddy, lui ouvre encore son assument les conséquences. menace aussi directe que dans Dogfight terait plutôt la compassion ? coeur. Elle lui montre aussi que Du 29 avril au 3 mai N.P. : Bien sûr. La compassion la vie, ce n’est ni tout noir, ni tout L.S. : Vous pensez que les soldats au CBC Studio 700 et le fait que ce n’est peut-être blanc. Je crois que ces thèmes seront mal vus à leur retour ? L.S.les années : Selon 60.vous, quelle est l’image dogfight.brownpapertickets.com 12 La Source Vol 15 No 18 | 28 avril au 12 mai 2015

Edwine Veniat Le concert « Impressions Françaises » en impressionnera plus d’un !

a chorale Les Échos du Paci- Lfique de Maillardville va pré- senter son concert inédit et ori- ginal lors de la soirée du samedi

- 9çais, mai. mais Le répertoire, les membres comme de son la choralenom l’indique, se feront sera un plaisir 100% frand’ac- cueillir aussi bien francophones qu’anglophones pour un moment de partage et de convivialité. Un amour de la langue française revendiqué Tout le monde a au moins en- tendu parler une fois de Claude Monet, le père de l’impression- nisme. Si ce mouvement s’ap- pelle ainsi, c’est en l’honneur de son tableau Impression soleil le- vant est pas question de peinture, le spectaclepeint Impressions en 1872. Même Françaises s’il n’y en tire directement son nom. Ce concert est impressionniste dans l’âme : tout sauf linéaire, il va proposer un voyage dans le Gordon Christopher par Photo Luke Mayba, l’ancien chef de choeur. temps à son auditoire grâce à une succession de périodes histo- n’est pas professionnel, s’en rap- tiennent en septembre de chaque son institution et sa présence riques et de morceaux choisis. La relief tout au long des époques proche fortement. Des chanteurs année. À bon entendeur ! dans le temps. langue française sera systémati- afintraversées. d’obtenir de la variété et du de métier ont rejoint la troupe et se Chorale de personnes catho- quement mise à l’honneur dans chiffrent actuellement au nombre liques au départ, Les Échos du Impressions Françaises cet éventail musical francophone Les Échos du Pacifique : de quatre parmi les dix-huit cho- Pacifique est vite devenue un par Les Échos du Pacifique et francophile. une institution à Coquitlam ristes des Échos du Pacifique. mélange géographique et cultu- Le samedi 9 mai 2015 à 19h30 Daniel Bouchard, président Marla Mayson, chanteuse pro- rel s’étendant jusqu’au nord de À l’Église Como Lake United de la chorale, nous parle avec cette chorale existe depuis plus fessionnelle montréalaise succé- Vancouver. Pour conserver ses ac- 535 rue Marmont, Coquitlam enthousiasme du répertoire Fondéede quarante en 1973 ans. àDe Maillardville, par sa lon- dant à Luke Mayba au poste de quis et continuer sa poursuite de Entrées adultes à 12$, aînés et d’Impressions Françaises. Parmi gévité, elle a le privilège d’être chef de chœur, a rejoint l’équipe l’excellence, la chorale a besoin de étudiant à 10$ intergénérationnelle et de se lors du quarantième anniver- fonds. En majorité aidée par une À noter : les présentations seront Saint-Saëns, Charles Trenet mais renouveler sans cesse, s’amélio- saire de la chorale en décembre bourse de la ville de Coquitlam, le bilingues pour être comprises de égalementla sélection Gabriel figureront Fauré avec Camille ses - - reste de ses revenus provient des tout le public. chansons cantiques de genre an- sant des spectacles d’une qualité recettes des concerts. En vous of- cien. Daniel, passionné par son croissante.rant au fil des années et propo 2013.la chorale Daniel la Bouchard chance « loued’augmen ses ta- frant un billet pour Impressions propos, nous explique qu’il faut Daniel Bouchard se rappelle lentster sa et musicalité affirme qu’elle ». Sa aprésence offert à Françaises, vous ne vous conten- Si vous avez des événements prêter une attention particu- avec émotion de ses dix-neuf est un gage de qualité supplé- terez pas seulement de passer un à annoncer contactez-nous à lière aux paroles des chansons de ans, âge où il a rejoint la chorale mentaire et son expérience si- beau moment musical, vous aide- l'adresse courriel suivante : cette période, car ces dernières créée par sa mère. Il évoque rez aussi la chorale à pérenniser [email protected] étaient profondément tragiques, également sa passion intaris- pour conseiller ses camarades produisant un rendu « de toute sable pour les ensemble vocaux. degnificative chant. « du C’est métier une est formation un atout beauté ». Des vers de Pierre « C’est spécial, les voix », nous ex- en soi », conclut Daniel, pensif. de Ronsard et des chansons à plique-t-il, « c’est un peu comme Mais les chanteurs des Échos du quatre voix feront aussi partie de des violons car on peut varier le la sélection. ton des notes. Ça met l’accent sur ou professionnels, ne déméritent Ce concert est totalement iné- certaines parties, contrairement Pacifique,pas et sont qu’ils animés soient de bénévoles la même dit. Le choix des chansons et leur au piano où ce n’est pas possible passion et du même amour de la ordre de programmation ont été de le faire. On dit que la voix hu- musique et de la francophonie. laissés aux bons soins du chef maine est similaire au violon car La chorale cherche toujours à de chœur. Les morceaux ont été c’est un son continu ». faire des rencontres humaines et choisis pour créer un thème, un Toujours selon le président, le musicales, et à recruter de nou- rythme tantôt lent, tantôt rapide, niveau de la chorale, même s’il veaux membres. Les auditions se

Agenda

Concert de Buffy Sainte-Marie de la légendaire série « Cinéma de des libraires indépendants qui 30 avril et 1er mai à 20h amèneront dans votre quartier Au Blueshore, Capilano retrace l’évolution du cinéma fran- toutes sortes d’auteurs. Ils se- University, 2055 Purcell Way çaisnotre de temps Jean Renoir ». Ce groupe à Alain Cavalier.de films ront là pour vous rencontrer et parler des livres qui leur Décrite comme « l’une des au- * * * plaisent dans une ambiance teures-compositrices les plus ac- Journée des libraires sympathique. Ne manquez pas complies et les plus polyvalentes indépendants de vous renseigner à la librai- du dernier demi-siècle » (The rie indépendante la plus près Guardian), l’activiste des Pre- de chez vous pour cette activité mières nations, actrice, artiste et les célébrations de la journée gratuite ! éducatrice Buffy Sainte-Marie est Le samedi 2 mai 2015 auront lieu une véritable icône canadienne. * * * French French – Doxa Documentary Festival Du 2 au 8 mai Au SFU’s Goldcorp Centre for the Arts, Vancity Theatre, 1181 Seymour St Photo par Amanda Tipton Amanda par Photo Lecture pour tous lors de la journée des libraires indépendants. Doxa est fier de présenter une sélection spéciale de films tirés